Alors que le lieutement Maverick ouvrait le sac de voyage du woran neige, le capitaine Raven examinait les prisonniers d'un oeil critique. Son regard s'attarda bien sûr sur Aztai, et, il nota un détail, un peu trop longtemps sur la bague qui ornait son majeur. Le vieillard, à côté d'Aztai reprenait tant bien que mal ses esprits.
Un sifflement admiratif s'éleva de la bouche du colosse barbu. Raven tourna la tête vers son lieutenant: il était tombé sur la relique perdue, les magnifiques épaulettes.

-Aucun doute, c'est pas un simple voyageur. Avec de telles épées et ça!

Il sortit du sac les magnifiques plaques orangées en forme de flamme. Le métal briait de mille feux malgré la faible lueur des flammes.

-Ou tu t'es procuré ça? Demanda la femme.

Les idées tournaient dans la tête du woran. Sans savoir pourquoi, il choisit la plus absurde.

-Je... je les aiens gagnées, mentit le woran conscient de ne pouvoir bluffer personne.

Le lieutenant explosa de rire.

-Aux cartes?

-Au bras de fer... tu veux tenter ta chance? Fit Aztai, poussant le mensonge jusqu'au bout.

-J'en rêverais...

-Silence, ordonna le capitaine de sa voix neutre. Peu importe qui tu es (son regard se posa sur la bague du woran), je vais à tous vous faire la même proposition: Rejoignez-nous.

Un silence de mort s'abbatit sous la tente. Et puis, le premier homme, qu'Aztai ne pouvait voir, parla pour la première fois:

-Détachez-moi, j'accepte votre proposition.

Maverick eut un sourire et s'approcha du bonhomme.

-Bien mon gars. Tu sais magner l'épée? Non? Tu apprendras. Ici tout le monde trouve sa place.

-Attends! Interrompit la femme en voyant son lieutenant détacher l'homme. Y'a-t-il quelqu'un d'autre? Tu pourrais te montrer... plus qu'utile, woran.

-Si cela m'offre l'occasion d'étriper votre lieutenant et de lui offrir un réel affrontement, je suis partant, répondit le woran avec une once de défi.

Le capitaine soupira. Le lieutenant foudroya le woran du regard.

-Naturellement, tu ne change pas d'avis.

Voyant qu'aucun autre prisonniers ne faisait mine d'accepter, elle frappa dans ses mains.

-Très bien! Alors j'ai une bonne et une mauvaise nouvelle pour vous...

L'atmosphère se tendit.

-Je vais vous rendre votre liberté... (un soupir de soulagement traversa la tente) mais à un prix. Vous êtes huit à ne pas joindre nos force, seuls quatres repartirons.

-Quel est cette ruse? Siffla Achille, le vieillard à nouveau debout.

-Comme vous vous en doutez, il faut de tout et de rien pour entretenir une armée.

Aztai sentait le coup venir mais ne fit rien.

-Je vais donc organiser une joute mortelle! Histoire d'animer un peu le camp... S'exclama-t-elle en écartant théâtralement les bras.

Le coeur du woran sauta un battement, un murmure monta de la tente. Achille, rouge comme une pivoine brandit rageusement le poing:

-Qu'est-ce qu'un vieillard comme moi irait faire à mettre sa vie en jeu!

-y gagner sa liberté? Répondit Maverick d'un air moqueur.

-Vous affronterez chacun un adversaire dans un combat à mort et à main nues.

-Et le woran? s'exclama un autre prisonnier. Il à un avantage certain!

-Le woran ne se battra pas...

Aztai craignait le pire.

-Tu es... mon prisonnier! Répondit-elle.

-Pourquoi cela?

Raven n'eut pas le temps de répondre car Achille l'interrompit:

-Hum... gente dame, permettez-moi un faveur?

Amusée, la femme fit signe à l'homme de continuer.

-Puis-je, hum, être votre prisonnier moi aussi? Il s'avère que le woran et moi nous connaissons très bien! (Aztai cacha sa surprise) Nous avons beaucoup voyagé ensemble et par hasard nous voila retrouvés au mauvais endroit au mauvais moment.

-Oui! Reprit le woran, entrant dans le jeu de son nouvel ami. Je souhaiterais avoir... Achille à mes côtés.

-Soit! Répondit le capitaine Raven. A une condition: tu participera normalement à la joute!

Aztai sentit s'ouvrir un piège sous ses pattes.

-Ainsi tu ne gagneras pas ta liberté ni la sienne, mais le droit d'avoir ton ami pour compagnon...

Après une refléxion inutile le woran s'inclina:

-Qu'il en soit ainsi...

...Et que Meno nous protège, garda-t-il pour lui.

III/ Chapitre 2: Jeux mortels


S'il en avait eut l'occasion Aztai aurait fait les cents pas. Malheureusement il était cloitré de force dans une véritable cellule mobile. Un cage d'acier tout juste assez grande pour contenir un woran massif tel que lui, et un vieillard squeletique tel qu'Achille. Cette prison était montée sur quatre roues du même alliage qui grinçaient au moindre mouvement des prisonniers. Installée au milieu du camp, Aztai pouvait pleinement profiter de l'ambiance sauvage de ses habitants. Sur des kilomètres semblaient s'étendre des milliers de tentes de toutes les couleurs et de toutes les tailles. Ici et là étaient entreposés divers structures: des forgeries, des étables pour entretenir de nombreux cheveaux et même, Aztai avait en avait aperçu, des cultures de fruits et légumes. Cela en disait long sur la présence des hommes...
Ce qui intrigua le plus le woran, c'était la façon plutôt animale par laquelle les hommes vivaient ici. S'il s'agissait d'un camp militaire, les soldats en uniforme semblaient manquer à l'appel. Les quelques uns qu'Aztai avait vu devait se classer directement au rang d'officier. Comme si porter les vêtements de soldat les différenciaient des autres hommes... et pas que. En effet, la race humaine n'était pas la seule à parcourir continuellement le terrain: il y avait, plus rarement, des orques, qui se déplaçaient en véritable meute. Mais les hommes, à eux seuls, auraient facilement pu être classés. Il y avait des pirates, des mercenaires, des marchands, des forgerons, des maréchals-ferrant, des infirmes, des géants, des petits... Un métissage infini d'une même race, se déplaçant eux aussi en groupe. Les bandes semblaient dominer le camps, la lois du plus fort en quelque sorte. Même si ces être avaient un but commun, il n'était pas rare d'en voir un tuer un autre pour une bagatelle. En attendant l'affrontement (sûrement encore inconnu pour eux) ils s'occupaient comme ils pouvaient.
Aussi, des paris avaient lieux. Que ce soit sur des combats d'animaux ou d'hommes, tout était bon pour amasser quelques pieces, quitte à y laisser une dent. Les combats à mort était les plus cottés! Certains s'étaient même forgé une réputaion grâce à leur invincibilité préservée ou leurs prouêsses sur le terrain. Les guerriers aimaient particulièrement transformer les lutteurs en gladiateurs, proposant un arsenal impressionnant d'arme pour pimenter les affrontement. Parfois même, le publique se chargeait d'armer les combattants en leur lançant une lame ou plus, histoire d'accelérer le rythme, et de voir s'écouler le sang. Regarder ces combats exitait les soudards de Raven, alors l'annonce qu'une joute mortelle "officielle" avait été organisée par le capitaine elle-même... La nouvelle avait traversé le camp en un jour à peine, et un terrain avait été creusé dans le sol pour que des centaines d'homme puissent voir le spectacle. Bien sûr il avait déjà été inauguré par de nombreux membres brisé, de nombreuses vies achevées. D'après ce que le woran avait entendu, les prisonniers ne seraient pas les seuls à y participer: un véritable tournoi s'organisait et la liste des participants était longue.

