Le magicien dose (suite)
Certaines scènes de ce rp sont à forte connotation sexuelle/violente/gore, aussi est-il recommandé aux lecteurs sensibles d'y réfléchir à deux fois avant d'en entamer la lecture. Son mètre soixante et onze tapis dans les fourrés se redressa lentement, tandis que son épée était délicatement retirée du fourreau dans son dos, puis ses jambes la portèrent petit à petit jusqu'à ce que sa voix puisse être audible par le mage, de sorte qu'il ait aisément le réflexe de lancer quelques malédictions et/ou ralentissements sur la pauvre guerrière qui osait se présenter en face de lui.
"Alors, alors! On vole des plantes sur les terres Shaakts maintenant?," commença-t-elle avec une voix enfantine au possible.
Le mage se retourna et esquissa un léger sourire.
"Et? Ça te défrise, petite?"
Le magicien sut qu'elle n'était pas très vieille rien qu'en la voyant. Il avait pris soin de se renseigner un peu sur cette peuplade aux mœurs pour le moins étranges, avant de se préparer à aller y voler des feuilles et des bourgeons au prix de sa vie. Et il savait maintenant que les Shaakts étaient en moyenne plus grands et vivaient plus longtemps que les simples humains comme lui-même. Mais ils n'étaient en aucun cas des surhommes, et il pourrait facilement se défaire d'une rixe s'il lui arrivait de tomber sur des représentants de cette race sanguinaire.
De plus, évalua-t-il, elle était suffisamment proche pour qu'il lui lance un petit sortilège de confusion mentale, et en même temps, assez éloignée pour qu'il puisse s'enfuir à toutes jambes une fois qu'elle serait déstabilisée. Il commença donc son incantation à voix basse.
Nirge, quant à elle, ne s’était pas attendue à une telle répartie et s’en trouva vexée tout à coup. Cet idiot de prestidigitateur n’avait pas remarqué que ses cheveux étaient lisses ? Bien qu’ils soient cachés par son heaume…
("Dommage que ce casque n'empêche pas aussi la connerie de m'atteindre!,") pensa-t-elle. Tellement fort que si le mage avait tendu l'oreille, il aurait certainement pu l'entendre.
Pendant que la guerrière bouillait de l'intérieur, le sorcier finissait sa petite tambouille de mots à demi soufflés et se frottait déjà les mains à l'idée de l'expression qu'allait prendre le visage de cette gamine arrogante dans quelques instants.
Il était déjà prêt à bondir sur son paquetage, tout envelopper d'un seul coup, et partir à vitesse grand V, histoire de ne pas trop exposer ses fesses à l'épée que tenait la fillette.
Nirge nota alors que l'ensorceleur venait de tiquer, et ce fut le signal qu'elle attendait pour charger. Le heaume avait apparemment fait son office, c'était maintenant au tour de la bague de lui montrer de quoi elle était capable.
Ses doigts de la main droite, qui maintenaient fermement la garde de son épée, commencèrent à s'engorger de fourmis. Elle avait appris à distinguer ce phénomène provoqué par le bijou incrusté au pommeau, de la simple impatience à frapper qui l'avait guidée jusqu'ici.
Mais aujourd'hui, il y avait quelque chose de plus. Quelque chose qui la faisait se sentir plus grande qu'elle n'était en réalité, et ce, plutôt psychiquement que physiquement. Quelque chose qui lui donnait une sensation de chaleur dans tout le corps.
Elle s'approcha trop rapidement de l'herboriste, alors que celui-ci s'était retrouvé désemparé et ne savait plus quoi faire, et il allait devoir encaisser ce coup qui promettait d'être d'une puissance redoutable. Cela se lisait dans les yeux de l'attaquante. De plus, la panique n'arrangeait rien. Il ne pouvait pas réfléchir à une quelconque parade qui lui servirait à prendre ses jambes à son cou.
Pourtant, en un éclair – et c'était le cas de le dire –, il eut une idée brillante qui lui traversa l'esprit et il s'empressa de jeter les mots dans l'ordre – de préférence – pour déclencher un sort instantané.
