L’elfe blanche est dotée d’une irascibilité notable, et c’est sans ambages qu’elle me menace de mort si jamais il y a le moindre petit incident de vol. Toujours marchant, et elle à mes côtés, je souris en haussant les épaules.
« S’il arrive quoi que ce soit, je me ferai un plaisir de tout mettre en œuvre pour que vous vous en sortiez, alors. »
Un regard en coin, provocateur. Je ne lui ai en rien forcé la main pour qu’elle prenne avec moi cette voie… Il est cependant intéressant de constater que des trois demoiselles se disputant l’instant d’avant, toutes me suivent maintenant, bon gré mal gré. Mon expérience avec les Amants m’aurait-elle donné plus d’assurance et d’autorité naturelle ? Ou est-ce le fait de trancher dans le lard sans finalement laisser cours aux longues et stériles discussions qui me vaut cette position décisionnaire dans ce nouveau petit groupe formé. Toujours aussi mal à l’aise avec cette place, même officieuse, de chef de groupe, je décide de n’y prêter attention pour le moment, et continue ma route vers la zone d’embarquement avec entêtement.
Arrivés aux portes de la ville, Aenaria semble avoir quelques soucis avec la garde, mais puisqu’il s’agit certainement d’une erreur, je la laisse se débrouiller. Elle est efficace tant en groupe qu’en solo, et c’est le cœur tranquille que je la laisse nous rejoindre plus tard près des Aynores. Le temps que nous marchandions nos places, et elle sera à nos côtés.
En trio, nous avançons donc jusqu’aux larges plaines herbeuses où les plateformes d’embarquement pullulent de machines volantes. Un spectacle toujours très impressionnant, qu’importe la ville où il prend place. Ceci dit, il n’y a qu’à Kendra Kâr où j’ai entendu la voix qui me hèle alors : celle de Fléau. Surpris, je me tourne vers la source de cet appel, et je vois mon ami, près de caisses déchargées, à œuvrer. Visiblement, il a pris en grade depuis la dernière fois que je l’ai vu transporter ces caisses. Il supervise une petite équipe, désormais, la soutenant de ses sortilèges d’air.
« Fléau ! ça fait un bail ! »
Naturellement, j’étreins mon ami en le prenant par l’épaule, et je le vois lorgner vers les deux demoiselles qui m’accompagnent.
« Je te présente… »
Est-ce que je connais leur nom ? Dans toute cette précipitation, il ne me semble même pas que nous nous soyons présentés. Je les regarde d’un air interrogateur, avant de poursuivre, pour garder contenance :
« …mes compagnes d’aventure ! Et… à ce propos, connaîtrais-tu un capitaine d’équipage assez courageux ou fou pour nous emmener sur une île inconnue au nord de ce continent ? »
Il n’y a pas de petits profits, et autant me servir de sa connaissance de la zone, depuis le temps qu’il y travaille, pour qu’il m’informe des possibilités d’une telle chose.
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