La salle est immense et bordée de colonnes. Une faible lueur d'origine incertaine tombe du plafond, tout juste suffisante à voir où tu mets les pieds. Au fond, se dresse un autel de Gaïa, dominé par une statue à l'air sévère. Inutile de préciser que l'endroit est assez angoissant.

Dans un premier temps, tu ne repères pas d'issus, mais en t'approchant des colonnes, tu vois de multiples portes dans l'ombre. Mais comment savoir par où sont passés les autres ? Elles ont toutes une petite grille, mais sans lumière, tu ne peux pas voir ce qu'il y a de l'autre côté.

La salle que je découvre est vraiment sombre, faiblement éclairée par un halo clair descendant du plafond. Il me faut un temps d'adaptation, juste pour parvenir à distinguer mes pieds. Des colonnes partout, de nombreuses portes plongées dans la pénombre, et surtout une statue féminine posée en évidence au fond de la salle. Elle a une sale trogne. C'est celle d'une femelle, alors cela me suffit à la détester. Je ne sais pas ce que cette chose est supposée représenter, mais je me contente de la poignarder du regard. Ces fanatiques sont fous d'une déesse. C'est peut-être elle. Raison de plus pour ne pas lui accorder d'importance. Je n'en ai rien à faire de ces soi-disant divinités qui n'ont jamais rien fait pour me faciliter l'existence. Les seuls qu'on ait à redouter dans ce genre de cas sont ceux œuvrant soi-disant en son nom, pas cette créature absente.

M'en désintéressant totalement, j'appuie le trousseau contre moi, le temps d'extirper mon briquet et une torche. Je suis dans cette salle, je n'ai aucune envie de faire demi-tour. Et je n'ai aucun indice sur le trajet pris par les autres. Tant pis, je n'ai qu'à explorer de mon côté, et si je repère l'une de leur plume par chance, tant mieux. Je me sens sur les nerfs, comme si quelque chose de désagréable allait me tomber dessus au moment le moins opportun. Paradoxalement, je suis excité à l'idée de voir ce que ces méprisables colosses ont pu mettre sous clé.

Ma torche dans une main, le trousseau plaqué contre moi retenu par l'autre, je décolle du sol et décide de m'approcher de la grille de la toute première porte sur ma droite. Je suis décidé à garder mes distances avec cette sculpture immonde, tant que je ne suis pas contraint d'en approcher par manque d'options. Par moments, je lève les yeux, intrigué par la lueur de la voûte. Je tends aussi mes spirales auditives, à l'affût du moins son inhabituel ou indiquant une menace.




Utilisation de l'une de mes quatre torches restantes.

Aucune trace du passage des autres. La porte est barrée par une serrure, sans doute liée à l'encombrant trousseau que tu transportes. En passant ta torche devant la grille, tu vois briller de l'or ! Il semble y avoir un trésor impressionnant derrières ces portes, sans doute le résultats des « vertueux » pillages des biens des pécheurs punis par l'ordre. Libre à toi de tenter d'entrer en usant des clés ou de chercher ce qu'il y a derrière les autres portes.

L'éclat de ma torche ne me révèle que celui d'un métal précieux, de l'or. Je grimace en apercevant le tas qui semble se trouver derrière la porte. Ce n'est absolument pas ce qui m'intéresse. Qu'est-ce que j'ai à faire de cette chose ? Au mieux, matériel d'échange, au pire, poids supplémentaire. J'ai déjà une bourse remplie de yus, je ne me sens absolument pas attiré par ce soi-disant trésor. Quand bien même j'en prendrais une partie, je n'ai nullement l'intention de me trouver face à un négociant géant avant longtemps. Ceci dit, cela me renseigne sur ce trousseau que j'ai gardé. À n'en pas douter, l'une des tiges métalliques doit pouvoir ouvrir la porte. Cela doit être le cas des autres aussi.

Sauf que je n'essaie pas. Ce n'est pas mon objectif et toute cette richesse n'a aucune importance. Un rictus se dessine toutefois sur mon visage alors que je décide de vérifier le contenu des salles suivantes, toujours sur ce flanc droit.

