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 Sujet du message: Les cellules du monastère
MessagePosté: Sam 1 Nov 2008 11:36 
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Les cellules du monastère


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Il n'y a presque aucune différence entre celles pour les voyageuses et celles destinées aux habitantes des lieux, si ce n'est qu'il ne s'agit pas du même bâtiment : pour les voyageuses, il s'agira des bâtiments sur la colline Ouest et, pour les habitantes, elles auront leurs cellules situées sur la colline Est. Un système de bac permet la communication entre les deux parties.

Dénuement est sans doute le mot le plus adapté pour qualifier ces petites chambres. Il y a juste le minimum :
- une petite garde-robe pour les vêtements
- un lit de paille avec une couverture de laine, des draps en lin et un oreiller de plume.
- une petite table avec une bougie et de quoi l'allumer.
- une petite fenêtre ouverte.

Nulle serrure n'ouvre la porte car aucun vol ne se produit en ces lieux. Nul ne viendra non plus vous déranger. A travers les murs épais, nul bruit ne passe, vous êtes donc certaine de trouver ici le calme et le repos.

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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Lun 31 Mai 2010 10:23 
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La confusion régnait sur le navire. Sanha débarrassée de sa condition humaine bondit, à une vitesse folle; elle enjamba la passerelle et courut sur la plage en direction de l’embouchure du fleuve. Elle percevait, dans un état second, les hurlements des marins, les ordres du capitaine. Son cerveau ne lui appartenait plus, il analysait avec précision le plus infime détail du terrain qui se déroulait devant elle, ses pieds évitaient chaque piège sans qu’elle ne décide quoi que ce soit, les bruits de la course de ses poursuivants s’éloignaient. Elle ne cessait toutefois de courir, elle avait perdu le contrôle de son corps et de ses sensations.
Elle remontait la rive du fleuve encore trop large pour être traversé, elle courrait toujours sans marquer le moindre essoufflement sans avoir même la conscience de ce qu’elle faisait. Le terrain montait, la plage était désormais loin, les deux rives se rapprochaient. Un rocher sur le bord, une profondeur suffisante pour plonger, Sana n’hésita pas, d’un saut élégant, tête première, elle entra dans l’eau sans la moindre éclaboussure.

Douleur, cri, panique…l’eau glaciale avait mit fin à l’état second dans lequel elle se trouvait une seconde auparavant. Ses gestes devinrent désordonnés, elle battait des bras pour tenter de rester à la surface et résister au courant qui l’entraînait vers la plage. Sa besace qu’elle n’avait jamais lâchée s’était remplie d’eau et faisait un poids mort qui l’entraînait au fond. Ses forces l’abandonnaient, les coups de pied pour remonter à la surface n’étaient plus assez forts pour lui faire prendre la bouffée d’air salvatrice que ses poumons brûlants réclamaient. Elle fit un dernier effort, inspira profondément….ses poumons se remplirent d’eau qu’elle n’eut plus la force de recracher et sombra. Elle se sentit aspirée dans un vortex tourbillonnant où passaient des images lumineuses de visages qu’elle ne reconnaissait pas tout en sachant qu‘ils lui étaient liés, un étrange sentiment de calme et de sérénité l’envahit, elle accepta le sang de ses deux peuples et se laissa entraîner sans plus lutter vers l’immensité du néant qui l’accueillait.

(Ainsi c’est ça la mort.. qu’elle est douce)

Elle flottait sans conscience de son corps, un ensemble de cloches égrainait une belle mélodie invitant au repos des âmes. Elle se sentait entourée d’une douce chaleur, caressée par un souffle régénérateur, aucune image n’effleurait sa conscience mais avait-elle encore une conscience, elle ne se posait plus la question. L’obscurité qui l’entourait n’était pas celle de la nuit mais celle du Noun, cet océan primordial berceau de tous les Dieux. Ni eau, ni air, seulement des fluides sans limites, du Noun toute vie pouvait prendre forme sans influences ni contraintes.

"Jubilation vers toi ô doré - Zewem Maître Suprême...
Mystère qui sort de celui qui danse créant Yuimen et Gaïa
Ô mère, Ô Lumineuse qui repousse les ténèbres, qui éclaire toute créature de ses rayons...
Salut à toi Ô Grande aux nombreux noms
Ô toi de qui sortent les dieux en ce tien nom de Gaïa
Ô fille de Zewen en ce sien nom de Lumière !
C’est la Dorée, la Maîtresse, la dame de l’ivresse, celle de la musique, celle de la danse,
Celle de tous les peuples qui l’acclament parce qu’ils l’aiment!
Le ciel est en fête, la terre est en joie, le Sororité en jubilation ! "


"Comment va t’elle?"

"Gaïa nous la renvoie elle arrive."

Sanha ouvrit les yeux, elle vit d’abord les contours flous d’un mur en pierre, tourna la tête et vit une femme vêtue d’une longue tenue blanche une longue tresse noire tombaient devant elle.

Sanha d’une voix faible lui demanda si elle était Gaïa, la femme émit un rire cristallin et lui répondit qu’elle était au monastère la Sororité de Selhinae.

"Je m’appelle Melyssa je suis prêtresse de Gaïa; repose-toi ma fille, les gardiennes t’ont repêché dans le fleuve alors que tu te noyais, tu es en sécurité ici, mon assistante Lamiah va veiller sur toi. Tiens bois ça, ce n’est pas très bon mais cela va te faire dormir quelques heures, je viendrai te voir lorsque tu te réveilleras."


Elle lui tendit une coupe en bois, Sanha grimaça sentant le goût amer du breuvage et tomba dans un sommeil sans rêve.

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Dernière édition par Sanha le Sam 5 Juin 2010 09:30, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Sam 5 Juin 2010 09:27 
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Un chant d’oiseau pénétrait dans son esprit, une odeur douce de fleurs acheva de la réveiller.

"Bonjour, heureuse de vous voir réveillée."

Sanha tourna la tête et vit une jeune fille qui lui souriait

"Vous ne vous souvenez peut être pas mais je me nomme Lamiah, je suis novice ici au monastère et la Mère m’a chargé de vous veiller, je vais la prévenir que vous êtes réveillée. Vous sentez-vous assez forte pour vous asseoir?"

Sanha repoussa le drap et s’assit en grimaçant dans son genou plia sur le bord du lit étroit, elle s’aperçut qu’elle portait une courte robe grise fermée par une ceinture de tissu vert et que ses cheveux avaient été nattés.

"Expliquez-moi ce qu’il s’est passé, je ne me souviens de rien…"

"Notre mère vous en parlera, je vais la chercher."

