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 Sujet du message: Re: Les Alentours de Tulorim
MessagePosté: Lun 20 Juil 2009 13:00 
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Tylën a écrit :

Tylën cheminait depuis un bon moment en direction de l'ouest, le bois de pins avait laissé peu à peu place à une végétation plus rase de buissons et d'argelas et le sentier caillouteux s'enfonçait à présent dans un dédale de collines calcaires de faible relief. Le soleil avait presque atteint son zénith et une chaleur pesante régnait déjà sur la campagne environnante. La peau moite et le gosier desséché il chercha en vain tout autour de lui une tache d'ombre bienfaitrice. Mais il n'y avait rien à l'horizon: pas le moindre arbre ou arbuste susceptible de lui fournir un peu de fraicheur, que de petits buissons d'épineux qui n'offraient nul autre ombrage que celui de leurs épines acérées.
Sous la chaleur accablante, à court d'eau, il décida néanmoins de poursuivre son périple dans cette garrigue hostile. Bien mal lui en prit.
Au bout d'une heure ou deux et après avoir suivis ce qu'il estimait être le chemin le plus droit possible il dût se rendre à l'évidence qu'il était perdu. Le sang pulsant sous ses tempes, au bord du malaise, il se força à envisager toutes les solutions qui pourraient le sortir de là mais aucune ne lui vint à l'esprit. Tout autour de lui s'étendait à perte de vue une succession de vallons arides parsemés d'une végétation racornie et squelettique. Sous la chaleur, l'air se gondolait légèrement et seuls quelques insectes stridulants ci et là témoignaient d'une présence organique animale dans la région. Il repris sa marche fébrile et opta pour une autre tactique. Quittant le sentier il se mit à longer autant que possible les crêtes rocailleuses en évitant de s'engouffrer dans les vallons encaissés, là où la végétation formait un fouillis inextricable et impénétrable, ce qui lui assurait aussi un panorama plus étendu et plus vaste. Cependant, maintes fois arrivé au bout d'une colline il dut rebrousser chemin, soit par la présence d'une barrière rocheuse de quelques mètres de hauts qui ne présentait pas la moindre aspérité, soit à cause d'un bosquet d'épineux trop denses rendant toute progression impossible. Découragé, au bord de la déshydratation il avisa soudain sur une crête voisine à la sienne un semblant de chemin qui paraissait se tenir sur les hauteurs et ne pas redescendre dans les valons. Il parvint à le rejoindre non sans mal en se frayant un chemin dans la végétation hostile et poursuivit sa route ainsi.
Au bout d'un moment il aperçu enfin la silhouette d'une masure qui se dressait au loin . A bout de force il s'engagea dans sa direction et à mesure qu'il avançait il put mieux distinguer l'habitation: il s'agissait d'une vieille bâtisse de pierres sèches couverte d'un toit de lauses en pente douce. Devant, se tenait une petite cour cerclée par un muret et une armature de bois y soutenait une vigne grimpante. Il n'y avait visiblement pas âme qui vive et parvenu à quelques mètres de la maison Tylën s'arrêta en s'appuyant lourdement sur son bâton. Une légère brise salvatrice se mit à souffler, sa fine cape moisie et déchirée se mit à voleter entre ses jambes et des mèches de cheveux vinrent se répandre sur son visage. Il resta là un instant face à la porte entrebâillée, profitant de ce souffle inopiné, quand soudain un grondement sourd lui parvint . Un chien difforme au poil ras, boitant lourdement du train arrière jaillit d'un angle du mur et vint se poster devant lui, la bave dégoulinante de ses babines, le nez plissé, les canines dévoilées. Terrifié le jeune demi-elfe esquissa un pas en arrière les mains crispées, prêt à vendre chèrement sa peau quand…



Dik attend !


Le chien sembla se figer et se contenta d'émettre un sourd grondement . Une petite fille était sortie de la maison et avait stoppé à temps le redoutable molosse. Elle regardait à présent le nouveau venu d'un air méfiant , la bouche pincée elle demanda:

Qui êtes vous ?

Sentant que le danger n'était pas écarté Tylën se fit le plus amical possible, il tenta d'adopter un sourire avenant, conscient que son apparence ne jouait pas pour lui.

Un voyageur !
Je découvre ce pays, je cherche la route qui mène à Tulorim… Mais n'aurais-tu pas un peu d'eau par pitié ? J'ai épuisé mes réserves ce matin.


La fillette le considérant un instant d'un air impassible puis appela le chien.

Tu peux t'asseoir à l'ombre sur la terrasse si tu veux. Je vais te chercher à boire..

Puis elle fit demi-tour, l'horrible bête infirme sur ses talons, et elle claqua la porte. Soulagé par le départ du monstre il s'avança et s'assit lourdement sous le feuillage épais de la treille. Alors seulement il se rendit compte à quel point il était épuisé. Un kilomètre de plus aurait surement eu raison de lui. Il s'adossa à une poutre en bois qui soutenait le feuillage et observa un instant les énormes grappes mûres qui pendaient au dessus de sa tête. Son estomac le tiraillait mais il n'osa pas s'en saisir d'une. Au bout d'un moment la porte s'ouvrit de nouveau et la fillette en sortit, un broc d'eau à la main, un raclement de griffes derrière elle.
Elle lui tendit le broc dont il se saisit avec avidité et en but d'un seul trait la moitié. Dans sa précipitation l'eau lui coula sur les cuisses et jusque dans ses chausses trouées mais il n'en avait cure. Sa soif apaisée il posa le pot à ses côtés et jeta un coup d'œil à sa bienfaitrice. Elle avait reculé jusqu'au mur d'entrée et l'observais attentivement, Dik sagement assis à ses pieds. Elle était vêtue sobrement et deux grandes nattes rousses encadraient son visage clair. Elle devait avoir une dizaine d'années tout au plus. Tylën lui demanda s'il pouvait rester ici une heure ou deux pour se reposer et elle accepta mais ne fit aucun geste et resta adossée au mur. Lui assis au fond de la terrasse, elle debout à l'autre bout, Ils restèrent un moment ainsi à s'observer plus ou moins à la dérobée puis voulant rompre le silence il demanda:

Quelle étrange chien tu as là… Je n'en ai jamais vu de telle sorte.

C'est bien normal, ce n'est pas un chien.


Le demi-elfe eut un instant de stupeur et ses yeux se posèrent sur l'animal: la gueule trop longue et trop large, le poil ras grisé, le poitrail énorme et l'arrière train ratatiné, les oreilles étranges et petites… Oui quelques chose clochait.
Etonné il questionna du regard la fillette. Elle reprit:

Père l'a ramené d'un de ses voyages en Imiftil. D'après ce que lui on dit les chasseurs du peuple des dunes, Dik est un mélange de chien et de hyène…
C'est pour ça qu'il boitte, il est né comme ça, à cause du mélange… Tu comprends ?


Tylën hocha vaguement la tête.

(J'ignorais que ce genre de mélange était possible…)
(et toi tu est bien un mélange aussi non ? Alors pourquoi serais-ce impossible pour un chien ?)


Il but une gorgé d'eau.

(c'est curieux, c'est un bâtard lui aussi et tout comme moi il souffre, que ce soit de maux physiques ou moraux… Les sangs mêlés seraient-ils inaptes à la vie ?)

Tu es donc toute seule ici ? Il n'y a pas un adulte avec toi ?


La fillette lui adressa un regard suspicieux.

Non, mes parents se sont absentés et mon oncle revient ce soir.


Après un instant elle dit:

Bon je rentre, si tu as de nouveau soif tu n'auras qu'à toquer.


Elle pénétra à nouveau dans la bâtisse et le laissa seul. Epuisé il s'allongea sur le sol dur et sombra aussitôt dans un profond sommeil.

Il allait enfin être intronisé ! Il avait attendu ce jour pendant longtemps et aujourd'hui de longues années d'attente se réalisaient enfin: il ferait partie intégrante du cercle du diadème blanc. La jeune elfe finissait les dernières coutures aux manches de son magnifique costume d'apparat quand un puissant son de cor retentit au dehors. Il s'arracha des mains expertes de son habilleuse et sortit de sa tente d'apparat le visage noble et fier. Sous le retentissement des cuivres et des hautbois il s'avança dans la haie d'honneur qui lui était réservée. Elle était composée d'elfes et d'orcs, tous dans une armures de platine d'un blanc étincelant, leur armes étaient d'argent et renvoyaient les rayons éblouissants du soleil matinal. Puis, alors qu'il s'avançait au centre de la prairie, près d'une estrade de marbre entourée de colonnades, la musique se tue et seul le claquement des étendards se fit entendre dans l'air frais. Il gravit les marches gonflé d'un sentiment d'exaltation et s'arrêta à quelques pas devant une femme dont la beauté surpassait tout ce qu'il avait put voir et admirer au cours de sa vie. Elle lui fit un sourire bienveillant et saisie une couronne de laurier qu'elle déposa sur sa tête.
Puis sous les acclamations des elfes et des orcs elle lui fit signe de le suivre. Ils descendirent du promontoire et foulèrent de leurs pieds léger l'herbe verte pour parvenir à l'entrée d'une grande maison de bois. Elle le fit entrer et ferma la porte. Là se tenait au centre de la pièce un homme barbu au longs cheveux noirs, à genoux, la nuque courbée, enchainé par deux gardes entièrement couverts d'une armure blanche et dont le casque d'une beauté absolue ne laissait pas même entrevoir leurs yeux.
La femme à l'apparence si sublime dégaina alors une épée d'un geste gracile et la lui tendit. Il la saisit par la garde, époustouflé par sa finesse et son éclat argenté. Sur la lame était entremêlés des fils d'or et d'ambre. Il s'avança sans réfléchir prés du prisonnier qui au bruit des pas releva la tête. Son regard noble se ficha dans ses yeux alors qu'il levait son épée prêt à l'exécuter comme il se devait. Son geste fut stoppé et l'arme resta suspendu un instant dans les airs. Mais sur sa nuque il sentit le poids du regard glacial de la femme qui lui enjoignait d'achever se besogne. Tiraillé par la force des deux regards il ne savait que faire.
Alors tourna la tête sur la droite et avisa un des gardes qui tenait le prisonnier. Il le décapita sans effort tellement la lame se trouvait bien aiguisée.
L'autre garde tourna l'avant de son magnifique heaume vers la scène mais ne dit rien. Le femme eu un soupir excédé.
Contrit, il leva une nouvelle fois son arme pour tuer cette fois-ci le prisonnier mais à nouveau son regard le retint. Alors il décapita l'autre garde.
Quand le corps couvert d'armure se fut écroulé la femme tapa dans ses mains et jaillirent deux autres gardes semblables qui saisirent à leur tour les chaînes du prisonnier qui ne tenta pas une seule fois de se relever durant ce laps de temps.
Ce dernier leva alors la tête et dit sur un ton plein de compassion:
Et bien, nous n'allons pas y passer la journée. Tu dois prendre une décision. Frapper à côté ne résout jamais rien. Pour venir à bout d'une situation il y a toujours plusieurs solutions. Et même lorsqu'elles ne nous plaisent pas nous nous devons d'en choisir une… Piétiner et ronchonner à côté ne te mènera à rien crois-moi.
Alors il leva l'épée au dessus de l'homme qui avait de nouveau courbé la tête mais arrêta de nouveau son geste. Se ravisa puis tourna les talons et décapita la femme. Un sourire énigmatique figé sur ses lèvres sa tête roula suivant la chute du corps.
Alors les gardes s'écartèrent et le prisonnier se releva époussetant ses habits. D'un ton badin il lui dit:
Et bien nous y sommes arrivés… La prochaine fois tu hésiteras moins ça évitera des souffrances inutiles dit-il en esquissant un geste vers les cadavres en armures.
Tu n'hésiteras plus à l'avenir n'es-ce pas ? Hein ?! Lui souffla-t-il en le secouant violemment.
Mais… je n'ai...jamais …


Il fut brusquement réveillé par une main puissante qui lui secouait l'épaule. Il ouvrit les yeux et découvrit un visage buriné par le soleil, barré d'une grande moustache blanche. Un homme de forte carrure se tenait accroupi à ses côtés.

Oh mon gars! Il est temps que tu partes, tu es encore à temps de rejoindre Tulorim si tu veux. Tu trouveras de l'eau dans le puits pour remplir ta gourde, viens je vais te montrer la route.


Encore à demi endormi Tylën bégaya un "oui" pâteux et déduisit à toute allure qu'il devait avoir à faire à l'oncle de sa jeune hôte. Il ramassa en vitesse son bâton, bût une dernière gorgée dans le broc d'eau qui n'avait pas bougé et suivit l'homme.
Ils s'avancèrent de quelques dizaines de mètres jusqu'à un petit promontoire rocheux d'où l'on distinguais au loin un plaine plus régulière couverte de cultures et de champs d'oliviers.
De la main l'homme esquissa un geste.

Voici la fin de la colline, suis ce chemin à travers la plaine et tu parviendras à Tulorim avant la nuit si tu marches sans trainer.

