L'Univers de Yuimen déménage !


Nouvelle adresse : https://univers.yuimen.net/




Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 97 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivante
Auteur Message
 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Mer 15 Avr 2015 17:45 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 11 Sep 2009 00:29
Messages: 179
    Retrouvailles inattendues. (4)

Un bruit étouffé attira un instant l’attention du géant vers la salle. Un pauvre hère trop enivré venait de s’effondrer de sa chaise, et se faisait traîner dehors par un homme de forte carrure, au crâne chauve tatoué de symboles reptiliens. Nul doute que c’était un ami qui allait, à l’aide d’eau fraiche d’un caniveau, réveiller son compagnon endormi. Non, ici à Omyre, ça ne se pouvait pas qu’un inconnu profite de votre ivresse pour vous voler, vous estropier, ou pire, vous arracher la vie sans que vous puissiez vous défendre. Gurth passa la langue sur ses lèvres, imaginant sans peine qu’il devrait lever le pied en sortant s’il ne voulait pas trébucher sur un cadavre frais, ou glisser dans son sang.

Il prit ensuite des mains de l’elfe le parchemin apparemment terminé, et débuta son étude alors qu’elle commençait à son tour à manger, avec plus de discernement que l’Ogre, les vivres apportés par Arkos. Les endroits étaient clairement indiqués, de manière bien mieux présentées que les pauvres pattes de mouches du vieux boiteux du marché. Il tenta de mémoriser les axes principaux, relevant entre autre le Grand Marché, les Thermes où ils se trouvaient, Le Palais d’Oaxaca, les Temples de Phaïtos et Thimoros, dont il avait déjà visité le second, ainsi qu’une ou l’autre auberge et taverne. Et les portes, bien sûr. Cela donnait un aperçu général plutôt appréciable de la cité. De quoi éviter de se perdre inutilement, et de perdre du temps en détours inutiles. L’Ogre avait certes apprécié sa petite balade du premier soir dans Omyre, mais il n’avait aucune intention de se perdre à chaque fois qu’il mettait le pied dehors. La Capitale des Orques était bien plus grande que sa commune et habituelle Tulorim, qu’il connaissait dans les moindres recoins. Même les égouts, comme en témoignait l’immense cicatrice qui barrait sa cuisse, ou le cimetière, comme l’attestaient la dague d’Allegra, cette vieille folle semi-morte sortie d’un tombeau, et le sifflet qui pendait à son cou.

Une fois son inspection terminée, il rompit un nouveau morceau de pain, et se trancha quelques nouveaux bouts de fromage, dont il orna le pain avant de l’engouffrer en de robustes bouchées. Ce faisant, il écouta Ashen noter qu’il avait présenté ses respects à Thimoros. Il éructa un éclat unique d’un rire mauvais.

« Ha ! Souiller le sol de son Temple du sang de fidèles trop faibles pour le servir fut divertissant. Mais… Combien de temps s’est écoulé depuis notre dernière rencontre ? »

Il était largué, depuis cette intense prière à son divin sombre. La ferveur religieuse lui avait fait perdre toute notion de la réalité et, il le sentait maintenant que la bière lui montait à la tête, la fatigue cumulée le hantait. Il s’était peut-être passé plus de temps que quelques heures. Sans aucun doute, même. Mais il voulait en avoir le cœur net.

Ashen parla de contacts qu’elle pourrait lui présenter, si le besoin s’en faisait ressentir.

« Pour l’instant, les hommes de Von Klaash guettent pour moi. J’attends la venue de l’un d’entre eux. Si d’aventures l’aide d’un Ogre peut vous être utile, vous savez où me trouver. Je n’hésiterai pas à vous contacter, si tant est que vos contacts aient l’information que je cherche. »

Il se redressa sur sa chaise et craqua sa nuque sèchement, avant de reporter son regard naturellement glacial sur l’elfe. La mine plus sérieuse que de rigueur.

« Vous disiez être née de prêtres des cultes sombres… Êtes-vous liée aux Dieux de l’Ombre, d’une quelconque manière ? »

Sa main, sans le vouloir, avait frôlé la dague qu’il portait à la ceinture. La dague sacrificielle Agonie Silencieuse.

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Jeu 16 Avr 2015 13:01 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 11 Sep 2009 00:29
Messages: 179
    Retrouvailles inattendues. (5)

Deux jours. Ça faisait deux jours qu’ils s’étaient rencontrés. Gurth eut beau essayer de retourner cette information dans tous les sens, il ne parvint pas à trouver la logique de ce non-sens. Ça voulait dire qu’il avait passé plus de vingt-quatre heures consécutives à prier dans le Temple de Thimoros. Cela expliquait bien des choses : son état de fatigue avancé, le face à face avec le prêtre guerrier, le calme revenu dans le temple à la fin de sa prière… Prier avec une telle ferveur, ce n’était pas la première fois, ni en temps ni en intensité. Mais c’était peut-être la première fois qu’il n’arrivait pas à savoir combien de temps il avait passé à le faire, au moins approximativement.

Il se frotta les yeux, et passa une main sur son crâne, comme pour en éveiller la peau, et se reporta sur Ashen, qui répondait à sa question en précisant son histoire particulière. Elevée par les prêtresses d’un Temple de Thimoros, à Exech, à l’écart du regard des hommes, elle fut formée aux préceptes du Ténébreux et de son corbeau de frère avant de se détacher subitement de la voie de la prêtrise, toute tracée pour elle, vu les antécédents affirmés de ses parents, respectivement grands-prêtres des deux divins de l’Ombre.

Un parcours notable, qui eut tôt fait, apparemment, de la conduire à Omyre, puisqu’elle semblait en connaître les moindres recoins. C’était étrange, cependant, car il est de meilleure destination que la Noire Capitale pour fuir les Jumeaux des Ténèbres. Gurth n’avait pas toutes les clés de son histoire en main, il le savait, et ne pouvait donc pas comprendre ce qu’elle avait précisément cherché à fuir en quittant Exech et la voie qui lui était tracée. Le géant n’avait pas l’habitude d’user de pincettes dans ses rares relations sociales. Socialement inadapté, sans doute, et ce manque de compassion lui avait souvent attiré des problèmes, et engendré des bagarres. Au final, ça n’était pas pour lui déplaire, même si ici, il souhaitait l’éviter. Mais même en voulant esquiver toute confrontation, ses mots restaient directs et francs.

« Pourquoi avoir quitté Exech pour Omyre ? »

Indiscrète, sa question l’était peut-être. Sans doute, même. Mais ça, il ne pouvait pas le savoir. Aussi, quand une question tout aussi indiscrète filtra des lèvres de l’elfe anthracite, il ne pesa même pas les inconvénients d’y répondre. Sombre, il souffla, se cala dans sa chaise, qui grinça sous son poids, et il répondit.

« La voie de la prêtrise aurait pu s’ouvrir à moi, mais les Dieux en ont décidé autrement. Si j’ai longtemps été sédentaire, j’ai aussi toujours été violent et agité. Je m’attirai trop d’ennui, et jetai de nombreuses fois l’opprobre sur mon Oncle, siégeant au Conseil de Tulorim. Phaïtos y vit une occasion de faire de moi un serviteur de sa cause, et me confia des pouvoirs de nécromants. Lorsque je les découvris, je sus que la prêtrise ne serait pas ma voie et… je quittai Tulorim pour répandre ailleurs les préceptes des Dieux Sombres. Je suis leur instrument de haine et de mort plus que leur messager. Leur bourreau plus que leur prophète. »

La voie de la prêtrise, même chez les cultes noirs, requerrait aussi un charisme séducteur qu’il ne possédait guère. Il faisait peur, il effrayait, mais ne séduisait pas. Sa carrure, son embonpoint, son sale caractère… Voilà tout ce qui l’avait arrêté. Il espérait qu’Ashen s’en rendrait compte sans qu’il ait à le dire. Et enfin, sa voix sombre se tut, laissant à l’outre-tombe un peu de repos.

