Le convoi aillant repris la route, la monotonie du voyage accabla à nouveau nos pensées d’ennuis et de questionnements. Ainsi, j’entrepris d’engager une conversation : comment c’était passé le trajet jusqu’au village ?

« Hé, Awkdjian, tu ne nous pas encore conter votre court trajet jusqu’au village, ne s’est-il rien passé au dos d’une si belle cavalière ? »

Depuis que Tamara évitait les trous et terrains accidentés le voyage était moins mouvementé de haut en bas mais bien plus vers l’avant car le rythme était poussé à son maximum.

Le cocher devait régulièrement encourager ses bêtes à garder telle cadence.
Et bien entendu il ne le faisait pas sans ronchonner.

Les yeux balayant le paysage changeant, passant notamment d'une plaine dégagée à des espaces ponctués de bosquets, le ménestrel semble sortir d'un rêve quand tu lui parles. Il hausse un sourcil avec curiosité, et tu peux voir une ombre fugace dans son regard. Pourtant, il esquisse un grand sourire en regardant Tamara.

"Dame Tamara est une cavalière accomplie, pas comme moi. J'ai manqué de peu choir au moins deux fois."

Il pousse un petit souffle amusé, tenant son violon avec tendresse. Il mime un violent frisson, exagérant son air apeuré.

"Je suis tout de même ravi de ne point avoir eu à m'y attarder. Ce village était d'un sinistre ! Triste ! Je n'ai même pas eu le cœur de jouer pour eux, c'est dire. Je suis même persuadé qu'ils l'auraient mal pris."

De nouveau, il appuie son regard sur la meneuse et croise les jambes, semblant s'amuser de ses propres pensées.

"Et j'ai l'impression que notre belle dame a été frappée par cette... Morosité. Ou alors c'est à cause de quelques paroles échangées avec le doyen."

Le ménestrel émet un étrange rire, son regard se remettant à examiner des éléments du paysage.

Malgré le ton de sa réponse je ne pouvais que remarquer son air soucieux, dissimulé derrière un faux semblant d’agneaux terrorisé.
Selon ses dire et ce que j’en interprétais le village avait mal vécu la dernière saison, les habitants d’habitude accueillants devenait méfiants envers n’importe qui.

Mais cela ne me surprenait guère quant à l’époque que nous vivions, aucun villages de province ne pouvait s’en sortir indemne à l’appelle de la guerre. Mais ce qui m’interpella fût sa référence à une conversation passée entre le doyen et Tamara, qui depuis semblait soucieuse.

Y aurait –il quelque nouveaux dangers ou problèmes à prévoir ? Même Awkdjian évitait le sujet et avait perdu la langue qu’il avait d’habitude trop pendue.

J’osai malgré tout faire un signe à Tamara, lui indiquant que j’avais une question.

« Dame Tamara, mon amis Awkdjian n’a pu s’empêcher de me parler d’une conversation passée avec le doyen du village. Avez-vous des nouvelles d’Oranan et de la province ? Ou même Kendra Kâr ? »

Jet d'observation Awkdjian : Réussite
Jet d'observation Tamara : Échec


Lorsque tu lui fais signe, Tamara ralentit l'allure, t'écoutant sans te regarder. À l'évocation de la conversation, elle jette un regard noir au ménestrel, dont les yeux sont ailleurs. Il finit par reporter son attention sur vous, avec un air étrange au visage. Il sourit mais d'une façon qui peut paraitre dérangeante. Ses yeux brillent d'intérêt et d'amusement.

Toutefois, il garde le silence, n'émettant qu'un rire de nez quand il t'entend parler d'Oranan et de Kendra Kâr.

De son côté, Tamara hausse un sourcil à tes questions, faisant un signe négatif du chef. Elle lève brièvement le nez vers le ciel nuageux, scrute le chemin devant vous et les quelques bosquets proches, puis t'adresse un regard froid.

"Ce n'était pas le sujet."

Elle jette un regard par-dessus son épaule, et tu peux la voir se mordiller la lèvre inférieure. Elle secoue négativement la tête, semblant se parler à elle-même.

"Pas le temps. Il faut continuer, vite."

Levant la main, elle incite les charretiers à pousser davantage l'allure des bêtes, non sans provoquer l'incompréhension de ceux-ci.

Soulagé de ce dénouement, j’entraînai la jeune femme sur le pont de pierre qui marquait le début de notre voyage vers Oranan. Je regardai les hauts murs derrière nous. Je n'avais passé qu'une seule journée dans cette immense cité mais quelle journée ! Le crépuscule touchant à sa fin, les torches des gardes faisaient danser l'ombre du parapet sur le sol devant nous.

