Précédemment : iciDevant elle, un magnifique serpent bleu se dressait. Ses écailles luisaient, oscillant entre un vert vaseux et un bleu sublime, donnant une impression d'ensemble époustouflante par sa beauté – et par le danger qu'il représentait. Il avait dressé, étrangement, le haut de son corps hors de l'eau, qui dépassait presque la fillette, tremblante. Il possédait des cornes plus sombres, des sortes de griffes au bout de ses nageoires, et derrière lui, une queue menaçante bougeait frénétiquement, sortant et rentrant alternativement de l'eau. Mais le pire, c'est qu'il semblait avoir faim.
Il replongea entièrement dans l'eau, ondulant sous la surface, éliminant les derniers mètres qui le séparait de Yurlungur. Seule sa silhouette était visible, mais cela suffisait à terrifier la fillette, pétrifiée par cette apparition cauchemardesque. Elle n'avait jamais vu ce genre de bestioles, et se doutait bien que le gros serpent était bien trop fort pour elle.
En elle, des émotions et des raisonnements contradictoires s'affrontaient. D'un côté, sa nature d'enfant lui hurlait de s'enfuir, de tout lâcher, et de remonter à la surface, ou même de se rouler en boule au sol, si la fuite n'était pas envisageable, pour attendre, attendre que quelqu'un lui vienne en aide, que ce mauvais rêve se finisse et qu'elle se retrouve dans les bras de sa maman. Cette bête était bien trop dangereuse, bien trop puissante, pour qu'elle ait la moindre chance de s'en sortir vivante si elle l'affrontait. Elle ne devait pas rester ici, ni attirer son attention !
Mais, d'un autre côté, sa folie faisait surface à nouveau face à ce monstre. Elle n'avait, de toute manière, aucune chance non plus de lui échapper, donc autant l'attaquer, non ? Elle savait qu'elle voulait le dépecer, le trancher, qu'elle voulait voir son sang, ses entrailles, et le voir agoniser à ses pieds, elle voulait voir souffrir cette bête immonde, ce serpent horrible qui la terrifiait, afin de se défaire de ce sentiment absurde de peur, qui était contraire à ses idéaux, les idéaux d'une folle, mais des idéaux quand même, qu'elle devait défendre quel qu'en soit le prix.
Si bien que, pendant qu'il s'approchait, elle ne savait que faire, perdue. Finalement, par réflexe, elle évita juste à temps un coup de queue qui vint écraser la pierre derrière elle. Elle vit, les yeux écarquillés, un grand renfoncement dans le mur en pierre derrière l'endroit exact où elle se trouvait juste avant. Non, non, non, elle ne pouvait pas ! La folie revint à la charge, en même temps que la terreur la submergeait.
(Laisse-moi le contrôle !)Elle entendait cette voix, cette voix qui provenait de la région la plus obscure de son esprit, mais se sentait incapable de lui répondre. Elle évita un nouveau coup de queue, se jetant sur le sol vers la gauche.
