L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 24 Aoû 2010 20:18 
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---> Le Marché de Kendra Kâr (combat)

Quelle épopée!
Je n'arrivais toujours pas à réaliser ce qui s'était passé, au fait que j'avais assommé un Lyikor, que j'étais probablement recherché par les patrouilles dans tout Kendra Kâr.
Mais j'étais certain d'une chose: on ne viendrait pas me trouver ici, dans ce cadre bucolique.
Il pleuvait toujours et ma paupière m'élançait sévèrement, plus que mes pieds blanchis par d'énormes cloques. Pourtant, la rivière près de laquelle j'étais assis semblait tout atténuer, les mauvais songes et ma douleur.
En son aval, les poissons dansaient. Ils profitaient de la fraîcheur de la pluie et des insectes sortis.
Cette vue apaisait mon anxiété ... Sans pour autant l'effacer.
Le clapotis des gouttes de pluie sur le lit de la rivière. Le chant des oiseaux. Le sifflement du vent. J'absorbais tout cela, l'enfouissais en moi pour libérer mon esprit...

[...]

J'ouvris les yeux sur un ciel ouvert et bleu mais pourtant déjà plus sombre. La lune commençait à pousser le soleil aux bords du monde. Clignant des yeux plusieurs fois, je pus constater que la pluie avait du cesser de noyer la terre depuis plusieurs heures.
L'air était frais ici. C'était une joie de pouvoir respirer à plein poumon!
Retirant ma cape toute crottée, je me dirigeai vers la rivière pour m'y laver enfin.
La partie de chasse de ce midi (ou j'avais été le lapin) m'avait valu bien des déboires. Ayant glissé et étant tombé à terre dans la boue, j'en étais maintenant recouvert et ça collait à ma peau.
Entièrement déshabillé, je glissai mon petit corps nu devenu fange dans l'eau glaciale du cours d'eau. Frottant mon torse pour stopper les frissons de froid qui me parcouraient, j'allais encore un peu plus loin pour pouvoir débarbouiller mon visage sale sans problèmes.

" -Mmmmm ... Je suis partie au bout du monde ... J'étais trop sotte pour caresser l'onde .... Je marchais le long des routes ... MMMMmmmmm ... Même que le vent nous écoute .... "

On fredonnait...
Là-bas, en amont de la rivière, une voix douce, charmante et suave chantonnait. Je n'avais jamais entendu une si jolie voix de fausset, trop habitué aux chansons campagnardes des Hobbits.
Et ça s'approchait ...

" - Je voulais juste marcher tout droit .... Je pense à toi depuis mille ans ! MMmmmm .... "

Puis ça repartait pour ne devenir qu'un fin bourdonnement...
Revenant plus près de la berge pour me sécher et me rhabiller, je constatai que mes vêtements n'étaient plus là. J'étais là, dans l'eau, nu et mes habits avaient disparu.
Par Yuimen ! On m'avait volé mes vêtements!

" - Mais il me reste encore des sentiments .... Je revois nos ennuis et nos droits ... . "

Ce chant était revenu, et incontestablement, il se rapprochait...
Cachant mon corps frêle jusqu'au nez sous l'eau, je tentai de me cacher derrière quelques roseaux et plantes aquatiques, mais en vain. Épiant la jeune femme qui fredonnait toujours, je vis qu'elle était en possession de mes habits. Elle les posait sur l'herbe avec délicatesse.
Mais que faisait-elle ?
Se retournant d'un mouvement brusque mais léger, elle vint vers moi en me souriant.
Des cheveux bruns aux reflets chocolatés encadraient un petit minois aux traits déliés.
Ses pommettes rosées lui donnaient des airs de petite ingénue.

" - Bonsoir " me fit-elle.

La regardant d'un œil méfiant, je la laissai s'avancer, ne savant que dire, ne sachant pas qui elle était.

" - N'aies crainte! Je ne vais pas te manger!
- Mais tu m'as bien dépouillé. "

D'un rire scintillant et pétillant de sincérité, elle me fixa de ses yeux profonds et dit :

" - Moi ? Te déposséder ? ... Qu'as tu que l'on puisse te voler ? " S'esclaffa-t-elle.

Elle avait raison, la seule chose qu'elle eût pu me chiper aurait été ma dague ou bien mes yus, ce qui en somme n'aurait pas pu faire sa fortune.

" - J'ai nettoyé tes vêtements dans l'eau. Du moins, j'en ai retiré la boue , reprit-elle.
- Merci, bégayais-je, gêné par l'attention qu'elle avait porté à mes vêtements.
- Ne me remercie pas, ils en avaient grandement besoin. J'ai eu pitié d'eux. "

Son visage venait de balayer la joie qui y régnait, son regard se fit plus sévère, et son teint perdit de ses couleurs. La nuit tombait tranquillement sur les terres de Kendra Kâr et on eût dit qu'elle en était la lune.

" - L'air se refroidit et l'obscurité prend sa place dans la voûte céleste. Il serait bon que tu te vêts non ? "

Puis elle se retourna, prit mon chapeau en passant près du tas que formait mes vêtements et le posa sur sa chevelure flottante.
Je la regardais ainsi partir avec mon bien.

Finalement, elle ne fut plus qu'une tâche floue sur l'horizon...

[...]

Après avoir renfilé mes vêtements, je m'aperçus qu'elle n'avait pas quitté sa place, et qu'elle était toujours là-bas au loin. Peut-être m'attendait-elle ?
C'est la cape bien nouée et la main sur l'alliance de ma mère que je la rejoignis dans un tranquille silence. Voyant que j'arrivais à petit pas vers elle, elle reprit son chemin ... Sans m'attendre.
Pensant qu'elle voulait probablement que je la suive, mais n'en en étant pourtant pas certain, je l'imitai. J'avançais d'une bonne foulée pour tenter de la rattraper quelque peu, mais en vain, sa morphologie lui permettait d'avancer rapidement avec grâce et vigueur.
Puis tout à coup, elle s'arrêta dans un champ d'herbe et se laissa choir, comme épanouie.

Une fois à son niveau, je vins m'assoir à son côté, en tailleur cependant. Elle tripotait entre ses doigts la tresse qu'elle avait dans ses cheveux, puis regardant au loin me dit :

" - Pourquoi m'as-tu suivi ? "

Sa question était plus que déconcertante, mais légitime. Pris de nu, je ne sus que répondre dans un premier temps. J'étais troublé : je ne savais pas y répondre. Puis j'éludai :

" - Et toi, pourquoi as-tu lavé mes vêtements ? "

Je la fixais à présent, la contraignant à répondre.

" - J'ai eu envie de le faire. Tout simplement. Tu m'aimes ? "

Je soupirai un " N'importe quoi. " Pourtant sa présence me déboussolait. Elle avait l'air si sûre d'elle mais néanmoins songeuse et lointaine. Comme inatteignable.
Puis, tout à coup, nous commençâmes à discuter. Nous parlâmes de tout et de rien avec une sincérité déroutante. Elle me parla d'elle, de sa famille, m'expliquant qu'elle était fille de fermier, et que les temps deviendraient durs d'ici peu pour eux, quand le froid reprendrait le dessus. Elle s'appelait Ellana. Elle remarqua (entre autres) que j'étais méfiant, plutôt petit et naïf. "Bizarre" avait-elle ajoutée.

" - As-tu soigné ton sourcil ?
- Mon sourcil ? Ah oui .... Je l'avais oublié celui là. Euh et bien ...
- Laisse-moi y jeter un coup d'œil. "

Elle inspecta mon arcade sourcilière en plissant le front.

" - C'est pas joli joli " avait-elle ajouté en tirant une grimace.

Puis de sa sacoche, elle sortit une gourde et un petit sachet rempli de plantes diverses. Elle fit de sa paume une coupelle et commença à y former une pâte. Puis soudainement elle cracha dedans, re-malaxa une dernière fois et l'appliqua sur ma plaie.
Tandis qu'elle se rinçait les mains à la gourde, elle ancra son regard dans le mien. Et malgré qu'elle ne pipait mot, son visage resplendissait de sérénité. On eût presque dit qu'elle souriait.

Puis la nuit tomba, elle tripatouillait toujours sa tresse et l'enroulait autour de son index. Nous étions tous deux couchés dans l'herbe à regarder les quelques nuages qui s'agrippaient au ciel et passaient leur chemin.

Mon corps s'engourdit un peu ... Ellana fredonnait encore ... Puis tout devint flou.

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Dernière édition par Willow le Sam 4 Sep 2010 23:53, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 25 Aoû 2010 14:18 
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M'éveillant dans la clarté du jour commençant, je me frottais les yeux en tournant mon visage vers Ellana. Du moins c'est ce que j'aurais souhaité. Fouillant du regard la place qui aurait du être sienne, rien ne témoignait de sa présence hormis les quelques herbes qui s'étaient couchées sous son poids. Ellana était repartie comme elle était venue et je me sentis vide. Un immense creux se logea dans mon ventre, comme si on m'avait arraché un organe vital et l'impression d'avoir été abandonné une fois de plus s'imposait à moi.
Toutes ces discussions, tout ce temps, tous ces aveux ... Pour n’en finir à rien, pour ne pouvoir plus que se souvenir.
Je m'assis bien en place sur mon séant pour réfléchir calmement. Ce n'était pas la première fois qu'on me laissait seul, et comme à chaque fois, je saurais avancer sans une once de regrets.
C'est du moins ce que je tentais de me dicter, convaincu que ce n'était qu'un mensonge.

J'avais peur d'enterrer son souvenir, de ne plus pouvoir palper son image et je redoutais qu'elle se perde dans l'infini de l'oubli. Comme tous ces gens qui s'effacent avec le temps... Dont on ne doute pas même l'existence.
Je ne voulais pas que cela arrive à Ellana. Non. Je la chercherais!

" - Rrrooouuaaahhh ! "

Pris d'une peur bleue, je me retournai vivement, bien posté sur mes pieds, dague bien en main pour darder un coup violent :

" - Recule! Recu ... " Hurlais-je, pris de court par mon adversaire. C'était Ellana qui me regardait de ses gros yeux profonds, comme choquée par cette vive et violente réaction.

Laissant glisser ma dague de ma main, je la fixai, rougissant. Il aurait suffit d'un pouce pour que je l'eût touchée. Elle continuait de me dévisager avec effroi.
Nous restâmes figés ainsi pendant plusieurs secondes avant qu'elle ne se laisse choir à terre, pleurant.
Ne sachant que dire pour la réconforter, je me tus et m'assis à son côté, posant une main sur son genoux comme par compréhension.
Pourtant je ne connaissais pas les raisons de cet effondrement subit.
Je restai là, muet, jusqu'à ce qu'elle sèche ses larmes.

