Les bains publics

Derrière la milice, excentré, se trouve cet endroit très fréquenté par l'ensemble des habitants de cette immense cité portuaire. On y trouve absolument toutes les strates sociales, allant des plus riches aux plus démunis, avec d'une part des bains d'une propreté sans pareille réservés aux dirigeants et autres personnalités importantes, et d'autre part des bouillons de culture pour les plus pauvres où il faut vraiment être désespérément sale pour oser se plonger, au risque d'en sortir malade...

L'entrée n'est payante que pour accéder à des bains plus propres que ceux des mendiants et il existe donc quatre types de bains :

• Les bains des pauvres
• Les bains des classes moyennes
• Les bains des nobles
• Les bains des grandes personnalités

Quelques rares surveillants parcourent le grand bâtiment et s'assurent que vous avez bien payé votre dû.

(Les yus dépensés ici ne seront pas retirés de votre fiche de personnage...c'est une dépense RP)

Quand nous parvînmes dans le hall où plusieurs employés nous accueillir et nous servit.

"Nous voudrions un bain privé pour moi-même et mon compagnon. Une des meilleurs que vous avez."

La femme à qui je m'étais adressée parue quelque peu interloquée peut-être trop habituée à ce que les bains de luxe soient demandés par des personnalités connues de tous. Après s'être renseigné sur les places disponibles elle nous guida empruntant une porte battante sur notre côté pour accéder à un lieu privé où un vestiaire servait à nous changer pour se permettre d'entrer dans le bain qui était la salle voisine.

Après nous avoir salué et souhaité une agréable détente, la servante nous laissa tranquille dans les deux pièces qui nous appartenaient pour de longues heures. Je me détachai du bras de mon bien-aimé pour ouvrir le linge blanc qui était délicatement suspendu au mur.

"Regrettez-vous de ne pas être entré directement ?"

Je lui adressai un agréable sourire.

Nous fûmes bien accueillis, et nous rendîmes finalement dans une petite pièce, adjacente à un petit bassin d’eau chaude. Les lieux étaient spacieux et luxueux, nous offrant l’occasion inespérée de nous détendre. Lyssena se détacha de moi, saisissant au passage une serviette pour le bain, assez grande pour deux. Elle me demanda alors si je regrettais cette étape dans notre retour, ce qui n’était résolument pas le cas :

« Pas le moins du monde, j’espère qu’il en va de même pour vous. »

Je lui rendais son sourire, ôtant alors mes vêtements. Je ne laissai pas non plus le long gant noir, sans gêne ou presque devant elle. Une seconde serviette enserra ma taille, alors que je me dirigeai vers le bassin, contemplant au passage les fresques en marbre et les quelques statues de Sirènes et ondines...

Longinus pris la même initiative que moi en se déshabillant entièrement et se couvrir du linge de bain posé qui était accroché au mur. Doucement, nous avançâmes vers la seconde pièce qui accueillait le bain central. De nombreuses statues marines décoraient la pièce blanche. De nombreuses fresques donnaient du relief aux murs qui n'en formaient qu'un seul en forme ovale.

La chaleur humide invitait à entrer dans l'eau azur et chaude qui n'était qu'à un mètre de nous.

"Venez goûter à ces bains, très cher."

Je déposai la serviette qui me couvrait il y a encore quelques instants sur un banc de marbre qui servait à cet effet. Mes pieds et ensuite mes jambes toutes entières goûtèrent à l'eau chaleureuse du bain. Quand mon corps fut tout entré je m'assis sur le rebord d'une des marches afin que le liquide arrive au niveau de mes épaules.

Lyssena m'imita bientôt, et tous deux nous plongeâmes dans une eau naturellement chaude, très chaude même. Une eau purifiante, destinée à relaxer chacun de mes muscles, afin que ceux-ci reprennent de leur force, et de leur vaillance.

Les fresques dépeignaient des endroits charmants, ou les nymphes se baignaient ensemble dans des lagons auxquels les mosaïques donnaient un effet presque surnaturel. Le dôme quant à lui était ornait de vitraux opaques, qui laissaient seulement filtrer une lumière bleutée. Je me laissai aller à fermer les yeux, échangeant parfois quelques mots avec Lyssena, mais profitant surtout d'un moment coupé du monde. Un moment dans le ventre du monde.

Je n'aurais sut dire combien de temps s'écoula ainsi, dans un sablier un peu trop pressé. Mais malgré tout nous ne pûmes le retenir, et finalement quelqu'un toqua à la porte, nous signifiant qu'il était bientôt l'heure pour nous de retourner dans la réalité.

"Et bien Lyssena, tenons nous le siège, ou vaut-il mieux rentrer et préparer la journée de demain?"

