>Combat contre l'Orque<Les compagnons baissèrent les bras, vaincus par la fatigue de l'après-combat. Lorsque la rage de vaincre s'estompe, la lassitude la remplace toujours.
"Beau combat !" Leur lança le Mage en s'avançant.
Le Guérisseur se relevait péniblement.
"Oron, pauvre idiot !" Siffla Karkaras furieux.
"Pourquoi diable n'es-tu pas resté en arrière pour nous laisser faire ce que tu n'es même pas capable d'accomplir en rêve ?!""Ferme-la, Shaakt. Admire plutôt la puissance de Gaïa la bonne !"Il se mit à rapidement réciter des prières... La plupart des blessures de Calber se refermèrent. Il fit de même pour le Voleur qui put enfin se relever, laissant une mare de sang sur le sol.
"Et Karkaras ?" Gronda Calber.
"Je ne suis tout de même pas capable de guérir tout Imiftil !" S'exclama Oron.
"D'ailleurs, puisque lu bâtard plane tellement au-dessus de nous, il n'a qu'à se guérir lui-même plutôt que de nous salir les oreilles de ses reproches !"Karkaras fut tenter d'user de sa magie, mais il se ravisa. Sa sagesse lui dictait de contenir sa rage, lui signalait que le Guérisseur pouvait être encore nécessaire. Pour changer d'attitude, il se retourna vers Curtis, remettant à plus tard sa vengeance.
"Fouille tout cela pendant que Calber fait le guet", ordonna-t-il fermement.
"Notre arrivée ne doit plus être un secret pour personne, nous avons maintenant tout notre temps..."Il se dirigea ensuite vers la porte pour assister Calber. Le long couloir était calme, totalement vide. Il resta ainsi un moment, essayant désespérément de calmer le feu intérieur qui brûlait en lui. c'est alors qu'il entendit des cris de colère dans la chambre de l'Orque. Il s'y précipita. Oron tenait le Voleur par la pogne et le secouait comme un prunier.
"maraud !" Gronda-t-il.
"Je m'en vais ta faire payer tes méfaits au bout d'une corde ! Combien nous as-tu déjà chapardé ?""Mais Oron", répondit le pauvre Hobbit,
"Je n'ai rien volé ! Si j'ai mis ces quelques pierres dans ma poches, c'était pour qu'elles ne me gênent point dans la suite de mes recherches ! D'ailleurs, tu vois bien en me secouant comme une besace vide que je n'ai rien d'autre !""Il suffit !" Rugit Karkaras.
"Passe-moi le Hobbit.""Venge-nous !" Intima Calber de la porte tandis qu'Oron s'exécutait.
Karkaras empoigna le Voleur, le gifla violemment par deux fois et le reposa au sol.
"Cela ne se passera pas ainsi !" S'indigna Oron en s'avançant vers Curtis, masse d'armes à la main.
"Ce voleur mérite une punition exemplaire et je vais la lui donner, si le bâtard n'en est pas capable."Karkaras s'interposa, campé sur ses deux jambes, prêt à combattre.
"Veux-tu abattre Curtis après l'avoir guéri ? Veux-tu te passer ainsi de Voleur pour la suite de notre expédition ? Veux-tu ruiner nos chances de ressortir victorieux en tuant sous l'effet de la colère notre seule chance de salut ? tu veux peut-être le remplacer dans son travail parce que tu es incapable de faire le tien ? Cesse donc de raisonner avec ton heaume, utilise ta tête !"Sous le flot de paroles, Oron s'était arrêté. Il observait bouche bée le Fanatique. Sa voix était sourde et menaçante, elle l'avait cinglé de ses intonation violentes, amadoué par ses accents doucereux ou mielleux, inquiété quand elle s'était fait nasillarde. Cette voix contenait quelque chose d'inhumain qui l'avait captivé. Karkaras semblait capable de jouer avec ses sentiments les plus profonds, sans jamais en perdre le contrôle.
"On se retrouvera..." Murmura le Guérisseur décontenancé.
"Mais j'y compte bien !" répliqua Karkaras avant de laisser échapper un rire aussi puissant que méprisant.
Villion le Mage comprit à cet instant le sort qui leur était destiné, le sort de tous ceux qui s'étaient moqués de ses conseils, de ses avertissements, qui l'avaient insulté ou méprisé. Il se détourna de Karkaras et chercha un sort dans sa mémoire. Mais il n'avait pas assez approfondit ses études et déjà consommé une grande partit de ses fluides. Il poussa un juron qui ne fut relevé par personne et observa la tension qui régnait au sein du groupe. Une tension presque tangible.
"Nous n'en avons pas encore fini avec les coquin qui habitent ces lieux", coupa le Demi-Shaakt qui prenait définitivement la direction des opérations.
Ils se dirigèrent comme un seul homme vers la dernière porte du couloir. Le Voleur fit une fois de plus tourner ses outils dans la serrure, de nouveau avec succès, et poussa la lourde porte.
