Alors que je me concentre, je vois le halo de l'adversaire décroître. Ses maigres paroles sont moins assurées, prétendant qu'il ne fait que ce qui est juste. Ces paroles me font crisper le visage. Encore un imbécile aveugle. La justice... Pour qui ? La guerrière semble enfin se reprendre, et s'envole. Visiblement, l'attaquer sur son courage lui a secoué les plumes. Les points faibles sont annoncés au visage et au niveau des articulations. Par contre, voler semble être le seul moyen d'être assez vif pour esquiver ses attaques. Même Dae'ron semble ragaillardi par ce revirement de situation, se sentant apte à vaincre l'armure.

Je prends mon envol, amenant ma sarbacane à mes lèvres, mais le manque de pratique me fait opter pour la sécurité. Je décide donc de prendre le temps de viser l'une de ses articulations, son épaule droite pour être précis, et amène mon énergie martiale dans mon torse. Il me faut tenter d'être précis et si cela s'avère fructueux, cela lui fera un handicap de plus. Cependant, j'ai vu que mes paroles semblent l'avoir affecté.

Pendant que je prends le temps de viser, je laisse quelques mots cinglants filer, sentant mon cœur accélérer. Si je peux la perturber encore un instant, ce n'en sera que mieux !

"Juste ? En prenant des vies comme n'importe quel coupe-jarret ?"

Il me faut planter une fléchette mais où ? Dans la zone sombre entre deux plaques ? Comme s'il y avait de la chair en-dessous ?

" En laissant ceux du dessus amasser un butin souillé de sang tel de vulgaires pillards ?"

Je bats vivement des ailes, cherchant à anticiper une réaction agressive de sa part. C'est moi qui semble déstabiliser ce géant, j'ai donc de grandes chances d'être traqué le premier ! Il me faut viser et être mobile, ce qui n'est pas une mince affaire, surtout sur ce genre de terrain ! Mais cette chose m'a cherché, et j'ai été patient jusque-là. Mon amertume croît encore à mesure que je prends le temps de viser son épaule, de laquelle je me rapproche légèrement par un arc de cercle.





Tentative d'utilisation de la CCAJ "Tir précis" (niveau 7)

Ta fléchette se perd dans l'articulation de l'épaule, tu n'entends qu'un tintement métallique. Daer'on jette sa lance qui va rebondir sur le plastron, inoffensive. Shada'is tombe du ciel et plante sa lance dans le visage ténébreux... pour ne provoquer qu'un tintement métallique. Elle recule précipitamment en sifflant :

« Folie ! Cette chose n'a pas de corps ! Ce n'est qu'une armure vide ! »

Elle se détourne précipitamment car sous le heaume, une lumière éblouissante apparaît et elle est obligée de reculer. L'armure semble furieuse, presque désespérée lorsqu'elle te répond :

« Infâme manieur de fluide d'ombres ! Tu tentes de m'induire en erreur, mais la vérité est toujours plus forte que le mensonge ! Si tu es si malin, donne moi la solution à ce dilème : Je dois faire ce qui est le plus bon et le plus juste. Vous voulez vous emparer d'un objet maléfique qui va détruire vos âmes. Vous refusez de faire demi-tour, vous allez donc mourir. L'objet de votre quête vous entraînera dans une mort douloureuse car il n'existe que pour le mal. Moi, je ne suis que miséricorde, mais que puis-je faire, puisque vous avez choisie la mort, sinon vous la donné de manière rapide et indolore ? »

Un élan de frustration me submerge soudain quand je me rends compte qu'aucun coup porté n'a le moindre effet sur l'armure dorée. Des tintements métalliques résonnent, et j'ai du mal à ne pas me laisser déstabiliser. Il doit y avoir une explication logique à tout cela. Une armure ne peut pas se mouvoir seule, même animée par une volonté puissante. La seule explication que je trouve à ce phénomène est qu'il s'agit d'un effet magique ou d'une créature intangible. Mais pourquoi s'équiper d'une armure qui, elle, peut arrêter des coups ? Shachose s'éloigne rapidement, évitant l'éblouissement jaillissant de la protection du casque. Le son qui émane de ces bouts de métaux a une intonation encore plus étrange, mélange de colère et de désespoir. Cette voix indéfinissable a quelque chose de fascinant.

Et elle ne s'adresse qu'à moi.

Insultante, elle reconnait toutefois en moi un manieur d'obscurité, chose qui me surprend. Comment l'a-t'elle su ? Cette armure n'était pas là quand j'ai invoqué mon nuage aux étages supérieurs. Poing serré sur la sarbacane, je l'écoute débiter ses âneries. Et voilà qu'elle me provoque en mettant au défi mon intellect. Elle explique bien des choses sur l'objet en question. Qu'il détruira mon âme, enfin les nôtres, mais je n'ai aucunement l'intention de laisser l'un ou l'autre des aldrydes y toucher. Elle assume que nous allons périr quoi que nous fassions, et se sert encore de sa façade miséricordieuse pour justifier le fait de nous mettre à mort sans douleur.