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Mar 21 Avr 2015 15:13 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 11 Sep 2009 00:29
Messages: 179
    Retrouvailles inattendues. (6)

L’elfe à la peau sombre et à la mine fatiguée et blessée narra l’histoire de sa jeunesse tourmentée en la déstructurée cité d’Exech. Recluse dans le Temple du Scorpion Noir, cachée du regard de tous, privée de tous les savoirs du monde. Un événement survenu à son père, dont elle tut la nature, la fit prendre son courage à deux mains pour fuir cette vie de misère qu’elle ne souhaitait pas. Gurth ne se fit pas curieux de l’événement exact qui l’avait menée là : la désobéissance était une vertu prônée par son Dieu, et il ne pouvait en ça que l’approuver. Sa voix, sombre et fatiguée, résonna une fois de plus dans la pièce, qui se faisait de plus en plus calme, à mesure que les noires heures de la nuit s’avançaient vers le petit matin.


« Et avez-vous trouvé ce que vous cherchiez ici ? Quels sont vos desseins ? Quels détours vous ont fait connaître les Murènes ? »


La volonté de nuire, de se lier à ses Dieux, avaient été celles de l’Ogre, suivant un peu aveuglément les indications d’Ashen concernant la Caste. Un signe divin, tel qu’il l’avait alors interprété. Et il se retrouvait là, ce soir, à lui parler. À lui poser des questions bien plus personnelles qu’il n’eut jamais cru poser à quiconque. Soit par manque d’intérêt, soit par simple misanthropie et volonté d’isolement. Mais maintenant qu’il la tenait en discussion, une curiosité nouvelle s’emparait de lui, concernant, entre autres, les Murènes. Il se baissa vers la table, son ventre s’écrasant sur le bois en le faisant grincer, et il murmura d’un ton sans voisement.

« Connaissez-vous la dénommée Katalina ? On la dit être un vrai poison. »

Dans tous les sens du terme, tel que l’avait expliqué Von Klaash. L’ogre se redressa et jeta un œil par-dessus sa large épaule. Quelques soudards effondrés sur leur table ou tabouret cuvaient ou murmuraient dans les ombres.

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Jeu 23 Avr 2015 00:07 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
La porte s'ouvrit lentement dans un grincement désagréable. Une douce sensation de chaleur vint alors accueillir la femme tandis qu'elle faisait ses premiers pas dans la taverne au dessus des Thermes. Dès cet instant, elle ne reconnut personne dans la pièce, il n'y avait que quelques duos et des endormis avinés. Venant du Capitaine, elle ne s'attendait pas à un palais mais estimait que c'était largement suffisant.

Elle repoussa sa capuche trempée de pluie et s'avança jusqu'au comptoir où elle déclara simplement :
" Apportes-moi donc de quoi me faire oublier ce long trajet... "
L'homme leva vers elle un regard étonné et après avoir plissés les yeux comme pour mieux examiner la nouvelle arrivante, il termina d'essuyer le fond de son gobelet avant de se mettre à préparer quelque chose.

Hrist s'installa non loin du comptoir, s'enfonçant littéralement dans la chaise, trop pressée qu'elle était de faire reposer ses jambes. En essuyant une goutte qui lui pendait au nez, elle s'accouda à table et mis sa tête entre les mains, attendant.

Le tenancier apporta au bout de quelques instants un plateau de bois contenant un pichet de vin tiède et une tranche de pain gras à côté duquel se trouvait quelques morceaux de viandes, essentiellement du gras luisant et peu appétissant.
Hrist leva un sourcil interrogateur et en jetant un regard à l'homme qui venait de la servir, remarqua que celui-ci s'apprêtait à parler.

" Z'êtes la troisième, c'est ça... Le Capitaine a parlé de vous, l'a dit que vous r'viendriez mais on ne savait pas quand. "
Il se pencha davantage sur la table, comme s'il voulait qu'on n'entende pas le moindre mot de la conversation.
" Et bien... Écoutez, je sais que c'est pas fameux, mais quelqu'un a englouti toutes les réserves fraiches. Von Klaash a fait un banquet ce soir et il y a cet homme qui a achevé le reste de mes provisions... J'ai même pas un bol de noix à vous donner. "

Il termina sa phrase en jetant un petit coup de tête discret vers un homme à la carrure impressionnante. Hrist l'avait vu en entrant mais s'était montrée trop pressée de satisfaire sa faim. Il semblait être humain, même si ses traits étaient déformés par le ventre proéminent et sa corpulence particulière rendait toute identification plus complexe, il ne semblait pas être très vieux, Hrist ne vit pas de cheveux mais sa barbe était d'un noir dépourvu de poils blancs.
Il se penchait sur la table pour bavarder avec une elfe dont les origines étaient également délicates à deviner. Elle ne pouvait pas entendre ce qu'ils se disaient, seul un grondement grave parvenait à ses oreilles. La femme, jusqu'à cet instant, elle ne l'avait pas encore entendue mais elle semblait presque aussi jeune qu'elle, à la différence que ses cheveux avaient la finesse et la lueur énigmatique d'un corde de harpe argentée au soleil, de quoi rendre ses origines encore plus complexes à deviner. Ses yeux étaient trop assombris par les faibles bougies et semblaient trop noirs, sa peau en revanche avait également quelques reflets gris, probablement aggravés par la pénombre.

" Qui sont-ils ? "
Le tenancier se gratta la tête et déclara bien vite :
" Oh, ce sont des Murènes. Enfin, des nouveaux arrivants. D'ailleurs, mon nom est Arkos. "
" Et la femme ? "
" La première arrivée. J'crois pas me souvenir de son nom. En tout cas, l'homme s'appelle Gurth. Il a sympathisé avec le Capitaine et est en mission pour lui. "

Hrist déchira un bout de mie de pain du bout des doigts et l'avala, faisant passer ça avec une gorgée de vin. Elle grimaça, le vin était fort et épais. Arkos grimaça à son tour et fit un signe de la tête :
" Malheureusement, les fûts sont vides, je fais le plein demain à l'aube. Il me reste que de la bière. "
" Tout va bien. Je ne te retiens pas davantage. " Dit elle distraitement tout en observant le dit " Gurth " et la jeune Elfe à la dérobée.

" On dirait qu'elle a des traits... Shaakts. "
" Encore cette vieille animosité. C'est surtout les Shaakts qui devraient t'en vouloir, ma vieille. "
" Je dois me tromper. Elle est bien trop pâle pour ça, une Sindel peut-être ? Quant à lui, il m'évoque vaguement quelque chose. "

Elle mâchonna doucement un petit bout de pain et resta un moment silencieuse, profitant de cette halte pour sentir les tiraillements dans ses jambes s'apaiser.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Dim 26 Avr 2015 12:08 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 11 Sep 2009 00:29
Messages: 179
    Retrouvailles inattendues. (7)

Alors qu’il n’avait pas encore retourné son regard hâve vers sa sombre compagne de tablée, Gurth vit entrer dans la taverne une autre elfe à la peau plus claire, mais tout aussi morne, que celle d’Ashen. Trempés de la pluie qui sévissait dehors, ses cheveux noirs et filasse lui dégoulinaient sur les épaules comme autant de torrents de ténèbres. L’œil pâle et fatigué de l’ogre croisa, un court instant, à peine une seconde, ceux violets et acéré de la nouvelle arrivante, qui s’approcha du comptoir sans demander son reste pour s’entretenir avec Arkos.