L'air entre Nirge et le magicien devint soudain électrique. Et tandis qu'elle armait son coup, renforcé par l'élan qu'elle venait de prendre, elle vit de petits arcs se former autour de l'humain et le visage de celui-ci blêmir.
Elle n'avait encore jamais assisté à ce genre de phénomènes mais n'avait pas vraiment le temps de l'étudier.
Comme convenu par la grande entité régissant les lois qui imposent aux conséquences de n'arriver qu'après les causes, le coup porta.
Mais malgré toute la force qu'y avait mit Nirge, la lame ne s'enfonça que très peu dans l'épaule du mage. A peine quelques centimètres. Juste de quoi tâcher un peu la robe de sang. Elle prit alors le temps de se dire trois choses:
("Les éclairs y sont sans aucun doute pour quelque chose. J'aurais peut-être dû prendre le temps d'étudier ça d'un peu plus près...");
("Il faut encore que je m'entraîne pour gagner en force de frappe."); et
("Aiiiiiieee!").
En effet, l'interaction du métal et de l'électricité n'avait jamais été très conseillée, et ce n'était apparemment pas aujourd'hui que cela allait commencer.
Sa main droite venait d'apprendre ce que l'on appelait communément une douleur cuisante. A tel point qu'elle prit d'elle-même la décision de désobéir et de lâcher immédiatement l'épée, responsable directe de sa souffrance, afin de la punir.
Mais alors que Nirge était sur le point d'obliger sa propre main à ramasser l'épée, un hurlement perçant, féminin, se fit entendre à travers la forêt, provoquant l'envol de certains volatils effrayés et le mouvement de quelques créatures chétives un peu plus loin dans les fourrés.
Elle ne détourna pas pour autant le regard pour ne pas donner un avantage quelconque au magicien, mais estima que le son provenait du sud-sud-est par rapport à sa position actuelle.
Elle reprit ensuite son mouvement vers l'arme qui gisait à terre, tandis qu'elle observait toujours le mage se tenir l'épaule droite.
Nirge devait maintenant trouver une parade à ce sortilège de grand-mère qui fonctionnait tout de même fichtrement bien. Elle allait dans un premier temps feinter quelques attaques et voir ce qu'il en ressortirait.
De son point de vue, le sorcier n'avait pas vraiment le sentiment que le coup de la décharge électrique avait servi à grand chose et il allait peut-être avoir un peu de mal à se dépêtrer de cette situation.
De plus, sa tortionnaire se tenait juste devant lui et il se retrouvait dans une posture inconfortable où aucun sort efficace ne pourrait sortir, faute de temps pour une incantation digne de ce nom.
Son père, mage élémentaire de renom, avant qu'il ne soit emporté par la Grande Faucheuse et son arme blanche aiguisée telle un fil à beurre pour chair ectoplasmique (comme quoi, le combat au corps à corps aurait toujours le dernier mot sur le combat à distance!), lui avait pourtant toujours répété:
"Tu ne dois jamais, je dis bien jamais, te faire embringuer dans un combat au corps à corps. Tu signerais purement et simplement ton arrêt de mort!"
Et c'est ce qui avait guidé le fils dans le choix de la branche herboristerie, afin de fabriquer des potions de soins, de fuite, ou encore de mana, car cela lui permettrait de ne pas avoir à gaspiller de temps en incantations qui n'arriveraient probablement jamais au bout.
("les fioles,") pensa-t-il.
Les fioles… Bien que cela fasse gagner un certain temps, il fallait tout de même prendre un flacon dans sa besace, le déboucher, boire le contenu et après seulement, le procédé ferait son office.
Il pourrait peut-être en ingurgiter une entre deux boucliers d'électricité, au risque de tout de même prendre un coup d'épée en travers de la figure. C'était un pari énorme mais il n'avait pas trop le choix pour le moment.
Il lui fallait quelque chose qui le rende plus ou moins invulnérable ou bien qui puisse augmenter sa célérité de façon assez significative, parce qu'autrement, il risquait de passer un très mauvais quart d'heure en compagnie de mademoiselle le-défenseur-des-plantes-opprimées.
