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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 6 Juil 2010 15:06 
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Partie deux: Le chancelier



Écrit 1: Oranan


Blink se réveilla en sursaut. Il venait de faire un cauchemar.
Le visage du gamin qu'il avait tuer l'avant veille restait collé à sa pupille. Cette pensée ne pouvait t-elle donc pas s'effacer?
Lui qui se pensait sans cœur et sans pitié, qui volait et tuait pour quelques pièces, éprouvait pour la première fois du remord.
C'était tout nouveau comme sentiment pour lui, et cela lui faisait peur.
Il ne voulait, non, ne pouvait pas se résoudre à éprouver un sentiment si faible, si inutile. dans son métier celui lui était interdit.

Il mit quelques instant pour revêtir sa tenu, enfila sa veste, puis partit en direction de la ville. Son but premier était de récupérer son arme et se reposer un peu de ses blessures. Son voyage risquait de durer, et il devait s'y préparer.

Il se faufila dans la ville, évitant les gardes, de peur d'être repérer. La ville était un endroit hostile pour lui maintenant. Bien qu'il bénéficiera de la protection du chancelier une fois arrivé à Oranan.
Il rentra dans son repère, prit son arme, puis se dirigea chez le meilleurs marchands d'armes et armures de la citée.



Dernière édition par Rayd le Mer 18 Aoû 2010 15:00, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 28 Juil 2010 16:12 
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Nous sortîmes de la ville au petit trot. J’avais toujours apprécié regarder les soldats et leur monture déambuler ainsi dans les rues de Kendra Kâr. Je n’avais par contre jamais expérimenté le trot et j’ai vite déchanté. Être ainsi assis sur un cheval sautillant, me trimbalant de haut en bas et de bas en haut, me déplaisait royalement. De plus, en cavalier inexpérimenté, je craignais de blesser le dos de ma jument Bella. Je me levai donc les fesses pour prendre appui dans les étriers. La position était ainsi plus confortable pour moi et pour Bella, enfin c’est ce que j’espérais puisqu’il m’était impossible de deviner ses pensées, si pensées elle avait.
C’est ainsi que nous nous retrouvâmes assez rapidement aux portes de la ville qui furent franchies rapidement, sans aucun incident.
Une fois à l’extérieur de la cité blanche, Hallena fit bifurquer son cheval vers le Nord-est et nous passâmes à travers les champs, mais au galop cette fois. Cette allure me plaisait davantage, je pouvais sentir le vent frais caresser mon visage et puis j’avais l’impression de ne faire qu’un avec mon cheval, suivant ses mouvements en harmonie comme si nous effectuions quelques pas de danse. Nous valsâmes ainsi jusqu’à la tombée de la nuit, moi avec ma fière partenaire quadrupède et Hallena avec son étalon à la robe châtaine.
Je suis un citadin, un vrai, j’ai toujours habité la ville, mais il y a une petite partie de moi qui a toujours admiré la campagne. J’aimais bien me promener dans la bise d’Ynorie. Ce que je ne savais pas à l’époque c’est que ce jardin n’était qu’un petit échantillon de ce que pouvait offrir la nature. Ce parc, bien qu’assez spacieux, ne m’aurait pas permis de chevaucher une journée entière.
C’est ainsi qu’après avoir parcouru plaines et champs, Hallena choisit de s’arrêter près d’une petite futaie. Descendre de cheval fit le plus grand bien à mes fesses endolories. Envahi par la sérénité de la nature, je restai silencieux un moment, respirant cet air pur. Puis, je pris le temps de retirer la selle de Bella, de vérifier un à un chacun de ses sabots pour les curer si nécessaire, et enfin, je la brossai consciencieusement. Elle m’avait porté toute la journée, je me devais de bien la traiter. Après lui avoir caressé le museau, je me tournai enfin vers Hallena.
Je l’écoutai sans sourciller me donner ses directives.

(Monter le camp…… Être prêt à l’aube )

Et puis, sans que je ne l’aie anticipé, une vague de contrariété s’empara de moi.

« Mes mœurs étant différents des autres et n’ayant jamais séjourné ainsi dans les bois, vous me prenez au dépourvu en me demandant de monter le camp.»
Tout en continuant à regarder ses magnifiques yeux noisette risquant de m’y noyer, je m’approchai d’elle.
« Suis-je autorisé à faire un feu ou vous craignez une attaque ? La nuit risque d’être fraîche, et je suis persuadé que vous ne m’autoriserez pas à me coller à vous pour partager un peu de chaleur. »

Sans que ce soit voulu, mon ton avait été légèrement ironique. Je pris une grande respiration et je baissai la voix, lui parlant calmement, doucement comme sur le ton de la confidence sans aucune petite trace d’ironie ou d’arrogance.

« Je vous ai promis mon aide et je ne le regrette point. Cependant, j’aimerais savoir de quoi il en retourne. Puisque vous avez accepté ma présence auprès de vous, vous devriez me faire assez confiance pour partager vos plans. Mon ignorance risque de nous nuire... Vous semblez soudainement si pressé de vous rendre à je ne sais quel endroit... Mais puisqu’il nous faut passer la nuit, je vous prierais de me donner quelques explications. »

Mon discours était décousu car je ne m'étais point préparé. J’avais lancé ainsi toutes les petites frustrations que j’avais inconsciemment accumulées.

Tout en parlant, je m’étais approché et je n’étais plus qu’à une coudée de cette femme mystérieuse que j’admire pour sa beauté et son courage. J’attendis patiemment une réponse de sa part, j’étais bien décidé à ne pas me coucher ignorant.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 4 Aoû 2010 13:17 
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À tes suppliques sur la température des nuits, Hallena ne ploie pas, et te regarde sans ciller d’un air un peu las. Sa seule réponse est nette et abrupte. Pas brusque, mais claire et concise :

« Pas de feu. »

Elle semble vouloir en garder les raisons pour elle, n’étant pas vraiment fanatique des longs discours pleins de paroles peu utiles. Que ce soit parce qu’elle craint une attaque, parce qu’elle n’aime pas ça ou par simple esprit de contradiction, tu n’en sauras rien à moins d’insister. Elle ne revient pas non plus sur ton semblant de proposition de rapprochement nocturne, et se contente de te tourner le dos un instant pour se saisir d’une couverture roulée dans son sac. Elle te l’envoie alors droit dans les bras, avec un regard insistant. Visiblement, c’est la seule couverture qu’elle détient… Et on ne peut même pas dire qu’elle est habillée très chaudement, vu ses vêtements plutôt épars.

Lorsque tu demandes plus de renseignements sur votre but, elle soupire et consent à s’asseoir un instant sur une racine plate. Te faisant signe de la rejoindre, elle se met à t’expliquer un peu plus ouvertement la situation.

« Il y a plusieurs années, Maëlcrys e moi vivions au sein d’une communauté forestière vivant pour et par la nature, en se soumettant à ses lois sans les outrepasser. Nous vivions, elfes, humains et animaux, en égaux. L’ancien de notre communauté était un shaman puissant, qui assurait le bon fonctionnement de notre vie naturelle. Mais un jour… »

Son regard s’assombrit et semble se perdre dans les fantômes de son passé.

« …alors qu’il guettait les frontières de notre territoire sous sa forme totémique, l’ours noir, il se fit tuer par un groupe de chasseurs. Ce n’étaient que des crétins d’humains qui s’étaient donné pour but de détruire la faune pour leur bon plaisir. »

Tu sens la rancœur et la haine faire trembler sa voix.

« Mais leur chef était un homme cruel et mauvais. Il reconnut sur la dépouille de notre mentor un animal totémique, et se mit en quête de son habitation pour la piller. Comme moi je suis liée à Maëlcrys, il était lié à une panthère noire, et eut tôt fait de retrouver notre campement. Avec les siens, ils nous tombèrent dessus, alors que nous ne nous y attendions pas. La plupart des membres de notre clan furent tués, d’autres furent faits prisonniers et torturés. Seuls quelques uns parvinrent à fuir, en abandonnant lâchement les autres derrière, en laissant notre havre de paix aux mains de ces barbares. Je faisais partie de ceux-là. Suite à ça, les chasseurs pillards établirent dans notre campement leur repaire. C’était un lieu magnifique, doté d’une puissante magie, qu’ils ont dénaturé. C’est pour ça qu’il faut y retourner aujourd’hui. Pour les chasser et rendre à cet endroit sa pureté d’autrefois. Pour libérer la Clairière de leur présence impie, et restaurer notre communauté d’autrefois. »

Elle marque une pause silencieuse, visage fermé, comme si elle se rendait seulement compte de tout ce qu’elle venait de t’avouer.

« Vous n’avez aucun intérêt personnel à m’accompagner, je le sais. Je vous promets en récompense de votre aide toutes leurs possessions, sans la moindre exception. Ce que vous ne prendrez pas sera brulé avec leurs cadavres… »

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 12 Aoû 2010 08:24 
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Obscurité…
Solitude.
Silence.