Rien de bien particulier, en somme. L’Ogre retourna son attention sur l’anthracite, et écouta ce qu’elle avait à lui dire. Elle résuma son intérêt pour les Murènes comme un manque à gagner, un but qu’elle s’était sciemment fixé pour ne pas errer sans quête et sans espoir. Elle nota, dans son explication, un intérêt notable pour sa liberté d’action et de pensée. Elle faisait certes partie de cette confrérie, mais n’en acceptait les ordres que si elle y trouvait du bon sens, ou un intérêt. Un esprit libre. Libre, Gurth ne s’était jamais octroyé le loisir de l’être. Lui, l’autorité, il l’avait toujours connue et acceptée. Oh pas n’importe laquelle, bien entendu. Celle de ses Dieux, quasiment unilatéralement, dans ces temps présents. Dans son passé, il avait également été sous le joug de la prêtrise tuloraine, et au service de son oncle et tuteur Freush Von Lasch.

Ainsi, s’il donnait à tous une impression de liberté provocante et chaotique, ce n’était que le reflet de sa propre soumission aux Dieux de l’Ombre. Libre, il n’avait jamais été, et ne le serait jamais. Car il n’y aspirait en rien. Comme unique commentaire, relatant plus son avis qu’un conseil ou un jugement sur l’elfe gris foncé, il grogna :

« Parfois, quand on est perdu dans les ombres, il est plus sage de suivre l’autorité. »

Mais cela n’influença en rien son avis sur la sombre. Il était clair pour lui qu’elle avait, même inconsciemment, servi les desseins de ses Dieux. Et que sans le vouloir, elle s’était pliée à une autorité tellement obscure qu’elle ne l’avait même pas perçue. Peut-être, finalement, était-ce sa force à lui : percevoir et accepter cette sombre domination.

Elle répondit ensuite à sa question sur Katalina, sans se mouiller plus qu’il ne le fallait. Mystérieuse, séduisante, elle semblait effectivement mener les poisons comme arme de prédilection. L’Ogre opina sentencieusement du chef, se reportant sur les dernières gouttes de sa chopine pour rincer son gosier, avec un sentiment de trop peu. Il tourna vers sa compagne de table un regard un peu las… mais entretint pourtant la conversation, encore. Comme si sans le savoir, ce contact humain, plus humain que tous ceux qu’il avait eu récemment, lui faisait du bien.

« Et Von Klaash, le connaissez-vous ? C’est lui qui m’a accueilli en ces lieux, et m’a montré ce que sont les Murènes. »

Sans attendre de réponse, et édictant que son gosier ne se suffirait pas davantage des quelques gouttes qui lui restaient, il se tourna vers le comptoir et héla Arkos, le coupant dans sa discussion avec la nouvelle arrivante.

« Hé, tavernier, remets donc une tournée ! »

Sa voix ténébreuse tremblait comme le tonnerre d’un orage vivace.
L'elfe face à lui lui faisait l'effet d'une âme aux desseins fugaces.

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


Dernière édition par Gurth Von Lasch le Mer 29 Avr 2015 14:04, édité 1 fois.

Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Mar 28 Avr 2015 21:35 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
Malgré ses rêveries, Hrist était restée sans trop s'en rendre compte à toiser les inconnus. La fatigue devait être à un état plus sévère que ce qu'elle avait jusqu'à présent imaginé car elle sentit une faiblesse nouvelle la gagner lorsque l'homme beugla à Arkos de remplir les chopines.

Le tenancier fit un pas en arrière et dit tout bas :
" Comme j'vous disais, il m'reste que de la bière. J'ajoute une troisième chopine pour vous ? "

Hrist hésitante se rétracta et remua la tête, faisant signe que non et lui souffla tout bas :
" Va. "


Et lorsqu'elle reposa son regard sur les inconnus, ses yeux croisèrent ceux de la femme et cette dernière, l'apostropha, l'invitant à la joindre. Il était vrai que l'ensemble des occupants des tables, était à cette heure tardive, déjà trop saoul ou endormi et il n'y avait plus qu'elle et Arkos. Cette étrangère nourrissait-elle la même curiosité morbide que la sienne ou était-ce Von Klaash qui avait annoncé plus tôt sa possible arrivée. Faute de savoir avec exactitude, Hrist observa un temps en silence la salle et daigna se lever et s'approcha de la table.

L'homme débordait littéralement sur le mobilier, son ventre cognait contre la table et la chaise grinçait et souffrait à chacun de ses mouvements, menaçant de rompre soudainement. Sur sa barbe comme sur la table restait quelques miettes et vestiges de nourriture noyés dans l'écume d'une bière renversée qu'il entourait de ses énormes mains. La femme, quant à elle, semblait ridiculement petite attablée en face de ce titan. La pauvre petite avait d'ailleurs les stigmates de quelques affrontements, même si le plus récent semblait plus ressembler à une rixe de bistro à grand renfort de coup de chaise qu'à un affrontement mortel.

Un oeil poché et les lèvres scarifiées par un sillon ensanglanté que l'alcool avait su coaguler sous la forme d'une trace noire et luisante. Hrist comprit qu'Arkos n'avait pas menti lorsqu'elle vit les auréoles grasses et luisantes des plats encore présents sur le bois.
Les quelques bougies luisaient et donnaient une expression fantomatique à la scène. Elle se trouvait là, devant deux inconnus; non simplement parce que l'un d'eux lui avait proposé de les rejoindre, mais Arkos avait soutenu qu'il se trouvait là deux nouvelles recrues. Alors, faute de pouvoir rencontrer Von Klaash ou la précieuse Katalina, Hrist avait accepté l'invitation.

Sa cape goutait encore sur le plancher couvert de poussière et de sciure, elle dégrafa le symbole de dragon de bronze qui retenait son étoffe et s'en débarrassa, la déposant sur le dossier de la chaise de bois qui semblait lui être réservée.
La tueuse savait que les premières impressions étaient toujours les plus fortes, aussi, elle se félicitait de ne pas avoir ses vêtements couverts de poussières et de boue pour une fois.

Elle se laissa tomber sur la chaise et rajusta son arme qui, à sa ceinture, la gênait en position assise. Hrist observa le temps de quelques secondes son nouveau public et, tout en tapotant des doigts sur la table, se rendit compte à quel point elle était minuscule par rapport à l'homme au regard vitreux situé juste à côté d'elle.
Elle lâcha enfin :
" Vous... Vous n'êtes pas d'ici. Ce n'est pas chose courante d'inviter quelqu'un à sa table à Omyre, encore moins quelqu'un que l'on ne connait pas. "

Puis en se penchant doucement, comme sur le ton d'une confidence elle ajouta :
" Cependant, vous avez sans doute bien fait. Arkos m'a précisé que vous veniez de rejoindre les Murènes. Mon nom est Hrist. "

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Mer 29 Avr 2015 14:29 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 11 Sep 2009 00:29
Messages: 179
    Le gras et les deux grises.

L’anthracite ne semblait décidément pas porter l’autorité, même fondée et salvatrice, dans son cœur torturé. Elle paraissait avoir fait les frais d’un abus de celle-ci dans sa jeunesse, et semblait encore se débattre dans ses idéaux libertaires comme un papillon de nuit sortant de sa gangue protectrice, de son cocon trop serrant, certes, mais protecteur malgré tout. Son visage tuméfié portait les stigmates de cet esprit jeune et rebelle, auquel manquait la sagesse de l’âge. Elle payait les frais de sa liberté, mais semblait fière de cet état de fait. Gurth se tut, sur ce propos. Elle ne semblait guère du genre à aimer être brusquée sur ses idéaux. Elle apprendrait d’elle-même. Il la laissa donc répondre sans moufter à sa question sur Von Klaash. Elle ne connaissait pas le pirate, bien qu’elle fût en mission pour lui, tout comme l’ogre.