(Laisse-le moi ! Ce serait si facile, si plaisant !)Je... Je...Le serpent semblait de plus en plus énervé, et rendait ses coups plus fréquents. Elle en évita un nouveau, par chance, mais qui déchira la manche de son bras gauche, faisant gicler un filet de sang aux alentours. Elle regarda, d'abord horrifiée, les bouts de tissus voler, mais son regard se raffermit, et son visage se fit plus dur. Un torrent de haine se déversa en son âme alors que la petite fille lâchait son emprise et que la petite folle arrivait aux commandes. Elle hurla subitement :
Je vais tu tuer, sale bête !!Le serpent, s'il n'entendait peut-être pas les sons, fut surpris par cette soudaine agressivité, et eut un mouvement de recul, mais repartit bien vite à l'attaque. La petite fille laissa volontairement l'appendice la frôler, avant de le taillader violemment de sa dague. Elle traça une longue marque rouge en travers de la queue, qui ne la trancha certes pas, mais qui lui causa une sérieuse blessure, pensait-elle. La créature hurla, et retourna sous les flots, y ramenant tout son corps. L'eau prenait une couleur rougeâtre malgré l'écoulement constant des eaux usées vers le port, et camoufla l'adversaire de la gamine. Elle rugit :
Viens donc m'attraper si tu l'oses !Elle se mit alors à courir, vers une autre intersection. Ses sens en alerte, elle essayait de percevoir si le serpent arrivait, mobilisant ouïe, vue et intuition, sans résultat. Une fois arrivée dans une cavité plus large, elle regarda autour d'elle, anxieuse. Rien ne semblait venir, et l'eau restait simplement sombre. Où était passé le serpent ? Était-ce possible qu'il ait déjà récupéré, et que son sang ne soit plus visible ? Elle scrutait, rapidement, tous les passages qui arrivaient à elle. Elle essayait de percevoir un changement dans l'écoulement des flots, un clapotis inhabituel, quoi que ce soit qui puisse la mettre sur la voie. Mais ce ne fut pas nécessaire. Elle perçut finalement une traînée rouge avancer, contre le courant, provenant d'un des canaux. Elle serra le manche de son arme, raidissant ses muscles, en s'adressant aussi bien au monstre qu'à elle-même :
Je t'attends...Elle se concentra. Ses muscles étaient prêts, prêts à se contracter, d'un seul coup, et à taillader le serpent de toutes leurs forces. Elle était elle-même prête mentalement, prête à déverser son énergie dans cette attaque, attaque qu'elle sentait déjà bien plus rapide que tout ce qu'elle avait fait jusqu'à présent. Tout son corps, en phase avec son esprit, était prêt à réagir au quart de tour, l'adrénaline se concentrant de plus en plus dans son corps. La traînée rouge continuait d'avancer, de plus en plus rapide, et elle continuait de se concentrer. Son énergie vitale s'accumulait, débordait, voulait sortir, et elle, elle le sentait et voulait se déchaîner. Se déchaîner contre cette créature abominable qui terrorisait une part d'elle-même.
Le monstre bondit hors de l'eau, fonçant sur elle, mâchoires ouvertes. Elle relâcha le contrôle qu'elle exerçait sur elle, le contrôle de ses pulsions et de son énergie, et lui sauta dessus. Elle laissait couler à flot en elle sa puissance, sa force, pour attaquer la créature.
En un instant, elle fit pleuvoir un déluge de coups sur le monstre marin. Sa main droite taillait, tranchait, donnait un coup et aussitôt le retirait. Les blessures n'étaient pas profondes, mais nombreuses. La créature les recevait, et souffrait, sous les yeux durs de Yurlungur. On aurait dit qu'une centaine de lames s'abattaient au même instant sur le monstre – à moins que ce ne soit qu'une impression, la réalité faussée par l'adrénaline de la fillette. Cette dernière remarqua qu'elle se trouvait au-dessus de l'eau après son saut, et prit appui sur la peau du serpent pour se propulser en arrière et revenir sur la terre ferme. Elle réussit plutôt bien son coup, la peau écailleuse étant moins glissante au contact que ce qu'elle avait redouté. Par la même occasion, elle poussait le serpent meurtri loin derrière elle, dans l'eau.
Mais ce dernier n'avait pas sauté pour rien. S'il avait été surpris par l'attaque intense et fulgurante de Yurlungur, il s'était repris à la fin, et la mordit d'un grand coup à la jambe au dernier moment, modifiant la trajectoire de la petite fille, et lui arrachant un hurlement horrible. Elle battit des jambes, donnant un grand coup de pied à la créature, qui lâcha prise, et dégagea sa jambe saignante.
