L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 268 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 ... 18  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 15 Mai 2012 19:30 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr


Frappant contre ma cuisse, j'attire son attention. Elle charge de nouveau, me ratant totalement. J'en profite. Volant après elle, je me pose rudement à l'arrière de sa tête et, agrippant de ma main libre sa crête, je tire dessus. L'animal se cabre, étirant ses ailes membraneuses et faisant de brusques tentatives pour me déstabiliser. Coup de tête, mouvement brutal sur le côté, plongeon sur son flanc. Je tiens bon en me recroquevillant et serrant les genoux contre son cou. La tâche me tire un râle. La plaie de mon flanc se rappelle à moi en laissant filer mon fluide de vie. Pourtant, je résiste.

Reprenant sa course folle, cette monture improvisée fonce droit devant elle, semblant toutefois sensible à mes tractions sur sa crête rouge. Elle court encore et encore, faisant naître une sensation grisante dans ma poitrine. Dominer une créature. La faire obéir. Pouvoir décider de sa vie ou de son trépas. J'y trouve quelque chose d'intéressant et d'étrangement fascinant. Je suis bien plus petit qu'elle et pourtant je lui impose ma volonté. J'aime ce goût de revanche, et le picotement douloureux de mon flanc renforce cette soif de vengeance. Je me surprends à me délecter de ce qu'il se passe. Moi, enfant de la nature, je fais souffrir un être vivant...

Et alors ?

Coupé de cette nature autrefois unique horizon, je ne suis plus enfant de quoi que ce soit, et certainement pas de peuplades forestière. Je choisis de vivre, alors je préfère de loin que ce soit elle plutôt que moi qui prenne le chemin du tombeau, même si je verse ma part de fluide sanguin. Elle tousse et peine sous ma direction, sous mes doigts de plus en plus fermes et froids. J'aperçois son sang commencer à noircir son plumage. Je tends l'oreille, à l'écoute... Mais rien... Rien dans mon corps ne m'indique que j'ai tort. Pas une seule once d'un quelconque sentiment négatif ne se présente. Un mince sourire en coin apparait sur mon visage bleuté. Ce que je fais est donc parfaitement normal. Mieux encore, cela me procure une sensation délicieuse et d'accomplissement.

Mais ce petit jeu a assez duré. Et puis, que faire à la longue d'une monture aussi laide et surtout incapable de voir où elle va poser les pattes ?

Observant l'endroit, je cherche une solution pour mettre un terme à tout cela. Mes fléchettes ne peuvent pas percer sa cuirasse et je n'ai pas de quoi la frapper mortellement sous la main. Mes yeux sombres scrutent, analysent, tentant de trouver un instrument idéal. Je remarque finalement sur ma gauche un poteau de bois près du pied duquel émerge une pointe métallique, que la course folle de la bête nous fait dépasser. Agressant la crête en tirant dessus violemment, j'oblige celle-ci à faire demi-tour et l'oriente dans sa direction. L'animal court et tousse, sans se douter un instant de ce que je lui réserve. Lorsque le poteau ne se trouve plus qu'à quelques foulées, je dirige de nouveau la créature légèrement sur le côté, offrant la zone entre le bas de sa gorge et son flanc à la pointe. Je retire ma jambe de justesse avant que l'impact violent ne me projette au sol. Quelque peu étourdi, les mains de nouveau écorchées, mes yeux finissent par faire le point sur ma sarbacane roulant par terre.

Ventre à terre, prenant appui sur mes paumes éraflées, je jette un coup d'oeil par-dessus mon épaule. L'animal agite l'une de ses ailes et sa tête frénétiquement, puis de plus en plus doucement, jusqu'à ce que tout mouvement cesse. Un instant immobile, le souffle court et quelque peu confus, je prend le temps de me remettre debout, tout en me tournant vers cette créature. Devant ce spectacle pathétique, et sans que je comprenne pourquoi, un son étrange et saccadé m'échappe.

"Ha ! Haha ! HAHAHA ! HAHA ! Hahaha ! Haha. Ha..."

Lentement, j'appose mon poignet gauche contre mon front. Les sentiments que j'ai éprouvé jusque-là, étouffés et refoulés, éclatent. Mon visage se crispe en une grimace traduisant ce tourment. Je ne pleure pas, je n'ai de toute façon plus de larmes, mais la sensation est identique. Je devrais être triste, soulagé ou éprouver un sentiment quelconque. C'est peut-être le cas, mais il est alors masqué par la froideur intérieure succédant au tumulte de mes émotions.
Ma poitrine se serre tandis que je ramasse mon arme, sentant d'un coup toute la douleur que l'adrénaline masquait. J'observe mon état. Je suis couvert d'écorchures, de plaies, de bleus naissants, et surtout d'une large blessure en diagonale partant du bas de mes côtes jusqu'au milieu de mon flanc droit. Elle pique et a l'air assez impressionnante, mais je n'ai pas la sensation qu'elle soit vraiment profonde.

Plongeant la main dans ma sacoche, j'en extirpe l'un des rubans ayant servi à fermer le sachet de balles de miel. Ma bouche est étrangement sèche, m'obligeant à forcer la venue de salive pour cracher sur le tissu. Repliant un peu ce dernier, j'appose la parcelle humidifiée contre ma plaie, tentant de la nettoyer en suivant le sens dans lequel elle m'a été infligée. Mon expression se durcit sous le renouveau de la douleur.

J'oriente mon regard en direction du bel oiseau à huppe bleue, me souvenant de ce que j'ai ressenti sur le dos de l'autre créature.
C'est une idée folle, mais après tout, rien ne m'empêche d'essayer. Une grimace entre amusement et exaspération marque mes traits.

(Enfin... Peut-être pas immédiatement...)

Pas après pas, je m'éloigne du corps meurtri et m'approche de la dépression sans l'atteindre. Ecartant mes ailes, je vais m'asseoir contre le pied d'un plant, rivant mon regard en direction du bel animal. Le ruban plaqué contre ma plaie, le corps de l'hybride encore en vue, je pousse un long soupir. Je ne sais pas vraiment comment j'ai réussi à m'en tirer, mais une chose est sûre. Si je recroise le lutin qui m'a fait ce coup-là, j'ai bien l'intention de le lui faire regretter, sauf s'il a une excellente raison qui pourrait m'en empêcher.


_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Dim 20 Mai 2012 02:20, édité 3 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 17 Mai 2012 01:40 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Lentement, j'appose l'arrière de ma tête contre le pied végétal. Je sens mon coeur chercher un rythme plus calme, m'accablant d'une soudaine lassitude. Ramenant le genou gauche vers moi, j'y place mon avant-bras. Mes yeux sombres scrutent, presque sans le voir, le corps encore chaud et dégoulinant de liquide rouge de la bête combattue. Je fronce le nez à l'idée que cette chose va sans doute attirer des êtres indésirables. Mieux vaut que j'ai filé d'ici là. Mais rien ne presse.

Tout en inspirant, je m'efforce de retenir une grimace au renouveau de la douleur. Ma plaie saigne encore, mais le ruban en absorbe une bonne partie. J'y jette un bref coup d'oeil. Ma peau bleue est tailladée et la blessure est loin d'être nette. La pensée qu'une immonde cicatrice puisse se former m'irrite. Ce n'est pas que je tienne à mon corps au point de l'idolâtrer, mais avoir une marque véritablement visible ne ferait que me rappeler comment elle a été faite. D'ailleurs, vu ma tenue, n'importe qui posant les yeux sur moi m'interrogerait sans doute la-dessus.

Un souffle amusé s'échappe par mes narines.

( Comme si j'allais répondre. Et de toute façon, il faudrait que quelqu'un soit assez stupide, proche et observateur pour le voir. )

Cette idée d'un autre être qui s'intéresserait à moi émerge un bref instant dans mon esprit. Appuyant le tissu contre ma plaie, ravivant la peine me tirant une mine sombre, je chasse immédiatement cette perspective. Quand bien même on m'approcherait, ce serait sans doute avec un tas d'arrière-pensées. Pour faire de moi un objet de curiosité, pour me dérober ce que je possède ou alors se servir de moi d'une façon détestable par exemple. Hypocrites, traîtres et lâches. Placer sa confiance dans une autre personne ? Autant armer un individu assoiffé de sang et lui tourner le dos en se bouchant les oreilles. Trop dangereux. Trop imprévisible. Loin d'être une valeur sûre. Et surtout, apte à causer une blessure importante voire inguérissable.

Amitié ? Camaraderie ? Support mutuel ou sentiments profonds ? Mon opinion sur ces sujets est bien arrêtée.

( Foutaises. Si ça existait, je ne me serais jamais retrouvé dans cette situation.)

Après m'être assuré que ma sarbacane a retrouvé sa place dans ma manche, je tâtonne ma sacoche. Mes doigts s'y faufilent, effleurant la gourde achetée ce matin. J'hésite. Je souffre, mais utiliser un remède pour cela risque fort de me causer du tort en cas de pépin plus important. Je me sens fatigué, et cette impression s'accompagne d'une sensation frustrante de vulnérabilité. Je prends sur moi, m'obligeant à rester attentif. Mes yeux balaient les environs pendant que je fais voler, à coup de souffle long, ma chevelure blonde. Il ne manquerait plus qu'autre chose surgisse.

Alors que je sens poindre une poussée d'amertume, mon visage se tourne en direction du bel oiseau. Afin de me distraire du tiraillement de mon flanc, je l'observe un peu plus attentivement.

Maintenant que je le vois un peu mieux, j'ai l'impression qu'il s'agit d'un jeune. C'est sans doute un harney, si j'en crois les connaissances issues de bouquins superbement ignorés par la brune. Il doit faire un peu moins du double de ma taille. Son oeil d'un bleu crissant est rivé sur moi, mais il a replié ses ailes. Il n'a pas l'air de me menacer, mais semble quand même sur le qui-vive. Sa longue huppe, d'un bleu presque plus clair que ma peau, s'élève à l'arrière de son crâne puis retombe contre son cou. Fermant un instant les yeux, je revois sa forme sombre, au ventre tacheté de bleu-gris, faire face au monstre à crête.

Dans ma poitrine, une étrange sensation émerge, au diapason d'une expression presque calme. J'ai été impressionné. Cet oiseau a fait preuve d'une vaillance dont j'ignorais cette espèce capable. Un individu hors normes. Mais à quel point ?

Rouvrant les paupières, je m'aperçois qu'il s'est penché dans le creux du sol. Je me rappelle soudain de l'autre oiseau, au plumage teinte blé mûr, qui n'a pas donné signe de vie depuis l'assaut. Etendant les ailes, je décide de me lever et, une fois debout, inspecte ma blessure. Mon liquide de vie a cessé de couler, mais je peux quand même nettement voir les filets séchés sur ma peau. N'ayant rien sous la main, je décide d'attendre de trouver un point d'eau clair pour me laver. En attendant, j'enroule le ruban autour de ma taille, sans le serrer trop fort.

Résistant à un léger vertige, sans doute du à mon rapide redressement, je me dirige vers la dépression. Mes yeux sombres se rivent à l'oeil vif de l'oiseau. Je le vois devenir tendu. Il se penche un peu en avant, relevant ses ailes, le bec claquant régulièrement. Il doit chercher à m'intimider, mais je ne suis pas d'humeur à reculer pour si peu. Certes, il a des pattes armées, mais par rapport à la bête écailleuse, sa défense est bien inférieure. Toutefois, je décide de moduler mon avancée pour ne pas l'effaroucher.