Où suis-je ? Je ne sens pas mon corps… Je ne ressens rien. Aucun souvenir.
Qui suis-je ?
Un nom : Angèlique…

Oui. Je suis Angèlique. Et mon nom de famille… Je ne le sais plus, il n’a plus d’importance : Père m’a reniée. Pourquoi ? Je ne sais plus. Je me sens coupable pourtant. Ou plutôt, responsable.

Père… Un nom, non, un simple mot, et aucune image, même pas un visage. Je ne me souviens de rien. Je n’ai ni corps, ni mémoire… En ai-je jamais eu ? Oui. J’ai été vivante.
Quand ? Comment le savoir… Cette question a-t-elle seulement un sens ?

Je dois me souvenir. Comment suis-je arrivée ici ? Ici… N’est-ce pas déjà trop de sens pour ce néant ?

Je dois me souvenir…

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 12 Aoû 2010 08:27 
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J’ai sept ans. Toute la famille est là. Je suis derrière Père et Mère, entourée par mon frère et ma sœur. L’église est comble. Tous sont plus ou moins proches, connus, entraperçus. Je le sais, je le sens. Pourtant, je ne peux pas vraiment les voir, la scène reste floue. Seules quelques figures sont resplendissantes, nettes.
Des visages, partout, que je ne peux voir. J’aperçois seulement des détails, deux yeux bleus, une boucle d’oreille, un mouvement de la main.
Le prêtre, debout derrière l’autel, récitant quelques psaumes. Je ne l’entends pas, et pourtant je ressens ses paroles. Je les sais. Non, en réalité, je sais que je les ai entendues, que je pourrais m’en souvenir.
Leam ! Le prêtre s’appelle Leam. Mais… cela, je ne le sais pas encore. Comment l’ais-je appris ? Quand ?
Et surtout pourquoi ce souvenir ?

Leam parle. Je l’entends maintenant. Le souvenir se précise. Il parle de Grand-Père. Il raconte son héroïsme au combat, sa ferveur, comment il s’est longtemps occupé de ses enfants, de Mère. En somme, un long discours que chacun se force à croire, espérant ainsi en finir au plus vite avec le deuil.

Grand-Père est mort. Je me souviens… Il est mort, naturellement, de vieillesse, il nous a attendu une dernière fois, je crois, pour nous dire au revoir, puis il est parti. Quand était-ce ? L’été précédent peut-être. Ma sœur et moi étions allées le voir, avec Mère. Pourquoi Père n’était-il pas venu ? Je ne sais plus, une affaire quelconque à finir. Il avait gardé mon frère auprès de lui.

Il semblait triste. Ou mélancolique. Peut-être savait-il qu’il devait quitter cette terre. Je ne sais plus ce que nous avons fait de l’été, mais je crois que je fus heureuse à ce moment. J’ai l’impression que c’est à ce moment que Grand-Père nous fit ses adieux. Une simple illusion peut-être.

Leam arrête de parler. Il se recule, et fait un signe à Père. Celui-ci s’avance, et continue la cérémonie. Il parle aussi, mais je ne l’entends pas. Il semble entouré d’une chape d’obscurité.
Père ne souhaite pas que je me souvienne de lui… Cela s’impose à moi, comme une évidence. Qu’est-ce que cela signifie ? Père… Oui, à ce mot est associé de la culpabilité…


L’église est plus nette. C’est l’église de notre canton, à la fois sobre et belle, grande mais pas majestueuse : elle honore Gaïa sans prétention, sans orgueil. Des rideaux pourpres apportent la seule touche de couleur dans l’église, intégralement blanche sinon, les vitraux sont larges mais peu ouvragés.

Gaïa…
Haine. Douleur. Peur, aussi.
Pourquoi ? Pourquoi associer haine et crainte à cette Déesse ?
Un souvenir postérieur…
Quand ?


Père me regarde. Depuis combien de temps ? Je ne peux voir son visage. Son souvenir me reste toujours caché. Je me tourne vers Mère. Elle pleure. Je peux la voir. Mère… Naturellement pâle, elle semble aujourd’hui transparente. Ses cheveux bouclés, blonds, sont cachés par un voile sombre, ses yeux bleus semblent délavés par les larmes.

Père est revenue à nos cotés. Mes souvenirs, ou plutôt mon souvenir semble incomplet, progressant par à coup, immobile le reste du temps.

Mes parents s’avance vers le centre de l’église, et se penchent sur le cercueil. Nous avons vu ici une dernière fois Grand-Père… Ma sœur pleurait avec Mère, mon frère cachait ses larmes, croyant qu’un homme ne doit pas pleurer.
Moi, je ne ressentais rien. J’aimais Grand-Père. Mais sa mort ne m’a pas affecté. On m’avait enseigné depuis mon plus jeune âge que la mort faisait partie de la vie, et j’y avais cru.



Ensuite….
Rien. Je ne sais plus.
Le néant, encore.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 12 Aoû 2010 08:29 
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Je fuis.
Je cherche Leam.

Il se trouve dans un ancien temple, au nord de la demeure familiale. Cela fait plus d’une semaine que je marche, la nuit, évitant tout contact avec les hommes. La peur ne me laisse pas de repos.

Je devrais arriver avant le matin. La nuit est sombre, brumeuse. Les étoiles restent invisibles, la lune n’éclaire presque pas.
Je connais la direction du temple, mais je ne peux suivre la route. L’inquisiteur est sûrement à ma recherche.
Qu’ai-je fait ? Pas de souvenir, mais des mots : meurtre et hérésie….

J’avance dans la nuit. La forêt, sombre, semble menaçante. Malgré une certaine habitude de la marche nocturne, je suis terrifiée. Chaque bruit me semble être le pas d’un poursuivant. Il me faut toute ma volonté pour continuer à avancer.
Il n’y a pas que la peur… La fatigue aussi. Cela fait une semaine que je maintiens ce rythme de marche forcée.

La lune continue son parcours dans le ciel, et mes jambes deviennent de plus en plus lourdes…
Quelques heures après minuit, je m’affale dans l’ombre d’un chêne noueux qui se trouve un peu en retrait du chemin. Je me suis rarement sentie plus mal. Je tente de rester éveillé, mais je tombe rapidement dans un sommeil fiévreux. Jusqu'à ce que la lune se couche, environ deux heures avant l’aube, je reste ainsi, reprenant soudain conscience, écoutant, anxieuse, les bruits de la nuit, puis retombant dans un rêve étrange, rempli de peur et d’ombre.

Quand je me relève enfin, je me sens toujours aussi faible. Je reprends ma route, d’un pas traînant. L’air frais de la nuit n’arrive pas à me réveiller complètement.

Malgré ma fatigue, le bruit de feuille s’écartant sur ma gauche me fait l’effet d’une douche froide. Je m’immobilise, tentant d’apercevoir ce qui s’approche. J’ai du mal à ne pas loucher, et ne vois rien.
Soudain, deux yeux, verts, à ma hauteur, s’allument. Sans avoir le temps de réfléchir, terrorisé, je fais un pas en arrière, et fait quelques mouvements des bras… Des volutes noires se précipitent vers les yeux, qui s’envolent aussitôt.
Lentement, je reprends mon sang-froid. Un simple hibou. Dans quel état je suis… Terrifiée par un piaf, et même pas fichue de lancer un sort correctement.

La colère monte en moi, me donnant de nouvelle force.


Néant.
Je suis de retour ici….
Peu importe le temps que j’y reste cette fois. J’ai de quoi penser.


De la magie…. Je serais une magicienne ? Je n’ai aucun souvenir de cela…. Du reste non plus il faut dire.
Mais… Quelle magie ? Elles sont liées aux dieux… Thimoros ! Je vénère Thimoros !
Vénérais du moins….
Comment ? Quand ais-je suivie cette voie ?
Le mal, la souffrance et le malheur…. Il me semble que j’ai effectivement appliqué les adages du culte. Ce doit être pour cela que l’inquisition me recherche… Quel espoir que Leam m’aide alors ?
Thimoros….

Oui, cela est tentant…
Vénérer Thimoros, à nouveau…

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 12 Aoû 2010 08:32 
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Un nouveau souvenir....
Le dernier.
Une pièce, sombre, en sous-sol probablement. Aucune fenêtre, des murs nus, de pierres. Une bougie se consume non loin de moi, posée sur une table. La seule issue de la pièce, une porte en bois à l'air solide, se trouve face à moi.
Je suis assise, attachée sur une chaise. Mes liens ne semblent pas des plus solides, mais il me manque de l'espoir pour essayer de les entamer. J'entends des éclats de voix venant de la pièce voisine. Mes geôliers...

La pièce n'a pourtant pas l'air d'une cellule. Quelques objets insolites sont entreposés là, de vieux livres, une armure incomplète, des bibelots à l'air ancien, et quelques instruments dont l'usage me reste mystérieux.

Où suis-je ? Cela, je ne l'ai pas oublié, je ne l'ai jamais précisément su. À Kendran Kâr, probablement... C'est là qu'ils m'ont trouvé. L'inquisition.