" - Excuses-moi ... Lui soufflais-je soudain.
- Passons. As-tu bien dormi ?
- Oui , lui intimais-je alors que j'avais passé la nuit à faire de mauvais songes quant à ma mère.
- Pourquoi me mens-tu ? "

Embarrassé par sa question, je baissai les yeux.

" - Je n'attendais pas de toi une réponse. " Me rassura-t-elle.

Penchant son visage vers le mien, elle leva mon menton d'un mouvement délicat, me forçant à la regarder et inspecta minutieusement ma plaie. Elle fronçait les sourcils de concentration et cela ajouta de la profondeur à ses traits, la rendant encore plus mystérieuse.

" - C'est sur la bonne voie. Cela va vite cicatriser à condition que tu n'y touches pas
- J'essayerai.
- Tu le dois. Que dirais-tu d'aller déjeuner ? "

Je lui souriais, comme les enfants découvrant que leurs parents reviennent avec une sucrerie.
Assimilant cela à une approbation elle se leva, me tendit la main pour que j'en fasse de même et la suive.

[...]

Nous marchâmes une bonne heure, tantôt traversant des cultures, tantôt arpentant les petits sentiers qui parcouraient la plaine, avant de voir fumer au loin la cheminée d'une maison.

La pointant du doigt, Ellana me dit que c'était là qu'elle vivait, mais que nous n'irions pas y déjeuner. Elle me sourit, comme pour cacher quelque chose, puis m'invita à continuer notre route. Il s'était passé quelque chose, j'en étais à présent certain. Et au fond de moi, cela me rassura que ce ne fût pas moi qui l'avait fait pleurer.
Mon père m'avait toujours dit de me méfier des sanglots des femmes, qu'il ne faut pas succomber à leurs lamentations éphémères. Mais quelque chose me disait que ce n'était pas le cas d' Ellana, qu'elle, avait ses secrets et probablement ses raisons. Ellana n'était pas toutes les femmes. Ma mère non plus, tout au moins je le pensais.

S'arrêtant à l'orée d'un verger, Ellana se retourna, le regard pétillant. Son visage célébrait le soleil tant son teint exhalait la joie. Elle prit ma petite main de Hobbit, la serra fort dans la sienne et m'entraîna dans une course folle. Elle riait de bonheur et courait .... Courait ... De mes petites jambes, je tentais de suivre le rythme en allongeant ma foulée à son maximum. L'impression de voler au-dessus du sol se fit si convaincante que j'y crûs...

Nous partions ainsi, d'un pas précipité, baignant dans l'allégresse, main dans la main ...

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Dernière édition par Willow le Sam 28 Aoû 2010 23:13, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 27 Aoû 2010 14:44 
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<Les rues de Kendra Kar>

Après avoir traversé la ville, désormais sous un soleil frais, mais sans pluie, nous dérivâmes vers un sentier caillouteux, et je fus stupéfaite de constater l'immensité des champs environnants. Les terres étaient très vastes, bien plus que je ne l'avais imaginé. Difficile dans ces conditions de trouver un hobbit, peut-être déjà loin. Nous marchâmes sur un chemin de terre, entre un champ de blé et de betteraves. Au loin se dessinait une petite forêt, et à son orée, plantée au milieu d'un champ de carottes, une jolie ferme se dressait fièrement. Des paysans semblaient affairés dans le champ autour de la bâtisse. Une fois que nous fûmes arrivés à leur auteur, Alex s'adressa au paysan qui semblait superviser la récolte en ces mots :

« Eh, paysan, nous offrirais-tu hébergement et repos contre une bourse de yus ? »

L'intéressé posa ses outils et, après avoir fait signe aux autres de poursuivre la besogne, il s'approcha vers nous. Il détailla du regard nos vêtements boueux et maculés de taches de sang, puis nos visages sales et fatigués. Comme pour l'inciter à accepter, Alex ajouta :

« Nous avons juste besoin de nous laver, d'un bon repas chaud, d'une nuit de repos, et nous partirons. Nous payerons bien. »

Le paysan essuya ses mains boueuses dans ses braies, puis il désigna la fermette que nous avions aperçue un peu plus tôt. Il expliqua :

« Allez dans la tiote ferme là bas, trouvez-y ma femme, dites qu'cest Rolant qui vous envoye ! Elle s'pelle Edeline. Elle s'occup'ra d'vous. »

« Nous vous remercions » Répondit mon ami.

C'est ainsi que je frappai à la porte de la ferme, et expliquai à la prénommée Edeline que nous avions besoin d'hôtes. Ce ne devait pas être la première fois que cette femme recevait des voyageur tels que nous car elle fût une logeuse parfaite. Elle nous mena chacun dans une chambre, nous donna une bassine d'eau délicieusement bouillante, qui fumait et dégageait sa vapeur dans toute la pièce. Elle nous indiqua où poser nos vêtements pour qu'elle puisse les laver, et nous proposa de nous reposer, en promettant nous réveiller pour le souper.

Je me dévêtis enfin, et trempais mon visage dans l'eau chaude avec grand soulagement. Je ne m'étais pas lavée depuis mon départ. Consciencieusement, j'immergeais le linge dans la bassine, et frottai ma peau avec, enlevant les traces de boue, de sang, et la couche de crasse et de transpiration qui me recouvrait. Edeline avait mis a tremper des feuilles de menthe dans la cuvette et les effluves que dégageait l'eau parfumée étaient suaves, je les inhalais avec plaisir. Je m'attelai ensuite au lavage de mes cheveux, les enroulai dans l'autre linge sec, et enfilai les vêtements que la paysanne m'avait prêtés.

Je me couchai ensuite, et dormis un peu jusqu'à ce que Edeline vint frapper à la porte de ma chambre. Lorsque je me levai, mes cheveux étaient presque secs, je les peignai avec application et les attachais avec des rubans en soie rouge, ravie de toucher leur douceur, en comparaison aux jours précédents. J'étais enfin propre et sentais bon.

J'avais déjà beaucoup moins mal. Propre, un peu reposée, et réchauffée, la douleur se faisait moins cinglante.

Je rejoignis ensuite mes hôtes et mon ami à table. Alex était bandé, et propre aussi. Je le trouvais très beau comme cela. Je m'assis en face de lui, à coté de la fille des paysans. C'était une jolie jeune femme, on voyait qu'elle n'était pas issue d'une famille riche, mais plutôt aisée tout de même pour des paysans. Elle portait l'habit classique des fermiers : une robe, surmontée d'un tablier. Son visage rond était entouré de cheveux châtains, tressés. Elle était plutôt timide, mais avait l'air gentille et serviable. Si j'avais bien entendu, elle s'appelait Adélaïde. Alex n'était pas insensible à ses charmes, je le voyais bien aux regards charmeurs qu'il lui lançait.

<Les terres cultivées>

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Dernière édition par Loys le Ven 27 Aoû 2010 18:37, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 27 Aoû 2010 18:35 
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<Les terres cultivées>

Edeline nous apporta tout d'abord une succulente tourte à la Kendralgue, accompagnée d'un vin rosé auquel elle avait ajouté du jus de pamplemousse ( Elle m'indiquât qu'on appelait cela du Séduisant ). Je n'avais pas mangé de si bon plat depuis bien longtemps, ma mère n'étant pas très bonne cuisinière. La paysanne et son mari nous posaient diverses questions sur la raison de notre présence. J'évoquai mon intérêt pour l'aventure, et Rolant le fermier me parla de ses outils, expliqua leur fonctions et parla de ses cultures. Voyant que je l'écoutais avec vif intérêt, il se leva même à un moment pour décrocher la faucille qui trônait au dessus de la cheminée, et me laissa l'observer.

Notre logeuse apporta ensuite un énorme plat, qu'elle posa au milieu de la table. L'odeur délicieuse de la cuisse d'ours m'excitait les narines, et à chaque morceau enfoncé dans ma bouche je ravissais mes papilles. Je nageais dans allégresse, et complimentais inlassablement notre cuisinière.

Alex, quand à lui, était bien trop occupé à dévisager Adélaïde pour profiter de ce festin. Il baissait les yeux sur son assiette, regardait la jeune femme, et dès qu'elle tournait les yeux vers lui, il déviait les siens, faisant mine de ne pas vouloir être vu en train de la contempler. Elle rougissait timidement, souriait, lui lançait de petits regards.

« C'est exquis, ma dame. Visiblement, tout ce que vous faites est réussi ! » Affirma-t-il en lançant un coup d'œil discret à la fille. Elle gloussait doucement, amusée par son manège.

Moi en revanche, cela ne me faisait pas rire. Oh non, pas du tout. Bien sûr, je savais qu'Alex était un séducteur. Bien sûr, j'avais vu les regards en coin qu'il lançait aux femmes dans la rue, mais là c'était trop. Draguer une jeune fille ainsi, devant moi, si ouvertement !

Bon, je l'admets, je n'étais pas engagée avec lui... Mais c'était MON compagnon de route ! Je balançais entre fureur et tristesse.

Puis le repas prit fin, et après avoir pris soin de complimenter à nouveau Edeline, je montai me coucher.

Dans ma chambre a coucher, j'avais remarqué un joli objet. Un vase. Je mourrai d'envie de l'emporter : il n'était pas vraiment en valeur ici. Mais je me retins : ces gens auraient considéré cela comme du vol, et ce serait irrespectueux envers eux. De plus, depuis mon départ je contrôlais assez bien mes crises de kleptomanie, la peur des gardes aidant.
Lorsque je m'allongeai, ma nuque fut un peu douloureuse, mais une fois détendue cela passa. Il ne me fallu pas plus de quelques secondes pour rejoindre les bras de Zewen.

On frappa à la porte. J'ouvris une paupière. Puis l'autre. Soupirai de délice. J'avais passé une nuit agréablement reposante. Je posai les pieds sur le sol, restai un peu assise sur le lit. Après un interminable bâillement, j'enfilai mes vêtements propres et pliés par les soins d'Edeline.

Ma nuque était encore un peu endolorie, mon bras me faisait mal uniquement quand je l'utilisai. Je m'attachai les cheveux et descendis ensuite pour le petit déjeuner.

Je remarquai l'absence de Roland. Il devait déjà être parti aux champs. Alex arriva peu après moi, et salua son hôte, la jeune Adélaïde, puis moi. Ede nous servit différentes charcuteries, et du pain fait maison. Mais mon attention était ailleurs. Alex fixait toujours la jeune femme. Cela m'agaçait au possible. Je bouillais. Soudain, son bandage se mit à virer à l'écarlate. En voyant la tache de rouge se former, il annonça :

« Je pense que ma plaie s'est réouverte! »
« Venez, je vais vous remettre de la pommade et changer votre bandage. » Proposa la petite fermière.

