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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 2 Fév 2010 04:23 
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Ton professeur n’est peut-être pas l’institutrice la plus gracieuse, la plus charmante ou la plus aimable, mais en tout cas, elle prend son rôle d’instructrice avec professionnalisme, gardant un œil attentif et expérimenté sur toi alors que tu exécutes les divers mouvements en lesquels se décompose l’Estoc Droit qui est l’objet de ce cours improvisé. La demoiselle étant aussi rigoureuse envers elle-même que d’habitude, il ne t’est pas possible de lire précisément sur son visage fermé son appréciation de ta démonstration, mais il semble en tout cas moins réprobatrice que d’habitude, le sérieux dont tu viens de faire preuve lui convenant manifestement.
Cependant, tu peux la voir hocher la tête en se dirigeant vers toi quand tu as terminé… heureusement non pas comme si elle avait trouvé ta passe d’arme d’une malhabileté scandaleuse, mais plutôt comme s’il y avait dans ton exécution quelque chose d’embêtant, ce qui s’avère lorsqu’elle met fort à propos le doigt dessus :

« Tu n’as pas l’air concentré. Qu’est-ce qui ne va pas ? »

Peste, le chevalier bleu, dans un élan d’empathie inhabituel, se mettrait-elle tout à coup à avoir des attentions à ton égard ? Hélas, que nenni messire Belmont, car dans le ton de la donzelle, on serait bien en peine de déceler quoi que ce soit qui puisse s’assimiler à de l’amitié ou de la chaleur, l’altière dame se préoccupant apparemment surtout de parvenir aux meilleurs résultats possibles avec toi. En quelque sorte, elle détecte un trouble, et s’occupe de l’éliminer ! Il est d’ailleurs appréciable qu’elle ne le fasse pas de manière plus musclée comme elle en aurait pourtant été bien capable.


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 2 Fév 2010 05:52 
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Difficile de ne pas échapper à cet excès de concentration dont Jophiel faisait preuve et, encore plus difficile ne pas comprendre qu’il se tramait quelque chose de plus sérieux qu’une lacune dans sa maîtrise en court d’apprentissage. La demoiselle avait perçu en lui des caractères évidents, signe d’un mal-être profond ; savez-t-elle qu’il était lié à l’Estoc Droit qu’il apprenait ? non, pas jusque là, quand même. Stoïque, toujours en position, feignant d’avoir entendu la question, l’ancienne recrue amorça à nouveau un véloce coup en avant, faisant basculer la jambe droite rapidement en même temps que la main qui tenait la banale mais pratique dague à tout faire. Il termina son geste d’un petit « ha » faiblement sorti de sa bouche puis, renicha le pied de manière plus douce, l’encrant précisément et plus calmement que la première fois.
Se sentant près à recommencer, il trouva son manque de politesse et sa feinte auditive plus que vexante pour son instructrice qui gardait un air sérieux et concernée face à son entrainement. Ainsi, il lâcha sa position pugilistique et baissa la tête en chuchotant amèrement :


« C’est avec ce genre de frappe que je suis mort. »

Horrible lapsus qu’il avait commis ! Dans son âme, c’était clair : Jophiel mourut le même jour que son capitaine tant adoré, le sabre embrassant le cœur d’icelui l’emportant à Phaïtos pour l’ultime voyage. Cependant, le semi-elfe, toujours en vie, ne semblait pas être très reconnaissant vis-à-vis de sa Déesse sur ce coup-ci. Cette technique lui rappelait le moment où, symboliquement, la mort et la vie se battirent sur le cas du misérable soldat-guérisseur qu’il était.
Et Jophiel, sans se rendre compte de ce qu’il avait dit, continua de manière moins sèche mais tout aussi dramatique sur un ton âpre et éploré :


« Nous avons été victime d’une trahison en pleine retraite, un crime passionnel où j’étais de trop. Mais la vie m’a été encore accordée et cela, de manière bien miraculeuse. Nous… il s’agit de mon capitaine et de moi. Notre assassin, mon sergent et le meilleur ami du capitaine. »

Après un fade soupir, il regarda le ciel de manière désincarné, laissant presque l’éther magique prendre le dessus sur sa personnalité et son corps même. Le soleil commença doucement son petit périple habituel, rayonnant la solitaire forêt de l’est de Dahràm ; la tristesse n’avait plus sa place devant cette nature silencieuse qui s’éveillait de plus en plus bellement et, pourrions-nous dire qu’une grande chance de Jophiel était de ne jamais succomber à la passion, laissant place à la bonté naturelle de ces fluides qui faisait part entière de sa personnalité. Et en cet instant, s’il le pouvait, le semi-elfe s’effacerait parmi la lumière, fuyant la misère du monde. Il n’en fut ainsi et s’en sera certainement jamais pour lui, et c’est avec un petit sourire discret qu’il conclura à la dame un :

« Merci de m’écouter, cela ne me troublera plus. »

L’implicite « on reprend ? » de la phrase devrait être bien perçu par la consciencieuse paladine pensa Jophiel. Et, replaçant le pied gauche en arrière, le calant de nouveau à une base invisible, usant de rapidité pour mettre son arme en position de garde, le bras souplement plié, la main gauche tentant de stabilité son être en le tenant à la hanche de manière forte mais pas douloureuse, le pied droit en avant bien la petite buche qui lui servait de repère : il était à nouveau prêt pour un nouvel essai.

Il n’attendit pas les instructions potentielles de la dame pour tenter une nouvelle approche de la basique technique. Bien stable, il usa de son pied pour gagner en vitesse et ainsi, déclencher le bras plié en guise de ressort qui allait droit devant se frotter à la masse invisible qui servait de cible. La main gauche toujours sur la hanche pour empêcher une désarticulation du corps, il avait compris qu’il devait déplacer sa masse de manière uniforme et non de façon disloquée. Le haut du corps ne doit pas pencher lors que l’arme va pointer l’ennemi, mais se déplacer harmonieusement pour gagner en précision.
Il se remit en place et continua le petite manège jusqu’à atteindre une perfection de cette action qui peut s’avérer simple pour beaucoup mais qui se doit d’être une solide basse pour un équilibre en combat. Le pied droit en avant pour donner l’élan et la vitesse et ensuite, l’arme qui s’incruste féériquement vers la chimérique cible. Le couteau n’était pas grand et assez léger, s’adapter à une petite arme semblait être assez simple pour le Belmont, heureusement pour lui. L’attaque fini, le pied se retrousse en arrière de manière agile, le bras en position de défense.


Tout de même ! Fluide lumineux ou non, Jophiel faisait preuve de résilience fasse à un choc puissant qui réussissait à enfouir à nouveau pour se concentrer un peu plus paisiblement sur son exercice. C’était d’ailleurs sa seule fuite : le travail, la répétition du mouvement de manière fulgurante, attendant les remarques ou le commentaire de la sainte instructrice… d’ailleurs, avait-il usé un peu trop de sa bonté ou avait-elle compris que ce faire transpercer cela peut demander un petit moment de solitude ?
Froide, rustre, rapide, directe, solide ou efficace, elle devrait le comprendre… même un petit peu. Rien ne laissait paraitre dans sa voix un quelconque intérêt « empathique » mais plutôt là un simple processus de problème/solution. En tout cas, le semi-elfe l’avait un peu pallié même si un œil très fin pourrait entendre dans son coup le sinistre d’écho du seigneur Bartholomei qui eut susurré de manière sadique mais une certaine froide pitié :

« Je vise le cœur, je ne veux pas te faire souffrir. »

Jophiel visait le cœur de l’invisible cible, il tentait, en tout cas. Et à chaque fois qu’il termina son geste et que le couteau était bien tendu, il pouvait encore voir la lame entrant en lui ; cette vision s’estompa au fur et à mesure qu’il continua le geste, pour ne rester qu’un mauvais songe qu’il avait vécu une seule et unique fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 2 Fév 2010 20:21 
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Soit qu’elle ait compris ton trouble et qu’elle ne veuille pas remuer le couteau dans la plaie, soit qu’elle estime avoir autre chose à faire que de jouer le rôle de psychologue pour toi, la paladine se contente de te regarder parler avec un air toujours aussi assuré et insondable.
Toutefois, pour sa défense, précisons que la première option paraît plus vraisemblable que la seconde, car quelque chose dans la fixité de son regard de même que dans la droiture de son port avait de quoi signifier qu’elle comprenait ton traumatisme, ou du moins qu’elle était capable d’en concevoir les tenants et les aboutissants. De plus, lorsque tu affirmes de vive voix pouvoir passer outre cette gêne profonde qui te hante, elle hoche doucement la tête avant de se mettre légèrement en retrait pour te donner une bonne marge de manœuvre, marque de connivence certes très discrète, mais qui n’est pas à négliger de la part de quelqu’un d’aussi fermé et sobre que le chevalier bleu.
De plus, consécration fort inhabituelle, la dame prononce ces paroles au bout d’une bonne vingtaine de minutes d’assauts fantasmagoriques répétés :

« C’est bien. »

Trois simples mots tout en concision, mais qui veulent clairement dire qu’elle juge ta maîtrise de l’Estoc Droit à tout moins satisfaisante. Cependant, fidèle à ses habitudes, elle ne perd pas davantage de temps à s’épancher ou même à te laisser savourer ton succès, dégainant déjà son épée d’azur en un signal de l’amorce d’un nouvel apprentissage pour toi. Cette fois-ci encore, elle entend de toute évidence rester fidèle à l’aphorisme qui veut qu’une courte démonstration vaut mieux qu’une longue explication ; mais plutôt que de s’en prendre au vide, elle vient se mettre face à toi, en un garde-à-vous franc, mentionnant avant de démarrer :

« Sois attentif. »

Et vlan ! Il ne s’est pas écoulé une seconde qu’elle est déjà entrée en action, levant son arme vers le haut pour frapper manifestement un grand coup au niveau de ton épaule gauche. Cette nouvelle technique consisterait-elle à savoir encaisser plus efficacement les coups et à mieux résister à la douleur ?
Heureusement, non, car alors que tu ne peux bien évidemment pas t’empêcher de te décaler par réflexe vers la droite pour éviter l’attaque, voilà que l’épéiste, par un mouvement souple du poignet à la vivacité inattendue, réoriente la frappe, faisant passer très rapidement la lame bleutée à la verticale devant ton visage avant qu’elle ne se remette à l’horizontale, cette fois-ci au niveau de ton cou, par ton côté droit qui est bien sûr complètement exposé.
Évidemment, la demoiselle qui n’a pas pour but de te faire passer de vie à trépas stoppe son geste à quelques centimètres de cette précieuse partie vitale qu’est ta gorge, et se remet dans une position moins offensive pour une petite explicitation de ses mouvements martiaux :

« Le but d’une Feinte… » Puisque c’est ainsi que se nomme cette manœuvre « … est d’induire ton adversaire en erreur en lui faisant croire que tu vas l’attaquer quelque part pour déséquilibrer sa défense et ainsi le prendre au dépourvu avec ton coup suivant. » Te laissant quelques secondes pour assimiler correctement ces données, elle te donne une précision supplémentaire sur le sujet « Contrairement à l’Estoc Droit, je ne peux pas te donner de gestuelle précise ; il faut que tu sois capable d’improviser une passe d’arme différente à chaque fois pour surprendre ton ennemi. C’est un coup à prendre. »

Et c’est ainsi que se termine le temps de la théorie pour toi, l’heure étant maintenant venue de passer à la pratique puisque ton instructrice change à nouveau de posture, levant son épée pour la placer en travers d’elle, sur la défensive. Il ne reste plus que le signal de départ à donner, et c’est ce qu’elle fait le plus directement du monde :

« Essaye sur moi. »


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Jeu 1 Avr 2010 12:07 
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( Une feinte hein ? ) remua-t-il doucement en lui tout en essayant de faire tourner son couteau. Il faut bien appuyer sur le fait « d'essayer » car il ne réussissait pas et pour peu qu'il ne soit pas un minimum prudent, la lame l'écorcherai à vif ! Mais bon, Jophiel cogitait silencieusement sur un moyen de surprendre l'adversaire – ici, le chevalier bleu -, et il se rendit compte que ce n'était pas aussi facile que de se contenter d'imiter un mouvement et de le répéter: chaque situation est unique.

