LA FUITE KERESZTUR [HRP] première partie… La traversée en barque lui semblait durer une éternité. N’Kpa gardait la tête baissée se cramponnant à la hampe de sa lance. Si sa silhouette fluette pouvait passer pour celle d’un jeune soldat, son visage mi-félin, mi-elfique ne pouvait que très peu tromper. Heureusement, ou par malheur, l’inconfortable et trop lourd heaume dissimulait la majeure partie de la face du soldat. Mais qu’en adviendrait-il une fois embarqué ?
Le clapotis des vagues balançait les barques qui se rapprochaient du géant des mers. A aucun moment son estomac lui joua la rengaine de la nausée du mal de mer. Elle apprécia même le mouvement de balancement rythmé par le son des rames qui crevaient la surface et projetaient des gouttes fraîches sur les occupants. Personne ne parlait, et derrière les barrières métalliques les mines devaient être aussi sombres que la coque du navire.
Par instants, elle jetait un regard de biais surveillant les membres de son esquif, cherchant Thalo et le reste du groupe. Les marins mercenaires tous patibulaires à son goût, occupés à manœuvrer les avirons ne pipaient mots. Alors profitant de ce moment de calme, cherchant à oublier l’avenir, son esprit vogua petit à petit vers les souvenirs des heures précédentes et un passé moins mouvementé qu’elle avait quitté sciemment… Nark, Heartless, Rosa et Mazhui c’étaient retrouvés dans une situation bien précaire, prisonniers voués à un châtiment cruel, acteurs involontaires de la vengeance d’une Baronne maléfique dont sa soirée troublée, avait tourné au cauchemar pour ses invités.
Thalo le protecteur assermenté de la Shaakt maladive c’était vu imposé le choix de suivre l’Humoran dans une fuite éperdue qui, les avait mené à rencontrer un petit clan indépendant de chasseurs des terres de Kerezstur. Le guerrier, blessé par un carreau, avait bénéficié de soins.
Les chasseurs par craintes des représailles de la Baronne les avaient éconduits rapidement tous deux sur le champ de bataille entre l’Ost du manoir et les barbares nordiques.
La suite avait été orchestrée de main de maître par le guerrier aguerri, dans l’espoir de libérer Rosa et les autres. Les deux fugitifs cachés sous la forme des gardes de l’armée de Kerezstur, avaient rejoint les membres prisonniers, mais pris dans le mouvement, ils furent condamnés contre leur gré à monter sur le galion au large de la baie, pour accompagner la chiourme vers une future bataille.
… La jeune femme releva la tête quand l’ombre imposante du navire vint obscurcir son champ de vision. Elle se mordit les lèvres et frissonna entendant les beuglements de celui qui semblait être le capitaine de cet univers, cette île de bois noire aux voiles rouges, crasseuse et puante, qu’était le navire. (Par Yuimen, Thilytanataë mon vieux maître, quand j’ai quitté la forêt dans le but de retrouver un père, je ne pensais pas que j’arriverai à ça… Aide moi, donnes moi le courage qui me fait défaut…) La première barque, la plus grosse, celle du capitaine arriva contre la paroi de chêne, une amarre descendit, un marin s’en saisit. Les marchepieds sur le flan permirent aux occupants de rejoindre rapidement le pont. Déjà loin au-dessus de leur tête, les ordres vomis par le seigneur de ce royaume retentissaient, suivis d’une grande agitation. Des hommes sautaient dans les haubans pour grimper aux vigies, d’autres activaient le grand palan de l’ancre…
Lorsque ce fut à son tour, peu habituée aux bottes, ses sens perturbés, une main encombrée par la lourde lance l’humoran glissa pour retomber dans les bras d’un marin, sous l’hilarité des compères. « Pale sang bleue, bougre d’âne, j’vais t’apprendre à avoir le pied marin… bleusaille ! » « Laisse tomber, le grand large va l’aider à trouver son équilibre.Ha ! Ha ! Ha ! »« Il suffit ! Messieurs, votre capitaine n’attendra pas, grouillez vous ! » Le dernier devait être le commandant des troupes de Keresztur. Les marins bougonnèrent et reprirent leurs manœuvres. L’ambiance était électrique et les rapports entre les terriens et les marins souvent tendus pour ne pas dire explosifs.
En quelques minutes, tout le petit monde était sur le pont, les barques de tailles différentes relevées, retournées et rangées, empilées les unes par dessus des autres.