Je fronce les sourcils, offusqué par ses paroles, et coince ma sarbacane entre mes dents pour la recharger d'un coup sec. Je siffle avant de la reprendre en main et de répondre.

"Ma vie ne regarde que moi. Ma mort aussi, que tu assumes sans me connaître. Qui es-tu pour décider de la longueur d'une existence ? "

Je bats des ailes, vigilant pour tenter d'esquiver une attaque quelconque. Je suis toutefois remonté par cet obstacle qui se permet de me questionner. Je fais ce que je veux, quand je le souhaite. C'est ma façon d'exister, ma liberté et ce n'est pas une voix spectrale apparaissant dans une armure dorée qui va me faire changer de façon d'être !

"La Vérité unique n'existe pas. Ce qui est le plus bon et le plus juste n'est qu'illusion. Ce qui est le mieux ou juste pour qui ?"

Je me meus dans les airs, tournant un peu en restant à distance de la chose.

"Où est la justice pour toi, enfermé ici, être de lumière ne se manifestant que pour prendre des vies ? Où est la gratitude de ceux de ton ordre alors que tu te souilles pour eux ? Des mortels ? Tu sais que tu fais fausse route, Gardien. Ton devoir est en train de te détruire."

J'esquisse un petit sourire.

"Tu en viens même à demander l'avis d'un être touché par les ténèbres, comme moi. Sauf que moi, je ne doute pas."

Mes ailes battent à bon rythme, et je ne me laisse pas impressionner. J'ignore si mes arguments vont faire mouche, mais je m'efforce de viser juste.

"Entre laisser une âme teintée prendre un risque, pas même avéré, d'être détruite en emportant cet objet, et mettre en danger de façon certaine les existences des membres de ta citadelle, ou pire, d'innocents dupés par des puissants qui le convoitent en le gardant soi-disant au secret... Que des êtres pires que moi sont de plus en plus nombreux à connaître, d'ailleurs... Ce qui est bon pour le plus grand nombre est évident."

Prudent, je lance un regard en direction du casque, tentant ma chance une nouvelle fois.

"Tu te dis opposé à cet objet, mais tu y es lié. Ton devoir est de le garder et je l'ai parfaitement compris... Mais tu peux le remplir d'une autre façon.

Résolu, sérieux, j'énonce mes intentions d'une voix claire et franche.

"Permets-moi d'unir mon existence à ce que tu protèges. Laisse-moi te prouver que je suis plus fort que ton prisonnier, que c'est moi qui le corromprai, pas l'inverse et... Viens avec moi. Tu demeureras son geôlier. Tu protégeras le plus grand nombre en le laissant disparaitre dans les ombres et l'oubli avec moi et, qui sait, tu auras peut-être une certaine influence sur moi. Mais, sache-le, je n'obéis qu'à moi..."

J'inspire brièvement.

"Et si j'échoue dans cette épreuve de domination, je te laisserai faire usage de ta miséricorde. Légitimement."

Ce gardien doré doute, moi pas. C'est une proposition sérieuse que je lui fais là. Si toutefois il continue d'être obstiné, il me faudra trouver un moyen de l'éliminer. Peut-être justement employer ma magie sombre pour corrompre cette luciole ? Voir sa belle armure luisante virer au noir est une pensée qui m'enchante grandement. Toutefois, je ne suis pas gêné par ma réponse ni ne compte la reconsidérer. Il voulait un choix concernant un dilemme ? Je lui offre mieux : une porte de sortie et une toute nouvelle perspective. J'esquisse un rictus amusé à mes propres pensées.

( Ma bonté me perdra ! )

Le temps semble suspendu. Personne n'ose attaquer. Tes compagnons te regardent, ébahis. L'armure reste silencieuse pendant tout le temps que tu parles. Puis, lentement, elle déclare :

« Beaucoup de tes hypothèses sont fausses... Même si le bien n'a pas d’existence matériel, il reste une notion bien réelle. Tous ressentent au moins un peu le fait que causer de la douleur et répandre la mort sont des choses qui ne se font pas. Beaucoup le font quand même, mais c'est par seul désire de transgresser un interdit... Même eux savent que ce qu'ils font est mal. La question est réelle : Avoir le choix entre tuer quelqu'un d'une mort douce et rapide, ou le laisser mourir dans la souffrance... C'est une question ardue qui ne peut être balayée d'un revers... »

La lumière semble peu à peu renaître dans l'armure :

« Tu parles de mon ordre. Tu parles de ces sois-disant purificateurs de Gaia... Ils ne sont pas mon ordre. Ils ont enfermé mon ennemi ici, et mon pouvoir est venu pour terminer de le sceller. Tous ces fanatiques qui n'ont de la lumière que la magie, sont mes ennemis eux aussi. J'ai éprouvé moins de scrupule à les tuer quand ils approchaient que je n'en éprouve à vous tuer vous. »