Elle confirma que l’état de son visage n’était en rien le fait de cette mission, prouvant ce que les pensées du nécromancien avaient amené juste avant : l’impétuosité d’un esprit trop avide de liberté coûtait souvent cher au corps qui devait le supporter. Mais cette inconscience, cette insouciance, était elle-même porteuse de chaos. Elle servait, sans le vouloir, la cause de Thimoros. La cause qu’il embrassait lui-même chaque jour.

Puis, s’en vint une chose à laquelle Gurth ne s’était pas attendu : l’elfe anthracite, profitant de sa commande à Arkos, héla la nouvelle arrivante pour l’inviter à se joindre à leur tablée. Gurth fronça ses broussailleux sourcils en regardant l’inconnue au regard d’améthyste arriver sur eux en les détaillant, et dégrafer sa cape pour s’asseoir aux côtés de l’obèse. Elle souligna l’effronterie risquée d’inviter un inconnu à sa table, à Omyre. Puis, sur le ton de la confidence, se présenta sous le pseudonyme de Hrist, indiquant indirectement qu’elle était aussi l’une des Murènes. Son air intéressé, sûre d’elle, fit penser au monstre qu’elle était sans doute l’une des trois originelles. Puisqu’il avait rencontré le Capitaine, que Katalina connaissait Ashen et que celle-ci se présentait sous un nom différent, il argua qu’elle était l’initiatrice de ce clan de l’ombre.

La voix de l’humain hors norme résonna dans ce coin de la pièce, comme un grognement sorti d’une grotte profonde. Il n’avait pas besoin de parler fort pour gronder comme le tonnerre.

« Il n’est guère plus courant de répondre à une telle invitation sans savoir où l’on met les pieds. Je suis Gurth Von Lasch de Tulorim, et voici Ashen, Omyrienne confirmée. »

Il aurait été malséant de ne pas présenter sa compagne de tablée, aussi l’avait-il fait avec la délicatesse de masquer, sans mentir, son nom véritable et son origine tumultueuse. Le regard hâve de l’ogre se perdit un instant dans les yeux d’Ashen, avant de revenir sur la peau cendrée de la nouvelle arrivante. D’une voix plus basse, lourde, pesant comme si les mots allaient tomber sur la table sitôt sortis de son gosier énorme, il parla.

« Hrist est votre nom, mais comment doit-on vous nommer ? Chef ? Grande Murène ? »

La question était rhétorique, bien sûr. Il lui indiquait simplement de manière détournée qu’il avait peut-être deviné son identité. Il avait utilisé ces termes pour titiller, expressément, la fibre libertaire anti-autorité d’Ashen, qui verrait sans doute en ce positionnement hiérarchique une contrainte à ses vertus. Il avait beau être en présence d’alliés, Gurth ne pouvait s’empêcher de semer la discorde et la zizanie. Insidieusement, ici, et non pas à l’aide de ses points serrés.

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Lun 4 Mai 2015 23:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
Sa voix semblait faire vibrer le métal qui attachait la table même. L'humain possédait un timbre étrange, il semblait si loin de ses semblables, tant au niveau physique que psychique, il suffisait à Hrist de plonger ses yeux dans les siens pour y voir quelque chose de néfaste. Il en allait de même pour la jeune Elfe, même si chez elle, on pouvait y lire également un dernier semblant d'innocence ou de naïveté. Le dit Gurth semblait être un personnage énigmatique et la façon dont il adressait les présentations fit penser à Hrist qu'il prenait la jeune Ashen sous son aile noire et oppressante.

Bien qu'il affirma avec conviction qu'Ashen était une Omyrienne confirmée, cette dernière le trahit expliquant qu'elle n'y était en réalité que depuis peu.

Affichant un sourire radieux, Hrist s'enfonça un peu davantage dans sa chaise. La tueuse était curieuse de savoir où ces deux nouvelles Murènes pourraient bien se conduire l'une et l'autre. De toutes évidences, Gurth avait voulu contredire Hrist qui avait deviné qu'ils n'étaient pas du coin mais son plan étant tombé à l'eau, Hrist jubilait intérieurement.

Elle savait que son rôle n'aurait pas été facile, la hiérarchie en ces lieux est sans cesse remise en question par les membres les plus belliqueux. Elle était même surprise que personne n'ait encore tenté de lui enfoncer une dague entre les omoplates.

Gurth et Ashen avaient donc compris que Hrist était l'une des trois Murènes. Bien que la tueuse ne comprenne pas vraiment le concept des trois " Originelles " elle se devait bien de reconnaître que ce groupe avait bien commencé par trois entités qui avaient su en rassembler d'autres.

Malgré toute l'attention qu'elle souhaitait adresser à ces deux compagnons de nuitée, un léger éclair de fatigue brouilla sa vue et son estomac toujours noué et vide gargouilla, faisant vibrer ses muscles. Hrist se redressa et fit une légère révérence.

" Mes félicitations, un esprit moins affûté que le vôtre n'aurait pas su mettre le doigt sur mon rôle. " S'exclama-t-elle amusée.

Et tout en se reculant, son visage prit alors une expression froide comme si son sourire avait été feint et maquillé.
" Appelez donc moi Hrist, c'est amplement suffisant. Ma route à été longue et j'ai beaucoup à faire à l'aube pour que notre organisation tienne. Vous me trouverez en sous-sol si d'aventure vous auriez besoin de quelque chose. "

Avait-elle terminé sans plus de conviction avant de se retourner et de traverser la pièce pour se rendre au comptoir, déposant une poignée d'argent dans une chope vide et déclara avant de disparaître :

" Votre orgie est pour moi."

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Mer 6 Mai 2015 04:35 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
Assoupie dans une chambre, le corps étendu sur une paillasse au milieu d'un mobilier réduit au strict minimum, Hrist dormait d'un sommeil de plomb. Elle ne s'était pas rendue compte que la fenêtre mal fermée avait été ouverte pas une rafale de vent et que la pluie qui martelait le toit commençait à percer et couler goutte à goutte non loin de sa tête puis directement sur son nez.

Elle fronça les sourcils et se redressa en hâte, observant l'air abrutie et les cheveux en bataille où elle se trouvait. D'ailleurs, la tueuse avait sous estimé son état de fatigue et n'avait presque plus de souvenir de la veille, mis à part son arrivée à Omyre, et, bien qu'elle soit floue, la conversation avec le tavernier et deux nouvelles recrues. De plus, son estomac gargouillait.

Après s'être levée de sa tiède couchette et avoir remis la main sur son arme qu'elle avait perdu par maladresse entre les plis de sa couette de jute, elle s'empressa de fermer la fenêtre, marchant déjà dans une flaque d'eau. En fermant, elle vit que les rues étaient bondées et que, aussi loin que semblait s'étendre le quartier, d'épaisses fumées noires et âcres s'élevaient dans ce ciel déjà chargé.

" Au moins... Ici peu de risque d'être coincée sous une tempête de neige. "

Elle étira ses bras en arrière, sentant ses articulations grincer et finalement claquer tout en poussant un miaulement aigu.

Après un brin de toilette consistant essentiellement à dompter ses cheveux qui portaient encore la trace du coussin de plumes, elle descendit dans la salle principale, déjà comble.

Quelques buveurs et mangeurs s'esclaffaient la bouche pleine en postillonnant abondamment sur la table. Quelques buveurs entrechoquaient des chopines en laiton tout en abreuvant la table d'un raz de mousse malodorante.