Les voix se rapprochent et se précisent. Deux hommes, des voix que je connais. L'une, je l'ai entendue, il y a peu... Il me semble qu'elle appartient à l'homme qui m'a arrêté. L'autre....
C'est la voix de Père. Il ferait partie de l'inquisition ?
Que sais-je d’eux ? Ce n'est pas une branche officielle du culte de Gaïa, ni même au service du roi. J’en aurais entendu parler… Sûrement un groupe de fanatique, oeuvrant aveuglement pour le "Bien", traquant les infidèles, agissant en secret et en marge de la justice, se nommant eux-mêmes inquisiteurs... Je n'ai jamais connu les activités de Père... Il a pu les rejoindre il y a longtemps.

Père et l'autre homme se disputent... À mon sujet. L'homme, qui doit être son supérieur, semble vouloir m'exécuter rapidement, Père veut des preuves de mon hérésie...
Par amour paternel ? Peut-être... Par habitude de protéger ses enfants tout du moins. Me croit-il vraiment innocente ? Je ne pense pas. Il essaye juste de m'obtenir un sursis.

Ils s'éloignent à nouveau... Je ne peux plus distinguer leurs paroles. Le temps, sans repère, passe étrangement. Au bout d'un moment, je ne les entends plus, et le son d'une porte se refermant me laisse supposer que je suis seule. Mais quelle certitude ? J'aimerais prier Thimoros, mais je ne peux pas prendre le risque qu'ils me surprennent. Et, de toute façon, Thimoros ne m'aiderait pas à échapper à des souffrances ou à la mort. Prier un autre dieu ? Cela ne pourra pas empirer la situation...

Je me mis à murmurer de vagues prières, adressées à tous les dieux à la fois, à tous ceux qui pourraient m'entendre, mélangeant les textes traditionnels, priant un dieu puis son opposé, fiévreusement, sans réel espoir, épuisant tout mon savoir religieux, promettant une fidélité éternelle à celui qui me sauverai.

Puis il ne me resta plus qu'à attendre, dans la peur. Celle-ci, étrangement, est moins forte depuis ma capture. Je n’ai plus d‘incertitude, mon destin est tracé… Je vais mourir, et j’ai moins peur que quand j’avais encore de l’espoir…





La bougie s'est éteinte depuis longtemps. Des bruits de pas, se rapprochant. Une porte qui s'ouvre. D'autres pas. Enfin, la porte qui me fait fasse laisse le passage à "l'homme". Il tient une torche, qu'il fixe au mur. La lumière m'aveugle quelques instants. Une fois habitué à la clarté, j'aperçois la silhouette de Père, en retrait, dans l’ombre de la porte restée ouverte. Avant qu'aucune protestation d'innocence ne me vienne à l'esprit, l'inquisiteur se place face à moi. Son visage sévère me dissuade de prononcer la moindre parole.

Il m'observe en silence. Son corps massif reste immobile, me cachant Père. Son visage semble de pierre, figé dans une expression de haine. Seuls ses yeux tressautent, semblants incapables de se fixer sur un point. Il me détaille, semblant chercher une marque d'hérésie qui lui aurait échappé.

Il finit par se redresser, et, se tournant vers Père, lui demande : "Êtes-vous sûr de votre décision ? Cela va nous faire perdre du temps et de l'argent pour prouver une évidence."
« Nous en avons déjà parlé. Je ne veux pas de doutes cette fois ci. »
L’inquisiteur soupire, puis se tourne à nouveau vers moi et sort délicatement d'une de ces poches un curieux objet : une fiole en verre, fixé dans une armature en bois. À l'intérieur de la fiole, une lumière, blanche, semble flotter sans toucher aux parois. La lumière reste globalement une sphère, malgré quelques mouvements de surface, quelques remous.
L'inquisiteur la pose délicatement sur la table devant moi, puis prend la parole.

"Bien. La tradition veut que les hérétiques sachent par quels moyens leurs félonies sont mises à jours. Nous avons aucune preuve, mais si tu as réalisé les crimes dont nous te soupçonnons, tu pratiques une magie obscure. Tu possèdes alors des fluides ténébreux. Si cela est, quand nous te ferons absorber ce fluide lumineux que tu vois ici, les ténèbres seront détruites. Ton corps et ton âme, lié à ses fluides, seront également détruits par la lumière sacrée. Ainsi justice sera faite."

Je reste paralysée. La panique commence à reprendre le dessus. Je cherche une solution autour de moi, un secours quelconque. Mon regard se tourne vers Père. Il reste dans l'obscurité, immobile, comme ignorant la scène qui se déroule sous ses yeux.

Ne voyant aucune issue, mon regard se fixe sur les gestes de l'inquisiteur. Il se saisit de la fiole, en enlève le bouchon. Le fluide dans la main gauche, il penche ma chaise en arrière, la cale contre le mur. Enfin, il incline la fiole au-dessus de moi. Le fluide s'écoule lentement dans le goulot, se reforme à l'air libre, reprenant une forme sphérique, puis tombe, comme au ralenti, vers moi. Il se pose sur mon torse, au niveau du coeur, juste au-dessus du sein. Pendant un instant, rien ne se passe.

Puis une douleur terrible, une brûlure. Lentement, le fluide semble se fondre dans mon corps. D'abord localisée, la douleur se répand, atteignant chaque membre. Mon corps semble brûler, se déchirer, s'entredévorer lui-même. La douleur change, varie, selon les assauts des fluides que je contiens. Tantôt s'apaisant, tantôt plus sévère encore, la douleur emplit tout. Je hurle, défouloir inutile, semblant plutôt attiser la souffrance.

Dans un dernier éclair de lucidité, la scène qui m'entoure m'apparaît. L'inquisiteur, debout, visiblement triomphant, exultant même peut-être. Derrière, Père, ayant abandonné son flegme, semble hésiter à fuir mes hurlements. Alors que mon corps me semble se disloquer, je les maudits, utilisant mes dernières ressources, maîtrisant quelques instants ma voix brisée par la douleur, arrachant mon esprit à la souffrance. Sur ce qu'il y a de plus sombre, pour le pire des destins, avec le reste de mes pouvoirs, je les ai maudits.

Ensuite, je ne me souviens de rien de réel. Je ne me souviens que de mon corps, simple réceptacle de douleur. Puis mon esprit a été le dernier siège de ce combat, le dernier siège de ce combat, le dernier refuge des fluides d'obscurités. La douleur atteignit mon âme, ma conscience fut disloquée.
Enfin, le néant, havre de paix, m'a accueilli.


Le néant...
Le néant qui m'entoure...
N'est-ce donc que cela ?
Un refuge de mon esprit, fuyant la douleur ?
Si mon esprit est vivant, qu'en est-il de mon corps ?
Il m'attend. J'en suis persuadée. Il doit être quelque part. Je dois le rejoindre.
Mais...
Comment ?

Je dois retrouver mes souvenirs, mon passé. Cela au moins est un but, et me souvenir est tout ce que je peux faire.


Un refuge de mon esprit...
Réagirait-il à ma volonté ?


Moi.
Moi, Angèlique.
L'océan, sous moi. Une falaise. Un pré, descendant doucement jusqu'à une falaise, surplombant l'océan. Moi, debout, contemplant l'océan.
Quelques fleurs, éparses. Un soleil, au-dessus de moi.

La scène apparaît... Flou. Je ne peux pas imposer ma volonté... Seul un détail sur lequel je me concentre me paraît réel. Cela marche, et en même temps cela ne marche pas. Le néant réagit mais ne se pli pas à mes pensées.
Soyons plus modestes.

Je veux mon corps, un réceptacle pour mon âme. Ne pas être un néant dans le néant. Être Angèlique.
Moi, quelques mèches rebelles, cheveux roux, yeux légèrement violets... Humaine, femme. Taille un peu au-dessus de la moyenne.

Moi.

J'ai un corps, je peux voir mes bras et jambes... Ma volonté crée un miroir... Mon visage... Oui, c'est bien mon corps. Je peux me relever, courir...
Dans le néant toujours.
Mais du moins, j'existe.


J'avance, explore inutilement, restant toujours au même point. Voyage déprimant.

Rien.

Je crée une petite lumière, point de repère misérable en ce lieu. Je marche. Au moins, mon lumignon s'éloigne, je me déplace bien.
L'obscurité, toujours. Et le silence.

...

Une lueur, devant. Depuis combien de temps est-ce que je marche ? Peu importe. Je m'approche. Un miroir ? Non...
C'est moi.
La surprise n'existe pas en ce lieu. Je ne ressens rien de tel en tout cas.

Je m'assois, et me regarde. Sous mes yeux, mon sosie s'anime. Elle parle, me raconte sa, non, ma vie. Je l'écoute, fasciné par cet étrange double.

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Dernière édition par Angèlique le Jeu 12 Aoû 2010 17:07, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 12 Aoû 2010 08:35 
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Une large fenêtre, haute dans le mur, éclaire la pièce. Celle-ci est grande, mais entrecoupée d'étagères remplies de livre. La pièce se trouve au centre du temple, et les épais murs de pierre retiennent longtemps fraîcheur de la nuit.
La bibliothèque reflète une ancienne gloire, une époque où toujours quelqu'un cherchait un livre, archivait, compilait. Aujourd'hui, elle est quasiment abandonnée. Une épaisse poussière recouvre les livres, les registres sont perdus.

