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 Sujet du message: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 8 Sep 2009 08:45 
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Les terres autour de Dahràm


Les alentours sont approximativement analogues à la cité: des mercenaires mais moins de pirates. Si vous pensiez éviter les tourments de la patrie de la piraterie et du mercenariat en sortant de celle-ci et bien vous aviez tort.
Si vous longez le fleuve, vous trouverez bon nombre d'embarcations de bandits, boucaniers et autre forbans.
Et si vous vous éloignez vers les terres en direction de l'ouest vous trouverez moult Orques et Shaakts versés dans l'art du pillage.

Mais il y a aussi des zones sans personne, courage...

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mer 18 Nov 2009 23:17 
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La vision qui lui était parvenue au sommet de la falaise chapotant la grotte, ne l’avait déjà pas encouragée à poursuivre son voyage et maintenant qu’elle était à l’extérieur de Dahràm, Oona ne voyait pas l’intérêt de pénétrer dans cette minable cité. Les quelques heures de trajet de la nuit l’avaient amenée suffisamment près pour qu’elle s’autorise une pause avant l’aube et puisse ainsi se reposer de cette escapade éreintante. Conformément à ce que le Surin lui avait dit de la géographie des lieux durant leur traversée des marais, elle suivait les falaises jusqu’à la cité des hommes et plus loin, jusqu’à celle des Shaakts, ne doutant pas qu’elle parviendrait à distinguer l’une de l’autre. Cependant avancer si près du vide, à la portée des embruns poisseux soulevés par la furie des vagues s’écrasant avec fracas en contrebas, n’était pas de tout repos et plus d’une fois un appel d’air vicieux l’avait poussée à la chute ou bien projetée dans les genets crochus gardant sauvagement les extrémités du monde. Ballotée en tout sens, la jeune femme n’avait pas vraiment eut le temps de ce rendre compte du trajet, ni même de mettre au clair les événements passés encore brulants dans son esprit, ce ne fut qu’à son réveil, son corps moins endolori, qu’elle put s’en rendre compte.

Dans la gigantesque crique gisait ce qui aurait dû être sa première étape, une cité tortueuse avançant maladroitement à l’assaut des contreforts rocheux où piallaient des multitudes d’oiseaux rapaces à l’œil aiguisé de méchanceté. Il flottait ici aussi un parfum de chaos mais dont les notes manquaient cruellement d’intensité et de profondeur, c’était une fragrance bon marché qui suait abondamment de la foule de malandrins, brutale et grossière sans aucune touche de raffinement et vaporisée jusqu’à l’apoplexie comme pour masquer cette absence flagrante de raffinement. En effet, Dahràm, ne pouvait faire que copier maladroitement le capiteux et étourdissant parfum d’Omyre, ce maelström immonde hurlant pour sa propre perte, languissante et prostrée devant cette flamme de rédemption vacillant sous les assauts de la nuit. Ici l’anarchie n’avait pas atteint le pinacle de la déraison et partout elle se donnait en spectacle par quelques coups de poignard furtifs, quelques gouttes de poison discret et nombreuses coucheries déshonorantes. De ces motivations venaient la perversion même de ce qui aurait pu être le véritable miroir du chaos et pour l’exilée tout cela sonnait étrangement faux. Elle songea un instant qu’il était peut-être impossible pour les hommes d’engendrer quoi que se soit de plus important qu’eux et qu’au final ils étaient condamnés à copier la grandeur et la décadence des civilisations passées, pâles succédanés, cherchant à jamais à retrouver les sentiments primordiaux auxquels ils avaient tous renoncés au premier instant.

Ainsi donc Oona observait avec une certaine mélancolie ce port énorme, flanqué de murailles presque timides et esseulées ne sachant pas si elles devaient s’enorgueillir de leur stature supérieure ou bien faire profil bas devant les rumeurs de l’océan infini. Quelques tours avaient cependant eut le courage d’imposer leur présence au dédale de la ville et à la forêt mouvante des mats en contrebas. Une bien frêle forêt en vérité qui serrait ses troncs comme un fétu de paille balloté par une houle indifférente. Au final cette bourgade n’était que l’expression have d’un petit peuple bien trop heureux de pouvoir courber l’échine sous le joug de ses nouveaux maîtres et ainsi pouvoir se complaire dans une bassesse dénuée du charme qu’apporte la pureté de la ruine. Oona fit descendre sa petite bouchée avec une gorgée d’eau à peine salée, avalant comme un chagrin et son cortège de larmes, cette vision qui la laissait vaguement dégoutée. Un aperçu de la petitesse de cette race incapable de saisir l’intensité tragique du temps perdu ni même le ridicule de sa propre existence.

Par inclinaison naturelle ou par la force de sa vie d’exil, se fut de nouveau un ballet aérien qui attira son regard, comme si le spectacle de toute créature volante était aussi un peu le sien. Car depuis l’aube, des corbeaux de toutes tailles s’étaient rassemblés sur les toits, clochetons et autres facéties architecturales, très proches de la falaise où la guerrière s’était reposée. De quelques groupes épars, ils finirent par approcher la centaine et bientôt ils s’agitèrent à la vue des disciples ailés de Phaïtos venus clairement pour gouverner leurs subordonnés. Ces monstres volants, vêtus de leur sombre cotte rutilante de plumes tournèrent lentement autour des rangs serrés et soudains silencieux des volatiles, pareils à des généraux passant en revue leurs troupes. Quand soudain, sous l’impulsion d’un ordre muet, ils décolèrent tous dans un froissement d’aile orageux qui tonna avec force dans les ruelles et contre la paroi de la falaise de granit écorché. A ce sinistre signal répondirent aussi de nombreux oiseaux marins qui désertèrent leur poste pour s’enfuir loin au milieu des vagues, à l’abri des sombres et cruels hussards, mais pour la plupart le supplice ne faisait que commencer. Oona, émerveillée devant la vision de ces escadrons funestes fendant l’air, ne rata pas un instant de la scène bien rôdée qui allait suivre.

Braillant comme des agneaux égorgés, les corbeaux aux trois yeux volèrent très haut à la poursuite des proies bien spécifiques qui n’échappaient pas à leur intelligence sadique. Dès que l’un d’eux repérait un oiseau au jabot gonflé de poissons frais rentrant au nid pour gaver ses petits, ils fondaient dessus, utilisant autant leur adresse dans ces courants tumultueux que leur taille imposante pour se faire obéir. Car pendant ce temps, le reste des soldats volants fondaient par dizaine sur les nids désertés ou seulement gardés pas l’autre parent affamé et bientôt débordé par les assauts répétés. Les corbeaux ne s’intéressaient pas directement au nid mais ils obéissaient à la stratégie des serviteurs du dieu sombre en harcelant les oiseaux au sol, en les empêchant de s’envoler ou bien en jouant dangereusement avec leurs œufs et leurs petits. Le but ultime étant de placer l’oiseau ravitailleur devant un ultimatum pervers, soit il nourrissait ces voleurs avec le fruit de sa pêche, soit ces derniers piochaient allégrement dans sa descendance. Harcelés, agressés à grands coups d’ailes et de becs acérés, la plupart des oiseaux cédaient en régurgitant leur repas, à nouveau englouti avant même qu’il ne touche le sol ou aille s’abîmer dans les flots mousseux.
Une fois repus de poissons ou d’oisillons, les seigneur de jais n’hésitant pas à transgresser les termes de leur propre accord, ils battaient lourdement des ailes jusqu’à leur perchoir, libérant du même coup les autres corbeaux de leur brève allégeance. L’Aldryde avait observé avec passion chacune des phases de ce pillage en règle y retrouvant une sensation presque familière. En effet, il aurait tout à fait été possible que les affidés de Phaïtos aillent se servir dans les restes de poisson abandonnés sur les marchés comme leurs frères cadets, leur carrure aurait maintenu sans peine les plus gros goélands à l’écart, mais ils se complaisaient dans la rapine et dans l’extorsion. Bien plus que de remplir leur panse, ce spectacle était de l’ordre du rituel, ils communiaient à leur niveau dans une forme de débauche bien au-delà de l’instinct meurtrier et bizarrement, Oona en fut rassurée. Elle se surprit même, au moment de refaire passer la sangle de son lourd paquetage, à songer qu’une pareille monture serait parfaite pour elle. Robuste et inquiétant, la jeune femme était sûre que l’un de ces oiseaux aurait pu l’accompagner et faire un très bon compagnon de voyage.

