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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Lun 4 Juil 2016 19:27 
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[:attention:] [:attention:] Texte violent, contenu gore et choquant [:attention:] [:attention:]


Le soleil trace une courbe dans le ciel tandis que les heures s’égrènent avec lenteur. L’éclat du souverain des cieux arrose avec générosité les champs composés de blés et de tournesols. Une fragrance légère embaume les chemins que nous empruntons et je respire avec plaisir, humant l’air, me ravissant de ce délicat fumet rural. Des oiseaux chantent depuis les arbres qui bornent le chemin de terre menant à Valtordu, les piaillements aigus se mêlent aux intonations plus marquées dans un chœur vibrant de vie, d’une joie si communicative.

Joseph nous prévient que nous sommes bientôt arrivés mais que nous allons faire halte dans ce hameau avant de rejoindre Valtordu qui est encore à un jour de marche, lui offrant l’opportunité de revoir de vieux amis. A peine dit-il ça que nous cheminons sur une voie de terre entourée par de grands champs dans lesquels s’activent les hommes, fauchant dans un geste répétitif et éreintant. Des enfants traînent derrière et à l’aide de panières, ils récupèrent les récoltes de leurs aînés. Ici la vie est simple, chacun connait sa place… J’en viens à éprouver une envie, fugace mais qui semble provenir de loin, m’établir dans un village de ce genre, vivre libre, sans rien d’autre en tête que le présent… mais je sais que ce genre de vie ne me conviendrais pas sur le long terme. J’ai besoin de reconnaissance, je veux dévorer le monde au même titre que les nobles… Plus jamais je ne serais un simple spectateur. Ma vie, je la prends en main, je veux m’élever au-dessus de la fange, devenir quelqu’un.

Joseph s’arrête finalement et nous annonce que nous allons trouver refuge chez un couple d’amis. D’après lui, ils accepteront sans sourciller, toujours ravis d’avoir des convives. Pour passer le temps, je lui demande comment les a-t-il connus et il commence à me conter cette histoire alors que nous avançons, oubliant les femmes derrière. Je sais qu’elles s’occupent de charger les affaires et préfère éviter cette corvée en m’en infligeant une autre, moins amère.

Le paysan m’explique qu’il a rencontré ce couple en partance pour ce qui n’était alors que le petit village de Valtordu, encore à ses balbutiements. Depuis, le village a prospéré et ils sont restés en contact uniquement à l’occasion mais Joseph semble persuadé qu’on va leur réserver un bon accueil. J’entends des grognements et des reproches derrière moi mais fais la sourde oreille, continuant de discuter avec le paysan.

Après une dizaine de minutes de marche, nous parvenons devant la maison de nos futurs hôtes, Joseph part devant et toque à la porte alors que je laisse s’évader mon regard sur les propriétés avoisinantes. Je vois des pères et leurs fils, travaillant main dans la main, ce simple spectacle me réchauffe le cœur… je me retourne et constate que Joseph est en pleine discussion avec un homme d’âge mûr. Je profite de mon instant de solitude pour vagabonder, et m’éloigne d’un pas distrait, sifflotant comme un gai pinçon.

J’entends alors un grognement de douleur et me retourne en direction de l’éclat de voix, un peu surpris. C’est là que je la vois… cette silhouette dans un champs adjacent, ce visage qui me laisse muet et immobile. Un homme est en train de faucher du blé, un jeune homme à ses côtés, ce dernier n’a même pas de barbe, ses traits sont encore ceux d’un enfant.

Je braque de nouveau mon regard sur l’homme, son visage me remémore une avalanche d’images… je suis happé par un tourbillon de souvenirs et de visions. Je reste immobile, les larmes perlent de mes yeux, se déversent sur mon visage et se perdent dans ma tunique. Mon corps est en proie à d’irrépressibles convulsions, mon âme elle-même est au supplice… Le voir a brutalement ravivé des enchaînements d’images qui se fichent en moi comme une pluie de flèches. La peine fait place à la douleur, puis à l’amertume, à la colère…

Ma mâchoire se crispe, mes poings se resserrent jusqu’à devenir blanc… quand je sens un soudain contact. Prune me serre dans ses bras et me demande ce qu’il y a. Je n’ose pas croiser son regard, lui murmure simplement que je veux être seul, d’une voix glaciale et sans appel. Elle grogne et me donne un coup dans l’épaule avant d’obtempérer et de me signaler que le repas sera bientôt prêt, qu’elle reviendra me chercher une fois servi. J’hoche de la tête sans la regarder, les yeux toujours fixés sur cet homme et son fils.

Je ne pensais pas que le revoir m’ébranlerait ainsi mais je ressens une certaine euphorie à cette idée malgré tout. Je vais enfin pouvoir les confronter… depuis tout ce temps. J’exécute quelques pas hésitant, mon ventre se noue… Je suis perdu, totalement confus… j’ai envie d’agir, de me venger… et pourtant quelque chose me retient… Je ne sais comment réagir, tiraillé par des choix opposés.

(Père…)

J’ai en face de moi l’un des responsables de ma chienne de vie. Lui et ma mère, eux, qui m’ont vendu… eux qui ne m’ont pas laissé de véritable chance… Plus je ressasse mon ressentiment, plus la colère enfle. J’essaie de la canaliser avec peine et recommence à m’approcher, pas par pas. Je m’arrête à quelques mètres de lui, le dévisage, sans mot dire.

Je le vois qui scrute mon visage, ses yeux s’écarquillent sous le poids de la compréhension, sa bouche reste grande ouverte alors que nous échangeons nos regards.

« Bonjour… père. » prononcé-je dans un murmure à peine audible.

Il déglutit et prend son fils par l’épaule. Il n’ose rien dire et se contente de trembler, toujours en me fixant.

« Est-ce mon petit frère ? Vous ne l’avez pas encore vendu ? » lui demandé-je en sifflant, d’un ton accusateur.

Mon père demeure prostré dans son silence et j’en profite pour le détailler. L’âge ne l’a pas épargné, ses cheveux, sa grande barbe tressée, tout est d’un blanc poudreux. Son visage est constellé de rides qui viennent parfaire le portrait de ce vieux croulant. Pourtant il a toujours cette posture droite, si fière… La haine prolifère à nouveau et me sentant sur le point de céder, ordonne à mon père et à son rejeton de me conduire à l’intérieur. Ce pochtron n’ose pas protester et en soupirant tristement, me mène vers cette demeure que je n’ai jamais connue. Mes parents n’étaient pas encore établis ici quand ils m’ont vendu… et ils osent procréer à nouveau… après s’être débarrassé de moi…

Le feu qui me dévore devient un véritable incendie… Je sens déjà l’influence du fluide sombre… ses tentacules percent ma fragile muraille, s’infiltrent et me contamine. Je pénètre en dernier dans la modeste chaumière et découvre ma mère, assise tranquillement tout en sirotant un verre de son thé si fade. Elle laisse tomber sa tasse qui se brise au sol avec fracas, aspergeant le sol au passage, en me voyant arriver. Son visage se mue en un masque d’horreur et se fige. Mon père va s’installer face à moi, à côté de sa chère et tendre… le gamin lui essaie de les rejoindre mais ma main se pose fermement sur son épaule et je l’empêche de bouger.

« Alors… cela fait bien longtemps, n’est-ce pas ? » prononcé-je sur un ton de conversation.

Mon cœur bat, à chaque pulsation s’étend le fluide sombre.

« J’ai longtemps rêvé de ce moment vous savez… vous revoir, vous, qui avez gâché ma vie, qui m’avez vendu en pâture à de vils pirates ! » m’indigné-je.

Mon ton monte, je deviens plus agressif alors que la tension devient palpable.
Mon père prend enfin la parole, il me supplie de leur pardonner, de partir, de les laisser en paix. Je souris à l’entente de cette supplique et aussitôt réplique :

« Et moi ? Vous m’en avez laissé une, de chance ? Vous m’avez vendu putain ! J’ai dû vendre mon corps, fouler au pied ma dignité pour survivre dans ce cloaque qu’est Darhàm… et vous pensez que je vais repartir, comme ça ? »

D’un coup de pied je referme la porte et dans un même mouvement envoie bouler le gamin aux pieds de mes parents. Je les observe tour à tour et jubile intérieurement. Ils sont enfin à ma portée, je vais enfin pouvoir me venger… Soucieux de bien faire, je laisse en toute impunité le fluide sombre me submerger. Cette fois il n’a même pas à lutter et avec célérité, se déverse en moi, me domine totalement…

Tout devient plus clair… les monstres qu’ils sont, ils méritent ce qui va leur arriver. Et ce gamin… ce gamin va devoir apprendre à vivre sans eux. Cette punition est je le sais, pire encore que celle qu’attend nos parents. Car tandis qu’ils seront libérés de toute contrainte, non sans souffrir avant… lui va devoir apprendre à survivre, seul, sans repère, tout comme moi à l’époque… Peut-être est-ce la jalousie qui me fait agir ainsi mais j’y trouve un divin plaisir, si sublime que j’ai envie d’en pleurer…

J’invoque une main sombre qui flanque à chacun un solide coup dans la mâchoire et après m’être approché, je saisis un couteau à pain sur la table et m’affaire à… faire en sorte que mes vieux ne parlent plus jamais, leur tranchant les cordes vocales. Un flot de sang gicle quand je tranche la chair si fragile des gorges... Je savoure la magie de l'instant, me sens en parfaite harmonie avec le monde... La bête ronronne en moi, elle me susurre de continuer...

