Les deux pauvres fantassins venaient à peine de rendre violemment l’âme, lorsqu’un râle affreux retentit derrière la garzok. Elle se retourna aussitôt pour apercevoir un de leur comparse gisant sur le sol, le ventre vraisemblablement transpercé par une lance, celle du cavalier qui venait tout juste de la dépasser. Ce dernier, montant fièrement un destrier de haute stature, n’avait rien d’un humain ordinaire. Son visage n’était plus qu’os, puisqu’aucunes chaires, qu’aucun muscle ne le recouvrait. Il était facile d’en déduire qu’il appartenait au monde des morts-vivants. Virina prit connaissance de ce fait, mais ne s’en souciait guère et ne s’y attarda point. Un autre qu’elle aurait remercié le ciel de cette aide secourable et inattendue. Un autre aurait peut-être craint son sauveur, et se serait questionné sur la nature de ses alliés. Mais Virina, barbare qu’elle était, pensait et réagissait autrement. N’éprouvant aucun sentiment de reconnaissance, elle avait vite oublié le sombre cavalier. Son regard s’attardait à présent sur la lourde massue munie de piques laissée à ses pieds qu’elle s’empara rapidement pour délaisser l’épée.
Le gros nain à la voix éraillée réclama le rassemblement des troupes, mais Virina l’ignora.
Il suffit parfois de peu pour redonner de la force et de l’énergie à des guerriers valeureux, même épuisés. Et sans vouloir œuvrer dans ce but, les actions de la barbare eurent pourtant cet effet. Lorsqu’elle eut abattu ses deux premiers adversaires, elle en vit huit autres qui s’acharnaient sur deux alliés en armures noires. Sans perdre un instant, malgré sa pesante protection d’acier, Virina se rua vers eux, brandissant hache et masse en l’air d’un air menaçant. Mieux équipés que ne l’étaient ses premiers adversaires, ceux-ci ne bénéficiaient tout de même pas d’une armure à toute épreuve, contrairement à Virina. Ainsi, si les coups de haches de l’ennemi ne transperçaient pas l’acier de l’armure noire, les ripostes de la garzoks, avec une même arme similaire, faisaient beaucoup plus de dégâts. Même après avoir reçu quelques coups dans l’abdomen, Virina affichait toujours ce même sourire. Le plaisir, elle l’avait toujours ressenti en plein combat, même pendant les moments difficiles. Toujours avec cette même hargne, cette même rage, ce même sourire, elle fracassa quelques crânes, coupa quelques jambes et mis en évidences quelques tripes. Lorsque le dernier ennemi rendit l’âme, elle constata que des huit, elle n’en avait terrassé que quatre. Les autres ayant été tué par les deux alliés noirs ayant retrouvé courage devant la combativité de Virina.
Trois armures noires, toujours debout, rassemblées devant nombres de cadavres à leurs pieds.
Trois armures noires, séparées du reste de la troupe par quelques fantassins et soldats à la hache qui leur barraient le chemin.
Trois armures noires, délestées de leur casque dont la visière entravait dangereusement la vision. Sans le souhaiter, sans même s’en apercevoir, Virina semblait devenue un modèle de courage et de combativité pour les deux autres alliés qui se battaient à présent à ses côtés.
Arme à chaque main, le trio plutôt hétéroclite, composé d’une orque en tête, d’un grand humain blond et costaud à sa droite, et d’une elfe noire à l’allure féroce à sa gauche, avançait vers l’adversité arborant un air triomphant.
Alors que ses acolytes semblaient respecter Virina, celle-ci les tolérait du moment qu’ils la laissaient passer en avant.
Sans faire le moindre signe, sans prévenir d’une quelconque façon, Virina accéléra le pas, petit à petit pour courir à grande vitesse, dévisageant les deux soldats à la hache qui lui faisaient face. Le poids de son armure ne l’arrêta pas, ne la ralentit même pas. La garzok jouissait d’une force impressionnante et courrait tout en criant de rage vers ses deux proies. Les pieds campés au sol, ces derniers espéraient peut-être tuer la guerrière qui chargeait sur eux. Mais, elle, elle n’espérait pas, elle savait ! A quelques distances d’eux, elle leva ses deux armes et les balança dans les airs. Une fois à proximité, elle les laissa tomber sur ses proies. Le premier se vit désarmé, sa hache touchant le sol, emportant avec elle sa main droite que la hache de la garzok venait de trancher. Le sang coulait à flots, mais il tenta tout de même,sans succès de son désormais seul bras valide, de transpercer l’armure d’acier de la garzok. Le second eut droit à un coup de massue sur la tête. Tout en tombant à genoux, étourdi, il s’agrippa à Virina tentant désespérément de l’immobiliser, ce qu’il réussit en partie. Mais il y en avait un troisième à l’arrière, un troisième que la barbare dans sa fureur n’avait pas remarqué. Ce dernier, plus futé, se servit d’un bouclier trouvé au sol, et l’abattit violemment sur le crâne de son adversaire déchaînée. N’ayant pas vu le coup venir, Virina ne put l’esquiver. Elle l’encaissa et s’écroula sur le sol maculé de sang. Mais elle n’était pas seule. Et ses coéquipiers, du moins l’humain, possédaient plusieurs valeurs, dont le courage, la loyauté et la reconnaissance. Après avoir tué sans difficulté, un fantassin, il ramassa la garzok par le col et la tira jusqu’au carré, l’elfe noire le protégeant de toute attaque sournoise.
Lorsque Virina se réveilla, ils avaient rejoint le carré.
(((Utilisation de sa capacité de sa classe secondaire : Charge du barbare )))