Le second coup d'épée était sur le point de s'abattre, mais l'herboriste se préparait déjà à invoquer son bouclier magique. Il réussit à l'enclencher quelques fractions de secondes avant l'impact, et pourtant, il n'y eut pas d'impact.
La guerrière avait calculé son coup afin que celui-ci ne touche pas le mage, mais lui serve à prendre de l'élan pour la passe d'arme suivante, ce qui étonna bien le pauvre sorcier, qui crépitait à nouveau de toutes parts pour quelques secondes.
Cependant, il s'empressa de jeter une main à son sac en priant pour que l'énergie de son bouclier revienne à temps pour la prochaine attaque, et à l'instant où il posa les doigts sur une fiole, l'épée fondit à nouveau sur son épaule droite à l'instar des deux fois précédentes.
Il n'eut pas le temps cette fois-ci de lancer son armure d'arcs électriques.
Cependant, là encore, au lieu de porter, le coup était seulement destiné à ne même pas l'effleurer, ce qui lui donna un sursis suffisant afin qu'il avale le liquide contenu dans le petit flacon.
Nirge se concentrait sur la lame qui fendait l'air comme une faux acérée. Les fourmis et la sensation de grandeur ne l'avaient pas quittée depuis tout à l'heure et elle commençait à s'habituer au fait de ressentir une sorte de connexion avec son épée. Comme si toutes ces années d'entraînement allaient enfin finir par payer petit à petit, et que son but prenait enfin un nouvel essor grâce à cette preuve qui daignait finalement faire son apparition et ne pas laisser Nirge dans l'expectative plus longtemps.
Elle se sentait pleine de confiance dans la précision de ses attaques et l'ultime feinte qu'elle tenta ne la fit pas en démordre.
Contrairement aux fois précédentes, elle ne se cantonna pas au fait d'éviter de toucher le magicien. Elle fit mine de porter un coup d'estoc en direction de son poumon droit afin que le sorcier ré-enclenche son bouclier, ce qu'il fit, puis dans un mouvement circulaire vers l'arrière, vint poser le fil de son épée sur l'épaule droite de l'herboriste, appuya, et tira la lame vers elle dans le but de sectionner les tendons qui relient l'épaule au cou.
Le sang gicla d'un seul coup hors du corps du voleur de fleurs, qui venait de perdre l'usage d'un de ses bras. Et son seul réflexe fut de regarder de travers la petite étiquette qui se trouvait sur la fiole, car au lieu d'être une potion de peau de pierre, l'homme avait bu toute un flacon de potion de mana, ce qui ne lui avait servi à rien…
Le mage s'adressa soudain à son vieux père dans l'au-delà:
("Mais pourquoi tu ne m'as pas plutôt dit de faire de plus grosses étiquettes ou de mettre au point des codes-couleur plus facilement repérables???")
Nirge regardait le spectacle qui se jouait sur le tranchant de son arme. Une représentation unique à chaque fois et pourtant déjà interprétée tellement d'autres fois.
Les filets de sang dansaient et virevoltaient dans tous les sens, toujours de façon la plus esthétique qui soit.
Et Nirge admirait de plus en plus ce genre d'effusions de couleur, de sons et de sensations. Elle y avait été préparée depuis sa plus tendre enfance mais cela commençait vraiment à représenter une grande part de sa vie, autant que de son envie.
Dans sa famille, on laissait choisir beaucoup de choses au destin, et lorsqu'on lui avait mis une dague et un livre entre les mains vers l'age de 13 ans (2 ans, pour les humains), elle avait posé le livre devant elle, l'avait ouvert, regardé sous tous les angles, puis avait arraché les pages une par une à l'aide de la dague. Elle serait donc destinée aux arts de la guerre.
Elle en oublia presque d'achever l'herboriste, qui commençait à essayer de prendre la poudre d'escampette. Presque.
Elle posa à nouveau le fil sur l'autre épaule de l'humain, confiante dans le fait qu'il ne pourrait plus lancer son bouclier de foudre sans son autre bras, mais celui-ci l'en délogea avec son bras encore valide. Il n'allait tout de même pas se rendre aussi facilement!