Je m’approche ensuite du gamin et le rosse sauvagement jusqu’à ce qu’il perde conscience. Sa peau devient violette par endroit et son visage est tuméfié, la peau par de multiples endroit gonfle. Son nez est réduit à une petite feinte par laquelle s'échappe l'air dans un faible sifflement. Il remue un peu mais conserve les yeux clos, toujours à terre dans une posture miséreuse...

Satisfait de mon œuvre, je reporte mon attention vers mes parents qui gesticulent. Ils ont l’air de souffrir atrocement, dès qu’ils essaient de parler, ce sont des bulles à la teinte écarlates et des gerbes de sang qui sortent… Les voir comme ça, dans une telle position de faiblesse me ravit au plus haut point, j'exulte de plaisir en contemplant mes géniteurs devenir des déchets, des loques...

Je prends une chaise que j’installe devant eux et m’y installe. Je croise ensuite les doigts et pose mon menton dessus en observant mes parents.

« Par qui je commence… ? Toi le vieux ? Ou toi, chère maman que j’aime tant ? »

Je tremble d’excitation et tel le prédateur, passe ma langue sur mes lèvres, dévoilant mes dents dans un sourire sinistre et inquiétant. Ma main sombre est toujours là, d’une directive je lui fais comprendre ma volonté et elle se précipite sur ma mère, lui tenant les cheveux et la forçant à se redresser. La pauvre se tient la gorge dans un geste illusoire, je nettoie le sang du couteau sur sa robe pastel avant de l’enfoncer dans sa panse. Je me trouve obligé de la soutenir pour qu’elle ne s’écroule pas. Ses jambes tressaillent, alors que je plonge mon regard dans le sien. Ses yeux me supplient d’arrêter mais la bête rugit en moi. Elle veut prolonger son plaisir… et je ne suis que son esclave, le réceptacle de sa haine.

Je remue le couteau dans la plaie, l’extraie avant de le replonger compulsivement. Je larde son corps, le corps de ma mère, de tant de coups que son corps m’échappe, rendu glissant par tout ce sang qui s’échappe. Elle ne bouge plus… ne m’intéresse plus.
Je me tourne alors vers mon père qui pleure à chaude larme en contemplant son épouse. Lui aussi se tient la gorge dans un geste désespéré… mais il n’a même pas essayé de fuir… je m’énerve en le voyant qui ne réagit pas… il ne me regarde même pas… Je lui enfonce un coup de pied rageur dans le torse et il se recroqueville, tremblant comme une feuille.

« Regarde-moi putain ! Regarde-moi ! Je suis ton fils ! Ton sang, ta semence ! Ta création ! Regarde -moi bordel ! » achevé-je en lui flanquant un nouveau coup dans le ventre.

Mais le coquin ne veut pas me regarder, il s’obstine à pleurer en regardant celle qu’il aime passer de vie à trépas. Je m’approche et m’abaisse à sa hauteur, le couteau toujours dans la main… Je lui prends sa tête, l’oblige à me fixer, moi, l’objet de sa futur mort…

« Contemple les conséquences de ton acte vieil homme… contemple les depuis l’outre-tombe. »

Je me sers du couteau et extraie ses yeux dont l’un d’eux se ratatine entre mes doigts. C’en est trop pour l’homme dont le sang inonde maintenant son visage. Il essaie de crier mais aucun son ne parvient à sortir… Je hurle alors à la mort, et lui plonge le couteau en travers du cœur, le laissant ficher dedans. Je me recule alors de quelque pas, tremblant.

Le fluide sombre, constatant que la boucherie est terminée se retire vivement et me laisse de nouveau seul avec moi-même… Je ressens alors une profonde vacuité… Je pensais que cet acte me délivrerait mais il n’en est rien… je me sens seulement coupable… honteux…

(Je n’aurais pas dû les tuer… j’aurais simplement dû passer mon chemin… la vengeance me laisse un goût amer dans la bouche… je ne parviens pas à savourer cet instant… et que vais-je faire de mon frère ?)

Je le regarde alors avec un œil nouveau, ne voit en lui qu’innocence et comprend qu’il n’est qu’une victime… Mais que faire maintenant que j’ai tué nos parents… quel avenir pour lui… je déglutis, ravalant ma bile au passage et m’approche de l’enfant, je me baisse à sa hauteur, lui caresse le visage…

« Je suis désolé… » lui murmuré-je avant d’emmagasiner de l’énergie dans ma main.

J’invoque alors une nouvelle main sombre, et cette dernière accomplit sa tâche sans que je ne trouve le courage de regarder. Je préfère lui tourner le dos et commence à déambuler vers la sortie, la gorge nouée, les yeux embués de larmes chaudes et salées. Je suis encore sous le choc quand je sors dehors… Il pleut et les gouttes frappent mon corps. Le ciel lui-même pleure la perte d'une âme si innocente, celle de mon si jeune frère... un être que jamais je ne pourrais connaître... il était lui aussi une victime et je l'ai exécuté froidement... Il était mon frère, avec lui je partageais mon sang, ma chair...

(Et je l'ai tué...)

J’entends alors mon nom prononcé à la hâte et distingue une forme qui s’élance vers moi.

(Prune…)

La voleuse m’accoste et s’apprête à m’incendier quand son visage se fige à la vue de tout ce sang. Elle soupire et me force à m’asseoir dans l’herbe haute. Avec l’aide d’un chiffon elle me nettoie le visage et m’oblige à me dévêtir partiellement. Elle se défait ensuite de sa cape qu’elle me force à enfiler avant de me lever.

« Tu vas devoir tout me raconter. En détails. Je veux savoir ce qui s’est passé. Tu as disparu, on s’est inquiété. »

J’essaie de lui répondre mais les mots restent bloqués dans ma gorge et je tombe à genoux, pleurant une nouvelle fois et engouffrant mon visage dans mes mains. Prune soupire à nouveau et me demande de rester là. Je l’entends qui s’éloigne à vive allure. Elle ne revient que cinq minutes plus tard avant de m’empoigner et de me braver du regard.

« Pourquoi Insanis… ? Pourquoi avoir tué ces innocents, ces simples paysans ? »

Je sais que je suis obligé de lui répondre et lui confesse tout. Qu’ils sont mes parents, que j’ai été vendu à des pirates, devenant par la même occasion un homme-pute… Je lui explique que quand je les ai revus, je n’ai pas pu m’empêcher d’agir…

« Même si je regrette amèrement de les avoir tué maintenant… je me sens si vide… si coupable. »

Prune me serre dans ses bras et m’assure comprendre.

« Bon, ce n’est pas joli bien sûr… et il ne va pas falloir s’éterniser ici. Si des gens découvrent ça, on va être sur la liste des suspects en tant qu’étranger. Dans ce genre de communauté, c’est toujours la faute aux étrangers de toute façon... »

J’acquiesce, muet, et me contente de la suivre tandis qu’elle trace un détour pour éviter la maison où réside temporairement Joseph et Cornélia. Il est selon elle plus prudent de partir sans dire au revoir… tout de suite, sans se faire remarquer. Je la suis sans broncher sur le chemin de terre qui mène vers l’extérieur du hameau, en direction de Valtordu qui d’après Joseph, n’est pas très loin d’un immense labyrinthe avec en son centre un grand castel. Il n’en connaissait pas le nom mais je suis sûr que c’est celui que je cherche, celui où réside Vahalat.

J’essaie de ne plus penser à la mort de mes parents mais de sombres pensées m’assaillent tout le long du trajet et je préfère rester silencieux malgré les tentatives de Prune à engager le dialogue.

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Dernière édition par Mendax le Lun 25 Juil 2016 20:11, édité 6 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Lun 11 Juil 2016 22:36 
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Prune et moi nous éloignons à vive allure du petit hameau aux champs luxuriants. Elle m’encourage à conserver un rythme de marche rapide, me presse de la suivre. Ses traits sont empreints d’une panique contrôlée, elle connait les risques encourus mais ne cède pas sous la pression. Je ne trouve rien à dire, me contente d’hocher piteusement de la tête en tâchant de la suivre.

Du massacre que j’ai perpétué ne subsiste que des traces de sang et un intense regret, un sentiment de vacuité, de vide abyssal… La voleuse essaie tant bien que mal de lancer des sujets de discussion mais je reste égal à moi-même, muré dans un silence impénétrable. Secoué par l’atrocité de mon acte, je n’ose même pas la regarder dans les yeux… moi qui me sens si honteux, sans honneur…

Les souvenirs, ces fragments d’images viennent sans cesse me tourmenter, tourbillonnent dans mon esprit. Les visions cauchemardesques passent en boucle et je ne peux rien y faire… Un raz-de-marée m’emporte, je me noie dans ma culpabilité, ne parviens plus à respirer… Je suffoque, le souffle court… Mes yeux s’embuent de larmes chaudes et salées… Je ne domine plus ces images, ne peut les chasser… elles s’acharnent sur moi comme des oiseaux de proie, me rappelle ce que j’ai osé faire...

Je ressasse les événements, les revis à l’infini, encore et encore… Ma peau craquelle, s’en échappe par volute les relents de culpabilité, j’ai l’impression que mon âme va quitter ce corps, cette pathétique enveloppe charnelle… Elle agonise, se morcelle et se brise… Je me sens horriblement vide, si seul… suivant une vie qui n’aurait pas dû être mienne… Le remord m’enserre, m’étouffe comme un serpent jusqu’à me priver de mon dernier souffle… La responsabilité qui est mienne pèse sur mes épaules, me fait ployer sous le poids de cette cruauté qui m’a privé du statut d’être humain.