Raven avait placé la cellule d'Aztai à côté d'un de ces terrains improvisés, histoire qu'il profite lui aussi de l'arène dans laquelle il serait bientôt plongé. Aussitôt il était devenu une véritable bête de foire, devenant "Le Woran Blanc", ou "La Bête" au yeux des soudards. Tous savaient qu'Aztai participerait à un de ces combats. Beaucoup voulait être son adversaire...

Depuis presque sept jours lui et Achille croupissaient dans leur cellule. On leur servait un maigre repas deux fois par jour et les laissait sortir une fois pour compenser quelques... besoins naturels. Dans cet atmosphère plus que tendue, la pensée de Rudy ou Waor ne parvenait pas à remonter le moral du woran. Pas même la présence d'un compagnon tel qu'Achille, qui s'efforçait toujours de trouver une solution à leurs problèmes...
Aztai n'avait transmit son nom qu'à Achille. Le vieillard était de bonne compagnie, et c'était le premier à répondre aux quollibets lancés par les soudards aux prisonniers.
Ils se connaissaient à peine, et Aztai avait son destin entre les pattes...

Au loin, Aztai vit le capitaine Raven approcher. Sur son chemin, les hommes s'écartaient pour laisser passer leur supérieur. Elle portait toujours une capuche, cachant partiellement son visage blafard. Elle tourna lentement autours de la cage et attendit que ses prisonniers soient bien à l'écoute, particulièrement le woran neige.

-Bonjour. Fit-elle de son insuportable voix neutre. Personne ne lui rendit son salut. Hum... comme tu le sais (elle se tourna vers Aztai), tu es au coeur des discussions.

-Ah bon? S'étonna franchement Aztai.

-En effet... Les récentes décisions t'on rendu célèbre. Je crois bien que tu es le premier woran à foulé la terre du camp et...

-Vous appelez ça fouler la terre? Coupa Aztai en montrant la cage des yeux.

-Tu es devenus, magré toi, un adversaire très convoité, reprit-elle en ignorant la remarque. Ce tournoi que j'ai mis en oeuvre vise bien sûr à divertir mes soldats en attendant...

-Quoi?

La femme garda le silence.

-J'ai décidé de changer quelques règles. Tu ne vas pas participer à un mais deux combats! Avec comme trophé la compagnie du vieux. Evidement si tu perds par quelques moyens qu'ils soient, cette défaite se reportera sur lui (elle désigna Achille). Il sera donc mit à mort.

Le woran ne dit rien. Le sentiment de trahison l'envahit... trahit par un ennemi. A quoi fallait-il s'attendre? Achille lui lança un regard désolé.

-Pourquoi jouez-vous avec nous? Demanda le vieil homme d'une voix cassée.

-Le woran est la cible prioritaire des hommes: tous veulent l'affronter. Après avoir divulgué quelques rumeurs...

-Quoi? S'eclama rageusement Aztai.

-Ton enfermement est dû... à ton incapacité à te contrôler. Ton envie de tuer est illimitée, ta soif de sang inétanchable...

-Vous êtes immonde! S'enquit Achille en brandissant son poing.

-Juste une étincelle au bout d'une mèche, corrigea-t-elle. Ainsi, mon tournoi se produira de la manière suivante: Le woran est qualifié d'office en demi-finale!

-Pourquoi cela?

-Tous veulent t'affronter, répéta-t-elle comme si elle s'adressa à un enfant inatentif. Pour arriver jusqu'à toi il se battront de toutes leur force, offrant un spectacle magnifique.

Aztai lança un regard aux alentours. Tous les regards se tournaient vers lui, plus ou moins appuyés. Il était devenu, malgré lui, la célébrité à éliminer.

-Si tu arrives en finale et remporte le tournoi, Achille sera sauf. Si tu meurs, le vieux part avec toi pour le royaume des morts.

Elle fit volte-face et fit mine de partir.

-Le tournoi commence demain et j'entends bien que tu assistes à tous les combats!

L'homme décocha un coup de pied rageur à son adversaire agenouillé. Une salve d'applaudissements et de cris accompagna la volée de sang. La victime était au sol et le publique à son comble. Le futur vainqueur s'agenouilla, saisit le cou du moribond, et lui brisa net la nuque. Le craquement fut largement couvert par l'ovation, les cris de joie et d'agacement.
A la gauche de la cage, assise sur un siège très confortable installé ici pour elle, le capitaine Raven souriait de toute ses dents. Le terrain s'apparentait à une gigantesque cuvette. Les parois du "chaudron" faisaient les gradins. le fond avait été ratissé pour y faire le "ring" de jeu. Le travail titanesque avait demandé les efforts de milliers d'hommes pour être réalisé en si peu de temps. Une petite plateforme, au milieu des gradins, avaient été creusés exprès pour le capitaine et sa garde personnelle. Non sans peine on avait transporté la prison mobile du woran et d'Achille. Durant toute la durée du tournoi, la cage resterait ici.

-Ca te plait ? S'exclama Raven en affichant un sourire.

-J'ai hâte d'y être, répondit Aztai les crocs serrés alors que le vainqueur quittait l'arène sous un triomphe.

La peur rongeait son coeur. Il faisait tout pour ne pas le montrer. Entre deux combats beaucoup de regards se tournaient vers lui. En effet le vainqueur de chaque combat pouvait être l'adversaire potentiel futur de "La Bête".
Raven avait dû organiser des phases de poules tellement les prétendants à la victoire étaient nombreux.
Depuis ce matin les combats s'enchaînaient et Aztai voyait défiler les cadavres sous toutes les formes. Démembrés, étranglés voir même transpercés aux moyens d'objets "illégal". Il n'était pas rare de voir voler une épée ou un couteau depuis les gradins à l'intention des combattants. Le capitaine n'en faisait rien. Ni même les "arbitres", des gens plus chargés d'évacuer les corps morts que faire respecter les règles, inéxistantes. En vrai, une seule s'appliquait: les participants devaient se présenter dans l'arène désarmé.

Le capitaine Raven fit un signe à son lieutenant, assis à sa gauche. Le colosse se leva et fit un geste: un énième combat débutait. Achille assis au coin de la cage se détournait du spectacle. Aztai ne pouvait pas. En tant que demi-finaliste il se devait d'inspecter ses futurs concurrents. Sur la demi douzaine d'homme qualifiée, deux avaient retenus son attention. Deux gigantesque barbares qui avaient terminé leur combat en moins de temps qu'il le faut.
La septième qualification débutait. l'attention d'Aztai fut retenu par un détail: un des participant s'avérait être le forgeron fait prisonnier en même temps que lui. Aztai était l'un des seuls à savoir que cet homme jouait sa liberté. Contre sa volonté il mettait sa vie en jeu... Malgré sa musculature imposante, Aztai sentit en lui la démarche d'un homme qui n'avait pas sa place ici. Pour sûr! Face à lui s'engageait non pas un homme mais un orque. A ce qu'Aztai savait de cette race plutôt malfamée, le concurrent (aux applaudissements mitigés) n'aurait pas dû mesurer une telle taille. Celui-ci était titanesque. Sur sa peau verdatre foncée se dessinaient des nombreux tatouages. Au pieds des tribunes des rugissements de triomphe s'élevaient: une masse de garzok était rassemblée là et supportait leur champion. Le pauvre forgeron semblait tétanisé. Il ne ralentit cependant pas la marche. Intérieurement, Aztai l'encourageait. Du coin de l'oeil, il vit Raven se frotter discrètement les mains d'un air satisfait. Elle se tourna vers Aztai.