Le temps était passé à une vitesse folle, presque irréelle. Mes yeux n'avaient fixé que l'eau qui par moment, reflétait le visage de mon compagnon à mes côtés fermant les yeux, ouvrant ses gardes pour n'apprécier que ce moment de tranquillité. Le réveil avait sonné comme un frappement sourd sur la porte communicante avec le vestiaire. Dure réalité, Longinus me laissa tout de même le choix entre profiter de ce bain encore un moment ou terminer de préparer son voyage.

Je fus quelque peu déroutée, mon cerveau ayant lui aussi du mal à revenir à cette réalité difficile et cruelle. Après un instant de réflexion, je répondis tout de même à mon compagnon dans ton qui lui laissait le choix.

"Et bien je crois que nous avons assez profité, pourquoi ne pas rentrer pour préparer quelques affaires à ne pas oublier et passer une soirée tranquille afin de goûter à cette dernière soirée en tête à tête ..."

Je sortis doucement de l'eau prenant au passage la serviette sur le bord, attendant Longinus à la place de mon linge laissant ma peau se sécher d'elle-même.

Silmeria entra dans une petite route beaucoup plus fraiches que celles qu'elle venait de quitter. Un bâtiment couvert d'une mousse verte et humide ouvrir ses massives portes de bois robuste pour la laisser entrer. Un long couloir menait directement aux bains populaires. Les bains de pauvres, un lieu où tous les mendiants, clochards venaient se décrasser dans une eau pleine de crasse, de terre, de glaires, de longs lambeaux de tissus, de peau. Un vrai bonheur si vous voulez finir votre vie avec un magnifique cocktail de maladies plus immondes les unes que les autres.

Il y avait une femme en bustier rose qui donnait des directives à sa servante, de petites femmes vêtue d'une mousseline blanche circulaient partout portant des seaux d'eau chaude en direction des bassins privilégiés.

La femme au bustier rose devait être la tenancière des bassins. Dès qu'elle vit Silmeria elle vint lui proposer un bassin propre, elle ne souhaitait pas voir une dame bien vêtue, qui faisait attention à elle patauger dans les bassins répugnants.

Silmeria était une Elfe, elle faisait de façon naturelle, attention à sa silhouette. Mais il était vrai que dans sa combinaison violette, aux tissus blancs brodés d'or, elle n'avait en rien l'air d'une voleuse. Ça lui était tout à son avantage d'ailleurs. Ensembles, elles optèrent pour un petit bassin situé à l'étage qui donnait sur une petite cours parfumée.
Un bassin destiné aux nobles, mais qui pouvait parfaitement faire l'affaire si vous aviez de quoi payer.

La tenancière ouvrit les portes de la salle de bain, une petite alcôve contenait diverses essences de parfums, de savons exotiques, avec de douces serviettes de coton propre. Au sol était allongé un immense drap de lin pour ne pas subir le froid de la pierre en sortant de l'eau chaude.

La tenancière dit d'une voix enchanteresse : : Douce dame, vous avez sur la table une petite clochette, si vous avez besoin de quoi que ce soit, sonnez donc, nos servantes se dépêcherons pour mieux vous servir.

Silmeria ne répondit pas, elle détourna le regard laissait la femme fermer la porte et s'éclipser à la recherche de nouveaux clients. Elle ôta sa toilette légère, et entra dans le bain de marbre chaud, où flottait une mousse légère et parfumée, doux mélange entre l'écume et les solutions délicates versée au préalable dans le bain. Elle posa la nuque sur le rebord du bassin et ferma les yeux. Laissant la douce torpeur chaude entrer en son corps, la soulageant d'une fatigue accumulée que les lits d'auberges inconfortables ne parvenaient pas à chasser. Le soleil éveillait le chant des oiseaux qui se mélangeait au son de la foule de pauvre qui croupissaient dans les eaux troubles.Elle humait à pleins poumons les parfums qui s'élevaient pour embaumer toute la pièce d'une douceur de rêve. Un des endroits pour elle, le plus suave et paradisiaque qu'elle puisse trouver à Tulorim.

Elle avait du mal à penser à la façon dont elle compter dérober l'or. Tout était si clair dans sa tête, il n'y avait, à l'évidence, pas besoin d'organiser quelque chose de trop conséquent pour un vol qui était probablement réussit d'avance. Il ne lui manquait qu'une seule chose. Une femme qui pourrait faire office de...

Finalement la réponse lui vint d'elle même. Elle savait de par le nain que le marchand allait quitter la ville, il n'était que de passage. Il allait donc rentrer tard, s'offrant un dernier plaisir avant de reprendre une longue route. Elle savait que pour rejoindre la prochaine ville il fallait au minimum une journée de marche. Même à cheval, le temps était plus long car la marchandise à transporter était chère. Il y avait probablement des coffres ou quelque chose pour cacher les richesses. Sinon le moindre bandit de grand chemin l'aurait déjà détroussé.