(Je ne suis qu’une bête… un animal.)

De nouvelles larmes coulent bientôt, viennent se mêler aux gerbes de sang qui, éparses, parsèment encore mon visage. La fine barbe que j’arbore, faute d’avoir pu me raser depuis quelques jours, devient poisseuse et odorante… Elle pue la mort, celle que j’ai apporté dans un lieu de paix…

(Moi qui pensait que ça allait me soulager… je suis devenu pire que ceux sur qui j’ai assouvi ma vengeance… je suis relégué au rang de monstre, indigne d’être appelé Homme...)

J’essaie pourtant, bien que vainement, de me rassurer. Je me répète que ce n’est pas entièrement de ma faute, mais celle du fluide sombre, de mes parents aussi… Une lutte intérieure débute en moi. Le Juste s’oppose à la bête dans un duel fratricide et sanglant. L’un me hurle de faire absolution de mon ignominie, de me confesser et d’accepter ma pénitence. L’autre rugit, une ode vibrante de vie, de passion et de rage mêlées ensemble dans un maelstrom d’émotions primaires. Il m’ordonne de passer à autre chose, d’oublier ces vermines qu’étaient mes parents et de ne me concentrer que sur le futur.

Mon esprit est en ébullition, confronté à un cas de conscience déchirant, un comme je n’en avais encore jamais vécu. Mon cœur est une plaie béante sur laquelle vient se déposer le sel de la culpabilité… il saigne, à vif, martèle frénétiquement contre ma poitrine. Ma vision se trouble, ma bouche s’assèche… mes jambes se dérobent alors sous moi et tout devient flou. Je n’entends bientôt plus rien, plongé dans les limbes d’un sommeil agité.



Cauchemar d’Insanis


J’évolue tel un fantôme, dans une demeure décrépie, dont les fondations elles-mêmes sont délabrées. Le plancher craque à chacun de mes pas comme une réponse à l’écho d’une vie qui, jadis, devait être foisonnante. La porte d’entrée grince, seulement retenue par un gond, elle s’agite au gré du vent impétueux, le bois vieilli gémit sous le joug de ce maître imprévisible. Des bruits sourds attirent mon attention. Ce ne sont finalement que les branches des arbres qui fouettent les vitres de la maison, animé par le même vent qui joue avec la porte. Seul le bruit causé par mes déambulations repousse l’assaut d’un silence usant, angoissant.

Je continue alors d’avancer, guidé par ce que j’appelle l’instinct, ou peut-être est-ce l’appel du destin. Bien incapable de choisir ma motivation, j’hausse les épaules avant d’entreprendre de sortir. J’arrive dans une cour arborant une toison de mauvaises herbes, elles envahissent les allées, se répandent comme l’ivraie parmi le bon grain. Sans menace pour les arrêter, ces dernières croissent sans jamais s’endiguer, atteint d’une faim dévorante ne pouvant être assouvie, elles continuent leurs œuvres de sape inlassablement.

J’élève alors mon regard et reste coi devant le spectacle qui s’offre à moi. C’est ma maison… celle où j’ai passé une partie de mon enfance… L’arbre tordu avec lequel j’ai vécu tant d’aventures extraordinaire siège toujours là, comme le gardien tutélaire qui veille sur la maison et ses environs. Le vent charrie des rumeurs, tout comme la maison il se souvient, de cette vie, de cette joie, mais tout cessa. Ce ne sont plus que les échos d’un passé à présent révolu, écrasé sous le poids des années, enterré pour ne plus jamais être retrouvé…

Quelques feuilles se déposent avec délicatesse sur le porche de la demeure familiale. Je me souviens alors de ma mère, elle et son terrible balais qui me pourchassait car je n’avais pas fermé la porte, laissant entrer les feuilles et autres cochonneries comme elle les nommait. Je regarde cet arbre, que dis-je, ce véritable refuge envers une vie dure et éreintante. Je m’y réfugiais quand le paternel me cherchait pour l’aider à entrer le foin, ou bien quand ma mère voulait que je l’aide pour préparer le repas. Ce vigoureux compagnon était doté d’un épais feuillage qui me permettait de disparaître à la vue de ces grands qui de l’enfant n’avait rien conservé.

Emporté par ces souvenirs, je pose une première main sur l’arbre quand je la vois… cette petite menotte, minuscule, enfantine. Affolé autant que stupéfait, je m’inspecte rapidement et dois finalement me rendre à l’évidence… je suis un gosse… ou plutôt, je suis, j’incarne, ce que j’étais avant.

C’est à ce moment qu’un nom s’inscrit dans mon esprit, il remonte à la surface de ma conscience, en brise la surface à l’apparente tranquillité, résonne à mes oreilles comme un appel venu des tréfonds du passé…

« Gaudium… »

Je me souviens alors qui je suis, la peur est vite succédée par l’excitation du bambin en pleine possession de ses moyens. Je me prends alors à escalader l’arbre comme au bon vieux temps, je me suspends à ses branches robustes quand le nom résonne à nouveau. Il semble provenir de derrière et je saute d’un bond dans le tas d’herbe agglutiné autour de la base de l’arbre. Je commence de contourner la maison, abandonnant à son sort mon vieil ami, le géant sylvestre.

Le chemin de terre qui serpente autour de la maison est marqué de plusieurs trace de pieds aux tailles divergentes. Quand je pose le mien dans celle qui semble la plus grande, je distingue un net écart… Je me sens alors comme l’enfant affrontant le géant ! De mon imagination débordante naît visions enchanteresses et scènes d’actions dantesques. Le petit que je suis se voit grandi, grand guerrier aguerri, rompu aux arts de la guerre ! Un innocent sourire fleurit, éclaire mon visage enfantin. Je commence à fomenter plans et pièges pour terrasser le méchant géant qui m’attends forcement, moi le preux héros en quête d’exploits !

Mes maigres bras brassent l’air comme des éclairs alors que je commence à crier, convaincu d’impressionner mon futur adversaire de cette manière. Je cours encore quelques minutes avant d’atteindre la grange. La porte demeure elle aussi entrebâillée et je rigole en imaginant ma maman engueuler le méchant. J’arrive finalement devant et entre avec fracas, hurlant à tue-tête que je suis là pour mener le méchant à trépas.
C’est à ce moment que je me vois… ainsi que mes parents. Ils hurlent et se débattent, me maudissent tandis que cette version de moi se dresse devant eux, une gigantesque épée à la main. Elle se confond d’ailleurs avec la poignée, comme fusionnée avec cette arme ébène et dentelée. Il se retourne vers moi et sourit comme un animal.

Ses yeux sont des puits écarlates, des canines dépassent de ses babines retroussées. Il évoque un être bestial, rongé par la folie et la cruauté… Il reste toujours cambré, son nez se réduit à des fentes, comme celle des serpents. La main libre qui lui reste est pourvue de terrifiantes griffes noires, du sang gouttent de ces appendices et tombent par terre.

Je n’arrive pas à bouger alors que je contemple le monstre… Il ne bouge pas, lui non plus, se contentant de m’observer avec intérêt. Je suis comme hypnotisé par cet être à l’allure si malsaine… de lui émane une aura de mort et de désolation, de solitude amère… Il remue un peu la tête et dévoile des petites cornes qui saillent de part et d’autre de son front. Il dévoile ses dents et dans un sourire fauve, rit à gorge déployée avant de foncer vers moi, la lame prête à s’abattre.

Une impression de chaleur survient alors et tout s’arrête soudain…



Je me réveille en hurlant, le corps trempé de sueur. J’ai le souffle court, déglutis difficilement avant de ressentir un mélange…d’humidité et de chaleur au niveau de mon entrecuisse. Je constate les dégâts et soupire avant de me redresser et d’embrasser du regard la parure étoilée des cieux au crépuscule.

(J’me suis pissé dessus… super…)

Agacé, l’esprit encore tourmenté et perturbé par cet horrible cauchemar dont le souvenir s’effile pourtant déjà, m’échappe et se soustrait à moi, je décide finalement de marcher. Je regarde rapidement les alentours et distingue une forme couchée non loin, conclus rapidement que c’est Prune et essaie de trouver des repères pour revenir plus tard.

Je me dépêche alors de pénétrer dans les bois jouxtant l’endroit que Prune a choisie pour établir le camp, en quête de solitude…

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 19 Juil 2016 16:47 
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La fraîcheur de la nuit me fait frissonner alors que j’évolue dans cette forêt endormie et recouverte d’un épais manteau d’ombre. Une lueur m’interpelle alors, de petits éclats lumineux virevoltent et tracent des sillons lumineux dans l’obscurité. Je les identifie comme des lucioles, elles dansent maintenant autour de moi dans un ballet endiablé. Mon chemin s’en trouve éclairé, pas mon âme… J’écarte d’un geste rageur les insectes luminescents qui s’éparpillent en nuée.