L’exilée eut tout le temps de repenser à ce projet à mesure que sa route devenait de plus en plus difficile, de plus en plus venteuse et traitresse, bref à mesure qu’elle s’éloignait de la civilisation pour replonger vers une inquiétante virginité sauvage. Bien qu’ayant mieux répartie sa charge, en rangeant son nouvel écu dans l’étui de cuir avec le reste de sa fortune et en ayant serré au plus près le baudrier, la guerrière éprouva durement le premier jour de son voyage, le charme de l’océan s’étant bien vite transformé en une tempête assourdissante qui la rabattait sans relâche au sol. Cependant, Oona ne connaissait pas d’autre chemin que celui de la côte et le maquis infini d’épineux vomissant sans retenue leur teinte jaune lui donnait tout juste l’envie de s’y abriter pendant la nuit, elle se refusait à le traverser. Parfois des zéphyrs marins enragés venaient rebondir sur les falaises de granit en tourbillonnant furieusement, accordant ainsi à une Aldryde fourbue, la joie de pouvoir planer quelques temps au milieu de ces vents propices, avant de reprendre le rythme épuisant des sauts incertains au bord du gouffre. C’est, malgré tout, ainsi que défilèrent les deux premiers jours, la jeune femme se nourrissait d’un reste de fruit séché, de quelques grains de pollens salés et passait la nuit au milieu des épineux torturés par les caprices du vent, dans d’anciennes tanières de rongeur. La guerrière ne craignait pas le retour des anciens occupants, même lorsqu’elle s’allongea le deuxième soir, si épuisée que le sommeil l’avala dès qu’elle se roula dans sa vieille cape, et qu’un étrange son ne tardât pas à l’éveiller.

Plus qu’un son, il s’agissait au commencement d’un long craquement, une vibration basse et lugubre qui faisait se tordre et couiner les arbustes, leurs branches vrillées semblaient même se frotter les unes aux autres pour se réchauffer et chasser cette angoisse. L’écho sinistre s’approchait, posait, puis repartait et Oona savait qu’il s’agissait pas de la marée, elle doutait d’ailleurs d’être encore proche de la mer tant l’atmosphère était lourde, cotonneuse, amidonnée d'une épaisseur nivale. L’épais brouillard avait en effet tout envahi, tout aplati, sa densité surnaturelle n’autorisait pas même le son à se propager et la jeune femme était comme emprisonnée dans une bulle suintante et froide. Puis elle l’entendit clairement sur sa gauche, un feulement sourd répétitif, presque un rire charbonneux, qui s’arrêta aussi net.
Le petit ange ne respirait plus, elle ne s’en rendait compte que maintenant mais la peur lui serrait l’estomac et si l’atmosphère n’avait pas été saturée d’humidité, elle aurait senti sa sueur couler dans son dos et coller ses vêtements moites. A nouveau elle l’entendit, plus distinctement encore, la peur aiguisait ses sens et la faisait presque halluciner, mais la jeune était persuadée qu’une chose était tapie juste à coté d’elle. Doucement, elle lança son bras en quête de son arme au moment où elle vit clairement le chaos de racines et de branches jaunâtres percé sa bulle nacrée de brume sous l’impulsion d’une force énorme. La guerrière sentit son cœur battre dans ses tempes, les folles pulsations injectaient la peur et son remède dans tous ses muscles, une nouvelle angoisse la maintenait cependant immobile au risque de la faire imploser.
Quelque chose devait appuyer de tout son poids sur les entrelacs pour se rapprocher d’elle, pour la sentir, pour la voir, les branchages tordus se rapprochaient lentement, crissant et geignant sous la sinistre contrainte. Bientôt Oona crut deviner un visage se dessiner derrière ce masque torturé qui emplissait soudain tout son espace, comblant inexorablement la distance qui le séparait du visage du petit ange. Une inspiration rauque et puissante aspira à elle quelques mèches auburn de l’exilée qui frôlèrent le masque d’épine comme des antennes timides et le rire indescriptible retentit à nouveau, faisant même tressaillir chaque gouttelette du brouillard qui fuyait la scène, paralysant l’Aldryde, l’emprisonnant dans une vivante prison de peur infantile là où la raison ne parviendrait jamais à chasser les monstres.

De la suite, Oona ne s’en souviendrait que comme dans un rêve où soudain la conscience s’éveille, car la scène s’effaça aussi terriblement qu’elle était apparue, sans explication aucune, laissant juste planer l’angoisse de son retour. Ses mouvements, ankylosés par le flux et le reflux déchainé de sa peur, se firent lents et maladroits à mesure qu’elle se blottissait dans un coin de son nid, fixant sans ciller la paroi invisible de l’horreur.

Le paysage changea radicalement à l’après-midi du troisième jour alors qu’elle venait de survoler plusieurs petits torrents et que les falaises obliquaient clairement vers le nord, détournant les vents traitres loin à l’ouest. Aussitôt le voyage fut plus aisé et l’Aldryde retrouva une certaine assurance en abordant la forêt qui lentement prenait le pas sur une garigue veule et frustrée. Désormais il n’était plus question de taillis épineux luttant à peine sous les coups de fouets du vent infernal mais d’une assemblée majestueuse de pins verts aux reflets métal faisant onduler avec ferveur leurs bras brousailleux dans les sursauts de la tempête. Peut-être trouvaient-ils même une certaine exaltation dans cette communion élémentaire car même si leur corps ployait sous les bourrasques, leurs branches n’en n’étaient que plus touffues face à l’océan, ardentes à se contorsionner pour la joie capricieuse du dieu du vent.
Oona pénétra ce monde nouveau et fut assailli par l’intensité d’une émotion coutumière, ici elle n’avait pas sa place. En effet, à l’abri du cocon verdâtre, s’étendait un monde d’une beauté et d’une rigueur parfaite, quasi divine, chaque créature évoluait dans son immuable rôle générations après générations sans que rien ne vienne jamais perturber cette routine surnaturelle. Le tableau qui se peignait devant ses yeux était un lavis pétillant de roses acidulés, de rouges chatoyants et de mauves lustrés, laqués à même la carapace d’innombrables scarabées ou dans les étonnantes arabesques des papillons tourbillonnants en véritable nuage. L’exilée avança avec ravissement au milieu de ce décor taillé sur mesure par une très ancienne puissance désireuse d’étaler son omnipotence aux yeux de tous jusqu’à ce qu’elle se rende compte de la fragilité de cette entreprise.

Le petit ange fut plus que surpris en voyant se dresser les restes minables d’un vieil arbre à l’écorce lépreuse laissant apercevoir au milieu de ses déchirures blanchâtres son tronc noir de mort. Inclinée mollement au milieu d’une clairière de fougères cuivrées, l’erreur sautait aux yeux et pourtant aucune des espèces d’insectes pléthoriques ne daignait prendre soin du malade, ni même abréger ses souffrances en se repaissant de ses entrailles. L’arbre mourant ne faisait tout simplement pas partie de cette grande œuvre et on le laissait souffrir seul ou milieu des foules aveugles à son désespoir. Plus loin encore, un ratage flagrant fit comprendre à Oona que le formidable architecte de ce lieu enchanteur n’avait certainement pas eut le temps de peaufiner son œuvre, de masquer par de nouvelles débauches de splendeur l’entropie tant haïe. L’exilée contemplait alors un somptueux petit alignement de lacs cristallins, brillants au zénith comme une véritable rivière de diamants, autour desquels des colonies d’araignées bordeaux, recroquevillées en charmant petits croissants de lune, avaient tissé leur mortel et pourtant sublime écrin de mort. S’approchant raisonnablement de la fragile architecture de soie elle vit alors une immonde tache dénaturant le délicat chef-d’œuvre, l’un des lacs s’étant en effet changé en un cloaque purulent, vomissant alentours toute une alchimie de bruns et de jaunes nauséabonds. Tout dans ce formidable jardin se devait être l’expression aboutie, finale, parfaite d’une volonté tatillonne de beauté infinie cependant le dieu créateur de ce lieu n’avait pas eut le temps ou le courage de prolonger son œuvre et elle s’était inexorablement fait rattrapée par un ordre supérieur, plus cruel et plus lourd.
L’Aldryde continua à évoluer pendant plusieurs jours au milieu des tapisseries changeantes parfois au stade final de leur décomposition mais parfois aussi préservées du moindre changement, brillant fièrement de couleurs et de formes surnaturelles. Oona gardait approximativement son cap, malgré la fatigue et malgré le poids d’une solitude qu’elle n’avait jamais vraiment connue. Elle s'étonnait elle-même de pouvoir ainsi continuer dans ce décor fantasmagorique sans l'aide de personne, sans personne avec qui partager ses pensées glauques ou des silences contemplatifs. Au milieu des décors chamarrés, la guerrière continua encore pendant de longs jours, dormant difficilement et mangeant des fruits souvent si aigres qu’ils transformaient sa langue en un cuir rêche et noir, comme si tout ce racolage bariolé ne fut finalement qu’un maquillage pervers, une gigantesque mouche poitant sur la plaine poudreuse d'une précieuse fardée. Lorsqu’un soir elle vit se détacher sur un coucher de soleil tout de pastel, diluant son or terne dans un rose soporifique, de hautes tours aux angles agressifs, elle soupira d’aise sentant son voyage toucher à sa fin.

La chance voulut qu’elle trouve un abri pour cette dernière nuit dans une minuscule crique où coulaient les restes encore joyeux d’un petit torrent. Privé des derniers rayons du soleil, l’endroit prenait doucement les formes d’une étrange crypte décapitée et ramenée à la surface, les rochers soudain polis comme autant de sarcophages et les hautes parois, des contreforts baroques soutenant le firmament d’un peintre génial. La jeune femme trouva même un trou d’eau à sa taille, pour s’y relaxer un instant. Elle se dévêtit alors et plongea son corps endolori dans l’eau froide qu’elle trouva cependant fort agréable. Observant les anémones aux tentacules scintillantes de rouge qui s’agitaient sous ses pieds, la guerrière se laissa aller complètement. Immobile, sans rien à penser, sans rien à rêver, massant délicatement ses membres maigres et marqués par ses mésaventures. Ses souvenirs déjà trébuchaient les uns sur les autres pour arriver en vrac à la porte de son esprit, soudain excités à l’idée que l’on puisse enfin les inviter sur le devant de la scène. La lune, pleine et proche, sortit de ses tuniques vaporeuses pour éclairer la scène, Oona pencha la tête en arrière pour accueillir l’invitée puis observa son reflet dans l’eau. L’horreur la saisit.