Peut-être un peu trop pour lui.

Il l'avoua pour lui, il fut assez surprise de l'attaque du chevalier contre lui ; une frappe exemple qu'il devait répéter au mieux pour sa survie au sein d'un univers certainement très hostile. Une idée apparu soudainement comme si Gaïa éclaira son visage d'une connaissance profonde lui permettant de se tirer de ce mauvais pas. Masquant du mieux qu'il pouvait son sourire, il replaça ses pieds dans une position confortable à l'action et pointa la lame non pas devant la paladine mais de façon à ce que le bout de métal se retrouve en arrière, contre sa propre personne. Marquant bien ses placements, soufflant tranquillement comme s'il attendait quelque chose... puis boum !
Il bondit sur sa cible en posant une question de façon bien trop naturelle :

« Je ne connais pas votre nom, depuis que nous nous connaissons, je ne peux pas vous nommer ! »

Il bondissait comme un petit chat les crocs en avant vers l'épaule droite de son adversaire, elle, très consciente probablement de ce qu'il va tenter de faire. Durant sa charge, il avait monté un petit plan pour le moins simpliste mais il espérait que cela allait fonctionner sur elle ; en effet, le jeune homme s'abaissa doucement pour s'apprêter à donner un terrible coup de poing dans les côtes de la demoiselle. Et tout tout recourber qu'il pouvait être, icelui se releva rapidement dans la veine tentative de se placer correctement pour lui assener avec la dague une attaque en direction du joli faciès du chevalier !

Si on regardait plus précisément les actions du jeune homme, celui-ci courut vers son institutrice le bras armé près à foncer sur sa proie puis, Jophiel se mit rapidement à terre pour lui administrer un punch du poing vierge d'objets mais il feinta ce coup pour vite reculer et lui ôter un coup de dague en direction de la figure de la dame : il ne devait pas que surprendre le Jophiel, il devait aussi trouver de bon angle d'attaque et là, on ne les voit pas vraiment.

Enfin, ce n'était certainement pas à lui d'en juger et il n'en avait pas l'esprit ; d'ailleurs, on oublia de mentionner la question « compromettante », Jophiel pensait : ( Si elle se fait nommer ainsi c'est bien qu'elle doit avoir un nom ridicule ou qu'elle le déteste sérieusement son nom ! )

Bah, là, il avait vraiment des intentions masochistes ! Si la dame détestait son nom, elle n'allait pas se retenir contre cette feinte à trois sous ! Peu importe, le résultat, c'est le résultat qui compte !

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mer 19 Mai 2010 18:17 
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Après avoir passé la porte de Dahràm

Noroeb a quitté la ville par une porte donnant sur la berge est du fleuve, et la nuit voilant la plaine ne lui permet de pas de déceler le moindre pont. Au lieu de cela, ce sont des dizaines de petites lueurs allumées, aussi régulièrement que des veilleuses avertissant le voyageur de la proximité du fleuve ; la mise en garde ne porte pas sur les personnages qui non loin des feux et des braseros se reposent ou tout du moins miment l'assoupissement, le dos rond, l'oeil a demi clos, les oreilles sensibles au bruit du brin d'herbe qu'un autre que le vent ploie, la main sur leur arme. Ceux qui ne sont pas sur terre se laissent bercer, non sans vigilance, par le courant du fleuve, dans leurs barques signalée par un fanon ou deux. Et éloignés de l'onde noire, des groupes de tentes ; l'instinct grégaire va de paire avec la survie dans cette logique d'organisation, celui qui veut passer la nuit peut rarement le faire seul si dormir est l'une de ses intentions. Dormir, c'est tourner le dos à l'assassin, et se peindre une croix blanche sur le cou là où sa lame assurera une mort silencieuse et certaine.

(Peut-être était-ce à cela qu'Eitan faisait allusion en évoquant le dehors. Il ne parlait pas de la nature ou de la forêt, seulement de cette plaine, de ceux qui y dorment. N'aurais-je pas été plus en sécurité dans la ville jusqu'au jour ? Non... De jour on m'aurait aperçu, tandis que de nuit, la couleur ma couleur de peau joue à mon avantage. De toute manière, regagner la ville attirerait certainement l'attention des gardes. Pour peu que l'envie leur prenne, ils s'occuperont de mon cas et adieu yus, corde, vêtements, pourquoi pas adieu la vie... les marins sur le bateau parlaient bien de créatures prêtes à verser une bonne somme pour un cadavre ; si les nains existent, pourquoi pas de telles pratiques ? Les orques de Nosvéris n'étaient pas beaucoup plus tendres. Je pars donc... le fleuve semble descendre au sud, la route aussi, et avant de toucher terre la côte m'a semblé former un front assez étendu... mieux vaut éviter d'emprunter les voies qui m'amèneront à faire des rencontres indésirables... Va pour le sud-est.)

La route quittant Dahràm a connu de meilleurs jours, et elle n'apparaît pas comme destinée aux marchands et aux caravanes, tout juste aux voyageurs et contrebandiers ; elle doit encore être empruntée, et les camps doivent être montés de tout son long comme c'est le cas pour le fleuve. Noroeb préfère la quitter avant de croiser qui que ce soit, ou quoi que ce soit ; il oblique dans la direction qu'il s'est fixé, s'éloignant et du chemin, et du fleuve et de la côte. En face de lui, moins de scintillement, et plus du tout au loin semble-t-il ; éviter les plus proches sera plus aisé que de se risquer sur les chemins praticables, donc pratiqués. Marchant à pas qu'il veut les plus légers possible, il progresse parmi les herbes hautes qu'aucune culture ni aucun troupeau ne viennent combattre ; des graines plantent leurs griffes jusqu'en haut de ses cuisses. Le vent imprime à la plaine des mouvements d'onde qui ne sont pas sans rappeler ceux de la mer, si bien que Noroeb dans la nuit peine à estimer les variations du relief, et manque de trébucher lorsque sous ses pas se manifeste une dépression dans le sol – une cuvette dont rien ne permet d'indiquer l'origine. Il évalue à quelques centaines de mètres la distance qui le sépare de la chaussée et des remparts, et n'apercevant autour de lui ni ombre suspecte, ni signal d'un camp quelconque dans un périmètre immédiat, il s'allonge dans le repli de terrain pour régler la question de ses blessures, jugeant que de là il ne sera probablement pas découvert par un autre voyageur le temps que durera l'opération.

(Vais-je encore tenir ainsi toute la nuit ? Elle est moins froide que d'autres que j'ai connu. J'errais alors, mais lorsque je le désirais, j'avais un but : la trace d'une bête, la maison... Me voilà à fuir, sans idée d'où aller... Je vais probablement mourir, mais au moins, j'aurai tout fait pour que cela n'arrive pas. Je mourrai au bout de mes forces, mais loin de cette ville. Et peut être ne mourrais-je pas... C'est étrange... je n'ai pas peur de mourir. Je suis mort lorsque j'ai fui ma tribu, lorsque j'ai fui la terre qui m'a vu naître, sinon je n'aurais pas supporté le voyage en navire, le capitaine... seul un mort peut tout accepter ainsi... je suis mort pour tous ceux qui m'ont connu. Même pour moi... Ou la conscience de la mort est-elle encore loin ? J'ai mieux à faire d'ici l'heure où mon coeur s'arrêtera, et si je ne fais rien, elle viendra tôt, cette heure...)

Ôtant sa chemise, il procède à un rapide inventaire des plaies infligées par Eitan, afin de les nettoyer à l'aide de l'alcool – le guérisseur de sa tribu conseillait cette méthode, car ce qui brûle la gorge et les yeux peut aussi bien brûler les origines du mal – et de les panser au mieux ; de jour, peut-être aurait-il pu récolter quelques plantes connues et les appliquer sur ses blessures, mais il faut parer au plus pressé. Une belle croûte s'est formée au point d'entrée de l'écharde, aussi ne s'en soucie-t-il pas ; les estafilades reçues à la pointe du couteau ont pour certaines été touchées par la boue qui couvrait sa tunique, quand le sang coagulé n'est pas resté accroché au tissu. Louant la générosité du nain, Noroeb tire de son sac un des linges enveloppant les miches de pain, et déchire le tissu en lambeaux, qu'il noue de manière à former quelques bandes sommaires ; la pièce de la deuxième miche est promptement changée en une série de tampons, les quelques lanières restantes assurant un appoint. Chacune des cinq plaies est nettoyée et y sont appliquées cinq compresses imbibées d'alcool – Noroeb a serré les dents pour ne pas hurler en sentant la brûlure – , soutenues par les rubans blancs qu'il s'est arrangé. Avant de repartir, il s'accorde d'avaler une tranche de viande et quelques bouchées de pain arrachées à même la meule ; son « repas » achevé, il gratte le sol afin d'atteindre la terre, puis crache sur la poussière pour d'obtenir un semblant de boue qu'il étale sur la partie extérieure de ses bandages transparaissant au travers des déchirures de la tunique, et sur la boucle de sa ceinture dont il craint un éclat si d'aventure il doit s'approcher trop près d'un feu.

(Remis en état jusqu'au jour... mais ça brûle ! Sur ce point le guérisseur de la tribu n'a pas menti, ça tuerait n'importe quoi. Peut-être même que ça me tuera ! Enfin... ça me tiendra éveillé le temps de trouver un abri...)

Sa pause n'a que trop duré, et il reprend son chemin, penché vers le sol au plus près des herbes ; rien ne vient rompre la monotonie de la plaine, et il n'apperçoit pas d'arbre : pour peu qu'il y en ait, ils doivent faire l'objet d'une compétition de la part de tous les groupes vagabonds, et fournissent malheureusement un bon poste d'observation duquel on ne manquerait pas de l'apercevoir ; quand ils n'ont pas offert une bonne flambée. Au dessus de la campagne, la lune se découpe en un très mince quartier, et n'émane d'elle qu'un léger halo pâle, que celui des étoiles ne soutient guère ; la nuit sombre enveloppe le fuyard qui souhaite laisser loin derrière ses pas la ville. La contrepartie de ces ténèbres est une peur rampante, la cité diffuse son poison aux alentours, une emprise à laquelle il est difficile d'échapper ; pas un chant d'oiseau ne vient apporter une touche de vie, le chuchotement du vent règne, avec les vagues brisées sur le continent qui s'effacent un peu plus à chaque enjambée. La plaine est entre terre et mer, et l'homme y a imprimé sa marque. Ou est-ce le seul effet de l'imagination des étrangers ?
Laissant deux campements à sa droite, Noroeb s'oriente vers les flots, avant de revenir à sa trajectoire initiale, tout du moins ce qui s'en approche. Il espère traverser la plus grande distance possible durant la nuit, et parvenir aussi loin que ses jambes le porteront le jour suivant ; il ignore les limites la nappe herbeuse, la seule évidence présente à son esprit est la nécessité de fuir le foyer de loups où il n'aurait pas manqué de se faire dévorer.

(Voilà des heures que je marche... et voilà des feux au loin, pour compléter ceux du fleuve que je me suis acharné à éviter. Mais ce qu'il y a derrière me semble être une forêt. Je ne sais pas si je tiendrai bien longtemps demain, et s'il s'agit bien d'une forêt, mes chances seront plus grandes de m'y glisser avant l'aube. Autant s'approcher et observer, ces campements ne doivent pas constituer une barrière infranchissable. Ce doivent être des chasseurs, ou plutôt des trafiquants de peaux qui boucanent la viande pour la revendre par la suite à tout ce que Dahràm compte de pirates et de mercenaires. Ce sont peut-être eux qui ont arrangé la venaison que je transporte. Ceux que j'avais eu l'occasion de croiser à Nosvéris voyaient d'un mauvais oeil qu'on approche de leurs territoires de chasse, et ils ne doivent pas faire exception ; mais ils ne sont pas précautionneux au point de ceinturer complètement la lisière du bois... en général. Le tout est que l'un d'eux ne me prenne pas de loin pour un animal, ils seraient bien capable de m'abattre comme un vulgaire sanglier...)