La longue robe brune de la jeune fille virevolta autour d’elle quand elle sortit d’un pas vif. Sanha seule dans la cellule prit le temps d’observer autour d’elle. La petite pièce en pierre de taille était dépouillée, elle ne contenait qu’une petite table en bois, une chandelle et le lit austère dans lequel elle avait dormi. Elle se leva prenant appuie sur la table et regarda par la petite fenêtre. Elle ne pouvait que le bâtiment d’en face, une longue façade percées de fenêtres du même type que la sienne.

(probablement des cellules comme celle-ci)

Elle se pencha essayant de découvrir ce qu’il y avait sur les coté, au bout de la rue étroite elle entre aperçut une sorte de grande cour d’où provenaient des bruits de lutte et des voix féminines qui criaient des ordres pour couvrir le fracas des armes. Elle commençait à s’inquiéter se demandant si une guerre avait éclaté quand la Mère du monastère entra.

"Bonjour jeune femme! je vois que vous allez beaucoup mieux"

"Oh! Bonjour Mère, je vous dois des remerciements même si je ne sais pas ce que je fais ici."

"De quoi vous souvenez-vous?"

Sanha hésita longuement sur la réponse à lui donner ne sachant pas si elle devait lui raconter ce qu’il s’était passé dans les bois lors de la cérémonie avec les elfes,
elle opta pour la prudence et choisit de ne lui parler que de l’enlèvement et de sa fuite sans entrer dans les détails. La religieuse la regardait d’un air pénétrant et lui dit:

"Nous sommes prêtresses de Gaïa, dépositaires de bien des secrets mais tu as le droit de garder les tiens, nous ne t’obligerons pas à nous les révéler, tu es la bienvenue ici comme toutes les femmes, reste le temps que tu le souhaites, tu es demi-elfe donc normalement tu vénères toi aussi Gaïa, l’office aura lieu à la tombée de la nuit, le repas du soir sera après. Lamiah te servira de guide. Que Gaïa veille sur ton destin demi-elfe ! ."

Elle s’appétait à sortir quand Sanha s’excusa, elle se présenta lui donnant son nom.

"Bien Sanha, nous nous reverrons dans les prochains jours, nos gardiennes t’ont sauvé de la noyade, ton sac ainsi que son contenu est sous ton lit. Nous sommes désolées, la bibliothécaire a essayé de faire sécher le parchemin qu’il y avait dedans mais des caractères se sont malheureusement effacés, elle n’a rien pu faire."

"Le parchemin?! Mais le marin, quand il l’a fouillé, a dit que ma besace était vide!"

Sanha plongea sous le lit ouvrit la besace et ne vit rien. Vide…

"Mais il n’y est plus, il n’y a que le fruit que m’a donné l’elfe vert."

Intriguée, la prêtresse regardait Sanha dubitative.

Elle plongea la main dans le sac et la ressortie, Sanha comprenait que la prêtresse tenait en main quelque chose qui toutefois restait invisible à ses yeux, le parchemin était devenu bien visible au fond du sac.

"Sanha, nous devrons discuter dès que j’aurai le temps, tu ne vois pas cette cape elfique de dissimulation alors que tu portes la bague des magiciens de ton peuple…" Elle s’arrêta de parler pensive…

"Nous en reparlerons plus tard, je dois aller préparer les rites du soir."

Elle sortit en glissant quelques mots à l’oreille de la novice. Lamiah hocha la tête d’un air entendu et se retourna vers Sanha.

""Viens suis-moi, je vais te faire visiter et t’expliquer quelles sont les règles que tu devras observer le temps de ton séjour ici."


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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Mer 14 Juil 2010 23:53 
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La nuit tombait sur l'embouchure; au-delà de la courbe voluptueuse de la colline, je pouvais apercevoir le scintillement des eaux molles rencontrant la houle de l'océan. L'eau douce, charriant la boue dont se charge le fleuve dans les méandres erratiques de la plaine, formait en rencontrant les eaux amères du grand large d'étranges traînées brunes, comme les ramifications innombrables des racines d'un arbre millénaire. Le soleil déclinant n'était plus qu'une demi-lune échouée à l'horizon, et sa lente agonie faisait rougeoyer les dernières gloires du couchant, colorant délicatement la surface mouvante des eaux de teintes chaudes: rouge sang, pêche mûre, vieil or...

L'infinie variation des couleurs, le bruit mélancolique du ressac que l'on entendait indistinctement, ainsi que la fraîcheur de l'air du soir chargé d'embruns salés, tout concourrait à cet instant exact de la journée à me plonger dans un état proche de l'endormissement, bien que mes yeux restassent ouverts; j’étais prise d'une sorte d'ivresse, parcourant en pensée le spectacle sublime de l'estuaire enflammé par la parade du crépuscule. Il me semblait alors que, plus que ma pensée n'épousait les contours du paysage, le paysage s'adaptait aux ondulations de ma rêverie; la lente avancée des eaux boueuses me ramenait à l'ennui que je ressentais dans cette vie monastique où je me sentais trop à l'étroit, la litanie de la houle me rappelait le plaisir que j’éprouvais à fredonner les chants sacrés de l'aube, tandis que la sensualité de la courbe d'un mamelon au sommet de la colline réveillait en moi les tiraillements douloureux du désir.

La chasteté était l’un des vœux que faisaient les Sœurs à la fin de leur noviciat ; je combattais de mon mieux ces pensées impures, voulant chasser de mon corps ces sensations, je devais faire corps avec la Sororité, lui dédier ma vie ; j’étais une guerrière. Nombreuses étaient les sœurs qui cédaient à la tentation, et tant que personne ne l’apprenait, elles pouvaient enfreindre leurs vœux sans crainte. Toutefois, si l’impureté d’une sœur était mise à jour publiquement, le châtiment se devait d’être exemplaire, et les fautives étaient, au mieux, chassées. D’autres s’adonnaient à leurs tâches quotidiennes avec une passion disproportionnée, ce qui, j’en étais certaine, n’était qu’un moyen d’évacuer ce désir brûlant et réprimé. Enfin, il n’était pas rare de voir deux sœurs entretenir une amitié très étroite, dont la profondeur ne se dévoilait qu’au travers de petits gestes ; un éclat particulier brillait dans leurs yeux, et leurs corps, sans jamais se toucher, semblaient sans cesse sur le point de s’effleurer, à la fois effrayés et langoureux.