Elle brille de plus en plus, sa voix se fait plus assurée :

« Tu ne doutes pas dis-tu ? Non, tu ne doutes pas. Mon ennemi non plus ne doute pas. Il sait qu'il doit tuer tout ce qu'il croise parce que c'est sa volonté, et que sa volonté à force de loi. Moi, je doute, pourtant, j'ai réussi à conduire ces fanatiques à l'enfermer, et depuis i est toujours rester scellé. Douter n'est pas une faiblesse, c'est au contraire une force. La force de comprendre que l'on peut se tromper qui est le premier pas vers une plus grande sagesse et avec elle une plus grande force. »

Elle tend les mains, comme pour vous foudroyer, et la lumière qui émane d'elle est maintenant telle qu'il semble impossible d'y échapper ! Un sifflement de plus en plus strident émane de l'être de métal tandis que sa force et sa conviction s'affirment. Shadai's est à peine entendu quand elle dit qu'il faut reculer. De toute façon, elle même est subjugué et ne bouge plus.

L'armure conclut :

« Mais tu m'as montré une autre voie que j'ai trop longtemps ignoré. Celle du sacrifice. Et il m'apparaît que c'était la meilleure. Après tout, ma vie est bien peu de choses, oui, même comparé à la vôtre ! Je ne peux détruire mon ennemi, mais je peux le forcer à me combattre. Comme nous sommes de force égale, aucun ne l'emportera jamais. Nos deux volonté s'éteindront, elles quitteront le monde matériel à jamais et seul restera une infime partie de notre pouvoir. Suffisamment infime pour que tu puisse le contrôler. »

Elle baisse la tête et la lumière semble s'adoucir :

« Je suis très loin d'ici, et tu ne me possédera pas, même si ce serait sans doute préférable... mais peut importe. Ma volonté contre la volonté de mon ennemi. Et ainsi tu pourras posséder son corps. Acceptes-tu ce marché ? Il me semble que j'y prend plus de risque que toi... »

À la fin de mes tirades, l'armure prend le temps de me répondre point par point. Elle réfute d'emblée la plupart de mes paroles et démarre un laïus sur le fait que même ceux répandant la mort savent qu'ils agissent mal. Et elle revient encore sur ce choix entre apporter une mort rapide et douce ou laisser la souffrance terminer une vie. Quelque chose change dans l'attitude du gardien, et je sens m'être fourvoyé. La présence semble reprendre contenance progressivement, mais elle m'apporte des réponses en grand nombre. Cette créature intangible n'appartient pas à ces fous de fanatiques lumineux. Mieux encore, elle en a achevé plus d'un avec moins de scrupules que les aldrydes gisants au sol.

J'ignore si mes mots ont vraiment eu une telle puissance en eux, mais la lumière se renforce, donnant à l'armure une présence telle que j'en frissonne. Là, elle ressemble à un vrai gardien. Là, elle commence franchement à me faire craindre pour ma vie. Et elle se permet même de me donner une leçon sur l'utilité de savoir douter pour progresser. Elle apprend à la ronde que son ennemi ne doute pas non plus, et je comprends enfin que si cette volonté dorée est de ce côté de la porte, de l'autre doit se trouver une présence obscure toute aussi puissante.

Je ramène violemment mon bras devant moi quand ce Gardien, à présent en pleine possession de ses moyens, tend les mains. Je serre alors les dents, persuadé que cette fois-ci, comme lorsque Célestin préparait son puissant sortilège instable, j'ai des chances de ne pas m'en tirer. Mais alors, un coup de théâtre se produit. Le Gardien a écouté mes paroles et compris que je lui offrais une autre voie. Elle parle de sacrifice. Visiblement, la volonté dorée est prête à pousser la sombre à un affrontement dont aucune ne triomphera. J'ai un peu de mal à réaliser, mais en somme, elle parle simplement de régler ses comptes et de ne laisser qu'une infime partie de leur pouvoir derrière.

Mon coeur bat la chamade et mes sentiments sont complètement mélangés. L'armure semble m'accorder un brin de confiance, prête à disparaitre pour me laisser prendre possession du coeur sombre. Si j'en étais encore capable, j'aurais sans doute été ému. Alors que sa lueur s'adoucit, elle m'apprend être loin de ce lieu sans que je vois exactement de quoi elle parle. La seule chose que je comprends est qu'elle me propose un marché qui me permettra de posséder l'enveloppe de son ennemi.

Je vole sur place un instant, quelque peu étonné par ces événements. Je ne parviens pas à décider de la façon d'interpréter sa façon de me dire qu'il aurait été préférable que je la possède. Son ennemi ayant pris corps dans un objet, est-ce que l'armure dorée serait d'une façon ou d'une autre dans le même cas ? Mes yeux sombres se rivent alors au casque vide. Il me faut lui donner ma réponse.

