IV.11 Remords nocturnesLe lendemain Jorus alla travailler pour la première fois de sa vie. Oui être marin sur la perle brune était aussi un travail, mais pour la première fois il allait avoir un travail et un salaire régulier. Sauf que bien entendu il n’avait que quelques jours pour tuer son premier patron. Etais-ce une façon à la vie de lui faire comprendre qu’il ne mènera jamais une vie comme les autres ?
La première matinée se passa bien. Sous couvert de se renseigner sur sa cible, il s’intéressait également aux savoir-faire du forgeron qui ne manquait ni de compétences, ni de patience. Agiend devait recevoir une commande de métaux et en attendant, il fit à Jorus diverses tâches allant de la refonte du métal à la science de la température pour chauffer suffisamment le fer pour le modeler. En début d’après-midi, Jorus aiguisa nombres d’outils sous l’œil bienveillant du forgeron, un savoir-faire qui serait utile pour entretenir ses propres armes. C’est à ce moment-là que Bième, le prêtre de la veille, vint à eux entamant la discussion.
"Bonjour Agiend comment vas-tu, encore une dure journée ? A ce que je vois au moins tu ne sembles plus être seul !" Commença le prêtre en désignant d’un geste simple Jorus.
"Ha prêt’e Bième b’jour ! C’t encore une dure j’rnée oui, mais j’suis p’us seul j’ai un p’tio d’puis c’matin. Jorus !" Appela le forgeron.
"Prêtre Bième." Fit timidement le jeune homme. "Comment allez-vous ?"
"Et bien c’est une belle journée ! Chaude, mais belle. En vérité j’espérai te voir Jorus, bien que je ne m’attendais pas te trouver ici. J’ai repensé à notre conversation d’hier et si tu le permets je souhaiterai t’aider autant que possible pour que tu n’ais à souffrir d’actes irréparables pour ton âme."Le prêtre était la bienveillance et la douceur même. Il devait être habitué à parler aux gens car la sincérité qui émanait de lui telle une aura de bonté atteignit Jorus. Il ne pouvait pas tuer le forgeron. Non seulement cet homme ne méritait pas une telle atrocité, mais Ysolde s’en voudrait certainement d’être la raison de sa mort. La nuit dernière une idée avait germé dans son esprit, mais si la supercherie était découverte alors il aurait tout perdu, ne sachant même pas où sa faéra pouvait se trouver. Il emmena le prêtre dans l’arrière boutique sous le regard suspect du forgeron. Il s’assit sur une chaise, pris son courage à deux mains ainsi qu’une grande respiration.
"Voilà. Une amie qui m’est très chère a été enlevée." Commença Jorus
"Mais c’est terrible ! Qui a osé faire cela ?" Fit le prêtre dont la stupéfaction lui faisait monter le ton malgré lui.
"J’allais y venir prêtre Bième. S’il vous plaît, c’est assez dur pour moi car je risque sa vie en vous dévoilant mes raisons." Répondit Jorus en voulant tempérer l’émotion du prêtre.
Le prêtre hocha de la tête pour exprimer sa compréhension et s’assit calmement à son tour.
"Nous avons été capturé. Elle a été mise en cage tandis que moi j’ai été libéré pour accomplir un forfait." La tension fut plus forte que le jeune homme et il tenta de la chasser en marchant.
"Je dois tuer quelqu’un sinon elle mourra et bien entendu un homme rôde dans les parages et observe mes faits et geste."
"Je comprends." Soupira Bième.
"Il est vrai que dans cette situation, je ne puis guère t’apporter mon aide.""Tout ça parce que je suis faible !" Rugit Jorus qui d’un coup de pied envoya valser son propre sac dans la pièce et vida une partie de son contenu.
Le prêtre laissa Jorus se calmer et calmement alla ramasser le sac et rassembla les affaires du jeune homme.
"De l’alchimie ? J’ignorai que tu la pratiquais !" Déclara Bième en regardant le livre alchimique.
"C’est une discipline qui demande rigueur et concentration. En te voyant dans cette forge je ne me doutais pas que tu connaisses l’art des potions."
"Je ne connais que les bases en réalité. Vous-même connaissez l’alchimie ?" Demanda Jorus intrigué.
"Ho cela remonte à loin, mais oui. Il y a des années je fabriquais de nombreuses potions complexes quand je parcourais le monde. Malheureusement mon travail ici m’empêche de rassembler suffisamment d’herbes variées à cause de la sécheresse de la région. Désormais je ne puis qu’aider les morts pour leur ultime voyage." Répondit simplement le prêtre en souriant.
Jorus regarda le prêtre avec un regard neuf. Cet homme avait voyagé bien plus que lui. Il avait accumulé savoir et compétences au fil des ans et de son calme impassible pouvait être son salut ainsi que celui d’Ysolde. Le jeune homme pris le livre et après avoir fait défiler les pages, montra une potion particulière.
"Sauriez-vous faire ceci ?"Le prêtre prit l’ouvrage et examina le procéder de fabrication attentivement. Ses yeux allèrent des éléments de bases jusqu’à la finalité de la potion, en passant par les divers tâches et manipulations requises.
"Je crois comprendre où tu veux en venir Jorus et c’est une alternative à ton problème à laquelle je peux et je veux t’aider. Non seulement il m’est possible de la fabriquer, mais elle peut être réalisée cet après-midi même." Déclara le prêtre en croisant le regard du jeune homme.
"En revanche tu comprends qu’il me faudra connaître notre victime."
Pour simple réponse, Jorus tourna son regard en direction du choc du fer entre le marteau et l’enclume la mine triste.
"Ha bien entendu. Dans ce cas je te conseille de ne rien dire. Agiend a beau être ce qu’il est, il n’acceptera pas de se sacrifier pour une inconnue." Il posa sa main sur l’épaule de Jorus et repris.
"Je dois y aller, j’ai beaucoup de travail à faire pour mener à bien ce projet."
Le prêtre quitta la forge avec le recueil alchimique.
IV.13 C'est en forgeant qu'on devient meurtrier