Je n’arrive toujours pas à réaliser que j’ai tué mes parents… mon petit frère… Cet acte m’apparaît maintenant dénué de sens et d’intérêt, amer… du genre à vous hanter à jamais… Mettre fin à leurs pathétiques vies n’a été d’aucun secours pour colmater la brèche qui déchire mon cœur. Je continue d’errer, éprouvant une peine et un remord intense. Les branches me fouettent le visage mais je ne pense qu’à ce que j’ai fait. La douleur qui me mutile s’intensifie à chaque pas... chaque seconde…

Je ne me supporte plus, tombe piteusement à genoux et hurle, une plainte déchirante qui lacère le silence. Je ne veux plus continuer à vivre avec cette croix sur mes épaules. Je regarde mes mains, celle d’un meurtrier… Je pense à tous ceux que j’ai tué pour en arriver jusque-là, je laisse derrière moi une voie sanglante mais justifié, sauf pour ce qui est du dernier massacre… Je n’avais pas besoin de le faire, il n’était pas nécessaire… je n’ai agis que par bêtise, poussé par ce que je croyais être une soif de vengeance…

(Mais alors, pourquoi suis-je dans cet état…)


La peine devient insupportable… je laboure mon visage avec mes ongles, le sang perle à de multiples endroits alors que je m’efforce, dans ce geste de mutilation, de me repentir. Mes serres lacèrent ma chair, elles laissent des marques indélébiles, celle de ma culpabilité. Cette douleur physique que je m’inflige pour oublier la peine morale n’est pas suffisante… Je m’acharne, trace dans ma chair des stries pourpres et hurle en même temps. Mon visage n’est plus qu’un puits de douleur mais ce n’est pas assez…

J’essaie d’évacuer cette brume corrosive qui emplit mes poumons, se répand dans mon sang et étreint mon cœur… Je suis proche de la névrose, commence d’écorcher mon torse. Les larmes se mêlent au sang, à mes hurlements stridents alors que je m’évertue à continuer mon acte de dément. J’ai mal mais ce n’est toujours pas suffisant… j’invoque une main sombre, lui ordonne de m’attaquer. Je retourne ma propre magie contre moi tandis que je me roue de coups, que je creuse ma propre tombe.

Je cesse alors, un murmure me parvient des tréfonds de mon moi profond… il m’ordonne d’arrêter, d’arrêter de me détruire… je sens son influence, celle du fluide sombre… il essaie de s’insinuer en moi, de m’imposer sa propre volonté, ce fluide qui semble doué de conscience… je résiste, ne lâche pas… je sais ce qu’il va advenir si je me laisse faire… je ne peux pas le laisser agir… je dois poursuivre… Je le contiens, use de toute ma volonté pour cette unique motivation, la main sombre disparait tandis que je fais barrage au fluide…

Des larmes ruissèlent le long de mon visage mutilé, dans un geste lent je dirige ma main vers ma ceinture… Je me saisis du manche rugueux qui va bientôt m’apporter la délivrance… le poignard crisse quand il sort de son fourreau et je le regarde. Mon corps est pris de tremblements incontrôlables, mes pensées sont confuses, troubles… je n’arrive plus à réfléchir, ne voit plus qu’une option… je pleure encore alors que je dirige la pointe de la lame vers ma gorge. Plus rien n’a d’importance, je ne pense plus qu’à une chose, en finir avec cette souffrance qui me lacère de l’intérieur.

(Plus jamais je ne ferais de mal… plus jamais je ne causerais de souffrance, non… plus jamais.)

La mort dans l’âme, la lame qui va bientôt me soulager de mon fardeau se rapproche inexorablement. La pointe commence d’entailler la peau, un fin filet de sang se répand le long de ma gorge. La douleur me paralyse mais j’inspire et me force à continuer. Mon cœur bat frénétiquement, mon sang pulse, devient brûlant dans mes veines chauffées à blanc.

Je pressens alors un nouvel assaut de sa part…

(Il ne va pas me laisser agir… Il va essayer en tout cas…)

Dans un geste désespéré, je ferme les yeux et d’une impulsion essaie d’achever le travail. Une douleur sourde part de ma main droite, celle qui était libre… J’ouvre les yeux et constate qu’elle a empoignée la lame avant qu’elle ne pénètre ma gorge… elle devient poisseuse, douloureuse… Ma résolution se fêle… se craquèle peu à peu… Le fluide sombre, animé par cette volonté propre, primaire, celle de l’animal luttant pour sa survie m’empoissonne déjà l’esprit… Il m’empêche de me suicider, se refuse à cette éventualité… Tout en maintenant son emprise sur la main qui entrave l’objet de mort, je le sens qui se propage, son influence croît, m’envahi peu à peu… Il se déverse en moi furieusement, comme un fleuve qui déborde de son nid et vient s’abattre sur les frêles esquifs. D’un geste rageur, il balaie mes noires pensées, il les juge indigne de moi, de lui… il ne supporte pas l’idée de mourir ainsi, il ne peut pas le concevoir.

Il ne vit que pour lui, pour vivre pleinement, ressentir la peur de ses proies, s’en délecter… Le suicide est un concept que son raisonnement bestial ne peut saisir. Il continue son œuvre de sape, brise les derniers vestiges de ma propre conscience, la remplace par la sienne, animale… Je n’ai plus la force d’y opposer une quelconque résistance. Le fluide sombre s’impose finalement, s’empare de moi et remise ma propre volonté au placard. Je ne suis plus qu’un spectateur qui voit le monde à travers les yeux d’un autre… de si loin…

Je ne suis dorénavant plus qu’haine et ressentiment. Je hurle, la bête rugit en moi, à travers moi. Elle exulte d’une joie sauvage, enfin maître de ce corps qu’elle convoite. Une pluie de particule s’épanouit tout autour de moi, illumine la zone avant d’exploser dans une clameur assourdissante. Le bois gémit, se brise en morceaux, la terre convulse, se brise et se désagrège. La bête brame de bonheur à la vue de ce spectacle chaotique et destructeur. Elle est fière de cette puissance qui la définit comme prédateur… Elle se délecte de cette sensation de liberté alors que j’essaie de reprendre le contrôle… Je n’arrive pas à reprendre le dessus, toujours déterminé à en finir.

C’est peut-être la peur de crever qui fait que la bête lutte avec tant d’acharnement. Le fluide sombre refuse de partir, il continue de me dominer corps et âme… Un bruit venant de derrière alerte la bête qui se retourne aussitôt, les mains déjà chargées d’une épaisse brume magique. Elle semble ravie, pouvoir se défouler va lui faire du bien… Elle contemple les sous-bois à la recherche d’un quelconque signe de présence. Ses yeux sont maintenant réduit à de simples fentes. Le sang continue de s’écouler des plaies alors que la bête qui me domine concentre toute son attention sur cette parcelle de la forêt.

Une voix résonne alors, brise le silence et ricoche contre ma conscience…

« Insanis ! »

Une silhouette se découpe de l’ombre des arbres, elle s’approche vivement et je reconnais Prune… Mais la bête n’en a cure. Tout ce qu’elle voit en la voleuse est une proie, une façon comme une autre de se soulager, de se faire plaisir… Prune doit sentir que quelque chose ne va pas car elle dévie au dernier moment, évitant de justesse une première main, puis une deuxième.

Une douleur sourde et fulgurante dans le bassin force la bête à se retourner, un poignard y est fiché… Une fine chaîne de fer est accrochée au manche de métal et quand la bête s’en saisit, un choc violent ébranle ses muscles, se répand et les paralysent… Elle se retrouve au sol avant d’avoir pu esquisser un mouvement. Une forme se dresse alors, Prune me dévisage, dévisage la bête qui agit à ma place. Son regard se fait dur, glacial. Une nouvelle salve d’énergie me parcourt, me fait hurler comme un goret. La douleur est accablante, elle n’épargne aucune partie de mon corps qui est réduit à une masse sanguinolente.

« Tu massacres une famille innocente et sans le sou, t’attaques à tes amis… qu’es-tu vraiment si ce n’est un monstre, Insanis ? Puis-je seulement te considérer comme un homme ? J’ai essayé de comprendre pour la famille, même si pour moi, tu es le seul coupable, leurs actes ne justifiaient nullement ce bain de sang. Et maintenant ? Maintenant tu m’attaques ? Tu oses t’en prendre à moi ? »

Je ressens une nouvelle secousse d’énergie, une légère odeur de brûlé se dégage de mon corps. La bête se déchaîne, mue par la seule force de sa volonté et malgré la douleur elle se redresse, tremblante. D’un geste rapide elle extraie le poignard et le lance avec fureur sur Prune qui l’esquive sans peine. Elle a toujours l’une de ses armes en main, l’autre produit une électricité dense et dangereuse… La résolution se lit sur son visage, comme sur le mien… Je ne veux pas la tuer, ne pense qu’à m’achever mais le fluide sombre endigue toute pensées contraires à son propre raisonnement. Elle me contrôle totalement, ne laisse aucune faille dans sa propre détermination.

« Crève… » sifflé-je entre mes dents.