On toqua. Avec un léger sursaut, je me tirai de mon silence contemplatif. Il n’était pas rare qu’une sœur plus jeune vienne me chercher pour l’office du soir, tant tout le monde connaissait ma répugnance à me tirer du spectacle de la tombée de la nuit. Je les accueillais, de façon générale, froidement ; ces quelques instants précieux me permettaient d’oublier la vie du monastère, ses horaires, ses offices, ses patrouilles, ses règles, et par-dessus tout, me permettait de ne pas penser à la perspective de passer le restant de mes jours ici. Ce léger claquement sur le bois sec de la porte suffisait à ce que la réalité chute lourdement sur mes épaules, et je ne pouvais m’empêcher de ressentir comme à chaque fois un léger sentiment de culpabilité : le monastère était toute ma vie, les sœurs m’avaient enseigné tout ce que je savais, avaient fait d’une pauvre créature sans parents la femme que j’étais –elles m’avaient tout simplement élevée. Si bien élevée, pensais-je avec amertume, que malgré ma répugnance, leurs principes moraux très stricts étaient marqués au fer rouge dans mon crâne, et je ne pouvais passer outre sans avoir l’impression de mal agir.

On frappa à nouveau, plus timidement. Les cellules n’avaient pas de serrures, le vol n’existait pas au sein de la Sororité ; les sœurs faisaient vœu de pauvreté, elles ne possédaient aucun objet personnel. Je soupirais, d’un ton plus exaspéré que je ne l’étais vraiment ; la porte grinça en s’ouvrant.

- Kayane… ?

Un sourire s’étira sur mes lèvres sans que je ne pusse le réprimer. Cette voix, fluette et pourtant empreinte d’une douce volonté, je la connaissais bien. C’était Mair, une sœur plus jeune que moi qui venait de prononcer ses vœux, et qui réussissait avec une étonnante facilité à éveiller chez moi un peu de tendresse. J’aimais sa douce résolution ; fermement attachée à l’idéal de Selhinae, et connaissant mes questionnements incessants vis-à-vis de la viabilité de la règle, elle n’essayait pourtant pas de me convaincre avec force. Elle se contentait de m’écouter avec de délicats petits hochements de tête, et me laissait comprendre dans son regard qu’elle n’avait qu’une envie, me faire partager son amour, sa passion pour Selhinae.

- Mair. L’office peut bien attendre quelques minutes, lui répondis-je sans me retourner.
- L’office oui, la patrouille non. Les révérendes sont dans tous leurs états, une troupe armée a été aperçue à la lisière de la forêt.

Je me retournai précipitamment, descendant aussitôt du petit bureau sur lequel j’étais juchée. Mair me fixait de ses yeux sombres dont la couleur oscillait entre le bleu et le gris, un sourire amusé étirant ses lèvres roses. Sa capuche de toile grossière était ramenée sur sa tête, laissant seulement s’échapper quelques mèches folles d’un blond étonnant. Comment n’avais-je jamais pu m’apercevoir qu’elle était si belle ?

- Toujours ce même entrain dès qu’il s’agit de sortir des murs du monastère…, glissa-t-elle avec tendresse. Ses yeux était légèrement luisant, comme sous l’effet de la fièvre.
- Tu as toujours eu un certain talent pour me faire des reproches qui ne sonnent pas comme des reproches, lui répondis-je avec un sourire.
- Il faut bien que je te surveille, et ce n’est pas une tâche aisée. Au moindre mouvement trop brusque, à la moindre tournure de phrase qui ressemble de loin à un ordre ou un sermon, tu te froisses, et c’est fini, on ne peut plus t’approcher. Fermée comme un coquillage. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’il cache…

Le mot resta en suspens, mais ne fut pas prononcé. « Perle ». Un bien joli mot, qui sonnait à mes oreilles comme bien trop disproportionné. L’affection que me portait la jeune sœur touchait parfois une limite ambiguë, trouble, et totalement taboue à laquelle je ne préférais pas penser. Pourquoi pas après tout ? Mair était une fleur qui connaissait sa première aurore, et ses atours étaient chaque jour plus resplendissants ; pourtant je sentais bien que mon affection pour elle n’atteindrait jamais celle que je lisais pour moi dans ses yeux azurés. Je n’en voulais pas.

- Ne devrions-nous pas nous dépêcher ?

Ma voix était sèche. Une ombre de déception passa rapidement sur ses paupières, fugitivement, comme si elle s’était aperçue du trouble qu’elle provoquait chez moi. Je serai plus ferme à l’avenir.

- Oui, bien sûr. Mère Théa nous attend devant l'entrée sud-ouest. Je… je prends un peu d’avance, acheva-t-elle difficilement.

Elle s’engouffra aussitôt dans le couloir, sans un bruit ; elle ne laisserait échapper aucun sanglot, rien qui ne puisse trahir sa douleur, et c’était là sa principale force. Quel gâchis. Pensive, j’enfilai sur ma tunique courte la lourde cape brune du corps expéditionnaire ; la nuit serait fraîche, et il ne fallait pas s’engourdir sur le dos des chevaux. J’attachai fermement à ma ceinture de cuir usé le solide fourreau de mon sabre ; j’observai quelques instants la lame grise. Derrière moi le Soleil achevait de plonger derrière l’horizon, et ses derniers feux faisaient luire l’acier froid. Quel gâchis Mair, quel gâchis.

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Dernière édition par Kayane le Jeu 28 Oct 2010 22:28, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Mer 1 Sep 2010 18:37 
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Je sentis le contact doux d’une matière duveteuse, quelque part dans ma main gauche. Il faisait noir, entièrement -et je n’avais pas la force d’ouvrir les paupières. Ou du moins pas la volonté ; la léthargie obscure de laquelle m’avait tiré ce léger contact dans ma paume était agréable, très agréable. Je n’avais aucune envie d’en sortir, de me jeter dans le tourbillon que je pressentais dehors ; ici, derrière mes paupières, le cerveau drogué par les douceurs du sommeil, la tempête qui avait fait irruption dans ma vie ne pouvait m’atteindre. Je savais confusément qu’il y avait quelque part dans ma tête une foule de questions auxquelles je devais absolument répondre, de nombreux choix à faire, de lourdes décisions à peser. Pourtant, rien ne m’obligeait à y éreinter mon esprit : tant que mes yeux étaient fermés, je n’y pensais simplement pas. Seule une étrange sensation dans mes entrailles me rappelait que j’avais fort à faire et à réfléchir ; et pourtant, tant que mes yeux étaient fermés, la cause de ces bouleversements ne me revenait pas. Je voulais me rendormir, sortir de cet état comateux entre le sommeil et le réveil, pour me plonger dans la léthargie la plus profonde, la plus vraie, la plus durable. Vite.

Pourtant, j’avais beau désirer de tout mon être me rendormir, plus je tentais de rejoindre les bras accueillants du sommeil que je venais de quitter, plus j’avais la sensation de m’en écarter. Mon esprit, en se fixant sur un but, s’était remis à fonctionner, et mon cerveau s’ébrouait petit à petit, mes pensées se faisaient moins confuses, moins décousues. Derrière l’ombrelle de mes paupières, la lumière de l’extérieur m’atteignait légèrement. Il devait faire jour. L’air était frais et sec ; ce devait être le soir. Peut-être que je devais effectivement ouvrir les yeux, le monde m’attendait.