Ils pénétrèrent dans une vaste chambre, vide de tout occupant. La pièce était richement meublée et une odeur de tabac s'en dégageait, encore chaude...
"Cherche un passage caché", ordonna Karkaras au Hobbit.
Curtis palpa les murs dégagés de tout meuble par Calber. Les autre restaient sur leurs gardes, prêts à accueillir une attaque surprise. Curtis mit un bon moment avant de découvrir quelque chose. c'était une pierre qui sonnait creux. Il appuya fermement dessus et un pan de mur coulissa silencieusement, dévoilant une petite pièce qu'occupait un homme de belle allure à l'air cruel. Il tenait une rapière.
Calber poussa brusquement Curtis de côté et engagea le combat, sûr de la victoire. Il porta un coup de taille, un coup d'estoc, mais aucun des deux n'atteignit son but. Le chef des brigands évitait facilement ses coups, déviait sa lourde épée comme si le Guerrier la maniait au ralenti. Oron entra dans la bataille sans plus de succès. Inquiet, Karkaras se prépara à user de magie.
Le Chef des Voleurs n'était pas un débutant. S'il était capable de riposter longuement avec vigueur, il savait pertinemment que, tôt ou tard, il se fatiguerait face à plusieurs adversaires. il jugeait également que s'il tentait de frapper à son tour, il exposerait dangereusement son flanc au second adversaire. Concluant son analyse de la situation, il para un autre coup et sauta en arrière.
"Écoutez-moi un instant !" Lança-t-il avec un fort accent des bas-fonds de Tulorim.
"Vous qui semblez être de nobles mercenaires, vous n'allez tout de même pas vous mettre à plusieurs pour combattre un simple brigand ! Ne trouveriez-vous pas plus juste de me laisser une chance de défendre ma vie ?"Oron cessa immédiatement le combat et recula lui aussi d'un pas.
"Propose donc, nous ne sommes point des assassins !"Calber, maintenant seul, préféra sagement l'imiter.
"J'ai de grandes richesses, mais elles sont dissimulés. sans moi, vous ne pourrez jamais vous les approprier...""Nous n'avons que faire de tes richesses", répliqua le Guérisseur.
"Nous venons vilains que tu occis sur la grande route.""Pas si vite", coupa Caber.
"Moi, les richesses m'intéressent. si nous te laissons partir, nous indiqueras-tu leur emplacement ?" demanda-t-il au coupeur de bourses.
"Vous avez ma paroles !""on ne peut pas lui faire confiance !" Intervint Karkaras.
"C'est un Voleur, un fourbe.""c'est vrai. Mais on ne peut le tuer comme un chien !" S'indigna Oron.
"Calber, entame un combat singulier avec lui. Si tu venais à faiblir, je te remplacerais..."Calber haussa les épaules sous sa lourde armure et reprit le combat, ne tenant aucun compte des avertissements du Fanatique. Il était sûr d'obtenir la victoire final et, fort de son intervention, obtiendrait sûrement une plus grande part du butin. Quant aux fameuses richesses cachées, Curtis les trouverait bien, dût-il arracher pierre après pierre...
Mais le chef des brigands avait profité de l'interlude pour se reposer. Il maniait son épée avec une vigueur nouvelle, et toujours d'une rapidité déconcertante. Néanmoins, Calber, entraîné au duel depuis son plus jeune âge, parvint à le toucher deux fois pour une seul blessure encaissée. mais quelque passes d'armes plus tard, il était contraint de reculer. Oron le remplaça immédiatement. Le combat reprit donc sous les regards désabusés de Karkaras et de Curtis. Le Mage, lui, était complètement déconcerté par l'inutilité de telles règles d'honneur.
Le maraud semblait prendre de l'assurance. Bien que blessé, il se sentait de nouveau capable de l'emporter. Oron avait l'avantage de la force et de son armure de métal, mais lui avait nettement plus d'expérience et sa vitesse l'avantageait, surtout dans un endroit clos. Oron le toucha également mais, frappé en plusieurs points, il dut se replier à son tour. Une fois à l'abri, sous les yeux éberlués de se compagnons, il guérit ses blessures. Nul n'osa relever, mais tous les regards se portèrent sur Karkaras, que le Guérisseur s'était dit incapable de guérir. Celui-ci ne semblait pas affecté mais le Mage repéra à nouveau la flamme meurtrière qui brillait dans ses yeux bicolores...
Quant à l'ennemi, il affichait un sourire carnassier, ébahi par la stupidité de ses adversaires qui, au lieu de le défaire sous le nombre, préféraient jouer leur vie un par un.
"À toi, Shaakt ! Montre-nous ce que tu peux faire contre ce chien !" Lança Oron, l'air narquois.
"N'es-tu pas capable de prolonger cette passe ?" Rétorqua le Demi-Elfe en empoignant son arme.