Elle retomba sur la terre ferme, mais sa jambe gauche, qui avait été mordue, flancha dès qu'elle tenta de s'appuyer dessus. Elle chuta au sol, hurlant à nouveau, la douleur lui étant insupportable. Elle gardait les mains crispées, la droite sur sa dague recouverte de sang, et l'autre sur la torche, qui menaçait de s'éteindre, ainsi appuyée sur le sol humide. Une fine pluie crasseuse vint l'asperger lorsque le serpent retomba dans l'eau.
Elle tenta de se relever, mais ce fut au tour de son bras gauche de ne plus répondre. Elle tenta de le bouger à nouveau, mais elle n'arrivait plus à le contrôler : il ne répondait simplement plus, et elle ne percevait presque plus aucune sensation physique du toucher de ce membre. Elle jeta un regard dessus, et sentit une douleur fulgurante provenant de la blessure que le serpent lui avait faite avec sa queue, tout au début de leur affrontement. Elle n'était pourtant que superficielle, mais sans doute empoisonnée. Son bras était maintenant entièrement paralysé, et elle ne pouvait plus le bouger. Donc elle ne pouvait plus porter la torche, à moins de renoncer à la dague... Son choix fut vite fait.
Elle tenta à nouveau de se relever, mais encore une fois elle retomba au sol. Elle serra rageusement son poing valide autour de la lame. Allait-elle mourir ainsi, perdue dans les sous-sols de Dahràm ? Face à ce monstre répugnant, allait-elle se montrer vaincue ? Elle qui avait résisté à tous ceux qui avaient voulu sa mort jusqu'ici, elle qui avait grandi et vécu sans son père, seule, allait devoir abandonner maintenant ?
Elle rugit, et se releva, dans un effort incroyable de volonté, et cria :
Jamais ! JAMAIS !Elle se soutenait presque uniquement sur sa jambe droite, l'autre la faisant souffrir terriblement. Son bras gauche pendait, la torche restée au sol, et elle brandissait sa dague devant elle, le regard déterminé, déterminé à en finir avec cet affrontement. Elle était prête à combattre, et à tuer cette vermine. Elle se mit à prononcer, d'une voix inhabituellement claire pour son état, une prière à Thimoros. Dans cette prière, elle déversa sa haine, son ressentiment et sa douleur, invoquant le Dieu pour reprendre courage.
Thimoros, dieu des os,
Accorde-moi, ce pour toi,
Ta puissance, et ta science,
Du combat, du trépas !Lorsqu'elle prononça le dernier mot, 'trépas', elle sentit qu'Il lui avait répondu, malgré la courte longueur de la prière. Elle se sentit plus forte, plus grande, et capable de vaincre son adversaire. Celui-ci sembla reculer un moment, impressionné. Il plongea sous les flots, se faisant invisible. Elle regarda autour d'elle, et savait qu'elle prenait un désavantage. La torche était au sol, donc elle ne pouvait plus quitter l'endroit. Le serpent, lui, pouvait s'en aller un peu pour récupérer, et revenir.
Il semblait vouloir faire cela, mais elle ne pouvait pas en être sûre. Les eaux étaient trop sales et rouges suite aux multiples blessures de la bête pour qu'elle puisse distinguer quoi que ce soit de ses yeux fatigués. Le monstre jouait avec ses nerfs, et elle se doutait bien qu'il ne l'avait pas délaissée, il attendait simplement la bonne occasion de passer à l'attaque. Il attendait que les circonstances soient plus favorables, qu'elle perde sa détermination, et elle, elle ne pouvait rien faire contre ça.