Il était là, juste sous elle, effaçant l’astre nocturne, sa face et son corps avaient pris forme dans l’entrelacs de tentacules, ses yeux rouges et grands ouverts la fixant avidement, sa bouche s’agitant en silence. Déjà l’Aldryde se sentit happer, elle hurla et battit furieusement des pieds déformant l’image pervertie de son amour perdu de rides qui firent sourirent atrocement le visage avant qu’il ne s’évanouisse, ses paroles captives de l’océan. Elle bondit hors de l’eau, tremblante de peur et bientôt de froid, se rinça en panique au murmure du ruisselet et s’habilla en hâte, quittant sur le champ la sinistre crypte. Car il l’avait bel et bien suivit, où qu’elle aille, il serait là tapi à l’orée de sa conscience, dans ses rêves déjà, dans son reflet maintenant et dans son ombre peut-être. Il la voulait pour les plus obscures raisons et jamais il ne cesserait de la poursuivre, de la harceler, de la traquer pour qu’elle cède. Oona s’était accordée le luxe de relâcher la tension qui lui permettait de conserver son intégrité, de la protéger de toute intrusion en rendant son cœur froid et son esprit aux aguets, jamais plus elle ne réitérerait son erreur.

Durant toute la nuit, elle suivit la ligne des falaises sans faire de pause, sans se retourner, pousser par un vent nauséabond coutumier, ne s’autorisant un arrêt qu’au moment où la grandeur et la magnificence cruelle des contreforts de Caix Imoros la statufièrent presque sur place.

_________________
Et sur moi si la joie est parfois descendue
Elle semblait errer sur un monde détruit.

Oona

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Lun 11 Jan 2010 02:41 
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Jusqu’à la sortie de la ville, l’altière dame continue de marcher à grandes enjambées, sa haute et épaisse silhouette n’ayant aucun mal à circuler parmi la populace urbaine réduite en cette heure nocturne, ne se gênant pas pour bousculer carrément ceux qui ne sont pas assez rapides pour s’écarter de son chemin… la subtilité n’est décidément pas son image de marque. Lorsque vous arrivez au porte, votre sortie n’est pas vraiment remarquée en dépit de l’étrange duo que vous formez, les gardes se contentant de vous jeter un coup d’œil interloqué sans rien faire pour vous arrêter tandis que quelques gens autour de vous maugréent et pestent sur votre passage, grondant à l’égard la rudesse de la paladine sans pour autant aussi s’insurger de manière plus directe contre cette combattante d’apparence redoutable, même à la faveur de la nuit.
Celle-ci paraît d’ailleurs indifférente à la réaction que peuvent avoir ceux qui l’entourent, se contentant de marcher en direction de son objectif avec une telle fixité dans son allure que c’en est presque à se demander pourquoi elle n’est pas passée à travers les murailles plutôt que d’emprunter la porte. La tête légèrement basse, elle est manifestement plongée dans ses pensées, les seuls mouvements accompagnant son irréductible avancée étant de passer quelquefois la main sur le pommeau de son arme et de se retourner de temps à autre dans ta direction pour vérifier que tu la suis bien. Toutefois, une fois que vous avez émergé de Dahràm pour vous diriger vers l’est conformément à ce qu’est le but de votre voyage, elle ralentit légèrement l’allure, continuant de marcher quelques minutes avant de regarder autour d’elle comme pour vérifier quelque chose… puis de s’arrêter en pivotant brusquement sur ses talons, si brusquement que vos deux armures se heurtent dans un bruit métallique. Tu ne peux alors même pas dire « Ouf » que le chevalier plaque ses mains sur tes épaules, heureusement pas au point de te broyer les os, mais suffisamment fort pour te faire comprendre que, comme à son habitude, elle ne plaisante pas.

« Dis-moi, qu’est-ce que tu as à faire au castel ? » Posées comme ça, les paroles pourraient presque sembler aimables, et dans d’autres circonstances, elles le seraient sans doute, mais en l’occurrence, tu es face à une semi-elfe dont le timbre n’a rien d’agréable ou de cordial. « Parle ! » Ajoute-t-elle alors ensuite, jugeant apparemment ta réaction trop lente car elle te gratifie aimablement d’une secousse administrée aussi délicatement que si tu avais été le métaphorique prunier afin de te remettre les idées en place.


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 Sujet du message: Castel quoi ?
MessagePosté: Lun 11 Jan 2010 04:39 
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( Il y a encore des gens qui rôde la nuit dans cette cité ? ), il y avait mille autres choses à dire, un bon million de tracas à peser, un milliard de questions à poser, mais non ; Jophiel, lui, n’eût que cela dans la cabosse : il y a plus intéressant à mijoter quand on a esprit apte à cela, non ?
Les véloces foulées de la paladine ne l’avaient impressionné qu’un maigre moment, par contre, sa motivation et son manque de tact éclairait l’esprit du semi-elfe sur la personnalité de la demoiselle. On pouvait la comparer à une vague déferlant sur la cité, loin de nettoyer ces habitants ou de les « purifier » comme elle le disait, elle avait en tout cas l’ambition de renverser les pauvres larrons, pirates et même miséreux citoyens de nuit qui passaient avec infortune devant le large morceau de métal brillant qu’elle était. Diable ce qu’elle pouvait se déplacer avec aisance dans un univers aussi tordu mentalement que structurellement ! Jophiel n’avait pas le sens du détail mais il repérait avec sourire et indignation par moment la malheureuse architecture des lieux : un pavé manquant, une rue trop courbée ou mal cadrée par rapport à la suivante ou encore des maisons bancales aux ardoises fuyantes où les pauvres habitants devaient gérer inlassablement l’eau de pluie quand icelle se présentait. Vraiment, on pourrait croire qu’une équipe de maçon débutant au style novateur s’était donné pour exercice de dessiner et de construire une ville qui ne ressemblerai pas aux autres… ou de manière beaucoup plus réaliste, on pouvait dire que le roi ne finançait plus l’entretien de la ville depuis un certain temps ; cependant la première théorie restait plus amusante dans les mœurs de Jophiel.
Tout était à refaire tellement on avait oublié cet endroit, le semi-elfe n’avait qu’une formule pour parler ce qu’il voyait ici et c’était : ( Pénombre oublié…)
La population nocturne regardèrent les deux compères se frayer un chemin jusqu’à la désireuse sortie avec une curiosité mêlée d’émulation sans conviction : juste de la frime en quelque sorte. Un passe sans souci pour l’extérieur, il avait vu juste le Jophiel ! car personnes n’osaient se frotter à la lourde armure et à la puissante lame du chevalier bleu, elle aussi juste de la frime ? ne l’espérons pas !
Aucune fouilles, pas de demandes, et encore moins de justifications, la sécurité de Dahràm est bien ronflante sur le va et viens des citadins de la sordide ville. Le rythme s’abaissa en douceur et les œillades de la dame sur Jophiel se firent de plus en plus agressive, tellement que le chétif personnage au bout d’armure se demanda ce que la dame avait. La marche continua encore un moment avant que la si impulsive « chevalier bleu » se retourna avec hâte et colla avec force ces mains froide sur les épaules du hâve suiveur. Une marche qui s’était suivi de paysage presque invisible tellement la jeune femme avançait avec la véhémence des grands délivreurs de missives comme on en emploi souvent lors des guerres. Un décor furtif donc, presque nul à l’œil du semi-elfe qui ne voyait qu’à moitié dans la pénombre ; encore moins à moitié en vertu de son unique globe et de sa « lubie stylistique » pour passer inaperçu ; furtif, oui, mais bien existant ! Combien de fois, l’être eut manqué de joliment épouser le premier arbre devant lui ! Quelle idée cette dame avait d’esquiver au dernier moment les fragments de dame Yuimen ! S’il n’y avait que les arbres... mais n’énumérons que les rochers, petites buttes ou montées presque imperceptible pour ne pas faire honte au personnage. Le pas militaire disait-il ? seulement le jour en tout cas. Une fois les bizarreries de « l’hors sentier » passées, la jeune demoiselle plaqua avec vigueur ses froids gantelet d’argent sur l’épaulette en vieux fer ainsi que sur son épaule. D’un côté le choc fut amorti, de l’autre, la pression fut assez forte pour lui faire esquisser une pénible moue.
( Je… je ne suis pas trempé dans du fer, moi ! )
pensait-il avec raison, cependant la dame n’allait pas le traiter avec grâce et ne l’avait jamais fait d’ailleurs ! Elle lui avait jeté une cape ainsi qu’une rune à la figure alors, pourquoi se mettrait-elle à user de pincette pour lui poser une questions à laquelle, elle, avait répondu ! Car, en effet, elle reposa la même question mais avec plus de « ferveur » ; qu’est-ce que Jophiel avait à faire dans un castel qu’on disait hanté ? – lui n’en savait rien, la connaissance des lieux étant quasi-nulle, le pauvre homme n’a connu que Nosvéris enfin, c’était ce qu’il croyait.
Il y répondit le plus simplement du monde :