Elle se dirigera vers la chambre, Alex sur les talons. Je fis mine de rien, et baissai la tête sur mon assiette. Je n'avais plus faim du tout. Le temps passa, Edeline débarrassa mon assiette et la sienne, laissant celle de sa fille et du blessé. J'attendais. Ils ne revenaient toujours pas. Au bout d'un moment, je me décidai :

« Si vous me permettez, ils sont bien longs. Je vais vérifier que la plaie de mon compagnon n'est pas trop béante. Peut-être votre fille aura-t-elle besoin d'aide pour le soigner. »

Mon hôte acquiesça, et je me dirigeai d'un pas décidé vers la chambre dans laquelle ils s'étaient rendus, quelques gouttes de sang au sol marquant leur passage.
J'ouvris la porte dans un claquement sourd.
Ils hoquetèrent tout deux de surprise.

La jeune fermière était allongée sur le bord du lit, et l'homme était penché sur elle, glissant sa main sur sa cuisse en froissant sa robe. Elle se releva aussitôt, et lui courut vers moi en reboutonnant sa chemise.

« Ce n'est pas ce que tu crois! » affirma-t-il
« Tu ne me dois rien. Nous ne sommes pas ensemble ! »

Sur ces mots agressifs, je lui claquait la porte au nez.

Dans la cuisine, je m'expliquai à la paysanne :
« Je ne veux pas abuser davantage de votre volonté, madame. Je vous suis infiniment reconnaissante, voici la somme que je vous dois. Au revoir, je serai très heureuse de vous revoir. »

Je saluai et remerciai à nouveau mon hôte, la priant de porter mes salutations à son époux, et je m'en fus.

Enfin entièrement rhabillé, Alex courut à la porte de la ferme et m'appela, mais j'étais déjà loin. Je ne me retournai plus. Je ne lui en voulais pas vraiment, je le reverrai surement, mais mon instinct m'indiquait de poursuivre l'aventure seule. Bientôt, j'allai quitter Kendra-Kâr, et commencer enfin ma vie de voyageuse.

<Les terres cultivées>

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Dernière édition par Loys le Dim 5 Sep 2010 09:20, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 28 Aoû 2010 23:12 
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Assis aux bords d'un arbre, nous croquions à pleines dents dans les fruits qu'il nous avait offerts : deux énormes pommes juteuses. Que c’était bon de repaître ce petit estomac qui n’avait pas vu l’ombre d’un fruit depuis bien longtemps ! J’avais oublié que ce goût sucré et acide m’était si cher.
Souriant à Ellana qui elle aussi engloutissait sa pomme en quelques bouchées, je réalisai que les plaisirs les plus simples pouvaient être les meilleurs.
Et nous nous contentions de cette sobriété avec un immense plaisir, rongeant ce délice jusqu’au trognon.
Ellana me fit remarquer que j’avais complètement oublié les douleurs lancinantes de ma plaie et que ça n’avait été qu’une blessure superficielle. La remerciant pour sa bienveillance, je me laissai tomber dans l’herbe drue.
Je trouvais le verger magnifique sous cet angle de vue, les quelques nuages qui entachaient le ciel passaient sous mes yeux, au plaisir de mon imagination. Ellana se mit à glousser de plaisir et on eût dit qu’elle remerciait Gaïa pour ces moments de bonheur qui marquent notre vie si intensément. Moi aussi je remerciais cette déesse, pour la vie que je menais présentement, pour les personnes qu’elle avait mises sur ma route, comme Ellana, ou Loys.
Une petite lueur d’amertume et de mélancolie balaya mon visage. Depuis ma fuite, je n’avais que peu pensé à Loys, ne me demandant pas même si tout allait bien pour elle et Alex, ni où ils étaient… Ellana, qui pourtant m’était presque inconnue, m’avait emporté dans son allégresse et m’avait enfermé dans ce bain de quiétude. Pourtant je considérais Loys comme mon amie, parce qu’elle avait été bonne avec moi, et voilà que je faisais de même avec cette drôle de poupée, façonnée dans le dur et froid marbre du temple de l’enchantement.
J’aurais pu considérer Ellana comme une sorcière tant elle avait su ensorceler mon esprit faible de Hobbit, tant sa voix m’avait été douce, peut-être même trop, et tant son regard m’avait engloutit. J’étais naïf et le rayonnement m’attirait comme les fleurs attirent les abeilles. J’étais crédule et candide… comme les jeunes enfants.

« - Que c’est bon ! N’est-ce pas Willow ? »

Ellana me sortit de ces indigestes songes qui ne faisaient que m’affliger, et démontraient à quel point j’étais faible et sans expérience.

« - Oui. » Lui répondis-je simplement. Je n’arrivais pas à me détacher de ces pensées. N’étais-je que bon à me créer des mirages et des chimères ?

« - Arrête de te torturer inutilement ! Ce n’est pas en broyant de telles pensées que tu trouveras ta mère, m’ordonna Ellana. Elle avait parlé avec tant d’autorité que j’en rougis, déjà surpris par sa clairvoyance.
- Je connais tes maux, reprit-elle, et je sais que ce n’est pas ainsi que l’on avance. Il faut persévérer. Toujours ! Et il faut savoir apprendre. »

Je tournais mon regard vers son visage ridé par l’indignation. Elle triturait entre ses doigts moites et tremblants sa cotte marron déjà pourtant bien froissée. Je n’avais jamais vu personne dans un tel état de colère, trop habitué à la joie de vivre et à la satisfaction permanente des Hobbits. Je n’osais pas lui poser la question qui me brûlait tant les lèvres. J’aurais préféré attendre encore quelques temps, ceux qui lui auraient permis de se calmer, mais mon indiscrétion était si forte que je m’ hasardai :

« - Apprendre quoi ? »

Ellana fut comme prise d’une secousse et de son regard foudroyant me cracha que j’étais un vrai dadais et que de toute sa courte vie, elle n’avait jamais vu quelqu’un d’aussi poire. Agrippant de ses mains frêles, elle respira un grand coup avant de me dire avec un ton qui supposait la compréhension :

« - Apprendre de tes erreurs, apprendre à devenir fort, psychologiquement mais aussi physiquement. Tu dois t’exercer à devenir agile et assez habile pour échapper au danger permanent que tu cours. Il faut que tu affûtes ta ruse et ta roublardise. Tu dois être dur avec toi et avec les autres, apprendre à te méfier des autres. J’aurais pu te tuer vingt fois depuis hier ! Tu es bien trop dupe ! Apprends à te connaître. »

Je restai estomaqué devant tant d’assurance et devant ce ton parental que j’avais trop peu connu dans ma jeunesse. Ellana ne disait plus rien, elle gardait les yeux fixés sur le ciel. Moi, je n’avais rien à ajouter, elle avait raison : partir à l’aventure ainsi ne me promettrait que trépas et je devais me perfectionner. Ellana était si jeune et si sage qu’il était difficile de la comprendre. L’impression qu’elle avait vécu bien plus que je ne pouvais m’imaginer s’imposa à moi. Elle connaissait la vie et le monde bien plus que moi. C’était bien plus que bouleversant, c’était effrayant de penser à la vie qu’elle devait mener ici bas depuis sa naissance pour accumuler tant de discernement.

« - Excuse-moi, fit-elle en s’approchant de moi, mais le trouble ne cesse de me pourchasser.
- Pourtant tu n’en parles pas.
- Parce que ce serait inutile. On ne refait pas le passé, on peut seulement tenter de se construire un futur et de ne pas se laisser écrouler notre présent. J’accepte et je vis avec mon passé, combien même cela me coûte cher.
- Et ton présent, tu le chantes ?
- Oui, si l’on veut. »

Ellana se mit à fredonner, je n’aurais su dire si c’était pour mettre fin à cette conversation qui la mettait à découvert ou bien si c’était par pur plaisir. Toujours était-il que cela enchanta mes oreilles, sa voix de fausset entrait en moi et donnait à mon corps l’envie de me joindre à elle tant le rythme était entraînant. Jusqu’à présent elle n’avait chantonné que de douces ballades. Allongé dans l’herbe, mes membres se mirent à s’articuler et tandis qu’ils se mouvaient ainsi, mes mains frappaient le sol en rythme. Puis naturellement ma voix s’allia à la sienne. Cette orchestration humaine aurait fait rire n’importe quel passant, pourtant nous étions vraiment concentrés tous deux. Comme si nous offrions à chacun une partie de nous … Nous dévoilions nos humeurs et peut-être même plus. Quelque chose d’indescriptible, mais de fort, habituellement intenable. Ellana me souriait, heureuse. Je l’étais moi aussi, et cette sensation d’avoir accès à son présent m’était plus qu’agréable. De nature curieuse, j’aimais qu’on me confie des choses qu’on ne sacrifiait pas à tout le monde. Puis, de ma petite bouche, je commençai à me lancer dans quelques onomatopées insensées …

« - C’est quoi ça ? Se mit à rire Ellana. Je n’ai jamais entendu quelque chose d’aussi bizarre et charmant à la fois ! »

Je me joignis à son rire, bien que j’avais compris qu’elle se moquait de moi. Se levant déjà, Ellana me proposa d’aller marcher, et donna fin à ce morceau de rêve...

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 29 Aoû 2010 14:35 
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Attrapant sa couverture, Hallena sembla faire un sourire mystérieux et étrange. Ou en tout cas, ce qui pouvait y ressembler. Et celui-ci se rehaussa encore lorsque tu la tutoyas pour expliquer tes paroles. Ou c’était en tout cas ce que la pénombre du crépuscule te laissait entrevoir…

« La surprise. Et la discrétion. Voilà nos atouts contre eux. Ils ne s’attendent pas à une attaque de notre part, et nous devrons faire vite, et bien. Silencieusement. »

Puis, comme pour se justifier encore davantage, elle précisa :

« Je n’étais alors qu’une petite fille. Je suis plus puissante, désormais. Et tu ne parais pas manchot une lame en main. À trois, nous pourrons vaincre ceux qui, depuis les temps passé, ont vieilli et rouillé. »

Visiblement, elle accepte et te rend ton tutoiement.

« Dormons, maintenant… »

Et elle s’allonge sur sa couverture, tête posée sur la racine, sans prendre la peine de couvrir son corps à moitié dénudé, et laissant entrevoir les courbes délicates de sa féminité…

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 31 Aoû 2010 03:53 
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Même le visage le plus terne resplendit lorsqu’un sourire s’y affiche. Alors lorsque les pulpeuses lèvres de cette magnifique femme au corps de déesse s’étirèrent, je fus incapable de la quitter des yeux tant sa beauté m’hypnotisait.

