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 Sujet du message: La forêt de la vallée
MessagePosté: Jeu 30 Oct 2008 22:29 
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La forêt de la vallée


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Cette grande forêt dans les montagnes est le domaine des elfes verts. Elle dissimule selon les rumeurs l'entrée d'une cité Elfe: Hidirain, mais rares sont les voyageurs qui y sont parvenus.

Nombreux sont les égarés dans cette forêt sauvage sans sentier ni repère. Nombreux sont aussi certainement les morts, tués par les flèches silencieuses des gardiens de ce domaine.

Cependant, certains voyageurs ont pu traverser cette forêt étrange perdue dans les contreforts pour atteindre les montagnes altières, frontières de la cité d'Hidirain.

Si vous passez par ici pour aller à Hidirain, le topic suivant est les "portes" de la cité

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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Mer 17 Juin 2009 14:40 
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(((hrp/ mon personnage arrive à la forêt par un chemin peu habituel et n'est pas en provenance d'une ville... Aussi, ce message a probablement plus sa place sur un topic du type route, mais comme il n'est n'existait pas d'adapté... n'hésitez pas à le déplacer s'il le faut ! La suite se passera dans la forêt, d'abord à son orée, puis dans ses profondeurs puis si tout va bien à l'entrée de la ville. Ce hrp sera supprimé après un éventuel déplacement /hrp)))


*** Le départ ***


L'heure était venue. Il avait atteint l'âge et les connaissances requises pour se lancer, seul, dans sa quête initiatique. Il devait partir découvrir le monde, apprendre des autres et partager avec eux quelques brides de la sagesse ancestrale des siens. Sa quête de la sagesse se ferait en solitaire, loin des siens …

Il commença à regrouper quelques affaires, juste le minimum. Il ne s'agissait pas de partir avec toutes les richesses de sa meute, mais juste avec le nécessaire à sa survie. Il pourrait toujours revenir chez les siens s'il était dans le besoin, mais il ne devait rien emmener de sa tribu. Il devait ne compter que sur lui dans son errance.

Les jours précédents son départ furent consacrés à son repos et à la méditation dans le désert blanc des montagnes. Il fit ses adieux puis parti une matinée. C'était une journée ensoleillée d'automne. Il avait en effet préféré ne pas rejoindre la forêt puis la ville elfique pendant la saison chaude. Cette dernière est souvent pour les siens plus éprouvante que les grands froids, surtout aux altitudes plus basses...

« L'heure est venue, ce beau temps en plein automne est un présage de la Mère » murmura-t-il dans leur langue gracieuse. Le temps était idéal, il ne pouvait espérer mieux.
Sa marche jusqu'à la forêt de la vallée elfique ne devait prendre que quelques jours. Mais, même si la montagne est le quotidien de son peuple, la route n'était pas moins périlleuse, et les ravins abrupts et dangereux. Il ne devait pas se presser, mais prendre son temps. Après tout, son épais pelage le protégerait mieux du froid que les petits nains où les maigres elfes.


Le premier jour se déroula avec peu d'encombres. Sa marche commençant tout juste, il était en pleine forme. Lorsque le soleil fut au zénith, il s'arrêta près d'un petit ruisseau d'eau glaciale. Il y bu abondamment, l'hydratation étant primordiale pour une longue marche. Il dévora quelques brindille longeant le ruisseau ainsi que quelques épines et branches de buissons d'épineux qu'il avait croisé sur sa route.
En fin d'après midi il arrivait aux abords des premiers sapins. La végétation était de moins en moins clairsemée, et si ce n'était pas encore l'orée de la forêt les arbres n'était plus espacés que de quelques mètres. Il préféra s'arrêter ici, où il serait plus à son aise pour dormir. Il arracha quelques branches de sapin, qu'il choisit avec soin. Il ne devait pas mettre en péril la survie d'arbre sain, Mère ne l'aurait pas pardonné. Il choisit aussi de vieux arbres qui devaient mourir pour laisser place à de plus jeunes pousse et quelques arbres dans la force de l'âge auxquels les plus basses branches étaient inutile. Il les étala à l'abri d'un pain, en constituant en paillasse, puis alla récolter de quoi manger et chercha à boire.

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Ynis, guérisseur Fujonien - Que la Mère veille sur vous.


Dernière édition par Ynis le Jeu 18 Juin 2009 18:10, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Jeu 18 Juin 2009 15:23 
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(((hrp/ Les renards des montagnes sont inspirés des renards tibétains. De 4 à 5kg adulte, ils sont dotés d'une épaisse fourrure lui permettant de survivre par -40°c. La rage que j'utilise ici est inspirée par la "vraie" : le son bitonal des cris d'animaux malade, la contagion par morsure d'animaux malade. Toutefois pour plus de commidité, je conviens que le loup est suffisement résistant pour le pas être contaminer en mordant les renards malade s'il n'ingère que très peu de sang, car il est alors capable d'éliminer seul le virus. En dehors du sang, le virus est peu résistant, et meur vite./hrp)))

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Son ouïe de Liykor lui permit de percevoir le ruissellement d'un torrent. Il se dirigea vers le son qu'il percevait, pour apercevoir une minuscule cascade, de tout au plus un mètre, et une petite retenue d'eau en haut.
Un spectacle étrange l'y attendait : un loup solitaire, probablement un jeune mâle, était attaqué par 4 renards des neiges !




*** Tu préservera le schéma de Mère et te défendra lorsque nécessaire. ***


« Quelle aberration ! Cela est à l'encontre de l'équilibre de Mère ! » murmura le pur. « De tels petits prédateurs ne s'attaquent pas un gros qu'eux et ne vivent pas en groupe ! » Ce spectacle vous révulse. Les renard des neiges sont des animaux des montagnes enneigées vivant en couple, et ne viennent pas en général à l'orée des forêts de sapins. Chasseurs rusés mais de petite taille, ils attaquent plutôt les animaux faibles ou âgés, participant ainsi à l'équilibre naturel créé par Mère. Et là … Ils allaient à l'encontre même du Schéma. Cela ne pouvait être.

Vous qui respectez tant ces animaux pour la place qu'ils jouent dans le grand Schéma et qui vénérez tant la vie, vous ne sachiez que faire. Pour le moment, ils ne vous ont pas remarqué, le vent étant de face et leur grognements et leurs jappements bitonal ayant couvert le bruit de vos pas.
( Si je n'agit pas, le Schéma ne sera pas respecter. Mais ces animaux semble inhabituellement agressif, et je ne sais si je pourrai les faire fuir sans avoir à les blesser mortellement et ôter ainsi une vie crée par Mère...Et ne pas les tuer permettrai au mal de se répandre.)


Un renard allait répondre pour vous … Votre odorat vous alerta soudain qu'ils n'étaient pas que quatre. Un cinquième vous avait contourné et se tenait derrière vous. Il grognait, prêt à vous attaquer, malgré qu'il n'ait aucune chance. Aussitôt, vous vous retournez, le renard fléchit ses pattes arrières, se préparant à bondir sur vous. Vous avez tout juste le temps d'apercevoir que l'animal salive beaucoup avant qu'il ne s'élance et que vous ne deviez vous défendre.(La rage … je ne dois pas le laisser me mordre … Cela explique leur agressivité et le son étrange de leur cri.) Vous bondissez sur la gauche, pour éviter ses dents en rugissant. Dans le même geste, vous tentez d'assener à la bête un puissant coup ascendant de votre membre droit, toutes griffes dehors. L'animal ce laisse surprendre par votre réaction, abruti par la rage, et ne réagit pas à votre attaque. Vos griffes s'enfonçant sans rencontrer de résistance entre ses fines cotes, vous lui infligez une profonde entaille. Déstabilisé en plein saut, le sang coulant sur son flan, il peine à atterrir sans chuter et à retrouver l'équilibre. Mais déjà votre seconde patte s'abat sur son échine. Les vertèbres du petit animal cède sous le coup, en macabre bruit de craquement. Le renard s'effondre dans un long râle.

Mais le temps presse, vous l'achevez en lui marchant littéralement dessus, le broyant sous votre poids. Le sang gicle de ses blessures sur la neige au sol. Puis vous tournez votre regard vers ses quatre autres comparses, que vous avez entendu commencer à combattre le loup.
(Des animaux en rage sont en dehors du Schéma. Il me faut les abattre, tout comme le loup aussi s'il venait à être blessé.)
Heureusement, ce n'est pas le cas. Celui bien se défend vaillamment. Il a profité des cours instants où les regards des renards se détournaient vers vous pour en mordre un à la gorge et le secouer violemment, lui brisant la nuque. Déjà il s'est tourné vers les 3 autres prédateurs. Ceux-ci ne tardent pas à réagir, et ils sont en train de lui sauter dessus lorsque votre regard se tourne vers la scène.
Bien qu'il soit jeune, le loup à du sentir la maladie, et évite désespérément leur coup, se lançant dans des bonds incessants sautant précipitamment au bas de la chute au risque de perdre son équilibre. Il se reçoit de justesse et déjà les renards ont eu le temps de descendre.

Vous n'êtes par resté inactif pendant ce temps là. Vous avez traversé le torrent d'un bond , atterrissant sur l'un des renards, ce qui vous vaut de perdre quelques instants votre équilibre et de vaciller. Les renards n'ont pas le temps de profiter de cette perte momentanée d'équilibre, trop occupés par le loup. Celui-ci profite de la perte de la supériorité numérique des renards pour passer à l'offensive. Il griffe au visage un des renards avec de larges moulinets brassant l'air. Les os de son crâne frêle craquent et la bête vacille avant de chuter inerte au sol, sombrant lentement vers l'au-delà. Vous achevez à deux le dernier, lui assénant un coup de patte sur le postérieur et lui un coup de griffe au membre antérieur droit avant.


***

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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Dim 13 Sep 2009 18:40 
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Jacaranda peinait.

Il ne lui était pas venu à l’esprit que voyager impliquait un déplacement sur une longue distance. Et que lui, lors de ses épreuves, s’était contenté de trouver un lieu désert, pas trop loin de sa famille, et d’y rester le temps nécessaire. Lutter contre un étroit enchevêtrement de plantes diverses et variées n’avait jamais fait partie de ses activités, pas plus que la randonnée, d’ailleurs. Par conséquent, il n’était absolument pas préparé à ce genre d’expédition.

(J’suis pas préparé à grand-chose, en fait.)

Il soupira, écarta une branche qui persistait à lui barrer la route et continua d’avancer. Route était un bien grand mot… Ce qui s’y apparentait le plus était probablement le tracé laissé par un animal sauvage dans l’herbe ployée.