Sans un mot de plus il regagna la maison. Le demi-elfe lui cria un "merci" et pour tout réponse l'homme leva son bras, main ouverte, sans même se retourner.
Son compagnon de marche dans une main il s'étira alors et poursuivit sa route dans la direction indiquée. Le soleil déclinait à l'horizon laissant derrière lui une trainée d'or qui illuminait la plaine toute entière. Tout au loin il distinguais l'étendue bleue de la mer et le cœur plein d'allégresse il marcha d'un pas ferme vers la fameuse cité portuaire à la réputation tumultueuse.

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Chibi-Gm, à votre service !


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 Sujet du message: Re: Les Alentours de Tulorim
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 19:41 
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Localisation: Manoir des Brumes
Nous parvînmes finalement devant une ferme un peu plus grande que les autres, et j'invitai Lyssena à descendre. Je lui tendis le bras alors, avant de la conduire vers l'entrée des lieux.

Nous n'étions pas encore arrivés jusqu'à la bâtisse qu'une femme, ou plutôt un matrone vint nous accueillir.

"M'dame, M'sieur. On m'a dit qu'des gens d'la ville voulaient prendre un d'nos terrains.
-Oui c'est bien nous madame. lui dis-je en sortant l'acte.
-Ah vous avez bien choisi! On a tout l'confort pour les gens des villes qui veulent goûter les joies d'la campagne. C'est toujours un plaisir! Vous m'suivez? J'vais vous faire visiter vot' jardin..."

Elle partit alors en avant, et je jetai un regard à Lyssena, avant de lui expliquer:

"Je ne pensais pas qu'un jardin au manoir serait assez grand, et puis il paraît les terres sont teintées de magie. Je pense qu'ici ce sera bien plus agréable pour vous."

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Longinus, Chevalier des ténèbres.


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 Sujet du message: Re: Les Alentours de Tulorim
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 20:01 
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La voiture s'arrêta à ma plus grande surprise dans la cour d'une ferme. Une femme sortit de la ferme nous saluant et nous demandant si nous étions ceux qui voulaient qui avions achetés un de leur terrain. Après que mon compagnon ait confirmé, la fermière nous emmena vers notre nouvelle propriété qui était mienne ou qui allait me servir en tout cas.

Longinus m'expliqua qu'un jardin dans le Manoir allait être trop petit. J'acquiesçai comprenant la situation. Et je ne me disais que le parc était beaucoup trop somptueux pour le gâcher avec un jardin à côté.

L'ancienne propriétaire de la parcelle nous montra l'immense jardin qui à présent nous appartenait. Un champ nu de terre s'étendait devant nous. Elle m'expliqua que tout ce triangle m'appartenait et que la culture était propice aux graines qui pouvaient être le remède de certains maux et même accorder certains pouvoirs ...

Notre guide nous fit visiter leur demeure et les alentours de cette campagne. Une maison de distillation se tenait plus loin. Les explications nous apprirent tous les principes de la transformation des potions.

Durant cette journée une initiation à l'entretien des plantes et à la culture des graines se faisaient sous le soleil haut perché dans le ciel sans nuages.

Quand le soleil commençait à perdre de sa chaleur nous étions devenus de véritable jardiniers en herbe.

_________________
¤~ Strawberries cherries and an angel's kiss in spring ~¤

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By Rasliak


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 Sujet du message: Re: Les Alentours de Tulorim
MessagePosté: Dim 23 Aoû 2009 20:06 
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Localisation: Manoir des Brumes
Nous passâmes ainsi la journée sous le soleil harassant, dans des vêtements d'emprunt tout ce qu'il y a de plus rugueux. Lyssena sembla s'amuser, et nous en apprîmes sur la vie rurale.

Je n'étais pas vraiment dans mon élément, mais distraire l'esprit par le travail manuel fut une bonne idée, et sembla vraiment convenir à l'elfe. Je fus en tout cas satisfait de cette acquisition, et du bon accueil réservé par la fermière.

Nous partîmes peu avant le crépuscule, dans la même carriole qui nous avait attendus là journée durant.

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Longinus, Chevalier des ténèbres.


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Ven 11 Sep 2009 11:09 
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Renaissance sacrée.

La porte du temple dans le dos, les yeux tournés vers la plaine aride, l’Ogre inspira profondément. Voilà trop longtemps qu’il n’avait plus goûté à cette liberté, cette sensation un peu vertigineuse qui remplit l’âme de mille idées. Chez Gurth, ces idées prenaient la forme de sanglantes rencontres, de méfaits sordides et glauques, de sacrifices divins et d’offrandes sanguinolentes à son culte chaotique. Le soleil de fin de matinée jetait son éclatante lumière à travers le fin couvert de nuages grisâtres et épars, et brulait les yeux du monstre trop longtemps resté à l’ombre de sa prison volontaire. Ses iris blanchâtres souffraient de ce changement brutal, violent même, de luminosité. Lui qui avait été si bien, si intimement en lui, dans les ténèbres du temple, était maintenant confronté à cette lumière diurne frappante, aveuglante, qui invoqua chez lui un sentiment de rage mal contenue. Ainsi donc, le règne des ombres ne s’étendait pas encore en ces contrées. Le mal mordoré n’avait pas étendu son chaos jusqu’ici, brulant les champs et les fermes, réduisant en cendre toute culture, assombrissant même les cieux pour conférer à l’ensemble une apparence de désolation que même le Bien le plus pur et le plus détestable ne saurait raviver. Non, cette heure n’était pas encore venue, et il en tira une profonde déception. Armé de sa véhémence, il se laissa aller : il hurla de toutes ses forces, de toute sa capacité thoracique. Un cri rauque, douloureux, puissant, bestial, qui résonna comme une menace à l’orée de cette forêt que le temps n’avait pu altérer.

Les habitants des hameaux alentours avaient du lever un instant la tête, priant Yuimen ou Gaïa que ce brame étourdissant ne soit pas augure de malheur. Mais les divinités mièvres de la bonté et des choses vivantes ne pouvaient rien contre lui, serviteur acharné et dévoué de l’Ombre et de la Mort. Il était de retour, et tous devraient être au courant.

Son cri avait déclenché chez lui la hargne qu’il maintenait interne depuis trois années. Il s’en sentait assaini, régénéré, comme si les forces qui autrefois l’avaient abandonné venaient de retrouver son être de chair. Thimoros avait un œil sur lui, et il n’allait pas le décevoir.

Petit à petit, sa vue s’accoutuma à la lumière ambiante, et il put ouvrir les paupières sans trop plisser le front, à moitié étourdi par la lueur rayonnante du soleil. Son regard éteint se posa sur la ville qu’il avait toujours connue, et qui semblait immuable, inchangée. Les sombres bâtiments se montaient toujours dessus dans un capharnaüm chaotique et coutumier, alors que les habitants parcouraient les ruelles tordues et agencées aléatoirement.

Fortuitement, son regard se posa sur un des bâtiments les plus proches : l’Auberge du Pied Levé. Le monstre laissa exhaler un soupir étouffé de ses larges lèvres fendues. Talic était-il toujours le patron de l’établissement où, autrefois, il faisait bombance ? Cela ne faisait aucun doute, et rien que cette évocation lointaine d’un passé oublié lui mit l’eau à la bouche éveillant ses sens éteints. Un gargouillement rugueux traversa la couche graisseuse de son ventre pour parvenir à ses oreilles. L’Ogre avait faim. Il y avait trop longtemps qu’il n’avait plus mangé de repas digne de ce nom. L’aubergiste connaissait ses goûts. Les aurait-il oubliés ? Il n’y avait qu’une manière de le savoir…

D’un pas qui fit trembler la terre, l’Ogre avança.,
D’un appétit retrouvé de naguère, pour prendre son repas…


La menace s’avançait…

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 16 Sep 2009 18:03 
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Inscription: Sam 29 Nov 2008 22:29
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Localisation: Derrière vous. Prêt à vous caressez la jugulaire et extraire la vie pour donner la mort...
Barald se rattrapa avec une dextérité stupéfiante, sans trébucher et loin de tomber. Encore une démonstration flagrante de ses capacités. J’étais tout de même fier de moi, j’avais réussi l’exercice en comprenant vraiment comment réaliser cette… technique. Concentrer sa force sur le bassin de l’adversaire en utilisant tout son corps pour le propulser… ça pourrait m’être bien utile dans une situation de fuite. Barald avait l’air content en revenant vers moi et ne semblait guère rancunier au vu de ma réussite :

« Bien jeune Kal, mais ta force est encore faible ! Il faudra te perfectionner dans cet apprentissage, mais nous reverrons ce point là plus tard. Pour ton nouvel exercice, l'objectif cette fois-ci sera seulement de me toucher au visage. Mais attention, je me défendrais sans contre-attaquer! Durant ton repos prochain, tu peux aller discuter avec Ethernia qui veut s'entretenir avec toi pour le reste de la soirée. »

Il resta souriant tout au long de sa phrase, contraste net par rapport à la violence de l’entraînement. Voilà donc ce dont était capable un véritable assassin… un contrôle total de ses émotions, s’investissant entièrement dans un combat et revenant à la normal juste après. Impressionnant :

« Merci pour m’avoir aidé dans cet exercice maître Barald et je voudrai m’excuser de mon comportement impétueux avant notre dernière échange. Je travaillerai ardemment le contrôle de mes sentiments à l’avenir. Je vais donc voir maître Ethernia. A plus tard. »


Le saluant en baissant la tête, je fis volte face pour entrer à nouveau dans les tréfonds de la caverne du maître. Alors que je descendais les escaliers dans une totale obscurité, un feu follet apparut devant moi et me guida jusqu’à la chambre d’Ethernia.
La porte de cristal s’ouvrit devant moi me laissant pénétrer dans la demeure de mon maître. Rien n’avait changé depuis la dernière fois, elle se tenait toujours au même endroit, entouré de ses feu follets, le reste de la pièce restant dans les ténèbres :


« Maître, vous avez demandez à me voir ? »


Ses yeux d’ors se fixèrent sur moi comme sur une proie, lisant en moi, en mon âme. Ce regard m’étonnait toujours, si puissant, si fort même s’il ne me troublait plus autant. Je m’étais totalement dévoué à elle en tant qu’apprenti et je ne voulais plus rien lui cacher ; toute intimité était exclue d’une relation maître/élève comme la nôtre. Elle me répondit alors :

« En effet, j’avais demandé à Barald de t’envoyer à moi lorsque tu réussirais l’exercice. Je te félicite donc pour ta réussite, tu es un bon apprenti. »


Je laissai le compliment me pénétrer, l’acceptant avec un intense plaisir. Je ne savais pas pourquoi un compliment venant d’elle me faisait tant d’effet… peut être était-ce dût à l’immense respect que je lui portais. Elle continua en souriant :

« Bien, maintenant je voudrais parler un peu de la façon de combattre d’un assassin. D’un assassin suivant la Voie bien entendu car il existe un grand nombre de personnes qui se qualifient ou que l’on qualifient d’assassin mais qui n’ont rien à voir avec nous. Sur le plan psychique, ils diffèrent du fait qu’il ne suivent pas la Voie… ils ne sont pas des serviteurs de la mort, ils ne la comprennent pas et souvent n’essayent même pas de la comprendre. Ils tuent de façon… chaotique. Nous ne sommes pas comme eux. Lorsque un serviteur de Phaitos enlève la vie, il le fait avec une conscience réelle de son acte, de façon neutre, il envoie l’âme aux enfers. Mais passons au plan physique… tu ne pourras pas comprendre réellement nôtre esprit tant que tes mains seront vierges. »


Elle s’interrompit un instant, me laissant le temps d’assimiler tout ce savoir. J’étais à nouveau dans cet état euphorique où je sentais les mots de mon maître me pénétrer, s’incrustant au plus profond de mon âme, construisant un pont qui me conduirait à la Voie. Je comprenais que je ne pouvais encore qu’imaginer ce qu’était la Voie… ce chemin de l’âme que suivaient les serviteurs de la mort. Je la ressentais néanmoins, palpitant dans les tréfonds de mon être. Je me rapprochais d’elle grâce aux enseignements de mon maître, l’approchant doucement et sûrement. Ethernia reprit alors :


« Bien… sur le plan physique, ces semblants d’assassins ne reçoivent pas de formations à part quelques exceptions et même pour ces rares personnes, ça ne se rapproche en rien de la difficulté de nôtre entraînement, de part nôtre rigueur, nôtre discipline et la façon dont nous ne cessons de repousser nos limites physiques. Bien sûr, certain peuvent atteindre une grande dextérité et une qualité de combattant exceptionnelle et tu en rencontreras sûrement qui seront plus fort, plus rapide, plus dangereux que toi mais toi tu auras la connaissance de nos arcanes. Je veux te faire comprendre que l’apprentissage nous rends fort mais que tu pourras toujours trouvé plus fort, aussi bien parmi les assassins suivant la Voie que parmi les autres. Certains d’ailleurs n’auront pas l’air d’assassins… ils se battront avec des armes de jet, des épées, des lances mais les « gens » les qualifient d’assassins car ils enlèvent la vie. D’autres nous ressemblent, ayant progressé d’eux même dans l’art de la mort, ils ont put peaufiner leurs talents en se faisant engager sous contrat, apprenant sur le tas les mœurs de l’assassinat. Revenons en au combat. »

(Ainsi assassin ne nous définit pas totalement. Nous sommes différents à de simples assassins… plus des serviteurs de la mort….)