"Merci pour ton intervention. Un séjour aux geôles aurait été un bien fâcheux contre-temps." Je lui souris.

"C'était ma faute de toute façon. Vous n'auriez pas quelque chose que je puisse enfiler dans votre baluchon ? Elle est très confortable la cape mais je préférerais pourvoir l'enlever quand je veux, surtout qu'il doit y en avoir pour une trotte jusqu'à Oranan. De plus si on voyage de nuit la température va pas mal baisser. Et puis ça fait un moment que j'ai rien avalé aussi. J'espère que mon frère est toujours en vie. C'est mon premier voyage. Je..."

"Stop ! Stop. Cela suffit. Pourquoi ne profiterais-tu pas plutôt du bon air de la campagne dans le calme ? Je m'occupe de la gestion du voyage, puis voyant qu'elle allait rétorquer, plus un mot maintenant."

Alors qu'elle se renfrognait une nouvelle fois, je songeai au périple à venir. Mes connaissances de la géographie suffisaient amplement pour ce trajet, mais un départ précipité nuisait à la bonne préparation d'un voyage. Il nous faudrait croiser la route d'un commerçant avant d'être arrivés à la moitié du chemin, au moins pour les vivres. Je ne craignais pas de rencontrer des difficultés sur le trajet, du moins pas avant d'être proches de notre destination. La situation à Oranan était compliquée, j'avais entendu de multiples bribes de conversations à ce sujet en ville. Je ne manquerai pas d'interroger mon invitée à ce propos, son frère étant là-bas, elle pouvait potentiellement détenir quelques informations utiles.

Un regard en arrière, nous nous étions déjà bien éloignés de la ville. Les champs qui s'étendaient à perte de vue disparaissaient peu à peu dans l'obscurité, alors que la lune relativement pleine prenait le relais pour nous montrer la voie. Je respirai à pleins poumons, comme je me sentais vivant en cet instant !

Dirigé pour Valoran

(((HRP : à toi de réagir à ce post, tu ne peux faire intervenir le marchand ou les bandits, ce sont mes PNJs. Pour le moment, pas de combat de prévu, il se peut que la situation se résolve d'elle-même.)))

Le vent nocturne nous rapporta distinctement les intentions des deux bandits. Décidément, ce pauvre marchand paraissait avoir encore moins de chance que moi.

"On devrait peut-être les contourner à travers champs, dit la jeune femme à voix basse, on a eu notre dose d'histoires pour la journée non ?"

J'étais bien d'accord avec elle. Cependant, repensant à notre situation de voyage, une idée me vint à l'esprit. Si j'aidais cet homme à s'en sortir indemne, il pourrait probablement nous rendre le service. Soit en nous accompagnant sur une partie ou la totalité du chemin, soit ne serait-ce qu'en nous fournissant de quoi voyager. Je songeais à ma tenue noble bien à l'abris dans ma besace. Le tissu, difficilement trouvable sur ce continent, pourrait satisfaire les brigands. Cependant l'inconnu restait la cargaison du marchand. Si jamais les deux hommes l'inspectaient et la trouvaient plus intéressante que mon offre, j'allais me retrouver coincé. Ou pire, ils pourraient aussi bien tout embarquer. Dans un premier temps il me fallait donc un moyen de pression. À moins que...

"Cache-toi là pour l'instant. Je lui indiquai le petit dénivelé sur le côté du chemin. En tant qu'elfe j'avais en théorie une meilleure vision nocturne que les humains, aussi je reculai de quelques pas jusqu'à être à la limite de ne plus les voir, puis je hurlai : GARDES DE LA CITÉ, VENEZ EN AIDE À CE MARCHAND"

Dirigé pour Valoran

(((HRP : Cette fois c'est simple, l'elfe va t'embrocher si tu ne réagis pas. Tu as éloigné ta PNJ, pour le moment, elle reste dans le fossé tant que je ne t'autorise pas à la faire intervenir.)))

Non seulement ils n'avaient pas eu peur de mon cri mais l'un d'eux venait directement vers moi. Alors que je reculais instinctivement pour me cacher dans la pénombre, je perdis de vu le marchand et son agresseur. Malgré mon changement de direction, le second brigand continuait à approcher directement vers moi. Alors qu'il était plus proche je compris pourquoi : c'était un elfe, il pouvait donc me voir aussi bien que je le voyais. Il avançait rapidement tenant quelque chose, probablement une dague, je n'avais pas vraiment le temps de réfléchir d'avantage. Avec un peu de chance en me voyant incanter, il rebrousserait chemin. J'imaginais que les bandits évitaient de se frotter aux mages, surtout sans connaître leur niveau.