Posant un pied après l'autre, je ralentis mes pas et réduis leur taille. Je veux atteindre cet endroit et je le ferai, peu importe le temps que cela me prendra. Malgré tout, j'ai l'étrange envie d'éviter de lui faire du mal. Un caprice sans doute. Après tout, ce n'est rien d'autre qu'un animal. Pourtant, je préfère de loin éviter la confrontation. Lorsque son attitude à mon égard se fait plus menaçante, je réplique. Mes ailes argentées s'étendent de toute leur longueur, m'aidant à paraître plus imposant. A son cri aigu, incroyablement mélodieux à mes spirales auditives, je réponds par un son de gorge dénué de sens.

Il m'observe, ailes déployés, mais ne montre pas d'autres signes agressifs. Méfiant malgré tout, je poursuis mon avancée en essayant de me faire imposant, mais pas hostile pour autant. L'oiseau s'immobilise de l'autre côté de la dépression, gardant ses membres ailés tendus. Il ne fait cependant rien pour m'arrêter.

Après de longues minutes d'avancée au ralenti, je me retrouve enfin au bord du creux.
Mes yeux se plissent tandis que j'écarte lentement ma chevelure de mon visage.

( Je m'en doutais...)



_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Jeu 17 Mai 2012 04:26, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 17 Mai 2012 04:24 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr


Ce trou dans le sol, entre deux pieds de ces immenses plantes domestiquées, a toutes les caractéristiques d'un nid. Des bords hauts, un fond recouvert de feuilles et de brins d'herbe semblant presque noués entre eux, destinés à accueillir un être vivant. Mais ce n'est pas son architecture qui me fait ainsi plisser les yeux, non. C'est le spectacle prévisible, et pourtant qui me navre, que j'y trouve.

Allongé, les yeux clos, l'oiseau doré repose, inerte, au fond de ce creux. Quelques plumes de la même teinte sont éparpillées sur les herbes sèches. J'ai presque la sensation de voir l'un de ces tableaux que ces humanoïdes sans aucun goût appellent une nature morte tant tout reste immobile. L'oiseau présente des signes d'agression bien visibles. Sa nuque est déplumée et tâchée de sang sombre, contrastant avec la clarté de son plumage. Instinctivement, je passe une main écorchée contre ma propre peau. Je sais que j'aurais pu subir le même sort, mais moi, j'ai réussi à m'en sortir.

En l'observant, je pousse un léger soupir.

(Quel gâchis...)

L'une de ses ailes forme un angle trop étrange pour être naturel. Cette dernière recouvre presque, comme dans un dernier élan de protection, un duo d'oeufs à coquille teinte poussière. L'un d'eux est écrasé et l'oisillon qui devait s'y trouver aussi. L'autre est fissuré, suintant d'un liquide gluant et transparent. Il n'y a aucune chance pour que l'être fragile qui s'y développe puisse survivre. L'attaque de la bête a crête a anéanti toute vie présente et future dans ce nid.

Mes lèvres se pincent alors que j'en détourne le regard, rivant mes yeux à l'oeil presque inquisiteur de l'oiseau sombre. Le volatile doré avait sans doute déjà perdu la vie lorsque le lutin s'est permis de m'impliquer dans cette histoire. Pendant un instant, en repensant à la bravoure du harney bleuté, je perçois l'aspect tragique et vain de ses actes. Même maintenant, il se tient prêt à défendre son nid. Lorsque je fais mine de faire un pas de plus, il agite violemment ses ailes, m'envoyant une bourrasque préventive. Je tique, agacé par le côté inutile de sa résistance. J'ai beau savoir qu'il ne me comprend pas, je lui parle tout de même.

" A quoi cela te sert ? C'est trop tard. Tu n'as plus rien à défendre ici."

Bien entendu, l'animal ignore mes propos. Il fait même un pas supplémentaire dans ma direction, comme pour m'obliger à reculer. Je ne bouge pas. Mon impression de cette créature oscille entre la pitié et le respect. Je ne me rappelle pas que l'ouvrage ait mentionné une telle fidélité chez ces oiseaux. D'un autre côté, je trouve son attitude stupide. Combien de temps lui faudra-t-il avant qu'il comprenne ? Se rend-il seulement compte qu'avec la proximité de ces corps, les charognards peuvent le mettre en danger ?

Etrangement, j'ai beau ne plus être spécialement sensible devant la cruauté des lois naturelles, penser qu'un vulgaire chien errant, qu'un prédateur opportuniste ou même que l'un de ces imbuvables humains s'en prenne à lui, me plonge dans un agacement proche de la colère. Inexplicablement, j'ai une impression persistante que je dois m'attacher cette créature. Aucune des entités suscitée ne mérite d'approcher cet oiseau. De cela, je suis intimement convaincu.

Cette idée est stupide. Insensée. Je risque juste de me frustrer davantage, sans aucune garantie de résultat.

Pourtant, en regardant son envergure, j'imagine sans peine la caresse du vent sur mon visage, le mouvement gracieux de sa huppe dans le courant d'air, et le doux bruit de plumes fouettant l'air. Je sens une envie impérieuse croître en moi, à l'idée de diriger cet être vivant. Je veux tenter ma chance. Si je ne parviens à rien, tant pis. Mais dans le cas contraire...

Doucement, je replie mes ailes, diminuant le poids de ma présence. Si je veux l'approcher davantage, je dois d'abord l'amadouer pour pouvoir m'imposer à lui ensuite.

( Mais comment faire ?)

Ma main se pose sur ma sacoche, dont la friction du cuir ravive la sensation désagréable des écorchures. La solution qui m'apparait la plus évidente est de passer par son estomac. Reste à savoir si, après tout ce remue-ménage, cet être qui a su me toucher sans que je puisse expliquer vraiment pourquoi, accepte quelque chose de ma part.

Avec précaution, sans quitter du regard cet oeil attentif qui me fixe, ne disparaissant qu'une fraction de seconde sous une paupière, je fouille dans ma sacoche. Mes doigts effleurent l'un des sachets au lacet lâche, jouent avec celui-ci et extirpent une baie séchée. Je procède avec lenteur, m'amusant du soudain intérêt que cette créature fait naître en moi.

Levant la main, je montre l'objet au volatile, puis je le lance sur ma droite, non loin de lui. Sa première réaction est de battre brusquement des ailes en lâchant un son chanté. Je m'efforce de rester immobile pendant les longues secondes durant lesquelles il s'agite. En mon for intérieur, je suis légèrement agacé par son attitude. Ce n'est qu'une portion de nourriture, et je ne l'ai même pas envoyé dans sa direction. Je garde le regard rivé à son oeil, attendant la suite.

Il finit par sembler se calmer. Son profil se meut, mettant le fruit dans son champ de vision. Il ne bouge d'abord pas, alternant entre me garder à l'oeil et observer ce que j'ai lancé. Ma présence se fait aussi discrète que possible via une tentative de contrôle sur ma respiration. Je la bloque soudain alors que l'animal effectue un petit bond sur le côté. Aux aguets, il commence à se pencher et s'arrête presque à chaque seconde, comme pour s'assurer que je ne tente rien.

(Allez... Allez... Attrape-la.)

Imitant une pierre, je ne tente aucun mouvement. Ce n'est qu'au moment où le harney attrape et avale visiblement la baie que je me permets de respirer.

Peut-être que cette idée saugrenue a une mince chance d'aboutir. En tous cas, la situation est distrayante et me fait peu à peu oublier la voix de mon corps malmené.


_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Jeu 17 Mai 2012 18:32, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 17 Mai 2012 18:31 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Sans aucune brusquerie, je réitère l'opération. Une nouvelle baie prend place dans ma paume. Cependant, je m'aperçois que l'oiseau ne se concentre pas sur moi. Sa baie avalée, il fait mine de retourner se poster auprès de son nid. Je contiens de justesse un souffle agacé à l'idée qu'il va rester sur ses gardes si je reste trop près de son nid. Je prends l'initiative de décrire un arc de cercle pour contourner la dépression et reculer dans l'allée, sans briser ce lien de regard. La forme de la bête à crête apparait dans mon champ de vision, mais je n'y prête pas la moindre attention.

Tandis que je recule d'un bon mètre, j'arme mon bras. L'oiseau replie ses ailes, mais son attitude m'informe tout de même qu'il me garde à l'oeil. Levant la main, je lance la baie séchée devant moi, à mi-distance entre nous. L'être sombre recommence son manège, mais ma prise de distance semble le rassurer. Il met moins de temps à venir gober le fruit offert. D'ailleurs, sa gourmandise semble prendre le dessus sur son animosité. Son oeil bleu a beau me scruter, il ne fait pas mine de reculer.

Un sentiment fou et stupide d'espoir commence à prendre forme dans ma poitrine. J'en oublie presque la douleur de mes plaies. Bien vite, je cherche à me calmer. Si je suis trop agité, je risque tout bêtement de réduire mes efforts à néant.

( Respire... Tranquillement... Bon... On recommence...)

Par deux fois je lui fais parvenir un fruit séché, pratiquement sous ses pattes. Le voir se pencher de plus en plus rapidement, mais toujours en demandant des secondes interminables, me conforte. Petit à petit, j'entreprends de réduire la distance qui nous sépare. Pas en bougeant, non, mais en lançant les fruits convoités de plus en plus près de moi. C'est tout un changement. Autant le harney n'a aucun souci pour gober la nourriture à une bonne distance, autant ce que je tente de faire le laisse perplexe.

Une belle déception s'empare de moi quand il fait demi-tour, retournant se poster à son nid. Lentement, je secoue la tête de façon négative et pose un genou à terre. Je l'observe encore. D'un coup, je note que, de façon régulière, son oeil se pose sur le fruit puis sur moi. Je m'assois sur mon talon, jetant un rapide coup d'oeil à l'orée de l'allée. Je veux bien prendre du temps pour tenter de l'amadouer, mais pas me mettre en danger pour autant.

De longues minutes s'écoulent. Patient, je n'amorce pas le moindre mouvement, même lorsqu'un léger engourdissement s'empare de mon mollet. J'endure. Enfin, l'oiseau semble se décider. Pas après pas, s'arrêtant dès qu'il m'aperçoit dans son champ de vision, il se rapproche du fruit et se fige. Avec vivacité, il s'en empare et effectue un bond en arrière, s'aidant de ses ailes.

J'ai du mal à retenir un souffle nasal amusé. Peut-être que ma posture, bien moins impressionnante, le conforte dans une fausse supériorité. Je ne sais pas combien de temps cela va prendre, mais je sais que je peux le faire se rapprocher encore.

(J'ai bien fait de faire ces emplettes supplémentaires, finalement.)

L'oeil azur se rive à ma main alors que celle-ci sort un autre fruit convoité. Lentement, je le lance, réduisant encore la distance. Le même manège se produit, mais sans doute son exploit précédent l'aide à prendre confiance. Petit à petit, l'écart se réduit, même si sa méfiance croît en parallèle. Bientôt, je suis en train de poser le fruit à longueur de mon bras de moi. De nouveau, cela marque une épreuve pour l'oiseau bleuté. Je le vois se mettre à marcher parallèlement à ma position, comme jaugeant la difficulté.