« Hum… maître, j’aurai une question avant que vous ne continuiez. Avons-nous un nom ? Je veux dire pare là, une appellation qui nous définie vraiment. »


« Cette question est pertinente jeune apprenti mais tu n’auras pas la réponse ce soir. Tu n’es encore qu’aux prémices de ton enseignement et tu ne peux être confronté à ce genre de savoir sans avoir de connaissances préalables. Tu apprendras tout au cours de ta formation, n’ai crainte. Je disais donc le combat… oui.
Nous avons une façon de combattre bien à nous qui se divise en plusieurs catégories comme l’assassinat, l’empoisonnement, le corps à corps, l’esquive ou la maîtrise de l’aura… Actuellement, tu ne travailles que le corps à corps ce qui implique de combattre un ennemi ayant décelé ta présence et qui s’apprête à t’attaquer. Nous, arpenteurs de la Voie, n’avons pas une force impressionnante ni d’immenses armures étincelantes mais nous savons donner la mort de toutes les manières possibles ou presque. Nous attaquons de façon réfléchie, en visant les points faibles de l’adversaire. Gorge, oeils, cervicales, cœur, foie, rate poumons, artères, parties génitales… nous n’hésitons pas à attaquer aucune de ces parties du corps qui ne peuvent être renforcé. Imagine toi un immense guerrier, battit comme un titan… imagine toi une lame caressant sa jugulaire. Que peut-il faire ? Muscler ses artères ?! Non, nous visons donc ces endroits. La force avec laquelle nous frappons n’est pas importante. Ce qui compte est notre vitesse d’exécution. Notre capacité à nous mettre en mouvement sans aucun geste préalable, transformant immobilité en geste meurtrier. Tu dois frapper le plus vite possible avec une précision parfaite, créant la mort avant que ton adversaire ne puisse s’en rendre compte. Evidemment, nôtre vitesse est d’autant plus importante à cause de nôtre courte allonge. Tu dois plonger au centre de la force de ton adversaire, être si proche de lui que tu sens son souffle et alors… tu frappes avant d’en sortir et si tu ne peux en sortir, tu esquives. Tant que nous n’aurons pas abordé les leçons sur l’esquive, la meilleure chose à faire est de suivre ton instinct. Instinct qui s’améliorera au fil de tes combats. Voilà donc ce que tu dois retenir de primordial : Vitesse, précision, esquive et surtout… soit toujours instable, fugitif, mouvant et imprévisible. Devient la brume, devient la mort…
Maintenant retourne à l’aire d’entraînement suivre les instructions de Barald. »


Tant de chose dites… tant d’informations précises et floues en même temps. Je sentais ce qu’elle voulait dire mais ne le comprenait pas et d’autres fois je comprenais sans vraiment sentir son message. Jamais je ne m’étais douté que l’art du combat était si complexe. Je pensais qu’il s’agissait de quelques techniques mais j’étais totalement dans l’erreur… le combat est changeant, il ne se bloque jamais. Vitesse, précision… donner la mort sans que mon ennemi ne s’en rende compte. Quel bonheur d’être un assassin, de suivre cet enseignement si fort qui me permettait de construire ma vie, de me créer un avenir…

_________________
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-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
-Pourquoi lui rendre un culte ?
-Il est le dieu de la mort et nous la semons. Nous sommes ses envoyés.


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 16 Sep 2009 18:06 
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Je remontai l’escalier jusqu’à l’aire d’entraînement, revoyant en pensées ma conversation avec Ethernia. Ce qu’elle m’avait dit sur le combat me parlait tout particulièrement vu que je devrais incessamment sous peu combattre Barald. Il fallait que je devienne aussi imprévisible qu’un animal tout étant précis ; guider le tout de mon instinct.
De nouveau à la surface, Barald avait disparu.


(Qu’avait il dit déjà ? Ah oui, que je me reposerai et discuterai avec Ethernia le restant de la soirée.)


Je pouvais donc prendre un repos. Après un instant de réflexion et au souvenir de ce qu’avait dit Barald sur ma force, je décidai de m’entraîner d’abord.
Je recommençai donc mon éternel labeur, celui qui constituera les bases, les fondations de ma qualité d’assassin. J’avais depuis un certain temps compris que le physique était d’une importance capitale pour nous. La force, la vitesse, l’agilité, l’endurance et surtout la résistance physique et mentale ; multitude d’éléments que nous développions à travers cet entraînement quasi-irrationnel.
Cette fois, je cherchai à éprouver mes limites en traitant chaque exercice de façon très rapide et non avec ma lenteur habituelle. Ainsi je faisais mes tractions en vitesse, me relâchent brusquement lorsque j’arrivais en haut puis remontai aussitôt. Cette manière de faire imposa à mes muscles une nouvelle tension, douloureuse au niveau des épaules et, même en forçant sur mes limites, en bandant ma volonté, j’en fis bien moins que d’habitude. Je fis de même durant mes abdominaux et mes pompes, si bien que j’eu fini très vite, le corps brûlant et suant.
Il y a un plaisir indescriptible à l’effort physique intense lorsque ça à un sens, qu’on a un but. Tel quelqu’un qui construirait les fondations de sa maison, je me bâtissais le corps duquel dépendrait mes combats, mes meurtres, ma vie…
Je m’obligeai ensuite à faire des exercices d’assouplissements pour évacuer la tension de mes muscles puis, quand j’eu retrouvé un rythme cardiaque normal, me lançait dans un nouveau cycle d’entraînement semblable au précédent.
Alors que je reprenais par des tractions, de nouvelles sensations m’assaillirent… l’impression de ne plus avoir aucune force dans le haut de mon corps. Malgré cela, je fis mes exercices mais beaucoup plus lentement qu’avant car mon corps ne répondait plus aux injonctions de mon esprit. Il ne fallut que quelques mouvements pour retrouver l’enfer mais j’avais un forte résolution, volonté que je nourrissais de mes sentiments. De ma rage envers le monde, de mes colères contenues, de ma tristesse cachée…
Lorsqu’à nouveau j’eu finis, je traînai ma carcasse jusqu’à la combe/lit. Vidé aussi bien de mon énergie physique que des différentes rancunes qui m’habitaient, je m’enfonçai pour la première fois dans un sommeil totalement paisible.

Je m’éveillai avec un profond sentiment de paix intérieure, chose que je n’avais jamais éprouvé de toute ma vie. Ainsi je découvris que l’entraînement servait aussi à se soulager mentalement.
En me levant, j’eu l’impression d’être plus léger que jamais, comme si l’on m’avait retiré un énorme poids et, la seule tension qui m’habitais était celle de mes muscles courbatu. Je remerciai une fois de plus Althan et Ethernia de m’avoir montré la Voie puis, je tournai mon regard vers le cercle de combat… vide. Barald n’était toujours pas revenu.
Redoutant légèrement ce que cette anomalie induisait, je descendis voir Ethernia mais sa porte resta fermée et je ne pus que remonter. Arriver en haut, la seule chose qu’il me restait à faire était de continuer l’entraînement ce que je fis sans plus tarder. Je commençai par m’échauffer puis repris les exercices de la même manière que la veille, enchaînant chacun des mouvements jusqu’à dépasser mes limites. J’eu l’agréable surprise de sentir en moi des forces nouvelles ; je dépassai quelque peu la quantité précédente dans chacun des exercices avant de m’arrêter, en nage. Je retirai le haut de ma tunique pour me rafraîchir et la vision de mon corps me stupéfia. J’avais changé, mes muscles s’étaient raffermis, mes abdominaux se traçaient et j’avais même l’impression d’avoir un peu plus de pectoraux. Ma musculature n’avait, certes, pas pris beaucoup de volume mais elle en donnait l’impression car je m’étais débarrassé de toutes mes graisses superflues donnant une perspective assez impressionnante à mon habitacle.
Je sentis ma bouche sourire tandis qu’une joie orgueilleuse me parcourait… l’entraînement commençait à porter ses fruits.
Tout à ma joie, je commençai à courir en rythme autour de la place, savourant l’énergie nouvelle qui me parcourait. Presque une heure était passer quand je stoppai ma course, le cœur battant si fort qu’il semblait vouloir se décrocher de moi. J’entrepris alors des mouvements de souplesse pour me détendre.
J’inspirais profondément, goûtais la sensation de l’air frais en moi puis, le relâchais tout doucement. Tout en gardant ce rythme respiratoire, je me mouvais avec lenteur, dénouant les nœuds de chacun de mes muscles. Je continuai longtemps après que mon corps se soit remis, perpétuant cette danse régénératrice.

L’absence dura des jours ! Peut être même des semaines….
Chaque «jour» se déroulant de la même manière, un cycle de sommeil réparateur, de longues séances d’entraînements ponctuées de cette gymnastique relaxante.
A chacun de mes réveils, un bol se situait près de moi rempli de boulettes farineuses énergétiques.
J’avais perdu toute notion du temps, seuls les cycles « journaliers » me donnaient une vague notion du temps qui passais et il m’arrivait de me demander si ça ne faisait pas des années que je m’entraînais….
Il y avait de quoi perdre la tête mais je m’accrochais à l’idée que mes maîtres reviendraient quand il le faudrait. L’apport constant de nourriture était une preuve de leur présence sinon de leur soutien. L’entraînement commençait à me faire faire des progrès de plus en plus visible. Je le sentais à l’énergie qui coulait en moi, à la quantité supplémentaires d’exercices que je pouvais accomplir et surtout à l’accoutumance de mon corps à ces exercices. En effet, les courbatures ne disparaissaient pas vraiment mais mes muscles à force d’être tout le temps tendu avaient comme pris l’habitude et s’étaient durcis.

Et un autre « jour », alors que je m’éveillais, Barald était là.

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-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
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Dernière édition par Kal le Jeu 17 Sep 2009 22:24, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Jeu 17 Sep 2009 00:50 
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Toujours porteur de son étrange sourire, il s’approcha de moi en déclarant :

« Alors ? Comment c’était d’être livré à toi-même pendant une dizaine de jours ? Je t’ai observé tu sais et je dois te féliciter de ta réaction. Beaucoup d’apprenti passe tout leur temps à nous chercher vainement. »


(Comment ? Je ne suis resté que dix jours seul ?! J’avais pourtant la sensation de mois voir d’années…)


«-Comment est il possible que seulement dix jours soient passés ? J’ai l’impression d’avoir passé beaucoup plus de temps seul, j’ai d’ailleurs pratiqué trop de cycles pour une dizaine de jours… A chaque fois je m’endormais épuisé et me réveillais en pleine forme…
-Justement, tout cela vient du sommeil. Ethernia a des pouvoirs que tu n’imaginerais même pas et sous son influence, ton corps se régénérait à grande vitesse. Ainsi une longue nuit de sommeil devient une sieste d’une demi heures. Comprends tu maintenant comment tu as peu t’entraîner autant en si peu de temps ? »

J’acquiesçai vaguement. J’avais du mal à croire ce qu’il m’avait dit. C’était fort tout de même ! Même venant d’Ethernia… et pourtant, la connaissant un peu, je pouvais la croire capable d’un tel prodige. D’un geste de la main, il m’invita à le suivre et s’en alla se placer au centre du cercle de combat. Il se tenait immobile, me fixant d’un regard vide ; comme s’il attendait quelque chose de ma part… Ah oui ! Je devais arriver à le toucher au visage…. Un objectif situé bien loin du sol.

(Réfléchis ! Je ne dois pas encore foncer tête baisser. )


Je lui rendais son regard depuis quelques minutes déjà quand j’optai pour une stratégie. Je me mis à marcher vers Barald, approchant d’un air innocent et refoulant mes envies de meurtres.
Une lueur fugace de surprise passa sur le visage de mon instructeur et, bien qu’il l’effaçât instantanément, je le pris comme une petite victoire.


(Être imprévisible, surprendre l’adversaire)


Je continuai jusqu’à ce que nous soyons si proches que je pouvais sentir son haleine et là, je m’arrêtai, plongeai mon regard dans ses yeux sombres tandis que… mon poing droit décrivait une ample courbe hors de son champs de vision avec pour but d’atteindre sa tempe. J’avais donné mon coup avec toute ma force et mon poing ne rencontra … que du vide.
Barald avait fait un pas en arrière. Un simple pas qui donnait mon attaque la même efficacité qu’un courant d’air.