Un rictus de haine se grave sur mon visage, l’excitation de la bête est à son paroxysme, son apothéose… Elle s’élance d’une impulsion vers Prune qui brandie son poignard, prête à me recevoir. Des particules de fluide naissent dans l’atmosphère alors que je cours vers mon amie. De sa seule volonté, la bête les fait exploser. Prune est un peu plus loin, des pans entiers de sa tenue sont manquants, la bête distingue immédiatement que du sang coule, que sa cible semble fatiguée…

Elle n’a pas besoin de plus et se précipite en avant dans un rire dément, invoquant une main sombre qui file comme le vent en direction de la voleuse. Prune n’est cependant pas en reste et bondit en l’air, s’accroche à une branche basse et disparaît dans l’épais ramage. La bête hurle son dépit, cherche des yeux celle qu’il veut tant tuer… Une goutte de sang, puis une autre, et encore d’autres ensuite viennent alors percuter mon visage. Je devine que Prune est juste au-dessus, la bête en arrive à la même conclusion…

Régie par sa volonté impérieuse, la main fantomatique s’envole pour attraper Prune, elle disparaît pour ne plus revenir… C’est la voleuse qui en rugissant s’extirpe de l’arbre, elle arrive si vite que la bête n’a guère le temps de réagir. Prune ploie ses genoux qui frappent mes poumons. Je me retrouve à terre sans avoir rien compris. Je la discerne qui s’approche, elle pleure en s’agenouillant à mes côtés. Son regard est piteux quand elle se penche sur moi, une douleur atroce monte de ma poitrine et je la vois… la délivrance… la lame plonge dans mon torse dans un bruit de succion avant de ressortir, sanguinolente…

La bête rugit, se débat mais rien n’y fait… Elle comprend avoir perdu… elle a horreur de ça, elle continue de se démener, ordonne à mes muscles de bouger, de réagir, mais rien n’y fait… Prune se relève alors et les derniers mots que j’entends avant de basculer dans l’inconscience sont qu’elle est désolée…

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 19 Juil 2016 17:00 
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Quand je me réveille, le corps et l’âme en peine, esseulé et effondré, je ressens une profonde vacuité. Je ne me suis toujours pas pardonner, ni pour ma famille, ni pour Prune… Je n’essaie même pas de rejeter la faute sur l’influence ô combien néfaste du fluide sombre. Non, toute la faute me revient. C’est moi qui ne suis capable de le contrôler, moi encore qui me laisse si facilement dominer…

(J’ai perdu une famille, une amie… et pour quoi ? Un amer ressentiment, un sentiment de vide accablant ?)


J’abandonne mes idées sombres, mes plans de suicide… si je fais cela, qui sait quelle âme tourmentée pourrais-je devenir… Non, il faut que je me repentisse ici, sur Yuimen, tant que je foule encore cette terre qui m’a vu naître et grandir… que j’apprenne à me contrôler, à ne plus être le jouet de cet état d’émotif qui me procure puissance et fardeau. Je nourris ma détermination dans la conviction qu’une fois libéré du joug du fluide sombre, qu’une fois que j’aurais appris à le maîtriser, pourrais-je enfin vivre heureux et libre…

(Je dois le faire… je dois rencontrer ce Vahalat dont m’a parlé la dame des brumes d’Endor…)

Je me redresse péniblement, j’ai mal partout, mon visage, mon torse, mes bras, tous sont charcutés, blessés sévèrement ou pas. Mais je ne peux hélas rien y faire et décide donc de continuer d’avancer en direction du castel Hotarsique, lieu de villégiature de ce mystérieux Sindel nommé Vahalat. Mon pas se veut traînant, j’invoque difficilement une aura glaciale qui me fait du bien, me soulage quelque peu… Mon visage est douloureux et quand je passe mes doigts dessus, je sens des cicatrices en devenir... du sang tâche mes mains et je n'ose imaginer mon visage à présent...

Le soleil est haut dans le ciel, il me fait suer, rend le trajet bien plus difficile… Je m’accorde de nombreuses pauses, essayant de trouver régulièrement des coins d’ombres protectrices et apaisantes.

Pendant de nombreux jours j’erre en longeant les côtes de Darhàm, convaincu de tomber rapidement sur le castel Hotarsique.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Sam 6 Aoû 2016 00:10 
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Une esclave court dans des galeries, traquée par d’étranges hommes. Gauche, droite, gauche gauche droite. Les galeries se croisent et s’entremêlent, elle joue à cache-cache dans cet étrange labyrinthe. Droite, droite, gauche gauche droite. Elle s’arrête le temps de souffler, et ils l’ont déjà presque rattrapée.

”Là-bas ! Elle est là-bas, dépêchez-vous !”

Et c’est reparti. Son grand sac sur son épaule, assez grand pour contenir un corps, elle se remet à courir. Ses chaînes la ralentissent, elle se rend compte qu’elle ne pourra pas courir assez vite. Elle enlève sa capuche pour essuyer son front, laissant apparaître ses étranges cheveux. La jeune fille se prépare, cache son sac, et attend les hommes. Quand ils daignent sortir de l’obscurité, elle est prête, soutenant leur regard de ses yeux moqueurs.

“Tu viens de signer ton arrêt de mort, sale bête.”

“Désolée, j’avais prévu autre chose aujourd’hui.”

Elle se jette sur eux, trois contre une. Une louve, qui n’a plus rien à perdre. Le premier s’évanouit quand elle se servit de ses chaînes pour l’étouffer. Le deuxième se jeta sur elle. Mauvaise idée. Elle se pencha, et frappa, d’un coup sec, son pied dans son estomac, et l’étouffant aussi. Il s’évanouit aussi, tombant à terre.

Elle avait fini son travail, elle était libre. Ou presque. Le dernier homme sortit de l’obscurité, l’immobilisant.

“Dis moi sale bête, que pensais-tu faire ? Tu es une esclave, tu ne seras jamais autre chose qu’une esclave !”

Il rit, il se sent supérieur, son rire reflète toute son arrogance. L’esclave se débat, essaye de se libérer de son emprise. Elle tombe au sol, et lui avec, mais pour se mettre sur elle, pour mieux l’écraser, savourant sa victoire. C’est alors que les yeux de la jeune fille deviennent encore plus bleus qu’ils ne l’étaient. Ils sont devenus bleus de rage. Et concentrant sa haine, elle exhale une ombre, un souffle de mort, qui atteint le visage de son agresseur et l’aveugle, lui permettant de se relever et de...elle n’arriva pas à porter le coup final. Elle lui coupa la respiration, suffisament pour qu’il rejoigne ses compagnons dans l’inconscience.

Cette fois ci, elle était libre. Et en contemplant son travail, elle adressa une prière pour son dieu, avant de rabattre la capuche sur sa tête, de reprendre son sac et de s’enfuir, chaînes aux pieds et larmes de joie aux yeux.

Je me réveille en sursaut, les “draps” défaits, ma peau luisante de sueur, et mes chaînes à mes pieds. J’ai revécu ma libération, encore une fois. Encore, et encore, je revois ma liberté. L’herbe me semble plus verte, les pierres me semblent toutes précieuses, l’eau et l’air sont purs, et les oiseaux chantent à mes oreilles. Est-ce cela le pouvoir de la liberté ? Rendre le monde plus beau ? Pourtant, les chaînes sont toujours à mes pieds.

Pourquoi je les garde ? Pour me prouver que je suis libre, me rappeler mes origines ? Je ne sais pas. Et pourtant, quand je les enlève, je me sens libre, mes pieds sont plus légers, j’ai l’impression de pouvoir voler. Mais ce vide autour de mes chevilles me fait mal, et je préfère alors les remettre. Je suis toujours enchaînée au fond, prisonnière de mon passé. Le futur est-il seulement capable de me libérer ?

Je referme les yeux, revois toute mon histoire. Mon enfance en tant qu’esclave, le travail, le fouet. Mes pleurs de haine, de rage envers mes maîtres. Le seul jour ou j’ai échappé à la réalité, et ou ma mère m’a aidé à revivre. Le travail ne me semblait plus aussi dur, ma condition ne me parlait plus. Je n’étais plus une esclave, mais un corbeau à qui on avait coupé les ailes. Et un jour, je me sentis pousser les ailes que je n’avais jamais eu. Des ailes noires de désespoir, de tristesse, de sentiments entremêlés. On avait tué sous mes yeux la femme qui s’était vendue pour ma survie, ma mère. Alors je m’enfuis. Le plus loin possible. Le plus vite possible. Mais cela ne dura pas. Je me fis rattraper, et dans la haine, je me battus. Je réussis à tous les mettre temporairement hors d’état de nuire. Et je m’en allai loin. Je ne sais pas combien de temps j’ai erré sans fin, cherchant l’endroit où je revécus il y a de cela 8 ans. Après deux jours de solitude, je le trouvai.

Le pré. Il n’avait pas changé. Magnifique, mais seulement...magnifiquement macabre. Et je me mis au travail. Je creusai, je creusai, je creusai. Et quand le trou fut assez grand, je sortis ma mère du grand sac qui m’avait servi à la transporter. Elle était belle, souriant doucement. Son sourire empli de bonté et de tendresse, me frappa. Et je lui retirai ses chaînes, pour les accrocher à sa tombe, et finalement d’un geste les briser. Elle est morte enchaînée, mais elle rejoindrait Phaïtos libre.

“Dis lui bonjour de ma part, Maman.” chuchotai-je après avoir gravé quelques mots sur la tombe.

Puis, laissant couler une larme, j’ai couru hors du pré, à la recherche d’indices sur ceux qui pourraient m’aider.

Je me souviens de tout. De tout ce qu’il s’était passé. De tout ce qu’il m’est arrivé. De tout ce que j’ai subi. Je peux fermer les yeux, et tout revoir. Mais j’ai perdu assez de temps aujourd'hui. Il est temps de me lever de la meule de foin sur laquelle j’ai dormi, inconfortable et poussièreuse. J'attache mes cheveux, et hop ! Je suis prête à vivre cette journée, ou plutôt tenter d’y survivre. Il serait stupide d’aller rejoindre Phaïtos si vite. Trop vite.

Je laisse quelques yus au "fermier" qui m’a laissé dormir ici. Même si j’ai dormi sur une meule de foin inconfortable, il a quand même accepté de m’héberger. Après tout, je suis une esclave qui s’est enfuie. Cela se voit, et protéger une esclave en fuite est dangereux. Il me fouille d’un air soupçonneux, essayant de savoir si je n’ai rien volé.