"L'immuabilité permet de se protéger, mais jamais d'avancer. Cette voie que tu as choisi me semble judicieuse, pour tout le monde."

Je prends le temps de ranger ma sarbacane dans ma manche, manifestant ainsi si ce n'est la fin des hostilités, au moins une suspension. Seule ma torche demeure dans ma main.

"J'accepte ton marché, Gardien. Quant aux risques... C'est ce qui donne toute sa force au sacrifice. Mais je sais ce que je veux. Toi aussi visiblement. Et s'il me faut t'épauler d'une façon ou d'une autre dans ton combat pour te le prouver, je suis prêt à prendre ce risque-là."

Mon muscle cardiaque pulse rudement devant cette présence dorée. Je ne parviens pas à identifier ce que je ressens en vérité. Il m'apparait juste que cet esprit avec qui j'échange va bientôt s'éteindre, mais dans un acte remarquable. Si j'avais été prévenu d'une telle rencontre auparavant, je ne l'aurais jamais cru.

Je m'élève un peu, attentif, et presque touché par ce qui risque de se passer bientôt.

Daer'on régit finalement :

« Mais est-ce juste ? Lui demander de sacrifier sa vie pour que nous accomplissions une vulgaire mission de mercenaires ? J'en doute... »

L'armure émet alors une étrange sensation, sans qu'aucun visage ne soit visible, vous sentez qu'elle sourit.

« Je n'existe pas au même sens que vous. Moi et mon ennemis sommes des erreurs. Des créations magiques dont les auteurs n'avaient pas compris la porté. Je suis les quatre déesses du monde, je suis la lumière. Il est le mal et le mâle, l'union ténébreuse des quatre dieux. D'une certaine manière, nous trouverons une forme de repos en nous retirant partiellement de ce monde. »

Elle se tourne ensuite vers toi :

« J'aurais en effet besoin de toi. Comme je l'ai dit, je ne suis pas vraiment ici. Au contraire de mon ennemi, que vous connaissez sous le nom d'orbe de Nostrad. J'aurais donc besoin que tu frappes l'orbe et l'arrache à son socle. Je t'aiderais à trouver l'ouverture. »

Il se dirige pesamment vers la porte et commence à soulever la lourde barre. Dès que c'est fait, il recule de deux pas. Shada'is murmure :

« Je suis heureuse d'avoir connu une telle histoire... et je regrette aussi de l'avoir provoqué. »

L'armure tourne la tête et répond :

« Tu regretteras. Oui, tu regretteras amèrement. Mais tu as l'âme pure. Puisses-tu trouver en moi la force dont tu auras besoin. »

Daer'on ouvre la bouche pour demander des explications, mais à ce moment, un vent violent se lève et la porte s'ouvre. Un nuage de ténèbres menace de vous submerger, mais l'armure lève les mains et une vive lumière jaillit.

« Allez-y ! Entrez, et frappez ! »

Alors que tout a l'air d'aller dans mon sens, Dae'ron semble enfin sortir d'une confusion qui ne lui ressemble pas. Et le voilà qui questionne le bien-fondé de cette décision, juste pour accomplir un acte mercenaire. Je retiens de justesse un rictus. Tant mieux s'il croit que je me démène juste pour le bien de son commanditaire, cela me fait un souci de moins pour le moment. L'armure lui répond en accompagnant sa voix d'une étrange sensation. Si elle avait un visage, un air satisfait ou au moins souriant serait certainement apparu. Elle explique qu'elle-même et son prisonnier sont des erreurs magiques. La protection dorée emploie alors une comparaison étrange. Elle prétend être une partie des quatre figures féminines que les naïfs appellent des déesses, tandis que l'autre serait son pendant masculin. Je ne comprends pas tout, mais en somme, elle a beau être une créature intangible et féminine, son pouvoir doit être impressionnant. Et le fait qu'elle ait grillé deux aldrydes ne doit servir que d'aperçu. Même une fraction de ce pouvoir doit être colossal. Et si proche...

L'armure s'adresse alors à moi, comptant sur moi car manquant de matérialité sur Yuimen. Ce que je dois faire, c'est arracher l'orbe convoité à son socle. Cela sonne simple. Bien trop. Il y aura sans doute un imprévu, comme d'habitude ! Tandis que ses pas lourds le ramènent à la porte, j'extirpe mon arme de ma manche et vérifie la présence d'une fléchette à l'intérieur. Le panneau de bois débarrassé de sa lourde entrave, je crois percevoir Shachose se faire entendre. Elle se prétend heureuse d'avoir connu cette histoire et regrette de l'avoir provoqué.

( Et voilà, pas la dernière à s'attribuer tous les mérites, celle-là... )

Je ne prête pas attention au reste, concentré sur la soudaine bourrasque noirâtre qui ouvre la porte violemment et affaibli ma torche au point de l'éteindre. L'armure se fait entendre une nouvelle fois, nous sommant d'entrer et de frapper, tout en faisant jaillir un puissant rai de lumière.