Lors de son activité, le temple accueillait une dizaine de membre du clergé, qui se sont occupés de collecter toutes sortes de textes, des historiques des récoltes à quelques anciens grimoires retrouvés par hasard, précieux témoignage du passé, recueils de connaissances diverses.
Sans être au centre de grand axe de commerce, le travail méticuleux de prêtre avait donné une certaine renommée à l'endroit. Tous les textes passant à portée des habitants du temple étaient achetés ou copiés, accumulant au fil des ans une bibliothèque originale, où des livres sans valeur côtoyaient des exemplaires uniques.
Le temps passa, et les fondateurs avec. La tradition perdura quelques générations, mais la passion d'archiviste se perdit. Les effectifs du temple diminuèrent, pour qu'il ne reste plus à notre époque qu'un prêtre, chargé des offices religieux et en aucun cas de la bibliothèque. Celle-ci resta longtemps fermée, à prendre la poussière. Seuls quelques érudits de passage, cherchant un ouvrage particulier et rare, y pénétraient parfois, espérant y trouver l'objet de leur recherche.

Cela, je l'ai appris dans la bibliothèque même. Le temple en question se trouve non loin de la demeure familiale. Un large livre, près de l'entrée, le premier que l'on voit en fait, relate l'histoire du lieu. La première écriture est celle du fondateur, un passionné d'histoire. Suivent celles de ces disciples, puis de ces héritiers. Enfin, vient une chronique moins détaillée, par certains des prêtres qui ont suivi. Les dernières pages écrites sont de Leam.


J'ai découvert le temple l'année de mes treize ans.
Cela faisait alors bien longtemps que je n'avais plus entendu parler de Grand-Père. En fait, depuis l'enterrement, à part à l'occasion de quelques formalités officielles, je ne crois pas que qui que ce soit dans mon entourage n'en ait parlé.
Tous avaient semblé affectés par sa mort. À l'enterrement, de grandes paroles avaient été échangées, des promesses de souvenirs. Pourtant, autant que j'avais pu le voir, tous semblaient l'avoir oubliés. Peut-être pas Mère. Mais sinon ?

Alors, lorsqu'un jour j'appris que le prêtre qui avait présidé la cérémonie résidait non loin de nous, je décidai d'aller le trouver, de lui demander si le coeur des hommes est aussi hypocrite qu'il y parait. Pourquoi lui plutôt qu'un autre ? Je ne sais pas. Le prêtre qui officiait dans notre église ne m'inspirait pas confiance. Il me paraissait plus apte à rapporter mes propos à ma famille qu'à me trouver des réponses.

J'étais peu libre à l'époque, considérée comme trop jeune. Je profitais donc un jour d'une promenade à cheval pour passer par le temple. Une nourrice était attachée à mes pas, me surveillant, mais elle ne s'opposa pas à l'idée d'aller saluer Leam. C'est ce jour-là que j'appris son nom. Je ne pus parler librement avec lui cependant. En fait, cela ressembla à une simple visite de courtoisie, où nous échangeâmes quelques formules de politesses.

J'avais peu vu, et de loin, le prêtre lors de l'enterrement de Grand-Père. L'aperçu que j'en eus ce jour-là me conforta dans l'idée que je pouvais lui faire confiance. Agé d'une cinquantaine d'année, il arborait un visage glabre, continuellement orné d'un léger sourire. Ces cheveux courts étaient noirs, parcourus par quelques stries grises. Ces gestes avaient une sorte d'élégances, d'économies de mouvement, lui donnant une certaine noblesse. Il semblait fait pour écouter, avec toujours un air d'intérêt sur son visage, malgré les banalités que lui déblatéra alors ma nourrice. On ne l'imaginait que calme, écoutant ou conseillant.


Je repassais plusieurs fois au temple au cours de ma treizième année, espérant tout d'abord pouvoir parler au prêtre, puis par habitude. Cela pouvait être un simple détour pour saluer Leam, ou une journée entière que Père me laissait libre, et que je passai à l'écouter. C'était un bon conteur. Il pouvait aussi bien me narrer des anecdotes de sa vie ou qu'il avait entendu, comme me raconter les mythes et légendes qu'il connaissait.
Je ne sais même plus si je lui ai posé un jour la question de l'hypocrisie humaine...
Il avait de toute façon l'air d'être capable de répondre à des questions que l'on n'avait pas encore posées. Je ne me souviens presque que de cela de cette année de ma vie : la voix grave et lente de Leam, la fraîcheur et la quiétude du temple, isolé du monde extérieur.


Alors que mon quatorzième anniversaire approchait, Leam me montra la bibliothèque du temple. Je tombais sous le charme de l'endroit. Je passais la journée à feuilleter des livres, cherchant les ouvrages les plus rares et originaux, et ne ressortis de la bibliothèque que lorsque ma nourrice me traîna de force.
Si mes visites au temple étaient une des sorties courantes que j'effectuais, elles restaient trop rares et espacées à mon goût. La plupart du temps, je devais rester dans la demeure familiale ou au alentour, apprenant à être une femme respectable dans la société Kendrane.
Après l'aperçu de la bibliothèque du temple, l'envie d'y retourner fut forte, grandissant chaque jour.
Mais je n'eus pas l'occasion d'y aller pendant presque deux mois. J'atteignis mes quatorze ans, ce qui sembla être une raison pour me confier plus de tâches à accomplir encore.

Puis, environ un mois après mon anniversaire, une lettre de Leam arriva chez nous, adressée à mon Père. J'ignore toujours le contenu précis de cette lettre, mais Père m'annonça que Leam serrait désormais mon précepteur. Je devais grâce à lui augmenter mes connaissances des offices religieux, de la société Kendrane, et je crois, m'assagir à son contact. Si je n'avais jamais été réellement désobéissante, je montrais assez peu d'intérêt pour les leçons qu'on m'avait prodiguées jusqu'ici, et j'avais développé une certaine mauvaise volonté.

Pendant un an, j'allais régulièrement à l'ancien temple, quittant le quotidien de notre maison. Je fus rapidement autorisée à y aller seule. Là-bas, Leam m'enseigna effectivement ce que Père souhaitait, mais je passais aussi beaucoup de temps dans la bibliothèque, tentant de tout lire, de réorganiser, classifier, dépoussiérer. J'explorai souvent seule le contenu des livres, mais parfois Leam m'accompagnait, me conseillant un ouvrage.
En un an, j'appris beaucoup, du savoir bien souvent inutile, des détails d'une vie passés. Pourtant, je sentais bien que le temple renfermait toujours autant de secret, que ce que j'avais découvert n'était que peu au vu de ce qu'il restait à trouver.


Pendant cette année se dégrada mes relations avec ma famille. Je voyais moins ma soeur et Mère, nos activités ne nous laissant pas beaucoup de temps libres communs, Père devint plus distant, passant plus de temps à s'occuper de mon frère aîné, qui commençait à devenir un bretteur accompli.
En fait, j'aurais aimé pouvoir partager mes découvertes avec ma famille, mais le sujet le plus courant que mes parents souhaitaient aborder étaient mon mariage, qui devait avoir lieu si on les écoutait dès ma majorité.


Une semaine après mes quinze ans, Père décida de m'envoyer au plus tôt dans un vrai temple, où je pourrais apprendre à servir Gaïa. Cela prit plus de temps qu'il ne le souhaitait, entre autres grâce à ma mauvaise volonté évidente. En fait, pendant six mois encore, ma vie ne changea pas. J'attendais les jours où je pouvais continuer d'explorer les bibliothèques du vieux temple, fuyais ma famille le reste du temps.

Finalement, Père m'envoya dans un temple d'un village proche. Celui-ci ne payait pas de mine, mais l’église dédiée à Gaïa pouvait accueillir une apprentie. Je retournais voir Leam une dernière fois, et celui-ci me proposa de prendre quelques livres avec moi, en souvenir. Je fis le tour des rayonnages, cherchant une perle rare qui me tiendrait compagnie, un livre épais si possible, qui m'occuperait longtemps.
Je ne pris finalement qu'un seul ouvrage. Je le trouvai derrière une rangée de livre, dans le coin le plus poussiéreux du temple. Il avait dû tomber là il y a bien longtemps. Le livre avait quelque chose d'attirant, avec son air ancien, sa reliure de cuir usée, semblant contenir d'antiques secrets.

Le voyage se passa sans événement notable. Le village où j'arrivais méritait à peine ce nom : il se constituait de quelques maisons groupées autour de l'église où j'allais devoir vivre désormais. Le prêtre qui m'accueillit fut fort gentil, comme les villageois que je connus par la suite, mais je gardai une grande rancoeur envers Père, qui me privait de mon temple. Cette rancoeur déteignit sur tous ceux que je rencontrais à ce moment.
Le village se trouvait à deux journées de cheval au nord de notre maison. Plus près des montagnes, le temps y était plus froid. Je partageais mon temps entre l'église, où j'y aidais le vieux prêtre à officier, et ma chambre, seule pièce du presbytère où je pouvais être seule.