Comme s’il attendait ma décision, mon cerveau réagit immédiatement à cette impulsion. Au moment même où, à la pointe de mes yeux encore clos, les infimes muscles de mes paupières tressautèrent pour s’ouvrir, un coffre trop plein s’ouvrit dans ma mémoire. Les souvenirs, encore récents et vivaces, envahirent mon crâne, se livrant à une étrange danse où les images et les sons se mêlaient de façon effrénée ; le combat, le regard dur du guerrier ; mes petits genoux écorchés sur la mousse verte. Mon père, dont la tête s’apprêtait à se détacher de son corps s’effaça derrière les formes sombres et recroquevillées de mes deux sœurs dont je ne connaissais même pas les noms, mortes sous l’acier. Mère Théa, dont le visage brillait comme une flamme dans le mêlée, disparaissait derrière les visages des quatre assassins sous la lune. Et au-dessus, dominant toutes ces images, ces sons, ces sensations, le sourire ivoirin de l’homme, et ses yeux dorés dont l’éclat narquois ne s’éteignait pas, malgré les atrocités sur lesquelles ils se posaient.

J’ouvris les yeux, haletante, et le regard de l’homme disparut aussitôt. J’étais dans ma cellule, étendue sur ma paillasse et recouverte des habituels draps de lin. Un parfum agréable me chatouilla les narines –ils devaient être fraîchement lavés.

Je tournai doucement la tête vers la fenêtre, ouverte, qui laissait pénétrer l’air délicieux du soir. Le soleil devait se coucher, à en juger par le carré rougeoyant que l’encadrement de la fenêtre projetait sur le mur opposé, juste à côté de la porte. La poussière, paisible, était transmutée par les rayons dorés en un nuage de particules lumineuses qui flottaient dans l’air avec une sérénité que rien ne semblait pouvoir troubler. Je soupirai, sans vraiment savoir pourquoi ; était-ce du soulagement ? Ou soupirais-je pour essayer de dégager de ma poitrine le poids insoutenable qui l’oppressait ?

Prise d’un soudain agacement, je rabattis les draps brusquement, et me mis debout. Une douleur lancinante au flanc me rappela à l’ordre. J’étais légèrement nauséeuse, et prise de vertiges, comme lorsque l’on est resté immobile pendant un long moment ; mes articulations elles aussi se remettaient en action difficilement. Combien de temps s’était écoulé depuis le matin de l’attaque ?

C’était la première fois depuis mon réveil que je formulais directement ce qu’il s’était passé. L’attaque. Je ne pus empêcher ma poitrine d’être envahie par une vague de culpabilité. J’avais la conviction profonde, bien que je ne pusse le prouver, que j’étais la cause de ce… désordre. L’homme au masque, qui s’était tenu à l’écart de la mêlée, celui-là même dont le visage s’était gravé définitivement dans mon crâne la nuit précédente, m’avait personnellement adressé un signe cruel de la main, comme pour attiser ma haine et ma douleur. Et j’avais couru vers lui. Quelle imbécile. C’était certainement ce qu’il attendait. Mère Théa, en stoppa net ma course, m’avait sûrement sauvé la vie. Comme elle m’avait sauvé la vie quelques instants plus tôt, en abattant un guerrier contre lequel je ne m’en serais pas sortie vivante. Deux de mes sœurs n’avaient pas eu cette chance. J’eus la nausée.

Je revis leurs silhouettes étendues, recroquevillées l’une sur l’autre, leurs membres formant des angles inhabituels, figés dans une raideur cadavérique. Elles n’avaient plus rien d’humain. Quelques heures plus tôt, elles avaient dormi côte à côte… immobiles et endormies, elles étaient belles, ou du moins, leurs corps étaient harmonieux, sereins. Dans la mort, elles étaient laides. L’acier leur avaient tout enlevé, jusqu’à leur dignité, jusqu’à ce qui faisait d’elles des femmes fières et terribles, jusqu’à ce qui faisait d’elles des Sœurs de Selhinae.

Un écoeurement terrible m’envahit, me sapant les jambes. Je m’affalai sur mon bureau, le front sur le bois vieilli. C’est alors que j’aperçus mon sabre. Quelqu’un l’avait déposé là. C’était le mien, j’en étais certaine, et pourtant, il avait changé. Baignant dans la lumière rougeoyante du soleil couchant qui se déversait de la fenêtre, il était d’un vermeil étincelant, comme si le sang qu’il avait versé avait pénétré jusqu’au plus profond de l’acier. Il dégageait une aura guerrière transcendante, qui me rendit du courage et de la force. Je devais vivre, et il m’y aiderait. Il était la barrière qui me permettrait de toujours conserver ma plénitude physique et morale, ce qui faisait de moi une soeur. Il était la mâchoire qui me permettrait de venger Selhinae.

A côté de lui était déposé un masque opalin que les rayons coloraient d’une lueur orangée. Stupéfaite, je m’immobilisai ; c’était le masque de l’homme. Un morceau de parchemin déchiré était posé dessus. C’était une écriture déliée et vive ; c’était Mair.

« C’est tout ce qu’il a laissé dans sa fuite. Je n’ai pu me résoudre à le laisser là-bas, c’est peut-être la seule piste que nous permettra –qui te permettra- de remonter jusqu’à lui. Je repars en patrouille. Prends soin de toi, pour Selhinae. Et pour moi. Mair. »


Je posai doucement la main sur la surface lisse du masque. J’avais le tournis ; je ne savais où donner de la tête, et des envies contradictoires se livraient dans ma poitrine une lutte acharnée. J’étais inquiète pour Mair, et ces quelques mots avaient brisé mes dernières réticences. Je l’aimais, et je savais enfin de quelle façon. Mair, en plus d’être ma Sœur par Selhinae, était une véritable sœur, bien que nous ne partagions pas le même sang.

Alors que j’étais plongée dans une contemplation songeuse et inquiète du masque, un chant déchirant parvint jusqu’à ma fenêtre. Je me figeai encore un peu plus, si c’était possible. La mélodie était reconnaissable entre toutes : c’était le chant d’adieu des guerrières mortes au combat. On allait immoler les sœurs qui avaient été tuées –j’apercevais les flammes s’élever dans la cour, et le craquement infernal du bûcher funéraire montait jusqu’à mes narines. Je ne réfléchis pas un instant. Immédiatement, j’enfilai une tunique de lin, et sortit à toute vitesse de ma cellule.