Dans un premier moment de colère, elle commença à l'insulter, à l’exhorter de venir se montrer si c'était un homme, à le provoquer, elle le traita de lâche, d'incapable, de monstre de seconde classe. Elle rejetait tout son venin, tout ce qu'elle ressentait en cet instant présent sur le monstre marin, elle lui attribuait la cause de sa douleur, la cause de tous ses malheurs, la cause de la maladie de sa mère et de son idiotie pour ce qui était de l'utilisation de ses yus. Elle continua ainsi pendant quelques minutes, relâchant complètement tout ce qu'elle gardait enfoui en elle. Enfin, elle finit par s'arrêter. Elle savait pertinemment que le serpent ne pouvait pas l'entendre, et de toute façon pas la comprendre, que ce soit ce qu'elle disait ou ce qu'elle ressentait. Elle restait là, haletante, et plus détendue. Le monstre avait dû prendre le temps de récupérer maintenant.
Elle se concentra, fermant les yeux. Elle apaisa ses dernières peurs, les analysant, les réfutant, les détruisant une à une. Elle faisait confiance à son corps pour percevoir la venue du monstre, et se concentrait sur son esprit. Elle faisait le vide dans sa tête, afin de se dédier uniquement au combat, unique moyen de s'en sortir. Elle devait se dédier à cet art, cet art de vivre pour le gagnant, et art de mourir pour le perdant. Soudain, elle perçut un mouvement. Elle ouvrit les yeux, et vit le serpent lui sauter dessus.
Sans essayer de bouger, elle leva sa dague, libérant d'un seul coup toute la force qu'elle avait accumulée. La lame et le poing vinrent frapper la tête du serpent dessous, qui eut un cri affreux de douleur et fut projeté en l'air. Elle l'avait frappé à ce qui semblait lui servir de tête, et il n'appréciait clairement pas. En roulant doucement au sol, elle s'en écartant, il retomba dans l'eau. Mais revint bien vite à la charge, furieux. La petite fille se sentait faible, ayant utilisé toutes ses ressources, et elle ne pouvait plus esquiver facilement de par sa jambe blessée, préférant ainsi ne pas bouger de trop pour éviter toute chute. À la place, elle tailladait l'air devant elle en se tournant sur sa jambe valide qui lui servait de pivot, se contorsionnant légèrement pour éviter les crocs et les griffes du monstre, et répliquant à son tour, sans parvenir toutefois à être très efficace.
Ce jeu dura quelques minutes, mais, au grand dam de la fillette, le serpent ne semblait pas fatigué, que ce soit par ses blessures ou par ses assauts incessants ; alors qu'elle l'était sérieusement. Il continuait d'attaquer sans relâche, la petite fille souffrant et tremblant, ne pouvant pas contrôler ces mouvements. À ses pieds, une petite flaque de sang s'était formée, et elle tentait, pendant les quelques instants de répit fort courts qu'elle avait entre les attaques de la créature, de s'en éloigner. Elle risquait fort de glisser si elle restait dessus. Elle ne pouvait croire que toutes les blessures qu'elle lui avait causées avant n'étaient que broutille pour lui, mais c'était pourtant ce qu'il semblait dire par ses attaques, toujours aussi puissantes, rapides et précises.
Petit à petit, la lumière s'amenuisait, et les espoirs de la fillette aussi. Elle était exténuée, face à ce monstre bien plus rapide et résistant qu'elle, et elle n'allait pas tarder à commettre une faute qui l'achèverait. Son bras droit faiblissait, et elle avait reçu d'autres blessures plus ou moins superficielles au corps, qu'elle n'osait pas regarder. Le serpent fonça à nouveau. Elle s'écarta, prête à abaisser sa dague, mais ce qui devait arriver arriva : elle glissa dans son sang, tombant au sol. Elle regarda le monde chuter autour d'elle, monde qu'elle allait quitter. C'était fini. Le serpent s'enroula autour d'elle, et l'emmena dans les flots. Elle fut immergée en un instant, sentant l'étreinte du monstre la serrer de plus en plus fort.
Elle perdait petit à petit conscience, ses pensées voguant au-delà de son corps. Beaucoup seraient bien contents de la voir disparaître, elle. Le forgeron y gagnerait une armure, les gardes y perdraient une criminelle, et le Rebouteux n'avait plus personne pour s'opposer à lui concernant sa mère. Il pourrait jouer avec elle comme il voudrait...