-La liberté à toujours un prix!

Le combat n'avait duré qu'une dizaine de minutes. Le brave forgeron s'était vaillement battu. Après de nombreux échanges de coups, de roulades, tout ça sous la foule en délire, l'orque avait croqué à pleine dents le cou pourtant épais de l'homme. A cette instant, un hurlement guttural était monté des gradins, côté orque. Le vainqueur avait piteusement regardé son adveraire se vider de son sang, la carotide proprement sectionnée.
Aztai en avait encore le coeur serré. Achille soupira de desespoir:

-Je suis désolé mon jeune ami.

-Allons Achille, nous savons très bien qu'elle aurait trouvé quelque chose pour nous faire souffrir. Je préfère vous voir dans cette cage, à mes côtés, plutôt qu'allongé au milieu de ce terrain dans votre sang.

Le veil homme lui répondit par un pauvre sourire. La journée se termina comme elle avait commencée: des corps s'écroulant sur la terre désormais souillée par le sang. Le dernier combat fut particulièrement horrible. Le vainqueur était sortit de la bataille avec un oeil en moins. Il avait eut le courage de lever un bras triomphant pour saluer les supporteurs.
Aztai n'avait pas compté le nombre de combats. combien de corps s'étaient écroulés sans vie sur la terre poussiéreuse? Certainement trop... le plus inquiétant, c'était que les vivants, désormais morts, avait (presque tous) pleinement consentit aux règles du tournoi: la vie ou le trépas, la gloire ou l'oubli.
Alors que les tribunes aménagées se vidaient, le lieutenent Maverick approcha de la cage.

-Alors Monsieur le Woran Blanc. Prêt à mourrir?

-Va crever... lanca négligeament Aztai.

Le colosse ricana.

-J'ai hâte de voir ton adversaire! répliqua-t-il en carressant le fourreau de son épée.

-Je payerais pour que ce soit toi! Répondit sincèrement le woran neige.

-En effet, tu le payerais de ta vie... conclut-il avant de rejoindre son capitaine qui remontait déjà la pente.

Du bout de la griffe, Aztai s'entêtait à arracher la rouille d'un barreau. Le capitaine rejoignit bientôt l'arène, accompagnée de son fidèle lieutenant. Les gradins, de nouveaux pleins à craquer, n'attendaient plus que les gladiateurs. A nouveau, les combats s'enchaînèrent à un rythme effrénés. D'après ce qu'Aztai avait entendu, les phases de poule se termineraient ce jour même. Le capitaine Raven avait même laisser entendre que les phases suivantes, qui concernaient les vainqueurs de la veille, pourraient commencer. Elle avait lancé un regard intérréssé à son prisonnier velu.

Toute la journée, assis dans sa prison, Aztai regarda les corps tomber les uns après les autres. Lorsque l'arène se vida, longtemps après la tombée de la nuit, Aztai mit si longtemps à s'endormir qu'il se réveilla avec la même fatigue que la veille. Les encouragements du vieillard n'y faisaient rien, le woran neige avait peur. Qui ne l'aurait pas été: il jouait non pas une vie mais bien deux. Aujourd'hui, les combats s'enchaîneraient pareillement que les jours précédents. Comme le nombre de participants avait constament diminué, Aztai ferait probablement son premier combat.

Dans le milieu de l'après-midi, le capitaine attira l'attention de son prisonnier.

-Observe bien ce combat! Le vainqueur, tu l'affrontes prochainement.

Elle avait dans le regard une once de sadisme. Le coeur d'Aztai cognait dans sa poitrine, il colla sa gueule aux barreaux glacés pour voir apparaître l'orque colossal. Le woran ferma les yeux de désespoir... la lueur dans le regard de Raven s'accentua.
En bas, sur le terrain, un des "arbitres" tentait de signaler quelque chose. Le coeur d'Aztai se fissura... La joie du capitaine et de son lieutenant s'affichait à présent par des sourires discrets. Finalement, il s'avérait que l'adversaire de l'orque avait mystérieusement disparu la nuit dernière: le coeur d'Aztai tomba en morçeaux; des morçeaux qui refletaient tout son effroi. Le capitaine jeta un regard furtif au woran, un sourire au coin des lèvres. Le lieutenant Maverick, ne cacha pas sa satisfaction.

-La mort est en avance on dirait... lanca-t-il.

-Salopard! Fulmina Aztai.

Cette ordure de Maverick avait dû s'aranger pour "avancer" l'heure du combat. Ainsi, il avait choisi pour Aztai un adversaire plus que coriace.

-Bon! Fit le capitaine en se levant. Toute l'attention se porta sur sa personne, le stade se tû à l'instant. De part cet incident, nous passerons directement aux demi-finales. Inutile d'attendre!

Cette déclaration fut accueillit par une véritable ovation: tous voulaient voir le woran en action. Elle pointa un doigt en direction de son prisonnier et la foule explosa à nouveau, scandant joyeusement quelque chose comme : "Le woran! Le woran!".

-Ton heure de gloire, sale monstre! Lanca Maverick.

-Quand la tienne viendras, je prendrais soin de te trancher la gorge! Cria Aztai emplit de colère.

Le lieutenant explosa de rire.

-Pour l'instant veille à rester en vie! Gardes!

Aussitôt, une dizaine d'hommes en armures entourèrent la cage, la plus part armée d'arbalètes chargées. Le grincement de la porte fut couvert par les hurlements du publique. En bas, l'orque suivait du regard son prochain adversaire, sa prochaine victime.
On attacha les poignets d'Aztai dans son dos et lui fit descendre toute les tribunes. Il passa devant les supportèrent qui lui lancèrent tantôt des encouragements, tentôt des quollibets. Avant de quitter sa prison, Achille lui avait murmuré un "bonne chance!". il semblait abbatu...

Arrivé à la lisière de l'arène, Aztai lanca un regard circulaire. Avec l'impression d'être au fond d'un chaudron, Raven et Maverick l'envoyaient gentiment se faire cuir... Devant lui, l'orque ne laissait paraître aucun sentiment, bien que le woran le dépassait largement en taille. Totalement désarmé, le woran pénétra dans l'arène sous une foule bouillante. Les slogans scandaient à ses oreilles. Il pensa à l'Ancien, qui lui avait apprit à contrôler son instinct. Aujourd'hui, Aztai faisait tout pour contrôler sa peur.
Décidant de combattre avec ce que Meno lui avait fournit, il choisit d'entrer dans le jeu de Raven. Ecartant un peu les bras de son corps, Aztai fit bien attention à ce que tout le monde le voit ressortir ses griffes. A la vues de ses armes naturelles, les cris emplifièrent dans les tribunes.
L'arbitre approcha. Il jeta un regard aux deux adversaires: l'orque poussa un soupir bestial, Aztai répondit par un regard des plus féroces.