Je m'amuse de son attitude, et en même temps, je me sens étrangement ravi. Je ne sais pas combien de temps s'est déjà écoulé, mais je n'en ai cure. Le harney, après de longs instants de réflexion, entreprend un coup d'éclat. Il fait un bond, s'aidant de ses ailes, attrape la récompense, et fait marche arrière avec une vivacité impressionnante. Mon visage ressent le déplacement d'air déclenché par ses membres à plumes. Pendant ce bref instant, je me surprends à être subjugué par l'éclat de sa huppe et son mouvement fluide. Il y a quelque chose de beau dans cet animal, un élément qui a disparu de mon environnement depuis des années.

L'envie de voler avec lui se fait de plus en plus pressante. Voir ses ailes sous l'éclat d'un soleil matinal est un désir qui prend le pas sur mes autres priorités. Je me ravise soudain, relativisant. Avant qu'une telle chose se produise, je dois d'abord le laisser s'habituer à moi, et surtout, à m'accepter sur son dos. C'est sans doute cette étape qui va s'avérer la plus délicate.

Décidé cependant, je pose les bases d'un nouvelle épreuve pour le volatile. Je me redresse doucement, maugréant intérieurement, pestant contre le fourmillement présent dans mon muscle. Je garde le silence cependant, et, défiant presque le harney du regard, je tends mes paumes à plat. Dessus, le fruit désiré. S'il le veut, il va devoir venir jusque-là. Je retiens mon souffle. Ses précédentes réussites semblent avoir renforcé sa confiance en lui, au point qu'il se permet d'avancer vers moi sans marquer d'hésitation. Il reste là, immobile. Seul son profil, offrant son oeil comme seul point coloré, bouge.

Il recule, s'avance de nouveau, se met à décrire un lent cercle autour de moi. Puis, comme décidé, il attrape le fruit et se décale. J'ai l'impression d'avoir fait un grand pas en avant. Elle se renforce, s'affirme même, quand l'oiseau se rapproche d'un pas en me voyant plonger de nouveau la main dans ma sacoche. Par deux fois, la chose se reproduit. Je veux tenter ma chance, le toucher à sa prochaine tentative.

(Sauf que si je bouge, il va hésiter...)

J'observe ma paume tendue sur laquelle repose l'appât. Le plus simple serait que lui me touche. Une idée me vient et, lentement, je place ma main libre au-dessus de l'autre, estimant le volume de la tête huppée. Il n'a pas le choix. S'il veut prendre cet aliment, il va devoir glisser son bec entre mes mains, sa huppe venant forcément toucher ma peau.

Le volatile observe ce schéma encore différent et marque une véritable hésitation. Je peux le comprendre, mais je suis si intéressé par cet événement que je sens mon coeur battre de plus en plus fort. Les coups résonnent dans ma tête au point que mes pieds semblent pulser aussi.

Soudain, je cesse de respirer. Le harney tente une approche. Il s'arrête, reprend, stoppe une nouvelle fois. Enfin, son bec est à proximité de mes doigts. Je sens presque sa chaleur approcher. Sa huppe se fait plus grande à mesure qu'elle se rapproche. Ma peau anticipe le contact avec les plumes claires. Un mince sourire commence à prendre forme sur mes lèvres pulpeuses.

Ca y est presque.


_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Jeu 17 Mai 2012 22:47, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 17 Mai 2012 22:24 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Mon coeur bat la chamade, faisant trembler légèrement ma main. Jamais je n'ai ressenti une chose aussi forte. Cette créature magnifique est là, si près, à portée de doigts. Sous mon index, je sens à peine la faible caresse d'une plume bleutée. L'oiseau ouvre le bec, attrapant le fruit doucement. C'est à mon tour d'hésiter. Si je bouge, je vais mettre fin à ce fragile équilibre. Je veux apposer mes doigts sur son plumage, mais je redoute une réaction vive de retrait. J'inspire doucement, n'ayant pas encore pris ma décision quand un bruit sourd et régulier, de plus en plus fort, résonne.

Le sol tremble aussi. Le harney se recule si vivement qu'il en lâche le fruit au-dessus de ma main. Ses ailes s'étendent et frappent l'air alors qu'il semble vouloir prendre son envol. Mon muscle cardiaque loupe un battement en voyant mes espoirs anéantis. L'animal réagit à une brutale interruption. A l'entrée de l'allée, une très haute silhouette se dessine. Tunique grossièrement tissée, courts cheveux hirsutes, une peau brunie par le soleil et des sabots. Un humain ! C'est l'un de ces maudits humains ! La haine prend le pas sur les émotions positives que j'ai ressenti jusque-là. Il se rapproche à grandes foulées sonores, tenant une faux trop grande pour lui en main.

L'oiseau vole en direction de son nid, mais il est trop tard. Cet abruti de géant est trop proche. Lorsque son regard se pose sur la bête à crête, le mâle humanoïde pousse un hurlement dégouté. Il s'en écarte, ramenant un bras devant son visage. Une voix que j'ai déjà entendue s'élève.

"Attention !"

L'arrivant trébuche et pose le pied sur le rebord du nid. Je vois, rongé d'impuissance, ce pan de terre s'écrouler à l'intérieur du creux. Le harney, volant à hauteur d'yeux de l'humain, pousse un cri strident. Toutes serres dehors, il tente d'agresser ce ramassis d'erreurs vivant. Celui-ci, pestant, hurlant et jurant comme une femelle qui s'est cassé un ongle, agite sa faux. Heureusement, cet abruti à l'apparence d'un enfant trop grand est si maladroit que la lame se plante dans l'un des végétaux proches, brisant ce dernier. Cette agitation est si soudaine et violente que le bel animal semble céder à la peur.

Je le vois commencer à s'élever et faire demi-tour. Non ! Je refuse de le regarder partir sans rien faire ! J'étends les ailes, amorçant mon vol à sa suite. Je suspends mon mouvement quand la voix que j'ai déjà entendue s'élève. Je sens le regard de l'humain sur moi. Il est bouche bée, larmes aux yeux, incapable de parler. Ce n'est donc pas lui que j'entends. D'un coup, j'aperçois, lové contre son cou, le traître miniature qui m'a jeté en pâture au monstre.

" Tout va b..."

Je le coupe, la voix chargée d'une haine profonde, la main sur la manche contenant ma sarbacane. Je l'invective sans la moindre retenue.

"Pauvre crétin ! Lâche ! Assassin ! Si jamais nos chemins se recroisent, tu n'auras pas assez de temps pour t'en mordre les doigts !"

J'ai envie de lui régler son compte, ici et maintenant, mais mes pensées sont toutes tournées vers le magnifique oiseau. Cet humain me regarde avec attention. Sentir son affreux regard sur moi, et surtout le ruban tâché de sang, m'irrite davantage. Dans un geste rageur, je lui lance le fruit sec dans la figure. Je ne le regarde pas cogner, prenant la suite du harney. Je dois faire vite avant de le perdre pour de bon.


_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Jeu 17 Mai 2012 22:47, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Jeu 17 Mai 2012 22:44 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Inquiet, je m'élève, ne me souciant plus d'être possiblement découvert par d'autres êtres. Je le cherche frénétiquement, le voyant finalement se diriger au-dessus d'un vaste champ, dans la direction opposée aux murs. Il va vite, très vite. Coupant mon souffle, je bats des ailes comme je ne l'ai jamais fait, pas même lorsque j'ai fui la villa. Je veux le rattraper. Mes membres de plumes m'insultent, me somment de ralentir, mais j'en fais fi.

Enfin, après une poignée de secondes intenses, je parviens à sa hauteur, sur sa gauche. Dès que son oeil bleu me voit, il amorce un virage à droite qui me prend de court. Vif, agile, il se lance dans une échappée digne des plus grands rapaces. Plaquant la main contre mon torse, je le suis, essayant d'anticiper ses mouvements. Lorsque j'arrive à sa gauche, il bifurque à droite, et son contraire de l'autre côté. Je sens que je ne vais pas pouvoir tenir longtemps au rythme qu'il impose. Je dois le piéger.

Puisant dans mes forces, je m'élève davantage dans les airs, sans le perdre de vue. Je le vois voler en cercle, comme à ma recherche. J'attends le moment propice. Je veux lui fondre dessus et l'attraper.

(Mais il va se défendre. Comment ne pas lâcher prise ?)

Soudain, j'aperçois un bout du ruban flottant dans l'air. C'est peut-être ma solution. Gardant le tissu enroulé une fois autour de moi, j'agrippe les pans libres dans mes mains. Mes ailes faiblissent. Je dois me dépêcher. Quand je vois le harney prendre un rythme de vol plus lent, et en ligne droite, je n'hésite plus. Ramenant mes ailes dans mon dos, je fonds sur lui. Trois mètres. Il ne m'a pas encore entendu arriver. Deux mètres. Il continue son vol. Plus que quelques centimètres.

Ca y est !

Avec rudesse, je me plaque contre son dos, les bras autour de son cou. Jouant sur ses quelques secondes de confusion, j'échange les bouts de ruban et les tire en arrière, les enroulant autour de mes poignets, et me plaquant par la même occasion contre lui, entre ses ailes. L'oiseau laisse échapper un sifflement outré et s'agite brusquement. Je sens le ruban s'enfoncer un peu dans ma peau, réveillant la douleur de mon flanc. Il fait du sur-place, tentant d'atteindre le ruban de ses pattes.

En vain.

Fatigué par mon vol, je subis sa tentative pour se défaire de moi. Je peux sentir son rythme cardiaque s'élever sous son plumage avant qu'il ne se mette à faire des acrobaties. Il démarre brutalement, prenant un virage serré sur sa droite. L'air glisse sur lui, m'apportant des relents froids. Il tente une vrille à toute vitesse. Par réflexe, je ferme les yeux, entre peur croissante et sensation vivifiante. Je ne sais pas comment décrire ce que je ressens. Je me sens vivant, c'est tout ce qui me vient à l'esprit.

Mes pieds décollent de son plumage alors qu'il tourne sur lui-même, mais le ruban résiste, sans doute coincé entre deux rangs de plumes. Je suis certain que mes poignets vont se couvrir de bleus violacés à cause de ce traitement, mais je m'en moque éperdument. Soudain, il s'élève, m'envoyant des rafales de vent dans la figure, ainsi que sa huppe. Saisissant l'occasion, je l'agrippe, séparant les plumes en deux lots que je garde en main, contre le bout des rubans. Il stoppe bientôt sa montée et, sans laisser aucun indice trahir ses intentions, fait un bref moment de vol stationnaire.

(Hum ? Déjà calmé ?)

Méfiant, je fais semblant de relâcher un peu la pression du ruban. A l'instant même où il voit une opportunité, l'oiseau effectue un piqué. Ses ailes se replient, m'abritant malgré lui entre son dos et elles. La vue sur les champs que j'ai, au-dessus de sa tête, est incroyable. Ce ne sont plus des formes, mais un amas de couleurs vibrantes qui s'enchevêtrent. Sa rapidité m'enivre. Je ne savais pas qu'il était possible d'aller aussi vite. Je me trompais. Mon coeur bondit dans ma poitrine et un sourire, comme je n'en ai jamais eu, s'affiche sur mon visage. Je ne ressens plus de douleur ou de haine. Seule cette sensation de liberté infinie m'envahit. Un cri exalté m'échappe.

"YAHOUUUU ! Haha !"