Arkos se souvenait d'elle et avait comme promis convenu de lui garder quelque chose à se mettre sous la dent, toutefois, elle n'avait même plus de place pour s'assoir aussi, elle dû descendre jusqu'aux thermes, chose que la tueuse ne regrettait pas une seule seconde, les grands espaces glacés de Nosvéris et la tempête de neige lui avait donné des envies de silence.

Elle était donc assise dans un coin, une assiette de pommes de terre rôties et une pièce de viande saignante posée sur les genoux. Faute de public, elle attaquait directement avec les doigts, croquant les patates et déchiquetant la pièce de viande en la tordant et secouant la tête pour venir à bout des nerfs qui grêlaient sa chair. Elle ne pensait pas encore avoir un public.

" Tu es en retard de plusieurs jours. " Lança-une voix de femme derrière elle.

Hrist déglutit bruyamment, essayant de ne pas s'étouffer avec ce morceau de viande. Elle n'avait pas besoin de se retourner pour savoir à qui elle avait à faire, la voix, même ce parfum qui maintenant, en y prêtant attention, venait caresser ses narines. C'était Katalina.

La tueuse posa son assiette sur le côté et se retourna. Sa seconde n'avait pas changée, toujours le même air hautain et désagréable, cette voix sèche, toujours enclin à agresser la patience de ses interlocuteurs. Elle était à la fois intelligente et habile, mais elle utilisait ces atouts pour être mesquine. En bref, elle avait terriblement manqué à Hrist.

" Essaie de rester coincée sous une tempête de neige... Juste pour rigoler. Comment se porte notre organisation, j'imagine que le troquet à l'étage n'était pas ton idée. "

Katalina s'installa non loin de Hrist et haussa les épaules, ajoutant :
" Tu serais surprise. J'ai accepté cette éventualité, ça peut-être une bonne chose pour ramener du monde et fondre nos activités dans la masse. Et c'est aussi une entrée d'argent, tu sais bien que c'est le nerf de la guerre. Surtout qu'à Omyre, il faut graisser des pattes et couper des têtes. "

" Couper des têtes n'est pas un problème, corrompre non plus. La vie à Kendra Kâr ne t'offrait pas toutes ces possibilités. Tu n'as pas eu de problème ici ? Je veux dire... En arrivant. "

Katalina s'approcha un peu et dit sur la confidence :
" Von Klaash a offert de m'accompagner mais j'avais gardé contact avec quelques soldats de Keresztur, ils vendaient leurs épée en qualité de mercenaires, certains sont venus avec moi. Ils gardent les lieux. "

Hrist opina du chef, presque étonnée. Elle savait que Katalina ne faisait pas les choses au hasard, mais elle avait rondement bien mené ses débuts au sein de la Caste.

" Von Klaash quant à lui... Est plus fidèle à lui même, bagarre, harcèlement, esclavage et massacre. Je compte sur toi pour remplir le rôle inverse. Même si faire brûler une maison peut avoir son avantage, il vaut mieux de temps en temps laisser moins de traces. "

" Je ne peux qu'approuver. D'ailleurs, regarde ça. Testée et approuvée par notre ami Xenair. " Dit-elle en agitant la plume à la garde de son arme.

" Bravo. Mais trêve de plaisanterie, j'ai quelque chose à te demander. On doit investir. On gagne de l'ampleur et il faudrait davantage d'oreilles et d'yeux pour nous servir. Un chef de clan Garzok doit nous rencontrer aujourd'hui. Il a une certaine influence en ville. "

" Et donc ? Nous formons une alliance avec quelqu'un ? "

Katalina souriait alors. Le genre de sourire qui, Hrist le savait par expérience, annonçait quelque chose de néfaste.
" Tu vas vite comprendre."

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Mer 6 Mai 2015 16:48 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
La salle était toujours pleine. Katalina avait assuré sa protection en plaçant deux mercenaires de Keresztur d'un bout à l'autre de la salle, prêts à intervenir en cas de besoin. Bien que Hrist n'estimait pas la manœuvre nécessaire dans une salle pleine à craquer, elle se contenta d'approuver sans plus de conviction l'idée de sa seconde.

La jeune empoisonneuse était installée à table, calme et sereine tandis que Hrist, à sa droite faisait des boulettes de mie de pain du bout des doigts, tiraillée par l'ennuie.
" Donc, si j'ai bien compris, on fait un accord de non agression avec le chef de clan pour le libre échange des informations et des espions. "

" C'est exactement ça. Notre territoire est un peu plus grand, eux, ils font essentiellement dans l'alcool de contrebande. J'ai cru comprendre qu'ils y ajoutaient une plante rendant dépendant le produit, ils glanent donc des clients jusqu'à ce que ces derniers soient complètement dépouillés. "

" Mouais... Von Klaash lui, en aurait profité pour les vendre comme esclaves après. "

Katalina donna un coup de coude à la tueuse, faisant signe qu'elle devait se redresser et observer l'entrée.
" C'est aussi ce qu'ils font. Ils sont là. "

Deux grands Garzoks approchaient, derrière eux, cinq autres suivaient leurs pas, main sur la garde du Kikoup. Tous portaient des armures sombres de cuir ou de fer avec des lambeaux de fourrure qui dépassaient de l'encolure et des brassards. La mine patibulaire et le regard mauvais, ils reconnurent Katalina et s'installèrent à table, n'hésitant pas à pousser les buveurs qui se trouvaient sur leur chemin.

Hrist jeta un rapide coup d'oeil dans la pièce. Les deux soldats de son ancienne Baronnie s'approchaient doucement, chope à la main et s'installèrent non loin, à portée d'écoute prêts à intervenir.
" Ca en fait, des gardes du corps pour un accord, Granul. " Puis, en regardant l'autre Garzok à la tronche défigurée, elle continua :
" Je ne crois pas que ça soit ta sœur. Tu nous présentes ton ami ? "

Hrist savait à quel point Katalina aimait agacer leurs négociateurs, quelque part, sa façon de faire convenait bien à Hrist qui se délectait déjà de la voir travailler.

L'orque s'installa confortablement et invita le second à faire de même, il marmonna quelques propos dans sa langue barbare et entama alors la conversation d'un ton presque solennel.
" Grun ! C'est mon lieutenant. Et toi, qui es-tu ? " Dit-il en pointant Hrist du doigt.

" Hrist. Katalina et moi jouons le même rôle. Maintenant que les présentations sont faites, on va pouvoir se mettre d'accord... "

Granul et Grun se penchèrent l'un contre l'autre et échangèrent alors quelques mots tout bas.
" Nous nous mettions d'accord sur ce point. On ne trucide pas les espions que vous plantez chez nous et vous vous gardez bien de faire pareil, les territoires sont grands et on peut pas tout contrôler. En échange, vous toucherez une partie de nos revenus pour chaque tête qu'on vend aux esclaves à supposer qu'ils viennent bien d'chez vous. "
" Et comment on peut en être sûre ? Tu vas nous donner ta parole ? On va s'entailler le pouce tous les deux au clair de lune et devenir frère et sœur de sang ? Je vois déjà le tableau... "

Granul fronça ses épais sourcils et ne réagit pas à l'insulte que Katalina venait de lui lancer en pleine figure. Après une troisième concertation avec son compère, il reprit alors :
" On.. Avait pas pensé à ça. Vous voulez quoi au juste, de l'argent en échange ? "
" Très bonne question. J'en ai une autre, quand tu mentionnes d'espion par chez nous. Tu faisais allusion à quelles petites affaires ? Tu as besoin d'espions et d'informateurs pour ventre ton bétail ? Allons... Nous ne sommes pas dupes. "