Et ce que Nirge n'avait pas remarqué pendant ses rêveries de ballet sanglant, c'était que le sorcier avait attrapé une nouvelle potion et l'avait ingurgitée en faisant semblant de se retourner pour s'enfuir. D'ailleurs, cette fois, il était sûr et certain d'avoir bu la bonne fiole.
Après deux minutes de silence relatif, un cri dérangea encore la tranquillité apparente de la forêt depuis le sud-est.
Nirge tenta donc une nouvelle fois de sectionner l'épaule gauche de sa proie, qui se défila pour la deuxième fois, alors la guerrière entreprit de faire des entailles tout le long du bras valide, mais quelque chose n'allait pas.
Soit elle rêvait, soit son épée avait perdu d'un seul coup toute sa capacité à trancher!
Elle vérifia d'ailleurs tout de suite la seconde hypothèse en passant son pouce à la perpendiculaire de sa lame afin que les sillons de sa peau accrochent plus ou moins selon l'état du fil. Et les sillons accrochèrent excessivement bien…
Le magicien avait donc réussi à assommer en quelque sorte son prédateur et, pendant qu'elle s'interrogeait vainement, il en profita pour avaler un autre de ses flacons et reprit instantanément du poil de la bête. Son bras droit était toujours invalide, mais la douleur s'était arrêtée et le saignement devint moins important.
Après s'être demandée comment il avait fait et avoir estimé qu'il avait dû boire une de ses potions de charlatan à son insu, elle analysa la situation aussi rapidement que possible: sa peau était désormais dur comme la pierre. Elle ne pourrait certainement pas la trancher du tout, et la blessure qu'elle lui avait infligée semblait se résorber d'elle-même.
("Rhaaa!! Foutus tours de passe-passe!")
Quant à lui, le mage conclut après maintes réflexions que rien ne lui servait de courir parce qu'un guerrier, qui a l'habitude de s'entraîner avec des équipements lourds, aurait vite fait de poursuivre et rattraper un maigre petit herboriste, qui passait autant de temps à errer en forêt qu'en bibliothèque sans faire le moindre exercice. Il fallait donc partir à point. C'est à dire en créant une diversion.
Et celle-ci était toute trouvée: grâce à sa peau de pierre qu'on ne pouvait ni trancher, ni transpercer, il serait capable d'agripper l'épée de la fillette à pleines mains et pour finir, de lui arracher. Il n'aurait ensuite plus qu'à manier l'instrument des faibles d'esprit dans tous les sens et il finirait bien par la toucher et la blesser, un jour ou l'autre. Puis il n'aurait plus qu'à partir en courant et le temps qu'elle puisse se remettre de sa blessure, il serait déjà beaucoup trop loin.
Il mit donc son plan à exécution sans plus attendre et essaya d'attraper la lame comme il put, mais bien entendu, Nirge ne le laissa pas faire. Elle ne savait pas trop à quoi il jouait, cependant il avait l'air parfaitement ridicule à gesticuler dans tous les sens comme lorsque l'on tente de tuer une mouche bien trop rapide pour nous.
Ceci dit, la providence voulut ce jour-là qu'un magicien, quelque part sur Yuimen, versé dans les sciences de la Nature, réussisse à prendre à deux mains l'arme qui pouvait le plus au monde ne pas lui correspondre, à tel point que même le hasard s'en mêla et décida que l'herboriste se retrouverait du mauvais côté de la lame.
Il entreprit donc de l'arracher des mains de Nirge – il était sûr d'y arriver face à une gamine d'à peu près une dizaine d'années – et dut s'y prendre à plusieurs reprises avant de s'apercevoir qu'il n'y parviendrait jamais en fin de compte.
Pendant ce temps, Nirge sembla quelque peu absente, perdue dans ses réflexions. Mais soudain, ses yeux s'illuminèrent et sa main gauche se dirigea d'un seul coup, avec la rapidité du vent, vers le visage de l'ensorceleur. Tels un couple de serpents attaquant en même temps, tout crochet dehors, deux de ses doigts plongèrent sans ménagement aucun à l'intérieur des orbites moites et chaudes du malheureux humain, qui ne s'y était manifestement pas attendu, à en juger par l'expression de stupeur qui parcourait son visage entre deux spasmes nerveux et l'absence totale de son émanant de sa bouche.