(Par contre, j’suis bien, bien perdu, là.)

Il grommela. Pour une fois qu’il agissait sur un coup de tête… Il se plantait complètement. Pourquoi être parti ainsi, hein ? Que n’avait-il tout soigneusement orchestré, peaufiné, pour ne laisser aucune place à l’imprévu et à son cortège de désagréables déconvenues ? Comment se faisait-il qu’il n’ait pas pris ne serait-ce que quelques heures de réflexion pour peser le pour et le contre de ce que cette expédition représentait, ses tenants, ses aboutissants ? En quel honneur ne pas avoir passé au crible les risques qu’un tel engagement représentait ? Pourquoi… La réponse était pourtant simple.
Il leva la tête, cherchant à s’orienter avec les étoiles. Mais les frondaisons étaient tellement denses qu’elles laissaient uniquement filtrer la douce lumière tamisée de la lune, baignant les alentours d’un irréel rayonnement argenté. La forêt ne semblait plus végétale, à cet instant, mais bien plutôt issue de quelque sortilège l’ayant figée dans un métal précieux. Seul le chuchotis discret du vent dans les ramures, faisant légèrement frissonner les plus petites pousses, tendait à dissiper cette fantaisie de l’imagination.

(C’est bien joli, tout ça. Mais pas très utile.)

Effectivement. Il se retourna, considéra le chemin qu’il avait déjà parcouru. D’après ses traces, il avait avancé de façon relativement rectiligne jusqu’ici. Donc, en toute logique, s’il continuait sur sa lancée, il finirait bien par atteindre l’orée de cette immensité verte… Du moins, fallait-il l’espérer. Il se maudit de ne jamais avoir eu la curiosité de chercher à atteindre les limites du territoire qui l’avait vu naître. Il aurait pu économiser un temps précieux, maintenant. Mais bon, on ne refait pas le passé… Et il était grand temps d’aller de l’avant. De prendre une décision. Il brandit son bâton, écouta avec délice le doux crépitement qu’il produisit, et, une fois qu’il se tut, s’en servit pour s’ouvrir une voie dans les taillis touffus. Maintenant qu’il en était arrivé là, de toute façon… Autant aller jusqu’au bout, aussi pénible et aventureuse soit sa progression !
Depuis combien de temps était-il parti, déjà ? Il avait le sentiment d’avoir effectué un périple exténuant et interminable… Pourtant, à y bien réfléchir, ce ne faisait qu’une petite poignée d’heures qu’il s’était arraché au ronronnement paisible et rassurant que constituait son quotidien. Il se remit en marche, accompagné et comme entouré du murmure léger de son bâton de pluie, mettant précautionneusement un pied devant l’autre ; et, chemin faisant, il revit, comme les bribes d’un rêve, ce qui l’avait poussé hors de sa placidité habituelle.

Ce jour-là, Argynnis était venue lui faire écouter sa dernière composition. C’était une de leurs habitudes… Elle jouait merveilleusement bien de plusieurs instruments, et possédait un don certain pour l’écriture… Bien que sa voix n’ait pas été au niveau de son génie créatif. C’est pourquoi elle lui donnait ses textes, pour qu’il visualise leur musicalité, pendant qu’elle usait de ses talents mélodiques. A peine effleura-t-elle les cordes que la forêt se tut, comme absorbée par les vibrations que ce petit bout de femme produisait. Elle avait fermé les yeux, transportée, laissant ses doigts courir, comme animés d’une vie propre, sur sa lyre artistement sculptée. Et lui percevait les notes comme étroitement entrelacées aux mots qu’il lisait, en une évidente harmonie. Il se sentait frissonner jusqu’à la moindre de ses feuilles, ressentait jusqu’à la moindre variation aux tréfonds de son être. C’était bien simple : il pouvait même éprouver les sourdes pulsations du rythme de l’aubade de son amie. Encore que… Ce rythme soit étrangement discordant. Et ait fait fuir les oiseaux à tire-d’aile.

« Euh… Argy ? »
« Chut. J’ai pas fini le premier mouvement. »
« « Ouais mais… »
« Chut j’ai dit. »

Ton péremptoire, sourcils froncés. Quand elle était comme ça, il était impossible de ne serait-ce que penser à la raisonner. Cependant, l’Oudio était conscient que quelque chose n’allait pas. Ces fameuses pulsations n’étaient pas en lui. Et elles avaient dicté aux animaux, ces esclaves de l’instinct, de s’éloigner de la source de ce bruit. Danger. Ces battements étaient mêlés à d’indistincts murmures étouffés. Qui se rapprochaient.

« « Argynnis ! »
« Mais quoi, à la fin !? »
Elle était digne d’être immortalisée, quand son fin visage, aux yeux jade plissés en un regard dur, était contracté en cette expression furieuse, et cette courte chevelure dorée ébouriffée …
« Alors ? »
« « Ecoute. »
Elle inclina la tête sur sa délicate épaule dénudée, tendant son oreille ciselée pour mieux identifier la sourde rumeur. Et un pli soucieux barra son front d’albâtre.
« Ils n’oseraient pas… »
« Qui, ‘ils’ ? Et ils n’oseraient pas quoi ? »
« Ne bouge pas et attends-moi. »

Elle se leva, gracieuse, et disparut en un claquement de sa longue robe. Jacaranda, docile, resta à sa place, prêt à patienter le temps qu’il faudrait. Jusqu’à ce que des éclats de voix lui parviennent. La voix rocailleuse de son amie semblait éclater en mille morceaux sous l’influence de la colère et de la peur conjuguées. Elle lui avait dit d’attendre… Mais si elle était en danger ? Et si…
Un cri déchirant lui vrilla les oreilles. Il laissa là ses réflexions et se précipita en direction du hurlement. Et le spectacle qui s’offrit à lui était pour le moins… Surprenant, de son point de vue.
L’elfe était prostrée à terre, entourée de plusieurs humains. C’était la première fois qu’il en voyait de si près. Et, apparemment, c’était aussi la première fois qu’ils voyaient quelqu’un comme lui !
« Qu’est-ce qui se passe ? »
Ils en laissèrent tomber leurs haches.
« Bah quoi ? »
Le cercle qu’ils formaient se disloqua. L’Oudio fit un pas en avant. Deux d’entre eux s’enfuirent. Il se figea instantanément, et lança un regard interloqué à Argynnis. Laquelle s’était manifestement reprise. Elle se redressa, et, à voir son expression, elle semblait peu encline à donner des explications. Elle leva les mains et, en réponse, surgirent du sol des stalagmites, juste devant les quelques hommes restants.
« Hors… De… Ma… FORET ! »
Elle glissa la main sous ses vêtements et en sortit un attirail de dagues de tailles différentes, qu’elle déploya en éventail.
« Des volontaires ? »
Elle s’adressait au vide. Tous avaient décampé. Elle semblait tout à coup si fragile, si tremblante… Tellement démunie… Elle fit quelques pas, chancelante. Jacaranda se précipita vers elle et la prit délicatement dans ses bras, tout contre lui. La chaleur de sa peau… Ce grand mystère…
« Ca va ? »
« Je t’avais dit de pas bouger… »
« Eh, mais tu saignes ! »
Il lui saisit le poignet et la fit tourner. Elle avait une longue éraflure le long de l’épaule, blessure bien différente de tout ce qu’il avait vu. Normalement, c’étaient les ronces, les arêtes pointues des rochers qui perçaient la trop fine peau de la jeune femme. Il passa légèrement le doigt sur l’entaille. Elle se dégagea avec un petit cri de douleur.
« Mais comment… ? »
« Parce que ces gens ne se contentent pas de bois mort. Et qu’ils sont bornés. Et que je dois protéger la forêt. Alors je les gênais ! »
Le doute envahit l’Homme-Arbre. Protéger, c’était un bien… Alors pourquoi, comment se faisait-il qu’elle ait à souffrir ?
« C’est toujours comme ça », lui dit-elle avec un léger sourire. « Protéger est un combat. Quand les mots n’ont plus aucun pouvoir… Il faut savoir donner de sa personne, avoir mal pour maintenir le bien. »
« Mais… On ne peut pas… Juste… Je sais pas, moi… Un combat, c’est forcément violent ? »
« Peut-être pas… » Elle se blottit contre lui. « Mais c’est la seule manière que je connais de défendre ce en quoi je crois. »
Ses yeux à lui se posèrent sur sa fragile personne, à elle. Un rempart, cette fragile brindille ? Bien que sa magie soit puissante… Elle ne tiendrait pas longtemps. Certainement pas. Une feuille s’était posée sur son estafilade, engluée par le sang. D’une pichenette maladroite, il tenta de la faire s’envoler, sans succès ; alors il souffla doucement sur la fane. Elle décolla et… Il sembla à Jacaranda que l’éraflure avait diminué. Non, il en était sûr, même.
« Bon… Je vais y aller… Je récupère mes instruments et je retourne à la maison, faire soigner ça. Tu m’accompagnes ? »
« Hmm-hmm. »

Bras dessus-bras dessous, ils rebroussèrent chemin. Elle ramassa ses affaires et, avec désinvolture, lui adressa un signe de la main en guise d’au-revoir. Comme si rien ne s’était passé. Comme si cette journée avait été pareille à toutes les autres. Il n’y avait jamais réfléchi avant, mais… Il était possible que chaque jour, elle ait à se battre. A se mettre en danger. Et lui, il restait tranquillement planté là, à attendre qu’elle fasse tout le travail… Mais à quoi aurait-il bien pu servir ? A part à la gêner… Il n’avait aucune compétence valable…

Avec acuité lui revint l’image de l’égratignure. Après qu’il a soufflé dessus, elle lui avait semblé diminuer… Et, quand Argynnis était partie, elle n’était plus que simple ecchymose sous une couche de sang coagulé. Une plaie ne pouvait guérir d’elle-même en un si court laps de temps. C’était tout bonnement impossible. Même les Anciens, pour peu que l’on parvienne à les blesser, ne recouvraient pas la santé avec tant de célérité. Alors… Se pouvait-il que… ? Si jamais il avait le moindre pouvoir curatif, il se devait de le travailler. De l’amplifier. Et si ce n’était pas le cas, il lui semblait impératif d’acquérir des connaissances utiles. Il fallait qu’il excelle en soins. Il ne savait pas se battre, et se considérait comme trop gauche pour pouvoir y arriver un jour. Mais pouvoir soutenir ceux qui montaient au créneau… Ça, c’était dans ses cordes.