-T'as voulus la bête, capitaine. Tu l'as!

Avant même que l'homme ordonne le début du combat, Aztai s'était lancé à l'assaut dans un rugissement.

Le coeur battant la chamade, Aztai percuterait bientôt son ennemi. L'orque n'avait esquissé qu'un unique geste de mise en garde: il attendait que le fauve lui bondisse dessus. Les cris des supporteurs résonnaient aux oreilles du woran neige, rendant l'atmosphère tendue presque palpable. Aztai leva dangeureusement une patte, près à lacérer son ennemi. A cet instant, l'image des deux worans morts lors du raid sur un campement de garzoks lui revint à l'esprit. Leurs dépouilles sur le bucher funéraires, leurs âmes s'en allant rejoindre le Père Meno...
Malheureusement, ses griffes tranchèrent du vide. L'esquive de l'orque était largement saluée par la foule, qui explosa de joie lorsque la bête porta le premier coup. La créature avait enfoncé son poing dans les côtes d'Aztai. Encaissant comme il pouvait la frappe, le fauve abattit son coude, de nouveau dans le vide... Le garzok, qui avait reculé, affichait un air triomphant. Pour ses débuts en tant que gladiateur, Aztai aurait certainement pu mieux faire. Avec la fausse réputation que le capitaine lui avait fait, la foule serait déçu: le woran n'était pas une bête assoiffée de sang, le publique s'en apercevrait.
Cependant, l'être à convaincre pour l'instant n'était pas la foule mais bien son adversaire. L'avantage de l'intimidation pouvait cerner l'issue d'un combat. Se concentrant pleinement dans sa bataille, il se rua à nouveau sur l'orque. Cette fois-ci, le woran neige opta pour une méthode plus... basique. Il parvint à ceinturer la puante créature et à l'amener au sol avec lui. Les minutes qui suivirent se résumèrent en une série de roulades et de coups impréçis: les deux opposants frappaient là où une parcelle de peau était libre. Cette lutte s'avérerait beaucoup plus compliquée que prévu. Enfin, le woran parvint à prendre l'avantage d'un coup de genou dans le flanc. Le grognement que poussa la bête verte relança l'enthousiasme du publique plus occupé à observer qui avait l'avantage qu'à hurler. Pour se relever avant son adversaire, et donc se permettre un avantage certain, le fauve s'appuya volontairement sur la gorge du garzok. Celui-ci lui répondit d'un crochet qui manqua le museau d'Aztai. Avant que le garzok ne soit complètement debout, le woran neige recula de quelque pas et chargea de toute ses forces. L'impact fut conséquent. Le plaquage qu'Aztai offrit à l'orque, et donc au publique, lui coupa le souffle. Dominant son adversaire, il eut la chance de prendre l'avantage. D'un poing rageur, il fit sauter une dent à la bête. La foule répondit à cette soudaine offensive par une ovation à faire trembler la terre. Moralement revigoré, Aztai envoya une autre droite. A nouveau les spectateurs hurlèrent de joie. Ignorant la douleur au niveau de ses jointures, il saisit à pleines pattes la gorge de son ennemis en vue de l'étrangler. A ses oreilles, il entendait la foule scander leur slogan "Le Woran! Le Woran!".
Se débattant comme un noyé, le garzok parvint à échapper à l'étreinte mortelle du fauve. Pire, il releva un genoux pour cogner le dos d'Aztai qui se tordit de douleur. Puis, gerant parfaitement sa position de soumi, il posa ses mains crasseuses sur le crâne pelucheux d'Aztai pour l'attirer inéxorablement vers le sien. Le coup de tête monumental assoma les deux concurrents. Aztai avait l'impression qu'une montagne s'était abattu sur lui, il se demanda un instant s'il s'en sortirait indemne.
D'après les cris négatifs de la foule, le woran compris que son adversaire garzok s'était relevé avant. L'estomac du fauve se noua, libérant un flot d'angoisse dans tout son corps. Il roula sur le dos pour voir l'orque le dominer de toute sa hauteur. Encore sonné par le coup de boule, il savait que se défendre serait un travail de titan; autrement dit, le prochain de l'orque pourrait être fatal. Allait-il l'étrangler? lui briser la nuque? Et Achille, alors... Il allait mourrir aussi.
Soudain, un cri inhumain jaillit des tribunes. Un hurlement bestial. En même temps, les deux gladiateurs tournèrent la tête vers le milieu des gradins.
Le woran vit distinctement la silhouette colossal du lieutenant Maverick se lever et s'avancer au devant de son capitaine.

-Du sang! Beugla-t-il.

Sur ce, il jeta au milieu de l'arène une épée qui atterrit lourdement dans la poussière, non loin de l'orque. le salopard entendait voir le woran crever sous la lame. La colère requinqua le fauve qui eut une longueur d'avance sur son adversaire. Joignant les cuisses sur sa poitrine, il propulsa ses deux pattes inférieur au niveau du plexus solaire de l'orque. La bête afficha un regard plus que surpris. Sans le vouloir, cette ordure de Maverick avait aidé son prisonnier woran, détournant involontairement l'attention du garzok dominant.
Aztai ne laissa pas filer sa chance. Il rampa à toute vitesse vers l'épée, saisit le pommeau froid et s'éleva à genoux au dessus du corps de l'orque. Suite au choc, le monstre avait beaucoup de mal à reprendre son souffle. Dans l'esprit du woran, l'image du forgeron, agonisant pour sa liberté, s'imprima. Le pauvre homme n'avait eut aucune chance... Aztai n'en offrirait aucune à son assassin. Car ce tournoi n'était qu'un prétexte pour autoriser le meurtre, au prix du divertissement.
Le woran enfonca sans scrupules la lame au coeur de son ennemi. Le pommeau percuta la poitrine, le métal traversant la terre sous le corp condamné de l'orque. Avant même que l'arène explose de satisfaction, le garzok avait rendu l'âme.

Malgré cela, Aztai sentit monter en lui l'inéxorable satisfaction du vainqueur. Mais sa joie fut de courte durée. Le capitaine Raven s'était levée. A côté, le lieutenant bouillait de rage. Le regard sévère, la femme demanda le silence, qui lui fut accordé en un rien de temps.

-Cette victoire est refusée! Cria-t-elle. Sa voix neutre se répercuta dans toute l'enceinte artificielle, silencieuse d'entrendre ce que la chef avait à dire. Elle se répercuta aussi dans la tête d'Aztai, qui sentait monter en lui une indéfectible rage. La foule, elle, ne savait sur quel pied danser. Jamais jusqu'à aujourd'hui on avait refusé une victoire par arme blanche! De plus, plus d'un millier de gens était témoin que c'était leur lieutenant qui avait "ajouté" son grain de sable à la partie. Un murmure désaprobateur s'éleva des tribunes, mais le capitaine ne se laissa pas impressioner.

-Le combat ne peut se solder sur une telle victoire du woran! Je décide donc de relancer cette demi-finale en faisant intervenir un autre concurrent!