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Dernière édition par Kayane le Jeu 28 Oct 2010 22:28, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Dim 3 Oct 2010 19:38 
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Des mains solides m’avaient emmenées jusqu’à ma cellule et m’avaient allongée, tirant sur mon corps agité de tremblements les draps de lin. D’autres mains, plus douces, m’avaient alors rincé le visage, passant sur mon front et mes pommettes brûlantes un linge humide, qui soulagea un peu le feu de mon sang et les battements incontrôlés de ma poitrine. Je n’entendais pas ce que l’on disait autour de moi, tant il me semblait que le choc de mes émotions était assourdissant, résonnant dans tous mes muscles comme un tocsin. Une odeur âcre et suave, qui déposait un goût âpre sur mon palais, vint m’effleurer les narines. Mes pensées, déjà trop chaotiques, se firent encore moins précises, comme diffuses, et, me sembla-t-il, m’entraînèrent insensiblement vers la frontière infime des songes. Avec un dernier sursaut de lucidité, j’eus juste le temps de réaliser que l’on devait être en train de me droguer, avant de sombrer dans un sommeil si épais et si lourd qu’il ne pouvait laisser de la place aux rêves.

*


Le réveil fut aussi prompt que le fut l’endormissement ; de nature parfaitement artificielle, ces sommeils-là s’évanouissaient brusquement dès que la substance qui les provoquait venait à manquer. J’ouvris les yeux, et mon regard tomba sur une petite soucoupe où trônait un petit tas de cendre étonnamment claire. De l’encens narcotique, évidemment. Les sœurs ne l’utilisaient que très rarement, dans des cas grave comme par exemple pour calmer les sœurs atteintes de ces crises de convulsions inexplicables que l’on appelle haut-mal –je devais vraiment être dans un état terrible pour que la mère guérisseuse décide de m’administrer cette substance. Après tout, j’avais, pour autant que je pusse me rappeler de l’incinération, porté la main sur l’abbesse, et ce à la vue et au su de toutes. Autant dire que le châtiment serait terrible. J’avais beau fouiller dans ma mémoire, jamais aucune sœur de ma connaissance n’avait jamais osé commettre un tel sacrilège ; la personne de l’abbesse recevait à sa nomination une apothéose qui conférait à son corps une valeur quasiment divine ou du moins entièrement spirituelle. Elle devenait l’incarnation de l’idée même, de la raison d’être de Selhinae, de la communauté des sœurs : porter la main sur elle revenait à porter un coup à la communauté toute entière. Et par conséquent, à s’en exclure de façon définitive. La loi était claire: je devenais in facto une proscrite, et condamnée à mort sur tout le territoire de la Sororité.

Un froid terrible s’empara de ma nuque. Je ne devais pas céder à la panique. Il y aurait un procès, je pourrais m’expliquer, l’abbesse parlerait peut-être en ma faveur, on pourrait me trouver des circonstances atténuantes… pourtant, la peur continuait de se répandre insidieusement dans mes veines, investissant ma poitrine et serrant de sa main glacée mes poumons. La loi était la loi. Que pouvais-je faire ?

L’idée s’imposa alors que j’essayais justement de la mettre à distance. L’exil était la seule solution qui me permettrait de conserver ma vie. Mais quelle vie ? J’avais appris depuis les débuts de la formation de ma conscience que je n’avais de valeur que celle que je pouvais apporter à la communauté, que je n’étais qu’une dent des grands engrenages de la Sororité, qui me permettait de vivre libre, loin de la tyrannie du monde des hommes. Que suis-je seule ? La question explosait dans mon cerveau, tant elle ne l’avait jamais effleuré. Cette perspective était presque plus effrayante et vertigineuse que celle de la mort. En perdant le statut de sœur, je perdais tout : je n’étais plus rien, l’entière fin de mon être était de servir la Sororité. Et à présent que j’en étais exclue par mon acte, je perdais toute raison d’être, toute substance, toute identité ; l’idée était proprement terrifiante, provoquant une angoisse que ne saurait même égaler celle d’être suspendue au-dessus d’un vide absolu. La mort n’était-elle pas préférable ?

Je me levai subitement, prise d’angoisse, et me précipitai sur la lourde poignée de la porte en bois ; le loquet claqua trois fois sous ma main, sans s’ouvrir. J’étais enfermée. Une bouffée de chaleur me monta à la tête, et je me mis à tambouriner sur le battant, sans réussir à éprouver la résistance des gonds d’acier. Abattue, je m’effondrai contre le bois dur, le souffle court, le front baigné de sueur. De l’autre côté, il me sembla entendre le raclement sourd d’un soulier sur les dalles de pierre.

-Ouvrez-moi !

Ma voix, que j’aurais souhaitée impérieuse, m’apparut ridiculement brisée. Un temps passa, sans que le sang dans mes tempes ne refluât.

-Répondez…

L’air, épais, pesait lourdement sur mes épaules.

-S’il vous plait, répondez…

De l’autre côté du battant de bois, rien ne vint ; peut-être n’y avait-il personne ? De toute façon, même si une sœur gardait ma porte, et que l’ordre avait été donné de ne pas m’adresser un mot, je n’aurais pas de réponse. Sentant petit à petit le contrôle de moi-même revenir, je me tournai vers la fenêtre, qui restait la dernière échappatoire. Je devais parler à quelqu’un, m’expliquer avant le procès ; je devais parler à Mair.

Une forme sombre se découpait devant l’embrasure de la fenêtre ; derrière, le ciel commençait à se colorer d’un gris tendre par-delà la colline, le soleil ne tarderait pas à sortir de derrière l’horizon. Je me figeai. C’était une femme, une très vieille femme. Ses cheveux, d’un blanc sec, étaient retenus par un lacet de cuir contre son épaule, s’entrelaçant étroitement jusqu’à sa taille. Sa peau, incroyablement parcheminée, brunie par le soleil, conférait à son visage une aura presque immatérielle ; on aurait presque dit la surface de l’écorce d’un arbre millénaire, tâchée par le temps, creusée de sillons par la pluie, comme un morceau de cire jadis vierge sur lequel l’expérience avait imprimé une multitude d’empreintes. Ses yeux luisaient faiblement sous l’arcade de ses sourcils ombreux, d’un éclat net qui contrastait avec l’intensité des plis et des replis de ses paupières. Ses traits, droits, paraissaient cependant comme émoussés par les années, comme si le temps avait légèrement gommé des angles originellement nets, accordant une étonnante douceur au contour de ses mâchoires et de ses pommettes. On sentait, sous la patine épaisse de l’âge, une ancienne très grande beauté, qui en son temps, avait déployé ses atours les plus majestueux ; pourtant, à la vue de ce visage, on ne pouvait s’empêcher de penser que, malgré la perte de la jeunesse, cette femme n’en était qu’encore plus belle. Toutes les imperfections et les tâches qui grêlaient sa figure étaient les témoignages, à la fois de la belle jeune fille qu’elle avait été, mais également de ce qui faisait son être, de ce que cette jeune fille avait souffert, appris, joui et vécu.