Suivant mon instinct, je me mets à effectuer une légère traction sur la partie droite de la huppe bleutée. L'oiseau secoue violemment la tête pour me faire lâcher prise, mais je tiens le choc. Je réitère l'opération, le gênant lorsqu'il veut aller dans une autre direction. Doucement mais sûrement, je tente de lui imposer ma volonté. Sans brutalité, je cherche à le diriger. Il ne suit d'abord pas mes instructions, se permettant de vriller ou de retenter des pointes de vitesse. Il me fait un peu penser à ma propre façon de réagir. Il est sauvage et magnifique, bien plus que je ne le serai jamais.

Il vole longuement, tentant toutes sortes de ruses acrobatiques pour me faire partir. J'ignore combien de temps passe ainsi, pendant cette lutte de volontés. Cependant, au bout d'un long moment remplit de rebondissements, son rythme me semble un peu moins rapide. Il doit certainement commencer à fatiguer.

Il est temps de marquer une pause.

Du regard, j'avise un petit groupe d'arbres en bordure de champ et tente de l'y diriger. Nos idées auraient-elles coïncidé ? Toujours est-il que l'oiseau répond cette fois à ma directive. Arrivé au-dessus des végétaux, je lui fais décrire un cercle, cherchant un moyen pour le faire se poser. J'étends mes propres ailes et m'en inspire pour l'inciter à descendre. Je m'étends contre son dos et, du bout du pied, je fais légèrement ployer le bas de ses ailes.

Quelque peu gêné, l'animal amorce une descente vers une branche large. Je patiente, aussi immobile que possible, pour lui laisser le temps de se maintenir sur la branche. Sous moi, je perçois nettement les pulsations de son muscle de vie. Je me sens ravi, empli d'une vigueur nouvelle et d'une joie indéfinissable. Sans pour autant lâcher quoique ce soit, je bouge un peu contre le haut de son dos, attrapant ma sacoche.

(Je me demande...)

Attrapant un fruit sec, je me penche sur son profil gauche, observant son oeil. Ma main lui montre le fruit que je finis par déplacer à portée de son bec. Je retiens ma respiration une nouvelle fois.

Sans que cela soit véritablement visible sur mon visage, je me sens bientôt rassuré.

Le bel oiseau vient de prendre et gober ce que je lui ai offert. Avec précaution, je me met à lisser sa huppe sur toute sa longueur. Je ne sais pas si j'ai véritablement atteint mon but. Pour cela, il me faut sans doute descendre. Mais pour le moment, je continue de caresser ce plumage clair avant de lui offrir un dernier fruit. Gardant une moitié de huppe dans la main, je m'apprête à retirer le ruban.

(Ca va être le moment de vérité.)



_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Dernière édition par Nessandro le Dim 17 Juin 2012 17:51, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 17 Juin 2012 17:50 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Site Internet  Profil

Inscription: Mer 14 Mar 2012 17:44
Messages: 762
Localisation: [Quête 34] Kendra Kâr



Etrange sensation que d'être à la fois tendu et pourtant pas angoissé. Je suis pris dans ce paradoxe émotionnel alors que je vois le ruban glisser le long du plumage sombre et bleuté du harney. Je redoute sa réaction, pris de l'espoir fou qu'il va m'accepter. Un léger souffle de vent dégage mes cheveux blonds de mon visage alors que je retire la bande de tissu. Attentif, je demeure immobile. L'animal fait de même un bref instant, puis ses ailes s'étirent et s'agitent un peu. Mon sang ne fait qu'un tour. Je crains un brutal mouvement et m'y résigne, trop las pour lutter davantage. Mes yeux se ferment vivement, et je m'attends au choc du bois contre ma peau.

Mais rien ne vient.

Le bel oiseau n'a pas tenté de me faire chuter. Je hausse un sourcil, rouvrant les yeux, et le découvrant simplement en train de lisser son plumage, là où le tissu l'a retenu. Incrédule, je garde en main la moitié de sa huppe tandis que je me laisse glisser à sa droite. L'oeil de ce bleu si particulier se rive à mon visage un instant. J'ai l'impression d'être jaugé, jugé, mais surtout...

(Accepté. J'ai réussi ?)

De ma main libre, j'effleure ma sacoche et en extirpe une nouvelle baie séchée à l'odeur sucrée. Tendant ma paume, j'offre ce fruit à mon compagnon à plumes. Il ne faut guère que quelques instants pour que le harney l'aperçoive, le prenne de ma main sans se presser et le gobe. Une étrange chaleur grimpe dans ma poitrine. Je ne sais pas ce que c'est, mais la sensation n'est pas désagréable. Décidé, je prends le risque de le lâcher totalement. Doucement, la caresse des plumes de sa huppe sur ma paume se fait moins présente, jusqu'à ce que je l'ai laissé aller.

L'oiseau secoue légèrement la tête, fait un bref battement d'ailes, mais il reste sur cette branche, à mes côtés. Je n'ai plus le moindre doute, ce harney n'a plus peur de moi et n'éprouve plus de méfiance non plus. J'ai tout de même du mal à réaliser ce que je viens d'accomplir. Pourtant, la sensation peu agréable issue de la friction du tissu sur ma peau m'indique que tout ceci est bien réel. Je me vois, plus que je n'ai la sensation de le faire, caresser le profil de l'animal puis poursuivre mon geste jusqu'à la ligne de plumes malmenées. Sans brusquerie, je les effleure et les lisse, cherchant à les replacer un peu plus correctement.

Un mince son chanté me parvient. Court, clair, aigu mais pas trop. C'est la voix de ma monture. Maintenant que j'y pense, l'appeler monture ou harney me parait assez impersonnel. Flattant son plumage, sentant son regard attentif, presque curieux même, je m'adresse à lui sur un ton calme.

"Et si je te donnais un nom ?"

L'être à plumes me fixe un instant, puis il se remet à lisser sa tenue naturelle, avant de s'attaquer au nettoyage de son aile gauche. Tout en défaisant le ruban de ma taille, salie par le liquide de vie perdu, je réfléchis. Jamais je n'ai du choisir un nom auparavant, sauf le mien, mais que j'ai déformé à partir de celui dont cette crétine, brune, sans goût, et pimbêche, de bourgeoise m'a affublé. Ce harney m'évoque ma propre personne dans son attitude. L'idée de me baser sur mon ancien nom aldryde, que je vais aussi déformer, me vient naturellement.

Décidé, j'appose ma main contre son cou, effleurant son plumage.

"Que penses-tu de Lyïl ?"

Mon visage se peint d'un air amusé lorsque, à l'entente du son étrange que je viens de prononcer, la monture me gratifie d'un regard appuyé. Une fois, une autre, et encore une. Je répète ce son tout en maintenant le contact avec la bête. Au bout d'un moment, l'oiseau émet un sifflement mélodieux dont la note la plus aiguë ressemble à mon intonation. J'émets un souffle amusé avant de remarquer que Lyïl vient de détacher son regard de moi. Suivant sa ligne de vue, je sens mon visage se durcir et ma peau se hérisser spontanément. Plusieurs silhouettes de grandes tailles, dont je perçois déjà le bruit horripilant censé leur servir de voix, se rapprochent du petit groupe d'arbres où nous nous sommes posés.

Cet agacement nouveau constitue la goutte d'eau faisant déborder le vase. J'en ai plus qu'assez de ces humanoïdes gigantesques, toujours là où il ne le faut pas, et avec la manie d'arriver exactement au mauvais moment. Il est temps de m'en éloigner pour de bon.

Mes yeux sombres observent un instant ma monture, mais rien ne semble indiquer qu'il ne puisse plus voler. M'aidant de mes membres argentés, je me place sur son dos. Je change ma posture, de sorte à être assis, les genoux contre la base de son cou, sa huppe divisée en deux dans mes paumes. Lyïl ne manifeste aucune réticence alors que je glisse mes pieds légèrement sous ses ailes. Aurait-il compris mes intentions ? Ses bras de plumes s'étendent et, lorsque je tire doucement sa huppe vers l'arrière, il prend son envol avec légèreté.

(Bien. Et maintenant ? )

Alors que le harney s'élève, je me rends compte que le soleil, à travers les nuages, est déjà au zénith. J'oublie bien vite ce détail, lorsque je dois prendre une décision sur ma destination. Voler au-dessus de la mer ? Pour aller où ? Faire de même au-dessus de plaines à découvert vers l'Est ou l'Ouest ? Hors de question. C'est un genre de situation où ces abrutis de géants pourraient avoir l'idée saugrenue de s'essayer au tir à l'arc sur cible vivante. Et je sais que ces fous en seraient capables. Les imbéciles sont les premiers à tout tenter, et existe-t-il seulement plus ramassis de tares qu'un être humain ? Non, ou alors ce doit en être un dérivé, voire une femelle.

Je n'ai donc qu'une solution, pour laquelle j'opte immédiatement. Tournant le dos au tas de pierres blanchies grossièrement organisées, et sans le moindre regret, je pousse Lyïl à voler vers une masse sombre.

Direction l'immensité végétale, droit au Nord.


_________________


"Être libre, c'est ne pas s'embarrasser de liens."


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 9 Oct 2012 18:35 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 13 Aoû 2011 11:13
Messages: 3843
Localisation: Niort
Dirigé d'Elylia


Après avoir passé les portes de la ville, vous vous retrouvez rapidement dans les terres cultivées autour de Kendra Kâr. Des plaines verdoyantes, des champs en fleurs, des sous-bois, voilà ce qui s'étalait devant vous à perte de vue. Eroma menait la route vers ce qui semblait être une ferme.

- "Tu vois la ferme là-bas, elle est abandonnée. Elle permet de rejoindre un réseau souterrain où se cache le bandit et ses acolytes qui selon mes sources détiennent l'épée que tu convoites."

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 16 Oct 2012 16:16 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 30 Juil 2010 21:43
Messages: 476
Localisation: ° Kandra Kâr °
Les jours passent durant lesquels mon corps se rafistole seul et me fait souffrir plus ou moins intensément. Les atèles et autres bandages me permettent de ne pas aggraver la situation, mais ma réminiscence n'est pas aussi rapide que si j'avais été soigné par des médecins. Néanmoins, j'apprends petit à petit à connaître mes hôtes. Des gens charmants. Plus ou moins...

La jeune fille qui m'amène les repas dans ma chambre n'est autre que l'enfant d'un vieux couple pas très accordé. L'homme est trapu, de petite taille, sa barbe grisonnante et touffue lui donnant un air sévère. La seule chose chez lui qui est aussi imposante que cette dernière est son nez volumineux, jurant affreusement sur son visage fin. On aurait put croire à un descendant d'un croisement entre un nain et un elfe. Dans tous les cas, ça m'en donne un aperçu et, au nom de Yuimen, que jamais tel croisement ne soit fait !
Contrairement à lui, sa femme est grande, fine, le teint pâle et les cheveux blond. Elle ressemble beaucoup à sa fille, la jeunesse en moins. Ses yeux vert ne se font que peu remarquer cependant, son regard fuyant prenant le dessus. Si je peux qualifier son comportement d'un quelconque terme, ce serait soumise. Complètement. Jamais au grand jamais n'ose-t-elle parler sans le consentement de son époux - celui-ci se gardant bien de le lui autoriser.
D'ailleurs, leur enfant se comporte de la même façon. Il semble que l'homme de la famille inspire plus la crainte que le respect. Crainte qui, je présume, est justifiée et entretenue par les nombreuses marques qu'arborent les deux femmes. Les bras, les jambes, le visage. Tout ce que j'ai pus voir de leur corps est parsemé de coups. Mal avisé serait l'homme qui ne prêterait pas attention à ceux-ci.