(Comment a-t-il bien pu la voir ?!! Il l’aurait… sentit ?! Non… Bon, tentons autre chose)

Durant mon entraînement solitaire, j’avais souvent simulé ce combat et avais trouvé un certain nombre de frappes intéressantes. Je laissai donc l’élan de mon premier coup m’emporter tout en accélérant la force centrifuge et alors qu’en pleine rotation, je donnais du dos à mon adversaire, j’envoyai mon poing gauche vers sa tête…
Répétition de la scène précédente. Barald fit un autre pas en arrière, regardant ma main lui rafraîchir le visage. Déception, colère. Je continuai à enchaîner les coups… gauches, droites, atémis, coups de paumes et lui, continuait à faire un pas en arrière pour chacun de mes coups. Même que certaines fois, il se contentait de tourner la tête pour esquiver, comble de l’humiliation pour moi.
Je pris conscience que mon maître auxiliaire était véritablement impressionnant… pouvoir éviter entièrement cette succession d’attaques rapides avec autant d’aisance. Il prenait même la peine de se replacer au centre du cercle tout en m’évitant…
Je m’acharnai, tenant à l’idée que si j’envoyai un nombre de coup suffisant, l’un d’entre eux toucherait. Et la ridicule poursuite continua, encore et encore, la même corrida où je continuai à frapper comme une bête et lui, l’homme évolué, m’évitait sans cesse. Cette danse burlesque dura longtemps, trop longtemps… si longtemps que l’on pouvait prouver que le ridicule ne tuait pas… mais je finis par m’arrêter, épuisé, le souffle court et les épaules en feu.
Barald me lança un regard amusé avant de lancer :


« Ce n’est pas en frappant comme ça que tu me toucheras. Réfléchis donc, regarde toi, on dirait un ours lourd et maladroit. Tu frappes avec toute ta force en donnant des coups si amples… il est certain que si l’un d’eux m’atteint, je serais mal en point mais tu crois vraiment que l’un d’entre eux a ne serais-ce qu’une chance de me toucher ? Réfléchis un peu nom de Phaitos !! Tu n’as donc rien appris d’Ehternia ! »


Ce qui me semblait être une moquerie se transforma vite en remontrance puis en conseil.
Qu’avais-je appris d’elle ? Beaucoup ! Mais, je n’avais hélas pas encore tout assimilé.
Qu’avait-elle dit qui me servirait maintenant… Je revoyais ma dernière conversation avec elle et soudain, ça me sauta aux yeux, ou plutôt aux oreilles…


(« Nous, arpenteurs de la Voie, n’avons pas une force impressionnante… Nous attaquons de façon réfléchie, en visant les points faibles de l’adversaire… . La force avec laquelle nous frappons n’est pas importante. Ce qui compte est notre vitesse d’exécution. Notre capacité à nous mettre en mouvement sans aucun geste préalable, transformant immobilité en geste meurtrier… »)

Quel imbécile je faisais… Elle m’avait précisément indiqué comment je devrais me battre et j’avais pratiqué l’opposé de cette sagesse.
Mon regard s’éclaira, mon torse se redressa et je mis dans une position que je sentais d’instinct comme la plus adapté à cette manière de combattre.
Jambe gauche devant moi légèrement fléchie, la jambe droite tendue soutenant mon corps, mon torse arqué vers mon adversaire et mes mains proches l’une de l’autre, prêtent à frapper, à mordre et à déchirer la chair…

Je m’élançai vivement vers Barald et commençai à frapper, vif comme un fauve. Je ne mettais plus de force réel dans mes coups, utilisant mes muscles pour toucher le plus vite possible. Ma première attaque fut à la fois rapide et surprenante. J’envoyai mes mains se refermer d’une part et d’autre de son crâne comme la mâchoire d’un loup et, alors que Barald esquissait un nouveau pas en arrière, je fis un pas en avant, suivant son élan et mon coup… ne porta pas.
Il avait utilisé ses bras pour se défendre et je fus ravi de ce grand progrès.
Ragaillardi, j’enchaînai les attaques tranchantes, mordantes et contondantes en variant sans cesses mes enchaînements et, au fur à mesure que je combattais, j’en trouvai d’autres, plus complexe…


Combattre,
Infinité de mouvements,
Voie


Je ne faisais pas que frapper, je lui tournais autour pour attaquer sur les cotés et l’arrière de sa tête, l’obligeant à se tournoyer pour parer mes attaques. Frappes, esquives. Vitesse contre parades…
Il avait le grand avantage de toujours savoir quelle serait ma cible…


(C’est ça ! Défendre uniquement sa tête est plutôt facile mais s’il devait esquiver des coups visant tout son corps, ça lui complexera la tâche. Je dois le frapper au corps !!!)

Et joignant le geste à la pensée, alors qu’il me dégageait les bras en arrières d’une violente parade, je lui décochai un puissant coup de genou dans l’entrejambe. Surpris, il dû bondir en arrière pour éviter le choc. Ses lèvres s’étirèrent plus franchement comme pour me dire que j’étais sur la bonne voie. Ne m’arrêtant pas, j’envoyai désormais bras et jambes assaillir ce géant félin qui jouait avec moi. Pluie de coup sans fin, je ne m’en lassais pas.
J’expédiai une gauche au corps qu’il arrêta aussitôt puis dans la foulée, j’engouffrai ma droite dans sa défense ouverte. Il put le parer de sa main libre mais j’avais compris le truc.
Mon panel d’attaques s’étant immensément agrandi, je tentai de le faucher d’un balayage qu’il esquivât en sautant, j’essayai d’une double attaque au thorax et à l’abdomen qu’il parât des deux mains.
Coups de coudes, de pieds…
Frappes de la paume et du poing…
Attaques tranchantes et assommantes…

Je n’avais de cesse de frapper partout, pénétrant chaque ouverture, exploitant chaque faiblesse et Barald esquivait toujours, parait bondissait, sautait, montrant des capacités défensives toujours plus impressionnantes.
Durant ce combat, un plaisir étrange naquit en moi. Un sentiment confus au contour incertain qui pourtant menaçait d’éclater tout instant. J’étais… transcendé. Une impression si puissante que je devais me forcer à contenir pour qu’elle n’emporte pas mon âme.
Cet entraînement… me guidait, m’approchait du début de la Voie et les mots d’Ethernia se transformaient en actes, actes qui imprimaient leurs messages dans mon corps, corps qui murmurait à mon âme ce qu’il apprenait…


Apprentissage sans fin,
Potentiel infini,
Expérience


Des centaines de coups plus tard, mon corps m’arrêta, incapable de continuer. Mes bras et mes épaules étaient anesthésiés tandis que mes poings et pieds ensanglantés m’arrachaient des larmes de douleur :

« Je voudrais… prendre une pose…s’il vous plait maître. »

Il me jeta un regard vide avant de hocher la tête. Je m’en retournais vers la combe/lit pour m’allonger tandis qu’il dit d’un ton des plus sérieux :


« Jeune apprenti. Tu es sur la bonne voie. Il te manque cependant encore quelque chose. Je vais te donner un conseil et ne reviens pas me voir avant d’avoir une réponse… Tu dois trouver un moyen de frapper sans frapper. »


(Quoi ? comment ça frapper sans frapper ?? ce conseil ne veut rien dire…)

Pendant mon repos, alors que j’aurai du chercher à dormir, je ne pouvais m’empêcher de réfléchir à cet étrange conseil. Frappé sans frapper, porter un coup sans en donner… c’était complètement paradoxale comme idée. Evidemment, si je trouvais un moyen de le faire ça m’aiderait mais c’était impossible à réaliser à moins d’être magicien. Or, j’étais un assassin ou du moins, un apprenti assassin et…


(C’est ça ! Un apprenti assassin… ça voudrait donc dire qu’un véritable assassin est capable de le faire or, un assassin n’use pas de magie. Ça doit avoir une signification moins grandiloquente… quelque chose que je pourrais réutiliser en combat, un mouvement qui donne… l’impression de frapper ? Mais oui, si je fais semblant de donner un coup, et si c’est bien réaliser, mon adversaire croira à un vrai coup. On peut donc dire que je frappe sans frapper…)

C’était donc de la feinte qu’il s’agissait, du moins, je le pensais et, enfin apaisé d’avoir trouvé une réponse, je sombrai tranquillement dans les ténèbres du sommeil.
Une seconde plus tard, Barald me cogna la tête :


« Allez, debout fainéant ! T’as bien assez dormi comme ça et puis… j’en ai assez d’attendre. Mais dis moi, as-tu trouvé la réponse ? »

Il avait l’air tout content de pouvoir me maltraiter de la sorte et moi, groggy par le peu de sommeil qu’il m’avait accordé, l’écoutais à moitié justifier son acte. A sa question, je répondis par un petit sourire et sur ce il m’entraîna au cercle sans même me laisser le temps de réellement me réveiller :

« Allez, attaques ! »

Oubliant les plaintes de mon corps, focalisant mon esprit à nouveau sur l’entraînement, je le regardai droit dans les yeux en prenant ma position de combat puis, je m’élançai. Gardant en tête la fameuse réponse, je l’attaquais de le même manière qu’avant, frappant au corps, à la tête, en haut, en bas, à droite, à gauche et alors, dans ce qui semblait l’exacte copie de mon dernier combat, j’introduisis la variation…
Une gauche au corps partit violemment pour s’arrêter aussitôt, à mi-distance, et au même moment, ma droite s’envola vers le visage du géant. Il l’esquiva d’une rotation de la tête mais un sourire approbateur se dessina sur son visage. J’avais mal réalisé ma feinte en envoyant ma droite tard mais ce sourire confirmait ma réponse. Ravis d’avoir trouvé juste, je me jetai sur lui….
Un crochet fusa sur son flanc droit mais alors qu’il allait le bloquer, je transformai mon geste en un coup de coude visant le visage. Là encore, je fus maladroit et il m’évita sans peine mais sans me décourager, je continuai à expérimenter cette nouvelle arme, ce qui était pour moi comme rajouter une corde à un instrument auquel elle manquait… Ma nouvelle gamme d’attaque m’impressionnait et je me surprenais moi-même par des mouvements auquel je n’aurais jamais pensé avant.

Feinte, un mot, un geste, une ouverture…
Je me mouvais sans cesse, contorsionnant mon corps de manière à tout essayer. Ainsi j’apprenais, de chaque échec, attaques manquées et feintes défaillantes. Chacun de ces coups ratés étaient une progression qui me conduisait à un style… mon propre style de combat et toutes ces expériences me permirent vite de trouver des feintes plus efficaces et de les améliorer encore. Des feintes qui ne nécessitaient que très peu de mouvements… Mon épaule gauche s’agitait brusquement et c’était mes jambes ou ma droite qui frappaient. Un pas à droite et c’était un coup à gauche. Un regard vers son torse pour une attaque sur son abdomen. Je me mis à feinter à chacun de mes coups, ne faisant pendant un certain temps aucune frappe directe et je pus profiter d’un nouvel élément. La feinte dans la feinte. Barald s’habituait tellement à ce que je feinte avant de frapper qu’il ne prêtait presque plus attention à mes coups « normaux » et c’est à ce moment là où après une trentaine d’échanges toujours ponctués de feintes, que je ne feintai pas et touchai Barald.
C’était ce que j’appelais une griffure. Un coup où la main était à moitié refermée et où tous les doigts formaient des crochets. Un simple coup qui visait la joue pour à la fois cogner et griffer.

Barald était tellement pris au rythme feinte/attaque que son cerveau avait dût instantanément enregistrer cette frappe comme étant une feinte et ne l’avait ainsi pas pris en compte dans les sa défense. Et ce fut l’impact.


(Ah, c’est possible de la toucher alors…)


Ce fut ma première pensée. La seconde fut la joie d’avoir réussi. La troisième était quand à elle une autre pensée de surprise.


(Pourquoi est-ce que j’ai mal ?)

J’étais allongé et je regardais le ciel.


(Que s’est-il passé ?)


Barald me regardait mi-fier, mi-surpris. Sa joue gauche était un tantinet rougie mais il ne semblait pas avoir souffert plus que ça de mon coup. Sa main droite était encore pliée, j’en déduisis qu’il m’avait frappé avec elle juste après que je l’ai touché :


« Bien joué ! Tu m’as bien eus ce coup-ci. M’habituer à un rythme précis que tu as rompu dès qu’il le fallait. Ça faisait bien longtemps qu’on ne me l’avait pas faite celle là. »

(J’ai pas fait exprès de créer ce rythme… Bah, au moins j’ai appris quelque chose.)

« Quoi qu’il en soit, tu as réussi, tu m’as touché au visage. Désolé au passage pour mon contre, un vieux réflexe. Maintenant que tu as appris à attaquer, nous allons nous battre pendant une petite semaine. Tu devras te lever, te battre contre moi, t’entraîner, manger et te reposer à nouveau. Tu vas voir. Survis à une semaine de combat intensif avec moi et tu commenceras à tenir de l’assassin. »


Je n’en croyais pas mes oreilles… ces deux cycles de combat avec lui m’avait semblé plus long que les dix jours d’entraînement et maintenant, il m’annonçait que j’allais devoir subir une semaine avec lui.