Son odeur était à son image, d’une complexité sans nom. Je l’identifiai aussitôt, au comble de la stupéfaction. Cette odeur, c’était exactement celle que j’avais sentis la veille.

-Bonjour Kayane.

Je ne sus que répondre.

-Je suis venue au plus vite, j’ai dû ruser pour ne pas éveiller la méfiance des mères révérendes ; elles savent très bien que ton cas est délicat, et qu’il est difficile de te traiter comme n’importe quelle sœur.

J’étais abasourdie que l’abbesse tienne de pareils propos ; que faisait-elle de l’unité indivisible de la Sororité et de l’indifférenciation de ses membres ? Que faisait-elle ici ? Pétrifiée, j’étais incapable de déterminer quelle était la bonne attitude à adopter.

-Je ne peux plus retarder maintenant le moment de cette discussion. En venant hier soir à l’incinération, j’ai fait une erreur. Tu n’aurais jamais dû me voir. Comme tu dois le savoir, ton sort est maintenant scellé.

Je déglutis, desserrant enfin l’étreinte douloureuse ma mâchoire.

-Que, que faites-vous ici ? Que dois-je…

-Enfin ! Il est clair que tu dois quitter le territoire de la Sororité !

-Je ne comprends pas. Vous… vous ne pourriez pas intercéder en ma faveur si vous voulez m’épargner la mort ?

-Que crois-tu que je suis en train de faire ? Je t’apporte mon aide autant que je le peux. Mon statut est uniquement symbolique, et même moi je ne peux transiger avec les lois de la Sororité, qui sont justes. Tu es condamnée à mort, tu dois mourir.

-Dans ce cas pourquoi me dîtes-vous de quitter le territoire du monastère!
m’exclamai-je en haussant la voix, sentant surgir à nouveau en moi la colère immense que j’avais ressenti contre cette femme, mêlée à un certain agacement.

-Ecoute Kayane, nous n’avons que très peu de temps. C’est précisément ce que je te disais ; tu n’es pas une sœur à part entière, et, au fond de toi, tu l’as toujours su. La plupart des sœurs sont ici par choix, ou par tradition, ou par conviction, ou pour encore une multitude d’autres raisons. Le tout est de comprendre qu’en devenant une sœur de Selhinae, une femme se retire entièrement du monde extérieur, et n’existe plus en dehors du monastère ; celles qui viennent ici pour fuir un danger, quel qu’il soit, sont logées dans le quartier des visiteuses et ne deviendront jamais sœurs tant qu’une partie de leur destin continuera à les poursuivre en-dehors des limites du monastère.

Les images, si réelles, de mon rêve me revinrent en mémoire ; le sang sous le clair de lune. Une boule me serra la gorge.

-Vous voulez dire que je… que mes parents…

-Evidemment. Pour préserver ta vie, je t’ai fait sœur, tout en sachant parfaitement que jamais cette existence ne pourrait te convenir et t’accomplir. C’est pourquoi je considère que te donner la mort pour t’être exclue de la communauté des sœurs est injuste car tu n’en as jamais fait réellement partie. Malheureusement, je n’ai pas l’appui de l’ensemble du conseil des mères révérendes, et la question de ton sort a toujours été particulièrement houleuse. Tu dois fuir, sans quoi tu mourras entre ces murs.


Déjà, elle se tournait vers la fenêtre.

-Attendez, vous vous devez de me dire pourquoi mes parents m’ont laissé ici !

-Tu le sauras en temps voulu, nous n’avons pas le temps. Sache que ta vie, que tu as toujours crue bornée entre ces murs, courre en fait librement à l’extérieur.


A cet instant, le soleil déploya ses premiers rayons, qui vinrent colorer de feu la chevelure de l’abbesse. Elle me sourit, avec une douceur désarmante.

-Tiens, prends cette corde.

Elle enjamba alors l’ouverture étroite de la fenêtre avec une grimace de douleur, que je mis sur le compte de son grand âge, et disparut dans un courant d’air. Je ne pus déterminer si elle s’était envolée ou si elle avait promptement descendu le mur jusqu’à la cour ; après tout, l’abbesse était connu comme une grande magicienne…

Au même instant, j’entendis le cliquetis des lourdes clefs dans mon dos, tandis que le loquet se déverrouillait. Le sentiment d’urgence chassa de mon esprit toute indécision, et, d’un geste rapide, j’attrapai les quelques affaires que je pouvais emporter, mon sabre, le masque de l’homme aux yeux dorés, et sortis par la fenêtre à l’instant où s’ouvrait la porte. J’eus juste le temps d’entendre quelque part dans mon dos une exclamation étouffée. Je souris ; une sensation grisante m’envahissait la poitrine.

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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Mar 13 Sep 2011 22:52 
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Le sommeil... Le sommeil embrumait tout. Silmeria avait été conduite par un détachement de soeurs à la robe noire sur les collines Ouest. Un long bâtiment qui de loin semblait être un bête couloir de pierres. Tout ici semblait parfaitement contre l'hostilité. Le fait d'être femme offrait ne nature instantanée le droit d'asile et de compassion. Les voyageuses fatiguées se virent offrir de quoi se désaltérer, elles étaient toutes conviées à participer au repas ponctuel des habitantes.

La tueuse quant à elle, se moquait strictement du pain et de la bolée de soupe qui pouvait bien être servie, elle ne souhaitait qu'un plateau d'argent sur lequel se trouverait la tête de mère supérieure. Après tout, elle savait peut être que sa victime se mettait en quête de devenir l'architecte de la mort de cette femme jusqu'à présent inconnue.

Dans son état d'esprit, elle préférait frapper d'abord, ensuite, en cas de nécessité absolue, elle se poserait peut être deux ou trois questions, mais l'essentiel était de la trouver, de la tuer, d'embarquer à bord du Redoutable Jugement et de retourner à Keresztur.

Elle aurait souhaité brûler toutes les étapes en voyant sa chambre. Le logement sommaire. Il ne fallait bien sûr, pas s'attendre à un confort à l'image de son château, mais dormir sur la paille comme un poney d'écurie n'était pas une perspective très complaisante.

« J'espère qu'il n'y a pas de puces... Et... Non mais je rêve ! »
« Quoi ? Des puces ? »
« Pire que ça. La porte ne ferme pas à clef. Et mes affaires ? »
« Personne viendra s'emparer du reste de tes vivres... Mais par sécurité, garde peut être ce que tu as de précieux pour toi. Même si je doute que les voleuses trouvent ici terrain de jeu convenable. »
« Je suppose qu'on le découvrira. »

Elle ajusta sa tiare, chassant une dernière mèche rebelle. La paillasse était presque confortable, même après avoir marché des jours dans la poussière. Ses bottes noires avaient pris le sale et elle s'apprêtait à les nettoyer en s'aidant du tissus de son sac. Au fil de sa patience, elle retrouvèrent leur noir originel, bien loin du vernis qu'elles avaient autrefois. Silmeria se sentait plus à l'aise ainsi vêtue. Se souvenant de l'époque où elle portait cette armure lourde et inconfortable. Impossible pour elle de dormir avec ça, chose réparée maintenant. La robe noire, les bottes et le corset n'entravaient en rien ses mouvements et lui laissait une souplesse naturelle.