« Pour être franc, rien. Je suppose que c’est là-bas que se terre le triste peintre qui veut un portrait de moi et comme vous y allez, j’en profite un peu. De plus, vos histoires concernant le lieu sont assez incroyable, raison de plus pour vous suivre ; rajoutons à cela vos deux cadeaux… et puis me voilà ! »

La réponse ne risquait de la satisfaire et Jophiel n’attendait pas trop à savoir si cela allait être le cas. Donc, il se racla la gorge, fixant avec veine autorité la paladine ; lui, qui avait toujours ces mains plaquées contre ses épaules, elle, prête à le secouer encore s’il le fallait ; puis, se décida à ouvrir la bouche de manière la plus déterminé et droite possible tout en gardant son air à moitié blasé qu’il affectionne tant, il déclara sans peine, sans rien à cacher envers elle : « Vous voulez toute l’histoire ? j’ai tout à gagner à vous suivre. Moi, Jophiel Belmont, ancien vétéran de la pitoyable guerre de Pohélis, avait fait le serment de protéger la famille Del Agito et je n’ai sauvé ni le fils, ni le père… c’est l’unique chose qui m’est revenu à l’esprit par le biais de songe follement bien organisé. Je ne sais quel sortilège m’a rendu amnésique mais maintenant me voilà là à vous suivre, vous… une femme à la réputation bien fondée même dans un endroit aussi pustuleux que Dahràm. Qu’est-ce que j’ai fait pour atterrir ici ? J’ai le vif sentiment qu’avec vous et que dans ce château, je trouverai des réponses, fébrile espoir peut-être mais qui sait… »

Jophiel n’avait aucune la réputation de fourbe ni d’être un grand calculateur, on l’avait toujours vu comme « quelqu’un de toujours présent pour vous servir », sa franchise n’allait pas provoquer sa mort, sa franchise était peut-être sotte mais c’était sa manière à lui de mettre les points sur les i. Une manière de prouver sa confiance aussi… mais elle, va-t-elle le percevoir ainsi ?
De toute manière, il éprouvait depuis le début, le sentiment de se confier, de montrer à quel point il était dans l’impasse, d’affirmer à quel point il avait été largué dans une ville où il n’avait rien à gagner… il ne se souvenait de rien avant sa venue , rien avant ses rêves perturbants. Et que pour lui, l’unique moyen d’exister était de trouver des solutions, même les plus folles ! En tout cas, cette déclaration fit lever un instant les yeux du semi-elfe vers la ronde lune, brillante et regardant la scène de son œil roulant sur ce monde de manière sempiternelle.

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« La mort est personnifiée
COMME FIGURE ANTHROPOMORPHE
ou personnage fictif
dès le début de l'humanité. »


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Lun 11 Jan 2010 22:58 
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Inexorable, indéfectible et surtout potentiellement très dangereuse, la paladine t’observe répondre d’un air inquisiteur, ses yeux à la couleur métallique rivés dans les tiens avec insistance, comme pour extirper de toi la moindre parcelle d’information et déceler le moindre soupçon de mensonge. Pendant un premier temps, elle paraît éminemment dubitative, un de ses sourcils se dressant de manière interrogative, comme si elle doutait que tu aies toute ta raison ; et quand tu en viens aux cadeaux tu peux voir passer dans ses pupilles un éclat de mauvais augure qui s’estompe heureusement bien rapidement pour faire place à posture plus neutre, voire à une certaine résignation lorsque tu élargis le sujet à ta propre biographique. Tandis que tu pérores, elle ne te lâche pas, mais elle ne te broie pas les os et ne te secoue pas non plus comme un paquet de linge mouillé, attendant que tu aies fini de parler pour continuer à t’étudier du regard, l’expression indéchiffrable, finissant par répondre laconiquement :

« Je vois. »

La tension semble être retombée par rapport à l’instant d’avant où elle avait l’air prête à te soulever de terre pour faire tomber de toi les informations qu’elle désirait, et elle détache ses mains de tes épaules, te gratifiant d’une tape un peu sèche mais cordiale sur le torse avant de reprendre la route comme si de rien n’était, reprenant sa marche rapide et raide dans un bruit confus de cliquètements de métal. Ce n’est qu’après une ou deux minutes de parcours muet dans le paysage presque silencieux des alentours de Dahràm qu’elle finit par te demander d’une voix pensive, sans même se retourner :

« Comment c’était à Pohélis ? »


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 12 Jan 2010 02:14 
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Lâché, le semi-elfe pouvait respirer tranquillement à nouveau. Comme quoi, la vérité fonctionnait de temps en temps et même avec les plus rustres personnes ! Jophiel se hâta de reprendre le pas sans la moindre ambition de comprendre les intentions de la dame.
(Donnant donnant, certainement.) pensait-il et peut-être y avait-il une part de cela. Il n’avait pas l’ambition de répondre à cela mais en tout cas son esprit l’y forçait doucement par des suppositions comme (Elle voulait certainement savoir si je suis vraiment un allié) entre deux pas ou encore une hypothèse du genre (Bin, c’est propre à tout le monde de savoir avec qui on traîne, non ?) se serrer dans son esprit. Animé par les métalliques sons d’armure du chevalier, le « valet » suivait paisiblement la "dame", commençant à esquiver avec un peu plus d'aisance ce qu’il pouvait y avoir sur le chemin. Et elle ? Elle marchait comme ça, l’air de rien, après son sommaire « je vois » qui laissait des dizaines d’interprétations au vétéran songeur. Dans ce paysage foulé et re-foulé – et cela, sans mauvais jeu de mots-, que sont les terres de la contrée de Dahràm où le hasard pouvait faire que par malheur – ou bonheur, selon votre race-, vous vous retrouvez nez à nez avec des orques de la garnison d’Omyre qui n’auront cure d’avoir affaire à une rigoureuse et dangereuse combattante ainsi qu’à un chétif ex-soldat ! Les collines se faisaient de plus en plus rares, la terre était aplanit en ces lieux, de la végétation un peu plus conséquente pointait des tiges : le chevalier et Jophiel s’approchaient de bosquets et de petits bois très propices aux embuscades. La zone avait pour mérite d’être inconstante, c’était certain ! Cependant, pas le temps « d’admirer » ni de commenter car le chevalier a dit « Comment c’était à Pohélis » ; donc, logiquement : Jophiel applique.

Il appliqua, certes, mais avec peine et beaucoup de douleur cette fois-ci. Le sujet lui tenait bien à cœur, Pohélis, c’était son jardin à lui, sa ville. Difficile de quitter son lieu de vie et encore plus quand on sait que c’est la guerre qui vous y pousse ; Jophiel grimaçait amèrement à la question sans que la femme, marchant sans se retourner, ne le vit. Mais pas questions pour lui de mâcher ses mots, pas questions d’afficher un discours plein de pitié de sa part non plus. Il désirait vraiment que cet exil n’ait été un mauvais songe sur lequel il pourrait trier les bons et les mauvais moments, mais il fut plus censé et plus cohérent qu’il n’en soit pas le cas, la ridicule chute de Pohélis dont Jophiel et un millier d’autres avaient subis ainsi que l’âcre goût de pesante défaite sur leurs langues le prouvaient encore et certainement pour un bon bout de temps.
Elle aurait pu poser un tas de questions mais il fallait que ça tombe là-dessus. Il ne rumina pas longtemps, redoutant l’attaque vindicative de la paladine sur lui puis se tâcha de répondre en s’appliquant du mieux qu’il put.


« Pohélis ? Ah… bien heu... Pohélis est magnifique. Critiqué pour ses méthodes mais magnifique dans le fond comme sur la forme. Il y a un clivage certain entre ceux qui peuvent ceux qui doivent survivre dans la cité et ceux qui vivent dans la cité ; Pohélis ne fait pas de cadeau et n’en a jamais fait à ceux qui ne se débrouille pas de manière censées. Je peux me permettre d’affirmer ceci venant de la plus basse couche de la cité, j’ai grimpé les échelles lentement pour gagner le droit de suivre certain enseignement à l'université… un droit que je possédais au mauvais moment et dont je n'ai jamais pu user... mais ça c’est une autre histoire, un souvenir que j’aurai aimé oublier par contre. »

Il marqua une courte pause pour soupirer un instant et se souvenir que tout son travail en tant qu’assistant, que tout les fonds qu’il avait amassé durant toute cette pénible période avait été vain à cause de la guerre. Puis, comme si de rien n’était, il continua doucement :

« Pohélis est dominante. Il faut être fou pour tenter de conquérir la cité… socialement. Militairement, j’ai toujours vu la ville comme un champ libre à cultiver par n’importe quelle race avide de conquête. Elle ne dispose pas clairement d’armée car icelle se déplace continuellement sur des campagnes contre Gwadh, une ville d’elfes noirs. De méprisant étudiants ricanaient sur qui des deux menaces allaient se répandre sur la cité : les orques ou les shaakts… les premiers furent les plus habiles, on le sait maintenant. Pohélis, c’est aussi le froid qui est présent la majorité du temps… mais je peux vous dire que là-bas… c’était convenable, ma situation était stable, ma vie plus que raisonnable. »

Jophiel avait éminemment trouvé un axe d’approche non douloureux pour lui et tout aussi édifiant pour elle. Il en disait peut-être trop maintenant car pendant qu’ils marchaient, le semi-elfe continuait à babiller solitairement, racontant son ancienne petite vie. Cela devait lui faire un certain bien de se vider un peu, cela devait agir de manière plutôt sereine sur sa personne, lui qui ne parlait uniquement pour commenter ou pour suivre des instructions. Il profita de la question pour se souvenir avec au départ un peu de joie son activité dans la cité, une petite joie qui passa de manière vive.