Bien que le père de famille émet de nombreuses réticences quant à mon hébergement,  je ne pense pas partir trop rapidement. Au moins quand je suis là, il se tient bien. D'autre part, je ne suis pas un saint, mais je ne peux laisser deux femmes sans défense souffrir de la sorte. Je ne sais si je pourrais les aider d'une quelconque façon, mais être là suffit à leur donner un semblant de répit.

A la tombée de la nuit, presque chaque nuit, la jeune femme me rejoint dans ma chambre et m'écoute conter mes histoires de mercenaire. Cela la passionne énormément et j'ai souvent du mal à la convaincre d'aller dormir. Je ne compte plus les nuits passées en sa présence, néanmoins, cette fille me procure encore plus de bien que je ne peux lui en donner. Sa compagnie est agréable. Et puis, discuter avec autre chose que des gros barbares armés de hache de d'épée est intéressant.
Je reste cependant sur mes gardes, il ne faut pas qu'elle s'attache trop à moi. Mon corps se remet de jour en jour et je vais bientôt devoir les quitter. Mais le mystère reste entier. La petite fillette qui m'avait montré la voie pour m'en sortir, je ne sais toujours pas d'où elle vient.
J'ai essayé de poser des questions sur elle au sein de cette famille, mais aucune réponse cohérente ne m'a été donnée. Pourtant, cette chambre. Celle où je dors. C'est bien à une fillette qu'elle appartient. La grande à sa chambre, ainsi que les parents qui font lit commun. Pourquoi une chambre de plus alors ? Étant donné la famille, il me semble évident que ce n'est pas une chambre d'ami.

Encore des questions, toujours des questions, trop de questions. Jamais de réponse. C'en est épuisant. Mais bon, je reste positif, ce ne sont pas mes problèmes.

Je me réveil en pleine nuit, interpellé par des bruits. La jeune fille a depuis longtemps quitté ma chambre pour rejoindre la sienne mais mon sommeil était encore léger. Cela vient de la chambre des parents, à en juger par la nature sexuelle des sons qui me parviennent.
Je tourne sur moi-même et me recouvre la tête d'un oreiller, sans succès. Il me faudra attendre qu'ils aient terminé si je veux pouvoir espérer me rendormir.
Au bout de quelques secondes cependant, j’entends des coups contre le mur, ainsi que les gémissements pervers et désagréables du gros lard. Mais la chose qui me choque le plus, qui me glace le sang même, c'est que le mur en question n'est pas celui de leur chambre, mais celui de leur fille. Triste constat.
Il se passe un court moment durant lequel j'écoute les bruits sourds, à la recherche d'un espoir, l'espoir que j'ai tord. Je ne veux pas croire en ça. Il m'est arrivé dans mon passé de voire certaines choses odieuses, affreuses, mais ça...
Je ne peux retenir ma rage, je me lève en sursaut, prend mon épée à la main et me dirige vers le couloir. Il ne peut pas. Il n'a pas le droit ! Qu'elle mère pourrait laisser sa fille se faire violer par son propre mari ? Quel homme pourrait faire ça à son enfant ? Mais bordel, dans qu'elle maison suis-je tombé ?!

Mon pas me semble de plus en plus lourd, ma tête me fait mal et des vertiges me prennent. Au fur et à mesure que j'avance, il me semble que je recule. Je vois la porte de ma chambre se renverser. Ou bien est-ce moi. Peut importe. Je suis à terre et mes paupières se ferment lentement.

Aspergé de lumière par les rayons d'un soleil à son zénith, trimballé et chahuté par les à coups de la carriole, je me réveil en bien mauvaise posture, à demi adossé contre ce qui semble être des barreaux. D'un regard je juge ma couche. Je me trouve dans une sorte de cage, embarquée sur un chariot. Sur ma cuisse repose la tête d'un ange. Une elfe aux cheveux blonds dorée reflétant les doux rayons de notre étoile. Son visage est très fin, comme la plupart de ses congénères. Elle est habillée très noblement, ce qui me laisse à penser qu'elle ne manque pas de moyens. Même si sa tenue semble avoir vécue une guerre et n'est plus toute jeune.
Mes mouvements la réveille, ce qui me permet de voir son magnifique regard bleu azur. Un regard empli de bonté et de tendresse. A ma vue, elle me sourit timidement et se redresse à moitié.
Nous ne sommes pas seuls. D'autres captifs partagent notre prison.
Deux humains frêles, le teint sombre, les cheveux bruns et un regard fuyant. Un autre, couché et dormant dans un coin est bien plus poilu. Un woran tigré. Je ne vois que très peu son visage, celui-ci étant enveloppé sous une capuche violette. Qu'importe, tous ces animaux ont la même tête de toutes façons. Il est accoutré de façon bizarre, avec un pagne bleu et une grosse ceinture lui tenant la taille. Il porte aussi des mitaines de la même couleur, permettant à ses griffes de sortir. Il ne lui manque qu'une laisse pour le promener, en mon sens.

Je scrute alors les alentours de notre cellule mouvante. C'est une troupe de mercenaires qui est notre hôte aujourd'hui. De bien sales gueules pour nous conduire. A vu d’œil, une petite vingtaine.
J'ai peine à croire que nous soyons ainsi prit au piège. « L'autre » n'a pas su nous protéger. Quel idiot. Si seulement je pouvais en être débarrassé.
Patience. Bientôt, bientôt. Si la rumeur dit vraie, bientôt...

A mesure que notre charmant carrosse avance, je discute avec la belle et grande elfe présente avec moi. Les trois autres détritus se contentant de nous écouter ou de regarder le paysage.
Celle-ci m'apprend qu'elle fait route avec moi depuis pas mal de temps déjà. Du moins, avec nous. Elle avait accompagné "l'autre" pendant un temps et s'était faite capturée pendant notre sommeil. Ce lâche m'ayant abandonné quand ça devenait trop difficile. Je ne m'en étonne pas, j'y suis habitué. Après tout, je vis avec depuis toujours.
Elle s'appelle Essinda. J'ai toujours eu du mal à donner un âge au elfe, mais je suppose qu'elle n'a pas beaucoup plus que la majorité elfique. Elle semble jeune.

L'arrivée d'une tiers personne dans ma vie ne me rend pas les choses plus aisées. Je peine à lui faire comprendre pourquoi je ne me souviens de rien et à mesure que mes mots sortent de ma bouche, je vois son visage se décontenancer. Si seulement je pouvais, moi aussi, le laisser revenir et intervertir notre place...

Le woran commence alors à discuter avec ce qui semble être la garde de notre convois. Deux cavaliers marchant au pas de part et d'autre de la calèche. L'un deux est de taille moyenne, avec une capuche en cuir et une armure de fer. Je n'aperçois pas son visage. L'autre est bien plus costaud. Pesant au minimum une centaine de kilos, tout de muscle, des cicatrices affreuses jonchant son visage. Dans son dos trône une hache en acier à double tranchants de taille imposante, ainsi qu'un arc en bois de mauvaise facture.

"Dite monchieur. Ch'est votre chef là-bas devant ? Il semble frêle et enfantin non ? Je prendrais pas peur à la vue d'un homme comme cha personnellement." La voix du tigré est roque et grave. Pas très agréable à l'écoute. On dirait même qu'il a avalé l'un de ses congénères, à tel point que ce n'est pas un cheveux qu'il a sur la langue mais une énorme touffe.

"Que dis-tu, animal ?! N'insulte pas notre chef comme ça. Il pourrait te faire couper la langue !"

"Che n'est point mon intention de l'insulter mon bon monchieur. Je pense chuste que pour être chef, il faut être le meilleur des choldats qu'on commande. C'est ainchi dans ma tribue. Et vous me semblez bien plus fort et compétent que che gamin. Mais che n'est que l'humble jugement d'un "animal" monchieur. Je vous prie d'excucher mes propos."

Le garde en question, à la carrure plus qu'imposante il est vrai, regarde fixement le chat d'un air mauvais. Quelques secondes passent, puis il détourne son regard pour le lancer en direction du dit leader de leur groupe. Il ne semble pas vraiment convaincu, mais je sens qu'il en faut peu pour que le woran arrive à ses fins. Je tente alors une petite boutade destiné à renforcer les propos de ce dernier.

"Il est vrai que ce soit disant chef n'aurait pas eu sa place dans mon ancienne troupe. Chez nous, on se défiait en duel pour savoir qui commanderait."

Ce vieux con tourne sa tête d'un air vif vers moi et me sort violemment :

"Tais toi vermine ! Crois-tu qu'il est notre chef pour la simple raison qu'il l'a décidé ?! Il est bon bretteur, le bougre ! Je n'arriverais pas à le tuer si facilement..."

Je comprend alors le fond du problème. Mais le tigré le saisit plus rapidement et ne se fait pas prier pour y remédier.

"Peut-être qu'avec une diverchion quelconque, sa vie pourrait... S'écourter ? Comme un groupe de prichonniers qui ch'évade par exemple...? "

"Espèce de... ! Tu veux dire que... ?! Je vous fais sortir et... ?! Non de non, c'est absurde !"

"Allons allons mon bon monchieur. " renchérit le félin.
"Je ne parle pas de vous bien entendu. Je ne parle uniquement que d'une porte qui ch'ouvre malencontreuchement, permettant à quelques eschlaves de prendre la fuite. Mal avisé cherait l'homme qui vous en prendrait pour responchable. Néanmoins... Une flêche perdue arrive tous les jours. Votre chef ne cherait pas le premier à périr de chette fachon..."

Le gredin regarde le woran, incrédule, comme s'il venait de comprendre que celui-ci était doué de la parole. Il glisse sa main doucement dans l'une de ses poches, puis, subrepticement, envoie une clé au travers des barreaux.
L'animal s'en saisit et les deux autres captifs s'agitent. L'elfe et moi restons silencieux. Il faut bien sûr attendre le bon moment pour ouvrir la cage. Il ne serait pas futé de s'échapper au beau milieu d'une plaine, sans aucun endroit pour se réfugier et échapper aux flèches. D'autre part, il serait intéressant de s'inquiéter d'un armement. Mon katana n'étant, bien entendu, plus accroché à ma ceinture.
Détail qui s'arrange de lui-même puisque le chat me montre, d'un geste de la main, l'arrière de notre carriole. A cul de celle-ci, deux mules nous suivent avec, sur leur dos, ce qui semble être nos effets personnels. Du moins, ma lame y est accrochée ainsi que bon nombre d'autres armes et quelques bourses. Surement leur butin.

Ce compagnon poilu se trouve fort utile finalement. Je n'aurais jamais pensé qu'un chat sur pieds puisse être si bon orateur. Sans compter sur le facteur chance. Qui aurait imaginé qu'on nous aurait collé le mercenaire le moins fidèle et le plus cupide jamais aperçu dans une troupe comme garde du convois ?