Le regard que jeta Aztai à Raven aurait pu la foudroyer sur place... si seulement... Cachant ses sentiments, il fit mine de détendre ses muscles et attendit la suite des évènements sous un concert d'applaudissements: la foule aurait un combat de plus avec leur vedette. Au pied des tribunes, le groupe d'orque lançaient des regards assassin au fauve, qu'il ignorait parfaitement. Le piège se fermait à nouveau sur lui et sur Achille; il devrait prendre une vie de plus à défaut de la sienne pour avoir une chance un jour de s'échapper... mais par quel moyen?
Chassant ces mauvaises pensées, il se concentra sur l'adversaire à venir, que le capitaine Raven allait bientôt annoncer... tous les regards tournés vers le "pavillon" des officiers, la femme discuta un moment avec Maverick, des mots que très peu de gens purent entendre . Cependant, un sourire fendit la barbe du colosse. Il se tourna et parla à sa phalanges de guerriers. Le coeur d'Aztai se serra. Empruntant le même chemin que lui un peu plus tôt pour accéder à l'arène, un des soldats d'élite de Maverick, presque aussi impressionnant que son lieutenant, affichait un sourire plein de confiance.
On débarrassa la victime du woran neige de la terre, et un arbitre se chargea de désarmer le nouveau concurrent. On lui retira, Aztai compta, une épée, trois couteaux et une hache en plus de ses pièces d'armure... Le surhomme s'engagea d'un air triomphant dans l'arène sous une salve d'applaudissements nourrie. Aztai sentait toujours bouillir la colère en lui, la colère de la trahison.

Une nouvelle fois, l'arbitre donna le signal de commencement, une nouvelle fois Aztai mettait sa vie en jeu...

Après l'effort fourni contre le garzok, seuls la rage et le contrôle de soi pourraient sauver Aztai. Cette fois-ci, son adversaire ne prit pas le temps d'attendre une attaque. Il s'approcha sans peur du woran. De même taille que lui, le soldat serra les poings en vue de prendre l'initiative. Feignant une extrême fatigue, Aztai laissa son ennemi prendre une totale confiance. Il esquiva ses premiers coups comme il pu mais ne riposta pas. Lorsque l'homme parvint quand même à le frapper (à l'épaule), Aztai prit cela pour le feu vert. Aussi tôt, il s'empara du bras aggressif et attira par surprise le colosse vers lui. Au dernier moment il leva une genou qui vint percuté son ventre. Le soudard parvint à résister et emmena son adversaire dans la poussière. Tels deux chats en furie, c'est à coups de pieds, de poings et de griffes (pour le woran) que les combattants s'affrontèrent. A côté de l'homme, l'orque passait pour un néophyte. En effet, il ne fallut pas plus de dix secondes au guerrier pour prendre l'avantage. Il s'attaquait principalement aux côtes du woran et bientôt, chaque inspirations amena avec elle un flot de douleur.
Et puis, une brèche, une ouverture, une chance s'offrit au woran. Il réussi, dans un acte des moins glorieux il fallait l'avouer, à jouer du genou dans les parties intimes de l'homme. Reculant dans un hurlement de douleur, Aztai se releva sous les rires et les applaudissements du publique. La joie fut de courte durée... Massant sa virilité d'une main, il porta l'autre à sa botte. En un éclair, il dégaina un petit couteau d'argent. Des tribunes s'éleva un 'Ho!' d'indignation, Aztai jeta un imperceptible regard vers le capitaine et son lieutenant: impassibles, évidement... Sentant monter en lui une pulsion meutrière comme jamais il n'avait eu, Aztai alla au devant de son ennemi confiant. La foule hurlait d'indignation, mais le woran rendit justice: il saisit le bras armé en plein vol, et frappa de sa paume le coude. Les ligaments, victime d'une trop forte pression opposée, ne résistèrent pas. Dans un craquement à donner la nausée, l'articulation éclata, présentant un bras totalement désarticulé. Un cri immonde sortit de la gorge du soldat. N'en restant pas là, Aztai ne lacha pas pour autant le membre meurtri; il fit, tant bien que mal, une clé de bras au soudard. Frappant une fois l'arrière des genoux, il saisit son ennemi à la gorge, au creux de son bras.
Tourné volontairement vers le pavillon des officiers, Aztai voulait que cette ordure de Maverick voit son sujet mourrir devant lui, et dans les règles. Le woran augmenta la pression. Le soldat se débattit, mais son destin était scellé. La foule jubilait devant cette exécution sommaire, et cette mise en oeuvre de la justice. Aztai chercha le regard de Maverick et le soutint. Lorsque sa proie ne fit plus l'ombre d'un mouvement, le woran consentit à libérer sa prise. Le soldat, mort éttouffé, s'écroula dans la poussière.

Aztai ne quittait toujours pas des yeux le lieutenant. Alors que Raven faisait un signe à ses soldats, le fauve, immobile au milieu de l'arène, s'accorda un sourire des plus provoquants, dévoilant la totalité de ses crocs. Maverick, rouge de colère, fit brusquement volte-face, s'en retournant dans ses quartiers. S'il n'était pas encore libre, le woran neige avait sauvé non pas une mais deux vies aujourd'hui. Alors qu'on le ramenait vers sa prison, sous les bravos des spectateurs, ce fut le sourire d'Achille qui lui fit le plus plaisir, et lui mit du baume au coeur.

Fin du Chapitre 2

III/ Chapitre 3: Comme une histoire de force intérieure


Assis au fond de la cage, le vieil Achille sifflait négligemment une ritournelle agaçante. Aztai, qui venait de prier Meno, n'eut pas le coeur à lui demander d'arrêter. La veille il avait tué deux êtres, commit un geste de défense, sûr, mais un acte qui s'abaisse tout de même au niveau du meurtre... Lors de son retour dans la cage, sous les applaudissements de la foule, le capitaine Raven avait retenu son lieutenant de torturer le woran vainqueur. Brandissant un poing rageur, Maverick avait promit de tuer Aztai de ses mains pour avoir tué un des soldats de sa précieuse garde. Malgré l'avis opposé de son capitaine, le colosse barbu était revenu en pleine nuit avec quelques uns de ses hommes.
De colère il avait réveillé les deux prisonniers en frappant les barreaux de la cage. Ordonnant l'ouverture de la prison mobile, on en avait sortit le woran et l'avait agenouillé de force... Aztai n'arrêtait pas de repasser ce sombre épisode dans sa tête.

Les mains à nouveau liées dans le dos, le lieutenant tournait autours de lui tel un vautour, fulminant et jurant à tout va.

-Une humiliation presque admirable! Cria-t-il. Autours de lui et d'Aztai, les gardes faisaient une ronde de "sécurité". Maverick avait saisit la gueule du woran et lui beuglait une multitude d'insultes. Crois-moi petite ordure que tu ne vas pas rentrer dans cette cage comme tu en est sortit!