À la marche, il a préféré la reptation pour finaliser son approche, fondu dans la végatation qu'il couche à mesure qu'il avance, allant jusqu'à déloger quelques insectes camouflés en tiges. Noroeb a adapté sa trajectoire selon les quelques observations auxquelles il s'est risqué en se redressant quelques instants, afin d'estimer quels feux étaient les plus espacés, et par là même son lieu de passage.

« T'as du flair gamin, t'as choisi le bon coin» chuchote soudain une voix grave aux côtés de Noroeb. A-t-il été inattentif ? Le vieillard porte une robe de bure noire et arbore un chapeau de laine de même teint, ainsi que, atour ô combien insolite, un fourreau ne déparant pas dans la tenue pour sa barbe que l'on déduit être d'une longueur appréciable puisqu'elle lui tomberait à mi-poitrine ; il se tient accroupi à deux pas du Wotongoh, un sac quelque peu volumineux de cuir sombre sous le bras gauche, une espèce d'instrument à corde, au manche long comme le bras, à la caisse ronde et bombée dont le diamètre environ deux fois moins important.

« Qui êtes-vous ? Qu'est-c'que vous faites là ? »

« Tais-toi donc, ils risquent de nous entendre ; entre nous et un gibier, il y a matière à se méprendre. Gagnons donc la forêt, nous discuterons après. Sous les chênes nous attend le salut ! »

Sans avertissement, il décolle son arrière-train des talons et file plus agilement que ne le laisse présager son âge vers le couvert des arbres, sans faire entendre le bruit de ses pas. Presque comme par réflexe, Noroeb se lance dans son sillage, d'un bref coup d'oeil remarque que le garde s'emploie à remuer la soupe sur le feu, et parvient à gagner les première colonnes, l'abri de la voute. Le vieillard n'est plus là.

Plutôt que de demeurer à la lisière de la forêt, à portée des chasseurs, il s'enfonce dans les taillis jusqu'à repérer un solide chêne où il grimpe pour passer la nuit ; adossé contre le tronc, calé par d'épaisses branches, il s'attache au tronc par quelques noeuds dont il a le secret, rapides à défaire tout en assurant une bonne tenue. Même si en dormant il bouge, il ne tombera pas.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Sam 22 Mai 2010 18:25 
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C'était le milieu de la nuit, éclairée par la lune. J'étais devenue une silhouette solitaire qui avançait entre les sapins et les buissons, se faufilant d'ombre en ombre. Une silhouette mince au pas élastique, mince, athlétique...Déterminé. J'étais moulé dans un ensemble de cuir bleu nuit, volé pendant mes nuits dans la cité.
Tout bien réfléchis, le seul chêne à tronc creux que je n'avait jamais vue dans cette forêt était celui planté au milieu de la clairière ou le soleil ne pouvait filtré. Il se dirigea sans tardé vers le lieu, qu'il pensait être le mystérieux endroit indiqué.

Les arbres, leur relief atténué, se succédaient les uns aux autres. Quelques buissons rompaient parfois la monotonie de l'endroit.
Au bout d'une petite heure, tout en surveillant les alentours, je fût pris d'une envie subite de passer par le feuillage. Sautant d'une branche à l'autre d'une souplesse assurément féline, j'arriva à destination dans la demi-heure qui suivit.
Une petite clairière parsemé de malharres en pleine période de prolifération puisque ces mauvaises herbes ne dépassait pas encore les cinq centimètres de haut. Je sauta à terre sans faire le moindre bruit, mes bottes enfoncée d'un demi-millimètre tout au plus. Je me dirigea ensuite vers le sombre chêne planté en plein milieu de la clairière.
Tout en marchant, je sentait la présence de ma belle de mort, rangée dans le fourreau de ma botte en daim brun.

Arrivé au centre de la clairière, un petit coffret en bois vert était disposé dans le creux de l'arbre, un centre tout à fait circulaire. Je me demandais quel pouvait être les instructions précisé dans cette boîte...
En prenant d'infinie précaution je me saisis du coffret, non pas à pleine main, mais par le dessous et un peu en biais par rapport à l'ouverture de la châsse. Aucun bruit, pas de clic, pas de poison, pas de lame. Assuré que le coffre ne soit pas un piège, je le pris enfin à pleine main et le dépose dans la mauvaise herbe.
Ce que je découvrit fût un parchemin qui avait été déposer la récemment vu son degré d'usure pratiquement inexistant. Les instructions était clair et net, tuer le marchand de drogue - le dénommé Pelsogrya – dans son manoir situé à l'est de la cité.

Je lisait le résumé que mon très cher patron temporaire avais écrit de son écriture joli et fine mais d'un grotesque sans pareil. Mon instinct éprouvée me fit brusquement lever la tête. Suspendu à une petite branche de sapin par quelques procédé mystérieux, nimbé d'un halo rouge qui l'enveloppait tel un suaire, se tenait un homme vêtu de cuir également rouge, le crâne rasé, élancé, les paupières curieusement peintes de noir.
L'homme se laissa tomba les pieds joints visant le haut de mon crâne. Je plongea alors sur le coté, effectua une roulade et me retourna en position de combat. Dans le même temps, l'inconnu se reçut sans heurt sur le tapis d'herbe avec une souplesse étonnante. Lui aussi prêt à l'affrontement.
J'avais suffisamment arpenté les voies de la violence pour le savoir. Je n'avais pas besoin de réfléchir ou d'interroger l'autre. Ce dernier était là pour me tuer, c'était évident.
Tuer ou être tué, j'en revenait toujours là. C'était mon élément, mon oxygène, mon essence.

« Qui t'envoie ? » demandais-je calmement.

L'autre ne répondit pas. En revanche, il étira ses poings devant lui, en parallèle, dévoilant des sortes de gants, surmontés au niveau des jointures par des pointes métalliques. Visiblement des armes conçues pour provoquer d'horribles blessures.
Je dégaina ma dague sombre de son fourreau de botte d'un geste coulé. L'homme eut un geste curieux du poignet et le halo qui l'enveloppait gagna en intensité. Aimantée par une force mystérieuse, la Belle de Mort fut arrachée de ma senestre pour venir se coller sur l'un des gants de mon adversaire. Ce dernier arbora un rictus satisfait avant de décrocher l'arme pour la lancer derrière lui, hors de portée.
Pourquoi cet homme voulait-il me tuer ? Contrairement à la majorité des adversaires que j'avais affrontés, celui-ci n'avait pas menacé, ne s'était pas vanté. Il n'avait pas soufflé mot, ni donné la moindre indication de ce qui pouvait cette attaque. Était-il seul ? N'était ce qu'un exécutant ? Je ne l'avait jamais vu auparavant, de cela j'étais sûr.
L'agresseur avança, zébrant l'air d'allers-retours rageurs de ses poing gantés ; je recula, avant de faire un pas de coté et de frapper mon adversaire d'un coup de pied sauté dans l'épaule. L'assassin accusa l'impact et repartit à la charge. Je détourna une frappe de mon avant-bras, riposta d'un coup de coude au visage. La pommette violemment tuméfiée, le tueur secoua la tête mais ne tomba pas. La lumière rouge qui l'enveloppait s'intensifia et l'hématome s'effaça dans les quatre secondes suivantes.
L'assassin était rapide, son style à la fois fluide et puissant. Il se mouvait comme un guerrier éprouvé qui n'avait pas dû souvent goûter l'amertume de la défaite. Pas vraiment étonnant, s'il était protégé de sa magie pourpre.
Chaque fois que je provoquait une blessure , la lueur s'avivait pour guérir mon adversaire. Ce dernier d'ailleurs ne prenait plus soin de sa défense, seule l'offensive le motivait et j'avais du mal à résister à sa puissance. Il savait qu'il devait utiliser ce manque de défense à son avantage.
Je reçus un coup de genou dans les côtes, je plongeas de coté, évitant un revers de gant qui m'aurait arraché le visage, je me redressas, lança un atémi en arc de cercle. L'assassin esquiva, fit un pas en avant et balaya l'air d'un revers du droit. Son gant déchira mon pourpoint comme du papier, lacérant ma chair également, à hauteur des côtes. Tout entier concentré sur le combat, je refoula la douleur dans un recoin de mon esprit. Je recula alors pour me mettre hors de portée. Mais l'autre enchaînait déjà, tournant sur lui-même pour prendre de la puissance ; son autre poing vola en diagonale haute pour m'atteindre en pleine poitrine. Une nouvelle blessure, tout aussi cuisante que la première.
Pourtant j'avais l'avantage à présent, et le prix que je venais de payer valait bien la peine, car porté par son assaut, l'autre avait fait un pas de trop.
L'ange emprisonna les deux mains tendues de l'agresseur à l'intérieur de son avant-bras, les bloquant contre sa hanche, avant d'asséner un coup de tête au visage du tueur. Dans la foulée, je me glissa derrière lui et crocheta le dessous de son menton. Je lui lança aussitôt un coup de genou dans les reins. Puis, tout en renforçant mon étreinte autour du cou de l'autre, je le força à s'arquer en arrière. Pesant alors sur l'assassin de toute mes forces, mon genou collé dans ses reins. Un rictus sauvage aux lèvres, je contracta mes muscles, me cambra. La colonne vertébrale du tueur céda, se brisant dans un craquement qui me fît rire à plein poumon. Le halo de couleur qui enveloppait le cadavre de l'assassin se mit à luire mais c'était trop tard. Une telle blessure ne pouvait être guérit par la lumière pourpre.
Peu après la lumière rouge s'intensifiait encore et se mit à dissoudre la dépouille de l'assassin dans son entier, avant de refluer, puis de disparaître.
Je récupéra ma dague sombre, ma « Belle de Mort »
Récupérant le parchemin de mon employeur je revînt sur mes pas et contourna les murs de la ville. Pendant le trajet je ne cessa de me demander qui pouvait être se mystérieux agresseur.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Lun 24 Mai 2010 18:25 
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La nuit était déjà bien avancé et le soleil commençait à poindre à l'horizon. Un des temples de la ville annonça six heures à l'aide de ses innombrables cloches. On pouvait aussi voir que ce serait une belle journée, le ciel totalement exempt de présence nuageuses annonçait la venu d'un ciel d'un bleu profond.

Mais toute cette beauté, je n'en avait cure. Tous ce qui m'intéressait désormais, c'était de tuer ma proie, ma victime...
Le site où j'avais dormi était aéré, baigné dans la lumière de la lune. Bien qu'ayant dormi sur un seul œil, je me sentais pleinement revigoré. Toute cette fatigue que l'assassin à la magie pourpre avait instauré en moi-même était parti.
Après avoir effectuer mes exercices d'étirements et de musculation matinale, je me remis en marche vers l'est. Vers ce que je pensais être, l'antre du soit-disant trafiquant.

La forêt était de plus en plus sombre et inhospitalière. Beaucoup de hautes cimes d'un feuillage velu et sombre coupait l'accès à la lumière. Des racines gigantesque ne facilitait pas non plus la marche à pied. D'un mouvement souple et vigoureux des jambes, je me hissai sur une des branches d'un grand pin avant de démarrer une course effrénée entre les branchages.

La course se révéla ardue et semée d'embûches, beaucoup de plantes grimpantes se révélèrent épineuses et je me surpris plusieurs fois à m'égratigner.
Arrivé sur un chemin donnant directement sur le manoir, je le vit comme je me l'étais imaginé. Placé entre deux solides collines, totalement exempt de végétations, le site faisait penser à une décharge d'ordure. Beaucoup de déchets était éparpillé autour de la maison dont plupart était de gros tonneaux de vin vide.
Aussi, tout en haut de l'édifice, on pouvait distinguer une légère lumière pourpre ainsi qu'un homme qui semblait regardé dans la direction de ma silhouette.