Après quelques phrases de plus échangées avec notre associés de fortune, nous apprenons que le lieu le plus adapté pour une fuite serait un bois, à deux heures de notre position. Des arbres à foison pour se protéger des projectiles et pour se cacher de nos poursuivants. Effectivement, c'est le plus adapté. Néanmoins, je serais plus serein à cheval, mais nous verrons cela plus tard. Ma dernière fuite m'a valu quelques inconvénient fâcheux. Je ne sais d'ailleurs pas jusqu'à quand remonte-t-elle, ni ce qui est arrivé à cette famille. Je n'ai que très rarement de souvenir lorsque c'est lui qui est réveillé. Fait que je n'ai jamais su expliqué, étant donné que lui se souvient toujours de tout.

La calèche avance lentement tandis qu'au même rythme, mes paupières s'alourdissent et me plongent dans un semi-sommeil.
Je me réveil dans les bras d'une belle créature. Créature qui n'est autre que Essinda, l'elfe qui m'accompagne dans mon voyage. Elle est allongée à mes cotés, l'un de mes bras la tenant par la taille. Ses doigts parcourent mon corps nu, mon regard admire le sien, tout aussi dévêtu. Des draps fins et soyeux d'un rouge bordeaux recouvrent légèrement nos jambes. Nous sommes dans une chambre faiblement éclairée par quelques bougies. L'ensemble est cosy. Cette pièce serait dans un château que cela ne m’étonnerait guère. Ou bien une maison close fort bien lotie. Une maison de choix dans tous les cas.

Ses lèvres viennent remplacer ses mains pour prendre place sur mon torse, qu'elle ne tarde pas à embrasser tendrement. Nos rapports son bien plus intimes que dans cette foutue carriole. J'aurais préféré un tel traitement à mon réveil dans cette dernière cela dit. Je me laisse faire. Elle est pleinement maitre de mon corps et elle le sait. Elle n'a d'ailleurs pas besoin que je l'invite et, après un dernier baiser près de mon nombril, elle me chevauche lentement, sa tête venant se caler contre la mienne. Je sens alors ses dents et sa langue parcourir mon oreille, me procurant un effet difficile à décrire. Disons pour faire simple que cela ne me déplait guère. Au bout d'un instant, elle se redresse et s'assoit sur moi, tandis qu'elle me fixe du regard, laissant ses mains recouvrirent mon ventre à nouveau.

"Que deviendras-tu s'il y parvient ?" me demande-t-elle d'une voix fébrile.

"Et bien, je disparaitrais je pense..." Lui répondis-je sans être le maitre de mes lèvres.
Je ne suis pas moi. Je suis l'autre. Pour une fois, et ce, depuis longtemps, je participe à l'un de ses propres souvenirs. Ce n'est pas arrivé depuis des lustres.

"Alors, au cas où, je vais devoir bien en profiter avant que cela n'arrive..." finie-t-elle.

Sur ces mots, elle écarte ses jambes et s'installe de manière à ce que j'entre en elle. Ses gestes commencent alors, que j'accompagne pour mon plus grand plaisir.

"Qu'est-ce que tu fou là ?! Ce sont MES souvenirs ! Dégage bordel ! DEGAGE !"

Une voix retentit dans ma tête et me ramène instantanément dans le présent. J'ouvre les yeux juste à temps pour voir Essinda étendue au dessus de moi, cette fois-ci non pour lier nos corps dans des futilités charnelle, mais pour me secouer et m'annoncer que nous sommes arrivés à notre destination. Son visage me fixe encore tandis que je me rappel de mon rêve. Plus un souvenir qu'un rêve d'ailleurs. Elle sait. Elle sait pour lui, pour moi, pour nous. Et pourtant, il y a à peine quelques heures, quand moi-même je la rencontrais pour la première fois, elle faisait mine de ne rien savoir. Pourquoi ? Et que voulait-elle dire par "s'il y parvient" ?
Il va falloir que je me méfie d'elle. Si tant est qu'elle me suive dans notre fuite bien entendu. Nul besoin de se poser ces questions maintenant cela dit, ce n'est point le moment. Je regarde mes partenaires, chacun étant prêt à fuir.

Tous se jugent du regard, à demi craintif, à demi résigné. Personne ne peut prédire ce qui va se passer, ou même si un seul d'entre nous s'en sortira. Mais la fuite est notre seule solution et, si fuite il doit y avoir, c'est maintenant ou jamais.
Le woran tenant la clé entre ses mains nous regarde puis, d'un geste, l'introduit dans la serrure de notre cage et ouvre sa porte, celle-ci se trouvant à l'arrière du chariot. Les quatre autres prisonniers sautent immédiatement un à un. Le woran fonce vers les mules avant même que quelqu'un n'ai put remarquer ce qui se passait. Nous le suivons tous et, tandis que les deux autres hommes s'emparent d'armes et courent en direction inverse au convois, je me saisis de ma lame, coupe les sangles retenant les charges d'une des mules et monte dessus sans demander mon reste. Le woran me mime avec l'autre monture et l'elfe vient prendre place derrière moi. Un poids en plus sur ma mule, mais elle me sera peut-être utile. Et puis... La sensation de ses cuisses chaudes contre les miennes rendra la course plus agréable. Mais évitons de penser à cela...

Tout ceci se passe en quelques secondes à peine mais, il aurait été stupide de croire que nous bénéficierions de plus de temps. Plusieurs mercenaires remarquent notre fuite et commencent à crier. La panique arrive mais, avant que le bruit ne s'intensifie, je regarde l'autre homme chargé de nous surveiller et lui hurle :

"L'autre homme là, il veut en profiter pour tuer votre chef !"

Mes gestes accompagnent mes paroles et je pointe notre acolyte du doigt. Le mercenaire le regarde d'un air ébahit et semble désorienté. J'ai réussi à semer le doute en lui.
J'ordonne à ma monture de foncer au galop, suivant de près le chat qui slalome déjà entre les arbres. Nos ravisseurs ont un avantage, leurs chevaux étant plus rapides que nos mules. Néanmoins, la forêt dense ne leur permet pas d'aller trop vite et d'exploiter leur vitesse au maximum. Tandis que les deux gardes commencent à se battre entre eux, une partie des troupes s'active alors à suivre les esclaves encore à pieds, bien plus faciles à rattraper. Le woran me suggère de nous séparer, ce que j'acquiesce automatiquement en faisant prendre un autre chemin à l'équidé. Nos poursuivants, désorientés, se séparent aussi.

Je n'ai aucunement le temps de regarder en arrière, mais mes oreilles me sifflent que nous ne sommes toujours pas tirés d'affaire.

"Un, deux, trois... Cinq, ils ne sont plus que cinq !"

Entre les cris, les bruits de métaux s'entrechoquant et le son des chevaux au galop, j'entends Essinda me dire ces mots. C'est à la fois une bonne et une mauvaise nouvelle.
Beaucoup moins qu'auparavant, mais toujours trop pour que l'on ai une chance de s'en sortir.

Il ne faut pas beaucoup de temps pour que le son des flèches nous parvienne. Mais à dos de cheval, au grand galop, en pleine forêt en train d'esquiver les arbres, il serait vraiment comique qu'une seule d'entre elles nous touche. Mais nous, nous avons un atout que je n'avais pas remarqué avant. La belle se retourne avec dextérité sur notre monture, se métant dos à moi. Je continue mon travail de cavalier et l'entend bander un arc. Voilà qui est fort intéressant. Elle n'a pas besoin de se soucier d'où va sa monture. Elle peut donc s'attarder à viser à souhait. Atout qu'elle met vite en pratique, à en juger par le hurlement de douleur que l'on entend à peine une poignée de secondes plus tard. Plus que quatre. Et elle ne semble pas prête à s'arrêter.

Cependant, un élément fâcheux s'invite à la fête. La fuite dans les bois est finie et, nous voilà maintenant dans les terres vastes et plates de Kendra Kâr. Plus d'arbre pour nous protéger, pour les empêcher de viser et les obliger à esquiver. Nous sommes maintenant au galop dans les plaines kandranes.

En un instant, un second cri retentit réduisant le nombre de nos assaillants à trois et, touché par un projectile, notre monture si dévouée amorce une chute et s'écrase tête la première sur l'herbe fraiche.
Ma camarade et moi, étendu sur le sol, sommes maintenant privé de moyen de fuite.

Je me relève rapidement, bien que sonné par notre chute. Assez rapidement en tout cas pour voir arriver les trois mercenaires ainsi que, de part leur flan gauche, le woran tigré.
Je ne sais de qu'elle manière, je ne sais par quel miracle, mais dans tous les cas, il a réussi à fuir le reste de la troupe et se retrouve maintenant ici, avec nous. Reste à savoir s'il va profiter de notre malchance pour s’enfuir ou s'il va venir nous aider.

L'elfe se relève aussi, ses beaux cheveux blonds tout ébouriffés, son visage sali par l'herbe et la terre et sa tenue toute débrayée. Mais même là, son charme reste intacte. Qu'elles belles créatures que les elfes. Bien plus gracieuses et charmantes que nos humaines dépravées et grossières.
Elle se saisit de son épée, une lame fine ornée de quelques pierres bleues turquoises. Une belle pièce. Si elle venait à mourir, il faudrait que je pense à m'emparer de celle-ci. Elle doit avoir une certaine valeur.

Le chat, à mon plus grand soulagement, continue sa route jusqu'à notre position, arrivant à peu près au même moment que nos poursuivants.
Tout ce petit monde arrive rapidement jusqu'à Essinda et moi, nous laissant à peine le temps de se préparer à la bataille. Les mercenaires, avides de vengeance sautent immédiatement de leur monture prêt à combattre. Le chat arrive derrière eux et fait de même, les encerclant à moitié.Sa lance bien empoignée, il se met en position. Il semble maintenant plus que jamais être un allié de choix. Je ne sais pas juger un combattant en seulement quelques secondes, mais il a l'air d'avoir vécu pas mal de batailles et de savoir se battre.
Le nombre n'est plus un problème à présent, nous sommes trois contre trois. Nos ennemis sont aussi cosmopolites que notre groupe. Une elfe, un chat et un jeune humain d'un côté. Un petit gros, un grand costaud et une vieille femme de l'autre. Excepté qu'eux, sont tous de ma race.
Le premier porte un gros plastron d'acier, plutôt grossier, ainsi qu'un bouclier de cuir miteux. Il est armé d'une belle épée en argent cependant, dont le tranchant ferait pâlir de honte celui de mon sabre. Le second est bien moins raffiné et surtout moins subtile. Des jambières de cuir et des gantelets en fer, voilà tout ce qu'il a sur lui pour se protéger. Le reste n'étant que du tissu d'un beige sale et de mauvais goût. Son arme de prédilection semble être une claymore de taille énorme. Bien plus d'un mètre dans tous les cas. La troisième ne fait pas preuve de beaucoup plus de raffinement. Elle porte une légère armure de cuir rapiécée et tient dans sa main droite, une épée de fer banale et, dans sa main gauche, une hache en acier. D'après moi, elle a dépassée les soixante ans et je me demande bien comment elle peut combattre à son âge. Il serait avisé de la choisir comme adversaire. Le combat de durerait sans doute pas bien longtemps.

"Bande d'enfoirés !" Vocifère-t-elle à notre encontre.
Elle n'a pas l'air de bonne humeur. De même que chacun de ses acolytes, dont la rage se lit sur leur visage.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 16 Oct 2012 16:22 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 30 Juil 2010 21:43
Messages: 476
Localisation: ° Kandra Kâr °
Peu importe, il est temps d'en finir avec eux, avant que leurs compagnons d'armes les rejoignent. Rapide et vif, la boule de poils dont j'ignore encore le nom fonce vers l'homme trapu et commence à se battre. L'elfe me regarde et, avant que j'ai pus dire mot me sort :

"J'me prend la vieille peau, j'te laisse le grand !"