(Survis qu’il a dit… survis.)


Je me retournai vers la combe/lit, redoutant déjà le réveil. J’étais par ailleurs épuisé par mon long entraînement me rendant compte que c’était l’excitation et l’exaltation du combat qui m’avaient tenu éveillé… :


« Ah ne crois pas t’en tirer comme ça ! Tu vas d’abord allez me faire un petit cycle d’entraînement avant de te coucher et t’as intérêt à courir. Tu aspires à devenir un assassin non ? Souviens toi ! Un assassin cherche toujours à dépasser ses limites. »


Je crus faire un cauchemar après son ordre mais la question rhétorique qui suivit capta mon attention et ranima ma volonté.


(Toujours me rappeler de mes objectifs quand je suis faible !! Devenir un assassin accompli, gravir la voie, servir Phaitos et rendre fier de moi Althan et Ethernia !!!)

Je vis aussi que Barald n’avait pas une goutte de sueur sur le front après tout les coups qu’il avait paré et esquivé… Je pris alors conscience de l’incroyable endurance de cet homme. Il était complet. Il possédait force, vitesse, dextérité, agilité, endurance et expérience. Un véritable assassin.
Plus résolu que jamais, je mis à m’entraîner avec hargne, repoussant toujours les limites de la douleur, combattant cette douleur par ma détermination. Pompes, tractions, abdominaux puis les étirements…
C’étaient le meilleur passage des cycles, seule phase où la douleur refluait au lieu d’augmenter, où l’âme s’apaisait au lieu d’être mise à vif. Le cœur calmé, l’âme en paix, je commençai à trottiner autour de l’aire. Je commençai à être fatigué… très fatigué… trop fatigué…
Le regard trouble, je m’arrêtai près de la combe lit pour pouvoir enfin dormir…

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Sam 19 Sep 2009 22:00 
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Premier jour d’entraînement :

A mon réveil, Barald se tenait près de moi un bol entre les mains. Voyant les boulettes, mon estomac bondit… je mourrais de faim n’ayant rien manger depuis le retour du géant. Il dût s’apercevoir de mon besoin vu qu’il me tendit le bol au bout de quelques instants :

« Tiens, mange et écoute moi bien. Durant la semaine à venir, chaque jour je t’enseignerai une nouvelle leçon. Les trois premières auront pour sujet le combat tandis que les quatre autres porteront sur l’assassinat. Aujourd’hui, je vais t’apprendre quels sont les points faibles du corps humain que tu peux atteindre à mains nues.
Le corps est composé d’organes, tu le sais, et chacun d’entre eux a une fonction plus ou moins importante. Ceux qui nous intéressent sont désignés comme vitaux. S’ils sont appelés comme ça, c’est qu’ils ont un rôle capital dans le fonctionnement de l’organisme. Le cœur, le foie, la rate et l’estomac. Si tu frappes précisément à leurs emplacements plusieurs fois de suite, tu réduiras l’endurance de ton adversaire, lui feras perdre sa mobilité et empêcheras son diaphragme de bouger correctement, l’empêchant de bien respirer. Tu créeras ainsi des dégâts durables qui faciliteront ton combat ou même ta fuite dans le pire des cas. De plus, tu optimiseras tes coups car nous allons apprendre à ton corps à frapper naturellement où faut.
Le reste de ces points faibles se situent au niveau de la tête. Les coups au menton, évidemment, qui secouent le cerveau font beaucoup de dommages et ont plus de chances de mettre ton ennemi au tapis. Il y a aussi les coups à l’arrière des oreilles qui, répétés, troubleront la vision ainsi que le sens de l’équilibre de ton adversaire mais tu pourras les utilisés qu’en étant collé, au sens propre du terme, à ton adversaire.
Tu vas maintenant mettre cette leçon en pratique ; j’ai installé pour cela un sac de frappe pendant ton sommeil, des cercles sont dessinés dessus pour indiquer les points vitaux. Tu vas frapper dessus le plus longtemps possible. »


J’avais englouti la portion en quelques minutes tout en restant attentif à ses paroles. Ainsi, j’allais apprendre à frapper où se serait vraiment efficace. Tournant la tête vers les agrès à la mention du dit sac ; je constatai qu’il était là, suspendu par une chaîne à une épaisse poutre de bois.


(Comment ont ils bien pus rassembler tout ça ici ?)


Ma question, posé en mon for intérieure, resta évidemment sans réponse et je me dirigeai donc vers le sac pour poursuivre la leçon. Arrivé à distance de frappe, je distinguai de petits cercles blancs et transposant l’image d’un homme au sac, les situaient. Un sur le flanc droit, deux proches sur le flanc gauche et plus haut un quatrième que je reconnu comme étant le cœur. Restai une dernière cible au niveau de la tête… le menton.
Gardant la représentation mentale en tête, je pris ma posture de combat et commençai à respirer profondément, pour plonger mon esprit dans une atmosphère de combat. Je décochai soudainement un crochet du gauche au flanc de mon adversaire.

(Aie !)

Le sac était beaucoup plus dur que je ne l’avais pensé, lourd aussi et mes phalanges furent meurtries par ce premier coup. Le sac se balançait légèrement après l’impact et alors qu’il s’éloignait de moi, je repris le même coup, mettant plus de poids derrière puis, ne le laissant pas revenir, continuais par un coup de genou au flanc droit. Le sac s’éloigna encore avant de revenir vers moi avec tant de force qu’il me projeta en arrière.

(Alors il faut aussi prendre garde au balancement… ça va me faire travailler mon rythme.)

Me reprenant, j’enchaînai une droite au menton, couplée d’un coup de coude au cœur, esquivai le retour pour le frapper du droit au corps. Je prenais toujours garde à viser précisément les cercles et peu à peu, je trouvai un rythme. Les frappes volaient en continu, ponctuées d’esquive assez régulière puis, au bout d’un certain temps, la douleur provenant de mes mains prit le dessus sur ma concentration. Elles étaient rougeâtre depuis un certain temps et commençaient à tendre vers le violet. Malgré ça, je continuai sentant le regard inquisiteur de Barald qui ne manquerait pas de me blâmer si je m’arrêtai aussi vite.
Ainsi je cognais, encore et encore, essayant d’oublier la douleur pour me focaliser sur les cibles blanches. Je me concentrais temps et si bien qu’une dizaine de coups plus tard, je ne m’étais rendu compte des plaies qui étaient apparus sur mes phalanges…
Je commençais à prendre mes marques, mes enchaînements, trouvant une attaque qui me satisfaisait particulière car facile à enchaîner et ne causant pas beaucoup de douleur. Il s’agissait d’un coup de pied puissant où je tournoyais sur un appui pour frapper du pied, rajoutant la force centrifuge à ma propre puissance. Barald bougea enfin après une énième attaque :


« Jolie coup de pied ! Apprends à bien le maîtriser et tu verras une belle arme se rajouter à ton arsenal. Par contre tes mains sont dans un sale état… tiens, bande les avec ça. »

Il me tendit un rouleau de tissu blanc dont je me servis pour éponger mes plaies, grimaçant à chaque passage de l’étoffe puis, j’en entourai mes mains en serrant les dents :


« Tu ne pourras plus frapper au sac aujourd’hui… dommage. Bon, nous allons combattre… ne me regardes pas comme ça ! Tu n’avais qu’à prendre soin de tes poings. Tu n’as qu’à te battre sans, tiens ! »

Je lui avais lancé un regard horrifié quand il avait parlé de combattre. C’était une blague… ça devait être une blague… Mais non. Il me conduisit au cercle d’entraînement et sans me laisser le temps de prendre posture, m’envoya un violent coup au ventre qui me fendit de douleur :


« Ah, j’ai dû omettre de préciser qu’à partir d’aujourd’hui j’attaquais aussi… »

(Omettre… tu parles, regardes toi sourire avant !)

En effet, il arborait un sourire carnassier, comme un chasseur face à une proie, et moi, la proie, le regardait avec des yeux voilés de larmes.
Il était sérieux cette fois…
Je ne gardais guère de souvenir de ce « combat » -de cette boucherie oui !- ayant été inconscient la majeure partie. Je me rappelais par flash d’un poing ou d’un genou qui fondait vers moi et surtout, je me rappelais de la douleur…
Ma mémoire revint alors que, gisant à ses pieds, Barald discourait :


« …’dra que tu t’endurcisses ! Les assassins savent encaisser et ne laissent jamais paraître qu’ils souffrent. Allez, va me faire un petit cycle avant de sombrer… »

(Les assassins savent encaisser… ? Alors je sais encaisser !! Allez, lève toi)

J’usai de toute ma volonté pour passer outre la douleur et me remettre debout, devant en plus –comme si ça suffisait pas- supporter le regard moqueur de Barald.
Je commençai mon cycle par des tractions, retenant un cri de douleur à chacune d’entre elles. Il en fallu bien peu pour que le sang recommence à couler, et m’arrêter en même temps. Je me mis au pompes –ou plutôt au coloriage sanguin- et mon fluide vital s’en alla tacher la roche. C’était horrible de s’entraîner de la sorte, bloqué par la souffrance mais, je comprenais un peu le sens de cette situation. Plus que musculaire cette fois, c’était une nouvelle épreuve pour ma volonté et aussi une le début d’une accoutumance à la douleur qui pourrait survenir durant un combat.
Les abdominaux furent un fin supplice ; ils réveillaient les hématomes de mon abdomen, gravant dans ma mémoire la violence dont Barald avait fait preuve.
Ce fut néanmoins la course qui gagna le concours de la meilleure –celle qui fait le plus mal en gros- des tortures. Les secousses qu’elle créait en moi faisait chanter toutes les parties douloureuses de mon corps dans un bel ensemble de ré suraigu –déjà que ça fait mal au oreilles…-. Je me fis néanmoins un devoir de tenir au moins une heure et c’est tremblotant, pleurant et souffrant que je m’en allai au sommeil.

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-Pourquoi lui rendre un culte ?
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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Dim 20 Sep 2009 19:03 
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Vous marchez pendant de longues et longues minutes, peut-être quelques dizaines, et finalement, vous arrivez en bordure de forêt, près d'un grand batiment au toit pointu, et qui avait une grande porte en bois usée, bien plus haute que la taille d'un homme. Ce batiment semblait bien lugubre, et plutôt que de t'inviter à y entrer par la porte principale, les deux personnes firent le tour en surveillant toujours allentours.

« L'entrée qui nous est réservée est par là, vous venez avec ? Notre maître nous y attend sans doute...ou alors il faudra patienter, mais pas trop longtemps... »

Tu ne vois pas l'expression de son visage, elle se perd dans les ombres de la nuit et de sa cape. C'est à se demander comment est-ce qu'il se repère ici tant il fait sombre.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 22 Sep 2009 01:07 
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Deuxième jour d’entraînement :

« Alors Kal, bien dormi ? »

Etrangement, la réponse était oui… J’avais ouvert les yeux en attendant une douleur qui ne venait pas ; elle avait reflué pendant la nuit. Seules les courbatures –ces amies fidèles- étaient là. Utilisant de l’eau pour mouiller mes bandages, je les enlevai, découvrant des cicatrices boursouflées mais néanmoins bien fermées.

(Encore le pouvoir d’Ethernia… c’est magique)

Je remerciai mon maître d’une pensée puis, répondis de l’affirmatif à la question de Barald :

« Bien, alors mange ! Tu dois être en forme aujourd’hui car nous allons aborder une leçon d’une importance capitale et qui, malgré ça, est passionnante. Le maniement de l’arme blanche. »

M’ayant dans un premier temps tendu un bol, je me goinfrai proprement durant sa tirade jusqu’à ses derniers mots qui éveillèrent ma curiosité. Curiosité qui ne tarda pas à être satisfaite par mon maître qui étala devant moi une sorte de couverture de cuir qu’il déplia.
Dedans se trouvait un trésor, –sesam ouvres-toi…- une multitude d’armes de poings… Kriss, tanto, poignards, dagues, couteaux et d’autres aux formes étranges dont je ne connaissais pas l’appellation. J’étais admiratif et ému –on pouvait presque le voir baver-. C’était mon premier contact avec des instruments de mort :


« Alors toi aussi tu les regardes comme ça hein ? J’ai toujours eu une bien plus grande passion pour une arme bien aiguisée que pour une femme aux formes bien tracées –y a des femmes à ta taille ?- Allez choisis en une. Elle te servira durant ton entraînement. »

(Je peux choisir !!)