Soudain, j'entendis le bruit d'un cheval lancé au galop. D'un vif mouvement du poignet je dégaina mon cimeterre et plongea dans les arbustes longeant le chemin.
Le cavalier avait quelque chose d'étrangement familier... Il s'arrêta un moment, scrutant les arbustes. Mais ne sembla rien voir. Et au bout de quelques secondes, la lumière pourpres aperçu sur le premier assassin apparût sur le torse de celui-ci. Mille questions tournait dans ma tête.
L'assassin porta alors sa main à son épée et avança son cheval dans ma direction. Tous à coup il releva la tête et regarda dans la direction opposée. Je ne chercha pas pourquoi il avait été déconcentrée mais pris d'une idée subite je me saisis d'une pierre et l'envoya valser dans la direction du manoir.
Se retournant bien plus vite qu'il ne laissait paraître à première vue, il s'élança dans cette direction, toute bride abattue.

Je ne me fit pas prier pour sortir et sautais sur une branche d'un haut sapin présent non loin. Arrivé la-haut je vit le tueur passer le portail du manoir.

*Ainsi donc, le mystérieux assassin que j'ai tuer dans la nuit venait d'ici. Le maitre des lieux est donc prévenue de ma présence. Peut-être que c'est pour sa que le patron n'a rien voulut me dire de plus dans les rues de Dahràm...*

Je contourna alors l'édifice repérant ses moindre entrées et sorties. Pas beaucoup, à part l'entrée principale il n'y avait que l'entrée de la cave camouflée. Le toit était accessible par les arbres mais devait être suffisamment protégé par magie et sachant pertinemment que la magie n'était pas mon fort, j'oubliai très vite cette idée.

Cette course dans la forêt et le repérages des lieux m'avait fait perdre un temps précieux. Le soir commençait à tomber et le soleil ne tarderais pas à se coucher. Je me rendis alors vers un arbre assez loin de l'entrée mais pas trop tout de même pour pouvoir guetter la moindre entrée ou sortie de tout le personnel.

Le site trouvé et bien camouflée je commença mon travail d'espionnage qui m'aiderais grandement à la réussite du contrat.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Jeu 27 Mai 2010 22:28 
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Contrairement à la journée d'hier, le ciel d'aujourd'hui était nauséabond et virait du gris au noir sans arrêt. La pluie aussi était au rendez-vous, avec ses averse orageuse assez mouvementée... La nuit avait été insupportable.

Tapie sous d'épais feuillage à l'abri du froid, je m'étais endormie à la tomber de la nuit. Dormant toujours que d'un œil pour éviter tous risque d'être surpris, j'avais vu et surtout sentie les gouttes de pluies me tomber sur le visage. Une nuit épouvantable que j'avais passer là.

Par contre, je savais désormais que jamais les résidents du manoir ne quittait leurs demeure de nuit. En effet, personne n'était sortit du manoir de toute la nuit. Je savais aussi que le cavalier que j'avais repéré le jour d'avant quittait la résidence tôt le matin. Un problème à régler au plus vite.
Ce cavalier, si je ne le tuait pas, finirait par me pauser problèmes.

Un plan ayant germé dans ma tête, je commença à courir dans la forêt. Arrivé vers de grosses branches assez basses à quelques kilomètres de la demeure, je me hissa sur celles-ci assez aisément et attendit mon heure.

En attendant, je me remémora mon plan qui n'était autre que de tuer ce potentiel gêneur pour pouvoir assassiner ensuite ma véritable proie.
Attendant encore et encore, les heures de la journées défilèrent. Parfois long, parfois rapide c'était ma patience qui était de mise pour cette partie du contrat.
La nuit commençait à tomber quand j'entendis les bruits des sabots d'un cheval lancé au petit trot.

Toujours allongé sur la branche, je regardais le cavalier approcher. C'était bien le même, costume de cuir noir avec bottes en daim sombre et épée accroché sur le dos.
Quand il arrivât à mon niveau, je sautais, dague pointée droit vers son cœur. Ce n'était pas assez pour un adversaire tel que lui. Quelques millisecondes avant l'impact, cette étrange lueur rouge s'activa et le cavalier sauta de son cheval avec une agilité époustouflante. Le cheval ayant pris peur s'enfuit dans la direction inverse.

En position de combat et épée à la main, le cavalier commença à tourner autour de moi. Il me fixait d'un regard plein de colère et d'envie de tuer, un regard au bord de la folie. Sa technique n'était en rien reconnaissable de tout ce que j'avais pus voir en sortant de l'académie de l'élite Shaakt. Un mélange de combat au corps-à-corp et de magie... Un adversaire pour le moins redoutable.

Ayant pris position, j'attendais qu'il porte le premier coup. Un seul et simple coup qui pourrait m'aider à porter la contre attaque. Le coup vint peu de temps après, un coup de biais, un coup vicieux. Esquivant adroitement d'un revers de ma lame et sans tarder je m'engouffra dans sa défenses, du coté de son flanc à découvert. Mais l'assassin se montra une fois de plus trop rapide pour moi.
D'un mouvement souple il dévia ma lame de sa trajectoire. Sa garde baissé et encore concentré sur son esquive, je lui décocha sans attendre un coup de botte dans les tibias qui lui fie perdre son équilibre pendant quelques secondes.
Cette ouverture que j'attendais, enfin dévoilé je voulut planté ma dague dans son organe vital. Elle n'arriva jamais à ce point mais lui coupa un morceau de peau au niveau du visage.
Ce morceau, un bout de lèvre explosant de sang, aveugla temporairement le tueur. C'était là sa fin. Effectuant un mouvement gracieux et félin, je lui trancha la gorge. C'était bon de voir enfin cet ennemis agonisant à terre, en train de perdre du sang tel une fontaine. La lueur rouge s'intensifia alors, essayant de soigner la blessure de l'homme. Mais il perdait trop de sang, même cette puissante magie ne pouvait restituer tant de ce précieux liquide.
Arrivé à sa mort, la lumière rouge s'intensifia encore et consuma le corps sans vie gisant à mes pieds.

La traque pouvais enfin commencé.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Sam 29 Mai 2010 20:50 
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( [:attention:] Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture. [:attention:] )

Mon forfait perpétré et le corps consumé – cela m'arrangeais d'ailleurs puisque je n'avais pas besoin de le cacher -, je repartis vers le manoir. Pendant le peu de temps que je sortis à découvert, je vis cette silhouette, au dernier étage de la demeure, entourée de son halo rouge. Cette silhouette semblait, comme la dernière fois, me fixer.

Le chemin traversée je ne pus plus la voir, caché par les arbres et les hautes cimes de cette forêt sombre.
Refaisant ce chemin entre feuillages et feuilles mortes, je me surpris à rêvasser plusieurs fois... D'abord à mon ancienne vie dans les souterrains de Gwadh et ensuite, à mon entrainement parmi les miens. Cet entrainement que j'allais devoir utiliser parfaitement et au mieux de ma forme pour pouvoir battre cet autre assassin ou quel qu'il soit, caché tout en haut de sa tour.
Le chemin qui me rapatriais vers mon repaire initial à coté de la résidence était cours. Et la nuit était déjà tombé. Ce serait ce soir ou jamais pour finir mon contrat.

Arrivé sur place, j'entrepris de passer par la porte donnant sur la cave pour entrer. Le parcours s'avéra rude. Passant au dessus d'un petit muret équipé d'une bordé de pique, je dus déployer nombre de ruse et d'agilité pour réussir à passer. Étant passer par-dessus, je sautais dans une herbe jaune parfois violette tellement elle étais gorgé de vin. Tout autour de moi s'empilait tonneaux, barrique ou encore bouteille de vin rouge, épais mais parfois presque transparent. Hideux, ce vin étais hideux.

Marchant avec précaution au niveau des décombres et des rejets de la terre de tout ce fluide, je m'approcha de la porte de la cave. Pour l'instant tout allais bien, pas de piège que ce soit magique ou mécanique et aucun bruit au alentour pouvant trahir un quelconque intrus... Autre que moi.
La furtivité n'était pas un problème pour moi, repus à ces techniques depuis mon plus jeune âge je pouvait me fondre en terrain découvert avec aisance.

La porte était à deux mètres quand un clic se fît entendre. Je fermais les yeux, pensant que mon heure était arrivé... Mais rien, juste un clic. Je rouvris les yeux et vus que la porte était ouvert. Baissant les yeux, je m'aperçus qu'un dispositif secret venait de s'activer quand j'avais marché dessus.
Assignant l'étrange coïncidence au hasard ou à la chance je repartis sans me poser de question.

Parcourant les derniers mètres avec prudence, j'arrivais enfin en haut des escaliers. Il faisait froid très froid. La température ne devais pas dépasser les zéro degrés. Une odeur, mélange de vin périmé et de chair moisi se dégageait de la cave.
Toujours avec prudence et observant, je descendis les quelques marches menant au sol humide de la cave.

Ce que je découvrit alors ne me fie ni chaud, ni froid. Une rangée de cadavre boursouflée à la chair pourri se tenait alignée entre le mur à ma gauche et le mur de la porte d'entrée. Saurait été une vision cauchemardesque pour un humain, mais pour moi c'était quotidien. De plus on pouvait distinguer de très léger signe de torture et de contusion sur les cadavres. Un travail fait trop vite, inachevé et mal fait.

Je dû m'accroupir pour passer sous un des cadavres. Soudain, celui-ci me tomba dessus. Écrasé sous son poids, je lutta pour m'en sortir... Au bout de quelques minutés de suée, je réussi enfin à sortir une main. A partir de là, c'était facile, je sortis l'autre main et d'un geste brusque, envoya roulé le macabée.

Relevé et encore plus sur mes gardes, je partis d'un pas décidé en direction de la porte. Effectuant la traversée en quelques bonds soigneusement calculé. La porte étais ouverte mais je préférais m'assurer qu'aucun garde n'était posté de l'autre coté et m'accroupis avant de plaquer mon oreille sur
la porte... Rien, même pas un petit bruit ou encore le bruit de vaisselle qu'on manie... Le manoir semblait être désert.

D'un geste infiniment précis et calculer j'ouvris la porte et passa la tête dans l'encadrement. Rien, personne, pas de meubles, pas d'âmes qui vivent, néant.

*...Un piège...?*

Ce fût la première chose qui me vint à l'esprit, pourtant tout semblait en ordre. Regardant à terre je ne vit aucune trace de poussière récemment bouger ni de quelconque trace pouvant trahir un piège.
C'était pour le moins étrange...

Avançant toujours précautionneusement dans le grand hall du manoir, je commença à monter les escaliers trois par trois. Le haut était tout autant dénué de meubles, nue.

Arrivé à ce stade plus aucun escalier n'était visible. Le trafiquant devait donc se tapir à cet étage. Soudain un bruit de sussions se fit entendre et la fameuse lumière rouge accompagnant mon contrat depuis le début se fit voir, encadrant une porte.

Hypnotisé je me dirigea vers cette étrange porte. Arrivé devant je ne put même pas prendre mes précautions, l'étrange lumière pourpre avait total contrôle sur moi. Quand j'ouvris la porte, la tension qui s'exerçait sur moi s'évanouit mais c'était trop tard, j'étais déjà entré.

C'était une pièce ronde éclairé par la lune à l'aide d'une grande baie vitrée. Décoré de toutes les nuances de rouge possible et imaginables. Des tapis couleurs sang étaientt déroulés dans toutes la salle, ne laissant aucune place pour le parquet, dessus, une table basse entouré de canapé rouge était situé au centre. Un grand bureau trônait un peu plus au fond, vers la grande fenêtre... Et derrière ce bureau, se tenait un homme de dos.

Quand il se retourna, on pouvait voir un homme plutôt svelte mais sec. Ces yeux noir comme la nuit démontrait un caractère bien trempée.

Il s'exclama :

« Te voilà... Je t'ai vu tué mon homme de main sur le chemin menant à mon manoir. Saleté de poivrot, sache que tu ne l'aurais jamais tué si il ne se pochetronnerait pas autant pendant la journée ! Par contre, celui dans la forêt... Tu à fait preuve d'une grande puissance, bravo ! Ah oui, j'oubliais Herber, celui que tu a assassiner en arrivant... Que dire à part bien joué ?! Mais sache que celui qui t'emploie à déjà envoyer nombre de sbire pour éliminer mon ordre !! Un si prestigieux ordre, un ordre d'assassin confirmé ! Des assassins de métiers. Mais bien sûr tu n'en savait rien ?! Non, je suppose que non. Ton employeur, celui qui s'acharne sur moi depuis maintenant cinquante ans aura enfin réussi en t'envoyant. Il ne cherche que la richesse et la gloire. Il à éliminé tout ceux qui s'opposait à lui mais nous avons été les plus coriaces... Arrête cette folie jeune Shaakt et joins-toi à moi ! Nous refondrons l'ordre ensemble !! »

D'un geste je déclina l'invitation :

« Un contrat est un contrat, jamais je ne reviendrais dessus... Je suppose que c'est toi que je dois tué... »

Sur ceux, je me positionna et sortie ma « Belle ». L'assassin réagit dans l'instant et dans une rage folle me sauta dessus.

