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 Sujet du message: Route entre Cuilnen et Lúinwë
MessagePosté: Sam 1 Nov 2008 12:40 
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Route entre Cuilnen et Lúinwë


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Description du voyage à pied et/ou cheval :

Pour rejoindre Cuilnen comme pour en partir, voyageur étranger au Royaume d'Anorfain, vous aurez besoin de la complicité d'un guide Elfe. De nombreux Elfes se proposent de vous conduire pour une modique somme, si vous parvenez à les convaincre du bien-fondé de votre entreprise. En effet, Cuilnen est jalousement préservée, car elle concentre le savoir Elfe accumulé depuis des millénaires.

En principe, vous n'aurez rien à craindre le long de ce trajet au cœur de la forêt. Il arrive parfois d'y rencontrer un voyageur ou un voleur égaré mais, bien plus souvent, d'y faire des rencontres très instructives.

Basez vous sur les cartes et présentations décrites dans les 4 continents de Yuimen

Durée du trajet à pied ou sur monture sur le continent de Nirtim

(Vous posterez ici vos RP de trajet entre ces deux villes )

_________________
Chibi-Gm, à votre service !


La règle à lire pour bien débuter : c'est ICI !
Pour toutes questions: C'est ici !
Pour vos demandes d'interventions GMiques ponctuelles et jets de dés : Ici !
Pour vos demandes de corrections : C'est là !
Joueurs cherchant joueurs pour RP ensemble : Contactez vous ici !


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 29 Avr 2009 23:13 
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La forêt entourant Cuilnen

Deux ombres furtives glissant parmi les arbres, voilà ce que nous sommes, Kiana et moi. L'elfe se déplace avec grâce, discrétion, prudence qui décuplent sa beauté. Pour ma part, je tente de suivre la cadence, battant régulièrement des ailes, ignorant les douleurs d'une trop longue journée. A chaque clairière, derrière chaque buisson, nous craignons de tomber sur les Aldrydes, ennemies mortelles. A l'unisson nous retenons notre souffle, et c'est ensemble que nous soupirons lorsque nous constatons que la voie est libre.

Le trajet pour atteindre le fameux sentier salvateur ne prend pas beaucoup de temps. En effet, il apparaît que la cabane de l'elfe se trouve non loin dudit sentier, comme si Kiana était la gardienne du secret de son existence. Pendant que les arbres défilent devant mes yeux pensifs, je me fais la réflexion que j'ignore tout de Kiana. Bon sang, qu'il m'en coûte de devoir la quitter alors que nous aurions pu apprendre à nous connaître des jours, des semaines encore! Je me fais solennellement la promesse de revenir un jour dans cette forêt. Un jour, je reviendrai. J'éliminerai définitivement la menace que représente ces folles geôlières, et j'irai retrouver Kiana.

Après avoir traversé une énième clairière, identique à la première, l'elfe s'arrête enfin, les yeux toujours aux aguets. En observant bien l'étendue de forêt derrière elle, je remarque un très léger sentier, à peine visible, qui serpente paisiblement entre les arbres. Le magnifique regard de l'elfe, brillant d'une foule d'émotions complexes, qui m'échappe, se pose sur moi. Elle déclare, d'une voix douce:

« C'est ici que nos chemins se séparent, petit Aldryde. Ce fut pour moi un réel plaisir de vous rencontrer. Et je n'espère qu'une seule chose: que votre liberté acquise vous pousse à revenir un jour me rendre visite! »

Encore une fois ému aux larmes (vraiment vraiment trop sensible...), les mots me manquent, et je ne peux que me jeter dans ses bras (au moins, je ne cours pas dans un champ pour ensuite me casser la tronche). Alors que je lui serre les cervicales de toute ma petite force, l'elfe me murmure tendrement un babil de mots réconfortants, dont le sens m'échappe tant mon esprit est embrumé. Je m'efforce de graver au plus profond de mon esprit cette voix, ces intonations, au cas où je ne puisse plus jamais me bercer avec ces sons d'une douceur extrême. Notre étreinte se prolonge dans un silence triste, jusqu'à ce que l'urgence de la situation nous ramène tous les deux au bon sens. Au moment où je m'écarte d'elle, je me rends compte de l'attachement que j'éprouve. Kiana a été, et restera ma première amie, ma lanterne dans ce monde obscur et hostile. Elle m'a aidé à combattre mon ignorance, elle m'a soutenu, elle a approuvé ma soif en vengance. La liste de tout ce qu'elle m'a apporté, sur le plan physique comme psychologique pourrait s'allonger sur des pages. Mais il est temps d'épiloguer.

Resserrant ma prise autour de mon sac, puis, nerveusement tâtant mes maigres possessions -l'aiguille de pin, la cape, la tunique, le bouclier, la bourse magique-, remparts contre le monde qui m'attend (ou pas), je viens me placer devant le sentier. Regard résolu.
(Oublie ta peur Silmeï. Là où tu vas, les femelles ne chercheront pas à t'enfermer dans une colonne de glace.)

Longue inspiration. Je jette un dernier regard à Kiana, qui affiche une expression mi-figue mi-raisin (un mélange de "Va, envole-toi mon enfant!" et de "Quand faut y aller, faut y aller..."). Je lui adresse un signe de la main, dans lequel j'essaye de charger toute l'affection que j'ai pour l'elfe. Puis je m'envole. Alors que je m'enfonce dans la foule de troncs, je crie un déchirant " Nous nous reverrons! "

Oui, moi vivant, je la reverrai.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 30 Avr 2009 18:18 
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1er jour de voyage


Dès les premières minutes de voyage, je sens la monotonie s'emparer de moi. Des arbres, des arbres et encore et toujours des arbres. Et le sentier. Paysage pour le moins régulier, du vert et du marron partout, sous toutes les formes et déclinaisons. Ici le vert foncé d'une feuille de marronnier, là le vert presque fluorescent de la mousse, jouant à cache-cache avec le sombre marron des troncs, le brun de l'humus, et parfois, anecdotiquement, un vif éclat de couleur -rouge, bleu, jaune- témoignant de la vie qui se terre au fond des bois. Me concentrant sur le chemin à suivre (la piste est claire, cependant il serait dangereux de se perdre dans une forêt devenue si hostile.), mon regard se pose de-ci de-là, presque écoeuré de contempler encore et encore une variation de marron, un monochrome de vert... Cependant, admirer le paysage qui défile autour de mes ailes battantes me convient mieux que de ruminer mes pensées.

En effet, le silence et la concentration favorisent l'activité mentale, et mes fichues pensées me vrillent le crâne tant elles sont fouettées par le maelström d'émotions qui me saisit. Ce départ de la forêt, c'est en quelque sorte une nouvelle libération. Je fonce malgré moi tête baissée vers l'inconnu, entité tout ce qu'il y a de plus menaçante et grisante. D'un côté, l'ivresse merveilleuse de la liberté : pour la seconde fois, je suis absolument libre, libre de mes mouvements, libre de mes pensées. Il y a aussi l'excitation qui me tord le ventre, lorsque je tente d'imaginer toutes les merveilles du monde qui m'attendent. Mais pour s'opposer à ces puissantes émotions optimistes -l'avenir, faire peur au grand Silmeï? Ah!-, virevoltent dans mon esprit des sentiments bien moins glorieux. La tristesse, de devoir quitter Kiana, qui se teinte de douleur quand je me rappelle que je n'ai pas eu le temps d'apprendre à lire... La peur, la terreur est fixée parmi mes neurones, comme une tâche d'ombre indélébile et tenace, et s'accompagne de son amante de le Doute, insidieux au possible. Vont-elles me retrouver? Vais-je sortir vainqueur de ma confrontation avec le monde? Je pars pour un monde de géants, du haut de ma vingtaine de centimètres... Mais surtout, dans ce panel fébrile d'émotions, la pièce maîtresse reste mon espoir imperturbable, un espoir qui me rassure, et me chuchote de doux mots à l'oreille, me persuadant que la vie qui m'attend ne peut qu'être meilleure, et que par-dessus tout, un jour, j'obtiendrai ma vengeance. Eh oui. A petite tête gros coeur.

