Quelque chose m’extirpa soudainement de ma méditation en y mettant un terme bien plutôt que prévu. J’ouvris mes yeux brutalement en sentant une présence derrière moi. Je fis volte-face, toujours agenouillée sur le sol, avant de découvrir visiblement un shaakt étendu face contre terre, inconscient et en pleine hémorragie.
Ma réaction fut instantanée. Je me levai d’un bond et tourna le malheureux sur le dos de manière à voir où il été blessé. Difficile de voir en un coup d’œil, il avait du sang partout. Plusieurs prêtres me vinrent en aide aussitôt voyant l’état assez grave du Shaakt.
Ne réfléchissant pas une seconde de plus, les prêtres et moi mêmes tendirent nos mains au dessus de l’inconscient avant de demander grâce à Gaïa.
Me plongeant dans ma concentration de manière à accueillir les énergies salvatrices de Gaïa, extrêmement dense en ces lieux saints, je commençai à formuler en langage Elfique, la prière de soins :
« Ai ! laurië lantar lassi súrinen,
yéni únótimë ve rámar aldaron !
Yéni ve lintë yuldar avánier
Gaïa mi oromardi lissë-miruvórev ! »
Un doux courant d’air chaud souffla entre nos mains pour venir caresser les blessures du Shaakt. Très vite, ses plaies se refermèrent de part et d’autre sous le souffle de Gaïa.
Merci, mes frères pour votre bonté. Auriez-vous un endroit plus confortable pour notre ami malchanceux ? Je crains fort que la rudesse du sol marbré lui redonne ses blessures, demandais-je avec humour.
Sous un rire amicale, l’un deux m’aida à transporté l’inconnu dans une petite pièce silencieuse et discrète, soigneusement installé sur un lit modeste.
Ne vous en faites, je veillerai sur lui jusqu’à son réveil. Il devrait se rétablir vite. M’asseyant à son chevet, je me plongeai dans la lecture de « Les sept voies de Gaïa » en attendant son réveil. Avant de commencer ma lecture, je ne pus m’empêcher de me remémorer certains détails de cette scène si vite expédiée. Certains des prêtres venus aux soins de l’inconnu semblaient s’y être résignés. Peut être parce que c’est un Shaakt, qu’ils apparaissent dans l’esprit des gens comme étant des âmes malfaisantes, sadique et manipulateur. Peut être, oui, que le mystérieux Shaakts était de ce genre là, mais peu importe. J’aurai le mérite d’avoir propagé la parole de Gaïa.
J’attendais son réveil avec une certaine impatience, curieuse de savoir qui j’avais soignée. Affichant un visage serein, comme à mon habitude, je me replongeai dans la lecture de mon livre, en conservant une certaine attention sur l’inconnu jusque là, inconscient.