Je restais deux ans dans ce village, ne voyant ma famille que trois fois, en des occasions sans intérêt. Je me suis pendant cette période renfermée sur moi-même, parlant peu, m'éloignant lentement des humains que je côtoyais. Cela était en partie le résultat d'une frustration enfantine, une simple vengeance contre un père autoritaire.

Je commençai assez rapidement la lecture du livre que je gardais de la bibliothèque. Encore maintenant, son contenu m'étonne. Aucun titre, ni sommaire.
Le début du livre n'était constitué que de légende classique, et racontait la genèse du monde. Suivait une présentation de chaque dieu, leurs liens de parenté, leur culte. Le dernier dieu présenté était Thimoros.
Je crois que jamais auparavant je n'avais réellement entendu parler du culte dédié à Thimoros. Dans les contrées kendranes, l'éducation s'arrêtait à ce propos à "c'est le dieu du mal".

Pour être honnête, ce que j'appris du livre revenait à peu de chose près au même, en plus détaillé. Je ne lus à l'époque ce passage sur Thimoros que de manière académique : si massacrer tous les villageois que je pourrais trouver me paraissait certes une activité des plus attirantes, je ne l'avais jamais alors réellement envisagé.

Je disposais que de peu de temps libre, et de moins encore de bougie. Cela fit que je mis presque trois mois à arriver au coeur même du livre.

Ce livre était en fait un manuel de magie, destiné aux adeptes de Thimoros. Il était rempli de formules, de rituels, de conseils. Quelques cérémonies d'hommage à Thimoros étaient également détaillées.

Lire des pages et des pages de formules alambiquées et hermétiques n'étant pas des plus intéressant, je ne fis que parcourir cette partie du livre, puis je le laissais prendre la poussière.
Pendant presque trois mois, je n'y touchais pas. Pourtant, la tentation de lancer un sort grandit en moi, et par une triste journée d'automne, alors que la pluie dégoulinait le long des vitres et que le prêtre était allé pour faire je ne sais quoi dans une ferme assez éloignée, je sortis le grimoire de sous la pile de vêtement où il était stocké jusqu'ici.

Je savais pertinemment que mes chances de lancer un sort était faible, très faible. Il n'y avait aucune raison que je possède des fluides, encore moins des fluides d'obscurité. Et je n'étais pas sûre de vouloir réussir. Toujours est-il que j'essayais.

Le premier sort proposé, le plus simple, avec pour but de masquer une flamme à la vue. Aucune indication particulière n'était donnée, à part quelques notes sur la prononciation. Ce sort était censé être tellement simple que n'importe quel néophyte devait pouvoir le lancer juste en lisant la formule.
En tout cas, c'est ce qui se passa pour moi. Une fois que j'eus réussi à prononcer la formule, ce qui n'est pas aussi simple que l'on pourrait croire, la bougie allumée pour l'occasion sembla s'éteindre, mais répandit toujours sa chaleur.
Je fus ravie du résultat, mais rapidement l'inquiétude me gagna. Je cachais le grimoire, m'enroulais dans une couverture, et réfléchis.

Mon premier problème était que les possesseurs de fluide obscur étaient loin d'être bien vu dans les duchés. Me dénoncer me parut suicidaire, mais je n'avais aucune idée de la manière de cacher ce fait. J'hésitais à développer mes pouvoirs. Si je n'avais jamais été dévote, et ne ressentais aucune fidélité pour un quelconque dieu, je ne souhaitais pas non plus me vouer à Thimoros. Faire le mal ne me tentait pas, seule la curiosité me motivait alors.

Je décidais finalement d'essayer d'autre sort. Je ne sais comment décrire ce que l'on ressent en manipulant des fluides. Je ne sais même pas si la sensation est la même selon les fluides et les personnes. Toujours est il que ce premier essai avait été presque jouissif. Et je ne pouvais pas me décider à abandonner cette sensation de puissance.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 12 Aoû 2010 08:37 
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Pendant un an et demi, je continuais à jouer mon rôle d'apprentie. Dès que je le pouvais, j'essayais un nouveau sort, je relisais mon seul grimoire, et je mis même à faire de l'exercice physique. Cela me permettait d'avoir quelque chose à faire quand je ne pouvais être sûre de ne pas être vue.

Si je subis pas mal de déboires, je progressais malgré tout rapidement. Pour mon dix-septième anniversaire, je connaissais une grande gamme de malédiction, je savais créer des zones d'obscurité, invoquer de vagues ombres. J'appris à la même époque quelques sorts plus offensifs, mais l'absence de cibles pratiques pour mes sorts m'empêcha de m'entraîner correctement.
En fait, la magie noire me parut très instinctive. J'arrivais de mieux en mieux à apprendre de nouveaux sorts, leurs incantations étaient de plus en plus aisées. J'arrivais à voir la logique des formules, et parvenais parfois à les modifier légèrement.

Mais cette aisance dans la magie noire me fit me rapprocher du culte de Thimoros. Peut-être aussi que le livre, ouvrage de magie noire, était enchanté pour convertir ces lecteurs. En tout cas, sans que je ne voie vraiment le changement, je me vouais à Thimoros. Mes pensées se tournèrent vers la haine, les humains se mirent à m'inspirer du mépris. Je pris de plus en plus de plaisir aux promenades dans la forêt proche, qui me servait d'entraînement. Je lançais mes sorts sur les animaux que je croisais, laissant ces maigres proies agonisantes.

Au cours de ma dix-septième année, l'envie d'agir grandit fortement, s'emparant de tout mon être. En progressant, je gagnais confiance en moi. Je me mis à lancer des sorts sur les villageois. Rien de mortel en soi, de simple malédiction, d'une puissance somme toute modérée. Pour autant, cela finit par se remarquer. Les récoltes étaient moins bonnes, les maladies plus courantes, des accidents survenaient.
Rien en réalité qui ne puisse être le jeu du destin. Mais l'ambiance dans le village se dégrada, la suspicion s'installa.

On me demanda souvent des exorcismes, de venir prier Gaïa pour telle ou telle raison, que j'avais le plus souvent provoqués. Pendant encore un temps, les villageois ne virent en moi qu'une jeune fille effacée, toute dévouée à Gaïa. Mais ces succès me rendirent imprudente et je me mis à répandre mes malédictions sans réfléchir. On finit par me désigner du doigt.

Avant que les villageois ne surmontent leur doute, je quittais le village. Cela devait être quelques mois avant ma majorité. À ce moment, je perdis la notion du temps. Je ne pouvais plus voir les conséquences de mes actions, la peur ne me touchait plus. Seul comptait de répandre la destruction, et d'honorer ainsi Thimoros.

Mes souvenirs sont alors plus vagues. Je sais que je voyageais de bourgade en bourgade, restant quelques semaines à un même endroit. Je fus serveuse, nourrice, garde-malade, et autre que j'oublie certainement. Et je faisais ce que je pouvais pour répandre discorde et destruction, fuyant quand je ne pouvais plus rester.
Je suis persuadé d'en être arrivé au meurtre, et pourtant n'en garde aucun souvenir. En fait, je ne dispose ensuite que de quelques souvenirs épars, dont je ne puis affirmer qu'ils soient réels. Je repris conscience quelques mois plus tard.

Je croisais un inquisiteur, celui-la même qui devait plus tard causer ma perte. Je ne crois pas qu'il est été à ma recherche à ce moment, mais il passa par le même village que moi. Sa présence me fit peur, et la folie qui m'avait prise jusqu'ici s'arrêta. Timoros et la destruction passèrent au second plan, ma survie au premier. Je vécus dans la crainte. Aucun remord, je maudissais simplement mon imprudence.

Je fuyais ce village au plus vite. Me doutant que cela serait vu comme un aveu de culpabilité, devant les yeux d'un inquisiteur qui plus est, je décidais de partir bien plus loin cette fois. Je redescendis vers le sud, allant voir Leam.
J'espérais qu'il me trouve une place dans un temple de Kendra Kâr. Je ne sais pas ce qu'il devina de ce que je lui dis, mais je pense qu'il en comprit beaucoup. Il m'écrivit une lettre de recommandation pour un prêtre de sa connaissance, et je partis vers Kendra Kâr. Pourtant, l'inquisiteur me rattrapa à peine entrée en ville. En fait, je soupçonne Leam. Je ne le crois pas des plus orthodoxes, loin de là, mais je ne le vois pas non plus couvrir un apostat. Mais à ce moment, la peur obstruée mon jugement. Je cherchais de l'aide là où je ne pouvais en trouver. J'ignore si l'inquisiteur vint le trouver, ou si Leam me dénonça encore plus volontairement. Peu importe.

Toujours est-il que je fus assommée dans une petite ruelle avant de pouvoir rejoindre un quelconque temple, et que je me réveillais ligotée dans une cave, face à cet inquisiteur, incapable d'user de la moindre magie.

Tu connais le reste de l'histoire...





Mon double disparaît, s'évapore lentement. Je suis seule, mais complète. Ce dont je ne me rappelle pas encore, je pourrais m'en souvenir. Je le sens.

Je dois me réveiller, maintenant.
Je peux me réveiller.

