La Haute Tour de Thaumaturgie

Tour discrète mais ouvragée, ce lieu est un des endroits où l'on enseigne la magie à Kendra Kâr. Les habitants du quartier ne se soucient plus des diverses choses étranges pouvant arriver à proximité. L'histoire la plus surprenante se racontant est celle d'un matin où la tour avait disparu, pour ne réapparaitre que le lendemain.

Cette tour est la propriété de Kieran Kloryn, magicien, enfant de la blanche cité.
La raison d'être de cet édifice est simple : le savoir n'a d'importance que s'il est partagé. Ainsi la Haute Tour offre un enseignement dispensé à tous ceux, sans distinction, qui voudraient lire ou écrire. Pour ceux qui désireraient plus, on offrira la consultation d'ouvrages magiques ou parfois même un professeur qualifié, avec accès à des salles d'entraînement magique par exemple. Bien sûr, tout ceci a un prix.

Les accès de la tour sont gardés par d'étranges automates à l'allure humaine, créés par le propriétaire.

=> Les Rues de Kendra Kâr

Méroel s'était arrêté juste devant les gardes, car ils étaient encore plus impressionnant maintenant qu'il en était près. Il avait couru depuis l'autre bout de la rue en sachant qu'il pouvait apprendre la magie dans cette tour, mais il fallait tout d'abord qu'il arrive à y entrer. Les gardes semblaient être en métal comme des statues, mais la lueur rouge de leurs "yeux" et les deux lances qui étaient croisées pour former un "X" prouvaient que ce n'était pas de simple statue.

-Euh... bonjour ? J'aimerais entrer dans la tour pour apprendre la magie, s'il vous plait.

Il avait parlé sans savoir s'ils pouvaient, mais il ne voyait pas comment faire d'autres. Il aurait pu passer sous les lances, ce n'était pas difficile en vérité, mais tout de même un peu trop risqué. En tout cas, son petit blabla n'eut pour seul effet de leur faire baisser la tête pour le regarder directement. Au moins, ils savaient qu'il était là, maintenant.
La méthode diplomatique n'avait pas réussi et il ne voulait pas tenter d'entrer sans leurs accords, Méroel se dit qu'il fallait peut-être prouver qu'il était magicien, après tout, pour apprendre la magie, il fallait l'être, les non-magiciens ne devaient sûrement pas entrer dans la tour. Il recula alors de quelques pas et se concentra sur lui-même, pour finalement envoyer son sort des vents infernaux. Ça n'attaquait qu'un seul garde, celui-ci sembla bouger un peu, à cause de l'effet du sort, mais sans plus. Il resta sur place dans un premier temps, non affligé par le sort, comme si celui-ci était trop faible pour vraiment lui faire quelque chose.
Ensuite, il vit les deux gardes bouger, faisant des gestes comme s'il n'y avait qu'un miroir entre eux deux. La main qui tenait la lance vers le haut passa vers le bas, tandis que la main inférieure passe au-dessus puis ils abaissèrent l'arme vers le côté entre eux deux. Les deux gardes avaient maintenant leurs lances pointées vers Méroel, prêt à attaquer.

-Non, je ne voulais pas vous attaquer, je voulais juste montrer de quoi j'étais capable et je...

En pleine panique, il ne pensait même pas à fuir, persuadé que de toute façon, il était foutu. À croire que les attaquer n'était vraiment pas la meilleure des idées qu'il avait eues. Il ne savait plus quoi faire sur le coup, mais il n'eut pas à réfléchir longtemps, car une porte derrière les gardes s'ouvrit et de suite, les gardes se remirent en garde normalement, sans barrer le chemin. Ne sachant quoi faire, Méroel attendit, de peur que les gardes bougent à nouveau si jamais il s'approchait trop.

-Bonjour, ne souhaites-tu pas entrer ? Après avoir osé défier nos gardes, tu ne devrais pas avoir peur de grand-chose, je me trompe ?

En regardant bien, il vit un adulte qui s'avançait vers lui, c'était sûrement lui qui était sorti de la tour pour arrêter les gardes. Il avait une robe de bure, mais la capuche était baissée, ce qui permettait à Méroel de juger que ça devait être une jeune adulte humain aux courts cheveux blonds et aux yeux bleus. Son visage n'exprimait pas grand-chose, ni la surprise de voir un elfe attaquer les gardes, ni la colère de voir un inconnu oser essayer d'entrer, rien du tout.
Il s'arrêta à une dizaine de mètre de Méroel, attendant que celui-ci fasse les derniers mètres les séparant et entre lesquelles se trouvaient les gardes. Comprenant que s'il voulait apprendre la magie, il fallait qu'il prenne des risques et qu'il fasse des choix, Méroel s'avança, en fermant les yeux, pour ne pas voir si les gardes bougeaient. Au bout de quelques mètres, il les ouvrit à nouveau pour s'arrêter en face du jeune homme.

-Bienvenue à la Haute Tour de Thaumaturgie. Je pense que si tu es venu jusqu'ici, c'est que tu souhaites apprendre quelque chose. T'ayant vu à l'oeuvre avant et voyant ton bâton, j'en conclus que c'est la magie que tu souhaites apprendre, je me trompe ?

-Non. Je veux apprendre la magie, plein de sort différent et tout.

Ce n'était pas une envie précise qu'il avait, il voulait juste pouvoir faire plein de choses avec la magie et si le jeune homme avait compris aussi vite, c'est qu'il était sûrement au bon endroit. Il pensa à Sagil et se dit qu'il faudrait qu'il pense à la remercier de lui avoir fait découvrir cet endroit.
Le jeune homme sourit, puis fit un léger pas sur le côté et fit signe à Méroel de passer devant lui, en lui indiquant la porte. Méroel commença alors à avancer, suivi non loin derrière par le jeune homme.
En s'approchant de la Tour, le jeune elfe leva les yeux et remarqua à quel point elle était grande. Elle surplombait la plupart des bâtiments de la ville, ce qui faisait qu'elle ne pouvait pas passer inaperçu sinon de la mer ou de l'extérieur, mais quelque chose dans sa couleur la rendait étrange également. Elle donnait l'impression de ne pas être fixe, au fur et à mesure qu'il avançait, il voyait des teintes différentes, du rouge, du vert, du bleu, toutes les couleurs de l'arc-en-ciel y passait, en brillant et en émerveillant quiconque la regardait de près. De loin, la tour paraissait simplement blanche, ou grise, c'était uniquement les jours de pluie qu'on pouvait voir cela de loin.
C'était un spectacle magnifique au point que Méroel garda la tête levée jusqu'au moment où il arriva à la porte. Il avait mal à la nuque et avait manqué de tomber deux fois, mais il ne s'en lassait pas.

Lorsqu'il ne put plus avancer sous peine de se prendre la porte, l'homme qui le suivait accéléra rapidement pour passer devant lui et lui ouvrir la porte, comme s'il était resté derrière dans le but de faire admirer la Tour alors que son véritable travail devait être de le mener à l'intérieur. Méroel lui fit un grand sourire, tout joyeux qu'il était de pouvoir entrer, et alla dans la Tour.
L'intérieur était très éclairé, mais aucune source de lumière n'était visible, comme si des sorts étaient en l'air, permettant de créer une source de lumière suffisante. Il traversa un long couloir, qui débouchait sur diverses portes, sans savoir à quoi elles menaient.

-Il y a des sièges par ici, le temps que j'aille chercher tout ce qu'il faut. Je t'en pris.

Il indiqua une série de fauteuil qui était dans un lieu où le couloir s'élargissait. Cela ressemblait à une très grande pièce, il y avait des fauteuils, des petites tables et pas mal de gens allant et venant. Ils n'avaient pas de signe particulier et appartenait à plusieurs races différentes, à différents âges. Il semblait que ce lieu acceptait n'importe qui. En levant la tête, pour essayer de trouver d'où venait la lumière, il constata qu'il y avait un tas de boule de lumière qui bougeait dans les airs, comme de tout petits soleils. À eux seuls, ils n'éclairaient pas grandement, mais tous ensemble, la pièce était suffisamment éclairée pour voir d'un bout à l'autre. Cela donnait aussi à la pièce, l'impression d'être éclairé à la chandelle, les auréoles de lumières sur les murs bougeant au gré des mouvements des boules de lumière.
Au lieu de s'asseoir, Méroel marcha de long en large dans la pièce, curieux de savoir s'il y avait d'autres phénomènes magiques ici qu'il n'avait pas encore vus. Mais à part des gens très affairés qui passaient à toute vitesse, rien ne semblait véritablement anormal.

=> La Haute Tour de Thaumaturgie

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Au bout de quelques minutes, son guide revînt, accompagné d'une femme qui semblait avoir une trentaine d'années. Elle portait également une longue robe de bure, mais son capuchon rabaissé permettait de voir que sa peau était assez foncée et qu'elle avait de longs cheveux noirs noué en tresse.

-Bonjour jeune elfe. Je m'appelle Emya et voici Fudem, je pense qu'il ne s'est pas présenté...

Elle montra le jeune homme qu'il l'avait sauvé des gardes en métal. Il était vrai qu'il ne s'était pas présenté, à croire que c'était une habitude venant de lui, selon les dires d'Emya.

-Il m'a dit que tu voulais apprendre la magie et que pour ce faire, tu as attaqué les gardes, c'était très courageux de ta part, bien qu'un peu stupide.

Voulant au départ protester, Méroel se rendit compte qu'elle n'avait pas totalement tort, car sans l'intervention de Fudem, il serait probable qu'en l'état actuel des choses, il ne serait plus de ce monde, mais ce n'était pas une raison pour le lui dire comme ça. Il voulait se mettre à bouder même s'il se doutait que cela ne servirait à rien, juste par principe de montrer son désaccord. D'un autre côté, il avait peur que cela ne lui vaille de se faire virer de ce lieu s'il n'acceptait pas tout ce qu'on lui disait. C'était vraiment compliqué, de ne pas être chez lui, de devoir réfléchir à tout ce qu'il faisait, il n'était pas habitué. Ne sachant quoi faire, il décida alors de ne rien faire, c'était beaucoup plus simple.

-Bien. Dans un premier temps, nous n'enseignons pas la magie, il faut d'abord voir si les personnes ont toutes les qualités requises. Vous savez déjà faire de la magie, c'est déjà un point pour vous. Au vu de l'heure qu'il est, je propose que vous passiez le reste de la journée avec Fudem. Il va voir si vous pouvez rester ici, en testant vos connaissances de manière générale, ne vous inquiétez pas, ce n'est pas bien compliqué.

Il était surpris, il pensait qu'il aurait juste à venir pour apprendre des trucs, mais voilà qu'il se retrouvait comme à l'école, à devoir faire des trucs inutiles pour pouvoir faire un truc sympa à la fin. Il ne voulait pas de ça.

-Mais pourquoi je ne peux pas apprendre maintenant de la magie ? Je sais déjà des trucs, ça suffit.

Emya se contenta de sourire, alors que Fudem, qui était resté en retrait jusqu'à présent, s'avança pour se mettre à côté d'elle.

-Afin d'éviter que la magie ne soit apprise par n'importe qui, il est préférable de décider à qui nous allons l'enseigner. Il serait vraiment mal venu que quelqu'un de mal intentionné puisse dire, après avoir fait brûler un village, qu'il ait tout appris ici.

Méroel ne put qu'acquiescer, il avait raison même s'il était probable qu'une telle personne pourrait tout aussi bien apprendre la magie ailleurs sans aucun problème. À croire qu'ils voulaient juste garder une bonne réputation.

-Et si nous souhaitons connaître le savoir des futurs élèves, c'est pour savoir si nous pouvons de suite passer à l'apprentissage pratique ou si la personne doit d'abord apprendre à lire, par exemple. L'étude de la magie passe par de longues études d'écrits plus ou moins anciens, si on veut bien la maîtriser bien sûr.

Le jeune elfe poussa un soupir, il avait déjà passé du temps à la bibliothèque, il ne voulait pas recommencer dès aujourd'hui et encore moins imaginer devoir passer des heures chaque jour dans une bibliothèque. Malgré ça, il voulait toujours apprendre, au pire, une fois qu'il en saurait assez pour pouvoir faire tout ce qu'il voulait, il pourrait toujours laisser tomber les études et rentrer chez lui avec ce qu'il savait, c'était ce qu'il avait prévu en tout cas.

-Très bien. Je comprends. On commence quand alors ?

Il ne voulait pas laisser traîner les choses, s'il devait y passer la journée, le mieux était de commencer rapidement.
Fudem et Emya se regardèrent puis Emya s'éloigna, en souhaitant bonne chance à Méroel et en lui disant qu'elle le verrait à la fin de la journée pour lui donner les résultats. Fudem lui fit signe de le suivre et se dirigea vers une des nombreuses portes que contenait cette pièce. En entrant dans la pièce, Méroel constata qu'il n'y avait pratiquement rien ici et se demanda si toutes les pièces de cet étage étaient pareilles. Il y avait une table, une chaise de chaque côté de celle-ci, un encrier avec sa plume et un tas de feuilles.
Il s'installa sur une des chaises alors que Fudem fit de même en face de lui.

-Maintenant, il suffit que tu remplisses le questionnaire. Certaines questions sont assez compliqué, mais il ne faut pas t'en faire, c'est surtout pour savoir si tu as un potentiel ou pas.