Mais revenons à nos moineaux. Le temps file, impalpable, si bien que je ne sais depuis combien de temps j'ai laissé Kiana. Ni quelle distance je viens de parcourir à l'aide de mes ailes douloureuses. Les frises qui défilent encore et toujours sous mes yeux indifférents se ressemblent tellement que je doute parfois de progresser. Pourtant le sentier est toujours là, tortueux et à demi-effacé par la végétation, mais bien là. Je m'y raccroche.

Les heures filent et se ressemblent. La seule évolution notable est la douleur de mes ailes, qui va crescendo. Je me retrouve dans un tel état d'hébétitude que je me rends pas compte que le soleil se couche. Et mes yeux, capturés par les sinueuses courbes du sentier, continuent leur route, entraînant derrière eux mon corps endolori et haletant. Je parcours ainsi quelques mètres encore, perdant peu à peu le contrôle de mes ailes, puis me pose en catastrophe, au pied... d'un arbre (ô surprise.)

Haletant et au bord de l'évanouissement, je passe la bandoulière de mon sac par-dessus mon épaule, et le laisse choir à terre dans un bruit sourd. Avec un long soupir exténué, je l'y rejoins derechef, les ailes pendant tristement. Je ne sais comment, après une journée aussi longue et riche, j'ai pu trouver la force de parcourir un tel chemin en volant. Il faut croire que les crapahutages dans les bois, ça muscle pas mal. Avec difficultés, je m'adosse au tronc, et d'une main faiblarde, je farfouille dans mon sac à la recherche des provisions salvatrices.

(C'est pas parce que je suis crevé que je n'ai pas faim, non mais.)

Portant avec un accès de vigueur une baie à ma bouche, je mords dedans férocement, et mâche avec application la chair sucrée du fruit. Délicieux. Sans autre forme de procès, je règle leur compte à quelques autres baies, jusqu'à calmer ma bruyante panse. En continuant à farfouiller dans le sac, je trouve une petite gourde contenant quelques lampées d'eau, que j'engloutis sans tarder.

Je m'apprête à m'endormir comme une masse lorsque ma main qui se retire du sac tinte de manière étrange. Des fruits qui s'entrechoquent, ça ne fait pas "DING" à ce que je sache? Je me redresse vivement (je m'étais plus ou moins avachi pendant la ripaille), et vide le contenu de mon sac par terre. La gourde vide en tombe, suivie du reste de mes provisions, que je mets précautionneusement de côté, puis devant mes yeux étonnés chutent un magnifique disque argenté ouvragé, et une sorte de harnais rigide.

Saisissant entre le pouce et l'index le complexe enfilement de lanières de cuir, je l'identifie soudain. Il s'agit d'armatures qui se fixent sur les ailes! J'ai déjà vu étant Aldron des exploratrices équipées d'un tel engin. Leur positionnement stratégique (à la base des ailes), permet de mieux les protéger et de faciliter les longs vols. En d'autres termes, exactement ce qu'il me fallait!! Un sourire réjoui et ému illumine mon visage, et je remercie de toute la force de ma pensée une nouvelle fois mon elfe bienfaitrice. Sans plus attendre, j'enfile le harnais, qui me sera on-ne-peut-plus profitable demain. Puis je reporte mon attention sur le disque bizarre. Des petites sculptures d'un métal brillant, même dans la pénombre, entourent le disque. Et quelle n'est pas ma surprise lorsque, le saisissant, j'aperçois mon visage à l'intérieur! Sursautant et ne pouvant retenir un petit hoquet, je me rapproche vivement de la surface du disque, lisse et sans défauts.

Pour la première fois, je peux détailler clairement mon visage. Et au vu du reflet pâle, hâve, et au regard implacable, je dois dire que je me fais un peu peur.
(Serait-ce ce que Kiana a appelé "Miroir"?)

Je scrute des minutes durant mon visage creusé par la fatigue et les émotions. Puis au bout d'un moment, je me rends compte de l'écho magique, ténu mais bien là, que je perçois au contact du miroir.
(Un autre machin magique?)

La découverte ne me laisse pas indifférent, cependant je suis tellement exténué que je décide de remettre l'examen de l'objet au lendemain. Je baille à m'en décrocher la machoire pendant que je range mon farfouillis dans le sac. Puis me roulant en boule, et posant ma tête sur le sac rebondi, je me laisse sombrer.
Je m'endors.

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 1 Mai 2009 13:03 
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2e jour de voyage.


Fourbu et frigorifié, j'émerge lentement d'un sommeil malheureusement très peu réparateur. Je sens encore dans ma chair et dans mes os les traces de la journée éreintante d'hier. Je me lève et m'étire longuement, faisant craquer diverses articulations de mon corps, à la recherche d'un quelconque soulagement. Cela n'a cependant pas un grand effet. Pour me dégourdir les jambes et les ailes, j'esquisse quelques pas autour de l'arbre au pied duquel j'ai dormi, tout en battant largement des ailes, lentement pour ne pas m'envoler. Avec satisfaction, je sens dans mon dos les lanières de l'armature.

Après ces petits exercices toniques du matin, mon estomac, des plus toniques lui aussi, m'oblige à revenir à mon sac pour engloutir quelques baies de plus. Même si un reste de gloutonnerie me fait manger un bon tiers de mes provisions, la quantité restante sera toujours assez pour le reste du voyage, dans l'hypothèse où seulement une grosse journée de marche m'attend.

En rangeant mon sac une nouvelle fois, je retombe sur le beau miroir. Décidément magnifique, le disque d'argent ouvragé, d'un diamètre équivalent à celui de mon crâne, me renvoie l'image d'un Aldryde pensif. En effet à son contact, comme pour la bague, ou bien l'aiguille de pin, je ressens malgré moi une sorte de réconfort, un appel familier en qui je reconnais une manifestation de la magie. Me concentrant, je pars à la recherche des flux de pouvoirs qui se terrent dans mon âme pour m'en emplir. Avec satisfaction, je constate que l'opération m'est beaucoup plus aisée à présent. Laissant librement circuler dans mes nerfs et dans mes veines le pouvoir, j'inspecte de plus près le miroir. Je ne trouve rien de spécial, jusqu'à ce que je me rende compte que les fluides qui se mouvaient dans mes mains avaient disparu. Étrange. Les autres sont pourtant bien là. Puisant un peu plus dans mon pouvoir, je ramène dans mes membres antérieurs des fluides de glace. Qui disparaissent à nouveau.

(Nom d'une fichue Akrilla, qu'est-ce qu'il se passe?!)

Me rappelant soudain de l'objet en contact avec mes mains, je me pose des questions. Serait-ce un absorbeur de magie? Un gros trou dans lequel les fluides s'enfoncent? Mystère, mais si tel était le cas, nom d'une larve, Kiana m'avait fait un cadeau hors du commun! Un protection magique imparable! Rompant le contact avec mon pouvoir, et remettant le miroir magique dans mon sac -décidément, cette elfe m'aura comblé du début à la fin-, et je la remercie pour la énième fois en pensée.

(Lorsque je serai un puissant mage, et que j'aurai la moitié du monde à mes pieds, je lui offrirai un cadeau à la mesure de sa grandeur d'âme. Si je trouve assez grand...)