Elle s'allongea sur la paillasse, après avoir bien sûr pris grand soin de la couvrir du drap de lin. Mieux valait avoir un peu froid que d'avoir des puces... Et elle se voyait pas devoir laver ses uniques vêtements dans ce lieu inconnu.

La Scélérate dissimulée sous la cape, emmitouflée dedans, elle vérifiait presque sans arrêt que rien ne lui manquait.

« Mon petit lapin de la colline verte... Tu es vraiment trop paranoïaque... »
« Tu as raison... Après tout, ici c'est plus à la mère supérieure de craindre quelque chose... »

Les cils se refermaient. Elle portait encore son maquillage au charbon qui ne faisait qu'obscurcir son regard, la torpeur et la tiédeur des lieux la berçaient et peu à peu, elle sombrait dans un sommeil tant attendu.

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Ven 27 Jan 2012 19:37 
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De bavardage en bavardage, le repas s'était déroulé dans la joie et la bonne humeur la plus totale. L'ambiance de la soirée avait été festive en son honneur, mais la Taurion s'était surtout réjouie de pouvoir retrouver un peu de quietude dans sa chambrée, une fois l'euphorie des Soeurs passée.

La simplicité de la pièce lui faisait beaucoup de bien et lui avait rapidement permie de se ressourcer. L'air frais du dehors contrastait avec la chaleur de la journée et Lilie passa de longues minutes à contempler le somptueux paysage qui s'étendait au delà du monastère. Le couché de soleil donnait aux arbres et à l'herbe une teinte rougoyante que l'Ermite ne connaissait pas et qui la captivait plus que de raison. Elle distinguait également les rives d'un fleuve tranquille, contrastant étonnamment avec celui traversant la forêt dense dans un tumulte extraordinaire.

La fatigue avait progressivement gagné la Shaman, qui s'était finalement éloignée de la fenêtre pour commencer à faire son lit. Peu habituée au grand confort, elle s'était contenté d'y jeter les quelques draperies sur le matelas de paille, et avait ensuite entrepris de se plonger dans la lecture. Etrangement ce soir là, Lilie n'avait pas ressentie le besoin d'en apprendre plus sur les Shaakts. Elle avait préféré étudier le dictionnaire qui allait lui permettre de s'ouvrir un peu plus au monde qui l'entourrait et qui lui paraissait parfois incongru et déboussolant de par sa complexité.

Puis, la méditation s'était peu à peu imposée à elle, alors que le chandelier achevait d'éclairer alentours et que la lumière du jour avait totalement déserté. La Taurion s'était finalement arrêtée au mot "Amour", avant de se laisser emporter par la comtemplation intérieur de son être et de sa vie. Parfois, il lui arrivait même de revivre des évènements de son passé, à moins qu'ils ne fussent que fantasmes et comble du vide bien trop lourd à supporter.

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Comme elle s’y était attendu, Lilie s'était réveillée bien avant que les cloches du monastère n’eurent à annoncer l’aurore et le début de la matinée. Il ne fallait que quatre ou cinq heures de méditation à la Shaman pour être en forme le lendemain, lorsque son corps n’avait pas été trop sollicité la veille. Sa journée précédente n’avait, certes, pas été de tout repos, mais ses muscles avaient néanmoins pu se reposer et ansi, elle se sentait parfaitement alerte.

Elle se sentait à présent prête à reprendre la route en scelle, même si la perspective de voyager à nouveau seule l’attristait un peu. Il y aurait bien sûr toujours Marno. Mais elle s’était faite tant de nouvelles amies en si peu de temps, que la perspective de cette soudaine coupure la rendait mélancolique. Lilie savait bien qu’il n’était pas bon pour elle de trop s’attacher aux lieux et aux personnes rencontrées durant son périple, pourtant, elle ne pouvait s’empêcher de laisser libre court à ses émotions. Il en avait été ainsi lorsqu’elle s’était séparée des Orgamiis en danger. Il en serait donc de même avec les Sœurs de la Sororité. La Shaman avait, finalement, plusieurs familles, qu’elle aimait avec toute la force et la sincérité dont elle disposait.

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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Ven 7 Aoû 2015 13:34 
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Dirigé pour N'Kpa



Quelques heures plus tard, Melisande revient avec les bras chargés. Elle dépose tout d’abord les vêtements de N’Kpa sur son lit, ils sont propres, lavés lors de sa convalescence. Ce faisant, elle dit :

« S’il vous est conseillé de rester au calme durant toute la durée de votre grossesse, il demeure bon que vous sortiez un peu et profitiez de l’air de la sororité. Si vous avez la force de faire quelques pas, je peux les faire en votre compagnie et ainsi vous présenter les différents bâtiments de la sororité ».

Elle récupère les restes du repas d’N’Kpa et dépose quelques tranches de brioches encore fumantes sur sa table de nuit, au cas où la jeune femme aurait faim, avant de poursuivre :

« Qu’est-ce qui vous amène par chez nous, si cette question n’est pas indiscrète ? »


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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Jeu 20 Aoû 2015 08:56 
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" 1-Un réveil dans un havre de paix " (6/05/15)

2-Un réveil dans un havre de paix



… L'après midi touchait à sa fin et le concert criard des oiseaux de mer qui se battaient pour la nichée de la nuit retentissait avec frénésie. N'kpa c'était assoupie après avoir ingurgité le plateau repas que Mélisande lui avait apporté. Une fois fini, elle avait encore une grosse place pour quelque chose de plus. Peut-être que ce bébé, qui poussait en son seing, réclamait un peu moins de privations et plus d'attention. La nuit s'écoula d'une seule traite, paisible et sans cauchemar.

La future maman, se redressa sur ses coudes, tassa les oreillers derrière son dos et posa ses mains sur ce ventre qui s'arrondissait de plus en plus. Une esquisse de sourire illumina son visage sous les rayons mordorés du crépuscule.
D'autres changements commençaient à refléter son nouvel état. Sa poitrine était plus généreuse et, parfois, la faisait un peu souffrir.
Des envies carnassières, alors que jusqu'à présent elle se refusait toute ingestion carnée, avaient fait leur apparition. Un besoin de laitage, de fromage et de fruits exotiques lui donnaient l'eau à la bouche, rien que d'y penser.
Mais pour l'heure, avec la fraicheur apportée par la brise venue du large, la Shamane avait un besoin irrésistible de se dégourdir les pattes. Comme si Zewen l'avait entendu, des pas retentirent dans le couloir.