Méroel prit la pile de feuille et commença à lire. C'était une série de question, chacune suivi de quelques lignes blanches pour pouvoir répondre. Il y avait un tas de mot qu'il ne comprenait même pas, un tas de choses qu'il ne savait pas et surtout un tas de trucs à écrire. Il était sûr qu'avec ça, il allait effectivement y passer la journée.
Il était parti de chez lui pour apprendre la magie et pour fuir les cours de l'école qu'il jugeait totalement inutile et voilà qu'il se retrouvait avec un test devant lui. Il fallait en plus qu'il sache répondre à des questions de tout genre, les plus sérieuses comme celle qui demandait la distance entre Lùinwë et Cuilnen et d'autres, étranges, comme celle où il fallait répondre le nombre d'éléphant qui pouvait tenir sur une tortue géante. Il commença à répondre, doucement, sans trop savoir s'il avait juste ou non. Il ne stressait pas vraiment, il savait qu'il avait des capacités en magie et avec un peu de chance, ce test n'était là que pour faire peur à certains ou bien à ne garder que les plus intelligents, auquel cas, il risquait fort de devoir partir.

La journée avança doucement, Méroel avait déjà remplit cinq pages, en répondant totalement au hasard parfois, et Fudem était venu lui rapporter un peu d'eau une fois. Il ne lui restait plus qu'une page à faire et il aurait fini avec ce test, il ne savait pas combien il existait de type de mouches, mais à tout hasard, il mit quarante-deux, ça lui semblait un bon chiffre. Fudem continuait à le regarder, tranquillement, comme s'il essayait de le sonder. Au début, ça avait mis Méroel mal à l'aise, mais il devait répondre à tellement de questions qu'il parvînt pratiquement à l'oublier. Il ne savait pas pourquoi il n'était pas seul dans la pièce, après tout, il était déjà parti une fois pour chercher à boire et surtout, il n'y avait aucun moyen de tricher sur ce type de test, être à deux était donc totalement inutile.
Après une heure supplémentaire, Méroel répondit à la dernière question, expira un grand coup et tendit le tas de feuille à Fudem, sans même prendre le temps de relire. Il avait répondu un peu au hasard à la plupart des questions, il ne voyait pas l'intérêt de relire tout ça.

-Très bien. Je vais voir Emya et nous reviendrons ici pour te donner la réponse, ça ne devrait pas être très long, je reviens.

Alors que Fudem sortit, Méroel mit ses bras sur la table et sa tête sur ceux-ci. Il était fatigué et il n'avait qu'une seule envie, c'était de dormir. Il n'avait pas encore pris la peine de chercher où il allait dormir le soir même. Il avait en fait totalement oublié depuis qu'il avait vu Sagil, ne pensant qu'à faire passer rapidement la journée, puis à apprendre la magie.
Au bout d'un moment, il entendit la porte se rouvrir, ou plutôt se refermer. Il ne savait pas s'il s'était assoupi, mais en tout cas, il avait du mal à garder les yeux ouverts et à se concentrer sur ce qui était en train de se dire.

-J'ai regardé tes réponses et je les ai trouvées assez originales...

Emya laissa sa phrase en suspens, ce qui fit douter Méroel, ne sachant pas du tout si c'était bon ou pas. Pour le coup, il craignait d'avoir perdu sa journée, mais l'originalité, c'était plutôt bien normalement.

-Peu de personne ont eu autant de mauvaises réponses que toi, mais tu as essayé et les idées que tu as développées montrent certaines particularités que nous recherchons. Il faut que la magie vienne du coeur et pour ça, il faut que la personne puisse penser vite et trouver vite une idée, même si elle n'est pas forcement la meilleure. À première vue, tu es capable de le faire, tu es donc le bienvenue parmi nous.

Méroel se redressa rapidement, alors qu'il n'y croyait plus vraiment, son test étant le plus mauvais qu'ils aient vu. Sans se retenir ou réfléchir, il se dirigea vers Emya pour la prendre dans ses bras, autant que sa petite taille le permettait en tout cas. Cela valut un petit rire de sa part.

-Très bien, je vais te laisser à nouveau. Nous nous verrons demain pour le premier enseignement. Je te souhaite une bonne nuit.

Elle lui tapota la tête et s'éloigna, le laissant à nouveau seul avec Fudem.

-Je vais maintenant te citer les règles qui régissent la vie ici. Tout d'abord, aucun cours n'est obligatoire, tu peux arrêter à tout moment, mais si tu arrêtes, il n'y a aucun retour possible. Il faut éviter de se faire remarquer dans la ville, les gens se posent déjà assez de questions sur nous. Si tu as des questions, tu peux les poser, mais évite de déranger les gens qui travaillent. Et pour finir, demain, ça commence à neuf heures, sois dans le hall à cette heure-ci.

Écoutant patiemment les règles, Méroel se rendit compte que ce n'était rien de très compliqué en réalité, ce n'était pas vraiment des règles de vie, mais surtout des questions de bon sens selon lui. Il acquiesça et était pour le coup pressé de partir, il fallait qu'il trouve un endroit où dormir pour être sûr de pouvoir être là à temps le lendemain. Penser au fait de revenir le lendemain lui rappela quelque chose.

-Et pour les gardes dehors, je fais comment ?

Fudem éclata de rire alors même que Méroel se demandait ce qu'il avait bien pu dire de si drôle.

-Tu peux venir sans soucis, tu es des nôtres maintenant. Et pendant que j'y pense, ceci est un cadeau de bienvenue. C'est très utile dans la Tour.

Fudem sorti d'une des poches de sa bure une bague et la tendit à Meroel. Au moment où il la prit, il remarqua que Fudem en portait une également. Il la mit à son doigt et senti quelque chose d'étrange, comme un frisson venant d'en face de lui.

-Cette bague te permettra de ressentir les mages. Autant que tu t'y habitues et le mieux est dans la tour, avec tous les mages qu'il y a, tu vas vite t'y faire. Maintenant, je pense que tu peux rentrer chez toi. À demain.

Il ouvrit la porte et attendit que Méroel sorte pour la fermer en sortant à son tour. Il se dirigea vers une autre pièce, laissant Méroel libre de partir, ou de rester. Il ne savait pas l'heure qu'il était, mais il allait avoir du chemin à faire s'il voulait trouver une auberge qui l'accepte sans poser de question.
Il sortit de la Tour et se mit à déambuler dans les rues, pour se trouver une auberge pas trop chère où il pourrait dormir. La journée du lendemain promettait d'être tout aussi longue, s'il allait vraiment apprendre de la magie.

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Méroel avait passé la nuit dans une petite auberge du coin. Il avait réussi à ne pas se faire interroger sur son âge, sûrement dû à l'heure tardive à laquelle il y était allé. Il avait demandé à être réveillé à huit heures, pour être sûr d'arriver à l'heure à la Tour de Thaumaturgie pour son premier cours. Il avait avalé un petit déjeuner rapide, avait rapidement regroupé ses affaires et avait couru vers la Tour.
Durant le chemin, il avait quelques fois senti des frissons, venant de différents endroits. Il savait que cela venait du bracelet, mais il n'avait pas vraiment pris la peine de chercher plus longuement, surtout qu'il n'avait pas totalement envie de perdre du temps et d'arriver en retard. Une fois devant la Tour, il s'arrêta, pour la contempler à nouveau et marcha, assez rapidement, entre les gardes, car, même si Fudem lui avait dit qu'il pouvait passer sans problème, il craignait toujours un peu de les voir bouger.
Ayant réussi à passer les gardes, il entra dans la tour. Il se dirigea naturellement vers le grand hall, où il avait dû attendre la veille. Les portes sur le côté menaient, selon ce qu'il avait vu la veille, vers diverses petites salles pour les tests d'entrées, il n'avait donc aucune raison de s'y diriger. Il était neuf heures très précisément lorsqu'il y fût, selon lui en tout cas. Il ne devait pas être en retard et il doutait de l'être puisqu'il était parti en avance de l'auberge. Son bracelet continuait de le faire frissonner, de toutes parts, il y avait tellement de gens et la plupart devaient être des magiciens, il se demandait même si à un moment, ça allait s'arrêter ou s'il allait devoir l'enlever pour pouvoir écrire.
De l'autre bout du hall, il aperçut Fudem, qui parlait avec un groupe de personnes. Il s'en approcha, en pensant qu'il était peut-être concerné aussi.

-Très bien, je lui dirai, mais les examens ne sont pas encore censés avoir lieu. Je vais voir avec elle si elle peut les avancer.

Le groupe de personnes était donc composé d'élèves qui semblaient finir leur apprentissage. Méroel n'aimait pas l'idée d'avoir un examen final, il en avait rarement eu mais l'idée de devoir tout réapprendre ne lui plaisait pas vraiment. Entre ça et le fait de devoir passer du temps à la bibliothèque, il se demanda un instant si la magie valait vraiment le coup, tout en sachant qu'il ne laisserait pas tomber, pour rien au monde.
Fudem avait fini de parler aux élèves ou alors il s'était rendu compte de la présence de Méroel, car il se dirigea rapidement vers lui.

-Bonjour. Désolé du retard, un souci avec un groupe d'élèves et les nouvelles consignes qu'on a reçues. Je vois que tu es à l'heure, c'est très bien. Nous allons directement passer en haut, il y a trop de passage ici pour pouvoir s'exercer tranquillement.

Se dirigeant vers une des nombreuses portes, il l'ouvrit pour commencer à monter les escaliers qui se trouvaient derrière.

**Bizarre de cacher les escaliers derrière une porte. Il y a quoi derrière les autres alors ?**

Il décida rapidement que cette tour était vraiment magique et qu'il allait l'adorer. Les portes pouvaient ouvrir sur des salles ou sur des escaliers, il se demandait ce qu'il pouvait y avoir derrière les autres. Des monstres ? Des trésors ? Des bibliothèques ? Il ne savait pas, mais il avait hâte d'essayer de toutes les ouvrir pour pouvoir le savoir.
Cet escalier semblait long, surtout qu'il semblait longer le mur extérieur. Il n'était pas en ligne droite, mais suivait l'arrondie de la tour, néanmoins Méroel ne put savoir de quel côté de celle-ci il se trouvait, car il n'y avait pas de fenêtre ou de meurtrière à cet endroit. Les escaliers semblaient être fait de la même pierre que l'extérieur de la tour, pour autant, il n'y avait aucun reflet de lumière ni rien, c'était un simple escalier de pierre. Il en était presque déçu pour le coup.
Ayant monté d'un ou deux étages, il n'arrivait pas vraiment à savoir, Méroel suivit Fudem et arriva dans un autre grand hall. Il referma la porte derrière lui et regarda la pièce, tout aussi grande que celle qu'il avait quitté. Regardant un peu partout, il vit les petits soleils au plafond et se dit qu'il devait y en avoir à tous les étages. Il y avait tout un tas de portes, comme au rez-de-chaussée, mais néanmoins, cette pièce possédait une autre atmosphère. Si le rez-de-chaussée pouvait être rempli de monde allant et venant en tout sens, ici, il ne voyait personne, à croire que c'était un lieu calme, véritablement fait pour travailler.

-Suis moi, on va prendre une salle. Mémorise bien laquelle ça va être, à partir de maintenant, ça sera ta salle.

Fudem commença à marcher et se dirigea vers une des nombreuses portes que contenait la salle. Méroel n'avait pas compris ce qu'il voulait dire en parlant de sa propre salle, mais il avait bien compris qu'il fallait qu'il mémorise laquelle c'était. Il pensa à un moment à faire une marque dessus ou à mettre un écriteau, en se doutant toutefois que ça ne serait pas très apprécié. À la place, il compta le nombre de porte qu'il y avait entre l'entrée à l'étage et ce qui allait être sa salle. Il arriva au résultat de quatorze portes, qu'il recompta deux fois parce que ça lui semblait être énorme, mais non, sans s'être trompé, il y en avait bel et bien quatorze.

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Ouvrant la porte, Fudem se mit sur le côté pour laisser Méroel entrer en premier à l'intérieur. La pièce était pratiquement vide, il y avait une sorte de matelas négligemment posé dans un coin, une table dans un autre semblant faire office de bureau puisqu'il y avait une chaise devant et une bougie pour éclairer qui était prête à être allumé.

-Comme tu le vois, c'est un peu vide, mais tu pourras y mettre les affaires que tu veux, du moment que c'est pour apprendre la magie. Des livres de notre collection, des parchemins ou autre, tu peux tout entreposer ici sans crainte, mais pour le moment installe toi, on va commencer.

Il lui montra le matelas, sur lequel Méroel prit place et déplaça la chaise pour se mettre face à lui. Le tout semblait très vieux, mais assez propre. Il s'attendait à voir des moisissures sur le matelas, mais même en y regardant de près, il ne vit rien d'étrange. La chaise semblait également avoir fait son temps pourtant, elle était stable, ou alors Fudem en avait l'habitude.

-Bien. J'aimerais savoir ce que tu sais de la magie, avant de pouvoir t’enseigner, il faut que je voie où tu en es.

Méroel ne s'était pas attendu à devoir faire un exposé de ses connaissances, surtout qu'il n'en avait pas vraiment. Il avait appris son premier sort en imitant ce que les autres faisaient, sans vraiment réfléchir. Il avait entendu parler de « ressentir les fluides à l'intérieur de lui », sans pour autant totalement comprendre ce que cela voulait dire.
Néanmoins, il se lança, Fudem semblait attendre qu'il parle.

-Euh... Je sais que la magie vient de dieux, que tout le monde ne peut pas en faire aussi, parce que ça dépend des fluides qu'on a en nous. Je sais que moi, j'ai des fluides d'air donc je peux faire de la magie d'air. Que la magie vient du fond de nous et qu'en nous concentrant, on peut faire des sorts. C'est tout.

Tout en parlant, il avait baissé la tête, il n'avait donc pas vu le léger sourire qu'avait eu Fudem, par contre, il remarqua, en relevant la tête, qu'il était en train de se passer les mains dans les cheveux, il semblait être en train de réfléchir.