L'apprentie maître d'arme avait compris que même si la peau du mage était devenue insensible aux dégâts physiques, il existait pourtant une seule et unique région du corps humain où ce genre de sortilège ne fonctionnait pas, tout simplement parce que les yeux n'étaient pas recouverts de peau, comme l'avait confirmé le son spongieux.
L'homme s'était laissé tomber au sol, aveugle et traumatisé par la douleur, et il se tordait maintenant dans tous les sens, lorsque Nirge le redressa tant bien que mal, car elle avait le soucis de ne pas le laisser mourir de la sorte. Elle l'adossa à un arbre juste derrière lui, lui ôta sa robe de mage et découvrit un très joli ensemble (haut à manches longues et collants pour homme) qui avait sans doute dû être blanc à l'origine. Puis elle déchira quelques lambeaux de tissu et lia les mains de l'herboriste de sorte qu'il soit attaché à l'arbre contre lequel il était assis, complètement hagard maintenant que la douleur était devenue suffisamment insupportable pour que son cerveau n'en tienne plus compte et fasse évader l'homme, qui lui servait de réceptacle, dans un monde imaginaire où tout était chaud et doux, avec une vague impression d'odeur de miel ferreux, et où il n'avait pas besoin d'yeux pour voir parce que le monde était tellement parfait qu'il n'existait plus aucun malheur pour quiconque.
Nirge alla ensuite fouiller parmi les affaires du sorcier et dénicha après quelques instants un trésor qui convenait parfaitement à la situation: deux belles fleurs de snaria, qu'il avait dû récolter en allant vers la montagne un peu plus tôt, et qui étaient reconnaissables à leur couleur pourpre, avec la particularité de posséder deux vertus très utiles. Un côté des feuilles favorisaient la cicatrisation, tandis que l'autre, au contraire, l'accélérait.
Elle connaissait cette fleur grâce aux cours succins qu'elle avait suivis sur les "méthodes de combat en environnement naturel", où l'institutrice avait pris soin de leur expliquer que cela pouvait leur rendre l'énorme service de les empêcher de mourir à cause d'une hémorragie, surtout s'ils n'était pas proches de la ville ou dans l'incapacité de s'y rendre.
Elle prit donc deux des fleurs de snaria et alla directement les appliquer sur les orbites de l'humain d'où pendaient deux petits sacs mous, vides maintenant, toujours attachés par une sorte de cordon ombilical, en prenant garde que le bon côté soit appliqué sur les plaies béantes, qui suintaient toujours abondamment un mélange de sang et d'humeur jaunâtre.
"Côté rugueux pour cicatriser, côté doux pour l'en empêcher," se rappela-t-elle grâce à cette petite phrase mnémotechnique.
Sans plus de cérémonie, elle se mit en marche vers le sud-sud-est après avoir essuyé sa main droite ainsi que sa lame sur les lambeaux du mage et rangé tout son attirail dans son dos, laissant là un homme défroqué, attaché à un arbre, les yeux pleurant du sang et autres liquides tout aussi ragoûtants, blessé à l'épaule droite, avec pourtant l'originalité d'avoir un regard hors du commun vu de loin. Mais lorsque l'on s'approchait un peu, on pouvait aisément observer que sur ses yeux étaient posées deux fleurs dont les tiges pointaient vers l'extérieur – ce qui lui conférait cette apparence étrange – et que le côté doux, si l'on connaissait un minimum cette fleur, n'était pas visible et était donc en contact avec la chair à vif. Ceci dans le but de laisser le pauvre aventurier des bois mourir lentement, donc son délire salvateur, sans que personne ne puisse plus rien faire pour lui.
De plus, il servirait certainement d'avertissement à n'importe quelle race, autre que Shaakt, qui oserait venir jusqu'ici pour quelque raison que ce soit.