Elle restait là, sentant les anneaux du serpent autour de son corps meurtri, et l'oxygène commençant à lui manquer. Mais, à sa grande stupéfaction, elle se sentait encore en vie, capable de maîtriser ses mouvements. Elle ne pouvait pas abandonner ce corps. Elle sentait quelque chose qui la rattachait à lui, qui faisait qu'elle ne pouvait pas le quitter comme cela. Soudain, elle comprit. Elle avait invoqué Thimoros plus tôt, et celui-ci lui avait accordé ses faveurs. Il attendait maintenant d'elle qu'elle revienne, qu'elle reprenne le dessus, ou du moins qu'elle s'en sorte vivante. Il ne souhaitait pas l'avoir fait pour rien, et ça, elle le ressentait au plus profond de sa conscience.
Un regain d'énergie vint la réveiller, comme si le Dieu même encourageait cette réflexion. Elle avait toujours la dague en main, mais il lui fallait s'extirper de ces anneaux. Elle avait réussi jusque là à ne pas trop en souffrir malgré l'étreinte, sa souplesse aidant, mais le monstre commençait à serrer de trop. Et il lui fallait respirer.
Elle le surprit en commençant subitement à taillader dans tous les sens de sa main encore valide, là où elle pouvait. Les écailles de la créature la protégeaient, mais elle relâcha tout de même momentanément son emprise, par réflexe. La petite fille en profita. Elle se dégagea en continuant de la blesser et essaya de monter vers la surface, rapidement. Bien que vivant dans une ville maritime, elle n'avait jamais appris à nager, et s'en trouvait bien embêtée. Les quelques mètres à remonter lui semblèrent durer une éternité, et elle émergea enfin, aspirant l'air d'un seul coup, haletante. Ses poumons la brûlaient, et elle ingurgitait cette manne dans l'obscurité sans penser à autre chose, essayant tant bien que mal de se maintenir à la surface de l'eau heureusement peu agitée.
Mais le monstre lui frôla le pied, et elle sursauta. Elle se dirigea, aussi vite que possible, avec des mouvements brusques et peu efficaces, vers la rive. Elle le sentit s'enrouler autour de son pied sur le chemin, mais elle se ramena vivement dessus, pour trancher à nouveau les écailles, donnant de nombreux coups de dague. Malheureusement, le serpent se retira vivement, et elle ne put s'empêcher de se donner un vilain coup au pied. Elle hurla encore. Mais recommença aussitôt à avancer. Elle continua jusqu'au rebord, où elle se hissa à grand-peine. Une fois entièrement hors de l'eau, elle se regroupa en position fœtus. Elle avait mal. Une douleur qui saisissait tout son corps, la menaçant d'évanouissement subit. Mais sa peur l'empêchait de relâcher son attention.
Elle ne percevait plus rien. Elle ne voyait de toute façon plus rien, entièrement plongée dans le noir profond. Sans lumière et hors de l'eau, le serpent ne devait plus savoir où elle était. Et, après quelques instants d'angoisse profonde en attendant le retour de la bête, elle parvint à se détendre. Elle ferma doucement les yeux, et s'endormit, dans son propre sang.
***
Quelques instants plus tard, une silhouette s'approcha. Elle avait assisté au combat, de loin, silencieuse comme une ombre. Elle n'avait alors pas osé intervenir face au serpent de Moura, bien trop puissant, et de plus furieux de s'être perdu dans les égouts, loin de la mer. Mais maintenant qu'il semblait parti, la forme indistincte se montrait.
Il s'accroupit à côté de la jeune fille, et mesura son pouls. Elle vivait encore. Mais ça ne tenait qu'à un fil. Il la prit délicatement, soulevant le corps léger sur ses épaules, et partit, disparaissant, obscur dans les ténèbres.
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