-Et bien ! De manière très simpliste, c'est ça, tout en étant pourtant un peu plus compliqué. Disons qu'il est tout de même possible d'avoir plusieurs fluides, tant que ceux-ci ne sont pas opposés, car sinon, ça peut être très dangereux. Ensuite il faut savoir que les fluides sont notre monde, il y en a partout dans la nature et certains racontent même que ce sont les fluides qui ont créé le monde, mais c'est à chacun de croire ce qu'il veut. Il faut aussi que tu saches que des personnes qui ne peuvent pas faire de magie peuvent essayer d'en faire, en absorbant ceci.

Fudem plongea la main dans sa manche et en ressorti une petite fiole, qu'il tendit ensuite à Méroel. Celui-ci la prit en main et essaya de regarder ce qu'il y avait à l'intérieur. En mettant son oeil pratiquement contre la fiole, il vit un liquide, bleu comme le ciel. Il remarqua également quelque chose d'étrange, le liquide semblait bouger tout seul, s'agiter légèrement, comme s'il y avait une légère brise à l'intérieur même de la fiole.

-C'est un fluide d'air, en le buvant tu seras capable de faire plus de magie. Pour expliquer ça simplement, tu auras plus de fluide en toi, tu pourras donc faire plus de choses. Je te propose de le prendre maintenant, au moins, je serai là si jamais...

Regardant à nouveau Fudem, il se demanda ce qu'il voulait dire par « si jamais », comme si quelque chose pouvait mal se passer. Il n'avait rien entendu à propos de l'absorption de fluide, ou alors, il avait oublié parce que ce n'était pas important.

-Si jamais quoi ?

-Disons que c'est différent pour chaque personne. Personne n'en est mort, sauf si c'était un fluide opposé à ce qu'il avait déjà, mais là ce n'est pas le cas. Alors, si jamais tu t'évanouis ou te mets à vouloir sortir, je serai là pour te guider ou te rattraper. Tu n'as pas à avoir peur.

Méroel avait peur, c'était sûr et certain, mais il voulait être mage et étant têtu là-dessus, il ouvrit la petite fiole, but d'un coup et le regretta ensuite.
Il ressentit un courant d'air le traverser, à l'intérieur, il put pratiquement suivre le fluide descendre dans son corps avant de s'évaporer pour être entièrement en lui. Chaque parcelle de son corps eut un grand coup de froid, juste avant de chauffer. Il avait conscience de tous les membres de son corps et surtout que celui-ci était en train de se rapprocher du matelas à toute vitesse alors qu'il entendit du verre éclater au sol. Il ressentit quelque chose au niveau de son dos sans pour autant identifier ce que c'était et dans le même temps, il ressentait du vent, un vent extérieur à ce qu'il était, venir sur lui, sur son visage. Une voix semblait l'appeler, de loin, de très loin.

-Méroel, reprends-toi.

C'était bien son nom qui avait été prononcé, il le savait. Il ouvrit difficilement les yeux, sans se souvenir qu'il les avait fermés. Fudem était tout proche de lui et le regardait comme s'il attendait une réaction.

-Je suis là, j'ai raté quelque chose ?

Question bête, mais qui sembla faire venir un sourire sur celui qui le tenait et qui le déposa sur le matelas. Il retourna ensuite à la chaise qu'il occupait peu de temps auparavant.

-Maintenant, tu as plus de fluide d'air en toi, tu as dû le ressentir. Je te laisse un peu de temps pour te reprendre puis nous allons voir de quoi tu es capable.

Se sentant déjà prêt, l'elfe se leva, pour se rasseoir aussitôt, le monde semblait tourner très rapidement tout autour de lui. Il vit Fudem ouvrir la bouche, comme s'il voulait dire quelque chose, mais rien ne vînt et il la referma aussitôt. Pensant qu'il voulait dire quelque chose comme « je t'avais prévenu », Méroel prit sur lui et se força à se lever, de toute façon, la terre ne tournait pas vraiment, ce n'était qu'une impression.

-Je suis levé, on peut y aller !

-Très bien, comme tu veux. Je te dépose ça ici, tu pourrais en avoir besoin, surtout quand je vois l'état dans lequel tu as mis l'autre fiole. Celle-ci ne se cassera pas, sois en assuré.

Il déposa une fiole vide sur la petite table et se dirigea vers la porte, une fois à l'extérieur, il marcha plus doucement qu'auparavant. Il savait que Méroel avait du mal, mais qu'il ne voulait pas le montrer, celui-ci avait juste peur d'être viré s'il n'était pas à la hauteur et il faisait donc tout pour se surpasser. Ce n'était pas plus mal en réalité, au moins il pourrait vite progresser.

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Ils passèrent à nouveau devant plusieurs portes puis Fudem en ouvrit une qui déboucha à nouveau sur un escalier qui montait et l'emprunta. Le jeune elfe tenta de différencier cette porte des autres, sans résultat, encore une fois, par contre, il savait que c'était la cinquième à partir de la sienne, il avait automatiquement compté. Au moins, s'il devait y retourner, il s'en souviendrait.
Une trentaine de marche plus tard, Fudem l'emmena dans un nouveau grand hall, baigné d'une lumière plus vive qu'auparavant. Levant la tête, Méroel put voir que les espèces de soleils brillaient beaucoup plus que dans les autres étages qu’il avait visités. Jetant un coup d'oeil dans la salle, il vit qu'elle était plus grande que les autres et surtout, qu'il n'y avait pas beaucoup d'autres portes.

-Ceci est une salle d'entraînement, elle est plus grande pour avoir une meilleure liberté de mouvement et surtout pour éviter de toucher d'autres personnes, comme les professeurs ou les amis. On va aller par là.

Il l'emmena vers un coin qui n'était pas différent des autres puis il lui fit signe de s'asseoir, ce que Méroel fit.

-Très bien, à partir de maintenant, tu vas faire exactement ce que je te dis, on va voir si tu as vraiment des capacités pour apprendre la magie. Tout d'abord, essaie de ressentir l'air qui est en toi.

Se concentrant sur lui-même, tout en stressant un petit peu, Méroel se concentra et essaya de ressentir l'air qu'il avait ressenti lorsqu'il avait bu le contenu de la fiole. Il découvrit son contenu, en quantité assez importante en lui, qui faisait corps avec lui. C'était tout le fluide qu'il possédait, de l'air, en lui.

-Maintenant, tu vas essayer de le canaliser, en un seul point pour le diriger vers quelque chose. Tiens, pourquoi pas vers moi.

Essayant de commander ses fluides comme il le faisait lorsqu'il jetait le seul sort qu'il connaissait, Méroel se concentra pour le visualiser et pour le diriger vers un point, vers Fudem qui devait se trouver en face de lui. Il commençait à ressentir quelque chose, il ressentait le fluide d'air sortir pour aller au-dehors, pour aller vers Fudem. Il ouvrit les yeux pour voir le résultat, mais perdit sa concentration en ne voyant pas Fudem et se retourna rapidement pour essayer de le trouver.

-Je ne t'ai pas dit de regarder le résultat, je t'ai dit de te concentrer sur moi...

Il le vit enfin, il était derrière lui, en marchant tout doucement. Il n'avait sûrement pas arrêté de bouger depuis que Méroel s'était assis. Trouver Fudem s'il était fixe devait sûrement se révéler trop facile et celui-ci devait le savoir.

-On recommence, allez, concentre-toi et reste concentré jusqu'à ce que je te dise que c'est bon.

Méroel se remit en position, se remettant droit et oublia le fait que Fudem bougeait. Il rechercha à nouveau l'air en lui. Il ne le trouva pas plus facilement, l'air était toujours en mouvement et faisant partie intégrante de son corps, ce n'était pas forcement facile à trouver. Trouvant enfin tout ce dont il avait besoin, il essaya à nouveau de donner forme au fluide afin de l'extraire pour l'utiliser. Au bout de plusieurs secondes de modelage, il réussit à lui donner forme, meilleure que ce qu'il avait pu faire auparavant et l'extrait tout autour de lui. L'air était du vent, il essaya donc de se l'imaginer comme un souffle s'échappant tout autour de lui, faisant radar pour retrouver Fudem. Il trouva une présence à quelques mètres, dans son dos, vers la gauche. Il s'y accrocha, ou plutôt, envoya l'air dans cette unique direction. À force de pulsation, il put capter les mouvements de son maître, le ressentir marcher, bouger, tourner autour de lui et même croiser et décroiser les bras.
Après que Fudem ait fait plusieurs fois le tour de Méroel et que celui-ci ne l'avait pas lâché, il décida de lui-même d'ouvrir les yeux, tout en restant concentré sur les vents qui lui indiquaient où il était. Il le vit exactement où il le ressentait, il pouvait le voir faire les mêmes mouvements qu'il sentait. À force de le regarder et de suivre ses mouvements par la magie, il arrivait même à prévoir, très légèrement ses mouvements, comme si la magie lui permettait de savoir ce qu'il allait faire.

-Très bien, tu peux arrêter maintenant, c'était la première étape.

Sans vraiment savoir ce qu'il était arrivé à faire, Méroel coupa la connexion qu'il avait créée avec Fudem. Il le regardait à nouveau simplement, avec ses yeux, c'était étrange de perdre un tel contact.

-Maintenant, tu vas tout simplement me refaire ça, mais plus rapidement. Si tu es dans un combat ou bien simplement si tu as besoin de le faire vite, tu ne peux pas prendre tout ton temps, il faut que tu agisses vite et que tu saches faire les choses rapidement. Alors, vas-y, fais-le.

Avec un stress en plus qu'il n'avait pas auparavant, Méroel se concentra à nouveau. Il ne s'attendait pas à ce que Fudem devienne aussi ferme, son apprentissage allait être moins sympathique qu'il avait été jusqu'à présent. Trouvant plus rapidement l'air, il le projeta vers l'extérieur et vers Fudem, qui marchait toujours tout autour de lui, mais cette fois-ci il avait gardé les yeux ouverts. Si vraiment il allait devoir utiliser cela en combat, il n'aurait pas l'opportunité de fermer les yeux, il n'allait donc pas le faire ici. Une fois sur Fudem, il resta concentré sur lui, laissant les vents l'entourer pour ne faire qu'un avec lui. Il ressentait à nouveau ses mouvements et savait même ce qu'il allait faire avant qu'il le fasse. Fudem se mit à courir rapidement vers Méroel, alors qu'il était derrière lui, la main levée et l'elfe ressentit juste la main se diriger à pleine vitesse vers sa tête. Sans trop réfléchir, il eut à peine le temps de se baisser, avant que la main ne le manque de quelques centimètres. Fudem arrêta son attaqua et sourit.

-Très bien, tu as pu percevoir ce que j'allais faire et cela très rapidement. Tu sembles savoir comment ça marche. Tu peux lâcher prise. Sache que ce sort s’appelle Aura venteuse.

Relâchant son pouvoir, il tira la langue à Fudem juste avant de se relever, il n'avait pas idée de lui faire des frayeurs pareilles. Lui qui était ici pour apprendre, il commençait à se demander si les gardes en métal à l'entrée n'était pas là pour prévenir que des fous étaient à l'intérieur. Néanmoins, même s'il avait eu peur, il avait réussi à rester concentré et à éviter l'attaque, l'enseignement de Fudem avait donc été utile.

-Je te conseille de retourner dans ta pièce maintenant, tu dois sûrement vouloir te reposer. Tu peux faire ce que tu veux durant ton après-midi, mais on se retrouve demain matin à dix heures dans ta pièce. Pour aller dans le hall, tu as juste à prendre cette porte-là.

Fudem lui indiqua une direction vers laquelle se trouvait une porte, encore une fois semblable aux autres, tandis que lui-même allait vers une autre.

-Bonne journée, monsieur !

Politesse oblige et même s'il lui en voulait encore un peu, Méroel le salua avant de partir. Il avait prévu de le faire en courant, pour aller respirer l'air frais et aller faire un tour en ville, mais il se surprit lui-même à être fatigué. L'utilisation de la magique était plus fatigante qu'il ne le pensait ou alors, c'était juste parce qu'il n'avait pas l'habitude.
Marchant alors plus lentement que prévu, prenant appuie sur le mur pour descendre, il se retrouva dans le hall, dans lequel il y avait toujours autant de monde. Il avisa une chaise, dans un coin et s'y assit. Il bougerait à nouveau lorsqu'il en serait capable.

=> Les rues de Kendra Kâr

=> La Grande Bibliothèque

Méroel avait passé la nuit sur un matelas pas du tout confortable dans "sa" pièce de la tour. Il ne savait pas encore de quoi allait être faite la journée, mais il sentait que, tout comme les autres fois, celle-ci allait être spéciale.
Il prit quelques affaires rapidement puis sorti de la pièce, pour se retrouver à nouveau dans une grande pièce ronde avec un tas de porte. L'une menait à un escalier descendant, une à un escalier ascendant et pour les autres, il ne savait absolument pas. Il essaya d'ouvrir celle qui menait à l'escalier descendant, mais se trompa et vit une grande pièce ayant des écrits étranges sur les murs. Étonné, il décida d'y entrer totalement.
En mettant un pied à l'intérieur, le lieu sembla s'illuminer d'un coup pour s'éteindre tout aussi rapidement. Il n'y avait plus d'écrits sur les murs ou quoi que ce soit, c'était devenue une pièce totalement vide, à l'exception de trucs traînant dans un coin. Il s'en approcha, par pure curiosité, pour voir s'il y avait quelque chose d'intéressant. Il trouva un tas de papier poussiéreux, des brassards tout noir et des babioles diverses. Il prit les brassards, qu'il mit de suite à ses bras, pour vérifier qu'il lui allait et prit plusieurs feuilles qui traînaient, au pire, ça pourrait lui servir pour dessiner, s'il trouvait de quoi écrire. Il retourna du coup dans la grande pièce, en laissant la porte d'où il venait claquer derrière lui. Il se dirigea, difficilement, vers sa pièce pour y poser son fatras de feuille sur le bureau. Coup de chance, il trouva la bonne porte à ce moment-là. Il posa donc les papiers sur le bureau, non sans y jeter un petit coup d'œil. À première vue, il n'y avait rien d'intéressant, juste des tas de textes indéchiffrables et des schémas bizarres, l'autre côté était vierge, tant mieux, il y dessinerait alors.