D'un geste vif, Aztai vit aux feux des torches alentours que le lieutenant avait détaché le fouet pendu à sa ceinture. L'extrémité bardée de métal fit tressaillir le woran. Un seul coup ferait éclater la peau et promettrai une longue et douloureuse cicatrisation. Et en effet, lorsque la lanière de cuir siffla dans l'air, un torrent de maux vint abreuver le corps du woran neige. En même temps, un hurlement de rage et de douleur sortit de sa gorge. Il sentit bientôt un liquide chaud couler sur son dos meurtrit. Et puis, un deuxième sifflement vint faire s'effondrer Aztai dans la poussière. En quelques secondes, Maverick l'avait remit à sa place. Respirant avec difficulté tellement son coeur battait, le woran doutait de se remettre un jour de telles blessures. Il croisa le regard d'Achille, toujours dans la cage, dont les yeux semblait noyé de pitié et de regrets. Sur ses lèvres Aztai put lire un "pardon" qui malheureusement ne changerai rien à leur calvaire. Il n'y eut pas de troisième coup de fouet, même si l'intention du lieutenant en était autre. Le capitaine Raven venait personnellement d'intervenir sur le traitement de son woran prisonnier.

-T'ai-je ordonné de venir torturer le woran? Demanda-t-elle de sa voix neutre. Malgré ce timbre désabusé, la froideur qu'il cachait aurait pu faire trembler les dieux.

-Non Capitaine! Répondit Maverick en baissant les yeux. Ses poings serrés tremblaient de fureur. Une montagne de muscle qui capitule fasse à une femme sans défenses... enfin c'est ce qu'elle voulait faire croire, Aztai s'en doutait.

-Ne t'avises pas une seule fois de recommencer! Ordonna-t-elle avant de s'en retourner sur ses pas.

Le lieutenant fulminait. Il saisit Aztai par les liens, à ses poignets, et poussa son corps meurtrit dans la cage. Un garde vint le libérer pour mieux le renfermer après. Achille, les larmes aux yeux, avait déchiré un bout de sa tunique pour éponger les lourdes blessures qui suintaient le sang.

-Je suis désolé, chuchota-t-il, je suis désolé...

Deux nuits après la visite du lieutenant Maverick, les cicatrices commençaient tout juste à ne plus saigner. Chaque mouvements tiraient une grimace au woran neige, sous le regard désolé d'Achille. En vue de la finale, qu'il n'avait pas encore jouée, l'idée d'affronter un adversaire aussi fort que lui sapait à Aztai tout espoir... A côté de lui, son vieux compagnon marmonnait depuis le levé du soleil en lançant des regards critiques au fauve. Le dernier match du tournoi se déroulerai le surlendemain. Raven avait annoncé que les combattants devaient se présenter en grande forme. De plus, ça laissait plus de temps pour mettre en place de gros paris. D'après les rumeurs du camp, "Le Woran" partait favori... Depuis les coups de fouet de Maverick, Aztai n'en pensait pas autant.

-On dirait que tu prépares un mauvais coup, déclara le woran en voyant son ami se gratter le menton.

Le vieillard haussa les épaules avant de répondre:

-Pas pour nous. Je me disais... Peux-tu me tendre tes pattes?

Dubitatif, Aztai obéit. Achille pris ses membres dans les mains et tâta la fourrure, puis les paumes.

-Pas de doute maintenant...

-C'est grave docteur? Demanda le woran avec un sourire.

-Ca peut l'être... Pour Maverick je veux dire, ajouta-t-il en voyant Aztai changer de tête. "Il" coule en toi...

-Qui? Quoi? Marmonna Aztai inquiet, en retirant ses pattes. Achille lui retenues.

-Sais-tu comment fonctionne la magie?

-Je préfère ne pas avancer de faux arguments...

-Eh bien c'est simple. En chaque magiciens ou pratiquants de la magie circule le sang, comme chez tous, mais aussi une sorte de fluide. On pourrait qualifier ce fluide de responsable. C'est l'énergie magique en quelque sorte, celle qui permet au pratiquant de créer, détruire, modifier par des moyens surnaturels. Ses propriétés son semblables à celle de la fatigue physique. Plus tu utilise ce fluide, plus tu fatigue ton corps: comme lorsque tu cours pendant longtemps.

-C'est la définition que je me faisait, répondit le woran. Mais tu est en train de me dire quoi là? Que j'ai des aptitudes pour la magie?

-Non, pouffa Achille, et je ne pense pas être le mieux placé pour répondre à ta question. Hors je suis sûr d'une chose.

Un silence mystérieux s'en suivit cette déclaration.

-Tu es tout à fait apte à contrôler ton ki.

-Le ki?

Aztai était totalement perdu.

-Remets-toi en tête ce que je t'ai dit sur la magie et son fonctionnement. Il en va de même avec le ki.

-Mais qu'est-ce?

-Une sorte de magie qui parcourt le corps de tous les habitants de Yuimen.

-Si c'est le cas pourquoi n'en n'ai-je jamais entendu parler?

-Parce que tout le monde ne le contrôle pas. Il faut répondre à certains, hum, critères...

-Comme?

-Aucune idée? La patiente? la concentration? Je ne sais pas. Mais il sommeil tous en nous une "réserve" de ki. Ce que j'appelle "ki", c'est une énergie différente de l'énergie physique normale, ou même magique. Lorsqu'un être apprend à développer cette énergie, il est capable, dans ses gestes, de concentrer son ki pour en décupler les effets. Par exemple, je peux te donner un coup de poing. Si j'utilise le ki, je peux concentrer toute mon énergie et transformer un simple coup de poing en coup dévastateur...

-Et comment fait-on "ressortir" ce ki.

-Le meilleur moyen, pour moi, est la méditation. Après j'ai entendu parler qu'une colère vive, un émotion forte peut engendrer une sorte de naissance. Comme un geyser après une trop forte pression...

-Je vois. Et tu pense donc que je peux contrôler cette énergie, alors que je ne ressent aucun effet supplémentaire en moi.

Achille sourit.

-Pourquoi ne ressent-tu pas le ki? Simplement parce que c'est inné chez nous. Le tout est de le détecter, puis apprendre à le contrôler. C'est un peu comme si je te demandait de sentir ton sang circuler dans les veines... C'est une force vitale intérieure. Tu as déjà médité?

-J'ai développé mon instinct par la méditation.

-Alors c'est parfait. Il ne te faudrait pas longtemps pour savoir contrôler ton ki. Après faut-il le développer, car comme la magie ou le physique, on peut le modifier, l'accroitre pour en obtenir des effet plus convaincants...

-Ouai, le principe de la magie, marmonna le woran. Tu pourrais m'aider?

-Je pense l'avoir déjà fait, répondit le vieil homme dans un clin d'oeil. Par quel moyen méditais-tu?

-Pour développer mon instinct, j'attendais la présence d'un oiseau. Ensuite, je m'efforçais d'anticiper son chant.

-Une technique admirable, fit pensivement Achille en hochant la tête. Sentais-tu une quelconque énergie circuler dans ton corps? Un point sur lequel tu te concentrait?

-Hum... Pas une énergie mais un point plutôt. En fermant les yeux j'imaginais plus une surface blanche sur laquelle apparaissait un tache de... lumière.

Le woran se disait que plus la discussion avançait, plus il se sentait idiot. Et pourtant... Achille venait de s'esclaffer.

-Alors nous sommes peut-être saufs. Vis-à-vis du tournoi je veux dire. Mon cher Aztai, tu as trouvé ton ki.

-Wahou, s'exclama le fauve sans grande joie. Le problème est que si j'ai réussi à l'attraper, faut-il encore que je le déplace.

-Ca parait aussi difficile?

-hum...