« Tu viens tout juste de m’offrir un autre présent, je ne comprends pas ce qui a illuminé tes pupilles, mais je souhaiterais que cela t’arrive plus souvent. »

Énigmatique, elle était depuis le début, et énigmatique, j’étais certain qu’elle le demeurerait jusqu’au bout. Je ne cherchai donc pas à connaître la cause de ce soudain changement d’humeur et je me contentai d’admirer l’œuvre d’art qui s’était étalé devant moi.
Je me couchai donc à mon tour, plaçant ma tête de façon à ne pas la perdre de vue. Après qu’elle m’eut repoussée dans la petite salle de transition dans le fond de l’océan, je m’étais fait la promesse de ne plus faire les premiers pas pour tenter un rapprochement. Mon orgueil avait été durement touché, rare était les femmes qui avaient refusé ma proximité. Cependant pour rien au monde, j’aurais fermé les yeux.

« Je suis assez habile de mes mains en effet, tu serais surpris de savoir tout ce qu’elles peuvent faire. Ton plan me plaît. Il sera plus simple en effet d’agir discrètement. »

Je savais bien qu’il était temps de dormir, mais je n’y parvenais pas, je la regardais sans cesse et j’espérais vainement qu’elle se décide à venir me rejoindre.

Au bout d’un certain temps, je me décidai de me changer les idées, jugeant que ce serait la meilleure façon pour parvenir à m’endormir. Sans me lever, j’agrippai mon sac et en sorti une petite boîte agrémentée de plusieurs serrures. Puis, avec le bout de la lame de ma dague, je m’amusai à essayer de les ouvrir unes à unes. Bien que ce petit jeu me passionnait et que je le pratiquais aussi souvent que possible, la fatigue finit par m’envahir. Les yeux mi-clos, je rangeai le matériel dans mon sac puis m’endormit.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 31 Aoû 2010 20:16 
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Hallena s’endormit sans un mot de plus. Tu ne pus même pas voir son visage réagir à tes paroles, puisqu’elle était de dos.
Vous vous endormîtes donc sous l’œil attentif de Maelcrys, qui monta la garde toute la nuit, ne dormant que d’un œil sur une branche haut perchée. Et lorsque le matin finit par arriver, ce fut à la demoiselle de te tirer de ton sommeil. Elle venait de te secouer l’épaule, penchée vers toi, et t’adressais la parole sans attendre que tu sois bien réveillé.

« Debout, nous nous mettons en route. Tu déjeuneras sur ton cheval, nous devons nous hâter d’arriver a sanctuaire. »

Ainsi, bien vite, elle fut prête à monter son pur sang. Quelques racines un peu coriaces formaient la seule nourriture valable ici. Rien de très ragoûtant, donc. Lorsque tu fus prêt, vous partîtes vers la forêt jouxtant votre campement de fortune. Et assez rapidement, vous arrivâtes… là.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 4 Sep 2010 15:13 
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Le lendemain matin, il s’était levé avec les aurores, sous le chant d’un coq braillard ayant élu domicile sur le tas de fumier qui jonchait le sol, près du potager de la fermette. Entièrement reposé, maintenant, après deux nuits complètes de sommeil et une journée à paresser sereinement parmi les enfants de la ferme, il était désormais prêt à faire ce qu’on attendait de lui : du travail. Ce mot avait sonné, la veille, comme une merveille inconnue à laquelle il allait avoir accès, et dès le réveil, il s’était mis à y penser. Oui, il avait déjà fait du travail, pour son clan gobelin. Les tâches les plus viles et ingrates que l’on put confier à un gobelin : évacuation des carcasses d’animaux dévorés, rangement sommaire du campement, souffre-douleur de la tribu et autres petits boulots sommaires qui faisaient autrefois son quotidien, et auxquels il se soumettait sans rien dire, docile et soumis. Mais là, ça sonnait beaucoup mieux. Un travail. À la ferme, en plus. Ça s’annonçait passionnant !

Motivé et dispos, il s’était précipité à l’extérieur, en bordure du petit ruisselet qui bordait la maison, pour se rafraichir le visage. Il n’avait revêtu que ses chausses de cuir. Pour ce type de travail, il n’avait pas besoin de sa gabardine de cuir, ni de son précieux petit casque de fer. Même si ça lui avait fendu le cœur de laisser ainsi son équipement derrière lui, il serait bien plus à l’aise torse-nu, ses vaillants pectoraux à l’air libre… Ah, non, en fait c’était le reflet du fermier qu’il venait de voir là. Très vite, en se penchant un peu plus, il se vit dans le ruisselet, tel qu’il était : malingre et petit. L’homme à l’apparence costaude et rustre le dominait de toute sa taille, et il se retourna vers lui avec un air gêné, ses trois précieux cheveux dressés sur le sommet de son crâne comme des antennes. Nehetan avait l’air sévère, et Tips s’attendit presque à subir quelques coups inamicaux, mais le fermier se contenta de marmonner.

« Mouais, au moins t’es pas une feignasse, tu t’lèves à l’heure. »

Tips était émerveillé. Même si le ton n’y était pas, c’était sans doute le plus beau compliment qu’on lui ait jamais fait. Même à sa naissance, en sortant des tripes puantes de sa mère gobeline, il n’avait pas eu droit à un seul mot gentil. Trop petit. Hideux. Tel avait-il toujours été considéré par ses pairs. Mais là, la voix terreuse du paysan sonnait comme une mélodie enchanteresse à ses grandes oreilles pointues.

« On va travailler aux champs ? »

Sa petite voix gobeline, aigüe et éraillée, pincée, était à peine audible tant il était gêné. L’homme répondit de manière bourrue.

« Ouais, on y va. Et t’attends pas à c’que ce soit simple. »

Rapidement, le fils boutonneux et hargneux les avait rejoints, et ils furent prêts à partir. La première tâche qui lui fut confiée fut de porter le matériel excédentaire que les deux autres n’arrivaient pas à porter. Et c’était un sacré barda ! Il se trimbalait maladroitement avec deux faux, une fourche, un énorme couleau de corde et une dizaine de sacs en toile vides. Évidemment, sur le trajet, il s’était emmêlé les pieds dans la corde qui pendouillait entre ses jambes, et s’était étalé de tout son long par terre, étalant avec lui le matériel dont il avait la charge. Les soupirs des deux humains étaient clairs : il était un boulet pour eux.

Et boulet il resta tout au long de la journée. Lorsque ça lui fut proposé, il s’essaya au tractage de la charrue. Une charrue manuelle, de petite taille. Et pourtant, même ça fut trop rude pour lui. Il n’était pas très musclé, et n’arriva pas à la tirer plus d’un mètre avant de s’effondrer sur la terre meuble du champ. Lorsqu’on lui confia la faux, pour désengorger les hautes herbes qui bordaient le champ et puisaient les réserves des plantations, il coupa plus de jeunes pousses de blé que de mauvaises herbes. Et il parvint même à trouer un sac de patates que l’adolescent venait de poser près de la bordure du champ. Après ça, ils n’avaient pas osé lui confier la fourche, ni même la corde, et il avait passé la journée à ne rien faire, ou juste amener les sacs de toile à l’adolescent qui lui jetait à chaque fois des regards haineux.

Le soir, il fut décrété qu’il resterait à la maison le lendemain pour aider la fermière dans ses tâches ménagères. Il fut bien entendu privé de dîner, et s’était couché avec un gargouillement oppressant dans le ventre. Heureusement, Nethin était venu lui apporter une tartine de pain noir, une fois la nuit tombée, et il l’avait dévorée sans en laisser une miette, avant de s’endormir lourdement.

Le lendemain ne fut guère plus propice aux félicitations, le concernant, hélas. Il n’était guère habile, et gâcha plusieurs légumes en tentant vainement de les couper correctement. Il manqua même de se couper un doigt, et avait finalement fait plus d’entailles dans l’établi en bois que dans les carottes et navets qui lui avaient été confiés. Ce n’avait donc pas été une journée brillante pour lui. Et en rentrant, le soir, le père avait rugi, entrant dans une colère noire. Son épouse et son cadet l’avaient supplié de l’épargner, et avaient réussi à gagner gain de cause, par chance. Les yeux implorants du Sekteg y avaient été pour beaucoup.

Hélas, le quatrième jour ne marqua pas une soudaine amélioration dans son travail à la ferme. Il avait été relégué à l’extérieur, à la traite de Rhododendron et au potager. Et il ne s’en était pas mieux sorti que les deux jours précédents. Il avait tellement pressé les mamelles de la vache qu’elle s’était enfuie, renversant le tabouret sur lequel Tips était assis, et l’envoyant bouler jusque dans le tas de fumier qui s’était à moitié effondré sur lui. La jeune Elsa avait du courir après le bovin en fuite pendant près de deux heures avant de réussir à la récupérer, en sueurs et incapable de donner la moindre goutte de lait. Tips s’était alors empressé de se rendre au potager, répandre le fumier qu’il avait renversé, mais ne connaissant pas grand-chose à la pousse des plantes, il avait étouffé sous le bousin les salades et les plants de tomates naissants… Meliss avait réussi grâce à une intervention inespérée à sauver les betteraves, que Tips avait pris pour des mauvaises herbes, et qu’il s’apprêtait à déterrer une par une.

Évidemment, le soir venu, il redoutait l’arrivée du père et de l’ainé. Il avait passé le reste de la journée à côté du ruisselet, à trembloter pour sa misérable petite vie. Lorsqu’enfin le duo de fermiers revint des champs, Meliss se précipita à leur rencontre pour leur raconter, de manière édulcorée, ce qui s’était passé. Tips les observait de loin, sans comprendre ce qu’ils disaient vraiment. À cet instant, le fermier était devenu tout rouge et s’était mis à crier sur son épouse. L’aîné avait l’air d’en rajouter une couche, et Meliss tentait désespérément de temporiser. Mais la rage du fermier était telle qu’elle ne sembla pas, cette fois, y parvenir. Lorsque Nehetan aperçut le gobelin qui se terrait près du ruisseau, il avança vers lui à pas rapides et larges. Ses yeux étaient injectés de sang, et son visage rougi par la colère noire qui l’emportait.