Lorsque N’Kpa posa ses pieds sur le pont, le dernier prisonnier disparaissait par une écoutille vers les entrailles. ***
(((Surprenant ! Voilà le mot qui me vint en découvrant cet endroit lorsque j’y posais les bottes qui me faisaient atrocement mal.
Oh ! bien sur, quand j’étais gosse avec les autres enfants de la tribu nous aimions inventer et raconter des histoires. L’une d’elles, pour moi, était source d’inspirations particulières, la « Grande Eau » comme on l’appelait, l’océan. Nous qui étions loin de tout cela, plongé dans l’univers de verdure qu’est Cuilnen, c’était la source d’imagination, d’un désir lointain et inaccessible. Pourtant en cet instant, j’aurais aimé être à cent lieues de cet enfer que je découvrais sous mes yeux.)))
***
Tout transpirait la haine, la puanteur et la peur. Alors que les marins contribuaient au départ du mastodonte de bois, la jeune femme leva vers le ciel un regard curieux. Les énormes voiles sanguines gonflaient leur panse sous l’air marin, guidées par les mains savantes des hommes sur les vergues, propulsant le navire vers le grand large et une destination inconnue.
Comme des âmes égarées, les soldats nouveaux venus se rangèrent pour ne pas gêner les manœuvres.
Un homme portant une cotte plus sophistiquée regroupa sur l’avant et à l’écart du tumulte les nouveaux arrivants. Un bataillon était déjà à bord, plus légèrement équipé et formait un cordon « protecteur » autour de l’officier pour éloigner les importuns marins. Le commandant de Kerezstur prit la parole : « Messieurs, pour les nouveaux et en rappel pour les plus anciens, nous voici comme vous le savez sur la Laide les Maines, fleuron de la flottille de Keresztur. Notre première mission et notre tache seront de purifier l’île où se sont regroupés les derniers barbares. Soyez fiers de porter aussi loin la crainte et le respect que représente l’Ost de Keresztur. Ovation de la part des anciens. La seconde et non moins facile est de tenir un semblant d’ordre et de respect sur ce navire. A ces mots, il était facile de comprendre qu’il n’appréciait guère le mercenaire fou et dangereux que la Baronne avait placé aux commandes du navire. S’il avait pu s’en débarrasser, il l’aurait fait avec grand plaisir. Ne pouvant le faire officiellement, cela ne l’empêchait pas pour autant de ne pas lui laisser la bride trop lâche. Pour l’heure, vous allez prendre vos quartiers dans le gaillard d’avant, le sergent Ybelin vous donnera les consignes. Il désigna le second un homme au visage buriné et couturé, d’une taille modeste mais trapue à l’air peu commode. Ensuite, je veux dix hommes de nuit et vingt de jour en permanence, répartis sur le navire et par quart, vous pouvez disposer. » L’officier s’éloigna vers ses quartiers en arrière du navire. Les mines autours de N’Kpa n’étaient pas des plus réjouies et la fatigue du combat, l’angoisse, faisant deux ou trois nouvelles recrues qui montraient déjà des signes de difficultés stomacales. « Allez mes doux agneaux, vous avez entendu les ordres ? Tous à vos paquetages, suivez-moi. Toi, toi et toi et tous autres là, dépêchez vous de ranger votre attirail. Vous allez prendre le premier quart qui reste, vous avez entendu le commandant, ouvrez l’œil.
Le repas sera pour 17h, le prochain quart à 20h. Soyez heureux le cuistot nous soigne bien.
Les nouveaux, vos lances doivent être placées dans les râteliers ici et les armures lourdes rangées dans des coffres à cet effet. Vous ne garderez que vos cottes, mailles et épée. Débrouillez vous avec les autres pour les couchages. » Elle paniqua car elle faisait partie des soldats désignés. Il allait devenir difficile à L’humoran de dissimuler ses attributs raciaux et sa condition féminine, chaleur, humidité et lourdeur de l’équipement commençait à miner ses résistances. Elle prenait de plus en plus conscience, à sa juste valeur, de l’impossibilité d’une échappatoire…
La jeune fille s’approcha du protecteur de Rosa et agrippa un pan de sa cape pour l’attirer à lui.