J'évaluai la distance qui nous séparait et commençai à me concentrer sur l'air autour de moi. Il fallait qu'il soit vraiment très proche de moi pour que mon sort le touche. J'allais devoir me montrer particulièrement précis quant au moment du déclenchement si je ne voulais ni qu'il ne me touche avant, ni qu'il ne soit pas encore à portée. Le vent changea de direction et s'intensifia autour de moi. Cela ne sembla pas le perturber le moins du monde. Je rassemblai mon énergie magique. Des bourrasques soulevaient la poussière du chemin, je perdais le contact visuel avec mon assaillant par intermittence. Difficile de savoir si il avait ralenti sa course ou pas. Les efforts que je déployais pour conserver le contrôle de mon sort étaient intenses. Je sentais mon cœur battre dans mes tempes, je pouvais à peine ouvrir les yeux tant l'air était chargé de poussière. Je tentai tant bien que mal de distinguer mon assaillant dans la tourmente.

Avec une agilité fulgurante, l'elfe fit un bond à la fin de sa course profitant de la vitesse du vent pour m'atteindre, si bien que je ne le vis arriver qu'au dernier moment. Je tentai désespérément de l'éviter d'un pas de côté mais il arrivait beaucoup trop vite. Je sentis la lame passer à travers ma manche et entailler franchement mon bras. Je n'avais jamais été blessé au combat, aussi la douleur était pour moi particulièrement intense. Malgré cela mon instinct de survie me poussa, je me concentrai juste suffisamment pour lancer mon sort la seconde suivante. La puissance de mon cyclone magique était en partie diminuée mais je parvenais quand même à projeter mon assaillant au sol.
Je tombai à genoux me tenant le bras, réprimant un gémissement. Je tentai tant bien que mal d'enfermer la douleur dans un compartiment de mon esprit. Laissant de nouveau mon instinct de survie me guider, je saisis la lame du brigand et tentai de lui porter un coup direct au torse avec toutes les forces que j'étais encore capable de rassembler dans mon bras valide.

Complètement paniqué par la situation et ma blessure, mon bras tremblant descendait tant bien que mal vers la poitrine de l'elfe. Mais à cet instant il reprit connaissance et, par réflexe de défense, il fit un grand mouvement avec son bras qui vint heurter mon propre membre déjà endolori. La douleur explosa et je ne pouvais m’empêcher de crier. Par réflexe je serrais les poings de toutes mes forces, si bien que je gardai le contrôle de la dague. Je ne pouvais pas me résoudre à abandonner, j'avais encore tellement de chose à accomplir ! Mon ardent désir de survivre me poussa en avant. Je n'y connaissais rien au combat mais je tentai désespérément de lui asséner des coups rapides sans réfléchir avec mon poing ensanglanté et avec mon autre main qui tenait toujours l'arme tranchante.

Alors que mon adversaire se débattait sous moi je ne me contrôlais plus. Je ne voyais plus rien, ne ressentais plus rien, j'étais hors du temps et de l'espace. Seule comptait la survie. Je sentis vaguement une douleur au poing alors qu'il rencontrait quelque chose de dur. Je serrais la lame tellement fort dans mon autre main qu'elle faisait partie intégrante de mon corps. Je multipliais les assauts sauvages avec une force que je ne soupçonnais pas. Un coup. Je sentis la dague pénétrer la chair, signe que l'avantage était pour moi. Deux coups. Je perçai une nouvelle fois la défense de mon adversaire, je lui criai ma rage tout en maintenant le rythme de mes attaques. Trois coups. La dague s'enfonça dans son torse. Avec l'énergie du désespoir il tenta de me désarçonner avec ses jambes, mais j'étais tel un rocher frappé par les vagues, j'encaissai sans bouger. Quatre coups. Il s'immobilisa complètement. J'arrêtai de le frapper et j'ouvrais les yeux malgré la sueur qui dégoulinait de mon front. La lame était dans son corps jusqu'à la garde, c'était fini.

Alors que je revenais doucement à la réalité, le contre-coup de mes efforts se fit sentir. Le bras tremblant, je retirai la dague du corps sans vie de l'elfe. J'étais à bout de force. La blessure que j'avais au bras me faisait souffrir et ma tunique complètement trempée collait sur ma peau. Je pensai au marchand et au second brigand. Je relevai la tête mais je ne les voyais plus. Le calme de la nuit me frappa, le bourdonnement du silence était difficilement supportable. Je me remis sur pied non sans trébucher et marchait lentement en direction du chariot, du moins si il était toujours là. La jeune fille devait être morte d'inquiétude cachée là-bas dans le fossé. Malheureusement elle ne pouvait pas m'aider pour l'instant, inutile de lui indiquer de sortir.