( Fanatiques de lumière, hein ? Cela ne les empêche pas de se servir dans les poches de leurs victimes. Ils ne valent pas mieux les uns que les autres. )

Je regarde vivement à gauche, laissant mon instinct en éveil au cas où quelque chose bougerait. Cette vaste salle n'a pourtant pas l'air ouverte sur d'autres lieux, mais il est possible que je me trompe. Ceux qui redoutent de voir leur cachette découverte en ont d'autres, parfois masquées par l'évidence. N'importe quel opportuniste s'arrêterait sur ce tas d'or sans chercher plus loin. Pas moi. Et surtout, pas sans savoir ce qu'il est advenu de ceux qui m'ont précédé.

Je progresse donc plus loin. S'il n'y a que masse de yus et rien d'autre, je continuerai ma route jusqu'à découvrir quelque chose d'intéressant derrière une porte. Tout en ignorant de façon arrogante la sculpture enlaidissant la pièce, je m'avance. Il me faut tout de même me hâter. Ici, difficile de savoir où l'assaut en est à la surface. Je garde une spirale attentive, me sentant de plus en plus tendu.

Tu passes devant plusieurs portes contenant elles aussi des trésors, et tu arrives finalement devant une autre... qui est légèrement entrebâillée ! Elle donne sur un couloir sombre qui s'enfonce encore plus profond, en pente douce.
Un écriteau sur la porte interdit formellement d'entrer. À la lumière de la torche, tu peux voir des têtes de morts griffonnée sur les murs avec une coûteuse peinture phosphorescente. Elles sont horriblement stylisée et faites avec des éclaboussures, comme à la hâte. Comme si ceux qui les avait faites n'avaient rien de plus pressé que de partir d'ici.

Et une porte, et une autre, et derrière toujours des tas de trésors inutiles pour moi. Il n'empêche que pour des fous semblant vivre repliés sur eux-mêmes, ils ont l'air d'avoir pas mal de moyens. Voilà bien un trait humain qui me dépasse. Amasser sans compter, et sans intention de dépenser. Ils auront l'air fin quand viendra le jour où ils seront à court de vivres. Cela m'étonnerait que leur trésor parvienne à satisfaire leurs estomacs. Bien fait.

Mon attention est attirée par une porte entrebâillée, donnant sur un couloir descendant encore plus sombre. Je fronce les sourcils. À quoi bon m'être encombré de ces clés si chaque porte menant à ce que je recherche est déjà ouverte ? Ce ne sont quand même pas mes prédécesseurs qui l'ont crocheté. Ils ne semblaient pas assez capables pour y parvenir. Je m'avance un peu, prudemment, et rive mes yeux sombres au mur. Dessus, des dessins qui semblent luire dans la pénombre m'intriguent. Cela ressemble vaguement à des os, des crânes en vérité, et aussi bien dessinées que si quelqu'un avait simplement rendu son déjeuner et tracé des traits dedans.

Ceci dit, même mal réalisée, cette image demeure un avertissement qui ne fait que me rendre plus alerte encore. Cela peut soit être une tentative pour éloigner les curieux, soit la prévention d'un réel danger. Ces fanatiques sont sans doute assez fous pour avoir été capables de placer un gardien dans le fond de leur crypte, quitte à être incapables d'approcher eux-même de ce qu'ils conservent. J'ai déjà été témoin de réflexions plus stupides encore auparavant.

Je prends la décision de conserver encore un peu le trousseau avec moi. Peut-être que l'une des clés peut encore servir en bas. Agitant les ailes, je progresse en brandissant ma torche et demeure plus vigilant que jamais.

( Et toujours aucune trace des autres. Ils se sont peut-être déjà fait exterminer, qui sait ? )

Ce serait presque dommage. Après tout, j'aurais bien aimé assister directement à la débâcle de cette guerrière un peu trop confiante.

Alors que tu avances, tu perçois bientôt une lumière au loin. N'ayant guère de choix de direction à prendre, tu passes devant plusieurs portes sévèrement barrés et sans grilles, tu passes un tournant... et arrive devant une scène surréaliste.