"Tu en es tout aussi capable !"Le sourire du maître Voleur s'était figé. Il ne connaissait rien des Shaakt, sinon les légendes inquiétantes habituelles qui les concernaient. Il se mit en garde, adressant une prière muette au dieu des Voleur.
Karkaras hésita à lancer un sortilège pour enfin terminer cette fâcheuse affaire. Mais Oron risquait de prétexter son manque d'esprit chevaleresque pour s'attaquer à lui et trouver l'appui de Villion et de Calber. Il ne devait pas se démunir de ses forces magique qu'il avait jusque-là judicieusement conservé.
Le brigand était sérieusement blessé, mais sans doute moins que chacun des compagnons. Karkaras s'avança vers lui, jetant un rapide coup d'œil à Curtis. Face à l'ennemi, il se campa fermement sur ses jambes, prêt à recevoir l'assaut.
Le brigand ne tint pas compte du danger que pouvait représenter le jeune Hobbit à l'air terrorisé. Le Shaakt, dont il ne connaissait pas les aptitudes au combat, était sans doute le plus dangereux. Il fondit sur sa proie qui levait déjà un bouclier de bois pour se protéger.
Son premier coup échoua sur cette maigre protection. Il s'acharna dessus, certain qu'elle finirait par se briser.
"Attention !"En plein milieu de son action, il entendit la mise en garde du Guérisseur. Mais il n'eut pas le temps de se retourner, frappé dans le dos par le Hobbit. Le coup avait été parfait, la redoutable lame avait frôlé ses organes vitaux. Mortellement blessé, il abandonna sa première proie visiblement peu dangereuse pour repousser le lâche attaquant et se caler dos à un mur. Il avait eu tort de croire que ses ennemis seraient assez stupides pour attaquer un par un jusqu'au bout...
Mais le Hobbit était déjà à quelques pas. Il se maudit de n'être pas resté tranquillement dans sa cache, protégé par les murs. Un sourire victorieux illumina le visage du petit être aux cheveux noirs. Le maitre Voleur comprit qu'il n'aurait pas le temps de regagner ce havre de paix.
La lame d'une Vorpale fendit son crâne.
Son corps fit un bruit sourd en touchant le sol. Puis ce fut le silence, un silence chargé de reproche...
"Crois-tu que nous en ayons fini avec eux ?" Questionna Villion d'un ton hésitant, sans lâcher le fanatique du regard.
"Karkaras", coupa Oron,
"nous voulions un combat loyal !""J'ai risqué ma vie pour cela !" Ajouta rageusement Calber en s'avançant vers le Fanatique, épée au poing.
Oron, le sourire aux lèvres, imita Calber. Il allait enfin pouvoir se venger du bâtard, il allait enfin pouvoir punir le Shaakt d'être sorti de son souterrain ! Karkaras recula lentement, apparemment pris au dépourvu.
"Je vais te faire payer ta lâcheté !" Rugit Calber en se mettant en garde.
"Soit maudit !" Hurla presque Oron.
"Que Gaïa te punisse et que Phaïtos t'interdise le royaume des morts ! Je te condamne à errer à tout jamais parmi les ombres sans trouver la paix!""N'oubliez pas le Hobbit ! Son fidèle allié qui exerça son art à nos dépens !" Renchérit le Mage soudain courageux.
Villion jouait le tout pour le tout. C'était le moment d'en finir avec le bâtard, d'autant plus qu'il pensait, sans doute avec raison, que le Semi-Elfe ne les aurait pas laissés partir en vis. Dés le lendemain, il aurait la force de lancer un sortilège puissant qui lui permettrait d'anéantir ce tas d'idiots et de conserver l'ensemble du trésor. Le voleur en moins, il aurait moins d'ennemis...
Mais c'était compter sans la méfiance du Fanatique, qui avait jusque là conservé l'ensemble de ses capacités magiques. Il invoqua deux Ombre vampirique qu'il dirigea vers le visages de ses deux assaillants immédiats. Elles eurent pour effet de troublé leur vision et de les tétaniser lorsque leur vitalité leur était ôter. Leurs cris de rage couvrirent le bruit d'un corps qui s'effondrait, une dague plantée dans le dos. Le Mage avait quitté le monde des vivants. Il n'eut même pas le temps de se rendre compte qu'il avait enjoint à ses alliés d'un instant de ne pas omettre Curtis dans la tuerie, et que c'était lui qui avait commis cette erreur, erreur fatal... Le sourire du Hobbit en disait long sur ses sentiments envers le vil mage.
Karkaras profita de l'occasion que ses ombres lui apportaient pour attaquer. Sa première attaque ouvrit la gorge du guerrier. La seconde ouvrit le ventre du Guérisseur.
"Pitié" Gémit Oron.
"Rappelle-toi, ma part s'élève à deux pour dix du butin, plus la part des morts... Tu voulais la mort de quelqu'un, je t'exauce." Ce disant il taillada le Guérisseur de sa Vorpale, insistant un moment tant il se méfiait des ruses d'Oron.