Nul autres mots furent prononcés après les miens. Les deux autres porteurs de colliers restèrent silencieux, préférant laisser le dernier membre du groupe faire son choix : accepter de nous rejoindre, ou faire à nouveau demi-tour, probablement pour la dernière fois avant que la brunette n'entre dans la danse.
En mon for intérieur, je craignais que ma réponse n'ait le moindre effet. Les mêmes mots, tant dans ma tête qu'au bord des lèvres, dictés par un besoin aussi présent que pressant.
Et pourtant, l'elfe ne nous tourna pas le dos, bien au contraire. Elle brisa le silence qui s'était installé d'un seul mot, presque fataliste, mais qui représentait tant. Elle s'avança vers la petite qui lui fit don de son dernier collier avant de s'enfuir et disparaître en passant par les toits.
Avant que l'elfe ne pose le bijou sur sa peau, je ressentis un changement en moi : nous étions enfin au complet. Toute la tension qui s'était accumulée disparut à l'instant où elle posa la main sur le métal et je détournai le regard.
Ce fut seulement lorsqu'elle disparut que j'eus conscience de la nature extérieure de la sensation pressante qui m'avait guidé et poussé à ne pas la laisser partir, je me sentis étrangère dans mon propre esprit mais cela ne dura pas. Très vite je ressentis un nouveau besoin, naturel et encré comme l'était celui de manger et dormir. Il me fallait partir, voyager vers une unique destination.
Je relevai les yeux vers mes compagnons mais avant que je n'ouvre la bouche, l'elfe blanche répondit à mes interrogations en nous demandant quelle route nous allions choisir. Il n'était pas nécessaire de lui demander ce qu'elle entendait par là. Le Nord nous appelait, tous. Quelque part, au milieu de l'océan, une terre nous attendait.
Mais très vite, l'idée d'unité fut ternie par la première des propositions. Cromax avait choisis les airs … et nous invita toutes à le suivre.
Je me renfrognai.
- Et comment comptez-vous détourner ces elfes gris de leurs itinéraires ?