« Mon ordre !! Mon si puissant ordre ! Gâché à cause de jeune sot comme toi !! Je vous déteste tous ! »

D'un mouvement rapide j'esquivai l'assaut et tenta une feinte avec ma dague pour l'entailler au visage. Mais celui-ci se révéla trop rapide... Il avait déjà saisi une épée sur son bureau et tentait de m'assaillir sous des coups puissants. Esquivant à droite, puis à gauche. Feintant et me baissant, je tenta de lui balayer les jambes. Mais il esquiva de plus belle et redoubla de prudence. Dans la seconde suivante son pied gauche volait vers mon visage, un coup destiné à me fracturer les os. Je para l'assaut de mon avant bras et recula. Pour me relancer aussitôt à l'attaque.
Je feinta un crochet du droit pour abattre ma senestre en une frappe latéral. L'assassin para à son tour, enchaîna d'un coup de genou, esquiver in-extremis.
Je tenta alors un fouetté du pied mais l'autre avait bondi sur le côté avant de ricaner, passant d'un coup à l'attaque.
Un échange vif s'engagea, métal contre métal, tintement redoublés. Talentueux, nous combattirent tous deux avec acharnement, chacun au sommet de son art.
Les lames dansaient, s'entrechoquaient. Affirmés, les volontés s'affrontaient. Cristallisés par le danger, la soif de vaincre, les instincts s'empoignaient et les passes d'armes s'enchaînaient à toute allure, sans temps mort... Âpre et vif, tenace et subtil comme seul savait l'être le combat à la dague.
Mais l'échange s'éternisait. Le maitre assassin lâcha un ricanement, il allait bientôt reprendre l'avantage. Il y eut deux, trois passes d'armes encore sans que l'un ou l'autre ne puisse prendre l'avantage.
Subitement j'eus une idée, me rapprochant de son bureau je détruisis l'un de ces cranes nimbé de sang.

« Noooon ! » Hurla l'homme.

L'espace d'un instant, il perdit le rythme parfait qui l'animait jusqu'à alors et cela suffit.
Je réagis, porté par un ressenti d'émotion pure, je lacéra le bras droit de l'assassin, perça sa défenses, lui ouvrit le ventre d'un trait horizontal appuyé, et remonta ma « Belle de Mort » vers le haut. Estocade imparable, coup de grâce sauvage, la dague sombre cloua l'autre sous le menton, remontant jusqu'à son cerveau qu'elle transperça.
Le tueur s'affala, son épée tintant sur le sol, ses membres agités de spasmes, frappant le parquet à coups irrégulier ; inévitable glas que je sonnait avec une constance effrayante.

Le contrat remplis je pouvais retourner à Dahràm, récupérer mon argent.

Mais d'abord... Je pris le corps du tueur et l'installa le dos au canapé. Ayant toujours ma dague en main je commença à lui tranché un à un les membres... Pieds, orteils, mains, doigts, jambes, bras... Tout, jusqu'à ce qu'il ne reste plus que le buste. Cet exposition de membres me remplissait de joie. Je pouvais enfin démontré mon allégeance à Valshabarath. Complétement nu et commençant à se refroidir je lui ouvris le ventre en répandant chaque boyaux à terre. Pour moi, tout ces boyaux avait un sens particulier, une signification particulière. Je les lis toutes en silences avant de partir.

En repartant par les bois, je ne me retourna pas. Je ne me retourne jamais quand je viens de tuer.

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Dernière édition par Morion le Lun 31 Mai 2010 12:38, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Dim 30 Mai 2010 17:28 
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L'odeur de fumée réveille Noroeb ; les rayons du soleil qui va vers la fin sa course n'ont pu lui faire ouvrir l'oeil, protégé qu'il était par l'épaisse frondaison du chêne lui ayant offert un refuge une bonne partie du jour. Précautionneusement, il défait les noeuds qui ont prévenu une chute durant son sommeil, et ramène lentement la corde à lui. Son sac est encore solidement suspendu à la fourche où il l'a accroché, aussi se couche-t-il à geste lent sur la branche afin de déterminer l'origine de l'odeur qui lui chatouille les narines.
Un homme chauve à la barbe blanche, portant une robe de bure marron, est assis en tailleur devant un feu, faisant tourner par le biais d'une broche en somme toute sommaire un animal au dessus des flammes. Non loin de lui, entre les racines qui émergent du sol, reposent un sac et un instrument familier à Noroeb : l'homme à l'orée du bois en portait un pareil. Ce doit être lui, sans son bonnet, sans son cache-barbe, mais indéniablement le même fâcheux. Le Wotongoh ne souhaite pas être découvert une fois de plus par ce voyageur, aussi ne bougera-t-il pas tant que l'autre n'aura pas levé le camp ; mais combien de temps durera son attente ?

(Je meure de soif... il faut que j'aille me soulager ou ma vessie va exploser... Pourvu qu'il s'en aille sitôt son repas fini... il me met l'eau à la bouche, et je ne peux même pas prendre les provisions dans mon sac, il risque de m'entendre. Quoi que... c'est un vieillard, il doit être sourd comme un pot. Enfin, je peux encore attendre un peu...)

« Eh Gamin ! descend donc de ton perchoir ! Pour peu que tu perdes l'équilibre, c'est un os que tu vas te casser. Le repas est prêt, ne le faisons pas attendre ! »

(Il n'a pas pu m'entendre ! je suis presque certain de n'avoir fait aucun bruit ! Ou si peu qu'il aurait pu croire à un oiseau, à une bête, que sais-je... Il devait savoir que j'étais là dès le départ. Dois-je descendre et confirmer la présence ? S'il bluffait ? Vu son âge, on peut appeler tout le monde 'gamin'. C'est probablement une tactique comme une autre pour obliger celui que l'on soupçonne être cachée à se dévoiler.)

« Aller, pend ton sac, ta corde et descend. Je n'ai pas toute la nuit, j'ai monté la garde pendant que tu te reposais, maintenant j'aimerais dormir à mon tour. On mange et tu prends la relève. »

(À moins de m'avoir vu, il ne peut pas savoir pour la corde et le sac. Je suis donc découvert. Je n'ai pas beaucoup de choix : il est en bonne position pour attendre que je tombe comme un fruit trop mûr, ou pour me déloger. Mais je peux attendre qu'il s'endorme, et m'enfuir une fois assuré qu'il ne me suivra pas. Je peux aussi descendre... Pourquoi pas ? S'il avait été hostile, il aurait pu me tuer avant de pénétrer dans la forêt.)

Au prix de quelques acrobaties, Noroeb gagne l'autre côté du tronc pour amorcer sa descente, son sac et son rouleau de corde en bandoulière ; lorsqu'il n'a plus de prises, il déroule la longue tresse, la passe par dessus la branche la plus solide qu'il apperçoit et s'en sert pour glisser le long du tronc. Au bout des cinq mètres, il lâche une des deux extrémités et se laisse tomber ; sa réception est assez lourde, et il manque de se fouler la cheville sur une racine. Du mieux qu''il peut, il reprend contenance et se dirige prudemment vers le vieillard, les yeux posés sur les mains de celui-ci, veillant à ce qu'elles ne s'emparent de rien qui ressemble de près mais surtout de loin à une arme.

« Aller Gamin, approche et assied-toi ! Tu n'as rien à craindre de moi, j'ai déjà eu trois fois l'occasion de te tuer ou de te nuire, et je n'en ai rien fait. Alors tu peux bien partager un morceau de cet excellent lapin avec moi je suppose. Il n'est ni trop cuit, ni pas assez ; tu as le ventre précis, tu t'es levé juste à temps. On va pouvoir commencer ! »

(Il aurait pu me tuer près du camp des boucaniers... il aurait pu me tuer alors que je dormais... et la troisième fois ? Sûrement dans la forêt, lorsque j'ai recherché un abri. Sinon pourquoi aurait-il fait halte ici ? Le bois doit-être bien assez vaste pour que nous n'ayons pas à nous croiser.)

« Qui vous êtes ? Et pourquoi vous m'suivez ? » demande Noroeb en prenant place sous l'arbre, près du feu, mais toujours à bonne distance du second personnage, et le sac contre son torse.

« Bah, je t'ai apperçu, quittant prestement la belle ville de Dahràm. À ton attitude, j'ai remarqué que tu ne voulais pas être repéré par qui que ce soit ; ne me sentant pas l'âme à prendre des risques, je t'ai suivi, espérant, avec raison semble-t-il, que tu ferais un bon éclaireur et que tu me trouverais un chemin pour quitter la plaine sans faire de mauvaise rencontre. Et j'ai eu raison. D'un naturel curieux, j'ai voulu en savoir plus à ton sujet, et pour cela t'ai emboîté le pas à ton insu, sans quoi tu n'aurais eu de cesse de tenter de me semer. J'aurais pu te retrouver, mais je n'avais pas de temps à perdre, et tu pouvais aussi bien décider de t'en prendre à moi, ce qui je dois l'avouer ne m'arrangeait pas du tout. Pour te remercier de l'aide que tu m'as fourni involontairement, j'ai pensé t'offrir un repas chaud. N'est-ce pas honnête ? »

« Vous n'répondez pas à ma première question. Qui vous êtes ? »

« Je suis un humble musicien, errant de ville en village, d'étable en auberge, cherchant à gagner quelques pièces pour subvenir à mes besoins les plus élémentaires, et pour me constituer un léger pécule en prévision des jours où mes doigts ne pourront plus courir le long des cordes de mon instrument, où je ne pourrai plus tirer de ma gorge qu'un grincement déplaisant. Mon nom est Eni Solnivdrog, né en la cité de Kendra Kâr, il y a de cela bien des décennies. Et toi ? »

« Noroeb. »

« Mais encore ? »

« Je viens de Nosvéris. J'ai débarqué hier à Dahràm un peu par hasard, et je ne tenais pas à y rester. »

« Je peux le comprendre. Moi même je n'y demeure pas plus que nécessaire... Trop de concurrence et de pirates, pas moyen d'exercer son métier convenablement » grogne le troubadour, plus pour lui même que pour Noroeb.

« Y' a tant d'musicien qu'ça à Dahràm ? »

« Des musiciens ? ... Oh ! Ah ! Oui ! À ne plus savoir quoi en faire. Les brigands sont des hommes comme les autres, ils aiment après leur dur labeur oublier les contraintes de leur métier dans une auberge confortable, en compagnie de jolies femmes, avec un air léger pour égayer la soirée lorsque l'envie leur prend d'esquisser quelques pas avec leurs cavalières. »

(Il se moque de moi. Il ne peut pas être un simple barde, et puisqu'il vient de Dahràm... il faut que je me méfie.)
L'attitude du vieil homme a changé légèrement ; il prend conscience de son erreur et ne poursuit pas plus loin la conversation ; son attention se reporte sur le lapin qu'il découpe habilement avec un couteau à manche d'os, laissant à Noroeb l'occasion de l'observer à loisir. Il a en face de lui l'exemple même du vieillard au vénérable crâne nu et taché par la vieillesse, avec quelques touffes de cheveux blancs qui demeurent de manière incongrue à proximité des oreilles ; dénuement capillaire que vient compenser une barbe digne d'un nain et soigneusement entretenue. Le nez est long et fin, et donne aux traits ridés une certaine majesté que relève un regard bleu vif à peine ombragé par des sourcils broussailleux, aussi clairs que les premières neiges de l'hiver ; cependant, ses gestes dénotent encore une grande habileté, et son maintien une certaine fermeté. Il y a chez l'homme une force dissimulée, une vigueur anormale que l'on n'acquiert pas en chantant ou en arpentant les chemins, même si cette activité peut se révéler pour le moins rude ; cet étranger constitue pour Noroeb une énigme, aussi sa méfiance s'en trouve-t-elle renforcée.