« J’ai travaillé pour un homme, monsieur Lionel Del Agito. Un homme remarquable, militaire accompli, il effectua beaucoup de mission contre les garzoks. J’avais le luxe d’avoir un toit et de quoi me réchauffer, ce que j’avais à faire dans son petit domaine n’était pas bien difficile ce qui me laissait tout le temps de m’appliquer à mes loisirs de l’époque : l’entrée à l’université… puis vint la guerre et monsieur Del Agito avait tout fait pour que tout son personnel migre vers Kendra Kâr… chose que je n’avais pas faite. Je me suis engagé pour combattre à ces côtés et puis… il est mort. Et par miracle, j’ai survécu. »

Il s’arrêta sèchement sur ces mots puis se tut littéralement tout en continuant à suivre la cadence. Il commençait à y avoir beaucoup plus d’arbres dans les environs, peut-être s’approchaient-ils de l’objectif, Jophiel en tout cas ne le savait pas. La tête penchée vers le bas, le visage vide, les yeux légèrement plus rouges que d’habitude, il souffla lentement en se remémorant le songe mortuaire. Sinistre sujet de conversation pour lui, lugubre mais qu’il assumait sans véritablement se plaindre et il profitait que la paladine ne se retourne pas pour se mettre en état le plus rapidement possible, il se savait pas ce que l’impulsive demoiselle pouvait faire en voyant Jophiel dans cet état ! et… il ne voulait pas le savoir !

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 12 Jan 2010 03:35 
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Durant tout son discours, la demoiselle qui t’ouvre la marche ne se retourne effectivement pas, gardant ses yeux tout ouverts pour observer les bois qui commencent à vous entourer tandis que ses oreilles sont manifestement à ta disposition puisque de temps à autres, durant ton récit, tu peux la voir hocher la tête en signe de compréhension. Fidèle à son apparente habitude de ne pas trop s’impliquer sentimentalement, elle ne fait pas de commentaires, mais quelque chose te dit que conformément à ce que ça question pouvait laisser supposer niveau intérêt, elle ne t’écoute pas par simple politesse (ou en tout cas pas seulement), mais bien par un intérêt véritable. Toutefois, alors que tu en arrives à la conclusion de tes propos, tu peux remarquer que l’allure de la marche du chevalier bleu s’est ralentie, non pas tant par fatigue que par un apparent constat qui semble la déstabiliser, celle-ci finissant d’ailleurs par s’arrêter complètement mais moins brusquement que la fois précédente, évitant cette fois-ci une collision malséante.
Ainsi stationnaire, les mains sur les hanches, toujours à l’affût, elle observe la forêt alentours dans laquelle vous vous êtes enfoncés, laquelle est bien peu pratique pour se repérer, car non seulement chaque arbre paraît littéralement ressembler à n’importe quel autre arbre, mais en plus forcément, la nuit rend l’entreprise d’autant plus ardue. Le vent fait lentement bruire le feuillage, l’odeur riche de terre, d’écorce et de feuilles imprègne vos narines, les frondaisons paraissent dessiner des formes fantastiques ça et là, et au loin, un hibou hulule… bref, tout est paisible, bien qu’un brin oppressant, mais pour l’orientation, ça n’a pas l’air d’être gagné, aussi la responsable de votre expédition finit-elle par déclarer avec amertume :

« Nous ne trouverons jamais ce maudit castel dans cette obscurité. » Déclare-t-elle avant de se tourner vers toi après un court instant de réflexion. « Nous allons nous installer ici pour la nuit. Va chercher du petit bois, je vais mettre un feu en place. »


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 12 Jan 2010 15:00 
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Aucune mauvaise réaction, juste une écoute flottante oserions-nous dire. Le chevalier bleu écoutait ce que Jophiel avait à dire sans broncher et cela le satisfaisait assez. D’une part de ne pas être secouer comme un arbre qui ne veut pas descendre ces fruits et d’autre part de savoir qu’elle ne se résumait pas qu’à un bloc de métal frappant et beuglant sur tout ce qui bouge ! La marche se suivit de plus en plus doucement, Jophiel ne faisant aucune objection à cela, continua à suivre de manière agréable la dame qui elle avait l’air de vouloir s’orienter. L’ancien vétéran conclut une chose à cette scène : elle ne savait pas où se situait le château, pas précisément en tout cas. De plus, la nature dominait les lieux, il fallait espérer que cette sylve était douce. Sans dire qu’ils étaient perdus, l’idée de la demoiselle qui était de monter un bivouac en ces lieux pouvait être à la fois une bonne et une mauvaise idée. Qui sait ce qu’il se terrait ici ? Comme la marche obscure ne plait qu’à ceux qui connaissent la route, le mieux était quand même de rester ici. La délégation des tâches se fit rapidement : le chevalier a dit « Va chercher du bois. », Jophiel… applique.

S’exécutant humblement, Jophiel s’en alla à la recherche de bois pour alimenter le futur feu. Marchant doucement pour bien éviter de ne pas tomber, il écoutait avec une bien grande mélancolie le royal silence de cette forêt miniature. Et, une fois assez loin des oreilles de la dame, il délogea bien calmement un : « C’est un peu comme cela que… ça a commencé. Le servant, le maître sont bien là mais où est donc le traître ? »
Puis, après un long silence où il laissa une chouette s’envoler avant de ricaner à sa sordide déclaration. Bien entendu que cela ne se reproduira pas. C’était l’unique fois, la fois de trop même pour le bon Jophiel. En quête de brindilles, de branches et autres combustibles pouvant servir au campement de fortune, il se noya lentement dans la forêt en essayant de ne pas perdre le chemin de retour vers la demoiselle. Tâche facile pour celui qui sait habilement ramasser la plus profonde obscurité, donc point pour l’étourdi personnage qu’est le semi-elfe ; à chaque fois qu’il se penchait pour trouver du carburant, il en ressortait bredouille ; à croire qu’on nettoya l’endroit de toutes choses impuretés naturelle ! Heureusement, il avait bon espoir et il ne tardait pas trouver quelque morceau à faire expertiser par le chevalier : Jophiel ne voulut en rien se risquer à cette tâche mais globalement il savait quel bois prendre.
Il n’avait pas fait beaucoup de pas jusqu’au campement et, son exercice se solda par plusieurs aller-retour en déposant toutes sortes de branchages. Le calme était toujours plat et c’était très bien ainsi, le chétif être n’avait pas de preuves à démontrer et pas un courage débordant ; tout ce qui rimait avec simplicité était bon à prendre. Son travail s’effectua à petite dose, il n’en prenait jamais assez pour s’encombrer ni même assez pour se faire mal, même s’il ne voyait pas grand-chose, marcher seul lui procurait un certain bien. Seul, il opérait à une demi-méditation apaisante qu’il trouvait bien précieuse ; il avait derrière lui des semaines de voyages en bateau, dont la seule compagnie était l’insomnie et les veines questions relatives à son départ. Jophiel, ce pauvre hère sans réputation et presque sans passé, avait donc réussi à attirer à ces côtés les outils d’une nouvelle vie probable. Il devait maintenant percer, creuser, récolter avec logique le fruit de cette existence. Il n’avait qu’à redouter d’être entravé mais par quoi ? une guerre à nouveau, non, plus dans cette vie. Il était devenu un voyageur, un itinérant maintenant et le début de cette nouvelle destinée le plaisait, beaucoup. En pensant à cela, il s’était aventuré un peu trop loin et surtout avec un cotret moyennent conséquent cette fois-ci, il œuvrait à retrouver son chemin de la manière la plus rapide possible. (L’inclinaison de celui-ci est légèrement plus obtus que l’arbre de gauche, normalement il me suffit de passer au milieu des deux là puis de tourner à droite et de continuer tout droit…) récitait-il mentalement mais rien ne fit ainsi, il commença à se perdre dans ce dédale naturel, un dédale fichtrement bien étudié ! Et puis… le déclic, le déclic de la bêtise ! De l’absurde signé Jophiel Belmont, dans sa poche il avait la solution depuis le départ. Dans sa poche, il avait le remède des plus grands contre la peur du noir, de la nyctalopie à boire, bref une issue possible à ce noir quasi-complet.