Remarquant qu'il était peut-être en retard, il sortit en courant de sa pièce et prit une autre porte, qui était celle avec l'escalier descendant. Il arriva en trombe dans le grand hall, où Fudem semblait l'attendre, patiemment.

-Bonjour et désolé du retard, je me suis perdu...

-Perdu? Hum... Ça ne fait rien, viens avec moi, on va continuer ce qu'on a fait hier.

Alors qu'il s'attendait à une remarque, Méroel était surpris de ne rien entendre là-dessus, mais il n'allait pas se plaindre non plus. Il remarqua néanmoins que Fudem fit un léger signe de main à quelqu'un, sans pour autant savoir ce que cela pouvait signifier. Il lui aurait bien demandé, sauf qu'il avait déjà été assez curieux pour la matinée, il ne fallait pas non plus trop abuser.

-Aujourd'hui, tu vas passer un nouveau test. Si tu le passes, tu pourras passer au prochain niveau de ton apprentissage ici, avec d'autres professeurs et tu auras accès à notre bibliothèque privée. Tu as dû remarquer qu'un tas de personnes ici vont et viennent, c'est parce qu'ils ont des missions particulières, tu en auras bientôt aussi, si tu réussis notre test.

Le jeune elfe se demanda de quoi il pouvait bien être question. Bien sûr, il avait déjà vu un tas de gens, mais il pensait qu'ils étaient comme lui, venu ici pour apprendre des trucs en magie, sans plus, personne ne lui avait jamais parlé de mission. En plus, il aimait bien son professeur, il n'en voulait pas d'autres.

-Mais j'aime bien comme c'est actuellement, je veux pas trop changer...

-C'est comme ça que ça marche ici, depuis peu en tout cas, avant c'était différent. Enfin, c'est une longue histoire qui ne te concerne pas trop. En plus, ça peut se passer n'importe où, tu pourrais voyager, voir des tas de choses.

Fudem avait l'air enthousiaste, il était heureux de parler de voyage et de ses nombreuses possibilités, à croire que lui-même en rêvait. Méroel pensait à ce qu'il avait lu la veille, la découverte d'objets magiques et d'autres surprises. L'idée de voyager le motivait assez, surtout qu'il avait déjà fait un peu de route depuis chez lui, mais devoir le faire dans un but précis, pour des « missions », ça ne l'intéressait pas trop. Il voulait voir des choses, retrouver la fée bizarre de la veille, pourquoi pas, mais faire des « missions » c'était plutôt un truc de grand et ça le fatiguait déjà.

-On est obligé de faire des missions ?

Fudem ralentit un peu sa marche pour pouvoir regarder Méroel, il avait un mince sourire. Il semblait vouloir lui dire « non », sans pour autant savoir quoi dire de plus. Du coup, il reprit son explication précédente.

-Ça fonctionne ainsi ici, si tu veux continuer d'apprendre, il faut aussi que tu aides la Tour. C'est comme ça, on n'y peut rien.

Il regarda à nouveau devant lui, pour continuer sa marche, comme si la conversation était finie, alors qu'elle ne l'était pas pour Méroel. Il ne comprenait pas pourquoi les adultes compliquaient toujours tout. Si une personne voulait juste apprendre la magie, pourquoi elle devait faire des trucs pour la tour ? Après tout, il semblait y avoir assez de monde pour apprendre à n'importe qui...

-Et si je ne veux pas faire de mission ? Je vais devoir partir ?

-Hélas oui, c'est comme ça. Tu ne serais pas le seul tu sais, d'autres membres sont déjà partis de la tour, ils vont simplement ailleurs...

Fudem baissa un peu la voix puis se mit à murmurer, afin d'être sûr que seul Méroel puisse l'entendre.

-Mais je ne crois pas que ce soit une bonne idée, depuis le changement de directeur, il semblerait qu'on n'ait plus de nouvelles des anciens... Alors, je te conseillerai de ne pas refuser l'offre...

Méroel se demanda pourquoi il lui disait ça. Est-ce que Fudem s'inquiétait pour lui ? Pourquoi d'ailleurs le ferait-il ? Il semblait vouloir partir lui aussi, mais il était comme bloqué et si ce qu'il disait était vrai, il comprenait mieux pourquoi il était bloqué. Il avait une folle envie de voyager, mais il ne pouvait pas.

-Et si on partait d'un coup sans prévenir ? Ça pourrait marcher, non ?

-Pour toi sûrement, mais pas pour moi. Ne t'en fais pas va, si vraiment tu ne veux pas faire de mission et partir, j'ai une idée.

Ne sachant pas trop ce que pouvait être l'idée et remarquant qu'ils avaient pris un escalier, Méroel se tût. Bien sûr, il avait encore des tas de questions, mais ils risquaient de croiser du monde, ou plutôt, il ne savait pas où ils allaient encore arriver et si c'était bondé, il valait mieux ne rien dire.
Cette discussion l'intriguait vraiment. En plus, ça lui rappelait ce que Sagil lui avait dit avant qu'il vienne ici, elle avait parlé du chef de la tour qui n'était pas net, de mauvaises compagnies et d'autres choses. Était-elle au courant de quelque chose ? Il était vrai qu'il était parti un peu vite, il fallait qu'il trouve un moyen de lui reparler. Il ferait ça durant l'après-midi, il l'avait trouvé vers le marché, elle y serait sûrement encore.

-...d'apprendre de nouvelles choses. Tu es prêt ?

-Hein ?

L'elfe regarda tout autour de lui pour se rendre compte qu'ils étaient arrivés et Fudem devait sûrement lui parler depuis quelques minutes puisqu'il semblait attendre une réponse de sa part. Levant les yeux au ciel un instant, Fudem fit un signe de la tête, pour que Méroel regarde à côté. Lorsqu'il le fit, il remarqua qu'il y avait plusieurs personnes, trois en réalité. Ils étaient installés sur des chaises et semblaient être là pour regarder l'entraînement de Méroel. Parmi les trois, il reconnut Emya avec qui il avait parlé lorsqu'il était arrivé, par contre, il ne connaissait pas les deux autres. Sa bague vibrait un peu, ce qui lui montrait qu'il était face à des magiciens, peut-être ses futurs professeurs, comme en avait parlé Fudem.

-Je vais faire les présentations, avant que l'on commence. Tu connais déjà Emya Mésis bien sûr. De l'autre côté se trouve Hérius Vasie et au milieu, le maître de la Tour, Deroan Kerram.

Méroel fit un signe de tête à chaque fois pour les saluer. Il était très étonné de se retrouver juste en face de celui qui dirigeait tout ça. Il se sentait un peu plus nerveux du coup.

-Jeune elfe, ce que tu vas devoir faire maintenant demande beaucoup de magie, c'est pourquoi nous te donnons ceci. Tu réussiras sûrement mieux les épreuves ainsi.

C'était Deroan qui avait parlé et qui lui tendait à présent une fiole, semblant contenir un fluide. Méroel était surpris, mais moins qu'Emya et Fudem, pourtant aucun des deux ne firent quoi que ce soit. L'elfe s'approcha alors pour prendre la fiole, qui contenait toujours une sorte de vent, quand on la regardait de près.

-Bien sûr, ça serait mieux que tu la boives maintenant.

L'homme s'approcha un peu, puis posa ses coudes sur la table et la tête sur ses mains, semblant attendre que Méroel bouge. Celui-ci regarda Fudem, car il savait que s'il buvait, il risquait à nouveau de tomber dans les pommes et il voulait éviter de se faire mal. Fudem sembla comprendre, puisqu'il se mit juste derrière lui, prêt à la rattraper, au cas où.
Débouchant la fiole, il l'approcha de sa bouche doucement, étant peu confiant pour le coup, mais la but d'une traite, pour faire vite passer ce moment. Il n'entendit pas le bruit de chute cette fois-ci, la seule chose qu'il entendit était un bruit de tempête, comme celle qui avait eu lieu un peu plus tôt, mais elle n'était pas à l'extérieur cette fois-ci, elle était en lui. Il avait l'impression de sentir son estomac se retourner, soumit à des pressions étranges. Il semblait vouloir aller dans un sens puis dans un autre, en fonction de la tempête. Au bout d'un moment, le vent se calma et se calqua sur les fluides qu'il avait déjà en lui. Un vent très important se fit ressentir alors d'un coup puis plus rien. Il ouvrit alors les yeux, pour voir qu'il était au sol, Fudem juste au-dessus de lui, encore une fois.

-Ça va ?

-Oui oui, c'était comme l'autre fois...

Ce qu'il ne précisa pas, c'était qu'en réalité, ça avait été pire, mais il voulait faire bonne impression. Il était devant les grands chefs de la tour et même s'il n'était pas très motivé à l'idée de faire des missions, il voulait tout de même en apprendre plus.
Il se releva, avec l'aide de Fudem et regarda les trois chefs. Emya semblait s'inquiéter, mais les deux autres ne montrèrent rien. Qu'ils soient insensibles ou alors qu'ils s'en doutaient, il n'en savait rien, de toute façon, il fallait qu'il fasse ses preuves.

-Je suis prêt à passer à la suite.

-Très bien. C'est simple, on veut juste que tu nous montres de quoi tu es capable. Utilises ce que tu connais ou montres nous de nouvelles choses. Vas-y.

Méroel ouvrit grand les yeux, après avoir entendu les consignes venant d'Emya, il ne comprenait pas vraiment ce qu'ils voulaient. Qu'il montre ce dont il était capable ? Fudem devait déjà le savoir, pourquoi il ne le lui demandait pas ? C'était un test étrange, mais il devait le faire.

=> La Haute Tour de Thaumaturgie

=> La Haute Tour de Thaumaturgie

Méroel recula un peu pour se mettre assez loin des juges, pour ne pas risquer de les blesser et se concentra sur les fluides qui étaient en lui. Il commença par lancer un petit sort d'Aura Venteuse, pour se lier aux juges qui étaient en face de lui. Il ressentait légèrement leur mouvement, pour le peu qu'ils en faisaient. Une fois cela fait, il se reconcentra sur lui afin de lancer un Souffle d'Air chaud, juste assez pour qu'ils ressentent quelque chose. Ce n'était pas une démonstration de force, c'était juste pour montrer qu'il savait faire de la magie, tout simplement.
Il regarda les juges, qui ne montraient toujours pas ce qu'ils pensaient. Emya se remettait une mèche de cheveux derrière l'oreille, Hérius semblait noter quelque chose et Deroan le fixait.

-Très bien, nous allons passer à la suite. Maintenant, il va falloir faire preuve d'improvisation. Je te conseille d'agir vite, car cela peut venir de n'importe où.

Hérius avait parlé sans relever la tête et avait expliqué ce qu'allait être la deuxième partie du test. À croire qu'il n'en avait pas encore assez montré.

-Ça n'a pas suffi ce que j'ai fait ? C'était pourtant déjà bien...

Prêt à bouder parce qu'il avait déjà assez travaillé, mais que ça ne semblait pas suffire, il ressentit quelqu'un bouger. Il était toujours relié aux trois juges et c'était Emya qui venait d'aller vers lui à toute vitesse. Il tomba, bougeant un peu trop lentement.

-Mais, j'étais en train de parler !

Alors qu'il continuait de se plaindre, il ressentit un autre mouvement du côté d'Hérius. Sans trop savoir ce qu'il préparait, Méroel se concentra sur lui-même, il fallait qu'il trouve un moyen de se défendre, sans savoir ce qu'il allait devoir bloquer.
Il décida d'user de l'air pour faire une sorte de mur devant lui, en espérant que ça pourrait bloquer ce qui allait arriver. Se concentrant rapidement pour trouver les fluides d'air en lui, il essaya de créer un fort vent, partant du sol jusqu'au-dessus de lui. Il concentra les fluides vers le sol, entre ses pieds et l'infime espace qui pouvait exister sur le sol irrégulier. L'air commença à sortir, tout doucement, il le dirigea ensuite vers les airs, sans perdre de vue que la base était par terre. Hélas il n'y en avait pas assez pour bloquer le premier éclair, celui-ci passa donc sans aucun soucis le faible vent. Il eut très mal, mais essaya de garder sa concentration, sur lui-même et sur son mur en création. Celui-ci devînt plus fort, formant une bourrasque continue, du sol au plafond. Il avait réussi à faire un mur composé uniquement d'air, mais cela risquait de ne pas suffire, aussi décida-t-il de le faire tourner autour de lui, afin d'être complètement dans un mur d'air et d'être, en quelque sorte, le centre de la mini-tornade. Le mouvement fut assez facile à créer, il suffisait de diriger les fluides dans le bon sens et comme il les dirigeait déjà depuis le sol, il lui suffit de donner une légère impulsion. Il réussit assez rapidement pour voir que son bouclier bloqua la deuxième attaque, qui se trouva être une boule de feu, qui s'éteignit dans le vent. Il avait encore mal, mais les juges semblaient ne pas s'en soucier. Emya étaient derrière lui et semblait ne plus vouloir bouger, Hérius s'était à nouveau baissé vers ses écrits. Méroel tourna la tête rapidement, pour voir que Fudem s'était un peu éloigné aussi. Il ne restait donc plus que Deroan.

