Mes premiers jours seul sur la route depuis plus de six ans...
Cela faisait maintenant quatre jours que je voyageais.
Ça m'avait fait bizarre d'être là durant les premières heures, pour aller dans une ville que je ne connaissait pas, dans le but d'aider une jeune fille que je ne connaissait pas non plus spécialement... Qu'importe, c'était mon métier et je comptais bien le faire, pour que jamais une jeune fille innocente meurt sans que personne ne fît rien.
Cette fillette ne méritait pas la mort et j'allais la sauver, je ferais tout mon possible pour la sauver.
Je marchais d'un pas rapide, mais prudent, cette route était fréquentée certes, mais on risquait toujours quelque chose en voyageant.
La nature est toujours belle par contre. Ce doit bien être la seule chose qui ne me déçoive jamais : la beauté d'un paysage, même en peinture. Cette beauté sereine et lumineuse, les couleurs chatoyantes des fleurs et des insectes, la verdure des arbres et l'odeur de la terre et de l'herbe.
J'aime contempler le paysage, mais en ville on a pas souvent l'occasion de le faire, surtout quand on est médecin et sans cesses appelé pour des soins.
Le seul moment où je ne suis pas appelé, et encore, c'est la nuit, or la nuit je dormais en général. Je n'aimais pas la nuit, tout est sombre et immobile, c'est un peu comme si on avait quelque chose de mort sous les yeux.
Je préférais rester à contempler les papillon diurnes et sentir les fleurs, même les regarder de loin me plaît davantage que de les regarder de nuit.
Pensant et marchant en même temps je ne me rendis pas compte que j'étais suivi.
Une petit chose bougeait dans les fourrés, faisant beaucoup de bruit pour sa taille.
Soudain je m'arrêtai pour me désaltérer, c'est alors que j'entendis un bruissement d'herbe, des bruits de pas, un grognement et un grattement de métal. Je me retournai, et je vis l'herbe bouger. Pas de doute, quelqu'un s'approchait de moi.
Je me préparais mentalement au combat quand soudain je vis sauter dans ma direction un gobelin armé d'une dague et d'un bouclier.
(Un rôdeur gobelin, ici, seul en plaine ?)Il s'approchait de moi et moi seul, ça ne faisait plus de doute, d'ailleurs étrangement la route était pratiquement vide.
Je me mis en garde et attendit qu'il soit au contact pour lui infliger le plus de dégâts possibles à bout portant, en visant la tête.
Ou du moins j'espérai faire comme ça, car il feinta au moment crucial ce qui me déséquilibra.
J'avais manqué de peu sa tête et il en profita pour me couper à la jambe, il asséna un violent coup de sa lame à ma cuisse droite qui me fit tomber. Je lui rendit un coup de pied gauche avant de me relever, titubant.
Il chargea et j'esquivai du mieux que je pus, en lui fauchant au passage la jambe droite, il trébucha et tomba. Je me précipitai vers lui dans l'espoir de l'achever mais il me anticipa, esquiva et me meurtrit l'autre jambe.
Je tombai à genoux à côté de lui, il me tapa à nouveaux au ventre et je me pliai en deux avant pendant qu'il se relevait.
(Ça y est, c'est la fin... )Il leva sa dague.
(NON ! Je dois survivre !)Il commença à abaisser son bras.
Je me retournais alors en lui plantant mon poing dans le ventre. Il recula d'un mètre, et je me relevai, titubant, une main au ventre et l'autre prête à frapper.
Il attaqua et je l'achevai en lui lançant un puissant rayon de lumière dans son ventre désormais non protégé. Il s'effondra, agonisant, mais essayant toujours de m'atteindre. Je le laissai là et m'en allait en courant sur la route
Le deuxième jour avait été une longue journée, pluvieuse, grise et terne, durant laquelle je fis le moins d'arrêt possible.
Je m'étais levé le matin au levé du soleil. Il faisait beau. Je m'étais préparé au voyage de la journée la veille avant de me coucher et je pus donc partir rapidement.
J'avais fait une pause après trois heures de marche pour contempler le paysage depuis une petite colline. La vue avait été superbe et ce serait ma dernière vision de la mer avant un moment. Soudain il avait commencé à pleuvoir, et je n'avais nulle part où m'abriter.
J'avais repris la route rapidement, presque en courant, en direction du sud-ouest, vers Kendra Kâr.
La route risquait d'être longue et j'avais omis de prendre des provisions en quantité, j'eus donc rapidement une sensation de faim qui me tirailla de l'intérieur et je dus chercher une auberge où acheter de quoi me sustenter, et me sécher par la même occasion. Je n'en trouvai pas avant le soir et je décidai donc de m'y arrêter pour la nuit.