Se remémorant ce qu’il ressortait des conversations qu’il avait pu avoir au sujet des civilisations, Jacaranda se vêtit au minimum, un sarouel ocre issu des mains de son amie, et, pour conserver un lien avec ses racines, se munit d’un immense bâton de pluie qu’il avait fabriqué, sculpté, enjolivé bien des années auparavant. Il eut un dernier regard, dernier regret pour son endroit favori.
(Je ne disparais pas. C’est aussi pour toi que je le fais. On se retrouvera.)
Ainsi équipé, il commença à se frayer un chemin au-travers de l’épaisse futaie. Il avait besoin d’apprentissage. Seule une ville pourrait le lui offrir. Et il était déterminé à en atteindre une le plus rapidement possible.

(Bon, ‘rapidement’, ça reste relatif.)

Au moins, il n’était pas dérangé par les insectes. Il ne connaissait rien de plus irritant que ces bourdonnements perpétuels, qui étaient presque impossible à faire cesser. Ses mains étaient bien trop grandes et bien trop creusées pour pouvoir caresser l’espoir d’écraser un de ces agaçants gêneurs vrombissants.

(Alors pourquoi s’énerver à propos de ces bestioles, alors qu’elles ne sont même pas là ?)

Parce que penser l’aidait. Revivre cette journée, se perdre en divagations stupides, tout n’était que leurre destiné à le couper de la réalité, et surtout de la perception du temps. Il en avait assez, assez de déambuler comme une âme en peine, parce qu’il avait soudainement décidé de s’ériger en protecteur alors qu’il n’avait pas la moindre foutue idée de l’étendue de la tâche qui l’attendait, non, allez, quoi, soyons honnêtes, en fait, c’était tout sauf de l’altruisme, hein, avouons-le, c’était plutôt pour échapper à…

Il stoppa net.

Comme la forêt.

>> Les 'Portes' de la Cité.

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Jacaranda ~ Oudio ~ Guérisseur


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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Mar 12 Juin 2012 16:24 
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Les deux compagnons marchaient maintenant dans la forêt depuis plusieurs heures. Ils avaient suivit un sentier pendant deux à trois kilomètres avant qu’il s’efface pour laisser place à la nature. Wyn et Linius marchait maintenant parmi les fougères et les herbes hautes. Leur petite taille n’était pas à leur avantage, ils avançaient péniblement sous les grands arbres encore assez écarté pour laisser la lumière filtrer jusqu’au sol. La forêt s’ouvrit sur une petite clairière, plusieurs grosses souches témoignaient une découpe récente.

« C’est bizarre » intervint Wyn « Je ne pensais pas que c’était dans l’habitude des elfes d’abattre leur forêt. »

« Moi non plus. Nous devrions en profiter pour faire une pause. » Dit Linius debout sur une des souches tout content de ne plus avoir à se frayer un chemin dans la végétation.

Après avoir repris leurs forces, ils traversèrent la clairière en direction du nord. La forêt repris immédiatement ses droits et la marche redevint tout de suite difficile. Linius était devant et se frayait un chemin parmi les fougères à l’aide de son épée. Petit à petit la végétation se réduisit leur laissant plusieurs voix libre. Les arbres étaient beaucoup plus haut que plus au sud et seulement quelques rayons de soleils arrivaient à se frayer un chemin jusqu’à eux.

Leurs jambes devenaient lourdes en cette fin de journée. Ils prirent la décision de s’arrêter pour la nuit et installèrent un petit bivouac entre deux énormes racines d’un arbre surement millénaire. Quelques branches et des fougères posées sur les racines firent office de toit pour la nuit. Ils sortirent quelques provisions qu’ils mangèrent froide. Wyn allumas ensuite sa pipe qu’il partagea avec le lutin. Quelques minutes plus tard, ils dormaient tous les deux épuisé par leur longue journée de marche.

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Moërwyn / Archer


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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Mer 1 Aoû 2012 21:47 
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Mes pas résonnent sur les feuilles vertes tapissant le sol de la grande forêt et leur craquement vient se mêler aux bruissements du vent doux dans les feuillages des arbres et au chant mélodieux des oiseaux et des grillons. Pas à pas, je suis le sentier sinueux qui me guide, dans les profondeurs sombres et mystérieuses de la forêt de la vallée. Je lève la tête vers le ciel et voit les rayons d'un soleil torride de fin d'après-midi filtrer entre les branches des arbres. Je hâte légèrement le pas, bien que je sois déjà fatigué après une heure de marche. Le sentier entame une légère montée, qui s'accentue, s'accentue, jusqu'à devenir une côte insupportable pour mes jambes qui ne demandent qu'à faire halte. Cependant, je ne m'arrête pas, ne fléchit même pas, ne ralentis pas. Je continue à avancer et enfin, après une longue et ardue montée, j'arrive au faîte de ma route, une colline, surplombant la forêt de la vallée tout entière. Deux arbres, aux branches entremêlées, mais aux troncs assez espacés pour permettre d'apprécier le panorama tout en se reposant sur une pierre placée entre les deux, forment un point de vue naturel magnifique, semblant avoir été créé uniquement dans le but de vanter la magnificence écrasante de ce lieu de beauté et de magie.
Depuis tout petit déjà, j'avais coutume de venir ici au terme d'une journée écrasante, pour me reposer, tout en profitant du magnifique spectacle du soleil couchant. Je viens ici le plus souvent possible, car cet endroit est le seul ou un des rares seuls, où je me sente bien, libéré de toute entrave, où le fardeau de la vie semble quitter mes épaules, me laissant libre comme l'air. Et aujourd'hui, le crépuscule qui se déroule sous mes yeux est l'un des plus beaux que j'aie jamais vu. Le ciel se pare de touches d'or, de rouge, d'orange, tandis que le disque solaire, majestueux, descend sur les arbres et disparaît lentement. Les couleurs dans le ciel s'assombrissent lentement et passent du rouge au noir, l'or devient encre et l'orangé de la voute céleste se métamorphose en ténèbres. Les premières étoiles pointent leurs extrémités argentées et les rares nuages de cette chaude journée, dérivent lentement vers d'autres horizons. Lorsque le ciel est tout à fait noir, laissé aux soins de la lune argentée et des étoiles, alors seulement, je me lève et entame la descente.

"Splendide n'est-ce pas ?"

Je me retourne vivement et découvre un elfe vert, un Taurion, assis derrière moi, que je n'avais pas vu. C'est un ami, il vient souvent ici tout comme moi et je le connais du fait de nos nombreuses conversations le soir, telle que celle qu'il vient d'engager.

"Oui, les dieux se sont surpassés. Puissent-ils nous offrir un spectacle tel que celui-ci encore et encore jusqu'à la fin des temps."
Lui dis-je en réponse.
"Tu as entièrement raison, je..." Mais sa phrase est interrompue par un cri hargneux à quelques mètres de là :

"PARTEZ ! ! ! ! MAIS PARTEZ OÙ JE VAIS VOUS FAIRE TÂTER DE MA HACHE ! ! !"

Nous nous regardons d'un regard alarmé et nous dirigeons d'un accord tacite vers l'endroit d'où provient le cri. En arrivant, nous découvrons un nain, je dirais dans la force de l'âge, à sa manière plutôt vive de protester, avec une longue barbe rousse et un casque métallique. Il est vêtu d'une côte de maille et porte des bottes de marche visiblement un peu trop grandes pour lui, étant donné qu'il manque de les perdre à chaque mouvement. Il est entouré de dix hommes habillés de capes noires, aux intentions apparemment malveillantes. Ils sont armées d'épées, d'arcs et de coutelas et l'encerclent, l'acculant à un rocher. Le Taurion et moi nous regardons, l'espace d'un instant, pensant à la même chose et soudain, n'écoutant que notre courage, nous surgissons du buisson derrière lequel nous étions tapis, armés, lui d'un cimeterre à deux mains et moi d'une épée courte et nous jetons sur les assaillants. L'effet de surprise est en notre faveur et nous arrivons à en mettre une bonne partie hors d'état de nuire, mais ils sont bien trop nombreux et même avec l'aide du nain, nous sommes défaits. Après un combat acharnés, nous nous retrouvons tous trois à terre, dont l'elfe avec une blessure à la tête saignant abondamment. J'aimerais pouvoir faire quelque chose, mais déjà, les hommes vêtus de noir, réduits au nombre de trois nous emportent le nain et moi, laissant mon ami inconscient dans l'herbe, devenue rouge sang. Avant que l'un des hommes ne m'assomme pour m'immobiliser, j'ai le temps de l'apercevoir, piteux baignant dans son propre sang, j'ai le temps de haïr ces hommes qui l'ont probablement condamné, j'ai le temps, de regretter.


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Force et courage soient avec vous, mais qu'ils ne dépassent pas votre pensée et votre esprit.
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Alyster Lysenloire, Guérisseur, niveau 2


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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Mer 31 Juil 2013 15:41 
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(((HRP: le début de mon histoire ne se passe pas directement dans la forêt entourant Hidirain, mais plutôt dans le petit village au cœur des montagnes ou mon personnage a grandi. Mais comme la majorité de mon texte se passe ensuite dans la forêt, je me permets de tout mettre ici.)))

Dans la chaleur matinale de ce début de journée, un jeune semi-elfe traverse un petit village encore endormi dans les montagnes d'Hidirain. Le pas leste, le visage volontaire, Il a l'air plongé dans ses pensées.

(Au coucher du soleil, cela fera précisément 40 jours que Jonweld s'est lancé dans sa quête mystérieuse. À son départ, j'ai tout de suite compris que quelque chose n'allait pas: Normalement il ne serait jamais parti seul. Mais c'est lui le maître et je ne suis que l'élève, comment aurais-je pu le forcer à rester, ou à me confier le but de son voyage ? Au final, je n'ai réussi à lui soustraire que sa destination: Pohélis.)

Les paroles de son mentor, alors qu'il s'enfonçait dans la forêt résonnaient sans cesse dans sa tête

"Ne t'inquiète pas Sild, je serai de retour dans dix jours au maximum".

(en contradiction avec mon instinct, je suis resté pour continuer mon entraînement, au lieu de le suivre coûte que coûte. Les dix jours se sont transformés en vingt, puis en trente. Aujourd'hui, je sais qu'il ne reviendra pas. C'est donc à moi qu'il incombe de partir à sa recherche. Je ne peux espérer recevoir un appui des elfes de ce village, qui me considèrent comme un étranger, un "presque humain", le seul choix qui s'offre à moi est donc de partir sur les routes sans attendre. Faire une halte à Hidirain, pour acheter de l'équipement et organiser la suite de mon voyage me paraît la meilleure option. Je m'y suis déjà rendu en compagnie de Jon, il y a 2 ans. Je me souviens à peu près du chemin).