« Sale créature ! Tu n’as rien à faire ici ! Vas-t-en tout de suite avant que je ne t’empale sur un pieux, misérable ! »

Il hurlait de sa grosse voix, et ça terrorisait Tips, qui s’écrasait littéralement sur le sol, comme pour paraître plus petit encore qu’il ne l’était. Il regarda le fermier droit dans les yeux, d’un air implorant, mais n’y lut que de la haine. Il sut, à cet instant, que la décision de Nehetan était irrévocable. Cette fois, il ne changerait pas d’avis. Son petit séjour à la ferme était résolument terminé. Il s’écarta à reculons, de peur que le fermier ne le frappe s’il lui tournait le dos. C’est alors qu’un bruit de bric et de broc entrechoqués se fit entendre. Nathan, l’aîné, venait de balancer tout son paquetage sur le chemin, près de la porte. Tout était amassé là, en désordre. Tips courut pour le récupérer. Tout était éparpillé, et il dut tout rassembler dans son petit baluchon. Il fut surpris de constater tout ce qu’il avait sur lui. Il n’avait pas la moindre idée de l’origine tout ce qui se trouvait là.

Il rangea tout d’abord une dague courbe et profilée, en fer forgé. Il trouva aussi un petit morceau de pierre doré où était gravé un symbole étrange qui lui était totalement inconnu. Et enfin, à côté de la fiole précieuse qu’il avait reçue de ce Sinari tout de rouge vêtu, un instrument étrange, doté d’une petite aiguille mouvante dont il ignorait totalement l’utilité. Ça faisait beaucoup d’objets étranges, tout d’un coup. Il décida de tout empocher avant de se vêtir de son petit casque et de prendre en main sa Morgenstern. Il jeta un regard derrière lui, sur le seuil de la porte. Nethin était dans les bras de sa mère, en train de pleurer. Meliss était à leur côté, pourvue d’un visage attristé. Nehetan était rentré, visiblement excédé par ce qu’il avait appris. Mais de tous, seul Nathan lui adressa la parole :

« Fous le camps ! Si j’te recroise à trainer par ici, j’te tue ! »

Le message était clair. Sans doute était-ce la dernière fois qu’il voyait cette petite famille. Non pas qu’elle finirait foudroyée par un orage ou qu’une météorite s’écraserait sur leur petite fermette, mais il allait précautionneusement évite l’endroit, désormais. Sa place n’était pas là, à la campagne.

Alors il se mit à marcher, et marcher encore jusqu’à ce qu’il fit trop noir pour qu’il puisse encore avancer. Il s’allongea alors dans le confort d’une botte de foin, tout habillé, et s’endormit. Son sommeil fut agité de soubresauts de panique, et plusieurs fois il se réveilla en sueurs, pris de cauchemars… Il n’avait pas l’esprit tranquille. Il n’avait même pas pu dire au revoir à Nethin…

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Sam 4 Sep 2010 23:52 
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Après avoir erré quelques instants dans le verger, Ellana m’avait convié à retourner sur un étroit sentier qui manifestement reprenait le chemin de la rivière. Imperturbable, elle avançait et moi, dans un profond silence, je la suivais.
Mais ce mutisme ne dura pas. Nous entrions dans un terrain herbeux, d’où l’on entendait le calme écoulement de la rivière voisine, quand Ellana, faisant référence à la discussion que nous venions d’avoir, s’exclama :

« - Je considère que l’avenir est quelque part un long passé. Moi je ne veux pas reproduire les erreurs de tous les fils de Gaïa, pas même les miennes. Je veux qu’en plus de cela tu saches analyser celles des autres pour éviter de les produire. En dépit de ta taille, il faut que tu sois rusé, par compensation. Donc tu dois aussi voir celles de tes ennemis pour en jouer.
- C’est …
- Ton seul moyen d’avancer pour retrouver ta mère, me coupa-t-elle. D’ailleurs je veux que tu commences dès à présent. »

Présentement, elle montra du doigt la rivière qui suivait son cours là-bas plus loin dans l’horizon. J’inspectai ce serpentin la main en visière, attendant qu’elle me donne plus d’indications quant à ce qu’elle voulait que je fasse. S’apercevant que je ne voyais guère où elle espérait en venir, elle me dit que ce ne serait pas une tâche facile, mais qu’elle ne connaissait pas meilleur entraîneur que celui-ci.
Ses paroles n’avaient aucun sens et elle les enchainait comme si tout avait été naturel et qu’il en allait de soi ! Je levai un sourcil, perplexe devant autant de charabia alors qu’elle commençait à plisser le front, probablement exacerbée par mon manque de vivacité d’esprit. Pourtant elle n’arrêta pas un instant son long discours, accumulant les informations les unes à la suite des autres, jusqu’à ce que, tout à coup, elle eut le soin de donner sens à ses mots :

« - Je ne suis pas maître de combat, mais je connais quelques règles de survie. Ce sont les bases. Les premières dalles que tu vas poser pour ta route. Me suis-tu ? »

Je fis oui de la tête, ayant bien compris ce à quoi elle faisait allusion, ne sachant pourtant toujours pas ce qu’elle attendait de moi.
« -Vas, vas à la rivière et demande aux animaux de te mener aux triplettes. »

Je la regardais, les yeux exorbités, presque certain d’avoir mal entendu. Mais elle balançait son visage, insistant pour que je m’active et descende vers la rivière qui coupait l’horizon. Je partis ainsi, tourmenté par ses paroles insensées, accrochant toujours mon regard au sien, attendant qu’elle me révèle sa mauvaise plaisanterie. Mais elle restait de marbre, le visage pale, et inexpressif, alors je lui tournai le dos et m’en alla, sans plus me retourner.

[…]

C’est seulement arrivé près de la rivière que je jetai un coup d’œil par-dessus mon épaule espérant qu’elle me fasse signe de rebrousser chemin. Mais Ellana était partie, il n’y avait plus trace d’elle. M’avait-elle berné pour se soulager de ma personne ? Je souhaitai tant que ce ne soit pas le cas, qu’elle revienne. Après tout ce qu’elle venait de m’avouer, après tout ce qu’on avait partagé, ce ne pouvait être le cas ! Mais force était de constater qu’il ne me restait plus qu’à espérer.
Si j’avais bien entendu, je devais traverser le maigre fleuve qui s’étalait au nord-ouest. J’y étais et il me fallait suivre ses instructions à présent.
Fouillant des yeux le fleuve en dirigeant tantôt mon regard en amont, tantôt en aval, je cherchais un passage, un quelconque pont qui pourrait faciliter ma tâche. Mais rien n’était de tel, je devrais le traverser à la nage.
Des croassements. Je n’avais qu’ouïe de cet infernal bruit qui produisait les grenouilles de la rivière. Était-ce l’heure de sortie des batraciens ? Non, mais cela n’allait pas tarder de l’être. Je n’avais pas vu le temps passer auprès d’Ellana, elle semblait être autant d’un autre monde qu’un pôle d’attraction, où même le temps se perdait. Le soleil était déjà au bord du monde, poussé par la lune qui suivait sa lente ascension dans le ciel, l’eau serait donc froide. A cette pensée je frissonnai, à moins que ce ne soit l’humidité nocturne qui commençait à fouler Yuimen. Mon corps avait-il donc cessé de vivre quand j’étais avec Ellana ? Il était peu probable que ce soit le cas, il faudrait être sacrément bonne sorcière pour cela ! Et j’étais persuadé qu’Ellana ne faisait pas partie de celles-ci, ces femmes effrayantes et complètement démentes !

Après avoir soigneusement retiré ma cape, mon chapeau et tous les vêtements qui me gêneraient dans cette « traversée », je me dirigeai calmement vers l’eau, prêt à m’y immiscer. Mais à peine eussé-je le temps d’y tremper mon doigt de pied qu’un lot d’immondes batraciens, des crapauds à première vue, s’approchèrent de l’endroit d’où partait l’onde créée par l’intrusion de mon orteil. Sans me laisser impressionner par cet arrivage soudain, je continuais de rentrer dans l’eau où son hostile fraîcheur m’attendait. Je jetai un dernier œil derrière moi, Ellana n’était pas revenue, alors je les fermai et d’un mouvement vif, rentrai dans cette froide substance.

« Coax »
« Coax, coax, coax »


Le bruit se répandait comme si ces bêtes insupportables le croassaient tout juste dans mon oreille. Au plus le bruit se propageait, au plus il s’intensifiait. C’est alors que je rouvris les yeux, me demandant ce qu’il pouvait bien se passer. Des grenouilles !!! Des crapauds !!! Ils étaient partout, on eût presque dit que je nageais parmi eux, qu’ils étaient rivière. Sautant tous, chacun à leur tour ou même en même temps, la cacophonie ne cessait pas. Un batracien vint jusqu’à mon visage et colla ses lèvres répugnantes sur mon front. Par Gaïa, ces animaux m’attaquaient !!! Ils en avaient après moi !
Allongeant ma brasse pour me libérer de cette invivable position, j’allongeai la brasse pour atteindre l’autre rive du fleuve. Mais ces amphibiens continuaient de me suivre et de me coller comme s’ils cherchaient à me noyer. Heureusement, je sus me hisser sur la berge en me débarrassant d’eux à l’aide de violents coups de jambes et de bras qui les faisaient atterrir quelques dizaines de centimètres plus loin.

Respirant à plein poumon pour calmer mon anxiété, je scrutais la surface de l’eau où seule une demi-douzaine de grenouilles et de crapauds me fixait de leurs yeux vides de compréhension. Moi aussi je n’arrivais pas à réaliser la folie qui m’avait pris ! Avais-je réellement rêvé tout cela ou l’avais-je vraiment vécu ? Cette question me taraudait comme le froid de la nuit tombante m’assaillait. Je craignais probablement de ne pas être autonome comme me l’avait reproché Ellana. Cherchais-je à me rassurer et à me prouver que je valais plus que ce qu’elle avait vu et dit de moi ? J’étais frigorifié à présent et j’étais seul. Mais peu importait cette souffrance, peu importait cette nouvelle solitude. J’accomplirai la tâche qui m’a été donnée! Je prouverais à Ellana qui j’étais au fond de moi.
Les batraciens s’étaient maintenant dispersés, seules trois bestioles restaient là, sur des nénuphars ou entre les joncs qui tapissaient le lit de cette rivière. Soudain, je suffoquai. Jamais auparavant je ne m’étais senti aussi seul, et quitter Ellana quelques instants m’était difficile. Je ne la connaissais pourtant qu’à peine, puis je n’ai jamais vraiment aimé la compagnie des filles. C’est comme si elle avait attraction sur moi. Comme la lune attire les eaux, Ellana fascinait mes maux et les recouvrait de son amour comme une plaie d’un baume.

Perdu dans mes pensées, je perdis aussi toute sensation extérieure à ma solitude. Je me laissais emporter par cette mer d’obscures préoccupations…

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Dernière édition par Willow le Lun 21 Nov 2011 23:26, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 5 Sep 2010 09:19 
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<Les terres cultivées>

Voilà que je me retrouvai seule, arc sur le dos, sur un chemin boueux au milieu des champs.