“Monsieur, je n’ai rien pris...tout ce que j’ai est sur moi, vous voyez ? Je n’ai rien d’autre, à part quelques yus et ce collier…” déclarai-je d’une voix douce.

“Tais toi, sale chienne. Tu crois vraiment que je peux faire confiance à une esclave qui se ramène et me demande de l’héberger pour la nuit ? Je vous connais, vous et vos méthodes. Tous des chiens.” dit-il en crachant par terre.

J’y suis habituée, à toutes ces moqueries. Toutes ces insultes, toutes ces railleries. Mais je n’en tiens pas compte. Je n’en tiens plus compte. Je le laisse faire, et dès qu’il eut fini, je cours le plus vite possible avant qu’il ne remarque que je ne lui ai pas réellement “rien pris”. Je n’irai pas en enfer pour quelques tranches de jambon et un peu d’eau, si ?

Je prends donc la direction de la ville la plus proche, un pied après l’autre, le bruit des chaînes marquant mon passage. Comme une mélodie, l’acier caresse la terre, qui en entrant dans la ville deviendra pierre. Alors je chante et danse, au rythme de mes pas qui marquent la cadence.

Je sais déjà ce que je vais faire,
Quand mes pieds de cette ville heurteront la pierre.
J’irai dans le temple qui Lui est dédié.
Et à en apprendre plus sur les Lords Necromants je demanderai.


[1215 mots]

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mer 28 Sep 2016 18:56 
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Le soleil ne va pas tarder à se coucher et cela fait resplendir la ligne de l'horizon. Une teinte orangée illumine les confins des cieux et fait planer sur les plaines une couverture mordorée. Un léger vent balaie la surface des champs de blé sauvage qui ondule avec rythme. De ce décor émane une parfaite harmonie, contrebalancée par la barbarie de la cité siégeant derrière.

A la seule évocation de cette pensée, mon cœur s'assombrit et de sombres pensées assiègent mon esprit et mon âme, la mettant au supplice. Je n'éprouve qu'une haine déraisonnable pour ce cloaque tout en sachant pertinemment que ceux qui y vivent sont majoritairement comme moi, contraint d'y rester.

J'essaie de m'abstraire à ces émotions nocives et néfastes et me concentre à nouveau sur la beauté de l'environnement dans lequel j'évolue. Quelques arbres côtoient le sentier, créant d'éparses zones d'ombres dans lesquelles je frissonne quelque peu. Des rayons de lumières viennent percer le manteau d'ombre mais peinent à repousser l'obscurité. Parmi les trouées des arbres dont les frondaisons imparfaites laissent apercevoir les cieux écarlates se laissent deviner de fugaces présences. Celles des animaux qui peuplent ces gardiens sylvestres.


Bientôt le règne du gargantuesque astre solaire va prendre fin et sa sœur, son amante, prendra sa place sur le trône du firmament et nous veillera depuis les profondeurs abyssales de la voie lactée. La fin du premier et le début du second va marquer un nouveau rythme dans la terre, des animaux vont se coucher et d'autres, se lever. Les prédateurs vont devenir les proies, les rôles vont s'inverser et cela ainsi de suite. Penser à ça me fait toujours un drôle d'effet. Je me sens si inutile... si petit en comparaison de cette énormité qu'est la vie. Les montagnes sont là depuis bien ma naissance et ce sera le cas bien après ma mort. Elles resteront là, immuables et figées, s'érodant petit à petit, mais combien d'hommes les verront avant qu'elles ne retournent à la terre ?

Je me tourne alors vers Morgiana et lui demande d'un ton affable :

"J'aimerais savoir, as-tu déjà ressenti sur toi le regard de Phaïtos, l'as-tu déjà entendu dans tes rêves ? Je me plais à penser que c'est le cas pour moi, qu'il veille sur ses réels fidèles..."

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Ven 30 Sep 2016 16:34 
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Comme nous sommes maintenant à l’écart de la ville, j’en profite pour remettre mes chaînes, afin de pouvoir sentir un poids rassurant autour de mes chevilles. A l’instar d’un enfant refusant de se séparer de sa peluche, je refuse de me séparer de mes chaînes. Ces longues heures passées à peiner seules sont encore ancrées dans ma mémoire et mon corps n’arrive pas à se débarrasser de l’identité d’esclave collant encore à ma peau, qui semble m’habiller inconsciemment. Je dis bien semble parce qu’au fond de moi-même je suis libre, et je le sais.

Le soleil part se coucher, Séléné reprendra bientôt le mouvement, mais j’observe encore l’astre nous offrir ses plus beaux rayons. Je me laisse baigner dans la lumière, en profite et me met à danser, tentant d’attraper le plus de rayons, tentant de noyer ma peau dans tant de beauté. Le soleil l’effleure doucement mais sûrement, une chaleur familière enveloppe mon corps, et je me mets à courir parmi le blé, sautillant de joie à l’idée de tout ce qui allait m’arriver. Je me rendis compte que je n’étais pas seule, et arrêtai brusquement, mais gardant ce sourire de joie sans fin sur mon visage, qui ne signifiait qu’une chose : libre.

Insanis me demanda si j’avais déjà ressenti la présence de mon dieu, expliquant qu’il aimait penser que Phaïtos ne veillait que sur ses adeptes les plus fidèles.

- « Je ne sais pas si je suis une de ses adeptes les plus fidèles, enfin j'espère l'être, mais j’aime à me le dire aussi, et quelque part, je sens, enfin plutôt j’ai l’impression qu’il me regarde, et je ne l’en aime que plus. » répondis-je avec un petit sourire.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Ven 30 Sep 2016 19:51 
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Nous avançons tous plus ou moins silencieusement quand Morgiana se met soudain à agir avec frivolté, m'étonne et me fait sourire devant tant d'innocence. Elle se met à danser, à papillonner avec son frêle corps parmi les champs de blés dorés. Elle semble si heureuse... si joyeuse, plein de cette énergie de la jeunesse.

Pourtant un détail m'attriste... Je m’aperçois qu'elle a remit ses chaînes aux chevilles. A ce moment, je comprends qu'elle est toujours enfermée dans ce cercle vicieux de l'esclavage... qu'elle ne s'est pas véritablement libérée de sa condition d'esclave. Elle reste attachée à cette ancienne vie et je le déplore. Quelle dommage pense-je, de voir ainsi un tel potentiel en partie enrayée par cette dure expérience.

Elle représente l'ambivalence même. Se réjouissant d'être libre et pourtant toujours en possession de ce qui la jadis déterminé à n'être qu'une chose... un objet. Pourtant je sais que je ne peux rien y faire, pour l'heure en tout cas. Je fais donc mine de rien et quand elle se rapproche de nouveau, elle répond à mon antérieure question, m'expliquant qu'elle aussi, aime à penser que Phaïtos veille sur elle.

Je pose une main sur son épaule, dans un geste amical et lui sourit allègrement avant de rétorquer :

"J'espère que nous aurons la chance de réellement le voir un jour ! En attendant, je ne puis que continuer de le servir, lui et ses desseins, accomplir sur cette terre sa divine volonté et faire en sorte de l'imposer aux yeux du monde."

Je rajoute juste ensuite que si elle a des questions à me poser, de quelle que nature que ce soit, elle ne devait pas hésiter.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Sam 1 Oct 2016 12:48 
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Après avoir répondu à ma question, Insanis se rapproche, et mettant sa main sur mon épaule, me sourit et commence à parler. Je ne l'écoute pas, apeurée par son contact, et toute tremblante je baisse la tête avant de demander à voix basse :

- "Insanis...s'il te plaît, lâche mon épaule..."

Mon expression, ma voix, ma posture et ma façon, tout en moi trahit la peur sans pareil que j'éprouve et je remonte la capuche sur ma tête pour regarder les traces de fouet sur mes épaules et les bleus sur mes bras. Peur. J'ai peur. J'ai peur !
Aussitôt je me mets en position défensive, m'éloignant rapidement et essayant de me calmer. J'ai peur. J'ai toujours peur. Et j'ai mal. Parce que je sais, je le sais que je pourrais m'éloigner autant que je peux de Judal, son souvenir me rattraperait. Insanis n'est pas Judal. Judal n'est pas Insanis. Alors pourquoi je refuse le contact physique ? Ça n'a pas de sens.

Essayant de dissimuler mon trouble, je reviens près d'Insanis, et ai envie de lui demander son avis sur la question. Ou...Je ne sais plus ce que je veux, alors je murmure un vague désolée et revient en me tenant l'épaule, comme si j'y avais mal.

A Dahràm, je n'avais pas peur de le toucher. J'ai même pris son bras. Que s'est-il passé ? J'enlève alors la chaîne, et prend le bras d'Insanis pour le remettre. Pas de réaction, si ce n'est un léger frisson qui parcourt mon échine. Ma peur se tiendrait à cet objet dont je n'arrive pas à me séparer ?

Si j'ai une peur quelconque, je la vaincrai. Et c'est avec cette conviction que je me rapproche de lui, remet son bras sur mon épaule et lui demande en souriant, la capuche sur la tête :

- "Tu disais ?"

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Sam 1 Oct 2016 14:19 
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Intervention pour Insanis et Morgianna


Alors que vous avancez sur la route, vous croisez bientôt une troupe d'une vingtaine de garzok, sans doute une patrouille. Ils vous arrêtent.

