BlancheLa maison d'Angela est une petite maison douillette, très accueillante. Elle n'est pas très grande, mais sa propriétaire a réussi à en faire un nid dont je ne pourrai plus me passer aujourd'hui. Cette maison a été mon refuge pendant toute mon enfance et mon adolescence, et l'est encore aujourd'hui. Je n'en ai jamais connus d'autre, ou plutôt, je ne m'en rappelle pas. C'est dans cette maison que j'ai tout appris, que je suis devenue cette sublime femme que je suis aujourd'hui.
Vu de l'extérieur elle est très discrète, se fondant dans les bâtiments qui l'entourent, avec simplement une porte et une fenêtre perçant le mur blanc. Mais c'est cela qui fait son charme, qui la rend à la fois si intime et si confortable.
C'est avec le sourire que je frappe à la porte de bois, bien entretenue mais sans plus, alors que Blanche rit aux éclats à côté de moi. Je l'aime bien cette petite fille, elle resplendit de vie et de bonheur, sa famille est charmante et rien ne semble pouvoir ternir le bonheur qui les entourent. Mais ça, c'est quelque chose qui ne se décide pas à l'avance, malheureusement.
"Qui est-ce ?""C'est Célimène et Blanche !""Ah, entrez, entrez !"La porte en bois grince brièvement avant de s'effacer pour révéler la petite entrée de la maison. Elle est propre, décorée de couleurs chaudes et accueillantes. J'invite Blanche à y entrer avant d'y pénétrer à mon tour, puis Angela ferme la porte derrière moi.
"Bonjour bonjour ! Tu es de plus en plus belle ma chérie !""Merci tata !""Venez donc, la table est mise je vous attendais.""Qu'est-ce qu'on mange ?"Je souris. Elle est si mignonne, pleine de vie et de bonne humeur. Pour ma part, il faut d'abord que je passe dans ma chambre. J'ôte ma cape et la pend au porte manteau en bois qui attend dans l'entrée, puis fait une bise à Angela qui sourit elle aussi.
"Je vais dans ma chambre poser ça et j'arrive."Je ne lui montre que mon sac, sans qu'elle sache ce qu'il contient. Il ne faut pas qu'elle apprenne d'où vient son contenu, qu'elle garde de moi cette image presque parfaite qui, même si elle est proche de la réalité, est légèrement plus idéale que moi.
Je traverse le couloir qui mène au salon, puis tourne à gauche, ouvrant la porte en bois qui fait face à la salle à manger et qui ouvre sur mon petit jardin secret. Ma chambre est assez atypique parait-il, mais je ne la changerai pour rien au monde. La première chose qui saute aux yeux en entrant est la couleur bordeaux des murs. J'adore cette couleur, mais apparemment elle n'est pas du goût de tout le monde.
Mais en fait je m'en fiche, c'est ma chambre, et les autres n'ont aucunes raison d'y changer quelque chose, ni même de la critiquer. Un lit deux places prend la plus grande partie de la pièce, ses draps roses et blancs parfaitement placés. Je met un point d'honneur à faire mon lit tous les matins, même si ce n'était pas le cas avant. Je suis une jeune femme très bien organisée ! Au pied de ce beau lit en bois, fabriqué par le défunt mari d'Angela, un grand coffre solide et muni d'une serrure renferme tous mes secrets. Enfin, tous mes secrets matériels.
Je m'en approche et glisse la clef métallique dans la serrure avant de la faire pivoter jusqu'à entendre le déclic caractéristique. Puis je soulève le haut du coffre. Il est presque vide. En effet, la plupart de mes objets volés ont été vendus la veille, et j'ai ramené l'argent à Angela. Il ne reste qu'un beau bougeoir en or. J'y met la récompense de mon vol d'aujourd'hui - quelques bijoux, une bourse de pièces d'or et une jolie dague dorée - et referme le coffre sans attendre. Puis je me retourne.
Sur la porte de ma chambre est accroché un grand miroir finement décoré d'enluminures dorées. C'est un cadeau d'Angela pour ma majorité. Elle sait que je fais attention à mon apparence, même s'il est vrai que je n'ai presque rien à faire pour être belle. Mais j'aime bien contempler mes vêtements pour être sûre que mes cibles de la journée ne pourront pas me résister. Et jusque là, ça a plutôt bien marcher. Ma garde robe est rangée dans une armoire, à droite de la porte d'entrée. Elle n'est pas excessivement fournie mais me permet de tourner sur une semaine.
Je reste devant le miroir, quelques secondes. Ce qui me plait le plus chez moi, ce sont mes yeux. Je serais un homme, je ne pourrais résister à l'envie de m'y plonger à jamais. Heureusement, je suis une femme, une très belle femme qui plus est.
Je sors de ma chambre et ferme la porte derrière moi. J'entends Blanche qui parle à Angela, heureuse, et apparemment pressée de manger. Je m'approche de nouveau et les rejoins, m'asseyant à leurs côtés.
Le repas se passe à merveille, la viande est bonne, surtout qu'Angela à le mérite d'être très bonne cuisinière, et l'ambiance est chaleureuse. Je rit beaucoup. Il faut dire que la vie est belle pour nous trois. Ce que je fais est rentable et permet à Angela de vivre plus que correctement, et Blanche vit dans une famille ayant le bonheur pour ami. Je n'ai aucune raison d'être malheureuse. Enfin, peut-être que si. Peut-être que l'absence de mes parents me pèse. Peut-être que ne pas savoir m'est insoutenable. Mais je n'y pense pas, et je rit, tout simplement, de mon rire si beau et si clair que beaucoup aime écouter.
L'après midi est déjà quelque peu avancé lorsque que les dernières parts de dessert sont engloutie par Blanche qui se régale. Il me faut aller au magasin, j'aimerai qu'il examine la dague que j'ai "récupéré".. J'aide Angela à débarrasser, puis lui laisse la garde de la petite fille le temps de sortir "pour digérer et réfléchir".
Je pense qu'elle se doute de quelque chose, mais à mon avis elle se met en tête que je suis prostituée, ce qui n'est pas du tout le cas. Personne n'a le droit de me toucher sans que je le lui accorde.
Je lui fait une bise, enfile ma cape et sort de la maison, ma dague cachée sous une poche intérieure de cet habit sublime.
La dague