De son sac, Eni tire une large planchette sur laquelle il empile les morceau de viande détaché du lapin avec une dextérité qui dénote l'habitude d'une telle activité, puis dépose le plateau improvisé sur l'herbe à côté du feu, à mi distance entre lui et Noroeb, et retire quelques pommes de terre de la cendre à l'aide d'un bâton ferré dont Noroeb n'a pas remarqué la présence dans un premier temps ; plus curieux encore, il ne lui semble pas que Solnivdrog l'avait en main la veille.

(Puis-je manger sans crainte ? Aurait-il pu empoisonner la chair qu'il me sert ? Probablement, et s'il possède un contre-poison, il peut sans aucune gêne manger comme moi, et me regarder mourir avec le sourire. D'un autre côté, s'il peut m'empoisonner, il aurait certainement pu me tuer depuis longtemps, comme il me l'a fait si justement remarquer... Et s'il aimerait me voir souffrir ? Il est peut-être comme ces hommes qui apprécient de torturer les animaux plutôt que de leur planter une flèche en plein coeur et abréger leurs souffrances. Maintenant qu'il m'a repéré, il est trop tard pour lui échapper. Il a pu me pister jusqu'ici, il pourra le faire plus loin encore, et m'attirer des ennuis. Je ne peux pas me méfier de tout le monde tout le temps, il faut que je fasse un choix.)

« Bon, Gamin, je pense que je peux te parler d'homme à un homme. Si je t'ai suivi, ce n'est pas par simple curiosité, tu dois t'en douter, à moins d'être complètement naïf. Je l'ai fait parce qu'un vieillard comme moi ne peut pas, et ne veut pas, traîner seul sur les chemins, c'est trop risqué et trop épuisant. Je ne sais pas ce qui t'a fait quitter Nosvéris, et je ne compte pas te poser de question. En échange, tu ne me poses pas non plus de questions. Mon chemin va me mener jusqu'à Kendra Kâr, accepterais-tu de m'accompagner ? » Tout comme il prononçait ces paroles, il a cessé de manger, pour déchirer à nouveau à pleine dent la portion qu'il a abandonné ; le ton est celui de la confidence, et il s'est légèrement penché vers Noroeb, comme pour prévenir toute écoute par des oreilles indiscrètes. Geste inutile aux yeux du Wotongoh, mais qui ne le choque pas.

« J'dois réfléchir. »

« Alors mangeons, on réfléchit mal le ventre vide ! »

Noroeb tente de saisir la patate qu'Eni a fait rouler vers lui, mais se brûle le bout des doigts et prend le parti de la laisser refroidir ; au lieu de jeter son dévolu sur le légume, il se rabat sur la viande que le vieillard ingurgite déjà goulûment. Après les salaisons de la traversée de l'océan, la viande séchée, les quelques bouchées de pain, il savoure le goût délicat du gibier tué il y a de ça quelques heures seulement, la saveur du jus qui coule le long de ses lèvres alors qu'il croque à pleine dents une cuisse, le craquant des morceaux de surface grillés par les braises. Ni sel ni herbes ne viennent assaisonner la viande, mais cela importe peu : la sensation de retour à la vie s'empare doucement de Noroeb, et comme il mange, des souvenirs lui reviennent, ceux de ses marches dans les forêts sous d'autres latitudes, l'odeur délicate des résineux, le léger froid qui ne rendait que plus agréable la danse des flammes à l'entrée de la grotte qui parfois lui servait de refuge. Et ces souvenirs se confrontent à la réalité : ces lieux ne ressemblent en rien à ceux qu'il a connu ailleurs, ils n'ont pas la sombre majesté des bois du nord, il y a tant d'arbres plus touffus, plus clair, bruissant dans le vent, plein de vie.

(J'ai eu tort de croire que je me retrouverais dans mon élément ici... je ne peux pas tout réapprendre, je n'ai pas le temps, je n'ai aucun refuge, aucun lieu où demeurer en sécurité jusqu'à ce que mon savoir soit à même d'assurer ma survie. Je me suis condamné en montant sur ce navire. Enfin non. J'ai été condamné le jour où j'ai accepté de partir à la chasse avec mon frère, peut-être même dès ma naissance. Condamné pour condamné... peut-être la meilleure des solutions serait-elle de suivre cet homme, Eni Solnivdrog. Un nom bien curieux. Et si ce n'est pas la meilleure, c'est la moins pire, la seule qui s'offre à moi. Errer n'est pas une solution, j'aurais dû y penser plus tôt, j'aurais dû réfléchir et non pas agir comme un animal. Si je pars avec lui, je l'aurai à l'oeil, ce qui est préférable à le voir me pister comme un gibier.)

Eni Solnivdrog achève son repas, tire de son sac une gourde qu'il vide en quelques gorgées avant de la ranger. Avec une touffe d'herbe, il essuie sommairement son couteau, le glisse dans un étui de cuir qui va rejoindre la gourde ; après s'être levé et étiré, il fait quelques pas, et paraît chercher quelque chose au pied de l'arbre et finalement, laissant échapper un « ah » de satisfaction, s'installe entre deux racines sorties de terre qui forment une cuvette couverte de mousse, ce qui s'approche sans doute le plus d'un lit aux alentours. Son bagage comme oreiller, il ne tarde pas à fermer les yeux, sans se soucier d'adresser la moindre parole à Noroeb. Sans l'assurance que le jeune homme ne le tuera pas dans son sommeil, ou simplement qu'il sera là à son réveil. Ce dernier ignore quoi faire, et hésite à s'en aller à pas de loup lorsque la respiration du vieillard se fait plus lente et plus régulière. Quelque chose le retient, et il n'en fait rien ; au lieu de cela, il s'avise de la nuit approchant à grands pas et emportant, pour prévenir tout mauvais tour, ses affaires, il s'éloigne, l'oreille aux aguets, en quête de bois mort pour entretenir le feu jusqu'au matin. Mais son premier acte est de se soulager contre un arbre, craignant de ne pouvoir maîtriser plus longtemps sa vessie. Cela fait, il reprend son chemin, veillant à le marquer pour ne pas prendre le risque de se perdre.
Assez rapidement, il regroupe un fagot de taille suffisante pour tenir jusqu'au matin puisqu'il ne songe pas à faire monter les flammes jusqu'aux étoiles ; liant les branches avec sa corde, il jette le fardeau sur son épaule ; tandis que les derniers rayons du jour caressent la cime des arbres, au sol la nuit est bien plus proche. Pressant le pas, Noroeb suit les marques qu'il a laissé sur le sol pour retrouver le chemin du camp, les effaçant à mesure, et retrouve sans peine le chêne. Le vieil homme dort toujours entre ses deux racines, le feu jette quelques lueurs contre l'écorce, révélant des tracés étranges, comme des créatures maléfiques fondues dans le bois, prêtes à jaillir ; d'ici peu, les braises ne suffiront plus à repousser d'eventuels prédateurs, aussi Noroeb ajoute-t-il quelques branches, les plus sèches de sa récolte afin de ne produire aucune fumée, et place celles dont il est moins sûr à proximité de la chaleur pour qu'elles sèchent et soient utilisables tard dans la nuit.
Si une bête une bête vient à s'approcher, Noroeb n'a aucun moyen de la repousser : en établissant ce triste constat, il se souvient du bâton ferré qui l'avait tant intrigué ; il repose encore dans l'herbe, là où Eni l'a laissé lorsqu'il est allé dormir. Mystérieux bâton. Le Wotongoh le ramasse et en apprécie la tenue et l'équilibre : si la pointe est de bon acier, la poignée à l'opposé est constituée d'une lanière de cuir enroulée autour du bois, mais cette extrémité doit aussi être lestée, car assez lourde pour fendre un crâne si l'on venait à s'en servir comme massue. Un verni dur et lisse recouvre le fût qui va en s'affinant jusqu'à la pointe avec une étrange régularité. Rien ne permet à Noroeb de percer le mystère de la soudaine apparition de cet artefact aux côtés du vieillard : dans une logique purement pratique, il lui servira bien pour passer la nuit.

Une longue veille débute.

_________________
Noroeb / Wotongoh / Voleur


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Dim 7 Nov 2010 16:36 
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Fam'tie Gress à Dahràm.

L'arrivée à Dahràm.



La nuit venait juste de tomber sur Dahràm et ses alentours. Tout le monde le sait, il ne faut pas aller dans les villes la nuit, de peur de se faire voler ou même assassiner. Non, décidément, la nuit et la ville ça ne fait pas bon ménage. Aussi un feu de camps était visible. Enfin… visible à condition qu'on se tienne en hauteur (sur les remparts de la ville par exemple). Car son auteur n'était pas un imbécile, malgré sa ressemblance frappante avec un animal. Le feu de camps était caché par des buissons et un arbre. Et il était bien surveillé. Un tigre veillait. Enfin… disons plutôt qu'il se léchait les pattes en surveillant les alentours de ses yeux nocturnes. Il venait de finir son repas, qu'il avait chassé avec une autre tigresse. Du moins c'était une tigresse pour Nouk. Une tigresse qui aimait se tenir sur deux pattes, mais une tigresse quand même. Ladite tigresse sortit de sa cachette, sous un buisson à l'ombre de la lumière du feu (On est jamais trop prudent) s'était-elle dit. Les deux têtes de tigre ronronnèrent en se frottant du museau pour se souhaiter une bonne nuit. Puis la tigresse bipède retourna sous son buisson.

(Je me demande où ils sont exactement. Est-ce qu'ils vont me reconnaître, depuis tout ce temps…? Vont-ils me haïr de les avoir laisser ? Qu'est-ce ces esclavagistes leur ont raconter ?) Voilà ce que se demandait la mère en regardant la ville par-dessous les branches du buisson. Elle s'était roulée en boule pour rentrer en entier sous le buisson. Son regard acier quitta la ville pour contempler le peu d'étoile qu'elle voyait. Elle pria Gaia et Yuimen pour qu'elle passe une nuit tranquille et que ses enfants passent une bonne nuit eux aussi, elle priait pour qu'ils soient bien traités et "heureux", mais, surtout, elle priait pour qu'ils lui soient rendus. Elle ferma les yeux, à l'écoute des bruits de la nuit. Sa respiration était calme et profonde. On aurait pu croire qu'elle dormait mais ses oreilles dressées prouvaient le contraire. En réalité elle sentait aussi les odeurs de la campagne, en plus d'écouter. Doucement la woranne sombra dans un sommeil léger et sans rêve. Quiconque aurait voulu la surprendre se serait retrouvé face à deux problèmes à résoudre : ne pas se faire détecter par le tigre et ne pas réveiller la woranne en s'approchant d'elle. Mais ce n'était pas impossible. Ni l'un ni l'autre n'étaient parfaits.

Mais la nuit se passa sans problème. Le feu mourut vite et, au milieu de la nuit, Fam'tie et son compagnon échangèrent les rôles. À chaque fois ils divisaient la nuit en deux, parfois même en quatre, et ils se relayaient. C'était devenu machinal. Bien qu'ils ne se comprenaient pas, ils étaient assez proches. Fam'tie et Nouk, Nouk et Fam'tie. C'était un duo inséparable depuis l'enfance. Ils avaient grandis ensemble, ils avaient souffert ensemble, ils avaient été heureux ensemble, ils vivaient ensemble. Et ce depuis toujours. Enfin, depuis la naissance de Nouk plutôt. Même si elle n'était pas une coureuse des plaines, la tigrée avait parfois l'impression qu'ils étaient liés. Leur boucle d'oreille grise était comme la preuve physique de leur lien. Un lien bien différent que celui qui lie un chevalier et sa monture, et bien plus fort aussi. Dans son sommeil, Nouk grogna. C'était un son léger qui se mêlait avec le faible souffle du vent. (Brave Nouk, tu me seras resté fidèle jusqu'au bout…) Elle lança un regard vers le puissant tigre. Il était son but ultime. Devenir coureuse des plaines et pouvoir communiquer mentalement avec lui, tel était son but. Leur lien n'en serait que renforcé.