Le groupe est là, comme paralysé. Ils regardent tous une forme évoquant un guerrier dont l'armure serait toute entière faite d'or et de lumière. Il rayonne d'une puissance inhumaine et, sous son casque, aucun visage n'est visible. Il ne porte pas d'arme, se tenant simplement là, les bras croisés. Shada'is murmure :

« On va reculer bien tranquillement... Il doit y avoir un moyen... »

Mais voilà que la dénommée Shank'ii s'élance :

« Hors de question de reculer devant... »

Elle n'a pas le temps d'aller plus loin. L'air semble soudain crépiter et, alors qu'elle bondit pour frapper le guerrier mystérieux, celui-ci lève les mains et une lumière éblouissante jaillit. Pendant un instant, tu ne vois plus rien. Puis, lorsque tes yeux se rouvrent, il ne reste plus qu'un corps ravagé, à demi-brûlé.

Alors, une voix inhumaine résonne :

« Vous ne pouvez passer ! »

Alors que je m'avance, je perçois une autre source de lumière que la mienne et, en tournant après avoir passé un nombre incroyable de portes closes, je retrouve enfin les autres aldrydes. Je me désintéresse d'eux aussitôt, découvrant ce que j'avais presque la certitude que je trouverai. Un gardien digne de ce nom. Immense, rayonnant d'une puissance qui me fait presque ressentir une once d'envie, il semble s'agir d'un guerrier. Sauf que la chose, à l'armure si lumineuse qu'elle m'agresse les yeux, n'a apparemment pas de visage. Cela ne serait donc pas un être vivant ? Ce qu'il y a d'étrange est son côté statique. Bras croisé, cet obstacle semble juste barrer la route et rien de plus.

Alors que je crois percevoir le bourdonnement de la voix féminine, c'est l'autre femelle immonde qui se jette droit sur l'apparition. Celle-ci réagit en levant simplement les mains. L'espace d'un instant, l'endroit devient si lumineux que je dois me détourner d'urgence. Toute la magie noire qui m'habite gronde en moi, comme si elle s'était sentie confrontée à quelque chose d'insupportable. Quand je parviens à rouvrir les yeux, le trousseau de clés serré si fort contre moi que mon bras en garde trace, c'est pour découvrir la silhouette féminine à moitié brûlée, gisant de façon pathétique au sol.

Un rictus se forme sur mes lèvres, et mes épaules s'agitent en un petit rire de gorge. Quelle puissance ! Quel spectacle ! Ce n'est pas celle que j'aurais aimé voir tomber victime qui git là, hélas, mais c'est tout de même très divertissant ! Et une de moins à m'irriter les spirales auditives ! S'il m'était possible de disposer d'un tel pouvoir, mais dans les ombres, jamais plus je ne tomberai dans des embuscades comme celle de mes congénères.

Cependant, mon calme finit par me revenir. Cela signifie aussi que j'ai un bouclier aldryde de moins à utiliser si ce colosse décide de se manifester de nouveau. D'ailleurs, il se fait entendre, disant à la ronde que nous ne pouvons pas passer.

Je m'avance à mon tour, parvenant non loin du petit groupe survivant. Sans la moindre parcelle d'émotion ni regard supplémentaire pour la victime, je fais entendre ma voix.

"Cela explique les minables des niveaux supérieurs."

J'observe ce visage vide sous ce casque. Une attaque de front est donc vouée à une riposte puissante qui ne laisse que peu de chance à celui qui la porte. Le fait que cette chose n'a pas déjà coursé et éradiqué les autres intrus indiquerait-elle qu'elle ne fait que se défendre ? Je tente d'observer sa position et les parois autour d'elle, à la recherche d'un indice. Je ne suis pas certain de savoir à quoi j'ai affaire. Une manifestation magique ? Une créature tangible ? Une volonté liée à cet endroit ?

Sans me départir de mon fardeau, et élevant la torche, je prends la parole, décidé à tenter quelque chose.

"Dans ce cas Gardien, s'il est en ton pouvoir de répondre, qui peut passer ?"