En tâtant sa poche, il constata que sa potion n’avait pas disparu mais, il ne savait pas combien de temps cela pouvait durer… un faux déclic donc mais l’assurance d’avoir une petite sécurité au cas où la situation devait empirer. L’incessante nature devint presque familière en certains endroits pour le semi-elfe, d’intuition, il retrouvât lentement son chemin ou il crût cela.
Utiliser la potion, attendre, méditer ? Dans tout les cas, il gardait son calme, le fagot sous le bras en soupirant doucement de sa petite mésaventure. Et qui sait ? Par hasard trouvera-t-il un chemin menant au castel ? Jophiel poursuivit aveuglément son chemin vers un ailleurs qui lui semblait être le retour au campement mais bon, quand on ne sait pas, on ne sait pas !
Il avait le sentiment d’être sur la bonne voie, sentiment justifié par l’épaisse fumée qui s’élançait devant lui, bonne augure donc. Jophiel poussa les nombreux buissons devant lui, et, dès qu’il aperçut le campement ainsi que les petites flammes naissante, le semi-elfe expira un silencieux « Ouf ». Le présence encore intacte de la dame, de cette violente et téméraire paladine qui l’engagea dans ce début de folie, lui procurait un certain soulagement. Rien, rien ne s’afficha sur son visage et, tel un acte comique, il posa le lourd morceau friable par terre tout en déclarant de manière fausse, prompt à ceux qui veulent ardemment cacher un sentiment qui les tiennent à cœur sur le moment :
« Tenez ! Vot’ bois. » Puis il se flanqua seul sur un arbre adjacent à lui et débuta une petite réplique expliquant qu’il avait une solution contre les ténèbres qui enveloppaient cette forêt. « J’ai oublié de vous dire une chose, dans ma poche… je possède un flacon d’un liquide nous permettant de voir dans le noir. Par contre, je ne connais pas sa durée et donc, il est fou de se tenter. Cependant, cela pourra nous servir par la suite, je l’espère. »
Il n’appréhendait que trop mal la future réaction d’icelle face à cette soudaine révélation, sans se dessiner plusieurs scène tragique ou ses tripes pendraient deçà delà la modeste forêt du royaume de Dahràm, il entendait avec plus d’aisance un « Quoi !? » ou un « Et alors ? » dans sa petite tête. Et puis, il ne se laissa plus aller à la réaction future de la paladine, l’attendant simplement maintenant, soufflant doucement pour voir échapper la petite buée qui s’échappait de sa bouche.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mer 13 Jan 2010 02:06 
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Pendant tous tes allers et retours dignes d’un docile portefaix se contentant de son humble mais tranquille condition, ta compagne et protectrice ne s’est pas montrée bien réactive, se contentant de t’étudier du regard d’un air circonspect mais relativement tranquille tandis qu’elle remplit sa part du travail, s’occupant de mettre le feu au tas de bûches et de brindilles qu’elle a constitué, s’aidant d’un briquet à silex pour ce faire. Et puisque tu parles de méditation, elle aussi semble en avoir sa part, les yeux plongés dans les flammes, assise avec les coudes posés sur les cuisses et le menton entre les mains, peut-être pas moins raide que d’habitude mais en tout cas certainement moins vindicative.
Au terme de ton dernier parcours dont la conclusion n’est pas sans être dénuée d’un certain aspect comique, le chevalier bleu t’accorde un coup d’oeil interrogateur et légèrement condescendant, faisant preuve de son sérieux habituel qui se voit toutefois un chouïa démenti par l’ombre d’un sourire que l’on peut deviner au coin de ses lèvres… à moins que ce ne soit l’effet d’un jeu de lumière provenant des flammes. Toujours est-il qu’elle ne fait pas de commentaire sur ton attitude un brin clownesque, et qu’elle se montre même moins sèche qu’à son habitude lorsque tu évoques le sujet de ton breuvage magique, tendant la main pour te dire d’un ton presque pas impératif :

« Laisse-moi voir. »

Jophiel exécute, donc, et la dame, prenant entre le pouce et l’index la petite fiole, en observe le contenu à la lueur du feu crépitant, le faisant remuer doucement par de petits mouvements du poignet, en jaugeant apparemment la constitution d’un œil expert. A la voir ainsi, plus posée qu’à son habitude, on pourrait presque en oublier qu’elle serait certainement prête à estoquer sauvagement sans hésitation le premier individu qu’elle pourrait juger malfaisant, car c’est sans précipitation ni dédain qu’elle te restitue ton bien, rendant son verdict :


« Je connais des potions qui ressemblent à ça. Je ne saurais pas te dire combien de temps l’effet dure, mais en tout cas, c’est rarement plus d’une heure… voire une demi-heure. »

Puis la voilà à nouveau muette, retournant à sa posture d’origine, le regard baignant dans les flammèches dansantes, sortant en même temps machinalement de son sac un paquet de toile qu’elle déballe, dévoilant une grosse miche de biscuit de route déjà entamée qu’elle rogne un peu plus en guise de dîner, en rompant des morceaux qu’elle porte à sa bouche tout en t’invitant d’un geste distrait à faire de même.


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Jeu 14 Jan 2010 00:17 
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Cette fois-ci, pas de " Jophiel applique" car le chevalier n'avait rien dit mais proposé. Subtile nuance à un jeu très enfantin ; le grand gaillard n'exécuta pas. Par politesse surtout mais aussi car il s'était dûment et gratuitement rempli la panse à la taverne du voyageur... un repas pour le moins copieux. Il fit donc un gentil geste de la main, tout en accord avec le "Non, merci. J'ai déjà mangé il y a peu." qu'il prononça de manière humble. Avec ceci, il dénota une petite pensée: le chevalier n'était pas si rustre qu'elle pouvait l'afficher. Certes, cela était principalement pour la survie de l'expédition ; pour Jophiel, il en était différent car selon lui et avec ces mots (Comment une jeune dame peut-elle être mauvaise avec une mission à la vertu aussi...bonne ? je n'affirme rien mais, elle doit bien avoir une petite part de bonté en elle.), et il n'avait peut-être pas tort, peut-être. Habilement coincé dans une racine, il plaça sa cape un peu sur lui pour se réchauffer un peu, ladite cape s'étant légèrement épaissie il faisait donc un peu plus froid. Lui aussi s'était mis à regarder les flammes vacillantes du feu, écoutant doucereusement le craquetement du bois sous l'effet de la chaleur.
Il ne se passait rien.
Pas un mot, pas un son de la bouche des deux campeurs, juste les bruits la nature sauvage ainsi que le retentissement du bénéfique feu de camp. Il n'y avait rien d'autre à faire que d'attendre le jour selon la dame au verdict négatif vis à vis de la potion... attendre. Un mot que Jophiel adorait entendre ! Il est du genre patient ou plutôt somnolant. L'attente se qualifiait pour lui de sommeil et aussi d'une longue méditation aux propos souvent curatifs. Mais là, il n'avait pas fait grand chose et se voyait très mal faire un bilan de ses débuts à Dahràm ; non, bizarrement, là, il ne voulait pas rester à ne pas agir, encore moins sous les yeux du chevalier bleu qui allait certainement l'empêcher de se tourner les pouces. La situation ne pouvait pas être ainsi, surtout qu'il était "attendu" là-bas. C'était ça, oui, on l'avait invité à séjourner dans ce castel, synonyme de mystères pour tous, par un être fantasque mais à la personnalité pas trop mauvaise: Edgard.

« Si seulement je l'avais suivi avec un peu plus de conviction ! » Lâcha-t-il en oubliant presque la paladine. « Si je l'avais suivi, je n'aurai pas fait votre rencontre par contre. »
Terminant sur cette phrase, il continua à parler silencieusement:
« Ce Edgard m'a aidé et à côté assez bon avec moi, pourtant je n'arrive pas à croire qu'il soit résident dans une immense demeure. Je pensais qu'il allait m'attirer dans un sordide atelier à peinture ou alors dans un local suspect où on m'assommera et où on me charcutera pour revendre mes organes à des mages friands d'expérience... Vous saviez qu'on considère les demi-elfes comme des anomalies parmi certaines sociétés ? Je connaissais un ancien supérieur dans la cavalerie qui me disait de faire une croix sur une promotion. Pour lui, les tares comme moi devraient rester simple soldat ! Ah, mais je ne voulais pas percer dans la milice, moi ! »
Il ne savait pas encore qu'il avait affaire à une sœur de "race", de fortune. Et que chez les demis, la question de l'origine peut être aussi anodine que très sensibles mais il ne fallait pas en vouloir à Jophiel. Il voulait juste faire un peu de conversation.
Jophiel avait une manie nerveuse de toujours sourire quand il parlait, le tic disparaissant uniquement quand icelui discutait de sujet très sérieux ; le rôle de serviteur qu'il eût très rapidement à la peau n'était pas anodin à ce sourire. Il ne savait plus quoi dire et continuait comme elle à regarder le feu, de manière calme. Cette dame… elle devait cacher ses véritables intentions, il ne devait pas y avoir qu’un simple penchant vers une « purification massive » d’un endroit probablement hanté, Jophiel se posait cette question en regardant à la volée la demoiselle concentré sur les flammes. Il se demandait s’il faisait réellement partie de cette caste des voyageurs, intangibles, infatigables, aux missions basiques ou surprenantes, ne vivant rien de normal et possédant un quotidien par moment blasant. Il n’avait plus d’attache, c’était certain mais de là à vivre comme cela, il ne le savait pas encore. Il ne demandait pas à voir pleins d’effets incroyables, il ne demandait plus rien, plus grand choses qu’une paix et des réponses… et s’il devait chercher ces réponses en devenant chevalier, magicien, moine, saltimbanque, voltigeur ou même chanteur dans une taverne, il le fera. C’était ce qu’il se dit.