Et c'est ainsi que le jeune semi-elfe avait pris la route. La première partie du voyage s'était avérée facile car il connaissait parfaitement les montagnes entourant son village, mais peu à peu la zone rocailleuse avait laissé place à une épaisse forêt. Aucun sentier, ou repère ne permettait de s'y retrouver, mais Sild n'était pas rodeur pour rien. Il connaissait mille moyens de s'y orienter. De plus, lors de son précédent passage avec son mentor, il avait machinalement enregistré certains repères: un rocher en forme de chevreuil, un ruisseau ou encore la caverne ou ils avaient passé la nuit. Ces repères étaient pour lui autant de panneaux indicateurs lui montrant le chemin.

Arrivé à la fameuse caverne en milieu de journée, il se mit en quête de quelque chose à manger.

(Quel idiot je suis de n'avoir pas songé à emporter des rations de voyage)

Heureusement ses connaissances des milieux forestiers lui permirent de trouver des baies et racines comestibles. Il repéra également un terrier de lièvre à double entrée occupé. Aussi discret qu'un serpent, il posa un piège fabriqué avec des branches à une extrémité du terrier, et entreprit de faire du bruit et de jeter des cailloux de l'autre côté. Le résultat ne se fit pas attendre et un beau lièvre fut capturé. Le jeune semi-elfe le tua en lui brisant la nuque, et le mit à cuir, après avoir fait du feu avec des silex trouvés dans la caverne.

Sild commençait son repas, quand soudain il se figea. Il venait d'apercevoir un mouvement anormal dans les fourrés, juste en face de lui. C'est alors qu'il vit les deux gros yeux jaunes qui l'observaient. Un immense loup se tenait à moins de 4 mètres, grognant et montrant les crocs. Sildarim évita tout geste brusque, mais dégaina doucement son épée. Le loup l'observa, toujours grognant, mais ne faisant pas mine d'avancer. C'est alors que le semi-elfe comprit que l'affrontement était peut-être évitable. Avec des gestes très lents, il découpa une part de lapin et la jeta au fauve qui l'observait. Celui-ci renifla la viande et l'engloutit d'un seul coup de ses puissantes mâchoires, puis regardant le semi-elfe une dernière fois, il fit demi-tour et repartit comme il était venu.

Satisfait de cette rencontre, Sildarim rassembla ses affaires et reprit sa route en direction de la ville. Il atteignit la cascade menant aux portes peu avant le coucher du soleil.

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MessagePosté: Mer 7 Aoû 2013 12:15 
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(((HRP: attention, ce post ne suit pas directement le post précédent!!!)))

Au vu de la position de la lune, Sildarim n'avait pas beaucoup de temps pour se rendre au rendez-vous. En chemin il réfléchissait à ce qu'il allait dire à Miradlis. Il faudrait qu'elle réponde à bien des questions. Que savait-elle exactement sur la mission et la disparition de Jon, pourquoi souhaitait-elle l'aider, et surtout, pourquoi ce changement de plan de dernière minute ? En arrivant en vue de la fameuse cascade, il aperçut immédiatement l'elfe qui l'attendait, droite et altière, les mains dans le dos en une posture souveraine et un peu arrogante. La lumière de la lune déployait un halo scintillant autour d'elle, tel un manteau de lumière l'enveloppant.

Le jeune semi-elfe sentit sa détermination vaciller à cette vue. Comme la majorité des elfes verts, elle était très légèrement vêtue. À cet instant, il ne la trouvait pas seulement jolie, elle était carrément féerique. Le pire c'est qu'il ne parvenait même pas à distinguer ses traits.

"Me voici, et je crois que tu as des réponses à me donner." Dit-il en approchant, tentant de reprendre un peu contenance.

Elle ne répondit pas, se contentant de le regarder approcher. Alors qu'il n'était plus qu'à quelques pas d'elle, son sixième sens se mit soudain à hurler, c'est alors qu'il vit: En réalité, la jeune elfe était bâillonnée et avait les mains attachée dans le dos. Détail que la pénombre lui avait caché. En un réflexe d'une vitesse surnaturelle, il se jeta au sol alors qu'un couteau de lancer ricochait sur la pierre derrière laquelle se trouvait sa tête une seconde plus tôt. Il se releva, dégainant son épée et se tourna vers la forêt, d'où deux créatures humanoïdes encagoulée venaient de surgir. Dans la nuit, il était difficile de bien les voir, mais Sild nota tout de même un certain nombre de détails: armures de cuir de bonne qualité, masques cachant la majorité du visage et épées courtes d'acier, il était certain qu'il avait à faire à des adversaires bien entraînés. Il se prépara au combat.

L'attaque fut brutale et soudaine, venant des deux cotés à la fois. Le jeune homme parvint à parer une des lames et à esquiver la deuxième, mais il n'eut aucune possibilité de riposte. Déséquilibré il recula de plusieurs pas. Sans lui laisser le temps de se repositionner, ses adversaires repassèrent à l'attaque. Cette fois, Sild ne put que bondir sur le côté et rouler en une esquive désespérée. Il sentit quand même une lame entailler sa cuisse: Heureusement, une blessure sans gravité. Il se relevait avec vivacité quand il reçut une nouvelle blessure à l'épaule gauche. Ses adversaires semblaient vouloir jouer avec lui. Durant un instant, Sild céda à la panique et songea à fuir, mais c'était abandonner Miradlis à une mort certaine, et puis il n'avait pas une chance de leur échapper. Il se repositionna, résigné et prêt à vendre chèrement sa vie. C'est alors que la voix de Jonweld résonna dans sa tête, ou plutôt le souvenir de son dernier enseignement avant qu'il ne disparaisse:

"Sild, ton entraînement touche à sa fin, mais il te reste une chose à apprendre. Quelque chose qui m'a été enseigné par mon maître et que je considère aujourd'hui comme son ultime leçon. Saches que la force physique n'est pas le meilleur outil d'un combattant. Son arme la plus puissante, c'est son esprit. Ton problème, c'est que tu te bats uniquement avec ta technique et ta force. Apprend à libérer ton esprit au combat, et en temps voulu, quand tu seras prêt, tu seras capable d'oublier toutes peurs et toutes sensations handicapantes. Les battements de ton cœur ralentiront et tu seras à cet instant intimement lié au monde qui t'entoure et à ton adversaire. Alors tes gestes s'accélèreront et se feront plus précis, tandis que ta force augmentera. Seuls les plus grands combattants sont capables d'atteindre cet état de plénitude, mais si tu y arrives, tu seras invincible"

Le lendemain, Jon était parti et cela avait été leur dernière leçon ensemble. il n'avait ensuite jamais eu l'occasion de tenter de mettre ceci en pratique, mais là, face à deux adversaires décidés à le tuer, il n'avait plus le choix. Il ferma les yeux une seconde, et libéra son esprit comme l'avait mentionné Jon.

Pendant ce temps, Miradlis luttait de toutes ses forces pour se libérer les mains, mais ses gestes étaient lents et faibles. Elle comprit qu'on l'avait droguée. Des larmes de colère et de frustration coulaient le long de ses joues. Sild poussa un cri de douleur en se tenant l'épaule, ou une petite zébrure rouge montrait qu'il avait reçu une deuxième blessure. Heureusement, les lamelles de fer de son plastron avaient dévié une partie de la puissance du coup.

(Il ne va jamais tenir, ils vont le massacrer, et ensuite, ce sera mon tour…) Pensa-elle.

Le semi-elfe reculait, parvenant à peine à contenir les assauts dirigés contre lui, quand soudain quelque chose se passa. Une seconde auparavant, son visage était crispé par l'effort, tendu et désespéré, puis soudain il devint l'image même de la sérénité. Elle remarqua également une modification dans sa posture et sa manière de bouger. La suite se déroula très rapidement: Alors que l'un des assassins amorçait une attaque de bas en haut sur le flanc droit de Sildarim, celui-ci se déplaça en un éclair de deux pas sur sa droite, ce qui le plaça au contact du tueur, dont la lame ne trouva que le vide. Toujours aussi rapide, le semi-elfe pivota sur lui-même, para une attaque du deuxième assassin tout en prolongeant son mouvement de rotation ce qui lui permit de porter un coup de coude d'une puissance phénoménale en plein milieu du visage de son premier adversaire, à qui il tournait maintenant le dos. Un craquement écœurant se produisit quand le nez de la crapule se brisa, tandis qu'une gerbe de sang giclait hors du masque. la menace dans son dos momentanément neutralisée, le semi-elfe se trouvait en position favorable pour lancer une série de coup en direction de l'adversaire qui lui faisait face. Il plaça une première attaque d'estoc, puis une frappe vicieuse sur la gauche, destinée à forcer sa cible à se déplacer sur sa droite. Dans la foulée, Sildarim, envoya un coup de pied arrière en plein visage du deuxième tueur qui commençait à reprendre ses esprits et se précipitait vers lui, l'épée pointée sur son dos. L'impact le projeta en arrière, directement sous la cascade. On entendit son cri de terreur quand il tomba dans la crevasse qui s'y cachait.

Sans même regarder en direction de l'endroit où avait disparu son ennemi, Sildarim continua son assaut. Malgré toute sa science du combat et sa technique, l'assassin restant semblait complètement dépassé par le déluge de coups qui pleuvaient sur lui. Le semi-elfe se déplaçait, attaquait et esquivait avec une vitesse et une précision phénoménale. Voyant son adversaire faiblir, il lança une attaque feintée sur la gauche, dont il modifia la trajectoire au dernier instant pour transperçer la défense de son opposant, laissant une balafre sanglante au niveau du bras droit de sa cible qui lâcha son épée. Le semi-elfe lutta contre lui-même durant une seconde, il mourrait d'envie de lui trancher la gorge, mais quelque chose l'en empêcha. Finalement, il mit son adversaire au sol d'un uppercut au menton.

Tandis que son adversaire se relevait, son épée à plusieurs mètres de lui, Sild attendait les bras croisés. Le tueur eut alors un geste étonnant. Il enleva son masque, libérant une cascade de cheveux noirs comme la nuit. Dans le clair de lune, le Rodeur vit un visage féminin humain qui aurait été agréable à regarder s'il n'avait pas été déformé par la haine. La femme cracha du sang par terre.

"Tu paieras pour cela, semi-elfe, je suis Maï. Retiens bien ce nom car je te jure que la dernière chose que tu verras de ce monde sera ma dague plantée dans ton cœur." Puis, avant que Sild n'ait le temps de faire un geste, elle lança un couteau qui s'enfonça dans le ventre de Miradlis.