Qui ne risque rien n'a rien, et j'ai encore trois autres aldrydes entre moi et cette chose inquiétante.

Shada'is sursaute en te voyant. Daer'on semble s'efforcer de ne pas trembler. Kaat, en revanche, à les yeux brillants, presque vides, comme s'il voyait un spectacle merveilleux. La guerrière murmure :

« Ses attaques sembles de lumières, mais elles ne vont pas plus vites que des flèches. Pauvre, Shank'ii, elle nous aura au moins permis d'apprendre ça, il doit être possible de les esquiver... »

Mais elle est interrompue par le gardien colossal qui répond à ta question de sa voix terrible :

« Nulle ne le peux. Aucun mortel ne peut s'approcher de ce qui est emprisonné ici. Je ne le permettrais pas. »

Il recroise les bras, de nouveau parfaitement immobile.

Du coin de l’œil, je vois les autres aldrydes réagir différemment à la présence de ce colosse. Autant la guerrière et Dae'ron n'ont pas l'air rassurés, autant le mage de lumière semble fasciné par ce qu'il voit. Mauvais signe. Si cela se trouve, cet imbécile va changer d'obédience, poussé par ses fluides à s'approcher, au contraire des miens qui m'incitent à m'écarter de l'armure dorée. Shachose m'apprend que ce qui m'a aveuglé était une attaque de lumière, et je ne lui accorde même pas un regard pour lui faire comprendre à quelle point elle énonce l'évidence. J'étais là, par mes ailes ! Par contre, elle est utile en me faisant comprendre que ce sont des projectiles, donc qu'il nous serait possible d'esquiver.

Elle est interrompue sans ménagement par la voix surnaturelle du gardien. Il ne fait absolument pas attention à son baratin, ne s'adressant qu'à moi. Il me plait bien, malgré le côté trop pur qu'il dégage. Nul mortel ne semble être en droit d'approcher de ce qui est emprisonné dans ces profondeurs. L'apparition en armure ne le permettra pas. Là, je suis un peu plus perplexe. Dans d'autres cas, j'aurais pu tenter quelque chose, mais je ne peux pas me rendre différent de mortel. Et je n'ai pas l'intention de mourir pour lui faire plaisir.

Il n'a pas l'air encore trop hostile. Je décide donc de jeter rapidement un regard à mes camarades d'infortune, en particulier sur Kaat.

"Continue à le fixer comme ça et tu finiras grillé comme un papillon sur une torche. Pensez plutôt à ce qu'on peut faire."

Une pointe d'agacement m'étreint mais ce gardien me rend un peu plus curieux.

"Par ce qui est emprisonné, j'ai l'impression de t'entendre parler de toi, Gardien, mais peut-être portes-tu un autre nom. Qu'es-tu au juste ?"

Tant que cette chose brillante est encline à parler, autant en profiter. Peut-être trouverai-je une ouverture pour lui faire baisser sa garde... Et laisser l'opportunité aux autres aldrydes de reprendre leur sang-froid.

Kaat ne te prête aucune attention. Shada'is s'agite :

« Continue à gagner du temps, je cherche ses points faibles... »

Sa voix est presque masquée par celle du grand guerrier :

« Il n'existe pas de façon simple de décrire ce que je suis. Je suis l'opposé de ce qui est emprisonné ici, et je me manifeste quand quelqu'un vient. Je lui accorde alors une mort miséricordieuse. »

Tu remarques au passage que derrière lui se trouve une porte barrée par une lourde barre de bois. Sans doute ce qu'il garde est-il derrière... et sans doute s'agit-il de l'objet de votre quête !