L’esprit d’aventure, c’est aussi savoir attendre, attendre et dormir aussi, parfois. Cela, Jophiel allait adorer, ne rien faire : c’est son dada.

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Dernière édition par Jophiel Belmont le Lun 18 Jan 2010 02:14, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Jeu 14 Jan 2010 17:04 
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Renfermée dans quelque introspection méditative ou dans quelque ensemble de considérations qui ne regardent qu'elle, le chevalier bleu ne semble dans un premier temps pas prêter de réelle attention à ce que tu dis, comme si tes paroles ne l'interpellaient pas plus que le bourdonnement forestier quasi-permanent qui vous environne. Loin de paraître vouloir prendre part à une éventuelle conversation, elle achève en silence son sobre dîner au terme duquel elle prend d'une outre d'eau une longue rasade, littéralement de la même manière que si tu n'existais pas. Toutefois, au fur et à mesure que ton discours se poursuit, mêlant impression personnelle, souvenirs lointains et craintes diverses, tu peux voir que son visage semble se renfrogner sous le coup de la contrariété ou de l'agacement, et elle finit par objecter :

« Tu parles trop. C'est moi qui vais finir par t'assommer. » Le plus inquiétant est qu'étant donné la sobriété habituelle de la paladine, il est difficile de savoir s'il s'agissait là d'une boutade ou d'une mise en garde réelle, la demoiselle laissant ensuite un petit temps mort s'écouler durant lequel elle se lève, embrassant brièvement les alentours du regard. « Tu ferais mieux de dormir. Je te réveillerai pour que tu prennes le second tour. »

Rien de particulièrement impératif ni incisif dans ce ton ; simplement le sérieux et le professionnalisme dont tu as déjà pu voir la dame faire montre, celle-ci entendant manifestement toujours faire en sorte que tout se passe avec aussi peu de tergiversations que possible.


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Ven 15 Jan 2010 01:57 
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Monsieur Belmont était insomniaque. Pendant près de vingt ans, il avait vécu dans une immense demeure sans presque fermer l’œil de la nuit. Une année après la mort de son employeur, des lassitudes le prirent, la veste insomniaque se retourna pour se transformer en un état presque narcoleptique. Ses rêves joints aux nombreux souvenirs de sa vie « oubliée » s’engendrèrent dans ces états de sommeil imprévu allant même à le faire douter parfois de la triste réalité. Cette somme onirique devait lui suffire largement pour commencer une longue et cruelle recherche sur son passé. Il menait une vie de reclus, ignorant les peines et les joies du monde depuis la triste guerre perdue ; il s’était fait une existence de paix et d’analyse intense de lui-même en parfaite tranquillité.
Il avait loué, moyennant cent yus chaque mois, une petite maison dont la cour longeait les bords d’un petit ruisseau à l’extérieur de Lebher. C’était un endroit clos, furtif presque qui avait de vilain relent de moisi ; un long chemin amenait vers une large plaine ; les ouvertures de la modeste baraque fixaient le gentil rue et le semi-elfe aimait à regarder à travers la fenêtre pour admirer l’eau ruisselante. Il s’était enfermé au plus profond d’une placide solitude, et tenta de s’essayer à la découverte d’un passé perdu : il y trouva un seul être, Bartholomei.
Le capitaine Bartholomei était en ce moment en pleine tentative de séduction dans une gentilhommière du défunt Lionel Del Agito. Cela, pendant que Jophiel eut passé de nombreuses journées à retrouver ce traitre. Il soutint une lutte acharnée pour enfin toucher à son but : Len’Udrac. Il vainquit par motivation et persévérance tandis que la suite, tout le monde la connait. Jophiel ne se souvint plus de rien après que cette dame Asha accoucha après la terrible découverte quant à son nouveau mari. Les crises n’avait pas disparu, elle était même pire par moment ; pire au point de se retrouver dans la cale d’un bateau même ! Depuis, plus de rêves, plus de repos… mais cela remonte à un peu plus de dix heures. Comment allait-il dormir ? Il se demandait bien comment le chevalier bleu allait réagir face à son manque de sommeil.

Ses membres fins eurent des mouvements lents et fatigués. Un regard aimable s’abaissa sur sa personne, Jophiel avait l’air d’un être chétif. Un regard se portait sur lui, sur cette pauvre figure blanche et efféminée, et il avait l’air d’être à la fois mis au monde et d’avoir vécu dix fois. Pendant les rares repos que lui laissa sa suspecte pathologie, une douce mélodie jouait son enfance : la calligraphie, l’arithmétique, les doux sourires de sa préceptrice. C’était comme si ces souvenirs tournaient dans son esprit de manière délectable. Comme s’il y était.
À peine en âge de voyager, le bout d’elfe et d’humain s’ennuyait à mourir au village où on l’avait recueilli, la délicatesse des habitants l’étouffait autant qu’elle l’entourait. Il s’engagea auprès un marchand itinérant, un vendeur de livres, à titre d’apprenti. Il gagnait un peu sa vie, lisant à sa guise, l’emportant agréablement dans une pluie poétique. Jeune, il était âme inquiète à qui l’oisiveté était insupportable. Il ne trouvait qu’un calme passif lors de son travail, labeur qu’il quitta un soir, esseulé faute d’un désaccord dont il n’a aucun souvenir, devant les portes de Pohélis la grande. Ici, plus de tendresses, plus de dévouements que les autres avaient pu lui donné ; il ne voyait que le mépris et l’égoïsme mouvementé des habitants de la cité. En réalité, il vivait dans un rêve plongé au fond de lui, n’aimant que son bien-être. La rêverie s’effaça, éteignant son sommeil en retour. On dit que les elfes dorment peu, il était un peu de ça et il y avait peut-être un peu de ça. Ecœuré de son passé, icelui s’engouffra sous le travail et la volonté des actions le motivant dans la ville : l’université.

« Une petite bouche à nourrir, un fidèle de plus au domaine ! »

Il y avait de ça aussi dans sa tête : les premières paroles de monsieur Lionel del Agito face à Jophiel mais cela… comment vous dire, Jophiel dormait paisiblement ayant souffert d’une peur assez visible devant la dame qui veillait devant le feu. Car tout ce qui avait été dit n'était, oui, que pur songe se passant dans l'esprit du semi-elfe. Qui était donc cette dame qui le regardait dans ses songes ? Lui le sait, au plus profond de son être, il doit bien savoir. Il y aurait un tas d'autres questions à se poser mais laissons les songes en Jophiel pour un moment.

Sa psyché s’était concentrée sur ces souvenirs, sur ces points précis pour tenter de comprendre un pourquoi clair et concis. En tout cas, quand le semi-elfe se réveillera, il gagnera encore un peu sur sa biographie omise.
Le calme plat de la nuit était propice à ces méditations, la belle chaleur du feu aida Jophiel, la probable protection de la paladine aussi, surement. Malheureusement, son sommeil n’allait pas être très long ; il aura été fort agréable, espérons-le.
Les arbres formaient une alcôve protectrice aux fresques enchanteresses, la douce chanson des flammes chantaient toujours – et même plus fortement encore-, la terre de cette partie de la contrée était humide quoiqu’un peu ignée… probablement le feu.
L’aventure partait bien calmement, bien sereinement.

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Dernière édition par Jophiel Belmont le Lun 18 Jan 2010 01:35, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Ven 15 Jan 2010 03:51 
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Hormis d’éventuel sursauts oniriques qui ne regardent dans le fond que toi, la nuit se passe effectivement tout ce qu’il y a de plus tranquillement : tu n’es réveillé par rien d’autre qu’un éventuel bruit accidentel de temps en temps, et à chaque fois, tu peux voir que le chevalier bleu prend son œuvre de veille sérieusement ; rajoutant une brassée de bois au feu, exécutant des passes d’arme dans le vide, fourbissant son équipement, bref, chassant l’ennui et le sommeil à l’aide de quelque expédient. Soit que vous jouiez de chance, soit que d’éventuels malfaiteurs ne vous jugent pas des proies qui valent le coup, rien ni personne ne vient surgir avec fracas dans l’enceinte symbolique de votre camp, et ce qui vient te réveiller n’est autre que la main même de ta protectrice qui te secoue doucement l’épaule pour te sortir de ta léthargie. Tu peux voir que malgré son allure toujours aussi droite, la fatigue n’est pas sans être visible sur son visage dont les yeux sont ourlés de cernes légères mais visible, ce qui ne l’empêche pas de se fendre de son stoïcisme habituel, se contentant à ton égard d’un hochement de tête appuyé d’un :

« Bon courage. »

Puis elle s’en va préparer sa literie de fortune qui ne consiste en rien d’autre que le gazon proche du feu de camp, la demoiselle retirant pour plus de commodité son plastron avant de s’enrouler dans sa cape en guise de couverture, se servant de son sac comme oreiller. Quelques minutes plus tard, tu peux entendre la dame manifestement habitué à ce genre de séjours à la belle étoile commencer à ronfler doucement, et te voilà seul pour veiller sur votre sécurité à vous deux. Les unes après les autres, les minutes s’égrènent dans un quasi-silence à la fois apaisant et légèrement inquiétant, et à moins que tu ne te trouves quelque chose pour t’occuper, l’attente vigilante est vouée à l’ennui, cet ennui qui est le lot des tours de gardes.
Toutefois, celui-ci est rompu par un évènement qui n’est pour autant certainement en rien synonyme de bonnes nouvelles : il n’a suffi que de quelques secondes durant lesquelles tu as détourné la tête, mais en revenant au chevalier bleu, tu peux t’apercevoir que celle-ci est victime de quelque tire-laine. Vêtu d’un pantalon de chanvre et d’un gilet de coton qui ont vu de meilleurs jours, et chaussé par des bandes de lin resserrées aux pieds, l’individu est un kender aux cheveux blonds filasses noués en queue de cheval et aux yeux bleus étincelants de convoitise ainsi que de crainte de se faire prendre. Manque de chance pour lui, c’est ce qui est en train de lui arriver, et pendant une fraction de seconde, il ne se rend pas compte que tu l’as surpris la main dans le sac (au sens propre du terme)… la question est de savoir qu’est-ce que tu vas faire pendant cette fraction de seconde !