Sildarim se précipita pour secourir la jeune elfe qui venait de s'écrouler.

Quand il se releva, portant la blessée dans ses bras, Maï avait prit la fuite. Il la ramena aux portes d'Hidirain et la confia aux gardes pour qu'on lui donne des soins en urgence, mais il savait que son état était critique.

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Dernière édition par sildarim le Mar 13 Aoû 2013 23:21, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Mar 13 Aoû 2013 14:16 
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((( HRP: attention, ce Post ne suit pas directement le précédent!)))

En retournant sur les lieux du combat, Sildarim nota immédiatement la disparition de l'épée de Maï. Il inspecta attentivement le sol, à l'endroit où il se tenait quand l'attaque avait débuté, mais obtint le même résultat au sujet du couteau qu'on lui avait lancé à ce moment.

(C'est ce que je craignais, tout a disparu).

Frustré, le jeune semi-elfe se gratta la tête en regardant autour de lui. C'est alors que ses yeux se posèrent sur la cascade cachant la crevasse.

"Et naturellement, c'est la seule option ! J'en ai marre… je n'ai aucune envie d'aller jouer les équilibristes là-dedans moi !!!!"

Il se dirigea néanmoins vers la cascade. le rodeur savait que le corps disloqué du deuxième tueur devait toujours s'y trouver, cela représentait donc sa meilleure chance de trouver un échantillon du poison utilisé contre Miradlis

(En espérant que les assassins utilisent tous les deux le même poison) Ce qui était probable, mais pas certain.

Passant la tête sous l'eau ruisselante, il vit un trou béant à moins d'un mètre de lui. La roche semblait cependant praticable pour un bon grimpeur.

(le problème, c'est la lumière.)

Sild, de par son sang elfique voyait mieux dans la nuit que la majorité des humains, mais dans l'obscurité totale de la grotte, il serait aussi aveugle que n'importe quel homme.

Il eut alors une idée. Après être retourné dans la forêt, il ramassa un morceau de bois mort dont il se fit une torche, puis la fixa solidement sur son sac à dos en orientant le bout enflammé vers l'arrière, perpendiculaire à son dos. Ainsi il ne risquait pas de se brûler, et la lueur ainsi produite serait parfaitement suffisante pour permettre à ses yeux elfiques de voir les prises de la roche. Le conduit faisant 3 mètres de large, il ne risquait pas de se retrouver bloqué à cause de son système. Passant son sac sur ses épaules, il en vérifia l'équilibre et sauta à plusieurs reprises pour s'assurer que la torche tenait en place. Ensuite il passa la cascade, l'alluma et commença la descente, lentement, pas après pas.

A mi-chemin, le rodeur se permit une pause dans un espèce de petit éperon rocheux permettant à une personne de se tenir courbé. Au moment où il se tournait pour se remettre face au mur dans l'intention de reprendre la descente, la torche au dos de son sac frappa violemment le coin de l'éperon, le déséquilibrant. Son pied dérapa et le jeune rodeur faillit chuter dans le vide. Heureusement de sa main gauche, il parvint à s'accrocher fermement à une anfractuosité de la pierre. Sa blessure à l'épaule le fit souffrir, mais il tint bon. Retrouvant son équilibre, il acheva la descente et inspecta l'endroit où il se trouvait. C'était une grotte d'environ trente mètres sur quarante. En son centre un petit lac souterrain s'était formé, l'eau qui s'écoulait le long de la paroi la plus proche de la cascade en était certainement à l'origine. Tout était calme. Malheureusement, nulle trace du second tueur.

(Cette fois je crois que Miradlis est fichue, c'était sa dernière chance !!!)

En désespoir de cause, le jeune semi-elfe traversa la grotte sans trouver trace de ce qu'il cherchait. Frustré et résigné à annoncer à la guérisseuse qu'il avait échoué, il voulut faire demi-tour pour retourner vers la paroi par laquelle il était venu.

Il faillit perdre l'équilibre. Son pied refusait de bouger, comme collé au sol. Quand il l'inspecta, il vit qu'il était englué dans une substance gluante qui semblait venir du lac ?!

C'est alors qu'il la vit, à 5 mètres de lui, une créature sortait lentement de l'eau pour se diriger vers lui. Elle était entièrement constituée de la matière qui bloquait son pied, moitié liquide, moitié solide, de couleur grisâtre et translucide, on voyait vaguement une forme à l'intérieur. Sild avait déjà entendu parler de ce genre de créature, une bête de gel. Il savait également comment la combattre. Sans paniquer, Il fouilla rapidement dans son sac et récupéra la bouteille de vin qu'il avait emportée de l'auberge. Ensuite il attendit patiemment que le monstre approche. Quand il ne fut plus qu'à quelques mètres de lui, il versa l'intégralité de la bouteille sur le sol juste devant la créature et y lança sa torche. Instantanément la flaque d'alcool prit feu, au moment où la bête arrivait dessus. Elle commença à gigoter dans tous les sens, cherchant à reculer.

Le pied du jeune semi-elfe fut libéré. Il savait qu'il n'avait cependant pas beaucoup de temps pour s'enfuir. La créature, faite d'éléments aqueux, ne craignait pas vraiment le feu. Elle était juste surprise par la chaleur et éblouie par les flammes. Le jeune elfe ramassa sa torche et allait se précipiter vers la muraille quand une idée lui vint. Et si la bête avait gobé le 2ème tueur ? Après tout, il avait distinctement vu une forme à l'intérieur du blob gélatineux. Le jeune elfe fit demi-tour pour voir que la créature avait repris sa progression vers lui. C'est alors que ses yeux se posèrent sur une grosse sphère de roche en équilibre sur le côté de la caverne.

"Mon ami gélatineux, tu vas voir que j'ai plusieurs cordes à mon arc"

Le semi-elfe courut, la créature sur ses talons. S'arque boutant contre le bloc, les deux pieds contre la paroi, il poussa aussi fort qu'il put. La pierre refusa d'abord de bouger, mais sous les efforts du rodeur, elle se mit finalement à rouler, droit sur la créature, qu'elle écrasa sans même s'arrêter. La bête se désagrégea en plusieurs parties qui tentèrent lentement de retourner vers le lac pour se régénérer. Sild ne leur en laissa pas l'occasion, tailladant tout ce qui passait à portée de son épée. La bête de gel ne fut bientôt plus qu'une flaque grisâtre et inoffensive.

Une fois le jeune homme certain de la mort de la créature, il se tourna vers la forme sombre qui gisait par terre. C'était bien le second tueur. Ses chairs étaient toutes boursouflées par les sucs de la créature. Heureusement la digestion n'avait pas vraiement commencé et l'équipement du cadavre était presque intact. Sild le fouilla consciencieusement, en prenant garde de s'envelopper les mains dans du tissu pour se protéger des substances acides. Il récupéra la dague du tueur, qui à la faible lueur de la torche, paraissait encore en parfait état, ainsi qu'une petite bourse contenant 41 yus.

"Ca y est, j'ai trouvé !!" jubila le jeune semi-elfe en retirant la boucle d'une deuxième ceinture, plus fine, dans laquelle 3 petits couteaux de lancé étaient rangés dans de leurs fourreaux. C'était les mêmes que ceux utilisés contre lui et Miradlis le soir précédent. Il en sortit un de sa protection et remarqua immédiatement le liquide sombre qui gouttait de la lame. Le fourreau était rempli de poison.

Satisfait, le semi-elfe rangea l'arme et entama la remontée vers la surface.

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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Ven 6 Sep 2013 16:36 
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Sildarim courait depuis bientôt une heure. La forêt entourant la ville elfe était terriblement dense, et aucun sentier ne rendait le cheminement plus aisé. Cependant, cela ne semblait absolument pas gêner l'agile rodeur qui surmontait les obstacles de cet environnement hostile avec facilité, bondissant au-dessus des pierres et des racines comme un Lynx. Même les ronces et les branches basses ne semblaient pas pouvoir le ralentir. Le semi-elfe appréciait beaucoup cette course dans les bois. Durant sa formation, il avait passé énormément de temps à voyager ainsi en compagnie de Jonweld. Sa foulée était légère et régulière, ce qui lui permettait de ne pas s'essouffler. De plus il ressentait un certain soulagement d'avoir quitté Hidirain. Le regard que lui portaient les elfes, verts comme blancs commençait à être pesant.

(Ou que j'aille, le résultat est toujours le même. On me regarde comme une bête curieuse, un paria, ni humain ni elfe…)

Cependant, sa prochaine destination était la ville de Khonfas. N'étant pas Shaakt, Le rodeur savait qu'il devrait se montrer extrêmement prudent. Son plan était simple. Trouver un moyen de pénétrer dans la ville sans se faire repérer, accéder au port, et proposer ses services sur un navire se rendant à Caix Imoros. Trouver un emploi de marin ne devrait pas être trop difficile, les Shaakts ayant pour habitude de capturer et tuer fréquemment les étrangers, marins compris, en visite dans leur cité. La grosse difficulté, c'était de trouver un moyen d'accéder au port.

Le rodeur sauta par-dessus un arbre mort tout en réfléchissant. Il se souvenait d'une conversation qu'il avait surprise quelques mois auparavant entre deux voyageurs de passage. Il était question d'un pan de la muraille plus facile à escalader.

(J'aime pas trop cela. L'escalade ne me fait pas peur, mais si j'étais Shaakt, je doublerais la garde à cet endroit.)

Sildarim savait cependant que cela représentait sa meilleure chance d'accéder au port. L'autre option aurait été d'essayer de passer par la mer, mais le semi-elfe n'était pas très bon nageur et les courants, forts dans cette partie de la côte, auraient tôt fait de l'emporter au large.

À ce moment, le fleuve reliant Hidirain et Eniod apparut. Il savait qu'il devait le suivre pendant environ une journée avant d'obliquer plein ouest. Cet itinéraire, bien que plus long que la route directe par le sud-ouest, avait l'avantage de lui permettre d'éviter les montagnes à proximité de Khonfas. Dans la forêt, il serait bien plus à même de voyager discrètement que sur le versant des montagnes ou chaque passe pouvait se transformer en une embuscade mortelle.