Je regarde autour de moi, ce paisible néant. Par jeu, je fais apparaître quelques gerbes de lumière.
Ce lieu me manquera...
Je pourrai sûrement en devenir la reine…
Mais…



Je veux me réveiller.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 14 Aoû 2010 00:16 
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Le paysage que je traversais portait d'avantage les stigmates d'une tempête récente et violente en a juger par l'état de la grande route qui mène à Kendra Kâr. Le déblaiement de la route avait commençait, mais la voie était encore encombrée à quelques endroits de branches, de troncs. Je croisais même quelques cadavres de vaches pourrissants qui me forcèrent à couper par ce qui restait de champs et de vergers. Mon cœur se serra devant tant de récoltes gâchées. J'imaginais sans peine la souffrance que devaient ressentir beaucoup de familles paysannes. Au nord, là d'où je venais, le vent avait soufflé fort, mais bien moins que dans la région de Kendra Kâr.

Plus j'approchais de la cité plus je croisais d'ouvriers et de soldats. L'épuisement se lisait sur la gueule des bougres qui devaient rapidement remettre en état les principales voies commerciales de la cité tandis que les soldats assuraient leur sécurité et fluidifier la circulation. Bientôt les murailles de la ville apparurent, de plus en plus imposantes.

Un instant, je pensai à aller offrir mes bras aux fermiers du coin, mais si j'étais descendu dans le sud c'était bien pour visiter la ville et profiter des richesses qu'elle avait à offrir. Certes, l'ouragan avait un peu contrecarré mes plans encore assez flous, mais à proximité de la « capitale » l'excitation à voir une métropole de mes propres yeux me poussait vers les immenses portes.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 18 Aoû 2010 00:27 
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Et par delà les chemins, le gobelin avait marché. Sur les sentes, sur les sentiers, sur les routes et les routiers. Ah, oui, parce qu’il fallait quand même expliquer qu’il avait croisé une caravane de marchands plutôt grands, à la peau rosée, aux cheveux soyeux et ébouriffés, aux yeux torves, aux fripes défroquées et aux habits déchirés. Des humains, quoi. Et ces routiers avaient eu l’étrange idée de l’allonger, tout sanguinolents, sur le sol, dépourvus de leurs marchandises et de leurs recettes, comme si c’était un endroit pour faire une petite sieste. À force de se trainer ainsi sur les chemins, ventre à terre et tripes à l’air, ils ne devaient pas s’étonner d’avoir des habits dépareillés. Bien sûr Tips n’avait aucunement remarqué, au loin, une troupe de brigands qui fuyait, forte d’un butin confortable pris sur ces cadavres ensanglantés, jonchant la route sous ses pieds. Car oui, comme il trouvait disconvenant de la part de ces grands étrangers, qui n’avaient rien des divins aventuriers décrits dans les contes d’horreur du shaman du village. Ils n’étaient que piétaille insidieuse et inutile qui errait sans but sur les chemins terreux. Il les avait donc enjambés, et puis piétiné, sans remords ni regrets. Il fut toutefois surpris de leur manque de réaction. Les gens, de nos jours, se laissaient marcher dessus trop facilement.

Pour en revenir à nos bouloums, Tips avait parcouru une assez longue distance, à marcher ainsi sans s’arrêter toute une journée. Il avait descendu une pente, parfois raide et parfois douce, parfois caillouteuse et parfois terreuse, passant des montagnes jusqu’aux forêts, et des forêts jusqu’aux plaines herbeuses. Et des plaines herbeuses jusqu’aux champs cultivés. Par chance, car il n’en était pas totalement dépourvu, il n’était tombé sur aucun fermier bougon, agriculteur misanthrope ou éleveur taxidermiste. Il avait erré lui aussi, sur la terre de Nirtim, suivant sa propre voie interne sans en dévier d’un pouce, cette voie que lui avait indiquée le dragon de pierre.

Et puis, d’un coup, il l’aperçut : splendide et magnifique, gigantesque à ses petits yeux ébahis. Se dressant devant lui, la plus grande et belle des cités qu’il n’avait jamais vues. Oh pour des yeux avertis, il ne s’agissait que d’un petit hameau formé de deux fermes et trois corps de logis, abritant plus de bestiaux que d’être pensants. Mais pour Tips, c’était une pure merveille. Des toits, des murs solides et durs, fussent-ils en chaume, et même une chose qu’il avait particulièrement en horreur : des portes. Des dizaines de portes rassemblées au même endroit, lui qui n’en avait connu qu’une, à l’entrée de son campement, et qui avait fini par lui arracher un bout d’oreille. Et là, il y en avait tout plein ! Suffisamment en tout cas pour que son émerveillement se mue en une crainte vive et soudaine. Il savait qu’il ne pouvait dévier de sa voie, et celle-ci passait pile au milieu de cette bourgade hostile pleine de portails et huches entrouverts. Et il ne pouvait pas faire demi-tour. Il était donc forcé, indubitablement, de pénétrer dans ce corps de logis, au milieu de toutes ces portes menaçantes…

Son petit cœur se serra, c’en était trop pour son cerveau. Pris de panique, il hurla sous le soleil brulant de l’après-midi. Une plainte qui résonna dans les alentours, comme un sinistre présage…

« AAAAAAAAAAAAaaaaaaaaaaaahhh… »

Il se tut quand il entendit l’écho lui répondre. Il pensa alors ne pas être seul, et prit en main sa lourde Morgenstern, aux aguets. En réalité, il n’avait pas tout à fait tort. Il n’était plus seul. Dans le hameau, quelques têtes sortirent des fenêtres pour jeter un coup d’œil à la provenance de ce bruit étrange, ce cri inattendu, par une si belle journée.

Une voix de femme résonna en un cri de réponse :

« Une armée de gobelins ! À l’aide, à l’abri ! »

Voyant cette humaine crier de tout son être, Tips crut que sa vie allait s’arrêter. Comment avait-il fait pour ne pas s’apercevoir que toute la tribu des nez noirs l’avait suivi là, dans ces champs ? Et comment n’avait-il pas entendu ces chevaucheurs de sangliers s’approcher de lui par derrière pour le molester et le mettre en pièce, lui, l’unique survivant de son campement ? La réponse était simple : il n’y avait pas d’armée. Pas de nez-noir ni de vengeurs montant des bêtes forestières aux défenses acérées. Il était le seul gobelin dans les environs, et sa seule vue avait réussi à paniquer cette pauvre paysanne dans le cours de sa vie monotone. Mais ça, Tips ne s’en aperçut pas. Persuadé d’être poursuivi, il détala droit devant lui. Tant pis pour les portes, il prenait le risque. Il savait que rien ne pouvait échapper aux Nez-Noirs, et entre deux maux, il choisissait le moindre. Sa fuite vers le hameau y fut perçue comme un passage à l’attaque, et les volets claquèrent, les portes se fermèrent, et les hommes sortirent, armés de piques et de fourches. Enfin, le fermier étant dans ses champs, ce fut son aîné, sa fille et son cadet qui prirent le relais. L’un armé d’une fourche, la seconde d’une pique et le dernier d’un hochet en bois, ils avaient fière allure.

Mais leur courage ne tenait qu’à un fil, et lorsque le gobelin arriva à leur portée, l’aîné fila droit dans les jupes de sa mère, abandonnant sa fourche sur place. La fille manqua son coup de pique, et tomba à la renverse, et le cadet se plia sur lui-même avant d’avoir porté le moindre coup. Ce fut ce qui perdit Tips. Surpris de ce curieux accueil, il ne put freiner sa course et trébucha sur le corps du petit enfant. Un vol plané s’ensuivit, qui passa très vite et très lentement à la fois. Trop rapide pour avoir la moindre chance de bien retomber, mais suffisamment lent pour se rendre compte de la chute inévitable.

Et Patatra, le gobelin tomba sur la tête, assommé, alors que son casque de fer cabossé roulait à son côté. Le noir envahissait toute sa conscience, et lorsqu’il perdit connaissance pour de bon, il sentit des mains le soulever de terre…

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"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 18 Aoû 2010 16:39 
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Cela faisait déjà plusieurs jours que je marchait sans presque jamais m'arrêter , mis à part les quelques baies que j'ai pu avaler et les rares gorgées d'eau que j'ai bue , la fatigue ,la faim ainsi que la soif commençaient à prendre le dessus sur moi même . je décidai donc de m'arrêter quelques temps pour reprendre mes esprits et m'orienter .les sourcils plissés les deux mains en visière , observant la vaste étendue de champs cultivé , la flore verdoyante . Un mélange de couleur plutôt plutôt sympathique , au loin une forêt .Après avoir tourné entièrement sur moi même je m'assis et souffla un peu .
Quelques minutes plus tard, après avoir repris mes repaires , je continuais donc ma route ...