Je n'avais pas de regret à quitter ainsi mon camarade, certes, il avait été un compagnon très agréable, et je m'étais attachée à lui, mais nous n'avions pas le même but. Je restai persuadée qu'un jour, peut-être très lointain, nous nous reverrons. Mais à présent, il était bientôt temps pour moi de réaliser mon rêve et de quitter Kendra-Kâr. Avant cela, je devais encore me familiariser davantage avec mon arc : je n'aspirai qu'à de nouvelles aventures, pourtant cela ne constituait pas une raison suffisante à m'aventurer ainsi en terres inconnues sans défense.

Je me sentais propre, reposée et rassasiée, et cette grande soif d'aventure qui me submergeait me rendait euphorique. Les blessures de mon combat étaient déjà oubliées grâce aux bons soins de la fermière Edeline, l'engourdissement avait passé grâce au sommeil, et le repas régalant avait atténué tout trace de douleur.

Je bénissais les dieux d'avoir mis cette femme sur mon chemin. Cette pensée me fit sourciller : certes, on m'avait toujours éduquée dans une optique très croyante, mes parents vénéraient presque tout les dieux, et j'avais dès mon plus jeune âge suivit un enseignement divin, mais jamais je ne m'étais vraiment considérée comme véritable croyante. Les Dieux me préoccupaient peu, et il s'agissait davantage d'éducation que de véritable culte. Seules deux Déesses possédaient mon estime, sans que je ne sache expliquer pourquoi, leur histoire m'intriguait, et leurs idoles me rassuraient. Yuia, la sublime déesse de glace et Rana, princesse de l'air étaient les seules auxquelles je confiais ma foi.

Alors que je me dirigeai, pensive, vers les portes de Kendra-Kâr, quelque chose surgit du champ de maïs qui était à ma droite. Je fus dans un premier temps surprise d'être tirée ainsi de mes songes, et tressaillis en reculant de deux pas. Devant moi se tenait un hobbit, en tenue de paysan, et au visage bouffi et crasseux. Avec une voix fort sympathique, il s'écria :

 « Oh parfait, parfait! Une archère! »
 « Bonjour, » eus-je à peine le temps d'articuler avant qu'il ne reprenne avec entrain :
 « Dites moi, pourriez-vous me rendre service? Je vous garantis une récompense si vous m'aidez! »
 « Oui bien sûr, que puis-je faire pour... »

Je n'eus pas le temps d'achever ma phrase, le hobbit montra le champ opposé duquel il était sorti. Un champ de pomme de terres visiblement, d'une taille moyenne. Il m'expliqua qu'il s'agissait du sien, mais que des rats l'avaient envahi et mangeaient toutes ses plantations. Il me demanda alors de l'en débarrasser, grâce à mon arc. J'acceptais la tâche qu'il me confiait, et il s'en alla aussi vite qu'il était venu, me confiant de le rejoindre dans une cabane qu'il désigna du doigt, une fois que je l'aurai débarrassé de ces « sales rats » selon ses termes.

Je jetai un regard panoramique sur le champ. En effet, des rats couraient à travers les plants de pomme-de-terre en poussant des petits cris répugnants. Ravie d'avoir de quoi me perfectionner à l'arc, je m'en armai, et tirai une flèche de mon carquois. Instinctivement, mes mains et bras s'étaient correctement placés, et j'avais tendu la corde avec justesse. Elle fendit l'air en direction de la petite bête, et la corde vibra dans ce bruit que j'adorai déjà. Mon projectile était allé très précisément où je le souhaitais, mais le rat était rapide, et voyant une flèche fondre sur lui, juste à temps, il s'était enfui. Agacée de cette fuite, mais sûre de mon arc, je recommençais en visant un autre petit rongeur. Même scène: malgré la vitesse de ma flèche, la distance qu'elle avait à parcourir permettait à l'animal de se sauver au dernier moment.

L'épreuve se révélait donc plus ardue que prévu. Une idée me traversa l'esprit : si ces vermines parvenaient à échapper à mes flèches de justesse, il suffisait qu'elles ne les voient pas ! Je repérais un rat, et visai vers le ciel. La flèche partit d'abord en direction des cieux, tout en ralentissant progressivement, sembla marquer un arrêt dans les airs, et redescendit de plus en plus vite jusqu'à se planter à la verticale dans le sol, à quelques centimètres à peine d'un rongeur qui, effrayé par cette subite apparition fuit quelques mètres plus loin. Plutôt satisfaire, je réessayai plusieurs fois la même technique jusqu'à ce qu'enfin, la flèche transperce un rongeur verticalement, et s'enfonce dans le sol. La bête essaya de s'enfuir en s'agitant mais la flèche qui le traversait l'empêchait de fuir. Le sang giclait au rythme de son petit cœur agité, maculant son pelage. Après quelques secondes d'agonie, il fut prit de convulsions et cessa enfin de bouger.

J'avais fait ma première victime, et je ressentais un mélange de honte, de pitié, et d'euphorie. La vue de ce petit corps embroché et cloué au sol, dégoulinant de sang, qui me regardait de ces yeux livides qu'on les mort me faisait l'effet d'un pic glacé. Et pourtant, cette possibilité de donner la mort par ma seule volonté était terriblement excitante.

Mais qu'en serait-il si je venais à tuer un humanoïde? Il ne s'agissait là que d'un simple nuisible, mais ressentirais-je les mêmes sensations? Serais-je désemparée? Ou au contraire encore davantage excitée? Devrais-je un jour tuer un de mes semblables? Deviendrais-je un monstre sanguinaire?

Non! Non, non et non. Jamais. Il ne s'agit là que de simples rongeur que je tue pour rendre service a un respectueux fermier.

La conscience apaisée, je finissais mon travail, ne pouvant m'empêcher de voir cela comme un jeu, et baissant mon arc à chaque fois pour pouvoir admirer le dernier combat des rats, leur ultime tentation d'évasion, toujours vaine. Par simple amusement, je mis en place un système de points : Si la bête était clouée au sol par un de ses membres, j'avais 50 points. Si il s'agissait de son corps j'en remportais 25, et la tête en valait 100.

A la fin, je touchai la tête pratiquement à chaque fois, et je n'avais même plus besoin de réfléchir tant ma visée était devenue instinctive. J'avais l'impression d'avoir manié l'arc entre mes mains depuis toujours.

Les rats se firent de moins en moins nombreux, puis je n'en vis enfin plus de vivant. Je me doutais qu'ils reviendraient vite, en effet les rats pullulaient dans les endroits de ce genre, mais cela m'avait servit d'entrainement, et je me demandais bien ce que pourrait être la récompense promise par le fermier. Avec fierté, je me dirigeai vers le cabanon qu'il avait désigné, sentant que bientôt mon arc deviendrait le prolongement de mon bras.

Je frappai à sa porte un coup, et je n'eus pas même le temps d'esquisser le second que le hobbit était déjà face à moi. Il semblait ravi et s'empêtrait dans ses mots, alors que je le regardais, un sourire compatissant sur les lèvres. Tant il bégayait, il m'invita à entrer et à m'asseoir, je m'exécutai alors qu'il s'absenta dans une pièce voisine pour aller chercher la promise récompense.

Étant seule, je détaillai sa maison du regard, et je ne fus pas surprise de me trouver dans une maison de ferme, plutôt simple, mais dans laquelle s'entassait des objets plus insolites les uns que les autres. Quand le petit homme pénétra dans la pièce, je baissai les yeux sur ce qu'il ramenait : une étrange fiole violette. Je détournai les yeux, et à peine les reposais-je sur lui que j'appercus une etoffe qui pendait à son bras! Il s'était juste avancé de quelques pas, et le tissu était apparu comme par magie! J'étais sûre que je ne l'avais pas vu avant!

-Bien bien bien, voilà, j'espère que cela te conviendra! S'enjoua t-il en posa les deux récompenses sur la table
-Mais... Qu'est-ce ?

Je pris la fiole entre mes mains et l'examinai visuellement et tactilement : un flacon à la forme étrange, qui contenait un fluide violet. Je l'ouvris et sentis : une odeur de champignon et de poulet aux herbes, qui aurait pu être appétissante si elle n'était pas si concentrée.

-Bois en une gorgée si tu es mal en point, cela te revigorera! C'est une potion elfique que j'ai récupérée d'un de mes nombreux périples. Et ça, c'est une cape de dissimulation. Qui te rendra invisible, mais seulement a une certaine distance. Fort utile oui, surtout pour une archère comme toi.

Il marqua une pause et me fit un clin d'œil avant de poursuivre :

-C'est elfique également, celle-ci, c'est un célèbre couturier elfe qui me l'a donné! En ce moment, j'écris un livre : tiens, jettes-y un œil.

C'est ainsi que je me retrouvai à devoir regarder et écouter tout les récits du fermier, qui bien qu'étant très envahissant n'en demeurait pas moins sympathique. Lorsque je parvins enfin à me dépatouiller du hobbit, je le saluai et le remerciait pour la cape et la fiole, tandis que lui m'assurait être très reconnaissant pour les rats, et affirmait qu'il serait ravi de me revoir.

Je repris enfin ma marche vers la ville, après avoir enfilé ma cape, et rangé le flacon étrange dans une de mes sacoches à la ceinture.

<Les terres cultivées de Kendra-Kâr>

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Dernière édition par Loys le Ven 10 Sep 2010 20:14, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 5 Sep 2010 23:24 
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--> Les Terres cultivées autour de KK

Mes rêves avaient été plus qu’étranges durant cet assoupissement. Substitution de loufoques pensées, mes saugrenues chimères s’étaient entremêlées, ce qui expliquait mon réveil nauséeux. J’étais perdu, en proie à un malaise des plus triviaux. Pendant ce sommeil agité, trois voix s’étaient adressées à moi, des voix blanches mais crissantes. Rieuses, elles se moquaient de moi entre deux coassements, parce que j’avais été bête et que j’avais froid.
Les poils de mes avant-bras étaient hérissés tant j’étais glacé. La nuit noire chassait lentement le crépuscule et la rosée commençait délicatement à se déposer sur chaque plante qui m’entourait. Ces voix étaient celles des grenouilles qui m’avaient attaqué. Mais l’avaient-elles vraiment fait ? J’en doutais fort comme je doutais de mes buts et du chemin que j’aurais à suivre. Je nageais dans une totale incertitude. Et j’étais seul. Ces rêves m’avaient fait constater à quel point je pouvais être peu scrupuleux et courais toujours vers la bêtise, sans être jamais analytique.
J’avais franchi la rivière en retirant un bon nombre de mes affaires pour m’en soulager lors de ma traversée. Mes vêtements, mes affaires personnelles et mon arme étaient restés sur l’autre berge.
Pourquoi avais-je outrepassé ce cours d’eau ? Ellana me l’avait-elle demandé ? Non. Ma seule indication avait été de trouver les triplettes. C’était fait, du moins je l’espérais.