-Ça suffit, je veux rentrer.

-Si tu pars maintenant, tu auras tout perdu.

-M'en fiche. Vous z'êtes méssants !

Il était fatigué et n'en pouvait plus, il n'était pas habitué à se faire agresser comme ça, il voulait apprendre la magie pour s'amuser, pas pour autre chose.

-Dommage pour toi alors, il va falloir que tu nous quittes.

-Quoi ?

Remarquant rapidement que Fudem courrait vers lui, Méroel sentit Deroan faire quelque chose. Il jeta un rapide coup d'œil vers celui-ci, mais ne put distinguer ce qu'il faisait. Il n'avait pas le temps de réfléchir, il fallait qu'il agisse rapidement et il ne voulait qu'une seule chose, c'était partir au plus vite. Il se concentra alors sur l'air qui restait en lui, il était étonné de ne pas être encore fatigué et d'avoir encore autant de réserve. Le fluide qu'ils lui avaient fait absorber juste avant avait fait son effet, il se sentait bien plus magicien qu'auparavant. En plus, la situation extrême dans laquelle il était et le fait qu'il ne pouvait que compter sur la magie, lui prouvait aussi qu'il commençait à devenir un vrai mage.
Il fallait donc qu'il fuit et ça promptement. La porte était assez loin de là où il était et pourtant, il fallait qu'il l'atteigne, aussi vite que possible. Il se dit qu'il pourrait le faire en un saut, si celui-ci était très fort. Il risquait de s'assommer, il devait bien calculer son coup pour éviter que cela n'arrive. Il plia un peu les jambes tout en y concentrant la magie qu'il possédait. Il fallait qu'il arrive à la relâcher lorsqu'il sauterait, il savait qu'il n'avait qu'un seul essai. Il mit tout ce qu'il put comme fluides d'air dans ses pieds et se prépara à sauter très rapidement. Il lâcha la pression des fluides d'air au moment même où il sauta. Manque de chance, et surtout parce qu'il n'avait pas pris assez de temps, il sauta au mauvais moment et, bien que son bond fut supérieur à la moyenne, il n'atterrit pas devant la porte. Il jeta un rapide coup d'œil derrière lui pour se rendre compte que Fudem était à terre, il avait sûrement été rejeté par Deroan, qui le regardait toujours étrangement et surtout qui tendit la main vers lui. Il lançait un sort et il n'avait plus le temps de partir. Étrangement, il sentait encore de la magie en lui, peut-être était-ce la raison pour laquelle il avait raté son sort. Il n'en savait rien et il ne voulait pas savoir pour le moment. Par contre, il pouvait faire un dernier sort, il espérait qu'il serait assez puissant pour assommer tout le monde et fuir. Il lança son Vents Infernaux, il connaissait suffisamment ce sort pour le faire avec très peu de concentration, aussi releva-t-il juste la tête un instant pour regarder tout le monde, puis s'arrêta sur Deroan. Leurs regards se fixèrent l'un sur l'autre, alors que les deux sorts se croisèrent.
Il entendit une forte explosion puis se fut le noir le plus total.

=> La Haute Tour de Thaumaturgie

=> La Haute Tour de Thaumaturgie

Méroel ouvrit les yeux et se rendit compte qu'il était dans « sa » pièce, dans la tour. Il tenta de se redresser, mais il sentit une main sur son torse.

-Reste couché, il faut encore un peu que tu te reposes.

-Mais je vais bien.

Il avait dit ça avec une voix toute faible et toute pâteuse. Il ne savait pas comment il avait atterri ici, par contre, il avait reconnu la voix, c'était celle de Fudem, toujours lui, présent à ses côtés.

-Pourquoi je suis là ?

-Tu t'es écroulé après ta dernière magie. Il faut que je t'avoue qu'on ne s'attendait pas à ça, tu as très vite appris...

Alors que sa voix aurait dû être pleine de fierté, Méroel entendit quelque chose d'autre, peut-être parce qu'il était encore assez endormi ou alors parce que Fudem ne disait pas vraiment ce qu'il pensait. Néanmoins, il avait retenu qu'il avait réussi à les étonner, il avait sûrement réussi à passer leur test. Du coup, s'il se souvenait bien de ce que Fudem lui avait dit, il était maintenant un vrai membre de la Tour, prêt à faire des missions, à aller dans leur propre bibliothèque et à apprendre un tas d'autres choses. Il n'était pas dans un assez bon état pour s'en réjouir, mais la joie était tout de même présente.

-Je suis désolé de te brusquer, mais il va falloir que tu fasses un choix. Soit tu vas faire partie des nôtres soit tu t'en vas. Tu ne semblais pas vouloir faire de missions et Deroan semblait être prêt à t'empêcher de réussir le test, sans que l'on sache pourquoi. Alors, il faut que tu choisisses et vite...

Deroan, le chef de la Tour ne voulait pas de lui ? Le jeune elfe ne comprit pas, il avait bien sûr trouvé qu'il l'avait attaqué assez fort, mais puisqu'il avait réussi à s'en sortir, pourquoi il ne voulait pas de lui ?

-Pourquoi il veut pas ? J'ai fait quelque chose de mal ?

-Non, je ne sais pas. Généralement, il lance une petite illusion ou arrête sa magie avant, là il voulait vraiment t'attaquer, c'était étrange.

Si même Fudem ne comprenait pas, Méroel ne savait pas trop comment il pourrait comprendre. Il décida alors de laisser tomber, il n'était pas en état de chercher pourquoi quelqu'un ne l'aimait pas. Par contre, l'autre partie de la phrase était tout aussi importante, il fallait qu'il prenne une décision, s'il voulait rester ou non. Il ne savait pas à quel point c'était urgent, mais il fallait qu'il fasse vite, semblait-il.
L'attaque de Deroan, en plus du fait qu'il ne l'aimait pas, ne lui donnait pas envie de rester, mais apprendre d'autres choses, aller ailleurs, voir d'autres personnes le motivaient tout autant. Il était perdu.

-Je sais pas moi... Je veux pas repartir tout seul et je ne sais même pas où aller... Je veux rester ici, sans faire les missions...

Il savait que c'était impossible et pourtant, il espérait. Fudem mit sa main sur la tête de l'elfe et lui caressa les cheveux. C'était la première fois qu'il le faisait et on pouvait voir dans ses yeux qu'il était tout aussi étonné que lui par son acte.

-Tu pourrais rentrer chez toi, avec les progrès que tu as faits, tout le monde sera fier de toi.

-Non, pas encore. Il faut que j'apprenne plus, pour être sûr qu'ils soient fiers de moi.

Ce n'était pas qu'une question de fierté, il n'y avait pas vraiment réfléchit avant, mais en réalité il doutait de la façon dont ses parents l'accueilleraient. Tous les elfes partaient à un certain âge pour apprendre leur futur métier, il n'avait juste pas fait comme les autres. Il était parti de son propre chef, en décidant seul de ce qu'il allait faire et cela risquait d'être mal vu. Il oublia alors l'option de retourner à Cuilnen.

-Ou alors... J'ai connu un mage à Lúinwë, tu pourrais peut-être aller le voir...

Fudem semblait réfléchir ou alors il était perdu dans ses souvenirs. Il enleva machinalement la main qu'il avait sur la tête de Méroel et commença à faire les cents pas dans la pièce, tout en marmonnant.

-Ça serait vraiment possible ?

Il avait un vague souvenir du lieu où se trouvait cette ville, quelque part à l'est de Cuilnen, ce qui devait faire environ le nord-est de Kendra Kâr. Ça faisait très longtemps qu'il n'avait pas jeté un œil à une carte, depuis son départ en réalité, mais ça lui semblait assez logique comme raisonnement, sauf s'il était allé moins au sud qu'il croyait.

-Et j'irai comment ? J'ai trouvé un vieil homme gentil pour m'amener jusqu'ici, mais j'ai dû marcher aussi et ça fait mal aux pieds...

Le simple souvenir de la longue marche lui faisait mal. Il devait y avoir un moyen plus simple pour voyager, sinon, ça ne serait pas possible.

-Je vais te prêter de l'argent, pour que tu puisses prendre le bateau. De là, tu iras à Lúinwë, il n'y aura que quelques jours de voyage. Ensuite, si mes souvenirs sont bons, il y a une tour là-bas aussi, il suffira que tu demandes Guérarde de ma part et tu lui expliqueras tout. Il te prendra sûrement sous son aile, comme il l'a fait avec moi...

-Mais je veux pas d'argent... Et pourquoi tu ne viens pas avec moi ? Je le connais pas moi, ce Guérarde.

Il ne voulait pas partir et quitter encore une fois tout ce qu'il avait, en plus, même s'il savait qu'il n'avait pas trop le choix, il ne voulait pas vraiment devoir de l'argent. On lui avait toujours dit que les voyages en bateau coutaient chers et il ne voulait pas ruiner Fudem.

-Ne t'inquiète pas pour l'argent, je suis ici depuis assez longtemps pour en avoir de côté. Je t'ai déjà expliqué que je ne pouvais pas venir, tu reviendras me chercher avec Guérarde quand tu seras prêt, d'accord ?

Il se baissa pour être à nouveau au niveau des yeux du jeune elfe et lui accorda un sourire. Ce dernier ne pouvait pas savoir s'il mentait ou non, il savait juste qu'il n'avait pas vraiment le choix.

-D'accord...

-Très bien. Prends tes affaires, il faut partir le plus rapidement possible !

Méroel se leva, doucement parce qu'il n'avait pas totalement récupéré et pris les différentes affaires qui traînaient sur le bureau. Les feuilles prisent dans la salle étranges, la fiole incassable, son parchemin de télékinésie et ses brassards, qu'il mit avec l'aide de Fudem, il avait tout pris.

-C'est bon, on peut y aller.

Son maître acquiesça puis ouvrit la porte. Il se dirigea vers la grande salle et emprunta une porte, comme s'il avait l'habitude de le faire, comme s'il connaissait le lieu par cœur. Comme il pouvait s'en douter, l'elfe se retrouva dans un escalier descendant, il en conclut qu'ils retournaient dans le hall principal.

-Une fois en bas, sors comme si de rien n'était. Une fois arrivé à l'extérieur, cours aussi vite que tu peux. Les gardes ne devraient rien te faire, mais nous ne sommes jamais assez prudent.

Méroel déglutit en entendant ça. Il avait déjà peur des gardes sans qu'ils lui aient rien fait, alors savoir qu'ils pouvaient faire quelque chose ne l'aidaient pas.
Une fois dans le hall, personne ne semblait faire attention à eux, ils étaient tous occupés, comme d'habitude.

-Vas maintenant et ne te retournes pas. Je ferai en sorte que tu aies l'argent. À bientôt.

L'elfe fit deux pas en avant puis se retourna. Fudem ne le suivait pas, il restait là où il était, à le regarder, il fit juste un signe de la main, pour lui dire de partir. Il ne savait pas trop pourquoi il avait confiance, encore moins maintenant qu'il allait à nouveau se retrouver seul. Pourtant, il fallait, il ne voulait pas revivre l'attaque de Deroan, il fallait qu'il aille à Lúinwë, en espérant que Fudem ne lui ait pas menti.
Il continua alors à avancer, sans se retourner, sauf avant de passer la porte, pour le voir une dernière fois, avant les dieux seuls savaient quand. Il fit un dernier pas, ferma la porte derrière lui et regarda devant, les bâtiments, les rues, les personnes et les gardes qu'il devait passer avant tout ça. Il marcha doucement puis senti qu'il devait libérer tout ce qu'il avait sur le cœur, il avait besoin de se dépenser, il avait les nerfs à vif, même s'il était très fatigué. Il se mit alors à courir, autant pour fuir les gardes qui risquaient de bouger que pour partir au plus vite de ce lieu. Il avait les larmes aux yeux, il avait encore quitté une personne qu'il appréciait, sans savoir s'il allait la revoir. Il continua à courir au hasard, juste pour courir.

La vie est une chose fragile, et une crise cardiaque est vite arrivée. Cependant, à son age, Azra estimait que ce genre de risque était minime. En tout cas, c'était ce qu'il estimait jusqu'à ce que les statues de part et d'autre de la porte ne s'animent brusquement pour lui barrer la route de leurs longs bras métalliques.

« La sécurité a été augmenté depuis le déclenchement de la malédiction, tonna un des colosses d'aciers. L'accès est strictement limité aux utilisateurs de magie. Veuillez toucher la pierre sur le dos de ma main pour vérifier que vous avez des fluides magiques. »

Le souffle court et le cœur battant la chamade, le jeune homme resta un instant immobile. Mais qu'était donc ces fichus monstres mille fois maudits ?! Tremblant, il tendit une main hésitante et la posa sur la pierre qui se mit à briller d'une lumière rouge.

« Analyse terminée, vous pouvez passer. »

Les bras s'écartèrent et un Azra tremblant franchit la porte en retenant tous les jurons qui lui venaient à la bouche. Qui savait comment régiraient ces saletés de monstres ?
Il entra dans une antichambre de laquelle partait un escalier qui montait en colimaçon vers les étages supérieurs. Il n'y avait rien d'autre ici, que devait-il faire ?

« Veuillez attendre le maître. »

« Wouaaah ! »

Le jeune homme fit un bond vert l'avant et s'efforça de calmer à nouveau son cœur. Bon sang, il y avait encore de ces satanés machins abominables tout droit sorti de l'arrière-train d'Oaxaca !
Il leur adressa un grand sourire pour ne pas les alarmer.

(Pourritures de saletés de cochonneries de ferronneries bonnes pour la jaille !)