Car oui, il était dans mes projets de devenir un mage de la glace hors du commun, afin de pouvoir venir châtier les Aldrydes de la forêt de Cuilnen. En parcourant le monde étrange et inconnu, je compte bien acquérir des pouvoirs terrifiants. Je vous passerai la réplique du « conquérir le monde » suivi du rire démoniaque.
Enfin pour accomplir tout ça, il faut déjà me remettre en marche. Avec le soupir désespéré d'un forçat condamné au bagne, je mets mon sac sur mon épaule, et battant tristement des ailes, je m'envole.

Le voyage se trouve être aussi monotone et barbant que la veille. Encore et toujours des arbres. Encore et toujours le sentier qui serpente. Encore et toujours la douleur sourde de mes ailes, lasses de me porter. Arbres, sentier, douleur. Même litanie incessante. Bon sang, je me fais sacrément chier (expression fleurie recueillie chez Kiana, bien que je n'en connaisse pas le sens, elle me semble appropriée ici.).
Et les heures passent, se ressemblant atrocement. Je suis tellement las que j'en viens à espérer qu'un quelconque monstre m'attaque, histoire d'animer un peu ma journée. Les heures passent, se traînent, rampent, reculent... Lorsque le soleil est au plus haut dans le ciel, ses rayons transperçant la couverture de feuilles, je me pose auprès d'un... buisson (ah ah! Vous vous n'y attendiez pas, hein?), pour engloutir sans plus de fioritures la moitié des provisions qu'il me reste.

(Si je ne veux pas mourir de soif, il va falloir que je trouve un ruisseau assez rapidement...)

Me sustenter ne me prend pas plus de quelques minutes, si bien que je suis déjà prêt à repartir. Penser au reste du voyage qui m'attend, toujours des arbres, partout, j'en ai presque la nausée. Mais bon quand faut y aller, faut y aller.

L'après-midi se traîne, aussi lentement et rébarbativement que la matinée. Le seul élément notable à signaler est que je finis par tomber sur un cours d'eau, alors que la soif me brûlait cruellement la gorge, dans lequel je me jette pour m'apaiser le gosier. Je bois à longs traits, et n'oublie pas de remplir ma petite gourde à ras bord.

Battant toujours des ailes, un mètre environ au dessus du sentier, j'ai l'impression d'être figé dans la forêt. Seule la course du soleil me confirme l'avancée du temps. Ce dernier finit par se coucher, lentement, illuminant le ciel que je ne vois pas de douces nuances orangées. Je bats encore et toujours des ailes.

Puis soudain, après une dernière courbe du sentier, les arbres disparaissent. Exalté de savoir mon voyage enfin terminé, je me précipite à l'orée de la forêt, avide de découvrir un autre paysage que ces fichus arbres. Et je ne suis pas déçu. S'étend à mes pieds une vaste plaine, une étendue si grande que je me sens encore plus petit que d'habitude. Mais ce n'est pas la grandeur paisible de cette plaine qui m'impressionne, mais l'océan de lumières qui s'étale au bout, en bordure de ce qui semble une immense... rivière?

(Décidément tout est démesuré dans le coin...)

Mises à part toutes ces lumières, je ne peux rien voir réellement de Lùinwë. J'ai simplement une idée approximative de sa taille, qui me flanque les jetons à elle seule. Quand je pense que la cabane de Kiana m'avait parue géante... Je ne sais si c'est à cause de la fatigue ou de l'émotion, mais je me retrouve à tituber pour retourner sur mes pas, histoire d'être protégé pour ma dernière nuit par les arbres.

Au pied d'un tronc donc, je pose mon sac, pour ensuite m'allonger. Avec bonheur, je me rends compte que la douleur de mes ailes est moins marquée que la veille, et donc que l'armature aldrydique a été efficace. Cependant c'est tout aussi crevé qu'hier que je porte mollement à mes lèvres mes dernières baies, et que je vide ma gourde au fond de ma gorge. De fatigue, mes yeux se ferment tous seuls. Je me laisse glisser imperceptiblement dans les brumes réconfortantes du sommeil... quand un éclat lumineux attire l'attention de mes yeux pas tout à fait fermés. Pas vraiment réveillé mais aux aguets, je vois une petite sphère lumineuse d'une vingtaine de centimètres de diamètre virevolter doucement autour des troncs, se rapprochant peu à peu de moi.

(Bon sang, qu'est ce que c'est que ce truc?!)

Je me relève sans mouvements brusques, et pose une main prudente sur mon aiguille de pin, prêt à saisir mon pouvoir à la vue d'une menace. Devant mes yeux tétanisés par la trouille et la fatigue, la sphère vient se placer juste devant moi, rougeoyant paisiblement. Je pousse un petit cri de stupeur lorsqu'elle se met à briller plus intensément, et qu'elle se métamorphose... Deux bras, deux jambes. Une silhouette féminine. Une cascade de cheveux roux. Deux ailes chatoyantes. Et un visage à la fois gracieux, espiègle et sibyllin. Une silhouette féminine, deux ailes... En pensée, je hurle soudain.
(Une Aldryde!!)

Alors que j'envisage toutes les solutions qui s'offrent à moi (meurtre, fuite, torture, etc), je détaille malgré moi ma visiteuse. Ses oreilles sont bizarres, pointues, comme celles de Kiana. Et ses ailes sont radicalement différentes des miennes. On dirait des ailes de papillon, fines et translucides. Rien à voir avec une Aldryde en somme. Pas de meurtre aujourd'hui donc.

L'être qui se tient devant moi, d'une beauté effarante et légèrement plus petit que moi, me fixe sans parler, l'air songeur, comme s'il me jaugeait. Soudain, d'une voix aux échos cristallins, il déclare:
« Tu ne sais pas ce que je suis, hein? »

Intérieurement, son ton me fait sourire. Ironique et légèrement caustique. Et moi de lui répondre:
« Non . » (Oui, mon éloquence a encore frappé.)
Arborant un air docte, et s'éclaircissant la gorge (vous savez, celui qui ne sert à rien), la créature féminine m'apprend:
« Je suis une Faera. »
Elle s'arrête là, comme si ce simple mot pouvait m'éclaircir plus que son étrange apparence. De toute évidence, mon incompréhension doit être visible sur mon visage, car la Faera me fustige solennellement et éloquemment :
« Je t'ai choisi pour me lier à toi misérable Aldryde. Nomme-moi et nous ne ferons plus qu'un. »

Derrière cette réplique, je perçois un espoir certain, non dénué d'un humour bizarre. Décidant de persifler (étrangement, cette créature réveille mon côté espiègle, qu'une existence triste avait brimé), je lui demande innocemment:
« Je veux bien vous nommer moi, mais quel est votre nom? »

Un éclair de colère amusée passe dans les yeux de la Faera, et elle réplique:
« C'est à toi de me donner un nom, bougre d'imbécile. Le lien sera ainsi établi. »

Je ne manque pas de remarquer avec ravissement le vocabulaire qu'elle a utilisé à mon encontre. Je pourrais apprendre beaucoup à son contact. Au moins autant qu'avec Kiana. Me creusant l'esprit pour trouver un nom décent à cette ravissante créature, je reste silencieux quelques instants. Enfin je lui dis avec un grand sourire:
« Enchanté de te connaître, Aurore. Je m'appelle Silmeï. »

Un sourire éclaire la visage de la Faera, et je sens une magie étrange en action. Certainement la magie du lien. Soudain, alors que la bouche d'Aurore n'a pas bougé, j'entends sa belle voix résonner:

(Enchantée de même, Silmeï.)
(Euh. Tu arrives à parler la bouche fermée?)
(Mais non fieffé imbécile, je te parle en pensée, et je te signale que tu viens de répondre en faisant de même!)