Le semi-elfe courut toute la journée sans que rien de notable ne se produise. Au soir, estimant être suffisamment descendu vers le sud, Sildarim nota la position du coucher du soleil, ce qui lui permit de définir avec précision dans quelle direction il devait reprendre sa course. Il continua de voyager quand la nuit tomba. Sa vision elfique lui permettait de voir dans l'obscurité presque aussi bien qu'en plein jour. Au milieu de la nuit il s'arrêta finalement au pied d'une paroi rocheuse. Repérant une petite caverne, il l'explora rapidement, s'assurant qu'elle était bien vide. Après y avoir fait un feu, il entassa des branches sèches dans l'entrée. Tout intrus, bête ou humanoïde ferait immanquablement du boucan en cherchant à passer.

Ensuite il s'étendit et s'endormit comme une masse. Au matin, il constata qu'il avait bien avancé durant la nuit. Il ne devait plus se trouver loin de la frontière entre les terres des humains d'Eniod et celles des Shaakt de Khonfas.

(c'est maintenant qu'il convient d'être extrêmement prudent) pensa-il en rabattant le capuchon de sa cape pour masquer son visage.

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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Dim 17 Mai 2015 22:01 
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- Merci pour tout, Vomen, et toi aussi, Skrool.

Je me tiens en face des deux gaillards, devant la caverne des contrebandiers dans laquelle j’ai séjourné deux mois durant, apprenant à vivre en homme libre. Mais à présent, je sais que je dois partir, j’ai appris tout ce que je pouvais et l’envie de vivre et de voir le monde se fait trop pressante. « Vivre pour nous », voilà ce que j’ai promis à ma belle Chilali, et je n’ai plus rien à découvrir ici.

Je n’aurais pas cru m’attacher ainsi à ces deux hommes, ces deux rufians, ces malandrins pourtant pétris de leur propre code d’honneur. Il m’ont tant apprit, que ce soit sur ma vision du monde, de leur monde, que sur les mœurs des uns et des autres, aussi bien dans la bonté que dans la méchanceté. J’ai découvert que même parmi des hommes sans foi ni loi on pouvait retrouver le meilleur comme le pire.

- J’t’ai d’jà dit qu’tu dis ça parce qu’on est les premiers sur qui t’es tombé. Essaie en ville, on verra si tu nous r’mercieras autant d’t’avoir appris la vie d’un contrebandier. Maint’nant qu’t’es d’dans, tu pourras plus voir le mond’ comme un homme honnête.

Je sais que le sourire narquois de Vomen cache en fait une réelle inquiétude, il se demande comment je vais m’en sortir dans un milieu moins clos que cette caverne, dans le monde réel. Mon rufian philosophe. Je me le demande également, mais je ne pourrais le découvrir avant d’avoir foulé ces lointaines cités. Une certaine impatience m’étreint, me sort de cet imbroglio de sentiments que je ne parviens à démêler depuis la m… depuis la disparition de Chilali. Comme à chaque fois que je pense à elle, une douleur naît dans ma poitrine et se diffuse dans tous mes membres, les faisant légèrement trembler. Elle est moins vive que dans les premiers jours de ma perte, mais elle reste une plaie béante salée par mes regrets.

Skrool s’avance et me tend un sac.

- Tiens, prend ça, on a mit quelques babioles pour toi, je pense que ça te sera utile pour ton voyage.

Je m’en saisis et le passe à mon épaule.

- A la r’voyure, le chat, r’viens nous voir quand t’en auras marre du monde.

Je soulève une de mes babines avec ce qui pourrait passer pour une grimace.

- Oui, Suleimann en serait ravi.

- C’est moi ou le chat vient de faire une blague ? raille Skrool.

- C’est ça, et moi j’ai mangé une souris.

- Au revoir, et merci.

Sur une dernière accolade, je tourne le dos à mes compagnons pour m’enfoncer vers l’inconnu.

Je n’ai pas vraiment de destination en tête, Vomen m’a conseillé de me rendre au nord, où il y a, paraît-il, plusieurs grandes cités qui pourraient m’intéresser. Je n’aspire qu’à m’éloigner des terres de Khonfas, aussi ces destinations en valent bien d’autres.

Je marche sur l’un des multiples petits sentiers menant à la caverne des contrebandiers, celui-ci est l’un des moins usité, comme je l’ai souhaité. Tout autour de moi se profilent des arbres à perte de vue, recouvrant les montagnes d’Hidirain avec la douceur d’une mère déposant un manteau sur son enfançon. Des oiseaux piaillent, chantent des trilles guillerets que ponctuent torrents et rus de passage tandis que je perçois ça et là des mouvements dans les fourrés. Toute cette vie semble si paisible, m’est si étrangère après les contrées arides des Shaakts que je puis qu’en être émerveillé et timide de la déranger de mes pas lourds de woran. Au cours de ma fuite, je n’avais pas prêté attention à tous ces détails, tant j’étais empêtré dans ma folie et mes remords. S’ils restent présents - Ô, ils sont bien trop tenaces pour me laisser un quelconque répit –, ils se retrouvent contrebalancés par d’autres impressions plus positives. J’en reprendrais presque le goût de vivre…

Je poursuis ma route, insouciant, aussi curieux de découvrir ce que peut m’offrir ma liberté d’agir comme je l’entends que le chat que je suis. Je n’ai pas besoin de chasser, me contentant des vivres que m’ont offert Vomen et Skrool, et je n’en suis pas mécontent, je n’aurais pas souhaité prendre une vie dans cette si paisible forêt, dusse-t-elle être celle d’un petit animal. Cependant au détour d’un chemin, je me rends compte d’un bruit, très léger, qui vient contraster avec les sonorités et l’impression ambiante. Comme les pas, lourds, d’autres personnes. Je cesse brusquement de marcher et tends mes oreilles ocellées dans la direction approximative d’où semble venir le bruit. Je reste un instant aux aguets, retenant ma respiration.

Je ne perçois au début que le pépiement d’oiseaux guillerets et le bruissement des feuilles, mais petit à petit d’autres bruits se juxtaposent et prennent en effet la sonorité de pas de bipèdes. Je dirais même plus, de pas de bipèdes n’étant pas habitués à marcher silencieusement en forêt, mais essayant tout de même.

Un léger grondement s’échappe de mes incisives et je fais quelques pas pour le cacher dans les buissons, faisant un vacarme fou. En effet, les pas venant à ma suite s’accélèrent. Oubliant l’idée de me cacher, je décide de fuir et je commence à courir. Les pas me talonnent et j’entends même des voix et des jurons. Je cours, m’enfonçant dans la forêt, essayant tant bien que mal de suivre le sentier, mais ma taille imposante ne me facilite pas la tâche et je m’érafle dans les branches basses. Fort heureusement ma fourrure prend le gros des dommages. Mes poursuivants semblent plus rapides que moi et je les entends me rattraper. Visiblement la fuite n’est pas une option non plus…

Je déboule brusquement dans une large clairière. Je prends à peine le temps de la regarder que je file vers son centre, avant de me retourner. Mes assaillants ne tardent pas à apparaître à leur tour. Ils ralentissent en me voyant. Ils sont au moins deux et je reconnais en eux les sbires de Suleimann. Visiblement il n’attendra pas mon retour et souhaite me capturer dors et déjà.

- On va te capturer le chat. On te veut vivant. Sulei nous a dit que les Shaakts te veulent et que tu vas nous rapporter une grosse somme d’argent.

- Ce n’est que mon cadavre que vous rapporterez.

- J’en doute, j’en doute, réplique l’autre. Imagine le prix que peut valoir l’esclave qui a permis la mutinerie des siens. La mutinerie dans laquelle tant sont morts…

Je pousse un feulement menaçant. La pente est glissante pour eux. Si je craignais l’issue de cette rencontre, la rage commence à supplanter la peur. Mes poils se hérissent. Je n'imaginais pas Suleimann si avide, le lucre est pour lui une maîtresse, la compagne de ses nuits.

- Nous la joues pas chat méchant. Nous on te veut vivant, tu sais. Enfin… J’sais pas combien de temps tu le resteras une fois aux mains des Shaakts, mais je pense que ce sera plutôt long. Long et douloureux, si tu vois ce que je veux dire…

Ouvrant complètement mes mains, je sors mes griffes, m’apprêtant à combattre sans plus attendre, je refuse d’entrer dans leur jeu d’insultes.

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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Dim 17 Mai 2015 23:01 
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Je m'enfonce dans la forêt, appréciant l'espèce de vivant cocon végétal qu'elle tisse autour de moi après l'univers rocheux et glacé dans lequel je viens de passer nombre de jours, humant les mille odeurs avec délices, écoutant les nombreux chants d'oiseaux, les pas furtifs de petites créatures que je n'aperçois que rarement. Au bout de quelques deux heures de marche dans les taillis qui forment parfois de si inextricables remparts que je suis forcé de les contourner, je finis par tomber sur un petit sentier qui serpente entre les fûts massifs de la sylve visiblement peu ou pas exploitée au vu de son côté sauvage. Je me penche instinctivement sur le sol en quête d'éventuelles traces, histoire de déterminer s'il s'agit d'une sente empruntée par de seuls animaux ou si des gens la fréquentent également. J'aperçois quelques marques de bottes, peu nombreuses, mais aussi des empreintes fraîches plus étranges, semblables à celles de quelque grand félin, et pourtant légèrement différentes. Je fronce les sourcils, légèrement inquiet à cette vision et peu désireux de me frotter à un gros carnassier local, je tends l'oreille afin de percevoir d'éventuels bruits suspects.

Je ne tarde pas à entendre un grondement inquiétant, suivi d'un bruit de course assez conséquent, agrémenté du fracas de nombreuses branches brisées, ce qui me révèle que celui ou ceux qui le produisent ne sont pas habitués à se déplacer en forêt! J'hésite un instant sur la conduite à tenir, mais si des gens sont pourchassés par un prédateur, les aider pourrait me permettre d'en apprendre davantage sur cette région que je ne connais que par quelques vagues récits de voyageurs. Je me dirige donc rapidement et silencieusement vers l'origine du vacarme, dégainant mes deux rapières à tout hasard, et regrettant de ne pas avoir pris le temps de me confectionner quelques flèches pour mon nouvel arc, inutile en l'état actuel. J'arrive quelques instants plus tard en bordure d'une clairière, m’accroupissant vivement derrière un épais buisson pour observer la scène insolite qui se dévoile à mes yeux: un grand Woran se tient au milieu de l'espace dégagé, faisant face à deux humains qui me tournent le dos, visiblement venus par le même sentier que je viens de suivre. Qui chasse qui, au final, dans cette histoire? Incapable de le déterminer, je décide d'attendre la suite des événements. Je suis assez proche pour entendre leurs paroles, qui me soutirent une grimace peu avenante. Ainsi le Woran a échappé à l'esclavage chez les Shaakts, probablement ceux de Khonfas, et ces deux vermines ont l'intention de l'y ramener...