Mes ailes frappent l'air avec force avant de me faire plonger en direction des ténèbres. Cette énergie sombre a l'air plus féroce encore que celle de Célestin, et immensément plus que la mienne. Mais pas question de reculer maintenant. Je m'efforce de ne pas me laisser éblouir d'un côté ni submerger par la puissance noire de l'autre, et ouvre grand les yeux, à la recherche du socle.

La sarbacane proche de mes lèvres, je gonfle la poitrine, amenant mon énergie martiale dans mon abdomen. Il va me falloir viser juste, frapper fort et surtout, rester concentré sur mon objectif !

( Orbe, orbe, montre-toi ! )

Dans la prison, tu ne vois plus rien. Juste un tourbillon incessant de ténèbres. Tu as l'impression d'étouffer, mais bientôt, un rai de lumière perce les ténèbres et un grand vent se lève pour te dégager la voie. Devant, tu entraperçois une orbe ténébreuse. Des éclaires et des flammes semblent danser à l'intérieur et il semble que la pierre de son socle s'est élevée pour t'empêcher de la décrocher.

Une voix gronde à tes oreilles, et elle est ridicule et hideuse en même temps. Pitoyable et cruelle. Pleine de malice et d'une absolue conviction :

« Misérable insecte... tu t'es allié à cette lavette dorée ? Et tu prétends être l'ennemi des femelles ? Qu'êtes vous à part de minables pleurnichards ? Ouin ouin ? C'est tout ce que devrait éructer ton petit corps difforme et minable. Ouh ! Ouh ! Je suis le seul à avoir des droits ici, et je t'ordonne de mourir ! Fait-le ! C'est ma volonté ! Allez, petit oisillon égocentrique ! Je n'aime pas perdre mon temps avec les inférieurs... »

Et voilà que tu as l'impression d'être pris à la gorge ! Tu vois ton corps transpirer une sueur noir... tes fluides ! Ils s'échappent de ton corps et cherchent à le brûler ! Le sortilège qui tu avais lancé se retourne contre toi ! Non seulement tu ne peux plus compter sur ta magie, mais en plus elle t'affaiblit. Les paroles de l'orbe semblent s'imprimer dans ton esprit, occuper toutes tes pensées.

« Ouhou ! Tu es tellement ridicule, à vouloir m'attaquer avec mes propres pouvoirs. Allez, rampe maintenant ! Comme c'est amusant ! »

Et de faite, au fur et à mesure que la faiblesse se répand en toi, tu as de plus en plus de mal à voler. Mais si tu tombe au pied de l'autel, tu n'auras plus aucune chance d'atteindre la petite orbe qui y trône...

Un tourbillon noir, oppressant, qui m'empêche de voir même à longueur de bras est mon seul horizon. Pire encore. J'ai la sensation d'être aux prises avec un sortilège de main étouffante, mais qui remplirait la totalité de la pièce. Un vent soudain se lève pour dégager la voie, l'éclairant suffisamment pour me permettre d'entrapercevoir ma cible. L'orbe est là, sur un socle qui a l'air de vouloir se mettre hors de portée. Une tempête parcourt l'objet, dessinant flammes et éclairs vifs sous sa surface. C'est trop simple, les ténèbres ne peuvent pas se résumer à cela.

Dents serrées, j'entends bientôt une voix qui m'irrite les spirales auditives. Elle ressemble presque à l'unisson de plusieurs êtres. Je bats vigoureusement des ailes, cherchant à me rapprocher de ma cible quand je distingue ses mots. La voix retentit avec force et conviction, commençant par m'irriter en me traitant d'insecte. Ma hargne revient se nicher dans ma poitrine. Encore une chose qui se prend pour meilleure que moi ! Elle m'accuse de m'être allié à l'armure dorée, mais plus suspect encore, pointe le fait que je prétends être ennemi des femelles. Insultante, puissante, la voix difforme me menace et m'ordonne même de périr !

( Je n'obéis qu'à moi ! )

Un petit étourdissement m'amène à apercevoir avec un début d'horreur que ma magie sombre chercher à fuir mon corps. Cette énergie que j'ai apprivoisé se rebelle plus fort encore que pendant son absorption ! Elle me brûle, comme refusant de m'obéir ! Est-ce la présence de cette chose ? Elle oserait faire qu'une partie de moi me trahisse ? La voix revient, violant mes pensées, se glissant dans mon crâne avec l'inexorabilité d'un projectile. La chose me trouve ridicule et m'ordonne de ramper, s'amusant de la faiblesse qui s'insinue en moi. Ma colère gronde et la peine liée à la trahison de mon énergie sombre ne fait que l'attiser.

J'étouffe mais m'efforce de voler à la verticale. Il me faut trouver un angle pour ma fléchette, mais je suis si remonté que je ne compte pas laisser cette voix immonde se moquer ouvertement de moi !