« Bonjour, tout va bien pour vous, j'espère. Il... il fait chaud aujourd'hui, hein ? »

Il les détailla quelques instants : C'était de véritables colosses fait de plaques de métal tordues et dont la rouille était visiblement fréquemment grattée, avec un succès mitigé. Ils ressemblaient un peu à des guerriers en armure, casqués et dotés d'épaulières. Le plastron figurant des pectoraux massifs était orné d'un genre de tête de créature aux yeux rouges. Seul les proportions du corps, tout en bras et en jambe, et les articulations faites d'étranges tiges de métal indiquaient que ce n'était pas des humains.
Une voix retentit alors :

« Pourquoi donc parlez-vous aux automates ? Ils sont incapable d'avoir une conversation, ils ne sont pas créé pour ça... »

Azra se retourna vers l'homme qui descendait de l'escalier. Il était de taille modeste et arborait une barbe et des cheveux courts, de couleur grise. Il portait une robe verte et un bâton de mage. Azra reprit son souffle et demanda :

« Maître Kieran kloryn ? »

Le vieux mage plissa les yeux :

« Je me souviens de tous mes apprentis, et tu n'en fais pas parti, mon garçon... »

Azra s'inclina bien bas.

« Non, mais je viens de la part de Tirassin qui, lui, a étudié avec vous. »

Le vieil homme s'éclaira et il se réjouit d'entendre à nouveau parler de ce 'chenapan' qui ne pensait qu'à brûler les étapes de son apprentissage, jusqu'au jour où il fit brûler une étagère démontrant qu'il avait finalement réussi son premier sort du feu. Azra dû patiemment expliquer que le jeune mage allait très bien et qu'il était très occupé. Il finit par trouver une ouverture dans la conversation pour entrer dans le vif du sujet :

« Nous enquêtons sur la malédiction qui répand la folie dans la ville, vous savez quelque chose sur le sujet ? »

« Bien peu, hélas, répondit le magicien. J'ai travaillé avec les temples mais tout ce que j'y ai gagné, c'est qu'on a soupçonné mes expériences d'en être responsable ! »

« Pourquoi ? »

Le vieil homme haussa les épaules :

« Parce qu'ils ne trouvaient pas d'autres réponses... Tirassin aurait-il découvert quelque chose ? »

« J'AI découvert quelque chose. » clama le jeune homme avec orgueil.

Il raconta tout ce qu'il savait. Il parla de l'attaque qu'il avait subit au cours de laquelle il avait vu la maladie de transmettre. Il raconta comment, dans les égouts, il avait rencontré un rat et un brigand qui étaient contrôlés à distance par une entité maléfique. Enfin, il raconta ce que lui avait dit les disciples de Thimoros : que leurs catacombes étaient devenue impraticables. Il conclut :

« Se pourrait-il que quelqu'un dans les égouts et/ou les catacombes, puisque ces lieux sont liés, tente de prendre le contrôle de l'esprit des gens de la ville ? »

Kieran secoua la tête :

« Non, il s'agit bien d'un phénomène qui rend les gens fous, pas d'un contrôle mentale... Cela dit, j'avais en effet déterminé qu'il s'agissait d'un phénomène magique. Et les premiers cas ont été découvert dans ce quartier ! C'est pour cela qu'on me soupçonnait... Mais il pourrait aussi s'agir d'un sorcier malveillant qui agirait depuis les égouts. Il pourrait facilement lancer ses sorts dans toute la ville sans que personne ne le voit. Et s'il a établi son camps de base au temple de Thimoros, cela expliquerait que les premiers cas soit apparu par ici. »

« Mais cela n'explique pas tout. Pourquoi s'installer dans les catacombes de Thimoros, par exemple ? »

« Parce que personne d'autre ne s'y engagera que les fous fanatiques de ce dieu dément ! Et comme ils ne sont pas très populaires, ils n'auront ni assez d'adepte pour se défendre, ni la garde de la ville pour les aider... Mais comme tu le dis, on ne peut pas faire de réelle conclusion : tu as découvert qu'il se passait des choses dans les égouts mais quelle preuve y a-t-il que cela ai un lien avec la malédiction ? »

Azra soupira. C'était bien là le problème. En voyant les créatures possédées dans les égouts, il était difficile de ne pas penser à la folie qui sévissait dans la ville, mais le magicien assurait qu'il ne s'agissait pas d'une tentative de possession ! Alors y avait-il vraiment un lien ? Voyant son air perplexe, le mage ajouta :

« De toute façon, il se passe quelque chose dans les égouts et cela pourrait venir des catacombes, alors toi et Tirassin devriez aller enquêter là-dessus. Même si ça n'a aucun rapport avec la malédiction, c'est peut être dangereux... »

Le jeune homme se dit que ce n'était peut être pas le moment de lui dire le fond de sa pensée, a savoir qu'il n'avait aucune envie de descendre là-dedans et qu'en plus, si ce n'était pas la malédiction, il n'y aurait pas de récompense, auquel cas, risquer de se faire tuer l'intéressait encore moins.

Une nouvelle question lui vint alors :

« Comment un sortilège créé depuis les égouts fait-il pour passer dans la rue ? La magie ne franchit pas les murs, alors pourquoi elle passerait à travers une rue pavée ? »

« Tout dépend du sortilège, modéra le magicien. Étant donné la puissance de la magie susceptible de répandre une épidémie de folie dans la ville, elle peut-être assez puissante pour franchir le sol... Mais je t'accorde que c'est là une difficulté supplémentaire. »

Azra bondit sur ses pieds. Il avait peut-être une idée ! Il lança des remerciements au magicien stupéfait et courut vers la sortie. Naturellement, les automates, assimilant tout coureur à un fuyard, lui bloquèrent le chemin, mais maître Kieran dû leur donner l'ordre de le laisser passer.
Toujours courant, mais maudissant intérieurement ces foutu tas de rouille, Azra se précipita dans la rue.

Un autre indice ?

Il fallut bien sûr à nouveau passer devant les affreux monstres de métal. Heureusement, tout le groupe possédait des fluides magiques, les golems les laissèrent donc passer.
Une fois dans la tour, ils attendirent que maître Kieran descende. Le vieux mage semblait mécontent d'être ainsi perturbé dans son travail et il ne s'éclaira que très peu en voyant ses invités. Sans doute ne devait-il pas trop aimer les cultistes du dieu de la violence.

« Azra... Te voilà en bien étrange compagnie. Que me voulez-vous ? »

Le jeune homme fit une révérence :

« Nous venons requérir votre témoignage pour expliquer aux autorités que nous avons participé à la lutte contre la maladie maudite... »

Cette fois-ci, le magicien eut l'air plus intéressé. Il sourit :

« Alors tu as réussi ? Mais comment ? »

Azra parla du roi des rats dans les catacombes de la ville et raconta la mort de Tirassin. Il fit alors silence tandis que l'homme baissait tristement les yeux.

« C'était un brave petit gars, Tirassin. »

« Oui, confirma Azra. J'aurais aimé mieux le connaître... »

Il expliqua ensuite que le roi des rats était sans doute l'œuvre d'un nécromancien d'Omyre qui avait finalement dû être tué ou mis en fuite par sa création. Il expliqua comment il avait finalement rassemblé un groupe dont Aléria était la seule survivante et montra le nœud de queues arraché au monstre. Celui-ci semblait être étrangement bien se conservé et le mage l'examina. Il remarqua que les queues ne formaient pas qu'un simple nœud. Elles étaient véritablement soudées ! Seul la magie aurait pu créer une telle chose. Il se déclara donc convaincu mais dit vouloir faire un petit test avant de les accompagner. Il leur demanda de le suivre plus haut dans la tour.

Ce fut l'occasion pour le jeune homme de découvrir ce qu'il y avait en haut du grand escalier et il s'en réjouissait. L'étage contenait un nombre incalculable de livres répartis sur le mur circulaire. Il y avait aussi un certain nombre de tables d'étude. Au centre, un nouvel escalier permettait de s'élever jusqu'à dominer l'immense pièce, les bibliothèques nécessitaient des échelles pour être explorées toute entières. Ils traversèrent finalement le plafond et arrivèrent à un nouvel étage envahi cette fois-ci d'un bric-à-brac de matériel en tout genre. La garçon était émerveillé par ce monde de magie, un monde auquel il était en passe d'appartenir !

Kieran les mena devant un instrument, un genre de grosse boule de cristal monté sur un socle de métal complexe orné de pierreries, qu'il entreprit de manipuler. Cela dura un certain temps sans que personne n'ose lui demander d'explications.
Puis, il se redressa et confirma :

« En effet, il semble que la maladie recule. Comme nous connaissons déjà le remède, avec un peu de chance, elle devrait être prochainement éradiquée. Ne donnons tout de même pas vaincu un mal contagieux avant qu'il ai réellement disparu. Mais il semble bien que vous ayez fait quelque chose... »

« NOUS avons fait quelque chose. Vous y avez participé aussi. Accepteriez-vous de venir témoigner devant la milice ? »

Le vieil homme sourit :

« Bien sûr, je me ferais un plaisir de vous accompagner. »

Azra se retint de bondir de joie : il avait son soutient le plus sûr ! La milice allait devoir prendre en compte sa demande de récompense !
Ils redescendirent les escaliers et sortirent de la tour. Le jeune homme, ravi, en profita pour tirer la langue aux monstres d'aciers pendant qu'on ne le regardait pas.

Convaincre la milice...

(Pourquoi?...)

La question la plus simple au monde, et souvent aussi celle dont on ne trouve pas la réponse facilement. Pourtant à cet instant précis, c'est l'unique chose qui traversa l'esprit de Tran.
Pourquoi? Pourquoi lui qui n'avait plus aucun pouvoir depuis des décennies était-il plié de douleur par une magie qu'il avait clairement sentis provenir de lui-même?

Au début il n'y avait pas prêté attention, une simple sensation cuisante au creux de la main bien qu'il n'ai rien touché de chaud, puis la sensation s'était accentuée. Distrait Tran avait secoué la main quelques secondes sans quitter sa lecture des yeux, car oui, il lisait souvent tout en marchant. Érudit à la tour de Thaumaturgie depuis de nombreuses années, Tran recevait souvent divers grimoires ou parchemins qu'il lui fallait étudier: provenance, effets, utilité.. ceux qui apportaient ici ce genre d'objets étaient toujours en quête de réponses, qu'ils en sachent beaucoup, peu ou rien du tout sur la magie ou l'objet en question. Et Tran faisait partie de ceux qui, par son savoir, pouvait leur apporter satisfaction.

Soudainement, la douleur avait explosée, faisant lâcher son écrit à Tran et trembler de souffrance. Il avait l'impression que l'on avait sortis une pièce d'une fournaise pour la lui mettre dans la main. Quand il déplia les doigts il découvrit un cercle presque parfait de peau rougie mais pas brulée pour autant, étrange, d'après la sensation il s'attendait à trouver la peau à demi fondue et cloquée, voire noircie.
La douleur disparu aussi vite qu'elle s'était déclenchée, redevenant une simple sensation de chaleur au creux de la paume.

(Qu'est-ce que ça veut dire?.. Un effet magique, ça venait d'un flux intérieur, je l'ai ressenti. Sauf que je n'ai aucun pouvoir. Attend voir..)

Il ramassa le parchemin et descendis rapidement deux étages par l'escalier principal en colimaçon, il était encore tôt aussi ne croisa-il presque personne, de toute façon quelqu'un de pressé dans la tour était chose commune. Il s'arrêta devant la salle d'étude d'Audart, collègue et ami de longue date, et frappa à la porte.

"Audart! Hé, ouvre, j'ai besoin d'un coup de main."

(Voix étouffée par la porte) "Deux secondes, j'arrive."

Audart ouvre la porte et salue Tran d'un signe de tête.

"T'est matinal aujourd'hui, je sais que tu commence tôt mais là ça fait même pas dix minutes que je suis levé

-Forcément quand on roupille comme un loir jusqu'à neuf heure du matin. J'ai un soupçon que j'aimerais que tu confirme, tu peut faire une détection?

-Bien sur oui, tient entre, sur quoi? ou qui?

-Moi

-Pardon?

-T'as bien entendu (Tran tend la main vers son ami), j'ai ressenti un flux il y à peine quelques minutes. Je sais, normalement c'est impossible, pourtant j'ai clairement reconnu la sensation.. ou alors je devient complètement dingue.

-On va voir ça de suite"

Audart s’assoit sur l'une des deux chaises de la pièce et ferme les yeux, pour les rouvrir presque immédiatement avec le sourire d'un gamin à qui l'on vient de faire une surprise. Il referme les yeux sans cesser de sourire, pendant quelques secondes de plus, et les ré ouvre encore une fois. Il à du mal à masquer l'excitation dans sa voix.

"Tran tu.. j'en revient pas, je ressent clairement un flux magique. Directement l'opposé du mien, donc un flux de feu. Un peu trop concentré dans les avant-bras je dirait. Mais c'est bien un fluide interne, c'est toi qui en est la source"

Tran avait la tête qui tournais. Il s'assit sur l'autre chaise. Ses pensées tourbillonnaient sans qu'il puisse y faire le moindre tri. Joie? Crainte? Curiosité? Scepticisme? Il ne savait pas comment aborder cette révélation.

"J'ai.. j'ai des fluides magiques.. moi? Mais, ça fait plus de quarante ans que je n'ai pas pu faire naitre le moindre éclat de magie en moi, quarante ans! Et j'ai essayé plus d'une fois, croit moi.

-J'ai une idée! On descend au second, les salles d'entrainements doivent être désertes à cette heure là!

-Les salles d'entrainements? Non mais t'est pas sérieux là, on ne sait même pas pourquoi j'ai subitement des fluides de feu ni même.. hé attend!