Le manieur de lumière aldryde ne me prête aucune attention. Je ne sais pas si c'est lié au fait que nos magies soient contraires ou qu'il est sous l'emprise du géant doré, mais mon instinct me souffle de ne pas compter sur lui. De toute manière, il m'est impossible de m'appuyer sur qui que ce soit, et ce, depuis ma sortie de cocon. Brièvement, j'entends la femelle à la lance m'indiquer de continuer à parlementer, le temps qu'elle trouve un point faible dans cette cuirasse brillante. Cette dernière reprend la parole encore une fois. Elle me prend pour un ignare, chose qui me fait froncer les sourcils, en affirmant qu'il n'existe pas de façon simple pour décrire ce qu'elle est. Tout ce que j'apprends d'un minimum intéressant, c'est que ce gardien est un total opposé à ce qu'il empêche d'approcher et se manifeste quand une présence est détectée. Je manque me laisser aller à un rictus du côté de ma cicatrice quand il affirme offrir une mort miséricordieuse aux arrivants.

( C'est cela. Décore cela avec de jolis mots tant que cela te chante, chose hypocrite. Tu tues, et c'est tout. Qu'elle soit grillée par un trait de lumière ou déguste une épée dans la face, la victime y passe. Point. )

Alors que je réfléchis à quoi lui dire, j'aperçois derrière lui une lourde porte barrée d'un morceau de bois épais. S'agit-il de la pièce contenant l'objet convoité ? Il n'y a donc qu'un seul point d'accès ? La chose n'a pas l'air de vouloir bouger, mais de notre côté, je doute que nous ayons un temps infini. Je rive mon regard sur ce visage vide, décidant de tenter un coup de bluff, pour laisser un peu de temps à la guerrière.

Affichant un air entre contrariété et inquiétude, je pousse le ton.

"Une mort miséricordieuse ? Fou ! Mais tu ne comprends pas que c'est exactement ce que son créateur avait prévu ?"

Je marque une courte pause, étendant mon bras à torche un peu plus sur le côté.

"Ceux qui t'ont donné cette tâche ont été bernés, comme toi. Non seulement tu empêches ceux qui ont les capacités de sceller définitivement sa puissance de s'en approcher, mais en prime tu lui fournis ce dont il a besoin. À chaque vie que tu prends, il emmagasine un plus grand pouvoir ! Ce n'est qu'une question de jours avant que sa magie dépasse la tienne et te corrompe."

J'élève un peu la torche vers le plafond.

"Ses échos ont déjà été ressentis par ceux qui le convoitent et ils se sont regroupés pour l'atteindre. Tu n'entends pas ? La citadelle est prise d'assaut en ce moment-même. Par au-dessus..."

J'avise brièvement la porte barrée, comme si je venais de percevoir un bruit suspect derrière.

"Et pas seulement."

Je sais pertinemment que l'histoire que j'ai inventé est un peu grosse, mais si le Gardien m'a écouté, cela aura eu l'avantage de laisser à la guerrière quelques secondes de battement. Il me faut toutefois me préparer à la lutte, car s'il n'est pas réceptif au danger que j'ai laissé entendre, il nous faudra passer en force. Dommage, j'aurais bien aimé qu'il soit effectivement possible de corrompre cette chose lumineuse.

Le gardien tourne la tête et, bien qu'il n'ai pas d'yeux visible, tu as le net sentiment qu'il regarde jusqu'au fond de ton âme.

« Fou ! Tu ne comprends rien à ce qui se joue vraiment. Personne ne m'a donné cette tâche, c'est ma nature même qui m'y contraint. Quand à ceux qui attaquent, leur puissance est loin d'être suffisante pour briser les murs. Ils vous ont manipulé, pour que vous preniez tous les risques à leur place, et cela me navre. Mais en vérité, oui, je suis miséricordieux, car la mort que je donne est bien plus rapide et sans douleur que la corruption induite par ce que je garde. »

Kaat pousse un cri :

« Nous allons détruire cette horreur ! Quelle qu'elle soit ! Vous n'aurez plus à garder cette porte ! Vous... »

Sans surprise, une lumière éblouissante jaillit. Comme l'avait signifié Shada'is, tu constates que la lumière se déplace finalement assez lentement. Mais le magicien blanc, subjugué, ne fait rien pour s'écarter. Il meure le sourire aux lèvres.