"Je suis moins ridicule que toi ! Coincé dans un vulgaire objet ! Pas même foutu de se libérer tout seul ! C'est toi qui m'est inférieur ! Moi, j'ai réussi à quitter ma prison ! Sans personne !"

Peut-être puis-je envoyer une fléchette en cloche, mais dans ces ténèbres, et mes ailes semblant s'affaiblir, rien ne dit que je saurai y parvenir.

"Cette magie est à moi ! N'y touche pas !"

Je lutte et lutte encore mais j'ai de moins en moins de facilité à me concentrer. La peur devrait s'insinuer en moi, mais j'ai côtoyé la mort de si près ces derniers temps que je commence à ne plus la redouter. Mes doigts bleutés sont arrimés à la sarbacane, mes dents sont serrées et ma cicatrice tire et suinte. Si le lieu ne cherchait pas à me tuer, il me plairait beaucoup. Je lève brutalement les yeux vers l'endroit où j'ai vu l'orbe et les plisse.

Un rictus se loge sur mes lèvres. Tout ce que cette voix a sorti sur mon compte, sa façon de le faire et son arrogance me rappellent des choses.

"Voile-toi la face tant que cela te chante ! Cela n'y changera rien ! Tous les deux, nous sommes pareils ! "

Ma haine gronde presque aussi fort que le vent sombre hurle, et je ponctue ma phrase en essayant de lancer une fléchette dans la direction du socle. Je n'ai presque aucune chance de toucher, mais pas question d'abandonner maintenant ! Je suis plus borné que cela !

Cette volonté et moi sommes identiques, sauf que moi j'ai une emprise physique sur ce monde, et elle a la puissance qui me fait défaut. Je ne dois pas choir ! Si seulement j'avais quelque chose pour me propulser plus haut ! Même l'une des lances de ces idiots serait utile si elle s'avérait capable de m'aider à rester en vol !

Ton projectile érafle le socle et fait sauter un peu de pierre, mais ce n'est pas encore assez pour dégager l'orbe. Celle-ci semble ne pas prêter beaucoup d'attention à ce que tu dis et rit :

« J'ai envie de sang et... oui ! Un festin ! Un festin dans une salle rouge de sang... après que j'ai accroché des tripes aux murs, ce serait amusant. Oh ! Je doute que qui que ce soit puisse avoir un meilleur sens de l'humour que moi... Même pas le minable petit oisillon qui tombe, qui tombe... »

Mais tes forces t'abandonnent rapidement et tu tombes à terre. L'objet n'est plus dans ton champs de vision. Tu n'entends plus que la voix qui ricane et te répond enfin :

« Oui ! Nous sommes pareil ! Alors pourquoi aider cette cruche transformée en accessoire de chevalier d'opérette ? Nous pourrions la détruire ensemble ! Au fait, hier, j'ai vu un cadavre de rat en train de pourrir ! »

Ma fléchette heurte le socle mais n'y fait qu'une mince entaille. Mes paroles se heurtent à un mur. La conscience emplissant la pièce n'y réagit pas, se mettant à rire tandis que je sens mes forces décroître. Elle annonce vouloir du sang et se vante d'un sens de l'humour certain. Le son horrible veut un festin de sang, dans un lieu décoré de tripes. C'est à croire qu'elle cherche à se faire plus immonde à mesure que le temps passe. Elle en vient même à se moquer ouvertement de moi, commentant la chute que je ne suis pas en mesure d'empêcher. L'impact avec le sol est brutal et humiliant. J'ai surestimé mes forces et ne peut qu'agripper avec hargne la sarbacane qui m'a glissé des doigts. L'armure dorée est plus faible que je l'aurais cru et les deux autres emplumés doivent aussi avoir été jetés à terre. Je ne peux compter sur personne, pas même moi.

Et ma rage devient glacée, alors que je cherche à me relever en vain.

La voix ne cesse de rire, sans doute à mes dépends, et finit par étrangement me répondre. Elle affirme que nous sommes pareils à son tour, demandant pourquoi j'aide l'armure dorée avant de proposer que nous la détruisions ensemble. Ma tête me tourne, mais je sais pertinemment ce que je ferais si j'étais à sa place.

"Je ne l'aide pas... Je m'en sers pour parvenir jusqu'à toi. Comme tu voudrais te servir de moi avant de..."

J'essaie de réfléchir, mais même en tentant de marcher vers le socle, je doute pouvoir faire quelque chose. Mon corps me trahit. Ma magie aussi. Je n'ai plus que mon esprit entêté à ma disposition et je suis certain de ne pas être en mesure d'atteindre la sortie pour pouvoir retenter un assaut. L'amertume me submerge.

"Ce n'est pas de l'humour... C'est ce que font tous les gamins pour attirer l'attention, pour provoquer une réaction."

Mes ailes sont lourdes tandis que je tente de mettre un genou à terre. Les parcelles de peau que j'aperçois sont tachées de mes fluides noirs. Crispant la mâchoire, je tente d'user de ma volonté pour empêcher ce mouvement anormal de se produire.