Audart avait déjà quitté la pièce sans même fermer la porte, direction les salles d'entrainements, il avançait vite s'assurant seulement de temps à autre que Tran le suivait. Visiblement il était ravi, Tran était plus mitigé mais devait reconnaitre que lui aussi se demandais s'il avait vraiment recouvré l'usage de la magie, tout en appréhendant ce qui allais suivre.
Et s'ils avaient fait erreur? Si Tran n'avais en fait aucun pouvoir où s'il était trop faible pour faire quoi que ce soit?
Mais l'espoir est quelque chose de plus tenace qu'on veuille l'admettre, aussi fou que ça paraisse il souhaitais au plus profond que lui que tout cela soit vrai.

Il rattrapa Audart devant la salle d'entrainement, lequel lui tint la porte quand il y pénétra. C'était une salle circulaire simple, vaste et propre mais Tran aimait bien l'impression "d'avoir du vécu" que dégageait la pièce, en témoignaient les dalles de pierre fêlées, noircies ou dont il manquait un éclat, preuves que de nombreux sorts avaient été testés ici. Il n'y avait pas de fenêtres, la pièce était éclairée de petites lumière flottants au plafond.
Il n'y avait qu'une personne déjà dans la pièce à leur arrivée (une élève à en juger par son âge), qui les salua brièvement lorsqu'ils entrèrent, visiblement concentrée sur sa propre tâche.
Tran et Audart se placèrent à l'écart de l'élève. Le professeur de magie trépignait littéralement.

"Très bien, allons y. Il est temps de voir ce que ta magie toute neuve peut faire!"

(Il à eu raison en venant directement ici, mieux vaut tester dès maintenant ce que je peux faire plutôt que de s'inquiéter sans rien oser tenter)
"Audart?

-Oui?"

En parlant à son ami, Tran sentis son appréhension se dissiper. Il en était capable, il le sentais au fond de lui.

"Je ne sait pas trop pourquoi.. mais je sens que ça va marcher.

-Je sait: tu ne m'a jamais déçu depuis toute ses années où nous avons travaillés ensemble. Impressionne moi encore une fois mon ami."

Tous deux sourirent. Et Tran se prépara à lancer son tout premier sort depuis plus de quarante ans privé de magie...

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Réaprentissage

Tran ferma les yeux et mis toute sa concentration, et ses espoirs, dans les flux de magie qu'il ressentais en lui. Comme Audart le lui avait signalé, ils étaient un peu plus concentrés dans ses avant-bras qu'ailleurs, tant mieux, ce serait donc plus facile de commencer par là.
Il expira à fond et focalisa son pouvoir dans sa main, il senti de nouveau la sensation de brulure dans la paume mais en moins douloureux. C'était tout à fait supportable, ce qui était bon signe car il lui aurait été difficile de faire usage de magie s'il devait souffrir le martyr à chaque fois.
Tran commença à relâcher le pouvoir accumulé dans sa main afin de créer une flamme, mais quand il ouvrit les yeux nul feu ne brulait entre ses doigts. L'air tremblotait sous l'effet de la chaleur émise mais c'était tout.

"Non! Ça va marcher, ça DOIT marcher!"

Sans quitter sa main des yeux il se concentra à nouveau pour réunir la magie dans sa main, il recherchait au fond de ses souvenirs la sensation particulière de ses fluides obéissants à sa volonté.
De petites flammes, fragiles et timides, recouvrirent l'intérieur de sa main. Visiblement elles pouvaient disparaitre au moindre coup de vent.

Le désespoir commença à poindre dans l'esprit de Tran. Audart avait joint ses mains sous son menton et affichait un air grave, Tran savait qu'il priait intérieurement pour sa réussite.

Tran laissa se dissiper les maigres flammes, il s'y prenait mal. Si la magie était une rivière qui coulait en lui, il avait voulu la retenir comme un barrage et tout relâcher d'un coup. Cette fois il laissa le flot suivre son cours et puisa en lui pour l'alimenter de minuscules mais nombreux affluents. Comme un grand fleuve devient plus large et puissant avec le nombre d'autres flots qui le rejoignent.
Peu à peu, de nouvelles flammes apparurent, d'abord petites et faibles puis elle grandirent. Comme si ce feu naissant gagnait en assurance, il avança et recouvrit toute sa main, du bout des doigts jusqu'au poignet. Le feu grossissait toujours, plus chaud et plus haut à chaque seconde.
Quand il cessa de croitre, Tran avait la main au cœur d'une flamme d'une cinquantaine de centimètres de haut. Le visage d'Audart s'éclaira d'un large sourire, Tran également. Il se sentais même les larmes aux yeux.

"Tran, c'est magnifique, t'as réussi!

-Pas encore, pas tout à fait. Attend une seconde."

Il tendis la main gauche, ferma les yeux et recommença l'opération. C'était plus facile, les courants de magie suivaient le fil de ses pensées et se dirigeaient lentement vers sa main gauche. Ses fluides se mettaient en place, prenant leur source dans tout son corps pour former un nouveau torrent.
Le feu de sa main droite n'avais pas cessé de bruler quand il senti la chaleur s'échapper de sa main gauche, puis de nouvelles petites flammes apparurent et grandirent. Comme si elles voulaient rivaliser entre elles, deux grandes flammes nimbaient maintenant les mains de Tran.
Satisfait, il fit quelques cercles avec les bras pour s'assurer que ses mouvements ne perturbaient pas le sort.

"Pas mal, pas mal du tout. C'est un beau sort de mains brulantes ou je ne m'y connait pas. Tes flux ne s'épuisent pas trop vite? Tu pense pouvoir garder le sort actif longtemps?

-Assez oui, voyons un peu son efficacité.

-Qu'est-ce que tu compte essayer?

-Invoque quelques pics de glaces.

-Quoi? T'est bien sur de ce que tu me demande là? Ça pourrait être dangereux.. et d'ailleurs comment tu sait que je peux faire ce sort, je ne pratique pas la magie de combat.

-Dénèm. La dernière fois que je l'ai vu s'entrainer il essayait d'en faire, "pour faire aussi bien que toi" disait-il. Tu n'aurait pas un peu chercher à l'impressionner dernièrement?

-(Audart soupire) Oui un peu. Je doit t'avouer qu'il fait des progrès à une vitesse affolante, si je n'y prend pas garde il finira par être meilleur que moi. C'est pas que ça me gène, je serait même plutôt fier de lui, mais je doit lui montrer ce que je sait faire de mieux désormais.
(Il se place face à Tran, à une dizaine de pas) Bon, prêt?

(Tran acquiesce)
-Envoie"

Levant la main, paume vers le haut, à hauteur d'épaule, Audart matérialise une courte pointe de glace. Il marque un petit temps d'hésitation mais projette le dangereux pic vers son ami.
Vif, Tran place sa main droite sur la trajectoire du projectile. La pointe de glace fond immédiatement au contact du feu magique qui enrobe sa main avec un discret "pshhht" pour ne laisser qu'une petite brume humide rapidement dissipée.

Audart prépara un nouveau pic de glace et le fit filer vers Tran, qui le fit fondre de sa main gauche cette fois. Puis un troisième et un quatrième lancer suivirent. A chaque fois interceptés et évaporés.
La fois suivante il invoqua carrément deux pics en même temps, puis en vinrent deux autres auxquels il donna une trajectoire courbe pour surprendre Tran. Tous deux se prenaient au jeu. Leur petit test devint, après quelques minutes, un défi d'adresse.
Audart variait la taille de ses projectiles ou alors il en envoyait plusieurs lents et un rapide pour tenter de percer la garde de son ami. Tran devait maintenir toute sa concentration sur les mains de son "adversaire", bien qu'il puisse se blesser s'il manquait d'attention il était trop heureux de pouvoir manier la magie une fois encore pour vouloir s'arrêter, leur échange se poursuivit...

Enfin au bout d'un moment, après une série de cinq pics particulièrement rapprochés, une voix se fit entendre à sa droite, Tran était si concentré sur Audart qu'il manqua de sursauter. Son ami non plus n'avait pas remarqué le nouvel arrivant.

"Maitre Audart, Maitre Tran. Qu'est-ce que vous faites? Un entrainement?

-Ho! Dénèm, je ne t'ai pas entendu arriver."

Dénèm. Malgré ses 22 ans il avait l'air plus jeune et il parlais toujours avec la franchise d'un enfant, mais son apparence juvénile cachait une intelligence à ne pas sous-estimer.
Contrairement à Tran et Audart qui disposaient d'une petite chambre dans la tour même, Dénèm lui habitait en ville de venait à pied tout les matins pour étudier auprès d'Audart ou, s'il était occupé ailleurs, avec Tran. Audart aimait bien son apprenti et Tran également appréciait la compagnie du jeune mage.

"Bonjour Dénèm, bon sang il est déjà dix heures?

-Et demi! Ça faut une demi-heure que je vous cherche dans tout le bâtiment. J'en revient pas, vous m'avez carrément oublié.

-Bien sur que non, c'est juste.. heu.. enfin..

Tran ne put s'empêcher de rire.
-Excuse moi Dénèm, c'est moi qui l'ai dérangé ce matin. Nous avons fait, disons, une découverte intéressante.

-Ha? Qu'est-ce que c'est, c'est pour ça que vous vous entrainiez?

-Effectivement, tu te souvient que je t'ai dit que Tran n'était pas mage?

-Oui, oui, mais... hé mais ouais! A l'instant vous faisiez de la magie. J'ai pas rêvé, alors vous être bien un mage finalement, hein! Je me disait bien que vous en saviez beaucoup sur la magie pour "juste" un érudit.

-Hm.. en quelque sorte oui. Bon, désolé de t'avoir fait perdre du temps Dénèm. Audart, merci mille fois.

-Quand tu veux. Tout ça m'intéresse beaucoup, on en reparlera. Tu va faire quoi maintenant?

-Surement un tour par la bibliothèque. Je doit encore comprendre comment se fait-il que je puisse utiliser la magie. Et probablement chercher quelques infos de plus sur la magie du feu.

-Hé! Demandez un 'livre blanc' à Kristie, elle en à reçu quelques uns il y à peu. Dites lui que c'est moi qui vous ai donné l'info.

-Merci Dénèm, bon à plus tard vous deux."

Sur quoi Tran quitta la pièce. Il se sentais animé d'une énergie nouvelle par la réapparition de ses pouvoirs, même s'il devait reconnaitre que sa petite séance d'entrainement avec Audart l'avais fatigué, les flux qui le parcouraient avaient perdu en intensité. Lui qui avait cru qu'il finirait ses jours poursuivant ses travaux en tant qu'érudit, sa vie allais connaitre un tournant inattendu, et il comptais bien choisir dans quelle direction il irait cette fois.

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Travail d'érudit

Tran se rendit à la bibliothèque de la tour, en chemin il réfléchissait. Il n'avais aucune idée de la raison pour laquelle il pouvait se servir de sa magie, aussi il se demanda plutôt ce qu'il allais en faire. Sa première pensée alla à Enthis et Adraëna, les jumeaux elfiques dont il avait faillit provoquer la mort à cause de son arrogance, depuis l'accident la culpabilité ne l'avais jamais lâché. Tran considérais cela comme sa punition, bien sur il avait poursuivit sa vie et mis de côté son sentiment, sachant parfaitement qu'à la toute fin ce serait son unique regret. Mais maintenant? Pourquoi pas? Il ne pouvais pas se défaire de l'idée qu'il tenais sa chance, sa seule chance de partir à leur recherche.

Il n'eut pas à y réfléchir longtemps, malgré tout ce qui pouvait s'offrir à lui, ici à Kendra Kâr, il savais qu'au fond de lui sa décision avait été prise à l'instant où il avais réalisé que la magie coulais à nouveau en lui.
C'était donc décidé, il partirais les trouver. Ses réflexions l’amenèrent à se demander ce qui se passerais si jamais il les revoyais. Certes le temps avais passé, mais qu'est-ce que quarante ans dans une vie d'elfe? Ils devaient surement lui garder une rancœur tenace. Bah qu'importe, advienne que pourra. Tran savais qu'il ferait tout ce qu'il faudra pour se faire pardonner, quel qu'en soit le prix.

Tout à ses pensées il entra dans la bibliothèque. Il s'y trouvais plusieurs personnes assises sur les tables placées entre les étagères emplies de livres, étudiant un ouvrage ou prenant des notes. Kristie, la bibliothécaire, se trouvait dans les rayons, une série de rouleaux dans les bras.

"Bonjour Kristie, bonne journée?

-Ha, bonjour maitre Tran. Sur quoi se portent vos recherches aujourd'hui?

-Et bien, je m'intéresse aux effets magiques qui peuvent priver un mage de ses pouvoirs, et tant que j'y suis je cherche également des descriptifs de sorts du feu.

-Hm.. Pour ce qui est de la magie du feu il n'y à aucun problème, j'en ai pléthore pour les mages qui s'entrainent, mais pour l'autre sujet. Ma foi, c'est quelque chose de très précis, je ne suis pas certaine de pouvoir vous aider cette fois. Désolée.

-Ce n'est rien, je doute de toute façon pouvoir trouver mes réponses dans des écrits. J'y pense, Dénèm m'a dit que vous aviez obtenu des 'livres blanc', est-ce vrai?"

Kristie recevait régulièrement des livre reliés vides, dans lesquels mages et érudits pouvaient noter leurs découvertes. Mais les 'livres blancs' étaient réservés aux mages car, par leur fabrication particulière, ces ouvrages dégageraient une certaine puissance en fonction de ce que l'on y écrivait. C'était des objets onéreux à ne pas confier à n'importe qui.

"Dénèm ferais bien de tenir sa langue de temps en temps. Mais oui j'en ai reçu plusieurs hier. Mais je ne comprend pas pourquoi il voudrait vous encourager à en utiliser un. Non pas que je doute de vos connaissances en ce qui concerne la magie, vous pourriez créer un grimoire intéressant, mais quel utilité? Vous n'êtes pas mage, pourquoi vouloir un 'livre blanc'?