Le gardien baisse les yeux et sa lumière semble diminuer. Tu remarque alors que si sa voix est indéfinissable, il semble que son corps soit féminin. L'affrontement serait-il inévitable ? Pourtant, le gardien dit encore, d'une vois presque suppliante :

« Mettez fin à votre folle aventure, je vous en conjure. Repartez, vous ne trouverez que le malheur ici... »

Je ne suis pas un comédien, et le gardien me le fait comprendre en semblant me sonder. Ma magie noire gronde, s'affole presque, mais elle demeure captive de ma volonté. L'armure dorée réfute point par point ma menace. Elle est contrainte à cette tâche par sa nature même, est au courant de la diversion comme n'étant pas une vraie menace et va même jusqu'à nous prendre en pitié pour avoir été manipulés. Je n'y réagis pas vraiment, pleinement conscient que je n'obéis à personne d'autre que moi. Les mercenaires aldrydes ont été manipulés, pas moi. L'adversaire de lumière se prétend encore miséricordieux en se justifiant par la mort indolore qu'elle inflige. Elle m'apprend toutefois que l'objet gardé est bel et bien capable de corruption. J'ai fait mouche sans le savoir.

Je manque tressaillir quand le silencieux mage lumineux prend la parole violemment, affirmant que nous allons détruire ce qui se cache derrière cette porte, permettant à son gardien de ne plus être coincé ici. Je n'ai cependant pas le temps de répliquer que l'aldryde est à son tour pris pour cible par un trait de lumière. Il demeure immobile, accueillant cette mort avec un sourire.

( L'imbécile ! )

Il ne reste plus que les deux porteurs de lance et moi, face à cette engeance dont la luminosité diminue. Mes yeux s'arrondissent quand je remarque des courbes horriblement familières sur sa silhouette. Ma colère prend peu à peu le dessus, remplacée par une froideur certaine quand la voix, étrangement teintée d'émotions, nous conjure de repartir. Nous risquons de ne trouver que le malheur ici. Un petit grondement, semblable à un rire émane de ma gorge tandis que je laisse choir le lourd trousseau de clés au sol.

"Le malheur ? Je ne connais que cela depuis ma venue au monde... Présente-toi comme bon te semble, Gardien. Tu n'es rien d'autre qu'un tueur, toi aussi... Et tu es sur mon chemin."

Je plonge ma main libre dans ma manche, agrippant ma sarbacane et amenant mon être à tenter de faire le vide. J'ai essayé de parlementer. J'ai voulu laisser du temps à cette incapable de guerrière pour trouver quelque chose d'utile contre cet obstacle géant. Mais évidemment, cela n'a servi à rien. Posément, sans quitter l'armure dorée des yeux, je m'adresse aux survivants.

"Si vous voulez fuir, c'est le moment."

De mon côté, je n'ai nulle intention de reculer. L'objet emprisonné a l'air puissant, dangereux, et convoité. Et si cette chose qui me barre la route a une base féminine, je n'ai aucune raison de retenir mes coups. J'amène mon énergie martiale en moi, me concentrant pour canaliser ma haine croissante dans mes muscles. Si mes fléchettes peuvent toucher, alors elles doivent cogner le plus fort possible. Je n'ai pas à hésiter, et le temps presse.

Il ne me reste plus que deux boucliers vivants pour faire diversion, si ni l'un ni l'autre ne s'effondre après la mise à mort de leurs camarades.





Essai d'utilisation de la CCAJ d'Eradicateur : Froide détermination.

L'armure accueille ton commentaire sans mot dire. Mais sa luminosité semble encore décroître.

« Je.. ne fais que ce qui est juste... »

Shada'is s'envole puissamment.

« Fuir ? C'est bien mal me connaître ! Cette chose peut aisément être touchée au visage, et il y a juste assez d'espace au niveau de ses articulations pour l'y frapper aussi. Mais voler est le seul moyen d'être assez rapide pour esquiver ses attaques. »

Daer'on s'envole à son tour :

« Aller, Nessandro ! On peut la vaincre j'en suis sûr ! »

Pendant ce temps, une force... disons « sur-aldrydienne » te submerge. Le gardien à un moment d’inattention, visiblement touché par tes dernières paroles. C'est peut-être une ouverture que vous ne retrouverez pas...