Elle se rendrait demain soir dans sa loge pour y dérober l'or. Elle se ferait plus ou moins discrète par la suite. Elle changerait peut être même de ville. Si c'est un marchand influant, il pourrait faire déplacer la milice. Il y avait beaucoup de question qu'elle jugeait sans réponses. Mais elle y portait un regard indifférent, elle se moquait bien que cet homme fasse déplacer des miliciens. Elle refusait l'éventualité de se faire capturer vivante. Et elle refusait la misère, elle ne voulait pas faire comme les autres humains, baigner dans les eaux stagnantes. Non elle voulait devenir une voleuse, une légende, assez pour satisfaire sa coquette affection de belles parures, de bijoux. Elle voulait être une voleuse... Si grande que tout le monde viendrait à ses funérailles pour être sûrs qu'elle soit bien morte.

La chaleur lui montait à la tête. Et elle s'endormit, avant de reprendre la direction du marché de Tulorim.

Elle entra une nouvelle fois dans le hall massif où les pauvres s'essuyaient loin de toute pudeur devant les passants, nobles servantes. Silmeria cherchait du regard la jeune femme de la fois précédente qui l'avait conduite jusqu'à un alcôve privé où elle pouvait se laver, se reposer et réfléchir tranquillement. Il y avait toujours un ballet incessant de servantes qui portaient les éternels seaux d'eau chaude destinés aux bains privés.

Elle s'adresse, faute de connaissance, à une servante en robe. Cette dernière lui indiqua qu'elle venait de libérer et nettoyer un bain privé, Silmeria pourrait l'utiliser autant de temps qu'elle le voudrait. La jeune femme invita la Sindel à la suivre, elle était humaine, mais sentait agréablement bon, elle était de taille moyenne et ses formes étaient très visibles malgré la robe de mousseline. Elle avait une coupe de cheveux classique pour les humaines, un visage qui pouvait passer partout mais il y avait une touche de fraicheur et de délicatesse en elle qui changeait du commun des mortels. C'était agréable de voir une femme fraiche et délicate. Du moins, Silmeria n'avait pas eu l'occasion de connaitre beaucoup de femmes susceptible d'avoir reçut une bonne éducation.
Elle poussa avec peine la lourde porte en s'excusant, à cause de l'humidité le bois avait quelque peu gonflé et frottait sur la pierre, elle espérait que ça ne dérangerait pas sa cliente par politesse, bien sûr que ça n'allait pas la déranger... Elle ne payait pas un alcôve privé pour jouer avec les portes. Elle sourit à la jeune femme qui prit rapidement congé après avoir, comme la fois précédente, indiqué l'utilité de la clochette - en cas de besoin -.

Avant de se dénuder, elle fit le tour de la pièce, en regardant la masse nauséabonde constamment présente au rez-de-chaussé. Elle tourna le regard pour le porter à l'étagère qui regorgeait de parfums et d'huiles pour le corps et les cheveux. Elle voyait toute formes de flacons, de savons et de couleurs. Elle humait les pierres enduites de savons gras aux senteurs florales. Après avoir débouché une petite fiole aux teintes verte qu'elle portait à son nez, elle fermât les yeux pour s'imaginer d'où venait ces odeurs, elle s'imaginait un marché aux fleurs, elle n'en avait vu qu'une seule fois, un immense étalage de fleurs frêles et délicates, de purs joyeux de la nature toutes rassemblées de diverses horizons pour le plaisir des sens. Elle opta pour ce flacon qui renfermait pour elle un véritable trésor olfactif.

Elle entra progressivement dans le bain chaud et se laissa fondre lentement jusqu'au fond du bassin en pierre. Ses cheveux devinrent lourds, et baignèrent lentement à la surface parfumée d'une liqueur de savon et d'huile. Une image lui fendit l'esprit; elle revoyait la fosse de purin ou les porcs croupissaient et le vieil homme lui implorant de l'aide. Elle laissait ses mains trainer au fond du bassin, pensive, jusqu'à ce qu'un objet au fond de l'eau capte son attention. Ses doigts rencontrèrent un petit objet au fond de bassin et s'en emparèrent pour le remonter à la surface. C'était un petit pendentif en argent au bout d'une chaîne. Un bijoux. Elle afficha un grand sourire naïf en voyant que l'objet était intact mais dérida en voyant quelque chose qui la troublait.
( Par la barde des anciens, mes cheveux ne ressemblent quand même pas à ça. )
Elle se laissa couler jusqu'à disparaitre totalement de la surface et y resta quelques secondes. Regagnant la surface, elle paraissait embarrassée, elle repensait encore aux petites filles en train de mourir de faim comme elle autrefois, mourir de faim alors qu'elle se prélassait dans un bain parfumé. Une injustice se faisait connaitre, elle restait pensive. Son but était de voler, de voler les riches, les grosses sommes, pas les simples pauvres qui ont deux Yus par cabane. D'un certain côté, les hommes qui harcelaient les pauvres pouvaient très bien se voir payer pour éliminer une voleuse comme elle. Ils répondent à la loi de l'argent, à l'appât du gain tout comme Silmeria qui avait en tête quelque chose de plus. Son armure légère Elfique pendait et de son trône aquatique, elle pouvait voir le manche de la lame brodé.