Sa réplique me fait pouffer de rire. Ce nouveau moyen de communication est bien pratique, dis donc. Presque plus naturel que de parler.

(Excuse-moi d'être aussi direct, mais c'est quoi une Faera?)
Aurore me répond d'un ton qui laisse entendre qu'elle avait déjà souvent débité son petit discours.
(Je suis un être immortel constitué de fluides. Je suis capable de voyager dans le temps et l'espace, c'est ce que je fais de mon temps libre d'ailleurs. Du coup je suis pas mal calée en ce qui concerne le monde et tout ce qui s'ensuit. Si t'as des questions d'ailleurs... Sinon je peux prendre un peu toutes les formes. Et maintenant que je suis liée à toi, je peux te parler mentalement, et je dois t'aider dans tout ce que tu fais dans la mesure de mes capacités.)
(Woh. Woh woh woh. Attends, là. Ca fait un paquet de trucs à assimiler d'un coup. Tu dis que t'es pas mal calée sur le monde. C'est un doux euphémisme, ou?)
(Ben. Je sais ce qu'il y a savoir dessus quoi. Je sais parler toutes les langues aussi. Pas mal hein?)
(Génial tu veux dire! Tu tombes à pic, je viens d'être lâché dans le monde sans rien connaître dessus. Ou presque. Je vais avoir besoin d'aide pour survivre.)
(Tu ne connais rien du monde? Mais d'où tu sors?!)

D'une voix monocorde, je lui raconte mon histoire: emprisonnement, libération, enseignement chez Kiana, et fuite hors de la forêt. Sur ma lancée, je lui livre quelques uns de mes états d'âme, comme la soif de vengeance que j'éprouve. Aurore m'écoute, l'air interdit. Un silence gêné s'installe entre nous. Aurore le rompt soudain:
(Ben mon goujon. T'es bien parti dans la vie, toi. Mais ne t'inquiète pas, maintenant que je suis là, ça va aller!)

Sa réplique est d'une telle spontanéité, et d'une telle sincérité que je ne peux m'empêcher de sourire. Etrangement, j'ai l'impression d'être proche de la Faera, alors que nous nous connaissons depuis cinq minutes à peine. Sa personnalité, tellement similaire à celle que j'aurais pu avoir si je n'avais pas été aussi assoiffé de vengeance, me séduit sans conteste. Et surtout sa façon de parler, si simple et chaleureuse. Aucun doute, il se passe quelque chose de spécial, là!

Je reprends la « parole »:
(Ecoute, ça te dérange si nous faisons plus ample connaissance demain? Je viens de voler toute la journée, et je suis exténué. Demain, il faut que j'aille à Lùinwë. Tu m'accompagneras?)
(Bien sûr! Où tu iras, j'irai désormais. Bonne nuit l'Aldryde.)
(Bonne nuit la Faera. Ca dort une Faera?)
(A ton avis? Non.)

Je médite ces paroles quelques instants avant d'être rattrapé par le sommeil, qui réclame son dû.


La grande plaine

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 20 Jan 2010 08:02 
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Dirigé de Julin :

Ainsi donc, ton voyage a commencé, et après avoir commencé, en toute bonne logique, il se poursuit ! Et il se poursuit sans que le moindre monstre assoiffé de sang, troupe de brigands avide d’or ou chevalier noir ne surgisse sur ton chemin, preuve que les trajets ordinaires ne sont vraiment pas aussi palpitants que ceux que l’on peut trouver dans l’un ou l’autre ouvrage de péripéties. Au lieu de tout cela, tu rencontres dans le désordre aventuriers en quête de hauts-faits, caravanes débordantes de marchandises plus ou moins lourdement gardées, groupes de mercenaires hardis, paysans à carrioles, prêtres en pèlerinage… la faune des routes est assez variée, aussi bien dans son apparence que dans son comportement : autant certains se fendent d’un bienveillant « Bonjour ! », autant certains se fendent d’un simple signe de tête ou t’ignorent, d’autres allant même jusqu’à te bousculer carrément non sans mépris.

Mais allons, en dépit de ces désagréments qui ne font certes pas du bien à l’ego mais qui ne portent pas plus que ça à conséquence, la première heure de ta marche se passe sans encombre, ce qui est une bonne chose bien que cela soit des plus logique sur cette route relativement bien fréquentée à cette heure de la journée.
Bref, rien de particulièrement notable en soi n’est à mentionner, du moins jusqu’à ce que sur ton chemin, tu ne croises un être humanoïde à peine plus grand que toi vêtu à la mode d’un voyageur de vêtements passe-partout, assez résistants et durables, faits principalement de cuir mais également de tissu ça et là. L’individu porte l’épée au côté, et un sac à dos manifestement assez garni. Elancé, athlétique, la pilosité noire, ses mouvements sont rapides bien que non dénués d’une certaine élégance, et, élément le plus notable en vérité, son faciès est dissimulé par un masque gris argenté affichant une expression d’aimable neutralité. Cet élément combiné à ses oreilles masquées par des cheveux mi-longs rend son appartenance raciale plutôt indistincte.
Toujours est-il que cet étrange drille t’interpelle d’une voix très légèrement fluette bien que bien timbrée en ces termes tout en s’avançant vers toi sans empressement particulier :

« Excusez-moi monsieur, me permettez-vous de vous arrêter un moment pour vous demander quelque chose ? »


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Mer 20 Jan 2010 10:12 
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Torpeur précédente.

~ Voyage, voyage, le mot est doux sur mon palais... ~

Un premier petit Pas.



Dans le regard de l’elfe blanc, vert et pétillant comme de la mousse fraîche, humide de rosée au petit matin, scintillaient les étoiles d’un émerveillement ténu mais constant. Julin rayonnait, comblé et jouissant avec une certaine allégresse de cette liberté toute neuve dont il sentait la riche saveur contre son palais. Aussi, il y avait comme une délectation étrange et palpable dans la manière dont il orchestrait le moindre de ses pas, par son attitude, on l’aurait même dit curieusement soigneux, comme si chaque pied botté qu’il déposait sur le sol poussiéreux requérait toute son application.
Ses yeux, eux, voletaient joyeusement d’un voyageur à l’autre, se posant sur les marchands aux atours colorés avant de filer à tire-d’aile auprès des aventuriers chevronnés à la mine lugubre, armés, aguerris, et comme prêts à mener leur croisade personnelle contre le monde. Il y avait donc une perceptible fascination sur le gracieux visage de l’Hiniön, toutes ces individualités qui, autonomes, parcouraient la route et vaquaient à leurs occupations avaient de quoi… le séduire.
Si l’on s’adressait à Julin d’une salutation aimable, il répondait de même, le ton réjoui et pénétré d’une pointe d’enchantement à voir que ces gens le considéraient, qu’intuitivement ils voyaient suffisamment en lui l’un de leurs semblables pour se fendre d’une rituelle parole de courtoisie.

Bon, tous ne réagissaient guère ainsi, mais peu lui importait réellement. L’elfe blanc considérait simplement d’un regard intéressé les silhouettes silencieuses et pressées, qui le pas vif, s’évanouissaient bien vite à l’horizon, hors de son champ de vision. Lorsque d’autres, plus rustres et brutaux, le chargeaient de leurs lourdes épaules pour l’écarter de leurs chemins, la réaction de Julin était toutefois bien différente. Se prêtant au jeu, l’elfe blanc n’en démordait pas, se pressant de tout son poids contre ses assaillants afin de ne pas céder le moindre pouce de terrain, leur plantant même un coude dans les côtes au passage avant de les heurter à son tour, un sourire féroce au visage.
Et s’ils se retournaient afin de le foudroyer de leurs regards assassins, l’Hiniön haussait le sourcil avec une condescendance étudiée, portant ses poings à ses hanches avec défiance, comme s’il attendait nonchalamment la suite du programme.
Une telle attitude aurait pu lui valoir un sérieux coup sur le nez, fort heureusement, ce ne fut guère le cas.