Et voilà ! J'ai été trop lent. J'ai chopé le mauvais numéro. Tant pis...
Essinda fonce sur sa cible tandis que le géant tente de lui assener un coup que je pare rapidement.

"C'est moi ton adversaire mon grand ! Laisse les femmes se crêper le chignon entre elles va !"

Son visage se déforme un peu plus, si c'est possible. Il retire son glaive et me fait face. Aller, à mon tour maintenant. Il m'assène plusieurs coups immédiatement, m'obligeant à les bloquer avec mon sabre, ne me laissant aucune chance d'attaquer. Ceux-ci sont lents, mais d'une force rare. Jamais auparavant je n'ai plié autant les jambes en retenant le coup d'un adversaire. Et les siens ne font que commencer. Je sais déjà qu'il va falloir que j'écourte le combat si je veux vivre. Il me serait impossible de tenir comme ça très longtemps. J'attends le bon moment, moment où il remonte son glaive et m’extirpe de ses griffes en faisant plusieurs pas en arrière. Qu'elle brute !

Un rictus vient alors rendre son visage encore plus hideux tandis qu'il me fixe du regard. Il sait qu'il m'a impressionné et il s'en réjouit. Qui ne le ferait pas ?!
Je me remets d'aplomb, jambes écartées pour un meilleur équilibre et place mon sabre à l'horizontale de mon corps, sur ma droite. Je ne suis pas ce que l'on pourrait appelé un bon bretteur. L'escrime est pour moi une façon de survivre et de tuer, pas un art. Je ne saurais dire quels sont les noms des coups que je donne, s'il y en a. C'est pourquoi, ma façon de me battre peut paraitre... Hasardeuse. Mais elle m'a permit de vivre jusqu'à maintenant alors...

Bien décidé à en découdre, le grand bonhomme me fonce littéralement dessus. Son gros morceau de métal dans les mains ne lui permet pas des mouvements vifs, la plupart des coups qui lui sont permit sont soit horizontales, soit verticales. Et il semble ne connaitre que ces derniers. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle j'ai mis le mien dans le sens inverse. Si j'arrive à esquiver sa lame, je devrais pouvoir le couper.

Celle-ci est plus rapide que je ne l'avais imaginé. Elle me tombe carrément dessus, avec une vitesse ahurissante. Au même moment, j'effectue un pas en diagonale, sur ma gauche, tentant de faire pénétrer mon acier dans son abdomen. Chose ratée puisque trop lent j'ai été. Son glaive passe à la droite de mon visage et me caresse l'oreille puis, vient heurter ma lame, l'arrêtant net dans sa course. Le choc me désarme, me laissant à un pas du monstre de puissance. Tandis que j'effectue une retraite stratégique, ou plutôt, ma condamnation à mort en reculant et en m'éloignant de mon arme, je sens quelque chose couler sur ma joue. Un liquide chaud et épais. Je saigne ? D'où ? Je ne sais même pas. Mais il m'a blessé. Peut-être l'oreille.
Cet ennemi, bien qu'il présente un air stupide affligeant sur son visage d'ivrogne idiot, est bien plus coriace que je ne le pensais. Il m'a repoussé par deux fois, m'a désarmé et m'a blessé. Le combat semble déjà joué.

D'un œil presque absent je regarde mes partenaires, cherchant une quelconque aide, un espoir. Le woran semble très bien se débrouiller. Il dévisage le guerrier trapu, agenouillé à ses pieds, plein de sang, sans arme. Déjà un combat de gagné. Quant à Essinda et son adversaire, elles semblent ne pas réussir à se départager. Toutes deux enchainent coups sur coups, attaque sur attaque, sans jamais se toucher. Le fer heurtant le fer à vive allure, plongeant leur joute dans une multitude d'étincelles spectaculaires.

Le géant ne regarde que moi. Son air suffisant trônant horriblement sur son faciès. Il m'attend. Chose stupide puisque je ne me ruerais pas dans un combat perdu d'avance. Sans arme, je ne lui sauterais pas dessus. Mais la fierté est parfois plus grande que l'esprit chez certains hommes, il doit croire l'inverse. Je me mets alors à sourire ostentatoirement. Je fixe son acolyte encore au sol, attendant la sentence du chat. L'idiot se retourne juste à temps pour apercevoir la lance de mon allié transpercer la gorge du petit homme.
Je profite de ce moment, moment que j'attendais pour foncer vers mon arme, effectuant une roulade et la saisissant au passage. Encore une chose stupide de ma part. A peine suis-je relevé que je me reçois un coup de pommeau sur le haut du crâne. Je m'affaisse rapidement, sonné par le choc.

Putain... Qu'elle erreur. La douleur est à peine arrivée que mes neurones pensent à tout ce que j'ai mal fais. En fin de compte, je n'aurai même pas dû combattre je pense. La fuite aurait été bien meilleure. Ça aurait été manquer de courage, certes. Mais soit. Je ne suis pas un héros. Laisser une pauvre elfe et un animal se battre à ma place et mourir héroïquement dans un combat sans merci pour sauver ma vie n'aurait pas été chose si cupide. Au moins, celle-ci me serait restée. Qu'est-ce qui est plus important ? La vie ou l'honneur ? Chacun a sa propre opinion.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 16 Oct 2012 16:26 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 30 Juil 2010 21:43
Messages: 476
Localisation: ° Kandra Kâr °
Je me réveille sous une épaisse couche de peau de loup, mes draps de fortune dans ce camp. Je suis sur le ventre. En me redressant, j’aperçois une main poilue et repoussante sur mon dos. De l'autre côté, à deux centimètres de ma tête, un pied avec autant de pilosité, sale et puant. Mes compagnons d'armes, toujours aussi à l'aise pour se reposer. Des réveils comme ça, j'en ai eu tout au long de ma jeunesse. Jeunesse heureuse au sein d'une troupe de mercenaires assoiffées de gloire et d'argent. En me souvenant de tout ça, je me rend compte de mon erreur lors de mon combat avec le géant. Penser qu'un couard puisse pleurer un frère était idiot. Je n'aurais pas dû compter sur une inattention de sa part.

Nous sommes sous une tente répugnante et nauséabonde. Tout ici sent l'alcool et la sueur masculine. Même s'il y a des femmes dans notre groupe, notre chef a eu la bonne idée de leur permettre de dormir à l'écart. Le viol n'étant certainement pas permit entre congénères. Bien entendu, les pillages donnent droit à quelques captures de femmes, servant généralement, ou même plutôt constamment d'esclaves sexuel. Mon père ne voyant pas ça comme un viol, mais plutôt comme une chose due à ses hommes.

Je me lève doucement, m'habillant avec mon kimono léger. Ce dernier m'avait coûté d'être traité de « femme » pendant une bonne partie de mon séjour dans la troupe. Mes compagnons jugeant que c'était bien plus féminin qu'un gros pantalon en toile. Mais je me sens à l'aise là dedans. Je sors sans faire de bruit pour ne réveiller personne. Troubler le sommeil de la bande est synonyme de corvée de ménage ici. Tout comme être le dernier à sortir de son état comateux.
Dehors, le soleil pointe à peine le bout de son nez. Les rayons peinent à percer les nuages et le ciel est gris. Nous sommes sur les terres oraniennes, rentrant victorieux d'une bataille contre les garzoks. Le comté d'Oranan engageait parfois des mercenaires pour soutenir leurs troupes. Un moyen simple d'envoyer des hommes en première ligne sans devoir compter les dégâts.

Mon père est là, seul, assit sur une grosse bûche. Je prend une chope, la plonge dans un gros tonneau et la ressors, pleine. Deux pas plus tard, je m'assoie à ses côtés et regarde le levé du jour.

« Une bière à cette heure mon petit ?! Ne vas pas devenir comme ces imbéciles hein ?! Je ne dis rien parce qu'ils sont compétents, mais ils sont aussi d'horribles alcooliques. »

La plupart du temps, dans nos discutions, mon père était seul à parler. Je préférais l'écouter, buvant chacune de ses paroles. Du moins, jusqu'à un certain âge. Âge que je n'ai pas encore atteint ici.

« Tu sais, avant d'être mercenaire, j'ai été un grand guerrier. Et j'en garde encore l'honneur. Ainsi que quelques marques ! » Il rit un instant, pointant du doigt ses cicatrices sur son visage, puis poursuit.
« A cette époque, on buvait une chope pour chaque homme tué dans la bataille. Autant dire que je n'ai pas bu mon premier verre avant mes dix-neuf ans. Mon chef lui, décuvait chaque matin. Il ne buvait jamais moins d'une vingtaine de bières.
T'as tué un homme hier, Josh. Enfin, un orque. Tu es plus précoce que moi. Ça te fait quoi ?! »

« Honnêtement, pas grand chose père. Je ne l'ai pas vraiment tué, il s'est jeté sur ma lame. »

« Bha, si c'est toi qui tenais l'épée, c'est toi qui l'as tué. C'est la loi du champ de bataille mon petit. Prend une épée en bois, et en garde. »

Il se lève et se saisit immédiatement d'un des glaives d'entrainement. Je fais de même. Mon père ne me fait plus peur depuis longtemps. Depuis que j'ai appris à supporter les coups.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 16 Oct 2012 16:33 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 30 Juil 2010 21:43
Messages: 476
Localisation: ° Kandra Kâr °
Une main dans le dos, l'autre tenant fermement son arme, un pied en avant, l'autre en arrière assurant son appuis, mon paternel me fait face. J'ai toujours admiré sa technique de combat.

Je mime sa posture du mieux que je le peux. Néanmoins, je ne mets pas de main dans le dos. Il fait ça car il sait qu'il m'est supérieur. Je ne le suis pas, j'utiliserais donc mon bras dès qu'il sera nécessaire.

« Aller, attaque mon petit ! »

Je ne me fais pas prier. Je fonce vers lui, assenant une estoc rapide. D'un geste vif, il dévie mon assaut vers le bas. Je recule d'un pas pour me remettre droit. Sa maitrise est parfaite. Mes gestes l'attaquent tandis que mes yeux apprennent. Je réitère mon coup une nouvelle fois, tentant de percer les mystères de sa garde. Une nouvelle fois, ma lame est déviée et se perd dans le vent. Cette fois, il ne reste pas passif est m'assène un coup sur le crâne. La douleur est forte, mais cela est supportable. Je viens de comprendre. Ce n'est pas ma technique qui est faillible, c'est lui qui est trop rapide. Ou moi qui suis trop lent. Cela dépend du point de vue. Le premier me va mieux personnellement.

Un léger sourire se dessine sur son visage, tandis que je me frotte le haut de la tête. Je m'essaie alors à une technique vue la veille, pendant la bataille. Un de mes camarades mercenaires se trouve être excellent dans l'art de balancer toutes sortes d'armes. J'exécute alors une reconstitution partiel d'un de ses coups, le lancé d'épée. Le bras en l'air, la lame à l'horizontale, je prend de l'élan et l'envoie en plein visage de mon adversaire. Mon glaive tourne sur lui même, part de travers et fini sa course à plusieurs mètres de ma cible. Cette dernière se rue sur moi, me file trois coups simples, un dans les côtes, le second à l'arrière de mon genoux gauche me faisant tomber, le troisième une nouvelle fois sur la tête.