Elle pesait le pour et le contre. Deux hommes. Deux humains sans doute. Il faut toujours analyser un minimum le théâtre de l'assassinat avant de l'engager. Il y avait deux hommes... Deux hommes s'en prenant aux pauvres et violant les femmes. Quel style implacable. Ça, c'était bien le lot des humains, les Elfes n'avaient pas de cas de viol dans leur race, les nains non plus aux dernières nouvelles. Quant aux orcs et gobelins, viol, incest ou quoi que ce soit, elle ne préférait même pas le savoir...

Elle avait quelque chose, un nom et un lieu. Pour le reste elle avait ses charmes, sa ruse et sa lame. Le problème résidait : La milice. Quoiqu'il y avait le quartier où il y avait des gobelins selon des dires, donc pas de milice... Sauf si les miliciens allaient vérifier la présence de gobelins, sans connaître leur nombre il pourrait y avoir plus d'une vingtaine de soldat... Là elle craignait que son charme ne soit pas de taille.

Elle s'amusa à éclater des bulles à la surface de l'eau, jouant comme une enfant à réfléchir comment assassiner ces deux hommes de façon silencieuse et propre. Elle n'avait aucun poisons, elle aimait pourtant les poisons mais là... Elle n'avait pas de quoi faire mourir les deux hommes dans la nuit après avoir approché leurs assiettes. Elle ferait ce qu'elle avait à faire;
- pas de plan tout est dans le talent. -

[Suite des commérages de la taverne]

C’est une odeur nauséabonde davantage que les panneaux qui indiquèrent le lieu à Svalnir. Ce n’était guère des « monstres » mais l’eau croupie qui était le plus remarquable ici...

La couleur verdâtre de l’eau était presque identique à celle des quelques algues qui flottaient à la surface. Un nénuphar en fleur se dressait majestueusement au milieu du bassin. Il aurait été magnifique dans un jardin, mais ne faisait ici que montrer à quel point la nature avait reprit ses droits.
Svalnir réussi à lire une gravure sur marbre stipulant que ce bain était celui des pauvres. La lecture, pourtant simple pour un lettré, lui prit un bon moment car il n’avait jusqu’ici lu que des ouvrages pour enfants en bas-âge. (ce qui était déjà en soi une chance pour un montagnard tel que lui) Il réussi à comprendre également que le bâtiment était séparé en plusieurs bains, Svalnir ne savait pas combien exactement mais une chose est sûre : il n’en verrait qu’un ! En effet la plupart des bains étaient réservés à des plus fortunés que lui. Beaucoup plus fortunés.

Il se demandait si les véritables monstres dans tout ça n’étaient pas les gérants des bains. Soit ceux qui faisaient payer des prix exorbitants pour un peu d’eau, ou ceux qui étaient chargés de nettoyer le « bain des pauvres »…
Quoi qu’il en soit le lieu était dans un si mauvais état que personne n’avait du s’y baigner depuis au moins une saison.
Un groupe d’hommes grassouillets sortit d’une porte que Svalnir pensait close. Un linge autour de la taille, ils semblaient quitter ce qui était un bain pour les plus riches.

Björn s’approcha lentement du bassin souillé dans l’espoir de pouvoir boire un peu. Mais son museau confirma bientôt ce que les yeux de Svalnir disaient. Il hésita, tenté par la soif, mais fini par faire demi-tour dans un petit gémissement déçu.

- Nous allons nous rendre dans une auberge ne t’en fait pas. Tu pourras boire. Il n’y a rien à voir, ici.

Mais Björn ne semblait pas tout à fait d’accord avec lui. Il tourna la tête vers l’eau et la considéra lentement.

- Tu as trouvé quelque chose ? Le ton était celui de l’excitation. Ils n’étaient peut être pas venus pour rien finalement.

L’eau se mit à bouger sous le nénuphar. Puis des vaguelettes se rapprochèrent du bord du bassin. BJörn grognait en ne quittant pas les mouvements d’eau des yeux.
Svalnir saisi son arc par réflexe, mais n’eu pas le temps de le bander que Björn se rua sur le bassin, plongea la gueule dans l’eau et jeta quelque chose aux pieds de Svalnir.

Une grenouille.