J’étais heureux comme un jeune chiot –waf-… Quel délice de pouvoir faire son premier choix parmi une telle multitude. Les regardant toutes avec envie, je me dis que si ça ne tenait qu’à moi, je les aurais toutes choisis –mais c’est qu’il est amoureux ma parole-. Réfléchissant longtemps, j’optai finalement pour un joli poignard en me disant qu’il fallait mieux commencer par quelque chose de simple. –Regardez le… mais regardez le. Oser dire que c’est simple alors qu’il n’en a jamais tenu-
L’arme était de taille moyenne, dotée d’une poignée de dix centimètres pour une lame de vingt estimais-je. Cette même poignée était noire et lisse, parcourue de légers reflets bleutés tandis que la lame, elle, était d’un gris pur ne présentant aucune imperfection. Barald me proposa de la prendre en main ce que je m’empressai de faire. Une joie incroyable m’envahit au contact de l’arme… Equilibrée et légère, une enivrante sensation de puissance me pris en la tenant :


« J’aime ton expression. Ethernia m’avait fait ton éloge et je comprends enfin pourquoi. Tu as l’âme d’un assassin. Cette attirance spontanée pour ce qui fait l’essence même de l’assassinat. Ce qui au-delà du physique nous caractérise. »


Le compliment de Barald démultiplia ma joie qui devint euphorie –gaffe tu vas tacher ton pantalon-… Ma réponse resta coincée au fond de ma gorge :

« Pas la peine de me remercier, je ne fais d’éloge que si je le pense vraiment. Maintenant reprends toi, je vais te révéler un secret… Les armes ont une âme et tu leur dois le respect. Pour incarner réellement ce respect de chaque arme, même celle que tu n’utiliseras que très peu, tu te dois de les nommer, créant ainsi une réalité dans ton esprit même de l’existence de leurs âmes. Nomme ce poignard. »


Le ton sur lequel il m’avait dit ça m’interloquait tout autant que ses paroles. Cette façon quasi-religieuse de prononcer le mot « âme » me convainquit totalement de ses propos.

(Ainsi les armes ont une âme… Je dois donc te nommer c’est ça ? Qui es-tu ?...)

La question que je lui posai resta évidemment sans réponse et je dus me contenter de la contempler, essayant de trouver comment nommer ce poignard. J’avais instinctivement compris que je ne pouvais donner de nom banal à une âme. –Bah, ça doit avoir la classe et imposer… normal quoi- Un reflet bleu capta soudain mon attention, guidant mon esprit vers la solution.


(Reflet-de-nuit… Je vais t’appeler Reflet-de-nuit)


Avoir trouvé un si joli nom fit naître une larme de fierté en moi –quel niaiserie-. Tournant mon regard vers Barald, je laissai apparaître un léger sourire :


« Tu as trouvé ? C’est bien. N’oublies jamais de nommer ton arme car c’est une âme à part entière. En combat, elle se doit d’être en osmose avec toi, parfaite prolongation de ton bras. Un assassin combattant à mains nues est une arme à part entière, confère lui une arme et il deviendra une nouvelle entité, différente des deux qui la compose, plus forte, plus meurtrière…
Saches que son arme est pour un assassin une amie, une compagne, une amante, une sœur, une mère, un frère, une part de son corps… Tu te dois d’en prendre toujours le plus grand soin, de veiller à ne jamais la perdre et à la respecter.
Tu dois maintenant t’habituer à combattre avec or, je ne peux te l’apprendre réellement mais, je peux te montrer quels sont les points faibles que tu peux atteindre d’une lame. Ils sont bien plus nombreux que tu ne l’imagines, je vais donc t’en parler par catégories pour les moins connues. La jugulaire, la trachée,les artères, certaines veines et les tendons sont enfouis sous la chair. Les yeux, le nez, les oreilles et les doigts peuvent être tranchés facilement et créent d’importants dégâts psychologiques du fait qu’ils sont une perte définitive d’une part de son être et en plus de cela, entraînent une importante hémorragie. S’il n’y a pas d’armures, frappes aux organes vitaux qui, s’ils sont percés, amènent une morte rapide.
Suis moi, il est temps de passer à la pratique. Te parler de ça ne servira jamais dans un vrai combat ; je t’ai donc concocté un nouveau type d’entraînement. »


Je le suivis jusqu’à un mannequin qui reproduisait assez bien la forme d’un être humain. Il était couvert d’une multitude de striures vertes et jaunes ainsi que d’une armure de cuir:

« Le principe de cet exercice est simple. Les marques vertes foncées indiquent les points mortels, les vertes claires sont les blessures graves et les jaunes représentent les blessures qui altéreront son corps comme les tendons ou les doigts. Tu dois trancher toutes les marques en une heure. Allez, top !! »


A peine avait-il finit qu’il renversa un sablier.

(Mais comment va-t-il vérifier que je les ai toutes tranchées ?)

Ma première pensée était inutile et je me grondai de perdre du temps. –Parce que se gronder, c’est pas une autre perte de temps ?-
Serrant mon arme, j’éprouvai une étrange sensation de malaise… Je la tenais de façon orthodoxe, comme lorsqu’on cuisine ou mange… mais je n’étais pas en train de cuisiner !
Cette manière de faire n’était pas pour moi et d’instinct, je retournai la lame pour la tenir à l’envers. Je me sentis immédiatement plus à l’aise –‘ttention à la tâche, deuxième édition- et, me mis au « travail ».
Mon premier coup, vers la gorge, trancha facilement le tissu vert foncé et je vis l’instant d’après comme il saurait si je réussissais ou pas l’exercice. Par un étrange procédé, la teinture verte était devenu rouge après le passage de ma lame –quel goût !-. Ne cherchant pas à comprendre, je continuai…
Mon second coup fut « raté » car par assez précis, le changement de couleur ne se fit pas et je dus le recommencer pour voir apparaître l’éclat vermeille.
Les mots de Barald résonnaient dans ma tête pendant que je frappais.


(« …elle se doit d’être en osmose avec toi, parfaite prolongation de ton bras. Un assassin combattant à mains nues est une arme à part entière. Confère lui une arme et il deviendra une nouvelle entité, différente des deux qui la compose, plus forte, plus meurtrière… »)

Je tailladais de toute part, bondissant, m’accroupissant, tentant à chaque coup de développer cette osmose. Je ne sus pas si ça marchait mais peu à peu, après de nombreuses réussites et de nombreux échecs, je commençai à m’habituer à frapper avec une lame. Je m’étais mis sans même y penser en situation de combat, frappant rapidement, bougeant sans cesse, esquivant d’invisibles coups puis coupais un tendon, ratais une veine…
Dix coups, vingt coups, trente coups…
Reflet-de-nuit mordait, coupait, déchirait et m’habituant à ce style de combat, je pus accélérer encore plus, trouvant des enchaînements de coups rapides, enregistrant en moi la façon dont le mouvement devait être fait pour optimiser la vitesse.
Je jetai alors coup d’œil vers le sablier… pour voir les derniers grains de sable tomber au fond. Je n’avais pas réussi l’exercice, il restait encore une quinzaine de marques vertes et jaunes.
Barald me regarda d’un air descendant :


« Bah, je me doutais que tu n’y arriverais pas la première fois. Le but était simplement de t’habituer au maniement de la lame. Tu vas te reposer quelques minutes puis nous combattrons !! »


Je vis son sourire carnassier se dessiner à nouveau et moi, suant à cause de l’entraînement, me mis à imaginer ce qu’il allait bien me faire cette fois-ci…

(Sois méfiant ! Dans un premier temps, il est vital de se concentrer sur l’esquive puis, après s’y être habitué, je pourrais contre-attaquer.)

Je pris tout le temps de repos qu’il m’accorda à respirer longuement, calmant mon cœur et rassemblant mes forces. Lorsqu’il m’interpella, j’étais près –Pourquoi trembler alors ? hihi- :


« Allez allons y. Cette fois, nous utiliserons aussi une arme. J’ai opté comme toi pour un poignard. Apprends à te battre réellement, de ta lame et de ton poing… »


A peine avions-nous franchis la ligne du cercle qu’il m’attaqua, sans finir sa phrase… mais cette fois, j’étais prêt. Décrire son coup comme rapide était un euphémisme… c’était fulgurant. L’attaque était parti sans aucun mouvement préalable… comment dire… son poing avait explosé !
Eclair d’acier foudroyant, ligne de douleur perçante…
Il m’avait touché à la joue droite, traçant une longue ligne d’où jaillissait mon fluide écarlate.
Je n’avais pas fait le moindre geste.


(Qu’est ce que… comment a-t-il…)


Mon cerveau était comme déconnecté… je n’arrivais même pas à finir mes pensées …
J’étais choqué. Choqué de voir la différence entre moi et cet homme. Non, pas cet homme… cet assassin.
L’instant qui avait servi à toutes ces interrogations lui avait donné le temps de réarmer sa droite pour la faire exploser à nouveau.
Brûlure lancinante sur le flanc droit…
Il n’avait tracé qu’une ligne, me montrant qu’il évitait de me tuer. Il me faisait mal, mais ça restait bénin…


(Quel est donc le but des ces combats… m’apprendre à me faire massacrer ? non… autre chose…)


Un autre coup m’atteint, de la gauche cette fois. Un atémi rageur qui me déchira le flanc et me plia en deux de douleur.


(Concentre toi !! Reste concentré ! Qu’est ce qu’il veut m’apprendre ? Sa force ? Non. Sa supériorité ? Non… Ah ! Réagir face à un adversaire plus fort que soit peut être ?)

J’usais de toute ma volonté pour oublier la douleur et mener ce débat intérieur ce qui me permit d’arriver à une réponse relativement satisfaisante. J’allais trouver des adversaires plus fort que moi à l’avenir et je devais être capable de réagir à ça.
Une expérience utile en somme.
Je me jetai sur la droite pour m’éloigner de lui d’un roulé bouler mais il me poursuivit de son incroyable vélocité me forçant à enchaîner un nouvelle roulade, à bondir, sauter, courir, me fendre…Et malgré une concentration totale sur les coups à venir, j’en prenais la plus part pour qu’au bout d’une vingtaine de minutes, je finis meurtri et couvert de sang. J’étais aussi fatigué… la pression émanant de lui était énorme, m’englobant, me broyant… et nous continuions, moi courant et esquivant, lui me poursuivant, tranchant ma chair et frappant mes os.
J’eus le mérite de resté éveillé cette fois-ci et ne mettant pas plaint une seule fois, je continuai aussi longtemps qu’il le voulu.
Il me récompensa en me laissant dormir directement après, sans entraînement physique.
J’usai du même type de bandage que la veille pour panser mes blessures puis, tremblant de douleur et de fatigue, affaiblit par ma perte de sang, je m’endormis, Reflet-de-nuit en main.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mar 22 Sep 2009 22:43 
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Troisième jour d’entraînement :

Je m’éveillai moulu, courbatu, fatigué malgré mon sommeil mais, comme la veille, la douleur avait reflué. Les plaies de mon corps s’étaient refermées, restant néanmoins rougies et boursouflées et, les blessures de mes poings n’étaient plus que des marques blanches que je garderai sans doute toute ma vie. -sexy-
Pas de réveil tordu cette fois là. Un bol se trouvait près de moi et Barald, lui, était assis au centre du cercle. Je m’empressai d’avaler ma pitance pour le rejoindre et, à peine debout j’eus une sensation de nausée légère. A peine m’étais-je assis devant lui qu’il ouvrit les yeux :


« Tu as perdu un peu de sang hier, comme tu peux le voir autour de nous. Malgré la régénération rapide que confère Ethernia, il faudra un certain temps à ton organisme pour qu’il se rétablisse entièrement. Dommage pour lui parce que du temps, on en a pas. On va donc continuer la semaine comme prévu. »


Je fus horrifié par la quantité et la dimension des tâches rougeâtres qui parsemaient l’intérieur du cercle. Combien de sang avais-je pus bien perdre…
Nous allions donc continuer sans prendre de repos. J’allais tenir le coup, il le fallait :


« La leçon du jour est très particulière. Il s’agit par ailleurs de ton dernier cours sur le combat. Je vais te parler du ki et de son implication dans nôtre art. Hum… Je dois commencer par t’expliquer ce que c’est. Le ki est l’énergie psychique qui existe en chaque être vivant, chaque créature. Pour te l’imaginer, compare là au vaisseaux sanguins qui servent à l’écoulement du sang. Et bien pour le ki, c’est la même chose ! Il s’écoule dans ton corps par ses propres vaisseaux invisibles.
Le ki est d’une importance capitale pour tous, permettant la régénération quotidienne du corps, donnant l’énergie nécessaire aux muscles pour fonctionner. Tout cela dans un autre plan que le nôtre, le plan psychique.
Il faut que tu saches que cette énergie interne se développe chez chacun et il existe des moyens plus ou moins efficaces de l’augmenter. Les gens « normaux » qui auront une existence morne toute leur vie n’auront toujours qu’une quantité de ki faible en eux, tout juste utile aux besoins primaire de leur corps mais, certains, comme nous assassins, développent beaucoup plus leur énergie au cours de leur vie. L’entraînement physique est le moyen le plus sûr d’engranger du ki mais reste très lent. Cependant, en tant qu’assassin, tu expérimenteras à de nombreuses reprises le meilleure moyen de développer ton ki mais aussi toutes tes capacités de manière générale. C’est le combat à mort…
En effet, durant un combat où ta vie est en jeu, tu pousses inconsciemment ton corps à dépasser ses limites physiques, à gagner en vitesse, en technique et, les émotions fortes qui te traversent te font gagner en force mentale. Ainsi, plus tu progresseras dans ton état d’assassin et plus tu avanceras sur la Voie, plus ta force intérieure ki grandira.
Dans l’état actuelle des choses, ta force est trop faible pour que puisse t’enseigner une technique « traditionnelle » mais je vais t’expliquer comment tu pourras l’utiliser à l‘avenir.
La base de chaque technique de ki est la concentration en un point précis du corps puis l’émission en dehors. Suivant ce fonctionnement en deux temps, il existe une infinité de techniques pouvant être créées. Seul ton imagination et ta puissance seront limiteurs.
Je tenais à t’expliquer cela car tu seras bientôt seul à parcourir le monde pour devenir un assassin accompli… un maître même. Pour cela tu te devras de trouver ton style et forger tes propres techniques de combat. Ah, un bon conseil que j’ai à te donner… n’hésites jamais à apprendre des autres si ça peut te rendre plus fort et que c’est un apprentissage digne de la Voie. Moi-même j’avais fait l’erreur de me surestimer j’ai freiné ma progression à des moments où j’aurais pu m’envoler. »


J’étais impressionné par ses propos. Ce n’était pas tout les jours après tout qu’on apprenait l’existence d’une énergie intérieure qui pouvait être utilisé au combat.