Je n'aime pas les Shaakts, pour utiliser un délicat euphémisme. Pas davantage je n'apprécie l'esclavage. Deux bonnes raisons de me redresser et d'avancer de quelques pas dans la clairière, pour m'adresser aux deux humains d'un ton aussi calme qu'il est glacial, mes deux rapières ostensiblement visibles:

"Je crois qu'il y a méprise, messieurs. Le "chat" n'a visiblement pas très envie de retourner servir d'esclave aux Shaakts. Et moi je n'aime pas les Elfes Noirs, pas plus que vos intentions."

Les deux hommes se retournent, visiblement fort surpris de ma présence. Je leur souris, un sourire qui n'a rien d'amical, ni d'engageant, puis je salue le Woran d'un signe de tête:

"Deux contre deux, ça me semble plus honorable, non?"


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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 13:34 
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Un allié inopiné


Quelle n’est pas ma surprise de voir débarquer un être aux oreilles pointues et à la peau grisée dans notre trio, l’air dangereux avec une épée dans chaque main. Si ma première réaction est de le prendre pour un ennemi de plus et de m’apprêter à le combattre également, je comprends rapidement le contraire. Il semblerait que lui, cet étranger, souhaite prendre ma défense ! Je n’en reviens pas, à tel point que le grondement presque continu qui sortait de ma gorge soubresaute légèrement pour un effet moins dramatique. Je me reprends cependant rapidement et hoche la tête envers l’étranger, reconnaissant. C’est un elfe gris, je pense, un Sindel si j’en crois les descriptions que j’ai lues dans les livres.

Il me fait remarquer qu’à deux contre deux, ce combat est plus honorable.

- Assurément, votre intervention tombe à point nommé, dirais-je même.

Un langage, qui, s’il n’est pas soutenu, n’en ai pas courant pour autant, peut être incongru entre les crocs de l’esclave woran que j’étais lors d’une première rencontre, me dis-je avec une once d’autodérision.

- Tant mieux, ça nous fera un esclave de plus. J’ai entendu dire que les Shaakts aimaient avilir leurs cousins… Et nous on aime leur faire ce plaisir.

Je contracte et décontracte mes griffes pour évacuer la tension. Si tout à l’heure l’enjeu n’était que ma personne, il prend à présent une toute autre dimension car je ne peux me permettre de laisser ces hommes capturer l’elfe. Avoir le massacre des miens sur la conscience est déjà bien suffisant et je ne pourrais supporter le fait d’y ajouter la capture d’un être dont la seule erreur fut de proposer son aide en toute bonne foi.

Je ne me donnerai qu’avec plus de verve dans ce combat. Je n’attends pas un échange d’amabilités supplémentaire entre nos assaillants et nous-même et, sur cette pensée, je plonge vers le premier, plus proche de moi. Il me toise de ses petits yeux chafouins, enfoncés dans leurs orbites, ses cheveux noirs en bataille qui volètent au-dessus de sa tête battue par une légère brise. Il possède quelques protections de fortune en cuir sur le corps, rien de bien efficace contre des lames, mais qui peuvent empêcher mes griffes de s’enfoncer trop profondément dans sa peau. Il ne me reste qu’à viser les parties les plus sensibles. Oui, c’est aisément dit.

L’homme esquive mon attaque en se jetant sur le côté, faisant une roulade pour se réceptionner et se relever d’un même mouvement. Il est leste. Plus leste que moi, alourdis que je suis par ma masse et les muscles épais gagnés lors de mon séjour chez les contrebandiers. Il est également plus petit et plus sec, avec des muscles noueux. Il fait mine de me transpercer de sa dague, mais un simple coup de patte nonchalant sur son avant bras l’envoie hors de portée, me permettant de répliquer d’une tentative de griffure au visage, mais il recule d’un bond, se mettant en sécurité.

Nous nous toisons un instant et je vois du coin de l’œil l’elfe gris aux prises avec son propre ennemi. J’espère qu’il s’en sortira. Il semble parfaitement apte à combattre, mais un combat ne repose malheureusement pas toujours sur le talent, la chance favorise parfois le moins apte des deux.

Laissant mes considérations désabusées de côté, je me reconcentre sur la rixe que je mène avec mon opposant. Il était grand temps que je lui redonne toute l’attention qu’il méritait car ce dernier, profitant de sa petite taille et de mon inattention, plonge entre mes jambes, cherchant à me couper les jarrets. Je saute en l’air au dernier moment pour éviter son coup, prenant appuis d’une patte sur son ventre pour bondir plus loin, enfonçant sans vergogne mes griffes dans son armure. Je ne transperce guère le cuir épais, mais je gage qu’il n’apprécie pas l’expérience pour autant. Le temps que je me réceptionne et me retourne, il est presque déjà relevé, légèrement penché et se tenant le ventre afin de se remettre de l’écrasement impromptu de ses organes. Je suis légèrement sceptique quant à l’action qu’il vient de mener, elle me paraît plus risquée qu’autre chose, même si elle a failli être porteuse de résultats.

A mon tour de contrattaquer pour profiter de sa fugace faiblesse. Je plonge en avant, profitant de toute ma force et mettant tout mon poids dans l’attaque, ajoutant une once de bestialité et saupoudrant le tout d’un grondement profond comme je prends plaisir à les faire, de ceux qui prennent aux tripes. Je tente de le repousser par les épaules afin de le faire choir, mais il se ramasse sur lui-même, s’apprêtant à bondir sur moi lorsque je modifie mon mouvement au dernier moment pour lui envoyer un avers de patte, plongeant mes griffes dans sa joue délicate. Je n’arrive pas à déterminer si c’est du plaisir que je ressens en sentant mes griffes percer la chair ou un profond dégout pour la violence que cela représente. Probablement un odieux mélange des deux. Atavisme, quand tu nous tiens…

Soudainement, mon adversaire effectue une action singulière, les yeux étranges, comme s’ils étaient perdus dans le vague. Il se rapproche de moi, dangereusement, même, car il se place à portée directe de coup. Ne pouvant laisser cela se produire, malgré mon étonnement, je lui envoie un coup de griffes puissant, destiné à mordre la chair. Il ne fait pas mine d’éviter l’attaque, mais l’encaisse sans sourciller. Il n’est que légèrement déstabilisé par un coup qui aurait dû le sonner, bien que de profondes trainées de sang naissent sur son autre joue. L’odeur métallique du fluide carmin me chatouille les narines. Tout coup, il se fend d’une vive attaque que je ne parviens pas à esquiver et sa lame ripe sur mes côtes, creusant une estafilade dans ma fourrure qui ne tarde à s’imbiber de sang.

Je recule pour me mettre hors de danger et pousse un rugissement de rage. Cette blessure est douloureuse ! Autant pour ma peau fendue que pour mon orgueil. Mais le coup était intéressant. J’ignore de quelle façon il a bien pu le faire. J’entreprends alors de tourner autour de mon adversaire pour le maintenir à distance, autant pour laisser à mon corps le temps de s’habituer à la douleur nouvelle que pour me permettre de réfléchir. Je revois chacun de ses gestes un à un dans mon esprit. L’homme a d’abord eu les yeux dans le vague, comme s’il se concentrait, puis il s’est avancé vers moi, réduisant la distance afin que le coup que je lui porterai ne puisse pas toucher à sa pleine puissance et lui permettant de l’encaisser avec plus d’aisance. Il a ensuite profité de notre proximité pour porter un coup que je ne pourrai parer.

Je rejoue encore plusieurs fois la scène, tout en restant vigilant à une éventuelle attaque. Plus je l’imagine, plus j’ai l’impression que la clef réside dans la concentration qu’il met au début avant d’effectuer son mouvement. J’ai envie de le tenter, d’expérimenter ce qu’il vient de faire contre lui. Un juste retour des choses, n’est-ce pas ?

Je me lance dans une série de coups destinés à tromper sa vigilance afin qu’il ne s’attende pas à ce que j’exécute sur lui la même action, puis, lorsque se profile le moment opportun, je me concentre à mon tour. Pour moi qui ai toujours plus compté sur mes réflexes bestiaux pour me battre que sur des actions réellement raisonnées, c’est une première. J’imagine les différentes actions que j’espère mener et joue les éventuelles réponses de mon ennemi jusqu’à atteindre la certitude que le moment d’agir est venu. Ces pensées ne prennent qu’un instant, mais elles sont suffisantes pour lui permettre de porter un premier coup que j’espère encaisser. En effet, il se fend de son poignard, me faisant une nouvelle estafilade sur le bras, non loin de la séparation avec le coude, à l’endroit où je ne possède aucune protection. Je supporte le coup sans trop de mal, il n’a pas été en mesure d’enfoncer son arme très profondément. Je me penche alors, le saisissant d’une main à l’épaule et lui lacérant le cou de l’autre. Au vu de la masse de sang qui s’écoule des quatre entrailles, j’ai touché la jugulaire. Qui a dit que le mimétisme était pour les bêtes ?

Je lâche l’homme qui s’effondre dramatiquement à genoux, émettant des borborygmes ineptes avant de s’affaler tête contre terre sur le sol. Quel gâchis, j’abhorre prendre des vies.

Je n’attends pas un instant pour me retourner et aviser de mon allié inopiné, prêt à lui donner toute l’aide que je pourrais si d’aventure il en avait besoin.


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Tentative d’apprentissage de la CCSA « La différence d’un pas ».


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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Lun 18 Mai 2015 21:15 
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Je discerne une lueur de reconnaissance dans le regard du Woran suite à mes paroles, il est probablement soulagé de n'avoir pas à combattre trois adversaires simultanément, ce qui se comprend. Il me répond avec un langage plus châtié que je ne m'y attendais de la part d'une telle créature, mais en même temps ce que je sais de ce peuple tient en trois phrases, et encore leur pertinence reste-t'elle à démontrer. L'un des humains, bouffi d'orgueil à n'en point douter, s'imagine déjà pouvoir tirer quelque profit de la vente de ma personne, je ne peux retenir un sourire légèrement sarcastique à son assertion, lui rétorquant alors même que le Woran se précipite à l'attaque de l'autre:

"Viens donc, à défaut d'argent j'ai de l'acier à t'offrir, du bon acier."