La rodeuse se retourna et fit courir son regard sur les terres entourant Dahràm. Elle n'avait pas des yeux aussi perçant que Nouk mais elle voyait plutôt bien dans le noir, selon elle. Et la lune aidait beaucoup Fam'tie, claire et haute comme elle était. Mais elle ne le resta pas. Vers la fin de la nuit, un gros nuage vint cacher la source de lumière argentée. Une goutte d'eau s'écrasa sur la truffe de Fam'tie et elle éternua. (Génial, il va pleuvoir…!) La woranne soupira. De toute façon le soleil allait se lever dans une heure au moins. Autant reprendre la route pour arriver plus tôt dans le port. Elle se leva et secoua Nouk.


"Allez, debout fainéant ! Il pleut et plus vite on sera arrivé, plus vite je serais au sec et plus vite j'aurais retrouvé mes enfants. Allez, debooouuut !"

Le tigre se leva en grognant, voulant visiblement continuer de dormir. Mais comme la woranne continuait de le secouer, il se leva. Il lui baya sous le nez, comme pour lui rappeler qu'il était l'un des plus grand prédateur que ce monde ait porté. Cela fit rire la rôdeuse. Une fois que le mâle se fut assez étirer, ils reprirent la route. Ils durent rejoindre l'un des deux grandes routes qui menaient à la ville. Comme ils étaient plus proches de la porte ouest, ils prirent l'axe ouest (((normal))). Il y avait peu de gens sur la route par cette heure, mais ils virent quand même des marchands fouettant leurs chevaux pour arriver plus vite à la ville, ainsi que quelques chevaliers et d'autres hommes et femmes à pieds. Certains les regardaient bizarrement mais Fam'tie les ignorait superbement. En général elle les dépassait d'au moins une tête, deux voir trois pour les plus petits. Au bout d'un moment, un fier cavalier sur sa monture nerveuse vint les asticotés aux abords de la ville.

"Mais que vois-je ? Deux animaux, dont un qui marche sur deux pattes ? Ils doivent s'être échappés du cirque. Haha ! Je…"

Il n'eut pas le temps d'en dire plus car sa monture s'emballa et partit au galop loin du prédateur qui venait de lui rugir après. Fam'tie regarda Nouk courir après le destrier. Il s'arrêta vite pour revenir près de sa compagne de route, qui ne s'était même pas arrêté pour l'attendre. Elle avait l'habitude. Un homme à pied qui était juste devant eux pâlit en voyant la scène. Dans son regard se mêlait inquiétude et fascination.

(Pourquoi les humains semblent-ils avoir si peur de moi, à chaque fois ? N'ont-ils donc jamais vu de woran de leur vie ? Bah comme ça ils en auront vu une au moins une fois dans leur vie.)

Il pleuvait beaucoup maintenant, et le soleil n'allait pas tarder à se lever. Ce qu'elle ne savait pas, c'est qu'il y avait de tout à Dahràm, et ce n'était pas de elle que les gens avaient peur… mais de son tigre. Les tigres étant réputés pour être particulièrement sauvage et difficile à tuer, beaucoup de monde les craignait. Mais tout le monde savait que les tigres n'approchaient pas la civilisation. Les gens étaient vite détrompés en voyant Nouk aux côtés de Fam'tie. C'était toujours pareil. (Que de trouillard.) pensa la rôdeuse. Enfin, elle arriva aux portes.

_________________
Fam'tie Gress ¤ Rôdeuse ¤ Woranne tigrée

Je vous ai enfin retrouvé, mes enfants. Après un an de recherche, je vous retrouve enfin...! Plus jamais je ne vous laisserais être arraché à moi de nouveau, plus jamais...!

Nouk, fidèle jusqu'à la mort.


Dernière édition par Alantlya le Dim 28 Nov 2010 15:02, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Dim 21 Nov 2010 18:42 
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Forêt des Feuilles Tristes


Je me réveille douloureusement lorsque les rayons du soleil viennent heurter mon visage. A peine le temps de reprendre mes esprits que de vives douleurs me parcourent le corps, suite à l’altercation en forêt de la veille. Je me redresse en gémissant et observe les alentours. Je me suis endormie sur la berge d’un fleuve, à quelques kilomètres de la Forêt des Feuilles Tristes. Mon équipement est éparpillé tout autour de moi : Un sac de voyage pratiquement vide, un carquois et un arc brisé en deux. Mon petit compagnon est emmitouflé dans ma cape de voyage et dort encore, d’un sommeil agité. Je m’approche du fleuve pour venir me rafraîchir, et je ne peux qu’observer tristement le reflet de mon visage : Un faciès couvert par de nombreuses contusions où viennent s’ajouter de larges cernes … Un portrait bien sinistre. Je finis par plonger ma tête dans l’eau encore très fraîche du fleuve avant de me préparer ma dernière journée de voyage pour pouvoir enfin arrivée à destination : Dahràm. Je récupère mes possessions, installe la petite boule de poils bleus encore assoupie sur mon épaule et commence à prendre le chemin en direction du Nord, l’estomac vide.

Je marche à bonne allure malgré mon état lamentable, mes côtes endolories, mon bras droit dissimulé sous un large bandage de fortune encore coloré par une tâche pourpre.
L’environnement est nettement plus accueillant que la forêt d’où je me suis échappée : La brume a laissée place à un ciel bien dégagé, un soleil radieux illumine de vastes plaines verdoyantes surplombées au loin par de majestueuses montagnes. Il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, un temps parfait pour voyager, bien que au fur et à mesure que j’avance, le trajet devient un véritable supplice, la douleur et la faim se font de plus en plus ressentir.
Une véritable torture d’apercevoir le gibier gambader dans les herbes à quelques centaines de mètres de moi, et d’avoir un arc inutilisable. Inutile d’espérer chasser, mon salut se trouve en ville, et uniquement là bas, si je n’atteins pas les remparts avant la tombée de la nuit, je crois que je n’y arriverais pas.
J’ai l’impression d’avoir marcher pendant une éternité, mais à en juger par le soleil, cela ne fait que quelques heures que je me déplace depuis mon réveil.
Mon petit familier s’impatiente, il gesticule, se balade sur mes épaules, venant même se percher sur ma tête, me faisant décrocher un sourire, heureusement que cette petite bête attachante est avec moi, je ne sais pas si j’aurais eu le courage de continuer, sans sa présence.

J’aperçois au loin, les premiers signes de la civilisation : Un nuage de fumée blanchâtre s’élève dans les cieux, un feu de camp ? Une cheminée ? Je n’en sais rien, mais dans mon état, il n’y a pas meilleur façon de me motiver à avancer que de commencer à entrevoir la ligne d’arrivée après ce lent et éprouvant voyage. Je continue alors de marcher, légèrement plus vite, un sourire très fin venant se dessiner sur mon visage livide et abîmé. Les premières barricades de long de la route me le confirme, j’approche à grands pas, je suis bientôt au bout de mes peines, j’en oublie presque la fatigue, la faim et la douleur. Mon endurance a été mise à rude épreuve ces dernières semaines, moi qui, ne faisais que gambader innocemment entre les arbres des forêts d’Anorfain, je me suis retrouvée à voyager des journée entières sans m’arrêter, parfois sans manger, en frôlant la mort de près contre d’infâmes créatures, dans des environnements parfois très hostiles, serais-ce la fin de mon premier périple ? Es-ce cela l’aventure ? Souffrir sans aucuns objectifs à la clé ? Si ce n’est voir de nouvelles contrées ? J’espère simplement que je trouverais ce qu’il me faut à Dahràm, je suis assez pressée d’arriver, outre le fait que j’ai besoin de me reposer et de me soigner, j’ai tellement soif de savoir, je ne connais presque rien les humains qui habitent la plupart de ces villes… Leur mode de vie, leur culture, leur tradition, leur architecture … Voilà beaucoup de choses que je souhaite découvrir. A Cuilnen, les érudits disent que les humains sont un peuple inférieur par rapport à nous autres, Hiniöns, je me ferais mon propre avis sur place. Je distingue enfin les premières fermes qui accompagnent les imposantes murailles de pierre qui encerclent la ville, je me hâte, pour parcourir les derniers kilomètres qui me séparent de la cité…
Je croise enfin les premiers villageois, je pousse un profond soupir d’apaisement, prête à évacuer toute la pression que j’ai accumulée lors de se voyage. Mais la plupart des habitants que je rencontre me dévisage avec insistance … Que ce passe-t-il ? Mes blessures les gêne-t-ils tant que ça ? Où es-ce parce que je suis une Hiniön ? Il ne m’en faut pas plus pour rabaisser ma capuche sur ma tête. Mon Bouloum venant se loger à l’intérieur de mon sac, fouillant à l’intérieur pour trouver quelque chose à manger. Il ressort sa tête quelques secondes plus tard, bredouille, lui aussi affamé alors que nous ne sommes plus que à une centaine de mètre de la porte de la ville.


Les ruelles de Dahràm

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Mar 15 Fév 2011 21:40 
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Dernière édition par Licinia le Lun 6 Avr 2015 18:57, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Ven 6 Mai 2011 10:11 
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Le cimetière. La renaissance

Les terres autour de la Dahràm

Le début de la fin


Erebor venait seulement de quitter Dahràm depuis quelques instants et déjà il ressentait une quelque nostalgie de la ville et de ses habitants. Il n’arrivait pas expliquer ce qu’il ressentait. C’était la première fois qu’il se sentait ainsi. Même lorsqu’il quitta Troglon, laissa derrière lui famille et amis, il n’avait ressenti cela. Cela le mettait très mal à l’aise.
Il se retournait souvent au fur et à mesure qu’il s’éloignait des remparts. Il se retournait et voyait les silhouettes des gardes s’éteindre, la superficie des remparts diminuer, et le bruit incessant des passants s’estomper. Toutefois, quand il s’éloignait du port de Dahràm, il s’approchait de l’inconnu continent.
Il longeait le fleuve en direction du Sud et, à quelques lieue de là, il apercevait la lisère d’une forêt.

« Étrange forêt qu’est-elle ! », dit-il tout bas, caché par sa barbe.

« Oh vous savez, on raconte ici qu’elle est maudite », dit une voix sèche et grave.

Il y avait bien un homme au bord du fleuve. Il était là, appuyé sur sa maigre canne et marchait d’un pas de lamentation. Il était vêtu d’un long manteau grisâtre, déchiré par endroit. Ses pieds étaient protégés par des sandales de cuir, usées et pauvres, qui remontaient jusqu’aux genoux. Son visage était partiellement camouflés par une longue barbe grise qui descendait jusqu’au dessous de son torse. On ne voyait quasiment pas ses yeux tellement il avait de rides au coin des yeux. Son petit nez était fripé et était la base d’une longue moustache qui embrassait la barbe. De longs cheveux gris lui tombaient sur les épaules et fuyaient le long de son dos jusqu'à s’arrêter au bas. Ils ajoutaient encore à la sagesse qu’inspirait déjà le personnage lui-même. Au premier coup d’œil, on savait qu’il n’était pas inquiétant. Au contraire, c’était plus le genre de bonhomme à rassurer les jeunes aventuriers, et à enseigner aux enfants les bonnes manières de ce monde. On voyait tout de suite que c’était un homme pourvu de sagesse. Il marchait la tête basse et dégageait le passage de sa canne.

« Je n’ai jamais vu en quoi consiste la malédiction », ajouter le vieil homme.

Erebor connaissait cette voix, et … connaissait cet étrange personnage. Où l’avait-il vu ? Il cherchait dans sa tête les visages croisés et creusait dans les jours passé pour trouver qui il était.
Il le savait, il avait déjà fait la rencontre de cet homme. Ici, à Dahràm, il en était sûr.
Voyant que le nain rester sans voix, le bonhomme leva le menton et adressa un visage ardu et sage au nain qui fit un pas de stupeur en arrière

« Oh !!, fit-il avec surprise, Relfriod ! »

« Oui, c’est bien moi, maitre nain », ria-t-il en voyant le visage étonné d’Erebor.