- D’accord, et tu vas nettoyer ton museau comment maintenant ? Bravo, vraiment. La chasse à la grenouille, quel exploit ! Il jeta négligemment le pauvre animal mort sur son loup qui baissa les yeux.

Soudain, de la porte de laquelle étaient sortis les hommes de tout à l’heure, des cris et des sons d’éclaboussures se firent entendre. L’homme et le loup se précipitèrent vers la porte, déjà empruntée par une dizaine de personnes dépassant tous la cinquantaine, désirant manifestement sortir à tout prix.
Le chaos ambiant était une bonne occasion de rentrer sans payer…

L’homme et le loup débarquèrent dans les bains des nobles en trombe, sur le pied de guerre.

Il n’y avait aucune comparaison possible avec le bain des pauvres. Le sol était carrelé et coloré à souhait. À travers un épais manteau de brume du à la chaleur, on apercevait pots de fleurs, encensoirs et autres artifices inutiles quand on se lave. L’eau était tout simplement transparente tant elle était propre.
Les dernières personnes qui n’étaient pas sorties des bains le firent, paniquées. Le sol était glissant en raison de toute l’eau déplacée et les deux compagnons furent négligemment bousculés à plusieurs reprises. Quand ils purent enfin voir correctement le bassin, ils découvrirent trois silhouettes sombres qui pataugeaient dans le bain.
Une d’elles sortit de l’eau et s’apprêta à replonger quand elle aperçu Svalnir et se stoppa. Ce dernier profita de l’occasion pour mieux considérer le monstre.

Manifestement de petite taille, la créature était recouverte de plumes de diverses couleurs et de diverses longueurs. Il avait une tête énorme, proportionnellement à son corps. On aurait dit que sa peau flottait, et qu’elle était rapiécée par endroit. Deux yeux énormes et exorbités fixaient Svalnir, sans ciller. Il eu un frisson. Il avait chassé un ours moins effrayant que cette bestiole, pourtant bien trois fois plus grand.

Björn était moins impressionnable et fonça sur la créature. En réaction, la chose tendit ses deux bras vers le loup et un jet d’eau puissant, provenant du bassin, le frappa de plein fouet et le projeta à quelques mètres.

- Qu’est ce que ...?!

Le loup n’avait rien subit sinon une blessure dans son amour propre (si tant est qu’un animal comme lui en ai) et se releva vite. Mais il laissa le temps à ses agresseurs de prendre la fuite.
Celui qui avait attaqué Björn poussa un cri suraigu en leur direction et fila à la vitesse de l’éclair, suivie par ses deux compagnons sortant du bassin. Au passage l’archer pu constater que les deux autres n’étaient pas exactement comme le premier. L’un semblait même avoir une queue ?!

Là, Svalnir était mal. Il s’agissait visiblement de magie et il n’avait aucunement l’habitude d’en rencontrer. Il ne savait guère la combattre !
Björn encore une fois ne s’encombra nullement de ce genre de considération et les suivit le plus rapidement possible. Svalnir reprit ses esprits et prit part à la course. Il glissa mais se rattrapa grâce à un pilier.

- Du nerf quoi ! Allez !

La poursuite les mena à quelques centaines de mètres des bains. Les créatures semblaient très bien connaître les alentours. Au coin d’une rue elles tournèrent dans une petite ruelle dont Svalnir ignorait l’existence. Pourtant, il était déjà passé par là. L’une des choses poussa de nouveau un cri et elles se dispersèrent. Svalnir les perdu de vue… Non ! Il y en avait une qui grimpait à la charpente d’une maison et Björn ne l’avait pas quitté des yeux. Il sauta pour essayer de l’attraper mais elle était agile et rapide ; déjà hors de portée… Elle perdait des plumes, dont quelques unes atterrirent dans les cheveux de Svalnir.

Entêté, le loup sauta sur l’auvent d’un étal puis sur un muret, et bientôt il fut sur le toit en même temps que la créature. Ingénieux ! Pensa Svalnir. Il préparait une flèche mais déjà Björn avait attrapé la patte du monstre. Il criait et émettait des sons qui faisaient presque penser à des sanglots. Svalnir tenta de monter comme l’avait fait le monstre mais il était plus lourd et moins doué. Il avait un peu honte du temps qu’il mit à atteindre le toit.
Le loup n’avait pas lâché prise et la créature était recroquevillée sur elle-même, pleurant.

- Qu’est ce que tu es ? Un démon d’eau ? Répond !

Le monstre tourna sa tête vers Svalnir. Encore ses immenses yeux exorbités. Mais ceux-là étaient différents de celui qu’il avait vu tout à l’heure. Ils n’étaient visiblement pas capables de tourner et fixaient droit devant eux. Même s’il était en position de force, l’archer eu un petit mouvement de recul.

- Pitié on le refera plus ! Le dit pas à mon père steuplait !
C'était dit d'une petite voix fluette.