« Stupide garnement ! Et sans arme tu fais quoi ensuite ?!  Jeter son arme en pleine guerre signifie signer son arrêt de mort ! J'espère au moins que t'as fais un testament. A ce rythme je me retrouverais vite en possession de tes effets personnels. Quoi que, tu n'as rien. Je préfère encore que tu vive. »

Je me relève timidement, couvert de honte. Mon père m'engueule encore. Je comprend son point de vue mais, je préfère justement essayer des attaques que je ne maitrise pas pendant les entrainements. C'est fait pour ça non ?!
Il me renvoie mon arme et se remet en garde. Il n'en a pas fini avec moi, c'est certain.

« On arrêtera l'entrainement dès que tu arrivera à me toucher. Compris gamin ?! Et je ne retiendrais pas mes coups maintenant. »

J'acquiesce d'un geste de la tête, puis me relance immédiatement dans le combat. Ma lame se dirige directement vers ses côtes, sur une trajectoire en diagonale. Il fait un pas en arrière et esquive mon attaque sans problème. Je n'en démord pas et continue mes assaut. J'enchaine tous les coups que je connais, estoc, coup verticale, horizontale, un pas sur le côté, un nouvel assaut. Chaque coup porté est constamment dévié ou paré. Il me laisse frapper avec acharnement pendant quelques secondes puis, d'un geste simple et lent, envoie la pointe de son épée de bois en plein dans mon ventre. Je tombe à la renverse, mes deux mains cloitrées sur mon estomac. Le choc est violent et la douleur l'est tout autant. Il s'approche alors de moi, me toisant de son bon mètre quatre-vingt et dit :

« C'étaient de bonnes attaques, mais tu te lances trop sur ton adversaire. Laisses le venir, soignes tes appuis et surtout, ne baisses pas ta garde pour attaquer. C'est trop brouillons. »

Je reprend ma lame en main et d'un geste hasardeux et désespéré, le frappe dans les jambes. Une attaque bien faible et lente mais, le bois vient entrer en contact avec le cuir de ses jambières. Je l'ai touché. Le combat est fini. Enfin !

Cela dit, je n'en suis pas fier. Je devine qu'il aurait put facilement prévoir une telle attaque et l'esquiver sans problème. Soit il en a marre d'apprendre à un petit merdeux incapable comme moi, soit me taper sur la tronche comme ça ne lui plait pas tant que ça.

« Tsss... Bon, c'est fini pour aujourd'hui. »

Il se retourne et s'en va boire une gorgée de ma chope posée sur le rondin. Je me relève tant bien que mal et le vois alors, de nouveau en position d'attaque.

« On arrête pas ?! »

« Si si, on va arrêter. Mais je veux te montrer un truc d'abord. Prend ton glaive bien en main et attaque moi. »

J'obéis immédiatement, me rapprochant d'abord de quelques pas puis, lançant une estocade. D'un geste habile, il vient frapper mon arme du bas vers le haut, en touchant précisément la jonction de la lame et du pommeau. Mon épée s'envole quelques mètres dans les airs pour retomber un peu plus loin.

« Tu vois, ça s'appelle une botte. Elle sert à désarmer un adversaire en un unique coup. Comme ça pas besoin d'attendre qu'il envoie son épée comme un con au travers de la bataille. Du haut vers le bas ou inversement, tu frappe sur le centre de gravité de l'arme. Pour bien être maniée, une épée n'est pas maintenue à cet endroit là, ce qui permet de ne pas blesser ton adversaire si tu ne le désir pas. D'autre part, c'est ici que ta force sera le plus décuplée pour arracher l'arme des mains de ton ennemi. Tu comprends ?! »


« Oui oui, je comprend père. »
Lui répondis-je.

« Bien, essaie pour voir. Pour commencer, je ne vais pas attaquer. Je vais me contenter de tenir mon épée. Essaie de ne pas me toucher les doigts! »


Je suis hésitant. Ma main tremble un instant. Si je le touche, je suis bon pour son poing dans ma gueule. Je m'élance finalement, visant au mieux le point qu'il m'avait indiqué. Mon glaive vient alors frapper la lame. Un peu trop haut par rapport à l'endroit indiqué. C'était inconscient. J'avais préféré taper trop haut que trop bas. Il m'ordonne de recommencer et nous remettons ça rapidement.

Il fait jour depuis bien longtemps lorsque je réussi enfin à lui arracher son arme des mains. A mon humble avis, il ne devait pas la tenir très fermement. Mais soit, j'ai réussi son entrainement. La plupart des hommes de la troupe sont réveillés et c'est la cohue autour du camp. Mon père me fait signe d'arrêter et me dit qu'il me faudra m'entrainer à ce coup régulièrement pour que je le maitrise parfaitement. Chose que je ferais. Plus tard...

((Apprentissage de la CC « Botte » ))

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mar 16 Oct 2012 16:37 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 30 Juil 2010 21:43
Messages: 476
Localisation: ° Kandra Kâr °
Mes paupières se rouvrent lentement. Apparemment, je suis en vie. J'entends la douce voix de Essinda ainsi que celle du woran. Ils discutent tous les deux. Ils sont donc eux aussi en vie. Ma vision est encore floue. Je n'essaie d'ailleurs même pas de voir. Je me souviens de mon rêve. Encore un souvenir. Un technique. Si j'avais écouté les conseils de mon père à l'époque, j'aurais été en mesure de battre ce gros géant. J'aurais pus le désarmer. Puis lui planter mon sabre dans la poitrine. Au lieu de ça, j'ai perdu lamentablement. Au moins, je suis vivant. Chose qui me parait d'ailleurs très étrange.
D'une voix fébrile, je balbutie quelques mots.

"Comment suis-je... Vivant ?"

Mon corps est ballotté dans tous les sens. Outre le son des voix environnantes, j'entends les bruits des sabots de nos chevaux. Je suis à cheval. Essinda me répond alors.

"Notre cher ami Alckangue est bon lanceur de hallebarde semble-t-il." dit-elle en riant largement.


Ainsi je dois la vie à un chat. Cela semble comique dit de cette façon. Plus ironique encore, il a réussi à tuer deux mercenaires, alors que je n'ai su en vaincre un seul.

"Où sommes nous ?" Renchéris-je

"Nous sommes encore dans les plaines kendranes. Nous sommes bientôt arrivé à Kendra Kâr. Tu as dormi longtemps mon ami. J'ai soigné ton oreille droite comme je l'ai pus, mais il t'en manque quand même un morceaux."


Allons bon. De retour à Kendra Kâr, une excroissance en moins. Ce n'est pas là que je veux aller, mais soit, je prendrais un peu de repos ici. Les évènements vont trop vite pour moi en ce moment, il va falloir que je remette un peu d'ordre là où l'autre à semer le chaos. Et apprendre à connaitre cette elfe ainsi que ce... Alckangue... Quel nom pourrit. Pauvre animal qui se tape un nom d'animal. Quoi que, je n'aurais même pas appelé mon chien comme ça.

_________________
Image


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Dim 25 Nov 2012 19:25 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 6 Déc 2011 21:59
Messages: 512
Localisation: Tulorim
Èroma me sourit tendrement comme lorsque nous étions sur le Naora et que j’étais prête à tout pour le battre à la course où n’importe quelle autre activité qui rythmait nos nuits endiablées. Sans crier garde, il lâche ma main et je retiens un soupir de déception. Une peur me tenaille, qu’il me quitte de nouveau et que je ne le revois plus… Il me rassure cependant en me disant qu’il revient, juste le temps pour lui d’aller chercher son propre équipement. Me voilà soulagée !

Il disparaît. Pendant ce temps je me relève et admire la fontaine où se trouve la source de mon pouvoir. Mon reflet y apparaît. Je me trouve différente, heureuse, adoucie. J’ai été remplie de colère et de tristesse depuis le jour où Éroma m’a quitté. C’est en rencontrant Hyros que mon humanité, si je puis dire, c’est petit à petit réveillée, jusqu’à ce point culminant où mon elfe de glace est arrivé dans l’embrasure de la porte.

Alors que je me tourne vers la porte pour rejoindre mon amour, j’ai la surprise de le voir, déjà revenu, qui me tend la main m’invitant ainsi à commencer la suite de notre périple. Sans perdre une seconde je me précipite sur cette invitation et nous partons. Avant cela il m’informe qu’Hyros a encore besoin de repos et que donc il ne pourra pas faire partie du voyage.

Je dois avouer que cette nouvelle m’attriste un peu. Je lui avais promis que l’on resterait ensemble jusqu’au bout, mais je ne veux pas lui faire courir le moindre danger. D’un autre côté, je vais pouvoir effectuer une partie du voyage en tête-à-tête avec Èroma. Quel bonheur ! C’est donc avec le cœur plus léger que je suis mon guide de charme.

Visiblement mon mage de glace ne veut pas perdre une minute et sans que nos mains ne se séparent, nous traversons, je ne dirais pas au pas de course, mais très rapidement les rues de la Cité Blanche pour passer les portes de la ville. Je me demande bien où il m’entraîne. Curieusement, j’avais toujours pensé que l’épée se cachait dans cette grande ville… Visiblement non.

Un magnifique spectacle s’offre à moi. Mon cœur m’entraîne dans les plaines aux alentours de Kendra Kâr. Le soleil brille haut dans le ciel et sublime les couleurs des plantes et de la nature luxuriante de ces plaines. Nous marchons pendant quelque instant. Soudain, Èroma s’arrête et me désigne du doigt une ferme en me signalant qu’elle renferme une bande de bandits qui selon ses informations, détiennent l’épée que je désire tant.


"Très bien mon amour, lui dis-je en déposant un dernier baiser sur ses lèvres avant de nous précipiter dans la bataille. À deux, rien ne peut nous arriver, je t’aime."

Je jette un dernier regard vers la ferme.

"Allons-y, j’ai hâte de pouvoir passer à autre chose en ta délicieuse compagnie."

Cette fois, c’est moi qui prend la tête, nous entraînant vers le combat.

_________________
Image
Un grand merci à Dame Itsvara pour la signature




Dernière édition par Elylia le Dim 16 Déc 2012 11:05, édité 2 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les terres cultivées autour de Kendra Kâr
MessagePosté: Mer 28 Nov 2012 20:42 
Hors ligne
Admin
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Sam 13 Aoû 2011 11:13
Messages: 3843
Localisation: Niort
Dirigé d'Elylia


A peine tu étais passée devant, Eroma repris les devants en te faisant un petit signe de la main de négation, te faisant ainsi comprendre qu’il allait passer devant. Il avait probablement une bonne raison pour agir de la sorte. Il sortit son épée de son fourreau par mesure de précaution puis il poussa la porte de la ferme devant vous et l’ouvrit doucement, sur ses gardes.

La maison était vide, il n’y avait qu’une pièce contenant une cheminée, une table avec deux chaises ainsi qu’un lit dans le fond, deux fenêtres laissaient entrer la lumière. Un environnement bien austère qui ne laissait rien présager de bon. Eroma fit rapidement le tour de la pièce cherchant quelque chose, jusqu’à ce qu’il se plante en face de la table. D’un coup de pied, il la balança vers la cheminée et se baissa pour regarder le sol de plus près.

- « Il y a une trappe ici. »


La suite ici.

_________________
Image


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 268 messages ]  Aller à la page Précédente  1 ... 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11 ... 18  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016