Granul frappa du poing sur la table et s'exclama :
" Mais par Oaxaca ! Les territoires s'étendent loin ! Il faut des yeux partout pour les protéger ! "
" Bien sûr. Et les espions coûtent cher, donc mieux vaut les garder en vie, n'est-ce pas ? "

Grun prit à son tour la parole :
" Ce que mon chef veut dire, c'est qu'y faut garder un oeil sur certaines choses. Vos espions vont bien passer par notre sol pour se rendre quelque part, ça serait dommage qu'il leur arrive malheur. "

" Je comprends mais ce n'est pas la vrai raison. Ca, ça revient à un traité de non agression, or la vraie raison de votre présence, c'est pour étendre nos territoires respectifs. "

Katalina reprit ensuite :
" Nous n'avons pas besoin d'argent, on veut juste des informations, cette ville est gorgée de secrets et il faut bien pour vous comme pour nous avoir l'oreille attentive. Vos espions ne seront pas maltraités chez nous. De même, cette taverne fera office d'abris pour vos malandrins et voleurs si jamais la milice venait à espérer les coincer par ici. "

" Ce qui fait que vous ne pouvez plus vous contenter de ne pas tuer nos espions, il faudra un petit supplément... "

Granul s'approcha et murmura " J'ai acheté une Shaakt. Une tueuse, dressée pour se battre et s'introduire n'importe où. En échange de ce refuge, je lui donnerai l'ordre de tuer quelqu'un de votre choix. Prenez bien le temps de réfl..."

" Lorsque j'étais à Kendra Kar, j'ai eu connaissance d'un champion de Meno. Un Woran qui a la particularité d'être blanc comme neige. Il est l'auteur de plusieurs exactions ayant des répercutions néfastes sur nos objectifs. Sa tête sera mon prix. "

Granul et Grun discutèrent un instant avant de se mettre d'accord.
" Notre assassin vous rapportera sa queue avant la prochaine pleine lune. "

(J'espère qu'il fait pas allusion... Non rien.)

Katalina et Hrist échangèrent un regard et approuvèrent alors l'arrangement.
En se levant, Hrist conclut donc : " Tu peux déjà ordonner à tes espions de couvrir nos terres. Si un danger s'y trame, j'ose espérer pour toi que tu auras la sagesse de ne pas garder ça pour toi. "

Grun et Granul se levèrent d'un coup et tendirent la main pour serrer les leurs. " Quant à toi, Hrist, j'ai entendu quelques histoires à ton sujet mais je n'avais jamais vu ton visage. Viens demain visiter notre distillerie, je suis certain que tu approuveras nos idées. "

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Jeu 7 Mai 2015 04:25 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
Les Garzoks étaient partis depuis quelques heures déjà. Katalina recevait déjà des rapports quant à l'activité des espions de Granul rapportés par ses mercenaires et les orques qu'elle avait à la botte. Hrist savait parfaitement que Katalina avait gardé pour elle quelques informations qui auraient été importantes mais en dépit de l'idée d'être utilisée comme un pion, Hrist gardait une confiance aveugle en elle. Katalina était plus affûtée dans les pièges des alliances et de la politique qu'elle même et que, du temps où elle avait sa baronnie, si elle n'avait pas été assassinée, elle le savait, c'était bien grâce à sa seconde.

" Tu sais ce que tu devrais faire de ton temps libre ? "
" Pourquoi je m'y attendais... Tu vas me demander de faire la danseuse vedette tout de noir vêtue et me glisser dans leurs quartiers pour savoir ce qu'ils se disent... Ai raison ? "
" Presque. " Dit-elle d'un air moqueur. Elle porta un calice de vin à ses lèvres et s'enfonça encore un peu plus dans son siège bourré de coussin.

Dans le sous-sol où coulaient les thermes, il y avait cette ambiance presque irréelle, magique animée par des lumières à l'aura de feu follet que l'empoisonneuse trouvait sur le marché. Les Garzok mêlaient la cire avec des minéraux pour qu'elle produise un éclat coloré lors de la combustion, Hrist en avait déjà vu lors de cérémonies religieuses à Oranan mais s'étonnait de l'intérêt de Katalina pour ce genre de fantaisie. Quoiqu'il en était, dans les bassins à l'eau endormie qui reflétaient la lumière rougeâtre, quelques remous dessinèrent à la surface une onde gracile.

" On a même une mascotte ? " Demanda Hrist à moitié surprise. Elle se doutait bien que la créature qui gesticulait dans le bassin ne devait être autre qu'une Murène.

" Demain, elle mangera le cœur de Granul et de son abruti de lieutenant. Tu tueras le lieutenant lorsqu'il te fera visiter leur territoire... Attends toi à une résistance, il te fera visiter ça dans le but de t'éloigner de la guilde et de te tuer. "

Hrist toujours hypnotisée par l'eau remuante se tourna après quelques secondes, visiblement peu choquée, elle comprenait peu à peu le plan de Katalina.
" Donc... Tu profites que Grun ou... Comment il s'appelle déjà ? "
" Grun... "
" Qu'importe, tu profites qu'il soit avec moi pour le tuer, tu as envoyé leur assassin chasser un Champion de Meno qui, d'ailleurs n'existe peut-être même pas, et toi tu te charges de Granul ? "
" Il doit revenir ici pour récupérer l'argent que j'ai promis en échange de ses espions morts. "

Hrist assemblait les morceaux du plan de la Murène assise en face d'elle qui se délectait de son vin et semblait apprécier le spectacle du mystère que provoquait son plan dans les yeux de la tueuse.

Si les garzoks avaient accepté un accord, c'est parce que les mercenaires de Keresztur prenaient un malin plaisir à tuer les espions qu'ils croisaient. Elle avait probablement assuré de dédommager les Garzoks pour les appâter et les faire baisser leur garde. Ainsi, d'un coup d'un seule, Katalina avait séparé les trois cibles, l'assassin Shaakt, Granul et son lieutenant.

" Et... Tu ne crains pas qu'ils prennent la taverne d'assaut ? Si Granul essaie de te tuer, il ne le fera sans doute pas dans un endroit aussi peuplé. "
" J'ai quelques mercenaires en poche. Tu sais, les cinquante de Keresztur. Ceux que tu as laissé derrière toi en préférant te rendre à Kendra Kâr. "
" Je n'avais rien trouvé de mieux. Cinquante hommes pour défendre tout le domaine... Tu sais comment ça se serait terminé, l'un d'eux nous aurait toutes égorgées. D'ailleurs... Lydia ? "
" Elle vit toujours. Retournée à Kendra Kâr elle aussi. "

Hrist croisa les bras et s'installa confortablement à son tour, frustrée d'être considérée comme une lâche.
" Tu as su comment j'ai pu m'en tirer ? "
" J'ai appris que la personne qui t'interrogeait a eu l'arcade brisée. Et de source plus sûre qu'il avait un rôle d'agent double. Revenons à nos moutons, tu veux ? "

Katalina avait de l'assurance, Hrist essayait d'y voir un peu plus clair mais c'était compliqué, elle avait très certainement peaufiné son plan depuis des jours et s'était bien arrangée pour qu'il soit opaque.