Je scrutais les environs afin de trouver de quoi me nourrir , quand j'aperçus au loin un rat grignotant quelques grains de blé laissés sur le chemin .Je décidai alors de le tuer pour le manger . Je m'approchais tout doucement , tout en marchant en crabe pour pouvoir passer derrière , lorsque je vis le dos de la bête , j'attrapai une flèche de mon carquois , pris mon arc tendis la corde de toute mes force , et au moment où je devais lâcher la corde pour faire partir la flèche ,ma conscience me disait de ne pas tuer cette animal mais la faim combattait et résistait, Je senti alors mon bras trembler , bientôt à bout de force il me fallait bientôt lâcher la corde de mon arc , dans ma tête tout se chamboulait , je me disais:
(Non !non!non!Rankor tu ne peux pas faire çà , regarde le ! Il ne t'as rien fait, laisse le et manges autre chose!)
et de l'autre côté je me disais :
(Il ne m'a rien fait peut être , mais j'ai trop faim ! Je vais le manger tout cru !).
Quand je n'eus plus assez de force pour tenir la corde de mon arc tendu , je lâcha la corde tout en décalant ma visée , le rat prit peur et s'en alla aussi sec !
(Cela ne va pas arranger mon problème de faim ...) , je continuai alors ma route en direction des portes de Kendra Kâr .

Il me fallait tout de même trouver quelque chose à manger car mon énergie diminuait et bientôt je n'aurai plus la force de continuer ma route .


Je m'arrêtai donc et pivota observant les allants tour , un couleur me tapa tout de suite à l'œil , un rouge vif ! Il semblais alors que c'était un plan de tomate . Le problème était là ,juste à côté,à une trentaine de mètre de moi , un fermier, affairé à bêcher ses terres, peu importe , il fallait à tout prix que je mange .J'avançais lentement , accroupi , sans faire le moindre bruit , quand je fus à une vingtaine de mètres du fermier , je m'allongea et continua d'avancer en rampant ... . J'arrivai enfin au plan de tomates , je ne pris même pas le temps de regarder laquelle était plus mûr que l'autre et je les ai mise dans mes poches , puis je rebroussa chemin , tout en restant discret .
J'avais enfin de quoi manger , et ce sans m'être fait voir !
Je me cachai alors derrière un petit buisson , et sorti une tomate un peu écrasée dût au fait que je rampai , peu importe , quand on a faim on mangerai tout et n'importe quoi ,elles avaient bon goût , bien juteuse , leur jus fit office de boisson .

Suite à ce petit repas sans nul doute apprécié je me remis en route vers les portes de Kendra Kâr ... .

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 19 Aoû 2010 00:52 
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La paupière droite du petit gobelin frétilla un instant, sans s’ouvrir totalement. Un mal de crâne lui battait les tempes, et il ne parvenait plus à se rappeler où il était. De son bref coup d’œil encore flou de son inconscience, il avait pu apercevoir qu’il était dans une masure dont l’intérieur était recouvert de bois, poutres au plafond, plancher au sol, et planches fixées au mur en guise d’étagère. Une sensation de chaleur brulante dans son dos, et la lumière vacillante qu’il avait perçue lui avait fait conclure qu’un feu de cheminée brulait, non loin derrière lui. Peut-être était-ce cette conclusion pour le moins surprenante de sa part qui lui donnait un tel mal de tête. Mais non. Il avait déjà connu ça, il n’y avait pas si longtemps, après l’attaque de son village. Lorsqu’il s’était réveillé parmi les décombres fumants et les corps calcinés et laissés sans vie, démembrés pour certains. Ainsi avait-il été assommé. Une fois de plus. Mais par quoi ?

Ses recherches de souvenirs furent perturbées par des voix alentours. Il pouvait en discerner cinq différentes. La plus grave était celle d’un homme d’âge mur, à s’en référer au timbre un peu rauque de celle-ci. Il semblait même être un père de famille, à en juger par son discours moralisateur. Il affirmait haut et fort aux autres que les gobelins étaient des êtres perfides et sournois, dangereux en tout point. Une voix d’adolescent appuyait ses dires. Une voix en pleine mutation, subissant les affres d’un changement subit de l’enfance vers le monde adulte. Celui-là soutenait son père, à n’en pas douter. L’aîné de la fratrie, certainement. Ce binôme en pleine cohésion tenait la tête à une voix de jeune fille. Plus enfant, mais pas tout à fait adulte non plus. Celle-ci prétendait que le gobelin allongé près du feu était trop mignon, et qu’il ne pouvait pas faire de mal avec une tête si trognon.

Tips ouvrit encore un œil. Peut-être n’était-il pas le seul gobelin près du feu. Il regarda un instant autour de lui avant de clore à nouveau la paupière. Il était seul près de l’âtre. Et les voix continuaient. Dont une qu’il reconnut sans peine, même s’il avait du mal à replacer le contexte. Une voix de femme, aigrie par les années, mais pas encore défraîchie. Une mère aux intonations tendres et apaisantes. Elle soutenait sa fille en disant que le gobelin en question était tout seul, malingre, mal armé, et qu’il n’avait pas montré de comportement offensif à son arrivée. Le père renchérit sur ses idées arrêtées, et la scène parut partir un instant en dispute. Jusqu’à ce qu’une cinquième voix retentisse. Celle du héro de la maison. Une voix d’enfant, trop jeune pour qu’il ait normalement son mot à dire. Mais aujourd’hui c’était différent, il avait terrassé son premier gobelin. Avant même son aîné, qui le jalousait certainement.

« Ben moi j’veux bien être son ami. »

Le silence envahit la pièce à cet instant où cette petite voix toute proche de Tips s’était fait entendre. Le gobelin allongé ouvrit un œil, et puis l’autre. Un petit garçon se tenait juste à côté de lui, et lui souriait gentiment. Un sourire… Quelque chose auquel Tips le reclus, le faible, le maladroit mal aimé n’avait jamais eu droit. Ça faisait comme une grimace agréable, sur la bouche de ce petit. Et ça lui donna envie de sourire aussi. Ainsi, la bouille verte se couvrit d’un petit sourire de sympathie envers ce petit d’homme, devant les yeux stupéfiés de ses parents médusés. Le petit garçon approcha sa main de la tête de Tips, qui la suivit des yeux jusqu’à ce qu’elle se pose sur son crâne dans une caresse réconfortante.

« J’m’appelle Nethin, et je vais prendre soin de toi. »

Ces quelques mots touchèrent Tips au plus profond de son petit cœur jusqu’ici oublié par ses pairs chasseurs et guerriers, traqueurs et voleurs. Aux moqueries, il y avait eu droit. À l’amour, à l’amitié, jamais. Une larme s’échappa donc d’un de ses yeux, et coula sur la couche de paille sur laquelle il était posé. Ses lèvres tremblèrent sous le coup de l’émotion, mais sa petite voix sortit tout de même de sa gorge, dans un mot monosyllabique et unique : son prénom.

« Tips. »

Le petit garçon se tourna un instant vers ses parents, qui souriaient tous les deux également, émus par la scène. La mère du moins, avait presque les larmes aux yeux. La fille souriait malicieusement, l’aîné ne savait pas où se mettre, avec son corps trop grand pour son esprit d’enfant. Et le père n’avait plus cet air sévère que le gobelin avait aperçu un peu avant. Bourru, il ne souriait pas, mais au moins ne paraissait-il plus fâché de cette surprenante présence sous son toit.

La main du petit garçon caressa encore la tête de Tips, et les derniers mots qu’il prononça rassurèrent la petite créature verte au plus profond de son être.

« Fais dodo, maintenant. J’veille sur toi. »

Et, obéissant à l’ordre donné, Tips ne tarda pas à trouver le sommeil. Une journée de marche terminée par un sprint, lui-même conclut par une pirouette et un vol plané avaient eu raison de ses réserves d’énergie. Il était bien, il était en confiance, même s’il ne connaissait pas ces gens. Même s’il s’agissait des premiers humains vivants qu’il avait l’occasion de voir. Il ne s’en rendait pas vraiment compte… Il était bien, c’était le plus important.

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MessagePosté: Lun 23 Aoû 2010 17:06 
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Le gobelin chanceux d’être tombé sur des gens simples et accueillants resta dans la maisonnée paysanne près de quatre jours. Après une longue nuit reposante, durant laquelle il fit quelques rêves étranges, de confort superflu et inconnu, qu’il n’avait jamais vécu, il se réveilla tout frais et dispo. Mais n’ayant aucune envie de quitter le nid douillet qu’on avait installé expressément pour lui près de la cheminée, il s’était roulé sur lui-même comme un petit animal, et avait paressé toute la matinée. Le fermier était parti aux champs depuis tôt dans la matinée, et avait confié à sa femme la garde du Sekteg, afin qu’il ne mette pas en danger son cadet. L’aîné de la fratrie avait rejoint son père un peu plus tard, non sans jeter un œil jaloux vers l’être à la peau verte qui squattait son antre. À cet âge ingrat qu’est l’adolescence, on avait parfois du mal à changer ses habitudes, à accepter l’étranger. Ce gars là se cherchait encore. Contrairement à sa petite sœur, bien plus mure malgré son jeune âge, et qui avait aidé toute la matinée la maman à faire les tâches ménagères : préparation du repas, traite de la vache, arrosage du potager personnel de la famille, au jardin, et autres obligations qui ressemblaient presque à des vacances pour Tips, qui avait pour habitude de réaliser les tâches les plus ingrates de son clan, comme expédier les carcasses des repas dans la fosse à déchets.