"Si puissant et si seul à la fois... Crache tant que tu veux sur le minable oisillon, c'est lui qui a fait ouvrir ta prison. Et c'est aussi le seul qui soit capable de te comprendre ! "

Il me faut résister, lutter contre cette volonté si proche de la mienne que j'en suis presque déstabilisé. Sa prison me rappelle celle que j'ai connu et ne fait que me pousser à la lutte. Je tente de me relever, la main crispée sur la sarbacane. C'est tout ce que je peux faire, et mes pensées se tournent un instant vers mon harney. Vers le fait que je ne le verrai peut-être plus.

Je braque mes yeux sombres en l'air, en direction de la forme trônant dans la pièce. Je retrousse les lèvres, cherchant à gagner du temps. Si cela se trouve, l'armure dorée va réussir à projeter une nouvelle lueur qui me permettra de redécoller, si j'ai assez de forces pour y parvenir.

"Et si tu veux te débarrasser de moi, c'est par peur que j'en sois capable !"

Malgré la pénombre, je tente de scruter les alentours. Si cela se trouve, l'un ou l'autre des aldrydes est à proximité et je pourrais me servir de leur arme comme appui. Mais vais-je tenir le coup jusque-là ?

Le monstre rit et continue à déblatérer ses insanités. Il ne t'écoute même pas. Tu ne l'intéresse plus. Mais à ce moment là, un trait d'argent perce les ténèbres. La lance de Daer'on ! Elle frappe le socle et l'endommage, tu vois quelques fragments voler jusqu'à toi. Tu entends l’armure qui crie :

« Attendez ! Je ne peux pas protéger plus d'une âme ! »

Mais déjà à travers une percée qu'elle a ouverte, les deux aldrydes se précipitent dans ta direction. Une chape d'ombre les submerge et Daer'on diaprait de ton champs de vision. Mais c'est Shada'is qui surgit, te ramasse et te porte jusqu'au dessus de l'autel. Là, elle te dépose, toute pâle. La voix s'amuse :

« Allons, traîtresse à ton peuple, tu as encore abandonné tous les tiens ? Finalement, c'est un cadeau que je te fais... en te faisant disparaître dans le labyrinthe des pensées ! »

Elle comme il dit ça, un éclaire jaillit et Shada'is disparaît. Tu es maintenant debout sur l'autel. Celui-ci est sévèrement ébréché par le coup de lance de Daer'on, l'orbe pourrait presque en être arrachée ! Peut-être l'horreur sent-elle cela car dans un éclaire, l'aldryde au pagne blanc apparaît, suspendu en l'air par des menottes de métal qui l’écartèlent. Il hurle de douleur et la voix ricane :

« Hé bien, Nessandro, tu as déjà laisser mourir un petit ami, un de plus ne fera pas différence, hein ? Mais je te donne un choix. Soit tu m'aides à détruire l'armure, soit il meure. Dans les deux cas, cela donnera une bonne leçon à ce benêt naïf. Je me doute bien que tu va préférer le voir mourir, mais je veux qu'il t'entende le dire. Tu n'as pas idée de tout le désespoir qui va se déverser en lui ! Oh ! J'en frissonne de plaisir d'avance ! Aller, en attendant que tu choisisses... »

Un fouet de feu tombe de nul part et commence à lacérer le corps de ton compagnon. Entre deux hurlements, il te lance un regard désespéré :

« Tu ne va pas faire ça, hein ? On... on est amis, non ? »

Au loin, tu perçois la lumière de l'armure. Elle progresse plus vite maintenant, profitant de la distraction de son ennemi.

« Ne fait pas attention ! Sa fourberie est sans limite, toutes ses paroles ne sont que mensonges ! »

Aucun de mes mots ne fait mouche, chose qui me fait douloureusement ressentir mon impuissance. Cette chose me ressemble, mais finalement, nous sommes bien différents. Il ne s'agit pas que d'une volonté des ténèbres, c'est une folie qui agite les environs. Alors que je serre les dents, un soudain trait argenté perce les ténèbres, frappant le socle où repose le corps de l'ennemi. Dae'ron est donc encore en vie ? Le mouvement est accompagné de la voix de l'armure, prévenant qu'elle ne peut protéger qu'une âme à la fois. C'est à cet instant que j'aperçois les ailes des autres aldrydes. Ils se précipitent dans ma direction, et par instinct plus qu'autre chose, je tends mon bras libre. Dae'ron est submergé par une vague sombre, et c'est le contact horripilant, mais malheureusement nécessaire, de Shada'ïs qui me soulève de terre.