"Vous ! Pourquoi vous quittez Darhàm ? On raconte qu'il y a des Thorkyn en maraude qui descendent de Mertar. C'est risqué... à moins que vous ne soyez des espions pour leur compte ?"

Rien d'inhabituel de la part d'un garzok. Mais tout de même mauvais signe... Merilian semble prendre son temps pour répondre, visiblement plus préoccupé par le décompte des âmes susceptibles de rejoindre Phaïtos en paix... mais à elle seule, elle ne pourrait vaincre une telle troupe. Hélas, la diplomatie n'est pas sa spécialité...

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Sam 1 Oct 2016 18:42 
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A peine lui-ai-je touché l'épaule que je sens de sa part une réticence. Je ne sais comment l'expliquer mais son expression change, son corps se contracte. Un soudain mur de glace s'impose alors entre nous et coupe net mon élan. Elle remet alors avec hâte sa capuche et d'une voix basse, me supplie de ne plus la toucher.

J'enlève aussitôt ma main et esquisse une mine confuse, une moue triste remplace mon visage souriant. Morgiana recule de quelques pas, comme un animal apeuré. La peur se lit dans ses traits, son attitude tout d'un coup distante. Je me doute qu'un lourd passé pèse sur ses frêles épaules, en plus de celui de l'esclavage. Ceux qui le deviennent ont de toute façon toujours un fait marquant qui a induit cette sous-condition, celle de l'être méprisé qu'est l'esclave.

Elle m'apparaît comme indécise, puis retire ses chaines et approche en se tenant l'épaule, comme si elle la brûlait... Elle murmure un petit désolé et se rapproche à nouveau, mettant d'elle-même ma main sur son épaule en m'interrogeant comme de rien ce que je lui demandais.

Je ne sais pas trop quoi répondre, abasourdi par ce brusque changement d'attitude. Je me trouve décontenancé et essaie de trouver mes mots, balbutiant quelque chose avant qu'une voix rude ne nous interrompe.

J'élève le regard, mécontent d'être si rudement interpellé et change aussitôt d'expression quand je vois ce qui se tient devant moi. Une troupe d'orques puants sont là. Ils exsudent la connerie, mais aussi la violence, la haine, farouche, indécise et prompte à se déclencher.

Un plus massif que les autres se détache du contingent armé jusqu'aux dents. Il nous demande ce qu'on fait là, avant de nous avertir que des saloperies de nains traînent dans le coin. Son groin se replie alors et tout en haussant un broussailleux sourcil, nous demande si l'on ne serait pas des espions travaillant pour les barbus court-sur-pattes.

Je jette un rapide regard vers ceux qui m'accompagne. Merilian semble plongée dans ses pensées, un sourire sinistre éclaire son visage. Son compagnon et Morgiana reste en retrait mais je ne décèle rien sur le moment, les deux ayant le visage dissimulé par leurs épaisses capuches.

Je fais l'état de la situation. Je ne connais pas le pouvoirs de mes compagnons mais n'ai guère d'espoir dans notre réussite... Peut-être Merilian peut en abattre quatre, son compagnon moitié moins. Mais Morgiana ne semble pas prête pour un véritable affrontement et je n'arrive pas à estimer combien je peux moi-même en tuer, pas encore assez habitué à mes nouvelles capacités.

Je m'avance alors, d'un pas confiant, foulant la terre comme si elle m'appartenait. Mon visage se fige dans un éclatant sourire et j'agis comme si j'étais l'émissaire de mon propre groupe.

"Salut ! Quelle merveilleuse journée, n'est-il pas ? Nous ne faisons que traverser la royaume pour rentrer chez-nous. Quant aux nains dont tu causes, j'peux rien t'dire. Si j'en vois un, j'le trucide, j'prends pas la peine de lui parler ! Alors être avec eux ? M'ferait mal !"

Je m'exprime assez fort pour que tous m'entendent. Je n'ai jamais été un bon acteur mais devant un public aussi con-con, je me dis que ça peut marcher. J'ai bien appuyé et user d'un ton haineux quand j'ai parlé des nains et j'espère que ça va suffire. Pourtant, par expérience, je suis quasiment certain que ça ne va pas s'arrêter là. Ils veulent du sang, chercheront surement nombre de prétextes pour assouvir leurs soifs de violences, afin de l'épancher.

Je m'approche alors, de nouveaux de quelques pas, afin d'être à quelques mètres seulement du chef garzok qui me semble plus intelligent, plus apte à comprendre ce qui va suivre.

Je lui murmure, de sorte qu'il soit le seul à pouvoir m'entendre :

"Si toi ou ta troupe tente quoi que ce soit... tu seras le premier à crever. Peut-être que j'vais crever aussi, c'est même très probable. Mais qu'importe, si tu nous causes des ennuis, ton âme voyagera avec la mienne, j'peux t'en assurer. La question est donc, quelle prix a ta vie à tes yeux ?"

Je prie pour que ceci fonctionne comme je l'espère. J'essaie un coup de bluff, qui peut nous coûter cher. Menacer un groupe entier est stupide, mais isoler l'un de ses membres et le menacer à titre personnel est bien différent. Chacun craint pour sa vie et savoir qu'en déclenchant l'agression, on sera irrémédiablement tué, pousserait n'importe qui à réfléchir.

Je maintiens mon regard, croisant fièrement celui de l'orque. Je le confronte à moi, mes traits sont impassibles mais néanmoins sérieux. Dans chacune de mes mains j'accumule déjà les fluides... De petits globes luminescents, telles des flammèches bleutées, apparaissent dans un périmètre restreint. Elles dansent devant les yeux de l'orque, deviennent plus nombreuses... pulsantes de vie, animées de ce désir destructeur. Je ressens l'influence du fluide sombre mais le repousse vivement. Je n'ai pas besoin de son aide. Je n'en veux pas.

Mon regard signifie... Donne l'ordre d'attaquer et tu va souffrir... mon sortilège dit...Je suis porteur de mort, de Ta mort, osera-tu encourir mon divin courroux ? Je commence presque à exulter, et me rends compte qu’insidieusement... mon état d'émotif me pèse toujours. Que la bête qu'incarne le fluide sombre me ronge encore, bien que ce soit bien moins hardiment.

Je ressens ses tentacules étreindre mon cœur, me susurrer de la laisser faire, de laisser la sauvagerie répondre à la sauvagerie... Ces orques méritent tous de baigner dans leur propre sang... ils ne sont que des déchets... Le fluides sombre engourdit mon esprit mais je me recentre sur l'essentiel. Je ne dois plus jamais me laisser abuser par mon état d'émotif, je ne dois plus me laisser dominer par les fluides qu'héberge mon corps.

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MessagePosté: Dim 2 Oct 2016 11:51 
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Insanis semble ne rien comprendre lui aussi, mais mes actions doivent sembler étranges pour quelqu'un d'autre. Après tout, il ne sait pas combien de fois mon ancien maître m’a tenu par la même épaule, et dans le même geste, m’a décrit combien il m’aimait.
La culpabilité allait me faire conter brièvement et avec le moins de détails possibles cette partie de mon histoire, quand une bonne vingtaine d’orques nous interpelle, semblant s’inquiéter pour nous.

Ma mère m’a souvent raconté que les Garzoks s’entendaient avec les Thorkins comme chiens et chats, quelque chose de stupide à mon goût. Que s’est-il passé entre eux, pour se haïr autant ? Je ne sais pas, et mon manque de connaissance me revient à la figure. Je regarde Merilian, pour voir sa réaction, mais visiblement elle a l’air occupée à voir combien d’entre eux ne poseront pas de problème à Phaïtos. Ils comptent donc se battre, ou Merilian tout du moins. Pourquoi ne pas tenter la diplomatie ?
Insanis se détache alors de moi, et avec un sourire éclatant de calme, répond en parlant du beau temps, expliquant ne pas aimer les nains. Je fronce les sourcils, incrédule à cette annonce. Pourquoi ne pas aimer les nains ? Nous sommes tous égaux devant Phaïtos. Mais peut-être est-ce simplement une ruse, cependant si sa haine des nains est réelle, il y a forcément une raison.

Il s’avance alors devant le chef Garzok, et si je vois ses lèvres bouger je ne l’entends pas, cependant à sa tête et à celle de l’orque ce ne doit pas être plaisant. Je sens les étincelles entre ces deux-là et je m’avance, voulant tenter quelque chose, enlevant ma capuche et prenant soin de marcher doucement afin de ne pas brusquer les orques.

- « Ça suffit, dis-je en dévoilant mon visage. Vous voyez bien que nous n’allons rien vous faire, regardez ! Nous sommes juste de passage à Dahràm, ou nous sommes partis nous marier. Nous rentrons à la maison. Voici ma sœur et son mari, déclarai-je en présentant Merilian et Gauwin, me retournant pour leur faire un clin d’œil, essayant de leur faire passer le mot, et voici mon mari, précisai-je en montrant Insanis. Excusez-le, il est un peu impulsif, mais pas bien méchant. N'est-ce pas mon aimé ? » le questionnai-je en fronçant les sourcils pour l’inciter à jouer la comédie aussi.

J’espérais que les autres auraient compris le message et n’allaient pas me lâcher maintenant. Sinon j’étais mal, et le combat serait inévitable pour nous, et il y aurait des blessés, ou des morts. Pour mieux donner le change, j’enjoignis de me rapprocher d’Insanis, et même de l’embrasser sur la joue, mes lèvres effleurant sa joue maladroitement tel une caresse, avec douceur. Enfin, pour les Garzoks, je serais en train de l’embrasser. Car en vérité, je chuchotais à son oreille de jouer la comédie.