-Médites un peu et cherches la solution. En fait, la rapidité est la clé du contrôle du ki. Cela consiste en trois étapes: méditation, concentration puis exécution. D'abord tu te lance en méditation, comme tu le fais d'habitude. Ensuite, tu concentres cette "tache de lumière" sur la partie de ton corps concernée: ici, nous allons dire le poing. Ensuite tu relâche le tout comme tu peux relâcher ta colère...

-Tu en connais un rayon dis-moi... Fit Aztai admiratif.

Le vieil homme se contenta de sourire. D'un geste impatient, il fit signe à son ami fauve de commencer l'entraînement...

Qui dans un campement militaire se serait soucié d'un vieillard faible et d'un woran immobile fermant les yeux? Personne. Et c'est bien cette idée qui permit à Aztai de maintenir son calme et sa méditation entre les barreaux de sa cage. Sous l'oeil critique d'Achille, il revoyait cette lumière sur fond blanc. Sans en informer son ami, le woran avait volontairement projeté une silhouette humanoïde sur ce tableau. Ainsi, la lumière se calquait au niveau du coeur. Pour contrôler ce ki, comme disait Achille, il fallait le déplacer dans la partie du corps souhaitée. Durant un moment, Aztai fixa le bras droit de la silhouette (en vérité le sien), et s'efforça de diriger cette lumière sur le membre. Le travail effectué, il avait, pensait-il, déplacé son ki au niveau du poing...
Et maintenant? Fallait-il ouvrir les yeux en beuglant comme un dément, au risque de tuer Achille d'une crise cardiaque? Probablement pas la meilleur solution... Il se contenta d'expirer d'un coup tout l'air de ses poumons en même temps qu'il propulsait son poing dans le vide:

-Ha! S'exclama-t-il sous le regard intéressé du vieil homme. Il n'avait absolument rien sentit... ou peut-être l'impression d'être un parfait idiot.

-Je crois que tu es confronté à un problème auquel je n'avais pas pensé. Trouver le ki, c'est fait. Le déplacer, à te regarder faire, tu sembles maîtriser... Il faut juste l'extraire, le laisser s'épanouir hors de toi: là est ton problème. Recommences!

A nouveau, Aztai se concentra puis projeta une lumière sur une silhouette. Il la fit dériver jusqu'au poing et "relâcha" le ki accumulé.
Rien.

-Recommences! Ordonna aussitôt Achille.

Perplexe, Aztai se contenta d'obéir... pour à nouveau échouer.

-Dis moi, tu es sûr que... commença Aztai, incertain.

-Certain! D'une façon ou d'une autre tu arriveras à extraire ce ki! Coupa-t-il en levant le doigt d'un air presque menaçant. Recommences mon petit!

Pendant une partie de la journée, le woran neige ne cessa d'accumuler son ki sans savoir comment l'expulser... Il changea de patte, de technique de concentration: allant plus vite ou moin vite... mais rien n'y faisait.

-Crois-moi, le consola Achille, lorsque l'expulsion s'exécutera, tu ne pourras plus échouer. Le seul point faible, ce sera contrôler la quantité de ki à utiliser pour ne pas s'épuiser pour rien. Pour l'instant, quelque chose m'échappe, mais quoi? Je dois réfléchir...

-Moui..., répondit le woran peut convaincu. En attendant les cicatrices me torture affreusement. Et ce n'est pas après-demain que ça ira beaucoup mieux. Je préfère ne pas trop m'épuiser à forcer mon esprit. Si le ki peut-être mon allié, alors je laisse Meno l'expulser pour moi...

Achille, pensif jusqu'au bout des ongles, se contenta d'acquiescer.

Gardes!

Aussitôt, les portes furent ouvertes par deux soldats en armure. De nouveau au bord de l'arène, Aztai allait affronter son ultime adversaire. La veille, sa méditation pour expulser son ki n'avait pas été plus fructuante. Achille, qui dans ces moments d'extrême concentration semblait s'élever au rang de maître du ki, était resté impuissant. Se répétant sans cesse que le woran en était complètement capable, le doute semblait tout de même prendre le large. Les mots "concentration", "orientation" et "expulsion" tournaient sans cesse dans le crâne du woran, mais le troisième restait un mystère...

-Tu bouges une griffe, et j'accélère ton exécution, grogna le lieutenant Maverick.

Autours d'eux, les gradins improvisés la semaine précédente étaient à nouveaux pleins. La foule soutenait le woran presque à l'unanimité. Criant, hurlant, scandant des encouragements à pleins poumons, le woran neige fit tout pour garder sa concentration. Il jeta un dernier coup d'oeil à Achille, et n'oublia pas que la défaite signifierait sa mort.
Marchant au milieu des spectateurs, les quolibets non plus ne manquaient pas. On lui criait que s'il sortait vainqueur de cette finale, il ne passerait pas la nuit suivante...

-Par Meno... s'exclama Aztai en voyant son adversaire arriver.

A l'opposer de lui, son adversaire lui lança un sourire des plus vicieux. La première chose que pensa le woran, c'est que Maverick n'avait physiquement rien à envier à la montagne de muscles présente. Torse nu, chaque mouvement laissait croire que les tendons des muscles allait craquer sous une telle pression. Avec les blessures dues au coups de fouêt du lieutenant, oser affronter une telle brute relevait du miracle; remporter la victoire nécessiterai sûrement une intervention divine. Pour cette finale, le publique s'attendait à un combat sanglant, long et acharné. Aztai se voyait déjà mourir...

Il leva les yeux vers la cage et aperçu son vieil ami affalé contre les barreaux. Innocent, comme lui. Le woran neige leva son majeur orné de la bague, héritage de sa race. Ong'wa. Ces mots signifiaient Unis. Comme l'étaient les worans de sa tribu, avant qu'une pourriture elfique vint massacrer tout ce beau monde...

-Concentration, direction, expulsion, marmonna Aztai.

Il n'y croyait pas du tout. Et puis la vue de son adversaire lui avait coupé tout espoir. Il fit quelques pas, s'engageant sous un tonnerre d'applaudissements. Avec en tête le visage parcheminé d'Achille, il se mit en position de garde, alors que l'arbitre allait donné le début de l'affrontement.
A cet instant, son ennemi beugla à faire trembler les cieux:

-Je ne donne pas trente secondes avant que le combat ne se termine! Il pointa du doigt le fauve. Votre woran va mourir, et s'en sera terminé de toutes vos conneries!

Les spectateurs accueillirent cette déclaration par une vague d'insultes et de gestes obscènes. Cette réponse manqua faire sourire Aztai. Dans un autre monde, celui ou la barbarie et la violence régnaient, le woran neige était un héros malgré lui.
Alors l'arbitre abaissa son bras, et la mort allait bientôt être rassasiée.