Le novice découvrait donc le voyage, et s’il y avait d’abord pensé comme à une épreuve froide et solitaire, sa première impression avait de quoi le détromper largement. De fait, Julin ne se sentait pas isolé, pas encore du moins, pas alors qu’autour de lui ses semblables par dizaines se pressaient dans la même direction. L’idée était peut-être anecdotique, sinon optimiste, mais l’Hiniön avait un peu le sentiment d’appartenir soudain à un hétéroclite troupeau, ou encore à une meute insolite, aussi bizarrement disparate que pouvait l’être l’étal d’un camelot. Paysans se mêlaient après tout aux prêtres et aux mercenaires, parmi lesquels brillaient par leur habillage les riches marchands auprès de leurs convois bigarrés. On y trouvait de tout, et l’elfe blanc caressait l’idée un poil prétentieuse de se considérer être un petit joyau dans l’échoppe du susnommé brocanteur, lumineux de gaieté au milieu de tout ce grossier bric-à-brac qui l’entourait.

De fait, il était l’élégance modestement personnifiée, et il le savait. Pour son périple, Julin avait jeté son dévolu sur une solide tunique blanche, embellie de gracieuses bandes noires aux endroits stratégiques, ainsi que des braies amples et foncées protégées de larges jambières en écorce tressée. Ses mains fines, comme à leur habitude, étaient ornées chacune de deux discrets d’anneaux d’argent, et, surprise, un médaillon doré représentant le soleil et la douce Gaïa rebondissait sur sa poitrine à chacun de ses pas. C’était un petit cadeau de ce vieux filou de guérisseur, destiné à le protéger et à l’éloigner des magies de l’ombre à l’avenir. Julin trouvant très touchante l’attention, le portait avec enthousiasme. De sempiternelles écharpes chamarrées paraient son cou et ses deux poignets, les pièces de tissu étant cette fois-ci toutes de différentes nuances de vert.
C’est donc alors qu’il nageait en pleine allégresse, suivant du regard une carriole peinte en blanc qui transportait à Lúinwë de grossiers sacs de toile dont le contenu éveillait sa curiosité, qu’il entendit derrière-lui quelqu’un le héler. Dans une farandole colorée qui fit tournoyer et cliqueter sa longue chevelure ébène sertie de myriades de broches précieuses et de pierreries, Julin exécuta un demi-tour dansé.
Ses lèvres claires dessinant un aimable et sincère sourire, l’elfe blanc hocha doucement la tête tout en parcourant d’un œil curieux le personnage qui requérait ses services. A n’en pas douter, il avait là affaire à un aventurier autrement plus chevronné que sa petite personne, dont le masque, loin de l’interpeller par son incongruité, faisait pétiller une note d’amusement dans ses yeux verts. Quel genre d’individu pouvait bien se promener ainsi affublé ? Car il ne serait pas venu à l’esprit du doux et candide Julin que la personne cherchait à taire son identité ou bien à dissimuler une blessure particulièrement grave ou horrifiante.

« Je vous en prie. Répondit-il affablement, la voix mélodieuse. Puis-je vous être utile en quelque chose ? »

Pas d’arrière-pensée chez le mignon elfe blanc, ni de suspicion déplacée, juste une honnête curiosité et la bonne humeur communicative de quelqu’un de satisfait et d’en paix avec lui-même.

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Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 21 Jan 2010 00:15 
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De par le masque qui lui recouvre le visage, tu es évidemment bien en peine de savoir l’expression faciale qu’arbore ton interlocuteur, mais le petit hochement de tête dont il se fend semble indiquer qu’il est fort aise de te voir aussi disposé à le faire bénéficiaire de tes services. Continuant de s’approcher jusqu’à vous ne soyez environ plus qu’à un mètre l’un de l’autre, il prend après un petit temps d’hésitation la parole sur un ton toujours aussi cordial et affable :

« Et bien voyez-vous, il m’est plutôt embarrassant de l’avouer, mais j’ai prévu de me rendre à Shory, et je ne m’aperçois que maintenant que je manque fâcheusement de provisions pour accomplir un tel trajet. » L’individu marque un petit temps d’arrêt, son aisance verbale offrant un certain contraste quelque peu déstabilisant avec sa mise qui n’a pas grand-chose de celle d’un noble ainsi que l’objet de sa requête qu’il impute à son étourderie. « Ainsi, j’aurais voulu savoir si vous pouviez être éventuellement assez aimable pour me dépanner d’un jour ou deux de nourriture. »

Ayant ainsi présenté sa requête, le bon homme fait à nouveau silence, ses mots ayant été ponctués de gestes des mains plus ou moins volontaires au fur et à mesure qu’il s’exprimait, l’inconnu étant manifestement facilement du genre loquace. Cependant, il ne s’est pas permis de transgresser certaines conventions sociales, et ne s’est donc pas comporté comme si vous aviez gardé les cochons ensemble en te saisissant par le bras ou en posant une main sur ton épaule. Démonstratif, mais de toute évidence pas vulgaire en somme.


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 21 Jan 2010 02:22 
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Comme s’il tendait l’oreille afin de mieux écouter l’intrigant personnage, la tête de Julin s’était légèrement inclinée pendant que le voyageur masqué lui exposait son problème. L’air délicieusement félin et le regardant par en-dessous, les yeux verts de l'elfe blanc miroitaient d’une malice légère lorsqu'il acquiesça très doucement à ses paroles, un fin sourire entre amusé et compatissant sur le visage. Ainsi, du fait de son étourderie, l’étranger manquait des vivres nécessaires à l’accomplissement de son périple ? Voilà qui signifiait peut-être qu’il n’était pas si aguerri que cela après tout.

Sans que le moindre mot ne franchisse ses lèvres claires, l’Hiniön tourna la tête vers le court chemin qu’il avait arpenté depuis Lùinwë. Il n’avait pas exactement décompté combien de temps il lui avait fallu pour parvenir jusqu’ici, mais avec un rythme un peu plus soutenu, on pouvait aisément atteindre la ville en moins d’une petite heure. Méditatif, il revint étudier le visage masqué de neutralité, avant de se défaire de son sac de cuir noir et de se mettre à genou sur le sol afin d’en examiner le contenu.

Sur les traits de Julin, s’était affichée une douce bienveillance. Il aurait pourtant pu, comme n’importe quel fruste personnage, dire à son vis-à-vis de se dépêtrer par lui-même des bourbeux soucis dans lesquels l’avait plongé sa distraction, lui conseiller de faire un détour par la cité la plus proche afin de refaire ses provisions, ou alors, simplement l’envoyer paître, mais nulle pensée d’une telle sorte ne lui venait à l’esprit. L’elfe blanc avait été formé aux arts culinaires de longues années durant, il exerçait même la fonction de cuisinier jusqu’il y avait encore peu, et on ne quittait pas la profession sans avoir développé une certaine sensibilité à l’égard de ceux sur qui planait le terrible spectre de la famine, aussi, l’Hiniön ne répugnait pas le moins du monde à partager ses provisions… quand bien même fut-ce avec le premier venu !

