AttachementLa porte était étrangement légère et facile à déplacer pour de la pierre, Evangelina en profita donc et la poussa jusqu'au maximum. Puis elle se tourna de nouveau vers Syl. Cette dernière s'était assise au milieu de la pièce, et semblait toujours aussi inquiète.
Maintenant que la porte était ouverte, les bruits de combats étaient plus forts, plus proches. L'odeur de sang n'était pas là, mais le regard de la poupée brisée ne changea pas. Pas de soulagement, pas de déception. Peut être une pointe de lassitude, tout au plus.
Elle baissa les yeux vers la seconde fiole qu'elle tenait toujours dans la main, puis releva les yeux pour regarder le conflit. Hailindra se tenait dos au mur, fasse à la crevasse. Elle avait une dague à la main, même si elle ne semblait pas prête à s'en servir. La compagne de Syl était enragée.
Evangelina ne mit pas longtemps à reconnaitre ce regard, la haine et la douleur mélangées dans une violence incontrôlée, le désir de vengeance surpassant tout autre sentiment, la douleur annihilant toute réflexion... Si Hailindra ne réagissait pas, elle n'aurait aucune chance. Ce sentiment était pire qu'une drogue, pire que la magie. C'était tout un esprit qui s'effondrait, qui n'avait plus qu'un désir de meurtre, une tristesse tellement profonde que les larmes ne coulaient plus, que l'âme elle même semblait brûler...
La poupée brisée fronça un peu plus les sourcils. Elle l'avait en elle, elle souffrait aussi. Elle comprenait cette petite fille.
(Tu ne vas quand même pas la laisser tuer ton amie !)"Je n'ai pas d'ami. Ils ne seraient qu'une faille pour m'atteindre, une demande implicite qu'on me fasse souffrir encore plus."(Tu es pire que Pandore...)"Qui est-il ?"L'araignée ne répondit pas. L'Aniathy se rendit compte qu'elle avait parlé à haute voix.
La poupée brisée releva la tête et avala le contenu de la seconde fiole. La sensation fut plus brutale, plus importante, comme si son corps n'acceptait qu'à moitié les fluides qu'elle lui apportait. Elle sentit chaque particules que les nouveaux fluides contaminaient, elle les sentait descendre en elle, comme si son corps était devenu un berceau de sensations étranges. Cela mit aussi plus de temps à se calmer que la première fois.
Il ne fallait pas qu'elle abuse sur les fluides, elle le comprit rapidement. Mais elle se sentait plus puissante, plus forte. C'était grisant, même s'il y avait peu de chance qu'elle parvienne à résister à son adversaire. Elle soupira et se tourna vers Syl, posant la fiole à terre.
"Je te remercie, qui que tu sois. Je te remercie sincèrement."(Tu vas y aller ? Je croyais que...)(Hailindra ne doit pas mourir. Elle est... pure, je crois.)Elle lui semblait en effet innocente, sans haine ni tourment, sans violence dans l'âme. Et pour cela elle devait vivre. Il fallait que le bonheur et la joie survivent, pour qu'elle puisse se rappeler que tout n'était pas mort.
(Tu es étrange Evangelina.)La susnommée ferma les yeux un instant, se vidant l'esprit. Des brides de bonheurs y trainaient encore. Elle revit Alylade, elle revit Hailindra. Mais elle revit aussi Larhe, le feu et la cendre, le sang et la douleur. Elle ressentit l'atroce souffrance, le vide dans son âme. Elle revit la profondeur de la douleur, la puissance de sa folie.
(Tu acceptes ? Tu en es consciente et...)(Il n'y a que comme ça que je survivrai. Maintenant, tais-toi.)Lorsqu'elle rouvrit les yeux, elle savait que son regard avait changé. Elle avait accepté d'être ce qu'elle était. Elle acceptait le sang, la violence. Elle acceptait la peur et la douleur. Elle acceptait la haine et la solitude. C'était le seul moyen d'acquérir la puissance, le seul moyen de retrouver son passé et de sauver son avenir. Elle devait disparaitre.
La poupée brisée inspira et s'élança en avant.
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Absorption d'un fluide d'ombre (j'ai rajouté celle du post précédent à la fin de ce dernier, désolé de l'oubli).L'héritière
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Les dieux ne sont qu'enfants, inconscients et inaptes. Ils souffriront comme j'ai souffert, perdront à jamais leur pouvoir et erreront, comme jamais personne n'avait encore erré. Ils pleureront, remplissant les mers, et saigneront, car tel est le sort que je leur réserve, car enfin ils vivront ce qu'ils ont fait vivre...
Merci à Itsvara
« Les hommes ne sont pas nés du caprice ou de la volonté des dieux, au contraire, les
dieux doivent leur existence à la croyance des hommes. Que cette foi s'éteigne et les dieux meurent. » Jean Ray