" Pour moi, c'est assez clair. Grun m'escorte, je le tue. Tu rencontres Granul, les soldats le tuent et le reste des mercenaires fera le ménage dans les rues pour ... "
" Je voyais ça de façon moins sanglante. Regarde sous ta chaise. "

Hrist se pencha et dans un petit seau de bois était dissimulé une fiole noire avec une étiquette rouge. La tueuse plissa les yeux et entama la lecture.
" Elixir Lavetout, une gorgée pour être nettoyé de la tête aux pieds. C'est une blague ? "
" Humph. Une vieille étiquette. C'est un poison mortel. Assez lent cependant. Ce soir, il terminera dans la réserve d'alcool de nos amis Granul et Grun. Ils aiment fêter leurs victoires par un banquet. Au programme, de la gueuse, de l'alcool fort et ce poison mortel. Il agira probablement après que nous ayons tué les deux chefs, mais il aura tôt fait de débarrasser les rues de ces rats qui pourraient se cacher et attendre leur heure pour revenir. "

Hrist préféra ne pas déboucher le flacon de cire, elle observa sous un meilleur effet de lumière l'embout gras et d'un noir luisant.
" Je vois.. Pas de massacre de rue alors. "
" Pas de massacre de rue... " Dit elle d'une voix déterminée.
" Avec ça, on ne les aura pas tous. Et ceux qui ne boivent pas ? "
" Quand ils apprendront que leurs amis sont morts en passant par tous les affres, ils se tiendront tranquilles. "
Katalina leva son calice vers Hrist et lui dit avec un clin d'oeil appuyé :
" A nos carnages... Tu me manquais. "

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Ven 8 Mai 2015 04:48 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
Après le rapport et les explications de sa seconde, Hrist était retournée dans ses appartements. Tournant en rond, elle essayait de se préparer mentalement à cette opération qui n'était pas sans risque car si les espions pouvaient désormais circuler librement sur le territoire de Granul, que penserait le chef Garzok s'il venait à trouver la tueuse fouiner non loin de leurs réserves de boisson avec un poison mortel sur elle. De plus, Katalina avait assuré qu'il y avait de quoi exterminer le quartier entier ce qui devrait lui permettre d'empoisonner éventuellement des ragouts ou d'autres fûts s'ils venaient à en avoir plusieurs.

Hrist avait étendu au sol l'équipement qui pourrait lui être utile, a savoir la cape noire qui saurait être utile pour se dissimuler dans l'ombre et masquer un peu sa silhouette. Concernant la discrétion, Hrist avait déjà expérimenté la paire de botte des Sylphes gravées d'un étrange motif brun, elles étaient assez silencieuse et la semelle était faite d'une matière qu'elle ne connaissait pas qui rendait tout risque de glissade accidentelle presque nul.

Cèles assise sur un coin de lit gesticulait ses petits bras gris en envoyant partout des résidus magiques qui s'évaporaient comme neige au soleil.
" Je ne comprends pas comment tu restes de marbre. Katalina semble avoir pris de l'avance, elle a peut-être même un poste plus important que le tien ! "
" Elle a toujours été comme ça. Ne t'en fais pas, ce sont des talents à ma hauteur, il est normal qu'elle fasse app... "
" On dirait plutôt que vous avez échangés vos rôles. Tu es la seconde et elle la Murène... Ca ne te ressemble pas d'obéir aux ordres de la sorte. "
" Bien sûr que si. La milice, ensuite Xenair... Katalina est un génie de la politique, elle sait ce qu'elle fait et je lui voue un confiance av... "
" Ouiiiii oui. Confiance aveugle, elle est intelligente, elle est prévoyante, elle est presque aussi cinglée que toi mais accepter les contraintes sans même être au courant, ça !! Ça ! C'est pas toi ! "

Hrist quitta un instant ses affaires des yeux et alla s'assoir en tailleur devant la petite Faera qui avait adopté une forme ressemblant comme deux gouttes d'eau à sa maîtresse.
" Fais moi confiance. Katalina est une femme brillante mais je crois qu'elle est encore... Trop douce pour cette ville. Son idée est brillante, je l'avoue, j'aurai probablement eu du mal à trouver mieux. Cela dit... J'y apporterai ma touche personnelle au moment venu. "

Cèles cessa de gesticuler. Les dernières paroles de Hrist semblait avoir attisé sa curiosité et la petite boule de fluide noire fondit dans une petite pluie sombre aux étincelles dorées.
" Mui... J'ai eu peur que tu te fasses à l'idée de : pas de carnage. "

Hrist souriait. Elle savait bien que malgré l'efficacité du plan de Katalina, elle aurait besoin de faire un sérieux coup d'éclat en plus pour dompter les rivaux et assoir sa domination sur Omyre.

" Mais pour ce soir... Comptons aussi sur la discrétion. "

Hrist récupéra la corde à arc qu'elle avait gardé de Lebher, très utile pour étrangler quelqu'un de façon silencieuse et si ça ne suffisait pas, elle arma la vieille rengaine au fourreau et serra sa ceinture avant d'enfiler sa cape.

D'un bref regard par la fenêtre, elle jaugea la faible clarté du ciel couvert de nuages pluvieux et dit tout bas :
" C'est bientôt l'heure... "
" Tu descends ? "
" Non... J'aime autant que personne ne me voit passer la porte. Je passerai pas les toits, comme au bon vieux temps. "

----- ----- -----


"... Tu sais où se trouvent les arbalétriers de la milice ?"

Hrist s'accrochait à mains nues sur les toitures des mansardes et des taudis, essayant de ne pas glisser malgré la pluie qui rendait les charpentes et les tuiles glissantes. Dissimulée sous sa cape et la capuche, elle leva les yeux vers les toits qui s'étendaient presque à perte de vue et sous ce ciel noir, la ville n'était plus qu'une ombre menaçante parsemée de lumières ternes et de sillons de fumée grise et étouffante qui s'élevait des torches que l'eau de pluie éteignait peu à peu.
" Ils sont aux murailles, aux portes et sur les toits avoisinant le marché et le campement. Là où je vais, je ne serais pas importunée par la milice. "

Courant sur un balcon solide elle pu rejoindre les toits du bâtiment suivant grâce à une maisonnée de pierre dont la toiture droite offrait un lieu de chute sans risque de glisser. Ce n'est qu'en s'aventurant plus tard sur des toits moins solides et plus anciens qu'elle glissa et manqua de tomber dans la rue. Se retenant in-extremis à une poutre plus solide que le reste de la toiture, elle s'évita un tragique destin et fort heureusement pour elle, aucun garzok ne leva le nez au ciel.

" P'tite frayeur ? Les rues ne sont pas assez bien pour toi ? D'ailleurs tu n' es plus sur ton territoire... "
" Katalina m'a précisé que le lieu de rassemblement des orques était non loin d'une vieille place qui sert aujourd'hui de déchargement. "
" Qu'est-ce qu'ils y déchargent ? "
" Ce sont des orques... Il peut y avoir du vin, de la viande de rat ou de nourrisson, des chapelets de doigts de pieds confits dans des crânes de pucelle et... "
" Ça va, ça va... "

Une fois hissée en haut de la toiture elle s'assurait d'avancer avec davantage de prudence. Dans ce quartier, les tuiles étaient fragiles et se cassaient sous ses bottes faisant un boucan d'enfer et la tueuse finit par craindre de se faire découvrir de la sorte. Préférant changer de tactique elle se laissa glisser jusqu'à l'embrasure d'une fenêtre, fenêtre qu'elle défonça d'un coup de botte.

Un panneau de bois se détacha du mur et tomba à terre. La pièce était sombre mais elle vit deux Garzoks adultes et trois enfants attablés autour d'un repas. Le père se leva bien vite et essaya de frapper l'intruse avec le couteau de table qu'il avait à la main tandis que ses enfants, trop jeunes pour combattre, s'étaient réfugiés vers leur mère, désarmés.

Hrist intercepta le bras armé de l'orc et lui envoya un coup de genou dans l'entrejambe, le laissant ensuite choir plié de douleur. A table, gisaient les restes d'une assiette de rat et de pain noir bouilli dans un consommé au vin malodorant.