L'aubergiste, un humain d'environ soixante ans, était seul dans la grande salle. J'ôtais mon manteau et l'accrochais avant d'aller lui parler pour avoir une chambre et un couvert. Il me proposa une chambre et un repas qui me convinrent parfaitement, et demanda à ses serveuse de s'en occuper. Une fois les jeunes femmes parties il apporta une bouteille de vin et commença à discuter avec moi :
« Que venez vous faire par ici ? »« Je suis en route vers Kendra Kâr pour affaires. ».« Quel genre d'affaires, si ça ne vous dérange pas ? »« Je cherche... une amie à moi. »« Comment se nomme-t-elle cette amie ? Je connais assez bien Kendra Kâr, et je pourrais vous peut-être vous aider. »« Écoutez, ça ne vous regarde pas, ce sont mes affaires, pas les votre !« Hey ! Faut pas vous énerver, je cherche juste à parler un peu en attendant que le repas soit cuit ! C'est qu'on en a pas beaucoup eu ces derniers temps des visiteurs !C'est sur ces mots qu'il retourna à sa cuisine, voir où était le repas. Cinq minutes plus tard il m'apporta l'assiette et me demanda si je voulais entendre un de ses récits d'aventures, histoire de changer un peu de sujet de conversation. Je répondis par l'affirmative et il entama un récit où lui et ses compagnons s'engouffraient dans une grotte pour y récupérer un trésor caché. Au bout d'un quart d'heure il eut finit son récit et moi mon repas et nous nous séparâmes sur ses dernières paroles.
J'avais passé à l'auberge une excellente nuit que je ne regrettais pas et le lendemain lorsque je descendit la serveuse me dit que le tavernier m'avait préparé un petit-déjeuner et m'attendait devant la taverne.
Après avoir mangé je sortis et le trouvai là où elle avait dit. Il regardait la plaine devant lui.
Je le rejoignis, et il me dit qu'il était désolé pour ses questions de la veille. Je lui répondit que j'étais désolé de ma réponse.
Ensuite nous nous sommes séparés et j'ai repris ma route après avoir payé mes repas et le séjour, ainsi qu'une petite réserve de nourriture.
Cette troisième journée de voyage se passa sans encombres.
Je fis plusieurs heures de chemin avant de passer mon temps à méditer sur la nature, sa grande beauté et son incroyable diversité, puis au bout d'une heure de pose je repris ma route.
Cette nuit fut plutôt agitée, j'y rêvais de la jeune fille que je devais soigner, couchée sur son lit, se tordant de douleur, agonisant dans d'atroces souffrances et quand je m'approchai je vis le visage de ma mère.
Je me réveillais en sursaut et tentai de me maîtriser, j'étais en sueur. Je me recouchai mais ne parvins pas à trouver le sommeil, puis l'aube vint.
Je me levais pour mon quatrième jour de voyage, l'activité routière s'intensifiait peu à peu à l'approche de la ville, et le nombre de fermes semblait augmenter de manière exponentielle.
Je croisait plusieurs hommes avec leurs charrettes, leurs cheveux ou leurs âne qui allaient souvent dans la direction de la ville.
Au bout de trois heures d'embouteillages au travers desquels je me frayais un chemin lentement, mais surement, j'atteins enfin là tête de colonne je pus de nouveau progresser normalement.
Heureusement d'ailleurs car la nuit commença à tomber et j'atteins rapidement une aire sur laquelle poser ma tente.
Cette nuit fut calme et je pus dormir normalement. Du moins au début, en effet vers quatre heures du matin j'entendis un craquement. Je me réveillais et entendis une autre série de craquements. Je me levai et éclairai les environs : rien en vue.
J'entendis un autre craquement derrière moi, je me retournai et je vis alors une troupe de trois gobelins qui avançaient vers moi.
Je me mis en garde comme la dernière fois, mais je tirai avant qu'ils ne s'approchent plus, je touchai le premier à l'épaule, ils chargèrent alors.
Je tirai un second rayon lumineux sur le gobelin de tête, il y perdit la mobilité de sa jambe droite mais continua à clopiner vers moi du mieux qu'il pût.
Pendant ce temps ses deux camarades étaient sur moi et commencèrent à me frapper de leurs dagues, l'un d'eux m'atteignit à la jambe et l'autre à la poitrine. Dans un dernier geste j'achevai celui que j'avais déjà blessé, avant de m'effondrer, sans force, dans un mare de sang.
Je ne vis plus rien, mais j'entendis très distinctement le son d'une flèche qui se plante et le hurlement d'un gobelin.
J'entendis ensuite un bruit de course et le fracas d'épées, puis plus rien.
Je m'évanouis complètement.