Toujours sans mot dire, il fit rapidement le compte de ce qu’il possédait et de combien de jours il pouvait subsister, avant de mettre de côté une partie du lard, des légumes secs, du pain et de la farine qu’il détenait. Il se sépara de même d’une des trois petites gourdes qu’il transportait, après s’être assuré qu’elle était bien pleine.
Julin pensait avoir de quoi tenir six journées complètes, mais il se savait avoir un appétit d’oiseau, c’est pourquoi, continuellement silencieux et comme pensif, il mit de côté près de la moitié des denrées et de l’eau dont il disposait.

Se relevant, l’elfe blanc tendit au sieur masqué trois larges paquets enveloppés dans un tissu grossier, ainsi que la plus volumineuse de ses outres et un petit pot de miel blanc.

«Je pense qu’avec ceci, une personne de votre corpulence devrait pouvoir manger à sa faim durant deux jours entiers. Dit-il, le ton aimable et empreint d’une certaine praticité. Cependant… pardonnez-ma probable impertinence, mais savez-vous cuisiner le gruau ? »

En effet, Julin pensait la question passablement insultante, bien qu’importante. C’était là une compétence des plus banales, mais tous ne la possédaient pas pour autant… Et puis, comment se référer au sens commun pour jauger une personne aux si étranges manières ? Après tout, son lourd sac-à-dos, gonflé et congestionné, paraissait prêt à exploser et à répandre son contenu sur le sol d’un instant à l’autre tant il était plein ! Avait-on idée de voyager si lourdement chargé, tout en oubliant de se munir de quelques nourritures ? Avec un sourire désarmant, Julin laissait très clairement transparaître sur son visage ses sentiments égayés par la proximité de l’insolite personnage. Oh, il n’y avait là ni méchanceté ni réelle médisance ! Juste un amusement sincère et l’expression d’une bonté toute naturelle qui le poussait à s’assurer que son aide était belle et bien effective.

Car à quoi bon lui donner de la farine s’il ne savait pas préparer du gruau… ?

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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Jeu 21 Jan 2010 18:25 
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Cette fois-ci, alors que tu fais preuve de tant d’obligeance à l’égard de l’étonnant inconnu, tu peux distinguer malgré son masque qu’un grand sourire s’affiche sur son visage d’après ses joues qui saillent d’une manière catégorique. Toutefois, alors qu’il tend les mains pour accuser réception de ton don, son expression faciale change pour en aborder probablement exprimant combien il paraît non pas étonné mais pris au dépourvu par ta question. Pour autant, son air déconcerté ne subsiste guère longtemps, car il se reprend la seconde d’après avec l’aisance sociale que tu as pu lui constater, répondant avec bonhomie :

« Du gruau ? Et bien oui, je saurai me débrouiller… ce ne sera pas la première fois que j’aurai à en faire en tout cas. »

Sur ce, le gaillard dépose à terre son sac qu’il ouvre afin d’y ranger ce dont tu viens de lui faire l’offrande, révélant un bric-à-brac d’outils dont la fonction est plus ou moins obscure : petits crochets semblables à ceux d’un serrurier, bâtonnets, flacons de produits divers… et encore, il ne s’agit là que de ce qui fait le haut de son barda, sans compter ce qui est dissimulé dans des ballots de tissu. Néanmoins, contrairement à ce que pourrait laisser craindre quelque chose d’apparemment si peu ordonné, ton obligé ne fourre pas ses obtentions récentes parmi le reste comme un malpropre, mais prend soin de les disposer de manière à ce qu’elles ne soient pas trop malmenées durant son trajet, cela avec des gestes rapides et précis.
Après cela, il remet prestement son bagage à ses épaules, et se consacre à nouveau à toi de vive voix :

« Monsieur, je vous suis redevable, et en tant que tel, je serais marri de rester votre débiteur ; aussi vous serais-je reconnaissant de bien vouloir accepter ceci en mode de rétribution. »

Ce disant, paume découverte, il t’expose une pierre précieuse bleutée pas plus grosse que l’ongle de ton auriculaire, travaillée de manière à former un ovale aux contours certes irréguliers mais des plus harmonieux. Ne te pressant pas, ton payeur reste la main tendue devant lui, attendant que tu prennes possession de ce bien qui te revient manifestement en tout bon droit.


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 22 Jan 2010 01:06 
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Neutre et paisible, c’est avec la légère satisfaction d’avoir rendu un petit service à son prochain que Julin ferma puis réajusta soigneusement son sac contre son dos. Le voyageur masqué avait pris possession des vivres, et de plus, possédait comme tout bon cuisinier le talent quintessentiel de la concoction de gruau, une des mixtures pâteuses les plus fades et bourratives de toute la création. L’intervention secourable de l’elfe blanc s’achevait donc ici, ce qui mettait un terme à la rencontre de ces deux individualités.

Non réellement pressé mais tout de même désireux de poursuivre sa route et son aventure, l’Hiniön s’apprêtait à prendre congé de son interlocuteur lorsque celui-ci lui proposa de le rétribuer pour sa générosité. Une offre spécieuse, de l’avis de Julin. De simples et justes remerciements ne suffisaient donc pas ? La parole du voyageur masqué avait-elle si peu de valeur qu’il était nécessaire de la coupler d’un quelconque bien matériel ?

L’elfe blanc jeta un coup d’œil incertain à la pierre précieuse, avant de laisser transparaître sur son visage son incompréhension. Une gemme de couleur bleue… Pourquoi donc lui faire présent d’un tel objet ? Un seul regard à ses atours suffisait pourtant à comprendre qu’il se vêtait essentiellement de tons verts, blancs et noirs, s’accordant respectivement à ses yeux émeraude, son grain de peau laiteux et sa longue chevelure soyeuse. Que ferait-il donc d’un saphir ? Sa teinte n’était clairement pas assortie à sa personne !

Puisque ce n’était pas un réel cadeau, un objet qu’il pouvait porter en guise d’ornement, Julin n’y percevait pas autre chose qu’une récompense pécuniaire, et ne voyait guère de raison de l’accepter. Il aurait admis un don amical dont il aurait pu avoir l’usage, mais recevoir une somme d’argent pour avoir simplement agi comme il l’entendait n’était pas concevable. La logique pouvait paraître tordue, mais l’elfe blanc voyait la chose ainsi.

Le sourcil levé, c’est d’une légère pression des doigts que Julin força le voyageur à refermer le poing sur la gemme. Fixant le masque de ses yeux émeraudes, l’Hiniön s’exclama avec un petit sourire hautain, d’une arrogance douce, que l’on aurait presque eu envie de pardonner...

« Mon débiteur ? Que non pas ! Croyez-bien que je n’ai agi qu’à ma seule fantaisie, de mon avis : bien plus pour moi que pour vous. Si cela vous bénéficie, jouissez simplement de votre bonne fortune, voyageur ! Vos remerciements me sont une récompense bien suffisante. »

Et cela dit, l’elfe blanc tira sa révérence, l’attitude comme altière mais aimable alors qu’il passait aux côtés de l’étranger masqué, reprenant joyeusement la route vers Cuilnen.

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Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 22 Jan 2010 02:29 
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Soit qu’il soit trop interloqué pour réagir dans l’immédiat, soit qu’il respecte ton choix, le sire masqué ne fait rien pour t’empêcher de lui refermer le poing en geste de déni, pas plus qu’il ne t’interrompt durant ton petit discours à la fois modeste et princier. Ce n’est qu’alors que tu reprends avec une nonchalante simplicité ta route que tu peux l’entendre pousser un petit rire gracieux, l’étrange personnage prenant ensuite à son tour la parole pour te faire ses adieux :

« Et bien sachez alors que j’en suis ravi, et que je ne manquerai pas d’en jouir en vous remerciant pour votre prodigalité ! Bonne route à vous également. »

En guise d’adieu, pression pour pression, il te donne une légère tape sur le dos, comme en une sobre impulsion de bonne fortune, avant de reprendre lui-même sa route d’un bon pas, te laissant sans plus de cérémonies vaquer à tes occupations.