Dehors le commandant des troupes discutait avec Von Klaash. Le Bosco hurlait ses ordres et les marins couraient dans un ordre bien établi… Thalo qu’est ce que je dois faire ? Je ne vais pas me déshabiller… enfin… tu… Elle n’eut pas le temps d’avoir une réponse. Sa phrase fut interrompue par un soldat qui railla le géant. Le guerrier ignora l’Humoran déboussolée. Elle se retourna et resta en retrait écoutant le monologue de la recrue. Ses propos peu optimistes ruinèrent l’état déjà ébranlé de la jeune femme.
Une main se posa sur son épaule, elle tressaillit :« Allons jeune homme, courage, si tu ne fais pas de vague et reste bien sagement à ta place, tu pourras voir naître demain et les jours suivants. hu hu hu !» Le vétéran qui venait de l’aborder était un homme d’une quarantaines d’années balafré, mais vigoureux. Il semblait avoir un regain d’apitoiement ironique pour les nouveaux. Il lui décocha une tape amicale bien pesée sur l’épaule, qu’elle crut être un coup de bélier. « Regarde, d’autres que toi rendent déjà leurs tripes … Un clin d’œil. Toi tu ne souffres pas vraisemblablement du mal de mer, sois en heureux.
Hum… Comme le grand là, tu es nouveau n’est-ce pas? Et c’était ton premier combat ? »
Un conseil Ybelin le sergent aboie beaucoup, mais il n’est pas méchant. Il n’aime pas les traînards et les menteurs, tires au flan. Alors, grouille-toi de poser tes affaires et d’aller le voir. » Elle déglutit et répondit d’une voix qui se voulait grave. Oui… très bien… Merci... « Oh du grabuge commence déjà... Rajouta t-il en regardant par dessus les têtes devant eux. Garçon, vois-tu, le capitaine a comme qui dirait la visite parfois du dieu Jerì et souvent la tentation de Kubi sous sa coiffe, hu ! hu ! hu ! … On dirait qu’une victime que vous avez amenée va servir de soufre douleur. »Soudain le brouhaha derrière eux capta tous les regards. Le borgne venait d’être extirpé du ventre de bois et allait passer un mauvais quart d’heure. Connaissant sa proportion maladive à chercher les ennuis, Von Klaash allait prouver à tous ses hommes une fois de plus ses talents verbaux et gestuels au détriment du pauvre capitaine déchu.
N’Kpa tourna la tête et profita de l’attention centrée sur la scène pour s’éclipser. ***
(((Que puis-je faire? Thalo semble sourd à mes demandes, le monde et l’espace exigus ne nous permettent pas de nous isoler facilement... J’ai comme le pressentiment malsain que ma présence risque de ne pas être des plus appréciée. Je tremble à allez voir Ce Ybelin et pourtant, que vais-je devoir faire ?
Par mes aïeux pourquoi ai-je suivi Thalo dans sa folie ?
Etrangement les mâts du navire, les cordages et les voiles me rappellent la forêt. Je ne suis pas à mon aise bien sûr, mais... ça me rassure un tantinet.
Las de tous cet attirail, je jette un regard en arrière, j’abandonne la lance et me faufile entre les poteaux du pont, les cordages, sacs, malles et autres objets encombrants. Derrière moi les paroles à moitié étouffées de l’esclandre me parviennent par bribes.
Le plafond bas et l’air étouffant, moite, me compriment la poitrine sous le plastron de métal. À moins que ce soit mon angoisse qui me joue des tours… voir les deux ? Je me blottis entre deux gros tonneaux et rouleaux de cordage épais. Je ferme les yeux et tante de calmer mon cœur qui chavire.
Deux options s’offrent à moi : Je joue le petit soldat et je pourrai peut-être allez librement sur le navire, trouver et aider le groupe. Ou, je me cache, je fuis, pour allez où? Comment me nourrir? Comment et pendant combien de temps vais-je tenir avant de me faire capturer et torturer par ce malade et les autres ?
Les yeux toujours clos, j'essaye de ne pas entendre les cris des marins, les fanfaronnades de Heartless, la voix nasillarde et hautaine du capitaine et les bruits des coups qui pleuvent…
Le navire respire comme un animal dantesque, grince comme les arbres sous le vent.