- Hein ? Te moque pas de moi et répond à mes questions !
À ces mots il posa un pied sur le torse du monstre, l’immobilisant. Björn cessa de le mordre et se calme peu à peu. Il l’avait attrapé, c’était l’important, après c’était à Svalnir de s’en charger. Pensait-il sûrement.

- Ça nous met en rogne de voir ces gros porcs prétentieux se laver la graisse tous les jours alors qu’on peut même pas se baigner !

- Tu parles des nobles ?

- Ouais ! Leur bassin est six fois trop grand, ils pourraient partager un peu d’eau avec nous !

- Arrête de me baratiner ! Vous les avez attaqués et c’est pas la première fois à ce que j’ai entendu dire !

Il saisi le monstre par le col, mais sa peau se déchira et resta dans les mains de Svalnir. Le monstre retomba à terre.
Révulsé, le jeune Fenris jeta la peau un peu plus loin et trébucha à son tour. Il lança un regard plein d’appréhension vers la créature. Elle avait les deux bras devant la tête, tremblant comme une feuille, comme si elle avait peur qu’on la batte.

- Mais par Fenris, qu’est ce que tu es au juste ?!
Il se releva avec prudence et considéra longuement la petite silhouette allongée. À travers ses bras un petit œil l’observait, craintif. Le cœur de Svalnir fit un bond.
Un gamin…

- Le dit pas à mon père il va me tuer… Pitié…

La chose se trouvant devant lui était un enfant au visage crasseux et aux mains sales, paré de plumes et de divers morceaux de peaux d’animaux cousus entre eux. À mieux y regarder, la « chair » que Svalnir avait arrachée était en fait un assemblage grossier de peaux de cochons, tendues par des fins bouts de bois. Deux yeux de moutons avaient été cousus. Une queue de vache était attachée au pantalon - invisible tant les plumes qui y étaient collées étaient nombreuses.

- Mais bien sûr… Seul un enfant de la rue peut connaître aussi bien les quartiers pauvres…

Svalnir ne pu s’empêcher de laisser échapper un rire sincère. C’était bien trouvé, et l’entourloupe avait si bien fonctionnée qu’elle avait fait courir des rumeurs de monstres aquatiques ou de lutins diaboliques dans tout Tulorim. Le déguisement résistait apparemment à l’eau, ce qui était d’autant plus étonnant.

- Vous avez donc fait ça pour punir les nobles du luxe dont ils jouissaient ?

- Ils l’ont mérité… Ces porcs ingrats… je les déteste !
L’enfant pleurait à cause de la douleur de la morsure de Björn, et avait du mal à parler correctement .

- Ils ne nous laissent pas nous baigner… Ou dans un bain pourri qu’ils lavent jamais, et ils osent nous faire payer ! C’est qu’un bouillon de sépulture !

- Bouillon de culture on dit petit. Tiens, met-ça sur ta plaie.
En écoutant l’enfant Svalnir avait préparé un bandage et l’appliqua sur la plaie. Le gosse continuait à lancer des regards craintifs à Björn, qui était tout à fait insensible à sa peur et se nettoyait la patte.
- Mais dit moi comment a fait ton copain pour lancer ce jet d’eau ?

- Tedd a remarqué qu’il savait faire deux trois trucs avec l’eau… C’est avec ça qu’on a eu l’idée de faire peur aux gros du bain… ça les a tellement impressionnés !
Svalnir ne pouvait s’empêcher de le croire. Manifestement le petit montrait des dons pour la magie liée à l’eau, et si ses pouvoirs se manifestaient si tôt il pouvait être réellement prometteur.

- Après, comme mon père est charcutier on a piqué des trucs et on a fait ces costumes… Comme les têtes de cochons me faisaient faire des cauchemardas ont a prit ça pour faire peur et ça a marché. On a mit longtemps pour les faire !
A travers la colère et la douleur perçait une pointe de fierté dans son ton et son regard. La fierté naïve mais sincère d’un enfant, content de montrer ce qu’il a fait.

- T’es pas bète pour ton âge tu sais. Tu devrais mieux te servir de tes dix doigts, et si j’étais ton père j’aurai du te réprimander mais… Svalnir lui adressa un grand sourire.
- Franchement bravo, c’est bien joué mon p’tit gars. Tu peux être fier de toi, ça en aurait fait tourner des rumeurs en ville !
L’enfant se releva et rendit son regard à l’archer, fort de ses éloges.

- Mais si tu recommences je viens te botter le cul moi-même, maintenant que je sais ou tu habites, fils de charcutier. Le gosse là, Tedd - c’est ça ? - il habite où ?

Il hésita longuement, avec la peur de celui qui dénonce un ami.
- C’est un fils de tanneur… Il est pas loin de la taverne.