(Concentration et émission…)


J’engloutissais ses paroles, avide d’en savoir plus sur cette force mystérieuse. Je fus néanmoins dérangé par l’un de ses dires… j’allais bientôt partir. Quand ? Où ? Pourquoi ?
Ma formation était loin d’être fini, je le sentais. J’attendis tout de même qu’il s’arrête pour le questionner :

« -Maître, que voulez vous dire par bientôt ? La formation ne s’arrête tout de même pas en si peu de temps.
-Eh bien… ce n’est pas vraiment à moi de répondre… Disons simplement que ce voyage prochain fait parti de la formation. Ne m’en demande pas plus ! Ethernia m’en voudra sinon, c’est à elle de te l’annoncer. »

(Ainsi c’est elle qui allait me l’expliquer ? Bien.)


« Nous allons maintenant passer à un exercice que tu devras pratiquer tout les jours. C’est la recherche du ki, une forme de méditation qui t’apprendra et t’entraînera à visualiser et ressentir le ki en toi. Tu vas commencer par fermer les yeux puis, calmer ta respiration. A partir de là, tu dois imaginer le ki qui s’écoule en toi librement, partout. Tu cherches ensuite à le ressentir. C’est la base de toute manipulation du ki et c’est tout ce que je peux t’apprendre pour le moment. »

Fermant les yeux, je ralentis ma respiration peu à peu, comme durant mes étirements. Mes battements cardiaques ralentir aussi, me laissant dans un état de bien être serein. Comme il l’avait dit, je visualisai en moi une multitude de filins dorés qui étaient sans cesse parcourues d’étincelles brillantes. –très kitsch-
J’imprimais l’image en moi, lui donnant plus de détails, de vie, de réalité, la changeant sans cesse. Je voyais de grosse zone d’étincelles qui pulsaient plus fortement que les simples vaisseaux. Je voyais l’énergie me parcourir.
Au bout d’un certain temps, quand l’image fut ferme, j’essayai de lui donner des sensations, d’amener à moi la réalité invisible, par mon imagination –paradoxale hein ?- mais, je ne sentais rien… rien de rien.
Je persévérai pourtant, loin de m’énerver, essayant encore et encore, changeant les images de mon énergie pour finalement ressentir… toujours rien.

Je ne sais combien de temps passa avant que j’abandonne mais quand j’ouvris les yeux, mes paupières étaient légèrement collées. Barald ouvrit les yeux à son tour :

« Tu n’as pas réussi hein ? Ne te blâmes pas trop, très peu y arrivent la première fois. Hum… Tu es bien resté trois heures dans cet état. Vas frapper au sac en lançant un sablier d’une demi-heure, histoire de te dégourdir puis, tu vas recommencer l’exercice du mannequin. »

Le temps qu’il me donnait ne m’étonna qu’a moitié. Je savais avoir passé beaucoup de temps à essayer de sentir mon ki…
Suivant ses instructions, je me levai et sentis tout de suite que j’avais effectivement besoin de bouger suite à cette longue immobilité. –poil à gratter-
Je me déplaçai jusqu’au sac de frappe, ressentant toujours les effets de fatigue dus à ma perte de sang, et me mis à frapper, visant les cercles avec un maximum de précision.
Reflet-de-nuit était accroché à ma tunique, pendant que je cognai en vitesse, évitant le sac à chaque retour.
Ma peau cicatrisée s’était comme insensibilisée et la seule douleur que je ressentais désormais venait du choc dans l’ossature de mes mains… parfait.
Je pris mon rythme au bout de quelques coups, commençant à enchaîner crochets, droites et mon fameux coup de pied retourné.
Bizarrement, cette fois-ci, je m’arrêtai de penser, frappant mécaniquement aux endroits où il le fallait, laissant mon corps enregistrer l’emplacement des points faibles adverses. C’était plaisant et ça obligeait mon sang à circuler rapidement, si bien que je finis en sueur, satisfait.
Je pris quelques longues goulées d’air pour récupérer un peu, remarquant que mes poings étaient rougis mais ne saignaient pas et la douleur qui en émanait était tout à fait supportable. Toujours chaud, les muscles bouillant, je pris le poignard en main pour m’en aller travailler son maniement.
Je renversai le sablier puis me précipitai vers ma cible, échauffé et prêt à réussir cette fois. Je tranchais, tailladais, bondissais, fendais de toutes part, réussissant environ une fois sur deux à toucher les marques de couleurs.
Je m’amusais, tentant de trouver de nouveaux enchaînements qui frappaient plusieurs marques d’un seul et même coup ondulé. Je retrouvais certains coups de la veille que je transformais, développais…
J’éprouvais un plaisir incroyable à cette formation, me délectant de chaque apprentissage, de chaque connaissance nouvelle qui servirait mon art du meurtre.
Encore une fois, je ne réussis pas l’exercice à temps mais, mais il ne restait qu’une dizaine de marques cette fois là. Satisfait de ma progression, avec un handicap sanguin qui plus est, je m’en retournai vers Barald :


« Hum… vas faire un cycle d’entraînement, cours une heure et tu pourras dormir. »

Rangeant mon arme à ma tunique, ravi de ne pas devoir le combattre cette fois là, je m’en retournai vers les agrées.
J’enchaîner en vitesse pompes, tractions et abdominaux, ne ressentant aucune gênes, juste un manque d’énergie. Je m’étonnai moi-même en passant largement au-dessus de mon niveau habituelle… j’avais progressé !
Joyeux par cette constatation, je courus avec un certain plaisir, repensant au ki et à l’annonce de mon prochain départ… Qu’allais-je faire, où allais-je bien pouvoir aller. Ces interrogations trottaient dans mon esprit au rythme de mon propre trot, arguant et questionnant sur les lieux, les actions…
Je m’imaginai au sommet d’une montagne, méditant et travaillant une technique de mon cru.
Je m’imaginai courant sur les toits de Tulorim, remplissant un contrat…
Je m’endormis fatigué et fis de magnifiques rêves plein de sang, de lame et de paysages incroyables.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 23 Sep 2009 18:49 
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Quatrième jour d’entraînement :

Je dormais bienheureux jusqu’à ce qu’une main démoniaque commence à me secouer en criant :

« Kal ! Réveille-toi ! Réveille-toi !! »

Ah ! Le démon avait la voix de Barald. Un autre genre de démon. Bien plus réel… J’ouvris des yeux peinés d’être sorti du monde onirique. Pour une fois que je prenais plaisir à m’y trouver.
Barald se tenait auprès de moi, une pointe d’empressement dans les yeux qui me fis réagir. L’instant d’après, j’étais debout, près à continuer l’entraînement :


« Kal, j’ai d’importantes nouvelles à t’annoncer. Elles ne sont pas très bonnes dans l’ensemble… En réalité, tu dois partir. Aujourd’hui. »

(Comment ?! Mais mon entraînement ?? On n’a même pas fini sa semaine infernale!)

« Je comprends que tu sois étonné mais Ethernia et moi devons quitter ce lieu dans quelques heures seulement. Je ne peux te révéler pourquoi et elle ne te le dira pas non plus, saches tout de même que c’est en rapport avec la Voie. Rien de grave je te rassure, c’est juste que nous n’avions pas prévu que le délai s’écoulerai si vite… Je vais donc te donner mes derniers conseils pour cette nouvelle épreuve.
Tu vas te retrouver seul pendant longtemps et ayant participé à ta formation, je veux que tu t’en sortes le mieux possible.
Comme je te l’ai déjà dit hier, crées tes techniques, voles celles des autres, apprends de tous surtout de toi-même.
Tue, combats, engrange de nouvelles expériences. N’hésite jamais à fouiller tes victimes, un mort n’à que peu faire de ses biens du vivant.
Voyage à travers le monde, tu verras, il est immense, infini.
N’hésite également pas à t’engager dans toutes les aventures possibles. L’assassinat ne doit pas être un simple métier mais un mode de vie qui t’ouvrira les portes du monde.
Je te conseille également de t’entraîner où que tu ailles. Pratique le ki mais aussi ton style de combat. Tu n’as pas besoin de cible ou de sac pour t’entraîner à frapper, il te suffit de visualiser un adversaire et de l’attaquer.
Bien, c’est tout ce que j’avais à te dire… Adieu. »


Je gravais tous les conseils qu’il me donnait au fond de mon cœur, de mon âme, leur donnant la même importance qu’à ceux d’Ethernia. Barald était un grand assassin et il m’avait tant enseigné.

(Adieu ? Comment ça adieu ??!!!)

«-Comment ? Tu…Vous… Nous ne nous reverrons plus ?

-Eh non jeune Kal. Nôtre prochaine rencontre se fera auprès de Phaitos, nôtre maître à tous. »

Il avait dit ça d’un air malicieux… comme s’il était drôle de dire qu’on allait se revoir mort. Il m’avait tant donné… Je lui étais infiniment reconnaissant :

«-Maître, je…
-Kal. Si tu veux me remercier, il n’y a qu’une seule manière de la faire. Grandis, deviens un maître à ton tour, progresse pour qu’à nôtre prochaine rencontre, je n’ai point honte de toi devant nôtre dieu. Par ailleurs, j’ai un cadeau pour toi. Je l’ai laissé sur le cercle de combat. »

Sa demande quand au remerciement m’ému, me donnant une raison de plus pour devenir un assassin accompli. Un cadeau ? J’aurais voulu lui dire que c’était à moi de lui offrir quelque chose, pas à lui qui m’avait déjà tant donné. Ma gorge était serré par l’émotion si bien que je ne pus parler et malgré moi, j’allai jusqu’au cercle d’entraînement. Une tunique m’y attendait. Noire de jais et juste à ma taille… elle pesait une tonne.

(Un cadeau ?! Ca…)

Je me retournai pour demander à Barald si c’était une farce mais il n’y avait plus trace du maître assassin dans la cour. Il s’était volatilisé sans un bruit…

(Merci Barald pour tout ce que tu as fait pour moi.)

J’avais d’un coup oublié les blessures, les coups et les sourires cruels. Seul restait son apprentissage. Je réalisai alors que mes propres vêtements étaient dans un état lamentable et m’en défit donc pour mettre la tunique. Je déposai également Reflet-de-nuit, sachant qu’il devait rester ici.
La tunique pesait lourd… trop lourd. Lever les bras ou marcher devenait un effort. Néanmoins, elle était fine et moulante, me permettant de bouger normalement… Seul le poids était un problème… un sérieux problème.
Je descendis chez Ethernia en prenant garde de ne pas tomber à chaque pas.
A peine la porte fut-elle ouverte que tout mon être fut happé par ses yeux d’or... Je ne pensais plus au départ de Barald. Ni à la tunique trop lourde. Uniquement l’être extraordinaire qui se tenait devant moi, m’englobant de sa présence :


« Bonjour Kal. Ca fait longtemps qu’on ne s’est vu. J’ai ouïe dire de Barald que tu travaillais dur… c’est bien. Comme il a dû te l’expliquer, nous devons nous absenter quelques temps, lui ne revenant jamais ici. Tu dois donc partir aussi.
Il nous reste néanmoins un peu de temps dont je vais user pour te donner de nouveaux conseils. Apprends les avec le plus grand sérieux, c’est la suite de ceux que je t’avais déjà donné, t’en souviens tu ? »


M’en souvenir ? Il me fallait juste évoquer ces conseils pour qu’ils jaillissent en moi, chantant, récitant leurs litanies :

«-Le premier conseil est : Un assassin ne prend qu’une seule cible, il sait se battre contre plusieurs mais son potentiel éclate lorsque sa cible est unique. Il fond sur sa proie et la dévore tel le faucon sur le lapin. Rapidité et efficacité sont ses maîtres mots.
Le second conseil : Un assassin peut combattre de jour comme de nuit ; mais la nuit est l’environnement le plus adapté au meurtre. Ainsi, dans la nuit, l’assassin se fond dans les ombres, profite de l’obscurité et joue avec le noir. Il devient alors ombre parmi les ombres, invisible aux yeux de tous et pourtant, il est là, toujours, apportant la mort avec lui. Inaudible, invisible et imperceptible sont ses maîtres mots.
Le troisième conseil : Un assassin se doit d’être discret mais, si jamais quelqu’un le voit lors de son acte, l’assassin devra l’éliminer. Aussi bien par précaution pour lui que pour apaiser l’âme de la personne qui aura vu un meurtre. Ce précepte se justifie d’autant plus si l’intrus voit le visage de l’assassin. Précaution et rédemption sont ses maîtres mots.