Ma décision est prise, je ne dois pas traîner sinon ma disparition risque de nuire à ma couverture. Alors j’entreprends d’ôter cette armure et surtout quitter ces bottes insupportables. Je remets mes atouts, jambières sous les braies que je porte, je revêts la veste de cuir plus légère et délaisse cette pesante peau d’anneaux de fer. J’ai l’impression de retrouvre enfin une sensation de fosse liberté.
Le petit bouclier de bois, ma pelisse de fourrure et ma besace resteront bien sûr là, cachés, sous un rouleau de cordage. Je ne garde sur moi que le poignard dans ma jambière et la belle cape aux couleurs changeantes, trouvée sur le champ de bataille.
Un peu rassurée, j’attache la petite clef étrange à un de mes colliers. Je me dis en rigolant de ma bêtise que, peut-être m’ouvrira t-elle les portes de la cage où je suis…
Reste à dissimuler mes pieds et la fourrure qui les recouvre sans oublier ma face. Un pot contenant une patte graisseuse noire et malodorante m’offre avec un dégoût prononcé une idée. Je m’en enduis le dessus des pieds…
BEURK ! mais je ne peux me résigner à me coller ça sur le visage. Je me frotte alors avec un chiffon pour ôter le maquillage blanc clanique qui fait ma fierté.
Stupide monde ! Reste plus qu’à remettre le casque lourd sur ma tête en cachant mes nattes dedans. Au moins cela amorti sa lourdeur inconfortable.
Je reprends la longue épée que je pends au baudrier de cuir et me voilà fin prête pour aller affronter l’enfer.
Une petite pensée à Zewen, maître du destin à qui je recommande le mien…
J’aperçois une petite porte et ma curiosité maladive est piquée au vif à tel point d’en oublier la raison et le sergent qui m'attend sûrement pour me gratifier d’un sermon des plus odieux et peut-être d’une corvée en punition...
Tant pis ! Je file voir ce qu’il y a derrière...
Elle donne sur l’avant du navire au-dessus de la proue (terme de marine que je ne connais pas en cette heure de découverte), un air frais iodé envahit mes narines et je me délecte d’une grande inspiration, jouis de sentir enfin sous mes pieds le bois, l’humidité salée qui me rend un brin d’optimisme.
Je reste là trop longtemps, j’en suis sûr. Les gerbes soulevées par le bateau arrosent parfois le caillebotis sur lequel je repose. J’en apprécie la fraîcheur.
Soudain, je réprime un cris, un crâne humain trône au bout de l’étrave. Fossile blanchâtre et luisant délavé par les embruns. Je n’ai pas le temps de trop cogiter, des voix me ramènent à la réalité et comme un chat, je me glisse le long du bastingage juste en dessous de la grosse encre en métal, assise sur son écoute épaisse et trempée.
La scène que j’observe m’en dit long sur les us et coutumes du navire. Le petit pont au-dessus de l’étrave est le lieu d’aisance de toute la chiourme.
Je ne peux pas rester accrochée là indéfiniment. De plus les mouvements du bateau ou une vague plus grosse qu'une autre, risquent bien de me faire chuter. La grande eau, pour belle qu’elle soit et l’idée d’y barboter ne m’attire pas outre mesure…
C’est le milieu de journée et le soleil haut est brûlant, même si je n’ai pas besoin de beaucoup de temps de sommeil, j’en ai pas mal en retard. Je suis épuisée et j'aspire à piquer un petit roupillon dans ma cachette mais... voilà je crains que…
Une fois la route libre, je reviens en arrière et allais me cacher derrière les tonneaux, quand.
Malheur ! … )))
***
Le spectacle de Heartless était bel et bien fini depuis longtemps. Il manquait à l’appel un des gardes désignés par le sous-officier.« Bougre de fieffé tire au flanc, j’vais t’apprendre moi à aller te planquer … ! »***
((( Ce à quoi je viens d'assister sur le devant du navire m'a donné cette idée soudaine. Je lui coupe la parole en soldat peu respectueux, avec une certaine hésitation dans ma voix chevrotante, je ravale ma salive. Me justifier rapidement avant que cela n’aille trop loin, me semble important... erreur de ma part ! )))
***
J’avais besoin d’assouvir des besoins natu… « Oôh ! pas gros l’animal, mais je vois que je suis devant une tête de bois ! Tu apprendras qu’il faut demander avant de disparaître. Ici on ne fait pas de vieux os et l’on fini en ragoût pour l ‘équipage. Pour la peine tu ne souperas pas ce soir, je te tiens en vigie pour la nuit ! … Demain tu seras plus doux mon corniot ! »***
((( J’étouffe un cri et déglutis… “ Oôh ! pas gros l’animal… “ Hein? Comment a t-il deviné que je n’étais pas une humaine ? … Sur le moment je n’ai pas compris que c’était une expression, une boutade et mes yeux traduisent ma surprise… Heureusement la visière du casque cache mon expression. Bon résultat des courses était que je ne dormirais pas de si tôt… Thalo où es-tu ?… )))
***
La jeune femme fut affectée à la surveillance du carré des officiers. Comme punition il y avait pire, mais le lieu était déprimant et la faction lourde à tenir. Elle nota les allées et venues de Von Klaash, baissa les yeux à chaque fois, retint à chaque fois sa respiration tant il puait un mélange de sueur, d'alcool... ce qui ne lui échappa pas.