Celles-ci s’annoncent d’ailleurs du même ton que celles qui avaient rythmé les premiers moments de ta marche : toujours la route qui défile sous tes pas, en même temps qu’au fur et à mesure de ton avancée, tu croises, dépasses ou est dépassé par des gens plus ou moins aimables. Malgré la fatigue de tes muscles qui se fait de plus en plus présente, aucun incident de quelque sorte que ce soit n’est à déplorer… du moins jusqu’à ce qu’une vingtaine de minutes plus tard à peine, tu puisses distinguer au loin un groupe de quatre cavaliers évoluant en bon ordre, ses membres interpellant sur leur passage l’un ou l’autre voyageur pour l’entretenir de quelque chose d’inaudible à cette distance.
Cependant, au fur et à mesure que la distance qui vous sépare se réduit, tu peux t’apercevoir qu’en tout cas, les chevaucheurs n’ont rien de mercenaires en maraude : tous manifestement d’ascendance elfique, ils sont équipés d’effets similaires, et sur l’armure de l’un d’entre eux, tu finis par distinguer une fontaine dorée sur fond vert sombre et blanc, ce que tu reconnaîtras peut-être comme étant l’emblème de Cuilnen. A première vue, ils n’ont pas l’air de s’intéresser à toi plus qu’à quiconque d’autre, mais alors que vous n’êtes plus qu’à une distance d’une dizaine de mètres à peu près, tu remarques que l’un d’entre eux se penche à l’oreille d’un de ses compagnons en t’indiquant d’un signe de tête.

A quoi cela peut-il bien rimer ? Bonne question.


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 22 Jan 2010 12:37 
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La rencontre s’était déroulée sans heurt, trouvant sa conclusion dans la tape anodine que l’étranger lui avait administré sur le dos. De par son intrinsèque familiarité, le geste avait sur le moment fait sourciller le noble Hiniön, mais à présent qu’il n’était plus en vue, l’esprit de l’elfe blanc eut tôt fait d’occulter l’insolite personnage au visage masqué.
Julin se prenait donc à goûter de nouveau à la saveur simple que déposait sur son palais le début de ses aventures. Elles n’étaient certes pas épiques et risquaient de fourmiller d’entrevues en compagnie de ces individus de moindre importance avec qui il aurait l’occasion d’échanger quelques mots, mais c’était là des péripéties qui convenaient parfaitement à notre indolent protagoniste.

Heureusement solitaire, il s’éloignait de Lùinwë en songeant sans le moindre remord à la surprise de ses proches lorsqu’ils apprendraient son brutal départ. En seraient-ils attristés ? L’elfe blanc en doutait, tout comme il ne parvenait guère à s’imaginer que purent être affligées par son absence sa coriace génitrice et la solide Atalie. Au pire seraient-elles boudeuses, sinon peut-être contrites de le voir percer leur filet et prendre la poudre d’escampette, mais soit, elles sauraient s’en remettre !
On pourrait croire, le voyant penser en ces termes, que l’elfe blanc avait une image bien sombre des femmes qui partageaient sa vie, mais il n’en était rien. Elles contrôlaient son existence depuis toujours, sans pour autant qu’il n’y ait une quelconque malignité dans leur façon d’agir.
Ses aimables geôlières prendraient sans doute juste un peu mal le fait qu’il leur ait faussé compagnie… et c’était pour cette raison que Julin pressait un tantinet le pas sur la route qui l’amènerait à Cuilnen, des fois que sa chère et tendre mère ne pense judicieux de le courser pour le ramener à la maison par la peau des fesses.
Après tout, elles savaient ce qui était le mieux pour lui.

La bousculade d’un vilain aux larges épaules et manifestement désireux de vider les lieux au plus vite fit quitter le monde de la pensée à Julin et le ramena à la réalité. Levant les yeux, l’Hiniön considéra posément, sans s’arrêter, les quatre soldats montés portant les couleurs de la fontaine de vie. Leur armure scintillante et leur maintien hiératique avait de quoi en imposer, et cela expliquait le soudain émerveillement qui emplissait les prunelles d’émeraudes du jeune elfe blanc. Que faisaient donc en ces lieux les militaires de la reine Thelhenwen ? A les voir interroger les quelques passants à leur portée, Julin conclut qu’ils donnaient probablement la chasse à un quelconque coquin, que dans ce but ils quémandaient certainement des informations aux voyageurs, la question appuyée d’un rapide portrait de la canaille, sans nul doute.

L’image fugace de l’étranger masqué s’imprima dans l’esprit de l’elfe blanc, avant qu’il ne rejette cette idée saugrenue d’un léger froncement des sourcils. Ce serait jouer de malchance, mais il n’était certes pas impossible qu’il ait secouru un quelconque gredin… cependant, le sage Julin préférait ne pas conjecturer de la sorte.

Un léger trouble s’ancra toutefois dans son cœur lorsque les gardes parurent le désigner, en faisant montre d’une certaine discrétion d’ailleurs, ce qui ne rendait le geste que plus suspect.
L’elfe blanc soupira. Etait-il possible que ces soldats lui veuillent quelque chose en particulier ? Si c’était le cas, peut-être serait-il éclairé de réagir immédiatement, mais…
…ce n’était que bien trop de peine que de réfléchir en ces termes. Si les nobles cavaliers avaient une affaire à traiter avec lui, qu’ils viennent donc ! Cela n’aurait été que bien trop fatigant que de se laisser pénétrer par l’inquiétude. Acquiesçant à ses propres pensées, l’elfe blanc laissa couler les impressions et émotions négatives qui cherchaient à l’étreindre pour se concentrer sur les paroles d’une ritournelle de pèlerin qui sa mère lui chantait, à l’occasion, du temps de son enfance.

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Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 22 Jan 2010 18:10 
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Au fur et à mesure que la petite compagnie des quatre gaillards approche, il est possible de voir que bien qu’ils arborent des atours de la plus indubitable officialité, leur maintien –sans être ceux de bleus- n’est pas aussi raide que pourrait l’être celui d’un militaire de métier. De plus, hormis pour le plastron que tous arborent, tu remarques d’un individu à un autre des différences au niveau de son équipement qui laissent également à penser qu’il ne s’agit pas là de troupes régulières.
Mais toujours est-il que, gardant le regard fixé sur toi, ils s’approchent en faisant en sorte de ne pas sembler particulièrement hostiles bien que la circonspection se lise sur leurs visages d’âges plutôt disparates.

Celui qui est en tête est manifestement le plus âgé, sa peau blanche tire sensiblement sur une teinte de jade, et son port solide de même que les quelques cicatrices qu’il arbore indiquent qu’il n’est pas sans avoir de la bouteille en matière de combat, sans compter l’arc qu’il porte en bandoulière et le sabre attaché à sa selle.
Plus en retrait se voit un elfe cette fois-ci entièrement blanc, depuis son corps jusqu’à la toge dont il est vêtu en passant par l’espèce de bâton court qui pend à son côté, ses cheveux dorés offrant avec cela un contraste qui n’est nullement dénué de beauté. Cependant, il n’en fait nullement étalage avec fatuité, se contentant de laisser son aîné sans paraître être prêt à intervenir de quelque manière que ce soit, son air encore adolescent allant de pair avec cette timidité ostentatoire.