-Bien. Aujourd’hui, je vais te donner quatres nouveaux conseils qui eux seront plus qu’un simple palier. Ce sont les clefs qui, quand tu les comprendras, te feront découvrir réellement la Voie.
Le quatrième conseil : Un assassin ne peut se décrire comme tel tant que ses mains sont vierges. Il se doit d’avoir tué au moins une fois pour comprendre sa propre essence.
Le cinquième conseil : L’assassin se doit de prier Phaitos, son seigneur, aussi souvent que sa lame se teintera de sang. Ainsi, chacun de ses meurtres devient sacrifices pour le dieu de la mort qui n’oubliera pas l’offrande de son serviteur.
Le sixième conseil : De jour comme de nuit, vêtu de frusques ou d’étoffes, portant ou pas le poignard, en parfaite santé tant que blessé, l’assassin reste un assassin. Son essence se trouve en lui, en cette âme qu’il voue au dieu et pas dans le monde matériel qui l’entoure.
Le septième conseil : L’assassin n’a pas de maître sur cette terre, il ne vénère qu’un seul être, Phaitos, le dieu de la mort, dont l’assassin est l’envoyé sur la terre des hommes.
Voici donc les conseils que je t’offre pour t’accompagner durant ta prochaine épreuve. »



Mon âme explosait en de multiples fragments émerveillés qui fusionnaient pour la reformer, plus belle, plus grande, plus imposante. Ces conseils lui parlaient pour la faire évoluer… comment de simples mots pouvaient avoir cet effet là….
A la suite des trois premiers conseils, ils s’écrivirent en moi, en lettres majuscules, pour qu’ils ne soient jamais oubliés :


« Je vais te détailler en quoi consiste cette épreuve. Tu vas sortir de la grotte et retrouver Althan, lui te guidera jusqu’à Tulorim, puis te désigneras une cible. A partir de là, tu seras seul pour un temps indéterminé. Tu seras contacté à mon retour mais cela peut durer quelques mois voir même des années. Je t’invite donc à voyager autant que tu le peux durant cette période. C’est une épreuve… qui doit te servir à grandir, en ton corps et en ton âme… tu dois élever ton esprit tout autant que ta connaissance. Suite à cela, tu devras être revenu en temps que véritable assassin. Tu seras alors initié à de nouveaux secrets.
Au revoir jeune Kal. »


Je ne pus lui répondre, trop ému par une de ses paroles…

(Je vais revoir Althan !!)

Malgré le poids de ma tunique, je courus à la suite du feu follet, refaisant à l’inverse le chemin parcouru il y a quelques semaines. Sautant les marches quatre par quatre, me cognant aux parois de la grotte, je me précipitai au dehors traversant la brèche…
Dehors ! Enfin dehors !!

_________________
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-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
-Pourquoi lui rendre un culte ?
-Il est le dieu de la mort et nous la semons. Nous sommes ses envoyés.


Dernière édition par Kal le Mer 11 Nov 2009 00:39, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Mer 23 Sep 2009 22:48 
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La broussaille des alentours de Tulorim avait beau m’être familière, je n’avais pas pour coutume de l’employer de nuit, et ça n jouait pas en mon avantage. Mes prédécesseurs semblaient aguerris dans le déplacement nocturne dans ces friches sauvages, et je les suivai un peu aveuglément, même si je savais pertinemment que leur vision était bine moindre que la mienne dans un environnement obscur, même si je ne pouvais me gausser d’une vision nyctalope aussi développée que celle des elfes. Ces humains ne faisaient pas preuve d’une grande prudence, comme s’ils étaient en terrain conquis, ce qui me faisait dire qu’ils savaient pertinemment où ils m’emmenaient, et qu’ils connaissaient les lieux avec exactitude, ayant certainement habitude d’emprunter ce chemin lors des heures sombres. Sans dire un mot, je les suivis donc dans leurs pérégrinations, jusqu’à ce qu’une inquiétude étrange naisse en moi : Nous nous approchions de plus en plus de la Grande Forêt en bordure de la ville, et je n’étais pas sans savoir les dangers qui pouvaient rôder dans les ombres des arbres. Animaux sauvages, cultes fanatiques et autres campements de brigands renégats, la forêt n’était pas un lieu recommandable pour qui n’avait pour us de l’emprunter régulièrement, plus particulièrement d’ailleurs lorsque cette même forêt était plongée dans la plus ténébreuse obscurité.

En moi, mes fluides lumineux ne purent réfréner un frisson, comme s’ils se mouvaient de leur volonté propre. J’avais appris à les oublier, à ne pas prêter attention à leur présence, hormis en des moments cruciaux… Et une telle manifestation de leur part n’était pas coutumière. Aussi redoublai-je de vigilance dans ma lente progression aux suites de mes deux guides silencieux.

Mais alors que la lisière sombre des arbres approchait de plus en plus, je distinguai parmi les ombres une masure au toit pointu qui formait sans doute notre destination. Nous nous dirigions droit vers elle, et je fus soulagé d’apprendre que nous ne devrions pas nous enfoncer dans les bois de nuit. La maison avait beau avoir une apparence lugubre, celle-ci restait préférable à l’inconnu d’une futaie dangereuse, et je me réjouis ainsi d’être arrivé à destination. Lorsque mes guides commencèrent à faire le tour de la bicoque, je les suivis sans rien dire. Ma présence semblaient avoir été presque oubliée, et ce ne fut que lorsque l’un d’eux se tourna vers moi que j’eus la confirmation du contraire. Un mince sourire intérieur s’empara de mon esprit. Non, je n’allais pas leur laisser l’occasion de prévenir leur ‘maître’ de ma présence avant que je puisse entrer. J’allais donc directement les accompagner et faire face à celui que j’espérais être Auguste Brandburg, cible actuelle et peut-être futur employeur.

« Menez-moi directement à lui, plus vite cette affaire sera réglée, mieux ça sera pour tout le monde… »

Je leur emboitai donc le pas là où ils décidèrent de me mener…

_________________
- Selen Adhenor -


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 Sujet du message: Re: Les terres autour de Tulorim
MessagePosté: Lun 28 Sep 2009 21:23 
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Inscription: Sam 29 Nov 2008 22:29
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Localisation: Derrière vous. Prêt à vous caressez la jugulaire et extraire la vie pour donner la mort...
Milles fragrances assaillirent mon nez, réveillant en moi des échos presque oubliés. Ces senteurs qui avant faisait parti de mon quotidien… ces odeurs qui sept années durant m’avaient accompagné.
L’instant d’après, ce fut au tour de ma vue de s’extasier… La clairière de cristal plongée dans les rayons lunaires qui eux donnaient à l’endroit un aspect mythique, légendaire. La diffraction de cette froide lumière transformait chacun des cristaux en un petit arc en ciel lumineux.
Mon toucher eut ensuite le droit de goûter la fraîcheur nocturne du pays de Wielh, me faisant frissonner de la tête aux pieds.
L’air frais décida alors de s’aventurer près de mes papilles, me rappelant le goût, la saveur des bois, mon habitat.
Au final vint mon ouïe et comme dit le proverbe, il faut garder le meilleur pour la fin :


« Bonsoir Kal. »

Deux mots, une voix, un être, un père… Althan.
Un million de paroles, de pensées, de sentiments se bousculèrent en moi, balayant comme un fétu de paille la raison de mon esprit. Il était là, lui, mon sauveur, mon héros, celui à qui tout je devais.
Je le cherchai des yeux et le trouvai…
Explosion, avalanche de bonheur et de joie. Retrouver Althan était pour moi le plus grand présent qui pouvait m’être offert en ce moment précis. Je pris alors conscience de la largeur du vide entraîné par cette longue séparation… Il me manquait et maintenant, je le retrouvais. Ses traits n’avaient pas changés, toujours aussi acérés, et ses yeux… ses yeux… Deux poignards qui se plantaient en moi, fouillant dans mon cœur, mon esprit et mon âme.

Je m’approchai doucement de lui, le cœur battant la chamade, le regard plongé dans ses yeux d’acier :

« Bonsoir maître. » Avais-je répondu d’une voie émue.« Je t’en prie, pas de maître avec moi Kal, tu m’as toujours tutoyé et tu as intérêt à continuer… Oh, tes cheveux ont beaucoup poussé, ainsi que ta barbe. Et regardez moi ces muscles !! Tu as dû t’entraîner dur, c’est bien.
Je vois également que portes la fameuse tenue d’entraînement de Barald. J’ai dû moi-même la porter il y a bien longtemps… »


Je n’avais guère fait attention à mon apparence ces derniers temps ; je fus donc stupéfait par la longueur de mes cheveux mais aussi par la pilosité qui me couvrait les joues. L’entraînement avait duré assez longtemps tout de même.
Alors qu’il discourait sur la tunique, je compris enfin son rôle… j’allais pouvoir, grâce à elle, m’entraîner durant tout mon voyage :


« …Ah, le bon vieux temps. Je suis vraiment heureux de te voir tu sais, dommage que ces retrouvailles soient de courtes durées. Suis-moi. »

Il se retourna alors pour s’enfoncer dans la forêt, moi à sa suite. Ses paroles m’avaient rappelé que je n’étais pas là pour le retrouver mais pour commencer ma nouvelle épreuve… mes mains allaient bientôt se teinter de sang.
Les épineux se succédaient autour de nous, embaumant l’air d’une odeur délicieuse, réveillant aussi les souvenirs de ma venue. Je me rappelai qu’il fallait compter une bonne heure de marche jusqu’à notre cabane puis une vingtaine de minutes pour arriver en ville. Durant nôtre trajet à travers les bois, je ne pus m’empêcher d’admirer les déplacements d’Althan… Il se déplaçait entre les arbres aussi facilement que dans un salon, souplement, se coulant comme un fluide. Je me mis à faire de même, marchant avec plus de souplesse, gardant mon pas léger et changeant. C’était d’autant plus difficile avec la tunique d’entraînement qui m’alourdissait, me rendant maladroit alors que moi-même tentais d’être plus adroit.
C’était tout de même un plaisir inégalé de marcher à nouveau à ses cotés, dans ce lieu qui m’avait vu grandir.
Tandis que nous continuions, lui un peu en avant, il se remit à parler, d’un ton plus grave cette fois :

« Kal, tu dois le savoir, ta formation est loin d’être fini. Tu ne devrais même pas être là avec moi pour commencer cette épreuve… Disons qu’il t’aurait fallu quelques semaines encore pour qu’ils t’envoient à moi en temps normal. Nous allons donc faire avec.
Tu es encore très loin d’être un assassin mais ce que tu vas vivre ce soir sera un grand pas pour le devenir, ainsi que pour avancer dans la Voie.
Ce soir, tes mains vont connaître le goût du sang, le goût de la mort et cela te marquera pour le restant de tes jours. Cette nuit est donc pour toi d’une grande importance… »


Il s’arrêta soudain pour regarder la lune :

« … Le temps presse. Nous devons nous dépêcher. »

Il se mit alors à courir, fendant l’espace avec une grâce animale.
A sa suite, je courrai, n’arriva plus à l’imiter à cette vitesse.
Nous courrions ensemble, maître et élève, molécule formée de deux atomes, l’un grand, l’autre petit. La grande transférant des électrons vers le petit atome pour l’aider à grandir, à se développer, à sortir de la molécule pour devenir lui-même une particule à part entière.
Une relation qui dépassait le cadre de la raison, des sentiments si forts…
Je goûtai ce moment passé avec lui, regrettant d’avance nôtre prochaine séparation.

Ce qu’il m’avait dit m’avait brusqué, je n’étais pas prêt du moins, je ne suivais pas voie normale de la formation. Les circonstances m’avaient enlevé ce droit pour m’obliger à emprunter une courbe. J’avais peur… peur de l’inconnu… peur d’échouer…

C’est dans ce tourbillon de sentiments chaotiques, de plaisir et de peur, que j’entrai dans la ville, Althan devant moi.

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-Nous, assassins, ne rendons de culte qu’a Phaitos, le dieu de la mort.
-Pourquoi lui rendre un culte ?
-Il est le dieu de la mort et nous la semons. Nous sommes ses envoyés.


Dernière édition par Kal le Mer 11 Nov 2009 00:14, édité 1 fois.

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