A présent, on n’entendait plus que le souffle du vent caressant l’eau qui continuait de s’écouler dans un calme profond. J’inspirai une grande bouffée d’air, me levai et me redirigeai vers la rivière. Il ne me restait plus que cela à faire, retrouver mes vêtements laissés là-bas sur l’autre rive. Cependant cette fois-ci je ne tâterais pas l’eau. Mes craintes ne prendraient pas le dessus ! Et je plongeai dans l’eau dans un seul et unique : « plouf ».

[…]

Que c’était bon de renfiler mes vêtements. Même si j’étais encore fort mouillé, le fait de les sentir peser sur moi me réchauffait déjà. Et avec cela, l’engourdissement de mon esprit parti, éclairant les défauts de tous ses maux qui s’acharnaient à me faire tomber. Ne voulant pas prendre froid, je me mis à longer la rivière, sans véritablement réfléchir où cela me mènerait. Toutes mes rencontres avaient été fortuites jusqu’ici. Je n’avais cherché personne, mais j’avais déjà trouvé des amis. Les visages de Loys et d’Alex me suivaient… Mais celui d’ Ellana s’imposait à moi …

---> Voyage de KK à Shory 1

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Dernière édition par Willow le Ven 18 Nov 2011 15:20, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 8 Sep 2010 18:04 
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rp précédent : Un lent réveil.



J'ouvre les yeux.

Rien, le noir complet.
J'ai du mal à respirer, un poids sur le torse, sur tout le corps...
Du tissu sur le visage.

Je me sens mal, faible.

L'odeur de la terre...

Calme.
Je suis en vie.

...

Ils m'auraient enterré ? Depuis combien de temps... ? Non, ce n’est pas le moment de se poser des questions. Je dois sortir d'ici.

Je dégage mes bras, difficilement, et ménage un espace autour de ma tête. Je suis dans un sac de toile... Je cherche l'ouverture. Au-dessus de ma tête... Lentement, j'enlève le noeud qui m'enferme. Celui-ci, heureusement grossier, glisse et libère le tissu.
Je sors mes bras, ma tête, creuse vers le haut. La terre s'effondre, m’empêchant de respirer. Je suffoque, panique. J'avale de la terre, tousse, m'étouffe d'autant plus. Dans un dernier effort, je me redresse.

J'émerge de la terre.
Ils n'ont pas creusé beaucoup...

Je respire.
Il fait nuit. Autour de moi, quelques hautes silhouette d'arbres. Pas un bruit.


Je me repose un instant. Non que la position soit des plus agréable, à moitié enterrée, entièrement couverte de terre et perdu je ne sais où. Mais je suis trop faible.

Il commence à faire froid.


Je finis par me dégager de ma tombe. Rien que cela m’épuise, mais je ne peux pas me permettre que l'on me trouve comme ça.
Je reforme hâtivement ma tombe, enlevant les traces que j'y ai laissées en creusant. Cela ne trompera pas un examen attentif, mais je ne pense pas que mon inquisiteur repassera par ici de toute façon.

Je titube un peu plus loin. Mes jambes protestent, mais je n'ai aucune envie de rester auprès de mon sépulcre.

Après quelques mètres, je m'effondre. Je rampe jusqu'à un accueillant coin d’herbes hautes, et m'allonge là.
Tout mon corps est douloureux, et j'ai un mal de crâne terrible. Plusieurs heures passent, au milieu de pensées délirantes et fiévreuses, avant que le sommeil ne me prenne.


...


De la lumière...
Il fait jour.
Lentement, je reprends conscience. Mal au dos, des courbatures, partout.
Je me redresse. Il doit être dix heures... Mon corps se rappelle à moi, mais moins fortement. Je m'examine rapidement. Je suis couverte d'égratignures et écorchures en tout genre, mais rien de bien grave.
Je me lève. Léger vertige. Cela passe. Je me sens faible, mais je peux marcher.
Sur ma gauche, à quelque dizaine de mètres, il me semble apercevoir la lisière du bois. J'avance doucement.

J'atteins l'orée du bois. Je m'assieds sur une petite butte recouverte d'herbes.

Devant moi, un champ, de l'orge dirait-on. D'autres champ derrière. Quelques routes serpentent çà et là. Une rangée d'arbres non loin signale un cours d'eau.
Des fermes disséminées. Demander de l'aide ou mon chemin ? Je ne pourrai pas éviter que l'on me pose des questions gênantes... Mieux vaut se débrouiller seule.


Le ciel est parsemé de nuages, qui peinent à masquer le soleil. La fraîcheur de la nuit s'est dissipée, et il commence à faire chaud hors de l’ombre du bois. Je me relève, et me dirige vers les arbres. Je découvre une petite rivière, serpentant paresseusement dans la plaine, bordée de saule.
La vue de l’eau réveille ma soif. Celle-ci, claire et froide, semble me ramener à la vie. Mes pensées s’éclaircissent.
Je me repose à nouveau, et laisse errer mes pensées.



Ils ont bâclé ma tombe, ils ne doivent pas avoir fait beaucoup de chemin en portant un cadavre. Même avec un chariot pour me cacher, je ne les imagine pas parcourir des dizaines de lieu juste pour m’enterrer. Kendra Kar ne doit pas être loin. Mais dois-je y retourner ? Dans tous les cas, je ne peux aller dans les duchés… Kendra Kar paraît la meilleure issue. La milice ne me recherche pas après tout. Il faudra simplement prier pour ne pas croiser mon inquisiteur dans la rue. Père est probablement retourné avec ma famille. Cela fait un risque de moins.



Bien. Kendra Kar sera ma première étape. Je verrai où je pourrais aller plus tard. Ces idiots guindés n’ont pas touché à mes affaires, ils m’ont simplement pris ma dague. Les quelques yus qu’il me reste ne me permettront pas de tenir longtemps cependant.





Avant de me rendormir, je me redresse, et vais me débarbouiller dans le ruisseau. Le résultat n’est pas formidable, mais au moins, je ne suis plus couverte de terre. Mon apparence devrait suffire à ne pas attirer l’attention.

Je repars en suivant un chemin passant entre deux champs. Quelques centaines de mètres plus loin, je rejoins une route, utilisée par les paysans locaux. Quelques fermes la bordent, mais il n’y a personne en vue. Kendra Kar n’est pas visible par contre. Je suis dans une cuvette, et la vue est barrée de chaque coté. Je me dirige vers l’ouest, espérant apercevoir la ville depuis le haut de la colline vers laquelle se dirige la route.

Après une courte ascension, qui me rappelle mon état de faiblesse, j’arrive au sommet. Le paysage devant moi est assez beau, la vue porte loin. La colline n’est pas haute, mais le terrain devant moi est relativement plat. Des champs s’étendent dans toutes les directions, entrecoupés de prés rempli de vaches. Quelques fermes sont dispersées dans le paysage, et des bosquets d’un vert éclatant parsèment le paysage. Mais aucune trace de Kendra Kar. Je me retourne, plisse les yeux. Malgré le soleil, on aperçoit clairement, au loin, derrière la colline qui me fait face, des remparts. Au jugé, je dirais que la ville est à deux ou trois lieues. Maudissant ma malchance, je fais demi-tour.

Je mis quatre heures à arriver devant les portes de la ville. Le soleil et la fatigue m’obligèrent à faire des pauses fréquentes, et le vent se leva en début d’après-midi, me ralentissant encore. Je ne croisais que peu de monde sur la route, quelques fermiers seulement. Je rejoignis la route principale menant à Kendra Kar une demi-lieue avant d’arriver aux pieds des remparts.

La route principale est bien plus animée. Des chariots passe régulièrement, portant toutes sortes de biens, de la nourriture au tissu, alimentant les marchés de Kendra Kâr. Des voyageurs, à pied comme à cheval, des soldats, toutes sortes de gens encombrent la route, créant un brouhaha impressionnant.

Enfin, après avoir contourné la ville par le flanc nord, j’arrive devant les portes de la cité.

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 9 Sep 2010 17:18 
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Les soubresauts nerveux de Tips ne furent pas les seuls à secouer son sommeil. Un bruit régulier et claudiquant rythmait des cahots étranges et curieux. Quelque chose qui gratouilla la narine, et finit par y pénétrer. La réaction fut immédiate, vive, puissante et incontrôlable…

« ATCHA ! »

Le fermier qui conduisait la carriole transportant la botte de foin dans laquelle le petit gobelin chétif s’était enfoui fronça les sourcils, suspicieux, puis regarda sa vieille carne de jument de trait marcher clopin-clopant sur la route pavée qui les mènerait bientôt à destination. Il finit par hausser les épaules, tout en donnant un petit coup de son bâton à bout pointu sur la fesse de la jument auburn, qui n’accéléra pas la cadence pour autant, marchant à son aise et à son rythme sans demander son reste. Ce fut tout juste si elle eut une réaction à cette physique agression, se contentant de s’ébrouer bruyamment en rejetant tout l’air contenu dans ses vieux poumons par ses gros naseaux rétractés.

L’éternueur en chef, confus et gêné d’avoir ainsi failli déclarer son forfait locatif du passage de cette nuit au sein d’une botte de foin qui ne lui appartenait en rien, se contenta de rester le plus silencieux possible, les deux mains sur la bouche et les yeux grands ouverts. Il ne voulait pas se faire remarquer… Avec les récentes frasques qu’il avait eues à la ferme, mieux valait ne pas trop se montrer dedans le monde paysan. Bien sûr, ces fermiers ne se connaissaient sûrement pas, mais la pensée de Tips n’alla pas jusque là. Pour lui, désormais, fermier égalait danger. Un peuple de fourchus sévères et rustres qui devenaient de plus en plus bêtes et méchants à mesure que l’âge s’avançait.

Quand il eut décrété qu’il avait assez attendu dans sa botte mouvante, à l’arrière du chariot, il entreprit d’escaladé la butte mouvante pour voir un peu ce qui se passait. Creusant un tunnel dans le foin plutôt que de passer par-dessus et risquer de faire remarquer sa présence, il arrive difficilement, mais sûrement, de l’autre côté, juste au dessus du large chapeau de paille tressée du paysan meneur de charrette. Il était seul, sous son couvre chef, à mâchonner un brin de blé qui s’emmêlait quelques fois dans les poils longs de sa moustache grise. Le chapeau dissimulait une calvitie déjà bien établie sur le cuir plus-très-chevelu de l’homme de la campagne. Tips ne le regarda pas longtemps, posant son regard sur la vieille jument à la robe luisante de sueur, même en cette fin de matinée encore un peu fraiche. De l’écume perlait sur sa bouche maintenue par un mors de cuir et de métal, attaché à une longe que l’homme tenait en main.