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Lun 18 Jan 2010 01:29 
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On le réveilla sans trop de difficulté et sans douleur, le tour du chevalier s’était passé comme une simple seconde à ses yeux. Le sien allait lui sembler… un peu plus long. La dame, elle, savait passer le temps, la dame, elle, avait l’habitude de ce genre de choses, lui non, malheureusement. Vraiment, après que la paladine eût prononcée un strict et rigide « Bon courage. », Jophiel avait l’impression d’être livré à lui-même. Comme si on l’exposait aux intentions grandioses de l’obscurité, on le montrait aux étoiles, à la lune, aux ombres, aux arbres, à la nature, à l’univers même. Un puissant vide s’appesanti sur son esprit : Jophiel avait peur. Depuis cette terrible nuit où son capitaine fut allégrement tué par le sergent Bartholomei, depuis qu’il ne sait ce qui est advenu d’icelui après l’avoir retrouvé ; la garde nocturne avait un aspect terriblement effrayant pour le semi-elfe, encore plus quand la paladine avait l’air de dormir délicieusement dans une impression de pleine confiance envers lui.
« Je…je ne veux pas vous voir à terre, votre sang nourrissant la terre. Pas vous ni personne. » Susurra-t-il péniblement en regardant le feu. Il se leva doucement en jetant une petite brindille dans les flammes et, tandis qu’il l’écoutait craquelé dans ce brassier de fortune, il sanglotait. L’anxiété hérissait sa blanche et assez longue chevelure qui bouclait un peu en raison de la chaleur : à bien regarder, il avait le visage d’un éphèbe rentrant à peine dans le monde adulte et pourtant… quel âge avait-il ? Lui, il ne le savait plus. L’intensité des craintes que son sang s’extravase sur la noirceur de ces lieux s’atténuait légèrement, le moment d’extrême-onction n’allait certainement pas apparaître, ni pour la dame, ni pour le monsieur. Aucune agonie à l’horizon, juste le noir, juste la nuit alors pourquoi avoir peur ? Il n’avait pas été simplement exulcérer par le sabre du sergent, il avait été trahi et il pouvait sentir par moment la douleur encore vive de cette épée qui avait raté de si près son but. La peur se base sur des idées rationnelles des choses, elle les déforme juste à outrance et, avec cette prolongation, crée une angoisse. Cette angoisse n’était qu’un surplus de réel dans la psyché du semi-elfe car ici, pas de Bartholomei, pas de sabre tueur ; l’angoisse crée chez son détenteur un flou psychique de l’objet désiré par les méandres de l’âme et ce que veut la profondeur d’un être, l’être ne le veut pas forcement. Une scène de crime un peu trop présente en lui raisonnait avec tout ce qui pouvait y avoir de semblant ou de similaire à ladite scène, cette réalisation phantasmatique Jophiel n’en avait pas conscience même s’il savait que sa peur possédait un fondement précis : le tout était de chasser ces fondations paralysante.
Il avait beau hoché la tête de manière confiante pour se réconforter qu’un quelconque litige pouvant surgir de la dense forêt… quelque chose clochait. Il le savait d’expérience militaire, les choses n’allaient jamais tranquillement plus d’une journée. Mais, vraiment, il n’y avait rien, l’étourdit ne voyait rien de bizarre, rien de suspect. Lui qui était retourné au feu et à la paladine, il ne détectait rien d’anormal ; en même temps, quand on a la peur au ventre et l’esprit pleins de chimères… difficile de savoir s’il voyait clairement. Le nocturne champêtre était propice à tout et à n’importe quoi, peut-être un peu trop et Jophiel ne s’attendait pas à « ça ». Lui, scrutant l’invisible horizon en tentant de passer le temps, tournant la tête et les yeux comme pour couvrir un maximum de terrain n’apercevait rien tout en bayant longuement. A gauche du feu, il voyait un arbre drôlement tordu ainsi qu’un tas de feuilles brunes et à droite, il lorgnait avec distinction un petit trou à taupe chaudement construit ainsi qu’un petit fourré sans prétention de garnitures florale. Derrière, il voyait des arbres, des centaines d’arbres à en perdre la tête tellement ils étaient flous dans cette pénombre, devant, il voyait le chevalier bleu dormant sans son armure ainsi qu’une jeune créature fouillant inlassablement de quoi piller dans le sac de la dame. C’était une petite tête blonde faisant bien la moitié de la dame ou de Jophiel habillait sommairement… le demi-elfe retourna la tête blasé vers sa gauche tout en laissant mijoter ce qu’il venait de voir. ( Une tête blonde qui fouille dans les sacs… heu, il était avec nous lui… non !) se disait-il justement ! Non, celui-ci n’était pas avec vous au départ et ce qu’il fait là relevait du larcin pur et dur. Jophiel redressa automatiquement sa tête vers le voleur tout en le pointant de son unique globe visible ; il n’avait pas perdu son calme, il s’étonna juste grandement de cette apparition en répondant cyniquement à cette vision furtive :


« La notion de propriété est vague pour beaucoup mais bon… inutile de fuir maintenant ! »

Sa voix s’était haussée d’un coup, comme ça, pas de manière menaçante mais de manière franchement sympathique… comme s’il comprenait un peu l’action de tire-laine. En même temps, que pouvait-il faire de plus que de tenter cette subtilité qui était de monter le ton de sa voix pour réveiller gentiment la dame qui se tenait non loin du kender ! Et lui, l’avait-il vu, cette paladine ? Jophiel continua à haute voix tout en gardant un certain naturel « J’ai été dans une vague période comme celle-ci, feu un temps… " déclara-t-il.
Dans sa mentalité, il était assez confiant contre ce type. Il avait tout l’air d’un voleur alors que pouvait-il faire de plus ? L’assassiner ? Non, il était là pour piller et au pire des gars, il fuira. C’était ce que pensait le vétéran à ce moment, en plus d’une envie fumante de le faire asseoir et de comprendre pourquoi ce petit être était ici à ce moment là, nul envie de le bastonner dans ses intentions. En tout cas, la tonalité franche et sincère de sa voix affichait un désir de compréhension face à la créature. Mais bon, il avait un peu peur d’avoir un couteau planté dans le cœur, avouons-le.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Lun 18 Jan 2010 03:11 
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Loin d’avoir l’air d’être en quoi que ce soit un brigand de grand chemin confirmé, le petit humanoïde ne sort pas d’arme et ne se comporte d’ailleurs pas du tout hostilement à ton égard, se contentant de braquer sur toi un regard tétanisé en un sursaut de frayeur soudaine, t’observant parler si étrangement aimablement d’un air incrédule. Même à cette distance, tu peux imaginer sans difficulté que le cœur du larron doit battre à tout rompre, et pour cause, le bougre ne semble guère expérimenté en la matière puisqu’à moins que ce ne soit là un trait propre à ceux de sa race, le détrousseur paraît tout juste adolescent ! Manifestement peu sûr de lui quant à ce qu’il conviendrait de faire, il reste tout bonnement figé dans la position dans laquelle tu l’as surpris, craignant apparemment que le moindre geste de sa part ne réveille le chevalier bleu qui fronce les sourcils dans son sommeil, légèrement dérangée par ton alarme déguisée sans pour autant que cela ne l’amène à se réveiller.

Ainsi, sans rien répondre, dans cette situation d’étrange statu quo, le tire-laine nocturne braque alternativement son regard sur toi et la paladine, surveillant maladroitement vos faits et gestes, la sueur brillant sur son front tandis qu’il retire très lentement son grand bras du paquetage de la demoiselle, son maigre poing resserré sur ce qui s’avère être une fiole remplie d’un liquide de couleur indéterminée. Nerveux comme pas deux, et toujours, sans piper mot, il te fixe avec sur les lèvres un sourire penaud non dénué d’un certain culot, commençant à tout doucement s’éloigner avec son butin, tirant parti de ta nonchalance manifeste pour prendre sans un bruit et à petits pas ses cliques et ses claques sans cesser de te garder dans son champ de vision, posant un index osseux contre sa bouche en un signe de confidence sous forme d’un pacte de silence donnant-donnant : pour lui, la potion, et pour toi… et bien, bonne question en vérité.


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