- Bon…Je vais sortir un baratin au gérant des bains, comme quoi j’ai chassé le monstre, et qu’en échange de mon haut fait j’exige des bains propres pour les pauvres. Mais en échange vous ne refaites pas ça hein ? Si les « monstres » reviennent, ça n’aura servit à rien.

Le gamin acquiesça mollement.

- Tu me le jures, pour toi et tes copains ? Et je ne dit rien à ton père !

Un grand sourire illumina le visage du garçonnet qui jura. Svalnir lui sourit à son tour et raccompagna le marmot chez lui. Il s’appelait Will. Il lui montra tous les bons coins des quartiers pauvres, les cachettes et les endroits où voler facilement. Il se prit un coup de pied dans l’arrière-train pour cela, mais dans l’ensemble Svalnir était étonné par le nombre de choses que pouvait remarquer un garçon de neuf ans…

Ils se dirent au revoir et Svalnir rigola encore un bon coup avec lui en repensant à quel point il avait eu peur en voyant son déguisement. Mais aussi, en repensant à quel point trois gamins mécontents pouvaient générer la panique dans la grande ville de Tulorim. Pour être sûr qu’il ne recommence pas Svalnir avait gardé le masque de peau, qu’il jeta dans un buisson. Il se mit en quête d’une auberge pour la nuit en se disant que demain, il irait voir le gérant des bains pour tenir sa promesse, mais aussi le maître des mages de la ville pour lui indiquer l’adresse d’un élément prometteur.

Je voulais me laver du combat contre l'orque et de la puanteur des ruelles. Il fallait que je me fasse une raison, j'allais voir beaucoup de chose comme sa et je devais absolument m'habituer. Mais j'étais dégouté.
Je payais l'entrée pour les gens de classe moyenne au guichetier qui était se ficher de mes politesses.
J'allais dans un semblant de vestiaire, je me déshabillais et pris mes vêtement avec moi, j'enveloppais un essuie autour de mes jambes et pris un savon dans dans un bac prévu à cet effet. Je retirais l'essuie une fois prêt de l'eau et y rentrais, je me détendais, enfin j'essayais. Enfin je me lavais après quelques jours sans.

(Haaaa sa fait du bien)

Je ne sentais pas spécialement bon, mais au moins j'étais lavé de cette puanteur.

(Dire que je vais devoir repasser par la ruelles, je vais aller à l'auberge me commander une bonne petite salade et une bière pour changer les idée)

Je sortais de l'eau et me dirigeais vers les vestiaires tout en me séchant. Une fois sec, je mis mes vêtements, sale, mais bon, au moins j'étais propre.

Je partais sans adresser de regard au guichetier.



>>>>>Suite L'Auberge du Pied Levé

Nous ne tardâmes pas à arriver en vue des bains. L'idée de me prélasser dans de l'eau chaude et propre pendant de longues, longues, longues heures avait fini par me mettre de bonne humeur. Ma nouvelle compagne, Aglaeka de son petit nom, m'apprit qu'elle faisait parti des Sororités de je ne sais trop quoi. Elle avait peut-être été élevée dans un couvent de prêtresses guerrières pour tout ce que j'en savais.

Une fois entrées, une femme d'âge mûre, plutôt enrobée se présenta à nous.

"Bonjour mesdames. Bain publiques ou privés?
-Publiques.
-Parfait, ça fera 25 yus pour toutes les deux.
-25? tant que ça?
-Oui tant que ça. Et vu votre état ça devrait être le double."

Pas faux il est vrai. Me voilà un chouilla de moins bonne humeur en train de donner la maigrelette bourse de petit nerveux.

"Parfait par ici mesdames."

Nous fûmes conduites dans des vestiaires plutôt coquets (en même temps vu le prix...), où nous pûmes nous préparer. Et enfin vint le moment du bain proprement dit... Ah le bain, toute cette eau chaude, et cette vapeur... Je me laissai glisser telle une nymphe, poussant un soupir de soulagement.

"Ça c'est la belle vie... Alors Aglaeka, qu'est-ce qui t'amène dans cette contrée moisie de Tulorim?"

Nous étions seules, vue l'heure, mais ça n'allait certainement pas durer.

Nous passâmes les portes d'entrée et débouchâmes sur un hall où une dame d'âge assez avancé vient à notre rencontre. Ces vêtements rendaient encore plus voyants ses formes généreuses aux niveaux des hanches et de la poitrine.

Après quelques phrases échangées entre cette dernière et Isulka et le paiement des bains pour nous deux aux frais de mon amie rousse, nous entrâmes dans des vestiaires de qualité moyenne voire bonne. Même si mon expérience des bains se limitait à ceux de la Sororité je savais reconnaître si un bain était un vrai bain.