Et puis seulement, il l’aperçut. Une Touuuute petite ville, à quelques mètres d’eux. Une maison blanche, posée sur les champs, à peine de quoi loger deux enfants. Tips était certain qu’il s’agissait là de leur destination, et décréta qu’il ne descendrait qu’alors de son charriot, prétextant pour lui-même qu’il serait bien trop dangereux de sauter de la carriole alors qu’elle roulait encore. Avec sa maladresse habituelle, il aurait eu tôt fait de se retrouver sous l’essieu ou sous la roue, broyé et ratatiné sur les pavés clairs de la route.

Mais… à mesure qu’ils approchaient, la maison blanche semblait grandir, plus le plus grand étonnement de Tips. Ainsi, de maison elle passa à immeuble. D’immeuble à palais, et palais à ville, et de ville à gigantesque capitale aux murs immaculés, aux maisons nombreuses et aux portes gigantesques…

Aux Portes !! Horreur, terreur, damnation, Tips ouvrit des yeux comme des billes en voyant l’immensité de la porte approcher, de plus en plus grande, de plus en plus menaçante, sur la route du charriot. Dans sa petite tête tourmentée, les pires scénarios se déroulaient. Il se voyait découpé entre les battants, écrabouillé sous leur poids, écartelé entre leurs gonds… Mais désormais toute retraite était impossible : ils arrivaient…

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"Le coeur grossier de la prospérité ne peut comprendre les sentiments délicats de l'infortune..."

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 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Ven 10 Sep 2010 20:13 
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Messages: 3152
Localisation: Sur la Perle Rouge, entre KK et Tulo, avec Willow !
[:attention:] Quelques termes de ce rp peuvent être mal supportés par des personnes très sensibles.

<Les terres cultivées de Kendra-Kar>

J'admirai avec curiosité le textile de ma nouvelle protection dorsale. Il était fascinant car, assez lourd, chaud, et souple à la fois. Mais ce qui m'intriguait le plus était sa couleur, indéfinissable, en effet, selon l'arrière plan dans lequel je me trouvai, sa teinte variait légèrement, et me permettait ainsi de me dissimiler. Pour m'amuser, je m'en recouvrai et marchait furtivement juste au bord du champ de blé, quasiment invisible, puis sautai sur le chemin en me dévêtant de ma cape, criant, et faisant fuir des oiseaux par dizaine dans un bruit d'ailes agitées.

Je sautillai d'un pas enjoué, tout en chantonnant une célèbre chanson kender :

« Je l’ai trouvé par terre.
Il a glissé dans ma sacoches par pur hasard.
Tu es sur que c’est le tiens ?
Je pensais que tu en aurais plus besoin.
Tu es parti est tu l’as laissé là!
Je voulais le laver et te le rendre. »


Un bruissement étrange me fit frémir. Il ne s'agissait pas d'oiseau, j'en étais persuadée, et tournai le regard vers l'origine du mouvement, cessant aussitôt mes chants. Après la douce mélodie, et le bruit de mes pas sur le cailloux, je n'entendais désormais plus que mon cœur qui battait. Je me dis finalement qu'il devait s'agir d'un coup de vent, même si je ne pouvait m'empêcher de penser à l'animal étrange que j'avais déjà plusieurs fois aperçu.

J'entendis bouger dans les cultures, et des cailloux du chemin volèrent, mais je n'eus pas même le temps de me retourner : deux mains se laquèrent sur mon visage.

Je fus prise de panique, et pourtant c'était très différent de la sensation que j'avais ressentie lorsqu'Uroldir m'avait attrapée ainsi. Il s'agissait d'inquiétude et de surprise, mais là c'était tout à fait différent : angoisse, frayeur et effroi s'emparèrent de moi. Je n'eus encore une fois pas le temps de réagir, la créature me plaqua au sol, et pencha sa tête au dessus de la mienne. Je vis son visage à l'envers : des lambeaux de peau gangrénés pendaient au dessus de mon visage épouvanté. Un traqueur obscur. Le genre de créature qui ne lâche pas sa proie tant que l'un des deux n'est pas mort, et j'étais bien décidée à ne pas être celle qui succomberait.

Brusquement, je me relevai, frappant la tête du traqueur avec la mienne, mon front se fit douloureux, mais visiblement moins que pour le ni-mort-ni-vivant qui poussa un gémissement rauque. Je fus répugnée par la pensée que mon front ait pu toucher cette peau en décomposition, mais il ne fallait pas perdre de temps : j'étais vulnérable.

Je pénétrai en un bond dans le champ de maïs, les cultures constituant mon seul refuge possible dans cette situation délicate. J'avançai de quelques mètres à toute vitesse, m'accroupis, et me recouvrai de ma cape de dissimulation, tout en laissant un trou au niveau de mes yeux pour observer les alentours.

Mon ouïe m'indiqua que le monstre pénétrait à son tour dans le champ, lentement et presque sans bruit. Il me cherchait, me traquait, comme une proie. J'apercevais son ombre entre les plants de maïs, il était proche et le savait : avec soin il humait l'air de ses narines creuses et sans peau, sans nez ni cartilage nasal. Il s'éloigna un peu, si bien que je ne pouvais plus distinguer sa position.

Je savais bien qu'il me cherchait, il fallait donc que je passe à offensive : mieux faut être le loup que le lapin. Avec maintes précautions pour ne pas faire de mouvement brusque ni froisser les tiges de plantes, je sortis mon arc. J'étais prête a brandir une flèche, quand mon nez se mit à me piquer. Lentement, je le frottais contre mon épaule, mais cette démangeaison familière s'amplifiait. Je reconnaissais bien cette sensation, toujours la même chose lorsque j'étais entourée de plantes.

Le silence était de mort, la créature avait sans doute cessé tout mouvement, et tendait l'oreille pour me repérer, à l'affut de la moindre respiration.
Pendant ce temps, je luttais de toute mes forces contre mon nez qui me fourmillait. Comme si une armée d'insecte me chatouillait les narines.

Un éternuement magnifique échappé de ma bouche rompit le silence, et marqua le début de la course poursuite entre le monstre et moi. Il clopinait, mais était très rapide. Alors que je tentais de fuir, ne sachant pas où j'allai, perdue au milieu des champs, j'entendais les feuilles se mêler sous le passage du traqueur dans un bruit de végétation assourdissant.

Je réfléchissais ardemment a un plan pour semer le traqueur, si bien je ne prêtai plus attention à là ou je posais les pieds, et lorsque la talon de ma botte se coinça sur ma cape, je fus déséquilibrée, et tombai de tout mon long, tête la première dans la boue, en plein milieu du champ. La créature était très vive, et une fois de plus je n'eus pas le temps d'esquisser le moindre mouvement : il me sauta dessus, et me tira hargneusement les cheveux, en poussant des grognements gutturaux, semblables à des aboiements de chien. Il s'apprêtait à me déchirer la peau de la nuque de ses dents jaunâtres pour la plupart manquantes, et m'empêchait de m'échapper en me coinçant le bassin sous son genou.

Je fermai les yeux et les poings, totalement terrorisée, en adressant une prière à Yuia, Yuia la déesse des glaces. Le traqueur obscur sembla se raidit légèrement, et surpris de cette sensation détacha son attention de moi pendant une seconde, seconde de laquelle je profitai pour sortir ma dague, me retournai brusquement sur le dos, tranchant sa main. Ce n'aurait pas été si facile de lui ôter un membre si sa peau, ses muscles et ses os n'étaient pas en putréfaction. La main répugnante tomba au sol, et je fus surprise de voir que le traqueur ne saignait même pas.

Sous la perte de sa main, il hurla et de sa seule main restante, il tenta de m'attraper par les vêtements, et de ses doigts crochus il arracha une partie de mon chemisier, et ses ongles pénétrèrent dans ma peau, l'entaillant de 4 longues rayures de sang.

Mais j'étais déjà relevée et retournée alors que lui était toujours à quatre pattes ( plutôt 3 désormais que je l'avais amputé de son appendice manuel ) et grognait de fureur. Je courus à nouveau entre les épis de maïs, puis voyant que j'avais pris une certaine avance sur lui, j'armai mon arc tout en continuant à courir. Je me retournai ensuite soudainement, et décrochai une flèche, le plus fort possible, qui traversa les plantes et se ficha dans mon ennemi quelques mètres plus loin. Je recommençai l'opération plusieurs fois, mais il continuait de courir vers moi, alors que les flèches plantées dans son corps s'accumulaient. Je visai finalement sa cheville, et il s'écroula au sol en hurlant. Je regardai cette scène, horrifiée et honteuse. Le traqueur continuait de ramper vers moi, seule la haine se lisait dans ses yeux. Une dizaine de flèches était plantées un peu partout dans son corps, et son hostilité était si puissante qu'il avait encore la force de ramper vers moi, dans l'espoir de m'achever.

Je savais qu'il combattrait jusqu'à ce que l'un des deux meure. Il était perdu d'avance. Il peinait de plus en plus à avancer, et je décidai d'abréger des souffrances : je ramassai un gros caillou au sol, m'approchai doucement de la créature hargneuse, et en serrant les dents, fracassai la pierre contre son crâne. Il continuait de gémir tout doucement. Je répétais l'opération plusieurs fois, de plus en plus fort, jusqu'à ce que entendre un craquement. Je fus prise de nausées en réalisant que j'avais brisé son crâne.

J'avais tué ma première créature humanoïde. Je ne savais que penser, que ressentir. Tout était confus en moi. Je laissai le cadavre là, gisant au milieu du champ, et rejoignis un puits pour nettoyer mes plaies. Elles formaient 4 sillons nets, rouges, sur mon buste. Je priai Zewen que ma peau ne soit pas infectée, et la pensée de l'état de putréfaction de celle du traqueur me provoqua un nouveau haut-le-cœur. Mon chemisier était légèrement déchiré et taché de sang, mais j'enroulai la cape autour de moi et cela ne se vit plus.

Je me mis ensuite à nouveau en route vers kendra-kar, dans l'optique de m'engager dans une aventure. Dans la milice par exemple. Mais cette fois, je fus très prudente, et me recouvris de ma cape pour être plus discrète, l'oreille à l'affut du moindre prédateur.

<Les rues de Kendra Kar>

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