Mélisande apparut les bras fort encombrés, précédée par une odeur alléchante de brioche. La guérisseuse déposa les vêtements propre de N'Kpa sur le lit et lui tendit la brioche fumante. Avec des yeux avides, N'Kpa se saisit du met et l'engloutit en écoutant Mélisande lui proposer une ballade et la questionner sur les raisons de sa visite à la Sororité.

La Shamane laissa passer quelques secondes en finissant de ruminer le reste de brioche.

Oui j'ai besoin de bouger… je veux bien vous suivre et découvrir se lieu étrange.

Quelques seconde plus tard, elle reprend pour répondre à la question :

Et bien, à vrais dire… je ne sais plus Mélissande. Enfin, je crois qu'après ce que nous avions vécu avec Nellia, nous avions besoin d'un havre de paix. Et… puis… j'ai un vague souvenir d'une immense tempête en mer, de notre fuite d'une ville, poursuivie par des assassins, puis encore une longue traversée… A nouveau l'arrivée au port d'une ville aux mille dômes et boutiques, brûlée par un soleil de plomb. Enfin, d'un voyage avec des marchands et… le masque mortuaire sarcastique dans la cour et l'oublie, le silence, le trou noir à notre arrivée ici.…

La jeune femme baisse la tête le regard perdu dans la recherche de souvenirs plus précis.
Seul l'image de Sirat lui revient et celui de son abandon à l'appel de Oaxaca pour la sauver, elle…



suite dans la cour principale : La première promenade dans la Sororité (25/12/2016)

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Dernière édition par N'Kpa Ithilglî le Dim 25 Déc 2016 09:03, édité 2 fois.

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 Sujet du message: Re: Les Cellules du Monastère
MessagePosté: Jeu 8 Sep 2016 17:16 
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Localisation: Sororité de Selhinae
[:attention:] Ce post contient une scène de torture

[Le territoire autour du monastère]

Le froid parcouru mon torse nu et me réveilla dans ce qui semblait être une cellule. Je me trouvais collé à un mur, les mains entravés et attachés à celui-ci, de tel sorte que je ne pouvais voir ce qui se trouvait derrière moi. J'essaya quand même mais en vain, et à la vue de mon agitation, une garde s'adressa à moi :

"Enfin, je me demandais quand tu allais reprendre conscience", dit-elle d'un ton impatient

"Où suis-je ?", balbutiais-je

"Dans la prison de la sororité, et c'est ici même que tu vas recevoir ton chatiment pour avoir osé blasphémer", répondit-elle en ricanant

Je savais bien qu'il était inutile d'essayer de les convaincre à présent. Je ne sais pas ce qu'on me reprochait mais à l'évidence j'avais déjà été jugé coupable. J'entendis alors la cellule s'ouvrir, et une autre femme qui était entré m'annonça ce qui allait se passer :

"Bien, il est temps pour toi de recevoir ton châtiment. Celui-ci est parfaitement adapté pour vous autres les hommes"

Contrairement à l'autre garde qui semblait s'amuser de mon sort, on pouvait décerner de la haine à mon égard dans sa voix. Ne pouvant voir ce qu'elles faisaient derrière moi, je fus surpris lorsque je reçu un coup lacérant mon dos qui était à nu. Elle venait de me fouetter avec un long fouet en cuir. J'entendis ensuite le fouet claquer dans les airs avant de s'abattre à nouveau sur mon dos. Elle recommença. Encore. Sans s'arrêter. Elle semblait prise d'une frénésie sans pareil, et au bout de quelques minutes, les larmes aux yeux je laissa échapper un "pourquoi ?" :

"Tais-toi ! Les êtres inférieurs pas le droit à la parole !", dit-elle en frappant plus fort et plus vite

"Elle a raison, si tu veux maudire quelqu'un maudis ceux qui t'ont fait naître en tant que vulgaire homme"

Elle continua en silence de me lacérer la peau sous mes cris et mes gémissements qui devenaient de plus en plus fort. Par moment elle me disait de me taire, mais la plupart du temps elle était trop concentrée pour parler. L'autre qui observait la scène continuait de rire à la vue des marques qui se formaient dans mon dos. Au bout d'une demi-heure ma peau partait en lambeaux, et à la place des marques on voyait à présent du sang dégouliner des plaies ouvertes qui s'étendaient dans toute la longueur de mon dos. La peau était à vif, et la douleur ne faisait que s'intensifier. Je commençais à perdre connaissance sous les coups qu'elle m'infligait et je n'avais plus qu'une chose en tête tant la douleur me rendait fou :

(Achevez-moi)

Je venais de réaliser que sa haine était si profonde qu'elle ne s'arrêtera pas de me fouetter jusqu'à ce que j'en meurs. Et encore, peut-être continuera-t'elle même après tant elle semblait avoir besoin de se défouler. Je pensais que j'allais trouver ma fin ici, au moins ce serait par la main d'une femme, c'était déjà ça. Mais j'aurais quand même aimé connaître la raison d'une telle haine. Alors que mes yeux se fermaient et que mes muscles me lâchaient, j'entendis au loin une voix familière qui interrompit la machine infernal de coups que je recevais depuis déjà bien plus d'une demi-heure :

"Arrêtez, je vous prie. Cette homme est ma possession et vous n'avez pas le droit de le tuer sans mon consentement"

"Cet homme est à vous ? Vous pouvez le récupérer si vous voulez, je pense qu'il à compris la leçon", dit-elle en se rapprochant de moi pour me détacher

"Je vous en remercie. Votre amie semble s'être déjà suffisamment bien amusé avec lui à ce que je vois"

"Il mérite de souffrir, de mourir !", répondit-elle pleine de rage

"Je vais la raccompagné, il est à vous, faites-en ce que vous voulez !", dit-elle avant de s'éloigner en prenant la femme qui m'avait torturé par le bras

J'étais tombé par terre après qu'elle m'ait détaché. Trop faible pour bouger ou même parler avec mon dos brûlant, je vis seulement ma bienfaitrice se rapprocher avant de s'arrêter juste au-dessus de moi :

"J'espère pour toi que tu as ce que je suis venu chercher. Enfin bon, on verra ça après, reposes toi d'abord. Je vais m'occuper de toi"

C'était Lena. Je ne savais pas ce qu'elle faisait là mais je fus rassuré à ses mots. Je décida donc de lui obéir et de m'en remettre à elle, même si en réalité je n'avais pas vraiment le choix. Je ferma donc les yeux et m'endormis paisiblement, content que l'horreur de la torture soit passé. Mais je savais qu'elle resterait surement à jamais gravé dans mon dos.

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