- « Et puis honnêtement, qu’irait-on faire avec les nains de jardin ? Ils sont tout petits, on va les écraser si on va les voir ! » ris-je avec du mépris dans la voix, espérant être crédible.

Retenant mon souffle, je priai pour que les Garzoks soient crédules, et se trompent sur notre compte : je ne voulais pas combattre, et si je lançais mon seul sort je serais sans défense, peu capable de me protéger. Vingt contre quatre, peu de chance de s’en sortir, même devant des guerriers aussi intelligents qu’un navet qui pense.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Dim 2 Oct 2016 11:58 
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Intervention pour Insanis et Morgianna


Le chef garzok marque un temps d'arrêt devant ce que lui murmure Insanis. Son honneur de guerrier est menacé, il a ses soldats avec lui et il ne se sent pas très impressionné par ce gringalet... mais on ne sait jamais.

Alors que Morgiana parle du lien entre Merilian et Gauwin, cette dernière s'illumine :

"Oh ! Nous... nous marier ? Oui, il faudrait... mais... je..."

Et, chose stupéfiante, elle rougit. Les garzoks éclatent d'un rire gras et un sous-lieutenant fait signe à son chef de bien vite rentrer au camps. Celui-ci y voyant un moyen d'en sortir à bon compte, il lance un regard mauvais à Insanis et fait signe à la troupe de le suivre.

Merilian les regarde un instant, semblant se rappeler après coup qu'elle les aurait bien tué. Elle se tourna vers Insanis avec une nouvelle idée, rappelée par cette affaire :

"Au fait, c'était toi qui était amis avec un nain... celui dont le frère faisait parti de notre ordre... avant d'être exécuté pour traîtrise."

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
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Alors que je menace le chef orque, Morgiana s'avance l'air de rien, presque timidement. Elle se défait de sa capuche et clame haut et fort que nous ne sommes qu'un groupe de voyageur, que Merilian et Gauwin viennent de se marier, tout comme elle et... moi.

Elle s'excuse pour moi, puis me regarde et me sermonne tout en fronçant ses fins sourcils. Je la regarde, quelque peu dépité, me racle la gorge et commence à balbutier avant qu'elle ne m'étonne totalement, faisant mine de m'embrasser sur la joue, tout en me chuchotant de la suivre dans son mensonge.

Je comprends alors son stratagème et me reprends sitôt, acquiesçant comme un bon toutou... pardon, comme un bon mari. Elle continue alors sur sa lancée et explique à la troupe de peaux-vertes que les nains et elle, ce n'est pas le grand amour, tout ça avec une once bien placée de mépris.

(Hum... intelligente la gamine... J'ai peut-être été un peu loin dans mes propres menaces... l'embarquer dans cet affrontement ne serait pas correct.)

Le chef garzok nous regarde alors, me jette un regard mauvais mais, interpellé par l'un de ses sous-officiers, trouve surement une échappatoire digne à ses yeux et peste, avant de repartir en arrière.

Je reste quelque peu incrédule, étonné par la finesse d'esprit de Morgiana puis me rend compte... que j'ai peut-être cherché l'affrontement. Je ne sais trop comment l'expliquer, mais il apparaît évident que ma menace était plus risquée qu'autre chose et je me promets de remercier Morgiana après coup.

La troupe d'orque s'en va finalement, je les observe mais ne décèle rien d'anormal et comprends que la menace est passée, et pas grâce à moi. Une fois que les garzoks sont suffisamment éloignés, je me tourne vers mes compagnons, l'air coupable.

"Désolé, j'ai peut-être été trop présomptueux... Me menace aurait pu nous amener à les affronter. Merci à toi, Morgiana ! Ta ruse était splendide ! Tu as bien fait de continuer sur ma lancée, pestant sur les nains. Ces abrutis d'orques les méprisent, même si ce n'est pas mon cas, j'ai jaugé préférable de faire comme si c'était réellement le cas."

Merilian me regarde alors, semble un peu perplexe avant de me demander si c'est bien moi qui était amant avec un nain, celui dont le frère a été exécuté pour traîtrise. Mes yeux s'embuent aussitôt de larmes quand je pense à Nibelung et comprend que Merilian parle de Korben...

Je sais que mon ancien amant et compagnon, cherchait les coupables de la mort de son frère de sang... Même si j'ai quitté Nibelung en mauvais terme, il a été le premier pour qui j'ai éprouvé un réel amour... et je me sens toujours lié à lui... j'espère toujours le retrouver... l'aimer à nouveau... même si cela me paraît impossible. Dans tous les cas, je me sens plus fidèle envers Nibelung et son souhait qu'envers les Messagers. Peut-être vénèrent-ils le même dieu que moi mais s'ils ont tué le frère de celui que j'aime... alors je devrais honorer Nibelung en assouvissant sa vengeance. Je ne sais même pas où il est à l'heure actuelle mais cela m'importe guère. En mon âme et conscience, je sais qu'un jour ou l'autre, nous nous retrouverons. Je sais que je ne pourrais alors le regarder si je n'ai pas vengé Korben, son frère.

Mon expression se fige alors en une apparence hostile. Ma bouche se crispe, mes poings se resserrent. Ce qui sort ensuite, n'est qu'un murmure, lourd de menace...

"Vous l'avez tué ? C'est donc vous qui avez assassiné Korben, le frère de mon Nibelung ? Vous avez oser tuer le frère de mon nain adoré ? Vous avez oser lui briser le cœur ? Je connaissais Nib', il m'a souvent parlé de Korben, et je ne peux pas croire qu'il ait été un traître. Je ne fréquente plus Nib', mais je me sens toujours lié à lui. Qui donc, à proclamé qu'il devait mourir, et... qui a assumé la fonction de bourreau ? Je veux des noms. Maintenant."

Mon sang bouillit dans mes veines... Je sais ne plus rien devoir à Nib', mais je l'aime toujours... et si j'ai devant moi les assassins de feu son frère, je ne pourrais rester calme. Qu'importe les conséquences. Il est celui que j'ai aimé, que je continue à aimer. J'espère toujours le retrouver, un jour ou l'autre. Si il s'avère que les Messagers sont bien responsables de la mort de son frère, je ne pourrais me lier à eux, pas sans qu'ils n'aient une bonne raison d'avoir tué Korben. Peut-être que grâce à ça, je pourrais même me rabibocher avec Nibelung... peut-être.

Je regarde Merilian droit dans les yeux, les sourcils froncés. Ma colère est prête à jaillir du plus profond de mes entrailles tandis que je confronte l'annonciatrice du sombre message de mort.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Dim 2 Oct 2016 15:30 
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Merilian réagit bizarrement quand je parle d’elle et de Gauwin, mais elle se reprend vite et rougit, ce qui fait rire les Garzoks en face, et un sous-fifre fait signe à son chef qui décide de partir avec sa troupe d’abrutis non sans avoir lancé un regard meurtrier à Insanis.

Une fois partis, Insanis s’excuse d’avoir été présomptueux, me remerciant et déclarant que ma ruse était superbe, avant de me féliciter d’avoir continué sur sa lancée et m’assurant ne rien avoir contre les nains. Je lui souris avant de lui répliquer :

- « La finesse, Insanis. N’oublie jamais la finesse, qui te sera bien plus utile au quotidien. »

Merilian semble se souvenir de quelque chose, et demande alors à Insanis s’il n’était pas ami avec le frère d’un des Messagers qui fut exécuté pour traîtrise. Mes yeux s’ouvrent d’effroi, exécuté ? Je regarde Insanis, attendant sa réaction, Son corps se raidit, et quand j’entendis sa voix, froide comme la mort, je frissonnai devant l’homme qui, il y a quelques minutes encore, me souriait. Il commence alors un discours sur l’assassinat du frère de son amant, un nain nommé Nibelung. Il a visiblement souffert, et je comprends avoir une autre victime de l’amour en face de moi. Je décide de calmer le jeu, par respect pour Merilian et par égard pour Insanis.

- « Je crois avoir compris ce qu’il se passe, et si j’ai bien entendu ce que j’ai bien entendu, c’est intolérable et je comprends Insanis. Néanmoins, s’il s’agit bien de traîtrise, alors Merilian a raison. Par égard et respect pour les deux, je ne prendrai pas parti ici. Pourtant je crois qu’il est bon que vous régliez ce problème, et rapidement car la nuit commence à tomber. »

Je prends alors Insanis à l’écart, tiraillée par l’envie d’être une Messagère et la solidarité envers celui qui a souffert autant que moi.

- « Insanis…ce n’est pas mes affaires et pourtant je veux t’aider. Je comprends ce que tu ressens, de la haine car j’ai aussi souffert de l’amour. Pas de la même manière, mais j’ai souffert. Ecoute-moi. Je pense que tu devrais te calmer, peux-tu parler avec calme et réfléchir avec logique ? Tu n’en es pas capable actuellement, or tu as besoin de prendre du recul, c’est tout ce que je sais. Et si Merilian avait raison ? Laisse-la d’abord t’expliquer ce qu’il s’est passé, veux-tu ? »

Je n’ai pas l’impression que cela suffira à le calmer et pourtant c’est tout ce que je peux faire. Je le regarde avec tristesse, malheureuse de voir dans quel état il peut se mettre par amour pour une personne…

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