D’ailleurs, il gardait quelques mauvais souvenirs de cette fosse à déchets, dans laquelle il était tombé plusieurs fois, et dont il avait du se sortir seul, sous les rires moqueurs de ses comparses qui l’aimaient énormément. Ou en tout cas l’avait-il déduit d’après l’expression que le chef de guerre aimait à user en sa compagnie : « Qui aime bien châtie bien. »

Le petit Nethin, quant à lui, était resté depuis son réveil aux côtés de Tips, près du feu. Il était bavard, pour un enfant, et avait pendant des heures durant parlé de sa petite vie de fils de paysan kendran. Docile et intéressé, Tips l’avait écouté, yeux hagards et bouche bée. Il avait appris pleins de nouveaux mots dont il ne connaissait toujours pas la vraie signification, soc, charrue, mildiou et autres champignoneries complexes. Dans ses montagnes, on n’utilisait pas un tel langage. S’il maniait tant bien que mal le parlé commun, il était plus habitué à des termes comme chasse, garde, arme, guerre, roc, feu, crountch, miam, aergh et compagnie. Il en connaissait un rayon sur les insultes colorées qu’on lui avait octroyé pendant toute sa petite vie, mais avait préféré les taire face à cet enfant plein de ressources nouvelles. Bavant presque de convoitise et d’admiration, il avait écouté le gamin sans bouger, opinant du chef bêtement sans comprendre tout ce qui lui était narré. C’est de cette manière qu’il apprit que le fermier s’appelait Nehetan, l’adolescent Nathan, la fille Elsa, la mère Meliss et la vache Rhododendron. Il avait sourcillé à cette dernière appellation, se disant que ce patronyme aurait mieux convenu à un ancêtre gobelin obèse et grincheux plutôt qu’à un admirable bovin musclé donnant du lait à foison tous les matins.

À midi, le premier jour, il avait partagé la table familiale en compagnie d’Elsa, Meliss et Nethin. Ils avaient pauvrement mangé une tranche de pain sec avec un peu d’eau, mais Tips s’en était délecté avec ferveur. Ça faisait longtemps qu’il n’avait plus pris un repas digne de ce nom, et il fut repus bien vite, finissant tout de même tout ce qu’on lui avait servi, sans en laisser la moindre miette. Il avait d’ailleurs à ce propos été jusqu’à courir par terre pour rattraper avec sa langue une petite mie qui s’était échappée de sa bouche en un postillon sauteur.

L’après-midi, il s’était vu offrir un tour du propriétaire par les deux enfants étant resté à la maison. Pendant qu’ils arrachaient les mauvaises herbes du potager, ils expliquaient quelle étendue les terres de leur père avaient. Ils précisèrent qu’elles ne lui appartenaient pas vraiment, mais qu’il les louait en échange d’un gros pourcentage de ses récoltes à un Duc des Montagnes dont le nom lui échappa. Ils n’avaient presque plus rien de tout ce blé et ce froment pour continuer à vivre normalement, mais ils n’avaient pas le choix. Tips savait ce que c’était d’avoir faim, et d’être considéré comme un laissé pour compte. Mais il n’en avait dit mot, se contentant encore une fois d’écouter les histoires et anecdotes des deux enfants humains. Tips n’était pas du genre bavard. Et ça s’expliquait aisément : personne n’avait jamais écouté ce qu’il avait à dire. Il avait donc pris l’habitude de se taire, et de ne parler que lorsqu’on lui en donnait l’ordre.

Le soir venu, alors que le soleil s’était couché et ne laissait plus aucune bonne vision à l’extérieur, les deux hommes étaient rentrés, fourbus. Ils avaient passé toute la journée à travailler la terre avec leurs outils aux noms complexes, et étaient sales et fatigués. Nehetan avait eu l’air contrarié que le gobelin soit toujours chez lui, et gronda même en apprenant qu’il avait partagé le repas du midi à la même table que sa famille. Ses mots avaient été durs :

« La place d’un gobelin n’est pas à notre table ! Qu’il reste un temps si ça lui chante, mais qu’il se rende utile pour la ferme ! »

La mère avait acquiescé docilement, et Nethin était venu près de lui, plus tard dans la soirée, pour lui expliquer ce qu’il devrait faire.

« Demain, t’vas devoir travailler ici. Passque mon papa il veut pas que tu restes sinon. »

Tips avait opiné du chef afin d’assurer sa participation active aux tâches ménagères de la maisonnée. Dès le lendemain, il ferait le nécessaire pour se rendre utile à cette famille… mais pour l’instant, une bonne nuit de sommeil l’attendait. Il avait tant et tant appris aujourd’hui que son esprit était tout embrouillé. C’est avec le tournis qu’il tomba dans un sommeil sans rêve, racrapoté sur sa paillasse improvisée au coin du feu.

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Dernière édition par Tips le Sam 4 Sep 2010 13:48, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 24 Aoû 2010 05:02 
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Astucieusement, j’avais lancé ma ligne à l’eau et rapidement le poisson avait mordu. Cette jolie femme enfermée dans les tourments de son passé avait réagi promptement à mes propos quelque peu acérés. Je n’avais pu tolérer de me faire diriger ainsi sans en comprendre la raison et je lui avais directement signifié. Pour sa part, la réponse n’aurait pu être plus claire et les mots moins nombreux.

(Pas de feu… et bien qu’il en soit ainsi !)

À ma boutade quant à mon éventuel rapprochement dans la nuit, elle ne dit mot. Me tournant le dos, elle se saisit de sa propre couverture et me la lança brusquement. Je n’eus besoin d’aucune explication supplémentaire, ses yeux firent le travail et je compris rapidement que cette couverture était la seule chose qu’elle m’offrirait pour me réchauffer et que je devrais m’en contenter.

Son geste m’arracha un sourire, et c’est à ce moment précis que je réalisai que cette femme au tempérament sauvage et bouillant me plaisait bien et qu’à défaut d’être son amant, je me contenterais sans difficulté d’être son ami pour autant qu’elle accepte de partager ses soucis.

Puis, paraissant se résigner à me confier quelques brides de son passé, elle s’assoit sur une grosse racine tout en me faisant signe de la rejoindre. Ce que je fis sans me faire prier.

Son histoire était terrible. Sa famille, son clan, son village, il ne lui restait rien. Ils avaient presque tous péri sous l’assaut d’une bande de truands dont le chef était lié à une panthère. Les seuls survivants avaient, tout comme elle, pris la fuite.

Seule avec son fidèle compagnon, elle venait brusquement de décider de les venger. J’étais là et je m’étais proposé de l’aider et je tiendrais parole. Cependant, je ne comprenais pas comment elle pouvait espérer mettre à sac une bande de pillards alors qu’ils avaient réussi à piller et à dévaster sa communauté forestière au complet. Malgré que je sois un excellent combattant dans les luttes rapprochées et le corps à corps, je sais pertinemment qu’à trois nous ne faisions par le poids. Par bonheur, je dispose d’une intelligence nettement supérieure à la moyenne et je comptais utiliser cet atout pour venir en aide à cette demi-elfe tatouée. J’avais pris la bonne habitude de me servir de mes talents à la bataille qu’en tout dernier lieu, préférant de loin employer la ruse pour arriver à mes fins, évitant par conséquent les blessures et les mutilations gardant ainsi intact mon superbe corps d’Apollon.

« Pour récompense, vous m’en avez déjà donné une magnifique ! »

Ce disant, je regardai Bella quelques instants avant de poursuivre.

« Et puis votre présence à mes côtés présente déjà beaucoup pour moi puisque je ne peux souffrir la solitude. »

Je pensais réellement ce que je venais de lui confier. Même si voler les gens était devenu presqu’une passion, la solitude s’avérait un fardeau trop lourd à porter. Je me retins par contre de lui avouer que j’avais l’intention de piller ses brigands avant même qu’elle m’en donne l’autorisation. Je jouissais, à la suite de sa déclaration, de la possibilité d’agir ouvertement sans me cacher et ma récolte ne risque que d’être plus imposante.

« Je considère cependant qu’il serait prétentieux et imprudent de notre part de croire qu’on pourrait à nous trois seulement se débarrasser de tels bandits. »

Je marquai une pause avant de poursuivre :

« Il pourrait être utile de recruter les autres membres encore vivants de votre communauté, ceux qui comme vous ont eu l’intelligence de fuir afin de revenir en force pour se venger. Enfin, je suppose que vous avez un plan et que vous daignerez me le confier en temps voulu. »

Après avoir écouté son histoire, je compris vite que c’était par respect envers la nature qu’elle refusait la chaleur des flammes. Je lui rendis donc sa couverture. Étant à demi-vêtue, elle en aurait besoin pour se protéger de la nuit fraîche qui s’annonçait.

« J’en ai une attachée à ma selle, elle saura me satisfaire grandement. »

Je ramassai donc ma couverte et l’étendis sur le sol, puis je regardai tendrement la femme et son aigle avant de rajouter de ma douce voix de ténor:

« J’étais exaspéré de ton silence, je n’avais pas l’intention de te brusquer ou de m’immiscer dans ton intimité, je voulais seulement te faire réagir. »

Je l’avais délibérément tutoyé, considérant que nous nous connaissions suffisamment pour le faire.

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