Sous le regard effaré de la mère, la tueuse lança un sourire et dit d'une voix toute chantante :
" Ah, ça a l'air bon. La sortie, c'est en bas, j'imagine ? "

Ouvrant de grands yeux, la Garzok serra ses marmots contre elle et après avoir adressé un regard à son mâle qui se tordait de douleur, elle fit un signe de tête approuvant la remarque de l'inconnue qui la remercia en jetant quelque pièce sur la table avant de disparaître.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Ven 8 Mai 2015 17:52 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
Intervention spéciale pour Gurth


Tandis que tu es encore à table avec Ashen, un homme, visiblement matelot portant à la ceinture de nombreux ossements décorés et encrés s'approche vers vous. Il déposa simplement sur la table un petit objet placé dans un sachet de velours noir orné d'une jolie cordelette rouge. Sans être plus explicite, il dit tout bas avant de partir sans un regard :

" Bienvenue à bord... "

----------------------

Cadeau d'anniversaire : Chevalière de la Murène" : Bague d'argent ciselé ornée d'une murène aux yeux d'onyx. (for+13)

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Sam 9 Mai 2015 13:14 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Ven 11 Sep 2009 00:29
Messages: 179
    Le Gras et les deux Grises. (2)

Sombre réunion que ces trois êtres intimement liés au mal, avec ou sans volonté de le parsemer sur les terres de Yuimen. Sombre et pourtant courtoise et détendue, conviviale presque. Comme si les méchants avaient eux aussi le besoin de se retrouver pour partager un moment où ils l’étaient moins. Comme s’ils devaient eux aussi se lier à des êtres qu’ils pourraient appeler amis. Gurth n’avait jamais rien saisi à tout cela, ne s’étant lié qu’à ses Dieux. Mais là, ce soir, il se rendait compte qu’il partageait un moment avec d’autres êtres vivants sans vouloir les détruire, ni que ce soit désagréable pour lui. Une prise de conscience curieuse, pour lui qui n’avait jamais vu que la mort dans la vie, que la destruction dans ses pairs. Oh certes il ne les connaissait encore que peu, mais… ils formaient un groupe, indubitablement. Un groupe plus libre et moins règlementé que la religion, une caste formée, à l’instar de ce qu’Ashen avait avancé, d’esprits libres qui se réunissaient là pour réaliser des buts communs chacun à sa manière, avec ses valeurs propres. Une ouverture dont il n’avait pas l’habitude, mais qui était en réalité loin d’être désagréable.

La pâle s’amusa de la perspicacité du géant, avec ou sans moquerie. Il n’était pas suffisamment socialement adapté pour le comprendre. Mais il n’en avait cure : elle confirma froidement être Hrist, la fondatrice de cet ordre. Ashen, de son côté, faisait preuve d’une modestie surprenante pour une membre de son espèce, indiquant qu’elle ne connaissait que peu Omyre, n’y vivant que depuis quelques mois. Le plan qu’elle m’avait dessiné en prouvait pourtant le contraire, et il ne comprit pas ce stratagème de se rabaisser ainsi. Mais là encore, c’était sans doute dû à son inhabitude à se retrouver en présence de pairs sans vouloir leur arracher la vie.

La pâle se leva, et indiqua sa fatigue au duo de la tablée. Elle fit quelques pas vers le bar, pour payer les consommations de ce soir. Orgie, les appela-t-elle. Un simple repas, pour l’ogre. Elle précisa tout de même, avant de disparaitre, que nous pourrions la trouver au sous-sol, si nous avions à nous entretenir avec elle. Une information qui resta dans l’esprit de Gurth sans qu’il ait pour le moment l’occasion de s’en servir.

Son regard vide se tourna vers Ashen à nouveau. La fatigue soulignée par Hrist n’avait fait qu’accentuer la sienne propre, et il décida de mettre fin à cet entretien. Soupirant devant l’effort qu’il allait devoir mettre en œuvre pour se lever de sa chaise, il grogna :

« La nuit n’est que trop avancée pour ma carcasse humaine. Elle n’aspire plus qu’au repos, après ce repas. »

Il s’appuya sur la table, qui grinça malgré sa robustesse lorsqu’il se leva péniblement, soufflant sous son poids. Jambes et pieds meurtris n’aspiraient effectivement qu’au repos. Mais il fut interrompu par l’arrivée impromptue d’un marin de Von Klaash, peut-être présent deux jours auparavant à la tablée qu’il avait investie. Il posa devant l’ogre une petite bourse de velours noir encordée de rouge, souhaitant au terrible nécromancien la bienvenue à bord… Il disparut sans que Gurth ait eu le temps de voir ce qu’il lui avait donné. Sans qu’il le regarde partir, le géant s’empara du petit sac et l’ouvrir de ses gros doigts maladroits. Dedans, une chevalière en argent, au faîte ciselé en forme de tête de murène aux yeux d’onyx. Un signe de reconnaissance. Un symbole. Il s’empressa de glisser l’anneau à son doigt, sans autre commentaire pour l’anthracite que celui qu’il lui dédiait avant l’arrivée du marin :

« Je vous laisse à votre propre repos, allant regagner le mien. Que ces heures sombres vous soient propices, jusqu’à notre prochaine rencontre. »

Et lourd, gourd, il s’avança dans la salle jusqu’à regagner l’antre qui, précédemment, lui avait servi de chambre. Sans plus une pensée, sinon celle rassurante d’avoir ses dieux à ses côtés, il s’endormit d’un sommeil profond, laissant son cœur et son esprit s’évanouir dans les sombres ténèbres d’une nuit déjà avancée.

De l’anthracite ou de la perle, il laissa le souvenir
Orné d’onyx et le cœur clair, il s’en alla dormir.

_________________
Gurth Von Lasch - l'Ogre de Tulorim

Je hais les testaments et je hais les tombeaux ;
Plutôt que d'implorer une larme du monde,
Vivant, j'aimerais mieux inviter les corbeaux
A saigner tous les bouts de ma carcasse immonde.
(Baudelaire - Le mort joyeux)


Haut
 

 Sujet du message: Re: Les thermes
MessagePosté: Mar 12 Mai 2015 02:03 
Hors ligne
Avatar de l’utilisateur
 Profil

Inscription: Mar 20 Avr 2010 21:13
Messages: 12983
Localisation: Derrière Cromax
Arkos nettoyait le fond d'un bol lorsqu'il écoutait tes paroles. Il te fit un bref signe de tête avant de poser son ustensile sur le comptoir pour aller récupérer non loin de là un rouleau de cuir scellé par une cordelette.

Il de déroula devant toi, le parchemin gras représentait une carte assez précise de la ville et des lieux importants.
" Marque'y donc ça dessus, ma p'tite. Si Von Klaash les retrouve au matin, tu auras p'être le droit à un petit pécule, qui sait. "

--------------

Tu n'es pas obligée de Rp le placement sur la carte, tu peux éluder.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


Haut
 

Afficher les messages postés depuis:  Trier par  
Poster un nouveau sujet Répondre au sujet  [ 97 messages ]  Aller à la page Précédente  1, 2, 3, 4, 5, 6, 7  Suivante


Qui est en ligne

Utilisateurs parcourant ce forum: Aucun utilisateur enregistré et 0 invités


Vous ne pouvez pas poster de nouveaux sujets
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets
Vous ne pouvez pas éditer vos messages
Vous ne pouvez pas supprimer vos messages

Aller à:  
Powered by phpBB © 2000, 2002, 2005, 2007 phpBB Group  

Traduction par: phpBB-fr.com
phpBB SEO

L'Univers de Yuimen © 2004 - 2016