Seule la présence du Capitaine de la Baronne resté dans sa cabine une bonne partie de l’après midi, après l’incident avec la sorcière, empêcha probablement Von Klaash à assouvir un de ses vices stupides sur un soldat qu’il haïssait.
Le commandant repoussait l'instant ou il devrait affronter l'homme, expliquer la mort d'un marin et modérer les ardeurs meurtrières du capitaine. En son for intérieur, il ne pouvait reprocher à la Shaak son acte désespéré.
C’est l’odeur de la tambouille montant d’en dessous par l’échelle, qui torturèrent N'Kpa. Son estomac criait famine et ses lèvres étaient aussi sèches qu’un caillou dans désert.
Heureusement, ici la chaleur était plus supportable et les heures s'égrainèrent rapidement. Au-dessus de sa tête sur le pont, se tenaient le Bosco et le pilote. De temps en temps, elle pouvait apercevoir les deux hommes manier les grandes roues du gouvernail et capter leurs discutions.
Tout au long de sa garde, elle eut le loisir d’apprécier les manœuvres et les occupations diverses, comme celles moins marantes de briquer et récurer à genoux le pont, de voir aussi qu’il y avait un tailleur, un menuisier et aussi bien d’autres métiers.
Le navire était une petite ville, avec ses artisans et ses ouvriers.
Parfois des petites disputes semblaient éclater, très vite réprimées par l’arrivée des gardes de Keresztur. Elle surprit quelques messes basses et comprit que le contingent des soldats n’était pas apprécié du tout, encore moins leurs petits avantages qu’elle découvrirait plus tard. ***
(((La torture fut à son comble pour mon estomac lorsque les soldats défilèrent pour aller remplir leur gamelle et lorsque par l’échelle des plats somptueux aux odeurs alléchantes passèrent devant mes yeux et mes narines. J’en salivais tant que j’aurais enfreint mes vœux de ne pas manger de nourriture animale. )))
***
Puis ce fut le calme, juste rythmé par le balancement nonchalant du navire
Le soleil rejoignait l’horizon, le capitaine sortit de sa cabine. « Rien à signaler soldat ? » Euh… non, commandant ! (((lui répondis-je soudainement sortie de mes rêveries. En faite je crois que je m’étais assoupie… je me mis à trembler, tant mes forces étaient épuisées et mon estomac affamé. )))
Le commandant sourit, il avait surpris ce soldat freluquet en pleine somnolence adossé à la cloison de sa cabine, trop jeune sûrement pour avoir à affronter une bataille et un voyage sur la Laide les Maines. Le jeune homme baissait la tête et cela l’ennuya, même épuisé, un soldat de Keresztur devait la tenir haute, encore plus devant la racaille qui composait l’équipage du navire. « Soldat, relevez le menton soyez fiers de votre appartenance. Allez vous reposer et demandez à Ybelin de vous relever, allez disposer ! »***
((( Je n’en croyais pas mes oreilles, il me libérait de ce qu’Ybelin m’avait puni. Ma joie fut ponctuée par un gargouillement extraordinaire.)))
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Oui… euh bien sur… Le commandant tiqua, regarda ce soldat étrange à la démarche chaloupée, si fin et pieds nus. Il n'avait pas distingué son visage derrière la visière du casque. Il se frotta le menton et se jura d’approfondir plus tard le sujet. Pour l’heure il allait devoir supporter un repas avec le seigneur de ces lieux, palabrer pour justifier la mort d’un marin… Et cela ne l’enchantait pas du tout.