Mes bottes entrent en contact avec l'autel où la voix s'élève encore. Mais c'est moi qui ne l'écoute plus. Raisonner avec un fou exige d'être fou soi-même ! Le plus important est que le socle est sévèrement endommagé, et je me hâte d'enfoncer une nouvelle fléchette dans ma sarbacane. C'est une occasion inespérée ! Mais alors que j'amène ma force physique dans mon abdomen pour concentrer ma puissance dans un tir, Dae'ron apparait dans les airs, suspendu par des fers. La volonté sombre l'écartèle littéralement, le faisait hurler de douleur. Malgré moi, mes yeux sombres s'arrondissent.

La voix immonde m'interpelle par le nom que je ne lui ai pas donné, prétendant que j'ai laissé périr un ami. Elle me tente, comme si je n'accordais pas d'importance à mon congénère. Avec effroi, je l'entends me proposer de détruire l'armure ou de voir périr le prisonnier. Je n'aime pas Dae'ron, il n'est qu'un aldryde rencontré par hasard, et qui m'a apporté un lot d'ennuis incroyable. Un fouet de feu vient lacérer le corps de l'aldryde, duquel je m'efforce de détacher les yeux, cherchant à me convaincre de mon désintérêt pour lui. Le fait qu'il ait des points communs avec le mâle qui m'a rejeté m'aide à me concentrer sur mon but. Sa voix me parvient, incrédule mais que j'essaie de ne pas entendre, peu avant que le Gardien me prévienne que le Sombre ne fait que mentir.

Je sais ce que je veux. Je ne dois pas hésiter. Cette chose ne m'a pas écouté, je ne vois pas pourquoi je le ferais davantage. Je n'agis pas pour sauver Dae'ron, mais pour me venger de l'humiliation que cette force sombre m'a fait endurer ! Je sais instinctivement que si j'aide cette force ténébreuse, elle aura alors le champ libre pour tous nous tuer. L'aider à vaincre l'armure ou contribuer au trépas de mon congénère ne sont que de faux choix. Résolu, je scrute ma cible.

( Je l'ai déjà dit... Je n'obéis qu'à moi ! )

Sur cette pensée, j'ajuste ma sarbacane, bien décidé à briser le reste du socle d'une puissante fléchette et récupérer l'orbe. J'ignore les cris du mâle, concentré sur mon tir. Détruire ce socle, c'est vaincre cet abruti hautain ! Reprendre le contrôle de ma magie, et en terminer avec cette dangereuse histoire !




Utilisation de la CCAJ Tir du Destin pour finir de briser le socle.

tire:40

Ta tentative pour concentrer tes forces échoue, la faiblesse continue à se répandre en toi. Pire encore, ton tire rate sa cible !

« Tant pis, tu as fait ton choix. »

« NOOOON ! » hurle l'aldryde.

Un craquement horrible retentit. La voix s'amuse :

« Oh ? Je crois que c'était son bras ! »

Daer'on est au bord de l'inconscience, son bras est bizarrement tordu. Il ne tiendra plus longtemps. Et la lumière de l'armure est encore loin...

Au moment où je concentre mon tir, la faiblesse m'envahit. Un instant, ma vision se trouble, comme si ma magie avait fini par recouvrir mes yeux. Ma sarbacane dévie, et le projectile fait de même, ratant largement le socle. Ma tête tourne un instant, mais ma conscience est claire, et la voix sombre comprend que j'ai fait un choix. Sa réponse est sans appel. Un hurlement émane de l'aldryde attaché, chose que la voix commente avec amusement. Je devine le bras de Dae'ron tordu d'une façon dérangeante. Je ne devrais pas y faire attention, je le sais. Les liens sont des chaînes, mais cette pensée n'empêche pas mon regard de se brouiller légèrement.

C'est de ma faute. Si je ne l'avais pas suivi en sortant de ce foutu terrier, rien de tout cela ne se serait produit. Je serais tranquille, en train de m'exercer pour fracasser la tête de ce lutin. M'approcher d'un autre être ne fait que m'apporter des ennuis. Et là, par mon échec, un aldryde que je n'avais, au fond, pas envie de voir périr va finir en miettes.

Et la culpabilité fulgurante qui me parcourt manque de me faire lâcher mon arme. Ma poitrine se serre. Foutu coeur. Saloperies de sensations. Cela ne sert à rien. Le mal est fait. Quoi que j'entreprenne par la suite, seule la haine m'attend au bout du chemin, que ce soit de sa part s'il survit, ou de la mienne quand je verrai mon propre reflet. J'aurais du le savoir. C'était évident depuis mon tout premier jour.

( Je n'ai ma place nulle part. )

En moi, je sens brutalement quelque chose se briser. La déchirure est si violente que j'en tremble, et que mon coeur bat au ralenti. Crispé, je recharge mon arme et l'applique de nouveau contre mes lèvres. Tout me semble futile maintenant. Je veux juste en finir et partir d'ici. Si je m'arrête maintenant, je vais aussi y passer. Ma hargne s'évapore. L'indifférence commence à s'insinuer en moi et je tente de me persuader que ce que je sens couler de mes yeux n'est rien que ma magie noire échappant à mon contrôle.

Je lance de nouveau un projectile.