Après le passage obligé par les vestiaires, nous entrâmes dans la pièce la plus plaisante des bains, le Bain ! La vapeur de l'eau me montait déjà au visage. Quel bonheur après tous ces évènements. En une journée je paraissais avoir découvert, vu et fait plus qu'en une semaine.

Après quelques observations aux alentours je me plongeai dans l'eau chaude et apaisante. Nous étions les seules pour le moment de la journée à déguster de ce plaisir. Je souris à la remarque de la femme rousse et fermai les yeux un instant, portant une prière à ma Déesse.

"Ce qui m'amène ici ? Mon être. J'ai besoin de découvrir certaines réalités mêmes si elles me sont très difficiles à comprendre et à supporter. Viens-tu de cette ville Isulka ? Si tu es originaire de ce genre de cité, j'aimerais beaucoup comprendre certaines choses qui sont incomprises par mon être. Les hommes, pourquoi ne sont-ils pas esclaves, eunuques et aveugles ?"

Mes yeux s'étaient transformées en une lueur d'enfant. J'avais un besoin d'explications logiques. Mon moi avait besoin de comprendre la tournure qui avait renversé le monde des femmes au pouvoir et des hommes en esclavages.

Je ne pus m'empêcher d'éclater de rire lorsque ma nouvelle amie me demanda, le plus sincèrement du monde, pourquoi les hommes n'étaient pas des hongres. Je me repris cependant assez vite, ne voulant pas la froisser.

"Et bien, je n'ai pas bien compris d'où tu venais, mais ça doit être un paradis. Et non je ne viens pas de cette ville, dieux m'en préservent. Mais c'est un peu pareil partout. Enfin pour répondre à ta question, des eunuques on en croise, mais pas beaucoup. Non, ici les hommes se prennent pour le sexe fort, et ils font tout leur possible pour en abuser. Ça les rend souvent vulnérables et tellement faciles à manipuler, mais ils se gênent pas pour être des salauds pour autant."

Je fis une pause, songeant un instant à notre discussion pour le moins particulière. Je comprenais un peu mieux le geste qu'elle avait eu sur les cadavres. Elle venait probablement d'une secte de castratrices fanatiques.

"En tout cas je te déconseille de faire comme tout à l'heure. La garde laisse faire quand on dérouille du manant, mais les actes rituels passent assez mal. Mieux vaut garder profil bas quand on a pas assez d'or pour leur graisser la patte."

Mine de rien la belle savait dérouiller de la bidoche, et elle était plutôt jolie. Perdue certes, mais elle pourrait sacrément bien m'aider dans ma tâche, et sans trop de réticences. Bon, après le zèle c'était autre chose et passablement dangereux mais hé, on a rien sans rien.

"Cela te dirait que je te guide dans le coin? Et puis je peux aussi te trouver du travail. C'est important pour pouvoir survivre plus de quelques nuits dans ce taudis. T'as l'air plutôt en forme, t'es taillée pour j'ai envie de dire. Tu en pense quoi?"

Isulka se moqua de moi avant de me donner une véritable explication. Je ne compris pas. Je paraissais être hors de son monde, mais je savais tout même certaines choses. Enfin ...

Elle m'expliqua après s'être un peu calmée qu'elle venait d'une autre contrée. Pas d'autres précisions mais elle m'ajouta également que le monde restait le même que celui de Tulorim avec des hommes en liberté. Isulka m'apprit que ces derniers se prenaient pour les meilleurs et les plus forts. Cela ne m'étonnait guère étant donné les derniers évènements auxquels j'avais participé. Ils se croyaient tout permis alors qu'ils ne valaient rien.

"Les hommes ne devraient pas vivre de cette manière ..."

Après mon rapide commentaire à voix basse, elle revint sur mon acte face aux hommes morts de la rue. Elle me fit comprendre que c'était une attitude à éviter même si ceci était un rituel. Isulka avait quelque peu tort. Mon acte n'était issu en rien d'un rituel. Je m'appliquais juste à remettre en place ces êtres dans l'état dans lequel ils méritaient d'être.

Je m'enfonçai un peu plus dans le bain tout en gardant les oreilles bien ouvertes sur sa voix qui continuait de m'apprendre les choses essentielles de cette ville. Selon elle je devrais trouver du boulot. La belle rousse me proposa même une alliance.

"Pourquoi pas, cela me paraît concret. Et quel genre de travail serait alors fois plaisant, rémunérateur et qui me permettrait de poursuivre mon travail de nettoyage de la race inférieure ?"

Je me parus plutôt chanceuse d'être tombée sur une humaine forte et paraissant avoir le même mode de pensée que mes soeurs. Je paraissais à nouveau respirer dans cette ville, véritablement.

"Mais dîtes moi Isulka, ma sœur, vous êtes-vous déjà soumis à un homme, à cet animal qui ne pense et n'agit que par ses envies animales ?"