Concentration, expulsion, direction? Non! D'abord l'expulsion? N'importe quoi!
L'ennemi massif d'Aztai chargeait comme un taureau en furie. Qu'avait-il dit? Trente secondes? Si le woran neige survivait après ce délai, c'était que Thimoros lui-même voulait le voir vivre. Il devait rester une dizaine de mètres avant que son adversaire ne l'atteigne, et quel adversaire! Cette masse de muscles semblait indestructible; les idées, dans le crâne du fauve, tournaient à une vitesse folle, et il était dur d'en adopter une au passage.
Méditation, concentration, destruction? Aztai poussa un juron. Dans moins de cinq mètres, les deux colosses allaient entamer le combat, sauf que l'un d'eux n'avait aucune idée de quoi faire. L'espoir fondait comme neige au soleil et cette fois-ci, s'en serait fini du woran neige et du vieil Achille. Pauvre Achille. Il allait voir mourir son compagnon tigré avant d'attendre lui-même son exécution... Comment Aztai pouvait-il laisser faire cela? Et ses moyens qu'il perdaient à chaque pas de son adversaire.
Enfin, son ennemi leva un poing rageur. Toujours en pleine course, il poussa un rugissement guttural qui sonna comme un glas dans la tête d'Aztai. Lui, tétanisé, n'osait bouger. Mais que faisait-il? Même s'il était inférieur, son père aurait-il voulu voir son fils abandonné ainsi? Et ce n'était pas faute d'un enjeu trop petit: sa vie, et celle d'Achille. Alors que le poing allait s'abatre tel un marteau pour mettre un terme à sa vie, Aztai tenta le tout pour le tout. Il en allait de la confiance de son ami vieillard. En une seconde, la déclaration d'Achille à propos de son ki allait prouver sa valeur.

-Concentration! Marmonna le woran.

Il sentit ses jambes se dérober d'elle même, ses genoux vinrent percuter violemment le sol. Le colosse, lui, abattit son poing dans le vide, la où la gueule d'Aztai se trouvait plus tôt. A présent à genoux, c'était comme partager une seconde en trois temps. Il avait déjà grillé un tiers en concentrant son ki comme il l'avait inconsciemment fait durant son développement d'instinct. La gueule noire de l'Ancien d'Ambervalle lui revint en tête...

-Orientation!

Il concentration cette lumière au niveau de son poing droit déjà armé. Son adversaire, lui, trébuchait à cause de son élan et allait tout bonnement s'écrouler sur le woran. Le fauve venait de dépenser le deuxième tiers de la seconde. Toute l'énergie était stockée dans ses phalanges rétractées sur sa paume.

-Expulsion!

Avec l'espoir d'un condamné, il projeta de toute ses forces son bras en avant. S'il se fiait à son entrainement, cette technique n'aurait pas plus d'effet qu'un coup de poing normal.
Et Achille qui se demandait qu'est-ce qui pouvait manquer... Alors que son poing allait percuter le torse du colosse tombant, la solution explosa dans le l'esprit d'Aztai. Si l'expulsion de ki n'avait pas fonctionnée, c'était tout bonnement parce que le woran n'avait eut pour cible que de l'air! Jamais il n'avait testé cette technique sur un humain ou un objet. S'accrochant à cette maigre idée, Aztai dépensa l'ultime tiers du temps imparti. A l'instant même ou sa patte toucha le plexus solaire de l'homme, il relâcha toute sa concentration sous forme de ki. Le craquement que fit l'os du colosse raisonna dans tout l'avant bras du fauve, un regard surpris se dessina sur le visage de son ennemi. Proprement renvoyé en arrière, l'homme au thorax défoncé alla s'écraser dans la terre sèche d'où il ne se releva pas. Aztai, toujours à genoux, sentait encore vibrer le coup dans les os de son corps. Un simple coup de poing n'aurait jamais pu mettre à terre le soudard de Raven. Stupéfié, la foule ne disait mot. Le capitaine et son lieutenant s'était levé d'un bond, et une once d'effroi avait balayé leurs visages. Seul Achille, plaqué contre les barreaux de sa cage souriait comme un enfant. Lui aussi semblait avoir compri le pourquoi du comment.

Aztai n'entendit pas la foule exploser, il ne se releva même pas. L'affrontement avait bel et bien duré moins de trente secondes, même quinze. Cependant, une fatigue soudaine envahit le woran neige qui bientôt s'effondra à son tour, bercé par les profondeurs de l'inconscience.

III/ Chapitre 4: Le vieillard et le woran


Ce n'est que quelques heures plus tard que le woran neige reprit conscience. Les os du bras droit complètement engourdis, il fallut quelques minutes pour qu'il retrouve pleinement ses sensations. Le crépuscule tombait sur les plaines de Dahràm. Fidèle à lui même, Achille était planté au coin de la cage et marmonnait des paroles inaudibles. Lorsqu'il vit son compagnon se réveiller, il afficha un sourire éclatant.

-Magnifique! Jubila-t-il. Grandiose, exceptionnel! Il faisait de grands gestes théâtrales avec ses bras charnus. Je savais (il s'approcha et posa sa paume sur la poitrine velue d'Aztai) qu'il était en toi! Une véritable démonstration de brutalité. Ce que j'appelerais, la force magique en quelque sorte.

-Doucement, mon ami, n'oublies pas que je me suis évanouis juste après.

-C'est mieux ainsi! S'exclama le vieillard. Si tu serais resté debout, cette ordure de Maverick t'aurait tranché la tête. Je crois comprendre qu'une fois de plus le combat était trafiqué à son avantage... Bien entendu la foule à accueillit ton exploit de la meilleur des manières!

Aztai soupira en massant son avant-bras.

-Il fallait simplement...

-Toucher ta cible! Oui! Quel profond imbécile je fais!

-Je suis vivant, marmonna Aztai. C'est le principal.

-Attention! Tu viens d'avoir un bref aperçu de ce qui t'arriverais si tu pousse trop loin tes forces! Tu pourrais en mourrir vois-tu? Un magicien, s'il n'a plus d'énergie magique, il en reste là. Un manipulateur de ki tire cette force au coeur de sa vitalité, mettant ainsi sa vie en jeu. Mais je te rassure il est très rare de voir mourrir des gens ainsi...

Et puis, le vieil Achille releva les jambière de son pantalon abimé et glissa deux doigts dans sa botte en cuir. Fier comme un enfant qui déniche un bonbon, il éxhiba (avec un minimum d'attention) un petit couteau au manche de bois.

-Autre bonne nouvelle, jeune woran!

-Où as-tu chipé cela? Demande le fauve impressionné. Décidement, son ami n'arrêtait pas de l'étonner...

-L'autre soir, quand Maverick t'as ouvert le dos à coups de fouets...

Aztai s'en rappelait que trop bien, du fait qu'il avait des cicatrices à peine refermées...

-Un des gardes s'est approché de la cage pour admirer le spectacle. Juste eu à tendre le bras et me voila armé!

-Armé? Tu comptes liquider toute la garnison du capitaine avec ça?

-Et pourquoi pas? lanca Achille sur un faux ton de défi. Ecoutes, cette nuit est la nôtre! Nous avons quelques heures pour élaborer un plan digne de ce nom et nous faire la malle!

-Hum... Une question me vient à l'esprit. Comment un jeune homme comme toi (Achille appréçiat la note d'humour) va-t-il se débarrasser de gardes ainsi armés? Moi-même j'aurais des difficultées...

Le vieillard approcha du woran.

-D'abord la discrétion, chuchota-t-il.

Il leva un index, contourna le flanc du woran et appuya au niveau du rein. Aztai sursauta.

-Exécution! Si nous voulons abattre ces hommes dans un parfait silence, c'est les reins qu'il faut viser. La douleur sera tellement forte qu'il ne pourront même pas crier! La seconde d'après il giserons morts à tes pieds...

Aztai réfléchit un moment.

-Vous êtes très effrayant Monsieur Achille. Surprenant certe, mais effrayant...