Erebor ne comprenait pas. La dernière qu’il l’avait croisé, Relfriod rampait sur les pavés et mendiait. Comment en est-il arrivé ici ?

« Comment allez-vous, mon ami ? », demanda Relfriod

Erebor ne savais honnêtement pas quoi répondre. Il était quasiment paralysé à la vue de cet homme. Qu’avait-il de si particulier ?

Mais oui, bien sûr, c’était la barbe et les cheveux !
Sa barbe était propre est longue et témoignait de sagesse, tout comme ses cheveux.
La fois où il avait croisé ce vieillard, sa barbe était sale et sentait le rat mouillé, et ses cheveux étaient gras et puaient la crasse.

« Je vais bien, merci. Et vous ? Vous avez l’air en pleine forme. », répliqua Erebor.

« Oui. J’ai décidé de vivre une vie d’ascète, et de consacré corps et âme aux Dieux. Qu’ils fassent de moi ce qu’ils veulent. Il n’y a plus rien pour moi ici. »

« Comment en êtes-vous arrivé là ? Il y a quelques jours, vous mendiait, et maintenant vous offrez. »

« Cela est juste, maitre nain. Lorsque vous m’avez relevé dans les ruelles, j’ai compris qu’il valait mieux donner que demander. J’ai suivis votre exemple. »

« Je ne suis pas un dévot, je suis un guerrier. »

« La guerre me dépasse, je suis trop vieux pour ces amusements, ria-t-il. La prière est mon dernier. »

« Vous êtes un homme bon, Relfriod. Puisse les Dieux vous accorder leur clémence et que le repentir ne se tarde. Sur ce, je dois me hâté. Nos chemins se séparent une nouvelle fois, mais peut-être se croiseront-il à nouveau. Adieu, mon ami ! », fini Erebor.

Sur ces paroles, Relfriod embrassa le nain en guise d’au revoir.

Erebor quitta le vieillard, et sans se retourner continua son chemin vers le Sud en suivant la rive. La sombre forêt devant lui était menaçante, mais comme l’avait dit la veille son amie : « vous n'avez peur de rien vous les nains !! ». C’était vrai, Erebor n’avait pas peur de la sylve. Enfin, c’est ce qu’il se répétait en boucle dans sa tête pour se donner une once de courage en plus. Et comme il avançait toujours vers le Sud, il semblait que la forêt l’appelait d’une voix envoûtante mais empoissonnée et que les arbres l’accueillaient en lui ouvrant un passage. Mais la sylve était effrayante presque autant que le cachot des Danterelle. Même l’eau semblait la craindre. Par endroit, il y avait de petits torrents, des agitations mystiques, des précipitations inexpliquées. Qu’est-ce qui pouvait effrayer l’eau ?
Erebor ne pouvait reculer maintenant. Son objectif était d’atteindre Mertar, vivant, en emprunter tous les chemins possible. Il ne pouvait reculer à présent.

A la lisère des arbres noircis, il y avait un petit panneau en bois moisis où était gravé : « F..êt des F…lles tri..es ». Certaines lettre étaient illisible tellement la moisissure avait rongé le bois et les inscriptions. Erebor ne connaissait pas cet endroit, et en avait jamais entendu parler. Ce panneau ne lui indiqué rien de plus que ce qu’il ne savait déjà. Il allait entrer en terres inconnues et il allait devoir être sur ses gardes à chaque instant pour éviter de s’y enliser et de périr tristement. Il prit une dernière bouffé d’air respirable avant d'empresser le pas dans la Forêt des Feuilles tristes.

La forêt des Feuilles Tristes - Macabre Aventure

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Image

"Rien n'existe qui n'ait au préalable était pensé" Traité de Faërie, Ismaël Mérindol, 1466


Dernière édition par Erebor le Mer 29 Juin 2011 18:27, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Dahràm
MessagePosté: Ven 24 Juin 2011 18:44 
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Localisation: Nirtim, Temple de Meno: Se prépare à la guerre.
Le coeur d'Aztai s'accéléra. La première personne à entrer était une grande femme. Un capuchon sur la tête, il n'aperçut rien de son visage mais sa taille très fine ne trahissait pas sa nature. Derrière elle, et plusieurs prisonniers lui lançèrent un regard mauvais auquel se serait volontier joint Aztai, le colosse barbu qui l'avait capturé. Il dépassait la femme d'une bonne tête, sans doute il était presque aussi grand que le woran neige. Il ne portait rien pour cacher son crâne tatoué et affichait un sourire triomphant à la vue de ses victimes. Ses doigts tapotaient négligeament le fourreau d'une épée à sa ceinture. Les deux nouveaux avancèrent vers le premier prisonnier qu'Aztai ne pouvait voir. Un cliquetis lui indiqua que la pauvre personne avait reculé face à ses tortionnaires, de peur, très certainement...
La femme et le guerrier échangèrent quelques mots qu'Aztai ne comprit pas et passèrent au deuxième prisonnier, puis au troisième et ainsi de suite. Comme des clients qui examinent ce qu'un vendeur leur propose, ils continuairent leur inspection. Ils s'arrêtèrent devant l'homme avec qui Aztai et le vieil homme avait échangé quelques mots. Celui qui disait, comme les autres, s'être fait attrapé sans raison. La victime enchaînée levait un regard haineux envers ses tortionnaires. Le colosse tatoué eut un faible ricanement avant d'échanger une regard avec la femme.

-Comme ça, murmura la femme d'un timbre neutre. Je n'ai que faire des gamins et des hommes faibles, continua-t-elle.

Aztai jeta un regard au vieux prisonniers, a sa gauche, qui serait le suivant.

-Où sommes nous? Demanda le prisonnier d'un air aggressif. Qui êtes vous?

-La ferme! Hurla le colosse tatoué, faisaint sursauté le pauvre homme. Des éclairs semblaient jaillir des ses petits yeux noirs. A sa ceinture Aztai repéra un fouet enroulé sur lui-même. L'extrémité de la lanière était bardée de fer, inutile de dire que cette instrument n'était pas là pour dresser les lions...

-Qui est-il? Demanda la femme en se tournant vers la montagne de muscle.

-Nous l'avons trouvé sur la route entre Caix Imoros et Drahàm. Un voyageur selon ses dires...

-Tu es voyageur? Continua la femme.

-Forgeron... marmonna l'homme d'une voix plus calme.

-Hum, bien, fit-elle d'une voix satisfaite. Le barbu ricana de plus belle. Il y a quoi dans ce sac? Demanda-t-elle en se tournant légèrement.

-Des outils, des provisions... Déclara le prisonnier après un silence.

-Il peut s'avérer utile! Et ce n'est pas un gringalet!

-Absolument... marmonna la femme. Elle continua son chemin se posant enfin devant le veillard. Aztai put apercevoir l'ombre de son visage. Un teint cireux et des joues creuses malgré un âge pas si avancé que cela. Peut-être une quarantaine d'année, pas plus. Son regard s'accordait parfaitement au timbre de sa voix: neutre, les paupières lourdes. Des mèches brunes dépassaient de sous la capuche.

-Qui est tu? Lança-t-elle au vénérable homme.

-Je me nomme Achille, gente dame! Répondit-il d'une voix ironnique et théâtrale en baissant la tête.

Au regard que lança le colosse barbu au vieillard, Aztai crû qu'il allait dégainer son épée et décapiter le prisonnier sur place.

-Hum... Achille. Elle se tourna vers son compagnon. Pourquoi te sens-tu obligé de me ramener des guignols comme lui?

Son ton éternellement neutre fit perdre les moyens au guerrier. Alors qu'il bredouillait des mots incompréhensibles, elle passa au suivant et dernier capturé. D'un sifflement d'admiration, elle posa ses yeux gris sur Aztai qui soutint son regard. Son coeur s'emballa mais il ne trahit aucun sentiments.

-Bravo, fit-elle simplement. Le colosse rayonnait.

-Pas facile à capturer, dit-il un rien vantard. Un combat éprouvant!

Aztai manqua d'éclater de rire devant cet odieu mensonge. Cette ordure lui avait injecté Meno savait qu'elle poison pour le plonger dans l'inconscience. Cependant il n'en fit rien, gardant le silence.

-Un woran... Comment t'appelle-tu?

Aztai ne savait s'il fallait répondre la vérité, mais aucun subterfuge ne lui vint en tête.

-Et vous? Qui êtes vous? Tenta Aztai sur le ton de la discussion.

Un faible sourire anima le visage de la femme.

-Je m'appelle Raven. Je suis aux commandes de ce camps. Capitaine Raven! Elle ponctua sa présentation d'une faible révérance.

-Alors nous sommes dans un camp militaire... Quelle armée?

-Notre armée! Répondit brutalement le colosse barbu.

La femme trahit un geste d'impatiente. L'homme se tut.

-Dahràm.

-Depuis quand Dahràm possède une armée? Interrompit le vieillard.

-Depuis que j'ai décidé d'en créer une, répondit le capitaine Raven. A présent tais-toi vieil homme si tu ne souhaite pas perdre l'usage de la parole pour les années qu'il te reste à vivre.

-Quel en est le but? Demanda Aztai alors que le vieillard se renfrognait.

-Je garde cela pour moi.

Le mystère planait... A elle seule? Cette femme aurait réunit assez d'homme pour lever une armée? Aztai n'y croyait pas une seconde.

-Et nous dans tout cela? lança le prisonnier forgeron d'une voix forte.

Sans crier gard, le colosse barbu s'approcha et lui flanqua un formidable coup de poing au visage, couchant littéralement le pauvre homme.

-Hum... j'allais y répondre, dit la femme en voyant le regard éloquent des autres prisonniers. Elle riva à nouveau son regard lourd dans celui du woran qui frissona. Je viens proposer à toi, et à vous (elle désigna deux autres hommes, le vieillard exclu) ainsi que lui (elle désigna le forgeron assomé), de vous joindre à nous.
Cette déclaration laissa Aztai perplexe.

-C'est une blague? Osa Aztai.

-Ca en à l'air? Répliqua le colosse menaçant.

-Vous enrôler de force les gens que vous croisez? Et vous grossissez votre armée de cette manière?

-Etonnant non? Fit la femme d'un air faussement amusé.

-Et vous pensez probablement que je vais me joindre à une cause dont j'ignore le but, et pour le moins très douteuse.

-Je suis d'accord avec le petit! S'exclama le vieillard sans accord pour parler. Et puis, que vais-je faire dans une armée de... qui y a-t-il dans votre armée? Demanda-t-il soudainement.

-Des mercenaires? Des pirates?

-Des gens à qui on offre une nouvelle vie! Des gens rejetés qui ont fait le choix de servir une bonne cause! Répondit le guerrier.

-La vôtre... marmonna le vieil homme.

-Vous raflez la pourriture, la vermine si je comprend bien, coupa Aztai pour éviter une altercation entre le colosse qui s'énervait et le vieillard téméraire.

-Nous changeons ces êtres devenus misérables...

-...En tueurs?

-La plupart le son déjà! Nous leur proposons... du travail, ou une nouvelle vie pour certain. Proposer à un mendiant de dormir autre qu'à la belle étoile tout lui offrant au moins deux repas par jour, simplement contre ses services. N'est-ce pas là un acte d'altruisme remarquable? Conclut le colosse avec un sourire.

Le capitaine observait avec attention l'échange d'arguments.

-Je ne suis pas de ces-là. J'ai une vie, et je ne compte pas la gâcher au service d'une cause plus que douteuse. Relachez-moi! Ordonna promptement Aztai, mettant fin à toute discussion.

-Tu penses avoir le choix? Ricana le colosse. Il flanqua une gifle au vieillard face à lui qui s'écroula.

-Que vous à-t-il fait? Cria Aztai faisant mine de se lever, retenu pas ses chaînes. Il sentait la colère se déverser tel un torrent en lui.

-Ici, nous commandons. Et tu nous suivra, que tu le veuilles ou non!

Il conclut sa déclaration en crachant sur le woran.

-Je suis entièrement d'accord avec le lieutenant Maverick, dit simplement la femme.

_________________
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Dernière édition par Aztai le Mar 28 Juin 2011 18:20, édité 2 fois.

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