L'homme, un grand et gros noiraud barbu armé d'un gourdin clouté, grogne une imprécation méprisante en se dirigeant vers moi à grandes enjambées. Je profite de la distance qu'il doit parcourir pour l'observer attentivement. Costaud, très costaud, sans doute, mais son équilibre n'est pas bon, il glisse à deux reprises, ne prêtant visiblement pas la moindre attention au sol inégal de la clairière. Il arrive malgré tout rapidement à portée, poussant un hurlement bestial en me chargeant comme un taureau, levant sans la moindre technique son arme pour m'écraser de sa force brute. Je suis tombé sur un tout finaud, voilà qui ne fait plus de doute. J'effectue un rapide entrechat de côté, pivotant de manière à lui offrir une cible plus réduite. Le gourdin passe à cinquante bons centimètres de moi, et le rustre, emporté par son élan, trébuche en avant...je me fends vivement, ma rapière gauche pointant son estomac proéminent et s'y enfonçant d'une largeur de main. L'humain grogne de douleur, et riposte d'un balayage violent à hauteur de taille, plus rapide que je ne l'avais escompté. Pas question de parer, mes fines lames ne sont pas conçues pour affronter pareille massue, je recule donc de deux pas fluides qui me permettent d'éviter sans grand mal le coup. L'homme n'a rien d'un guerrier, il doit être capable d'impressionner une bande de brigands de par sa carrure et sa force, mais affronter un combattant formé au métier des armes n'est pas à sa portée. Je suis presque déçu, ne voyant aucune gloire à vaincre un si piteux adversaire, mais je ne peux pas le laisser vivre, pas après qu'il m'ait menacé de me livrer à ces damnés Shaakts qu'il fournit apparemment régulièrement en esclaves.

Le bougre revient à la charge, le front ruisselant déjà de sueur, eh oui mon gros, faut être en forme pour se battre, le lard ça ralentit! Il vise ma tête d'un revers qui ferait pâlir n'importe quel maître d'armes tant il se découvre en l'exécutant, allons, fini de jouer, le Woran a peut-être besoin d'aide. Bien en appui sur mes deux pieds placés à l'équerre, jambes légèrement ployées comme il se doit, je penche simplement le buste en arrière, évitant le gourdin qui passe à moins d'une main de mon visage, puis je me détends vers l'avant, frappant de mes deux armes simultanément. La première lui perfore la gorge, la deuxième se fraye un chemin entre ses côtes et lui transperce un poumon. Le mastodonte se fige, me dévisageant d'un air incrédule. Je recule d'un bon pas, dégageant mes lames et souriant froidement à l'humain:

"Détends-toi. C'est fini."


Et il s'effondre, se noyant dans son propre sang, avec toujours cette expression de surprise presque comique sur ses traits aussi dépourvus de finesse qu'il l'était en matière de combat. Je me détourne de lui pour voir où en est le Woran, et ce que je vois me fais sourire: il saute dans les airs pour éviter un coup bas de son adversaire qui use d'une technique pour le moins hasardeuse, et son appui n'est autre que l'estomac de l'humain! Vu le probable poids de l'homme-félin...je n'aimerais pas être à la place du petit homme, juste là! L'humain se relève pourtant avec vivacité, mais il se prend presque immédiatement un joli revers de patte griffue dans les bajoues, le combat ne devrait plus durer très longtemps. Je m'apprête à m'approcher tout de même pour lui donner un coup de main, sait-on jamais, lorsque une sorte de froufrou soyeux se fait entendre derrière moi. Je réagis à l'instinct, pivotant brutalement en levant mes deux armes en parade alors même que Syndalywë me hurle:

(Flèche!)

Le trait m'est bel et bien destiné, je ne dois la vie qu'à mon réflexe et à la chance, car ma rapière droite le dévie in extremis de ma tête, qu'il frôle tout de même de beaucoup trop près à mon goût puisque je sens contre ma joue le vent qu'il provoque! J'aperçois l'archer à une quinzaine de mètre de moi, il se tient juste en lisière de forêt et encoche fluidement un nouveau projectile! Je ne réfléchis pas, je bondis dans la direction de ce nouvel adversaire en rassemblant mon énergie le plus rapidement possible! L'humain, un jeune homme blond au profil aquilin, vêtu de cuirs brun clair usagés, ne se laisse pas déstabiliser par ma charge, il me vise posément et tire alors qu'il me reste encore près de dix mètres à parcourir! Je me jette à terre de façon à pouvoir rouler sur moi-même et esquiver sa flèche tout en me rapprochant, les deux bras levés devant mon visage en guise de protection, mais mon esquive est un rien trop lente. La flèche se fiche dans mon avant bras droit, l'impact est violent, assez pour me faire pivoter et compromettre ma roulade qui prend des allures de chute pure et simple! Malgré tout, je suis parvenu à rester concentré sur la technique énergétique qui m'est le plus familière, et je n'attends pas qu'il me tire une nouvelle fois dessus pour lui envoyer rageusement un foudroyant Tranché de Rana dans les jambes, faute de pouvoir viser plus haut vu la position dans laquelle je me trouve. Le hurlement de douleur qui jaillit de la gorge de l'archer m'apprend que mon coup a porté, à mon grand soulagement. Je me relève hâtivement, me ruant sur lui pour en finir avant qu'il ne me troue la peau, ou que d'autres malandrins se pointent en entendant le vacarme que nous produisons depuis le début de ce combat. Quelques enjambées et je suis sur lui, qui est assis au sol les bras passés autour de ses tibias malmenés et le visage ruisselant de larmes de douleur. Je lui plonge mes deux armes dans la poitrine, une vive souffrance m'incendiant le bras droit à ce geste et me forçant à lâcher ma rapière qui reste profondément plantée dans la chair de l'homme. Je serre les dents et respire amplement pour contrôler la brutale douleur écarlate qui me vrille l'esprit et le bras, trouvant toujours étrange cette manière qu'elle a de venir quelques instants après la blessure. Peu à peu elle reflue, j'en profite pour observer les alentours avec une certaine inquiétude, priant Sithi pour qu'il n'y ait pas d'autres brigands dans le coin.

Le Woran vient apparemment de terminer son combat, il se tourne vers moi d'une manière qui m'indique qu'il était prêt à me venir en aide, je lui souris calmement en lui faisant signe que tout va bien de ma main valide. J'essuie rapidement ma rapière gauche sur les vêtements de l'archer, la rengaine avant de retirer la deuxième, toujours plantée dans le cadavre, et de lui octroyer le même traitement. Ceci fait, je me dirige vers mon comparse de bataille, désignant du menton la flèche qui m'a quasiment traversé l'avant-bras:

"Si tu pouvais la pousser pour faire sortir la pointe, puis la briser pour que je puisse l'extraire, ça me rendrait service, l'ami. Et ensuite, on ferait bien de filer d'ici fissa..."


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 Sujet du message: Re: La Forêt de la Vallée
MessagePosté: Mar 19 Mai 2015 12:50 
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Mes yeux se posent sur le Sindel qui manifestement termine lui aussi son combat. Je m’étonne des trois cadavres qui gisent sur le sol, j’avais vu les deux premiers – celui qu’il a tué et celui que j’ai occis, mais j’étais tellement pris dans ma bataille que je n’ai pas senti la présence d’un archer. Ce dernier a visiblement perçu son dû sur le combat, car l’elfe gris a le bras droit transpercé d’une flèche. Je m’en approche, inquiet malgré le signe rassurant et le sourire qu’il m’adresse.

Il me demande de retirer la flèche.

Je regarde l’elfe avec un brin de panique dans les yeux. Lui retirer sa flèche ? Oui, bien sûr, je lui dois bien ça, mais… J’ai peur de lui arracher le bras plutôt que la flèche avec mes grosses pattes empruntées. Je me dandine d’un pied à l’autre, hésitant, mais je vois bien qu’il n’y a pas vraiment de choix. Finalement, sans un mot, je me décide en m’approchant tout d’abord de mon paquetage dans lequel Skrool a glissé une bouteille d’alcool fort, « un remontant pour quand t’auras le cafard, le chat ! ». Je l’en extirpe et retourne auprès de l’elfe, lui proposant de s’asseoir lors de l’opération, afin que ses jambes ne défaillissent pas au moment où je sortirais la pointe.

Je badigeonne la plaie de l’alcool en question, j’ai suffisamment vu de plaies infectées dans le quartier des esclaves pour prendre toutes les précautions nécessaires afin d’éviter que cela n’arrive. Nos réserves d’alcool, lorsque nous parvenions à en voler aux Shaakts, étaient moins destinées à notre plaisir personnel qu’à soigner les blessés – nombreux, il va sans dire.

- Prends-en plusieurs rasades aussi, et mords peut-être dans quelque chose, ça ne devrait pas faire du bien.

Sur ses paroles, je m’attelle à la plaie. Elle a l’air vraiment méchante, les miennes sont rien à côté de celle-ci. Alors, avec le plus grand soin du monde, je soulève le bras pour le garder en appui sur le mien et, de la patte, pousse la pointe avec constance et force sans le faire avec trop de brutalité de peur de casser la pointe dans le bras, ce qui aurait des conséquences désastreuses et nécessiteraient l’intervention d’un chirurgien ou d’un guérisseur, ce que nous n’avons pas le luxe de nous permettre en pleine forêt.

- Je m’appelle Sha’ale, je te remercie pour ton aide. Je ne doute pas qu’ils m’auraient capturé sans mal sans ton intervention. Je te suis redevable, lui dis-je tout en m’affairant sur la blessure pour détourner son attention de la douleur.

D’un coup un peu plus vif, je perce la peau, retenant une légère nausée. Ce n’est pas le moment de flancher. J’analyse très brièvement les options qu’il me reste pour couper le manche de la flèche, je pourrais le scier avec une arme, mais cela prendrait trop de temps et serait hasardeux. Je décide de me pencher, saisit entre mes dents la flèche, assez proche de la blessure, mais sans la toucher et du côté de la hampe où il n’y a pas de sang, la coince entre mes incisives coupantes et claque les dents d’un coup puissant. La flèche se retrouve en deux morceaux et je peux enlever d’un coup sec le dernier bout de la plaie du Sindel. Il ne m'a pas demandé de l'opérer jusque là, mais je pense qu'il est préférable qu'un tiers s'occupe de sa plaie plutôt qu'il s'en charge seul. Je badigeonne de nouveau le tout d’alcool. C’est probablement douloureux, mais toujours moins qu’une maudite et traîtresse infection.

Je me relève pour aller chercher un vêtement propre de mon paquetage que Vomen a dû glisser dedans (comme si un Woran allait en avoir besoin ! il faut être humain pour penser à ça). Sans un mot, j’en déchire une grande bande et entreprend de nettoyer la blessure et de l’enrouler dans un tissu propre.

- Je… crois que c’est tout ce que je peux faire.

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