-En vérité Kristie, je suis mage. En fait je l'ai été il à bien longtemps, mais aujourd'hui seulement je vais à nouveau faire usage de magie, j'ai prit conscience qu'il était temps pour moi à mettre un point à certains évènements passés.

Il avait gardé sous silence son passé de mage pendant longtemps, mais aujourd'hui s'il voulait parvenir à son but il lui faudrait accepter de révéler au moins une partie de la vérité.

-Vraiment? Je n'en savait rien, mais quelle magie pratiquez vous?

Elle avait fini de ranger les rouleaux et tous deux se dirigeaient vers le petit comptoir où Kristie se trouvais habituellement.

-Le feu.

-Haa, d'où votre seconde requête. D'accord, attendez ça doit être juste à côté. (Elle va chercher deux livres dans une étagère adjacente) Voila, ces deux écrits détaillent divers sorts et applications de la magie du feu, ils sont très détaillés, je les recommandes souvent."

Une fois derrière le comptoir elle ouvre une armoire au moyen d'une petite clé, l'armoire contient une rangée de livres blancs dans un compartiment tapissé de cuir souple pour protéger les ouvrages de la poussière et de l'humidité. Elle en prend un et le tend à Tran.

"Il ne reste qu'à vous prononcer officiellement propriétaire du livre.

Un jeune mage attablé non loin entendis Kristie et donna un coup de coude à son voisin en lui montrant le livre blanc que tenais Tran. Ayant déjà vu la scène se jouer quelque fois, Tran connaissait les paroles:

-Moi, Tran Maëles, me déclare maitre et auteur de cet ouvrage. Les mots qui l'emplirons serons l'expression de mon savoir."

A ces paroles, le livre s'éleva de quelques centimètres au dessus de sa main, luit faiblement et s'ouvrit de lui-même à la première page. Puis dans un bruissement, parcourus toutes les pages, encore vide, de la première à la dernière avant de se refermer avec un petit *pof*. La lumière qui en émanais se fit plus vive un bref instant et lorsqu'elle s'estompa, la couverture blanche du livre avait prit une teinte rouge ocre, le nom "Tran Maëles" était visible en petites lettres dorées au bas de cette nouvelle couverture.

"Je ne me lasse pas de voir ça à chaque fois qu'un livre blanc trouve propriétaire. Bon tenez (Elle lui donne une plume, une mine de graphite épaisse et un encrier fermé d'un bouchon de liège.) Et promettez moi que lorsque vous aurez fait de ce livre un grimoire digne de ce nom vous me le rapporterez, il trouvera une place de choix ici.

-Je n'y manquerait pas, merci pour tout Kristie.

-De rien, et si vous voyez Dénèm dites lui..

-Ho ho ho, que non, vous devriez lui parler vous-même plutôt que de l'éviter à chaque fois qu'il vient ici. Donnez lui sa chance à ce gamin.

Au moins la moitié de la tour savait que Dénèm en pinçait pour la jolie bibliothécaire, et Kristie devais faire preuve d'imagination pour prétendre être occupée lorsqu'il venait à la bibliothèque. Elle avait viré au rouge pivoine dès que Tran avait parlé du jeune mage.

-Lui donner sa.. à que non, il est.. enfin je ne suis pas..

Les deux jeunes installés non loin pouffèrent, s'attirant un regard foudroyant de Kristie. Tran ne pu s'empêcher de rire sous cape en allant s'installer. Il était temps que ces deux là arrêtent de tourner autours du pot.

Une fois assis à une table, Tran ouvrit l'un des manuel de magie qui lui avait été confié et commença une longue étude. Parcourant le livre d'un œil expert, il relevait toute information, toute description, toute annotation intéressante sur la magie du feu et l'ajoutais à son propre ouvrage.
Le temps passa, concentré sur sa tâche Tran ne regarda pas les heures passer. Il alla chercher de lui-même d'autres écrits relatant de la magie des flammes dans les rayons pour étoffer son propre recueil de sorts.

...

Quand enfin il eu finit de réunir autant de descriptions et d'informations sur chaque sort et chaque effet qu'il eu pu trouver, il avait empli un bon quart du livre blanc que lui avait donné Kristie. Ces informations étaient la base sur laquelle il allais lui même développer ses propres pouvoirs et compiler ses propres découvertes.

La nuit était tombée et Tran se sentais épuisé. Il rangea les livres empruntés dans les rayons, emporta son grimoire et le matériel d'écriture.
Il suivit les couloirs et remonta d'un étage pour arriver à la chambre qu'il lui servait également de lieu d'étude lorsqu'il en avait besoin. En entrant il s'arrêta un moment à la fenêtre et en ouvrit en grand le volet, profitant de la vue légèrement surélevée qu'il avait d'ici, il observa Kendra Kâr endormie, seulement éclairée ici et là d'une torche où d'une lampe à huile. Il songeait au jumeaux elfes, comment allais-il s'y prendre pour les retrouver?..

Alors qu'il s’apprêtait à refermer le volet, une chauve-souris se posa sur le rebord, visiblement nullement gênée par la présence de Tran. Il la fit fuir de la main pour pouvoir refermer le volet. Il alla dormir, la journée de demain serait sans doute plus chargée encore que celle d'aujourd'hui. Si tout se déroulais comme il le prévoyait il pourrait quitter Kendra Kâr d'ici quelques jours.

Peut-être.. si Tran avais été un peu moins fatigué, s'il n'avais pas été occupé à songer à son départ. Peut-être alors l'aurait-il vu? La légère ombre qui s’échappait de la chauve-souris qui s'était posée au rebord de sa fenêtre...

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Des salles particulières

Tran s'éveilla tard ce matin là, le soleil était déjà levé depuis longtemps et sa lumière formais de petits rais par les interstices du bois du volet. Après s'être préparé pour la journée à venir il ouvrit en grand ce volet, autant pour admirer la journée radieuse qui s'annonçait que pour aérer la pièce. Il parti en le laissant ouvert.

Hier il avait pensé à s'entrainer à nouveau avec Audart ou Dénèm si le jeune mage se montrait intéressé, mais une nouvelle idée lui était venue. Un moyen beaucoup plus simple et rapide de savoir s'il était prêt à entamer un nouveau voyage.

Audart ne se trouvait pas dans sa salle d'étude, aussi Tran descendis dans la salle d'entrainement qu'il avait utilisé la veille. Il le trouva, s'entrainant avec Dénèm, et, à sa grande surprise, ils avaient adaptés leur petit entrainement d'hier pour l'apprenti.
Dénèm déplaçait devant lui une réplique de petite taille d'un mur de glace, il lui avait donné la forme d'un écu et, le faisant flotter en l'air devant lui, s'en servait pour parer les pics de glace qu'Audart projetais vers lui.

Il les interpela:

"Bonjour vous deux, déjà en plein entrainement à ce que je voit.

-Ha bonjour Tran, Dénèm à passé la journée d'hier à me supplier de refaire l'exercice qu'il nous à vu faire.

-'Supplier' c'est un peu fort, mais j'ai rarement vu d'entrainement aussi amusant que celui-là. Maitre Tran, vous vous joignez à nous?

-Non pas aujourd'hui Dénèm, je compte utiliser l'une des salles d'affrontements réels aujourd'hui, mais il me faut l'autorisation officielle d'un professeur pour ça. Audart, ça ne te dérange pas d'y faire un détour?

-Pas du tout, et de plus, Dénèm, il me semble que tu n'a jamais vu ces salles là n'est-ce pas? Ce serait une bonne occasion. Mais dit-moi Tran, tu est sur que tu est prêt à t'en servir? Je sais que tu à été un mage combattant mais après tant de temps? Tu n'a recouvré qu'une partie de tes forces hier, tu risque d'être blessé si tu te montre imprudent.

-Rassure toi, je n'ai pas l'intention d'abuser de l'endroit, il me faut juste une cible qui se défende un minimum et que je puisse attaquer sans risquer de blesser quelqu'un. Allons-y, Dénèm tu suit?

-Et comment! J'ai entendu parler des salles d'affrontements mais elle sont interdites aux apprentis."

Sur quoi il quittèrent la salle d'entrainement pour se rendre aux fameuses salles d'affrontements réels. Elle se trouvaient trois étages plus haut.
Ces salles étaient une fierté pour la tour, leur fabrication complexe et les enchantements qui y avaient été placés permettaient à ceux qui désiraient peaufiner leur talents de mages de combat d'êtres placés dans une situation de combat réelle. Par 'situation réelle' on entendais l'affrontement avec un golem d'entrainement, des golems de divers éléments, tailles et puissances pouvaient y être invoqués mais gare: on avaient plus d'une fois sorti un mage blessé de la salle pour s'être montré trop sur de lui.

Il arrivèrent dans une salle en demi-cercle, l'escalier en colimaçon se trouvait au centre du mur droit tandis que face à eux se trouvaient trois grandes portes cerclées de fer auquel on avait donné une couleur dorée, chacune avait sur sa gauche une seconde porte plus petite. A droite et à gauche de la salle se trouvaient de petites commodes et un banc.
Lorsqu'ils entrèrent, un visage brumeux immatériel apparu, flotta dans leur direction et s'adressa à eux d'une voix féminine:

"Maitre Audart, Maitre Tran, jeune maitre Dénèm, heureuse de vous voir aux salles d'affrontements réels. Que puis-je pour vous?

-Waah! Mais c'est quoi ça? Comment elle connait mon nom?

-Ha ha ha ha! Dénèm je te présente Filiss, c'est l'entité responsable des trois salles d'affrontements.

-Mon rôle est de contrôler l'accès aux salles et de mener à bien les invocations permettant de fournir aux mages désirant s'entrainer un adversaire sous forme de golem répondant précisément aux besoins exprimés. J'ai également la charge de l'entretient de A5 et A6.

-Incroyable, je ne savait pas qu'il y avait quelque chose comme ça dans la tour. Hé attendez, elle à dit 'A5 et A6', de quoi parle-t-elle?

-Les deux automates qui gardent la tour, ils ont été fabriqués sur la base de golems de fer sait-tu?

(Dénèm laisse échapper un sifflement d'admiration)
-Je passe devant tout les matin et je pensait qu'ils n'avaient même pas de noms. Une petite minute.. elle à dit cinq et six! Ça veut dire qu'il y en à eu d'autre avant eux?

-Va savoir.."

Tran était resté volontairement mystérieux en disant cela car en vérité lui-même n'en savait absolument rien.

"Qui désire utiliser la salle d'affrontements? Est-ce vous maitre Audart?

-Non Filiss, c'est Tran qui en à besoin.

-Maitre Tran? Mais mes informations ne stipulent pas que vous soyez.. ho, je détecte la présence de fluides magiques en vous. Toutes mes excuses, quel adversaire désirez vous?

-Prépare un golem mineur de glace. Ça sera amplement suffisant.

-Bien je vous prépare la première salle. Maitre Audart, jeune maitre Dénèm, si vous le désirez je peut vous ouvrir la salle d'observation.

-Génial, on va pouvoir voir le combat en plus. J'te suit Filiss! Maitre Audart vous venez?

-Un instant, (Il se tourne vers Tran) Fait attention quand même, j'ai l'impression qu'il est un peu tôt pour que tu te batte. Tient d'ailleurs.. (Il va ouvrir la commode à sa gauche, elle contient quelques fioles d'un liquide rouge sombre. Ce sont des potions de soins prévues pour le cas où un mage se blesse lors de l'affrontement. Audart en prend une et la tend à Tran) Si jamais tu te blesse avale ça.

-Tu t'inquiète trop, ça va bien se passer.

-Hmm.. si tu le dit."

Sur quoi il va rejoindre Dénèm en passant par la petite porte à côté de l'entrée de la première salle d'affrontement. La porte à double battant menant à la salle d'affrontement s'ouvrit sans le moindre bruit de grincement.
Tran pénétra dans une pièce entièrement vide en forme d'hémicycle sans aucune autre ouverture que la porte.
Les pierres taillées qui formaient sol, murs et plafond de la pièce portaient des traces identiques à celle que l'on trouvaient dans les salles d'entrainements, surtout au sol.

La voix d'Audart se fit entendre dans la pièce, comme venue de nulle part.

"Tran, on est dans la salle d'observation, t'est prêt?

-Oui. Filiss, ferme la porte.

-Bien."

La porte se referme sans bruit.. puis disparait littéralement, remplacée par un mur aussi nu que les autres de la pièce. Ainsi la porte est protégée de tout dommages.
De l'autre côté de la pièce, face à Tran, un cercle lumineux formé d'inscriptions apparait au sol. Une brume blanche s'en élève et tournoie lentement en forme de colonne.
Puis petit à petit, partant du bas pour remonter le long de la colonne apparait le golem qui sera son adversaire.

Taillé dans plusieurs blocs de glace pure, le golem à 'grosso-modo' la forme d'un humain. De taille égale à Tran, sa tête n'est qu'un bloc de glace, en forme de cube au arrêtes arrondies, sans visage. Ses mains et ses pieds on la forme de cloches pleines tandis que son torse parait exagérément large par rapport à sa taille réduite en pointe, tenant par magie, droite au dessus du bassin.

(Il est temps de voir ce que je peux réellement faire)

Comme la veille, Tran se concentre et laisse échapper par ses mains le flot de son pouvoir. Ayant à nouveau les mains au cœur de hautes flammes, il les lève ouvertes devant lui, l'une légèrement plus avancée que l'autre.

(Résonnant dans la pièce)
"Invocation terminée, procédez au combat."

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Un adversaire de 'taille'