A leurs côtés chevauche tout d’abord celui que tu as vu porter en premier son attention sur toi, un autre hiniön tout juste parvenu à l’âge adulte et pressé de faire ses preuves si l’on en croit la façon qu’il a de porter son regard d’acier dans tous les sens de même que l’habitude un peu déstabilisante qu’il a de porter de temps à autre sa main au long couteau attaché à sa ceinture.
Enfin, pour conclure cette courte description, on mentionnera une femme un peu plus âgée que celui qui vient de lui parler à l’oreille ; aux cheveux noirs plutôt courts et à la sobre robe de couleur boisée affichant un maintien calme et discret, ce qui ne l’empêche pas de rétorquer à son compagnon quelque chose que tu peux entendre :

« Tu vois bien que ce n’est pas lui. Réfléchis avant de dire ce qui te passe par la tête. »

L’intéressé grommelle un moment à cette rebuffade que son interlocutrice lui envoie avec un sourire bien que sans méchanceté, mais l’encaisse sans broncher outre mesure, se tenant à peu près tranquille tandis que le cavalier de tête t’aborde sans autre forme de procès bien que d’une voix patiente et tempérée :

« Bien le bonjour voyageur. Milice de Cuilnen. Nous recherchons un hiniön d’approximativement un mètre quatre vingt aux cheveux noirs longs et aux yeux verts. Il aurait été aperçu la dernière fois vêtu d’une toge grise affichant le symbole de Yuimen et portant un lourd sac alors qu’il quittait la ville hier matin. Cela vous dit quelque chose ? »


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Ven 22 Jan 2010 23:46 
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Flegmatique, un mot qui à lui seul pouvait décrire en profondeur Julin Lluliel Fëforava alors que d’une indolence rare et recherchée, il cheminait dans le monde coloré de sa pensée. Sur un plan plus matériel, son corps avançait en automate, soulevant à un rythme régulier terre et poussière du cuir dur de ses semelles, dans une attitude placide et imperturbable.
Si son visage gracile demeurait aussi neutre que s’il avait été masqué, l’éclat émeraude de ses yeux s’était pourtant terni à mesure que l’elfe blanc s’immergeait dans la réflexion.

La chanson du pèlerin était fredonnée dans son esprit, de cette voix douce que sa mère avait l’habitude de prendre pour lui partager les récits de ses périlleuses aventures d’autrefois. Les paroles n’étaient pas claires, elles s’étaient comme égarées dans le labyrinthe de sa mémoire. Parfois il retrouvait un mince couplet, qu’il chantonnait mentalement sans réelle justesse, avant de perdre de nouveau le reste de la ritournelle.

Des quatre cavaliers qui s’en venaient dans sa direction, l’Hiniön nonchalant ne faisait que bien peu cas. Pourtant, lorsqu’à quelques deux mètres de distance, les naseaux du cheval de tête émirent cette petite expiration grave qui donnait l’impression qu’il venait de tousser, Julin revint à lui-même, observant l’animal avec un sourire doux et empreint par l’amusement. De par sa formation très hétéroclite, l’elfe blanc connaissait bien les chevaux et les aimait assez… sans pour autant apprécier de devoir en prendre soin après une éventuelle promenade. Il avait une sainte horreur de cette partie de la toilette de l’animal où on leur décrottait les sabots, véritables dépotoirs où s’agglutinaient lascivement boue et excréments.
L’Hiniön se serait bien laissé aller à se remémorer plus longuement ses études au haras, mais le cavalier qui se présenta comme faisant partie de la milice de Cuilnen ne lui en laissa guère l’occasion.

La milice donc ? Ainsi, ils n’étaient pas réellement affiliés à l’armée royale… Quelle déception ! Cette simple information sembla lui ouvrir les yeux car les quatre soldats à l’allure altière et étincelante parurent se métamorphoser soudainement pour ne plus apparaître que sous la forme de traine-savates dégingandés, de paysans, bouchers, miséreux en mal d’aventure qui avaient pris les armes afin de mettre un peu de sel dans une vie passée à sarcler le champ de navets familial.
Une description qui ne rendait guère justice aux quatre miliciens, Julin en avait conscience, mais soit, dans une petite partie de son esprit, l’elfe blanc boudait.

Donc, que voulaient-ils… ? Se dit Julin en tâchant de prêter un peu plus de son attention à ce que lui racontait le premier cavalier.
Et comme il s’en était douté, ils poursuivaient quelqu’un, « Monsieur Tout-le-monde », pour être plus précis… mais attention, avec des cheveux noirs, ce qui réduisait l’aire de recherche à près de la moitié de la population elfique. Néanmoins, pour une raison qui lui échappa, c’est avec une certaine surprise que l’Hiniön repensa au voyageur masqué.
La taille et la couleur de la pilosité correspondaient à la description, de même que son sac était convenablement garni, en admettant qu’il se soit débarrassé de sa toge trop voyante et qu’il ait raccourci sa chevelure, ce pouvait tout à fait être lui. Ou n’importe qui d’autre, l’elfe blanc ne l’oubliait pas.

Le sourcil haussé, Julin eut un sourire très légèrement narquois.

« Que je sache, cela pourrait tout aussi bien être moi… » Dit-il en secouant doucement la tête, broches et pierreries émeraudes parant sa chevelure s’entrechoquant alors dans un faible tintement.

C’était une remarque un peu taquine, qui sans conteste, visait le moins expérimenté des quatre larrons. Néanmoins, la description demeurait très sommaire. Comment pensaient-ils attraper le voyageur masqué avec si peu d’informations ?
…car dans l’esprit de Julin, il était l’hiniön que les miliciens recherchaient. L’étrangeté de leur rencontre prenait ainsi tout son sens. Dans quel autre but aurait-il évité d’aller se réapprovisionner à Lùinwë qui n’était alors qu’à une heure de marche ? Si ce n’était pour camoufler les traits de son visage, pourquoi portait-il un masque ?
Néanmoins, il se fourvoyait peut-être et accusait donc à tort un innocent… et c’était pour cette raison -ainsi que, il s’en rendait compte à présent- parce qu’il aimait bien l’étranger masqué que Julin répugnait à le nommer sans certitude.

Le regard vif, agité par la tournure que prenaient ses pensées, l’Hiniön fixa le cavalier de tête.

« Pour différentes raisons, depuis mon départ, au moins quatre personnes correspondant à cette description ont attiré mon attention. J’ai même pris le temps de converser avec certaines d’entre-elles… Alors pour peu que celui que vous recherchez n’ait pas eu la sottise de conserver la toge qui clamait à tout-va son identité, il est probable que je l’ai croisé. »

C’était là un demi-mensonge, car une idée avait fait son bonhomme de chemin dans l’esprit du doux Julin. S’il pouvait simplement pousser le milicien à parler, à lui donner quelques indices lui permettant de trancher… Certes, il voulait être certain que l’homme au masque était bel et bien le « coupable », mais ce n’était pas tout.
Peut-être bien que… si le « crime » était anodin, il ne divulguerait même rien de leur entretien. Le quatuor de miliciens, dont le jeune (qui était probablement de son âge, songea-t-il) qui caressait la poignée de son arme en permanence, lui faisait après tout bien plus mauvais effet que le sire masqué.

« Peut-être pourriez-vous simplement me dire ce que vous savez d’autre ? Ne serait-ce que ce qu’il a fait pour être ainsi poursuivi, par associations d’idées, je pourrais éventuellement m’y retrouver. »

Même s’il avait sélectionné de son mieux les mots qui pouvaient l’aider dans son entreprise, Julin ne goûtait guère aux mensonges et à la dissimulation, de ce fait, alors qu’il réfléchissait, son visage avait été bien loin de son habituelle impassibilité. Il ne paraissait certes pas troublé, mais à tout le moins… pensif, songeur…
Cela suffirait-il à alerter les miliciens ? L’elfe blanc espérait que non…

_________________
Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Route entre Cuilnen et Lùinwë
MessagePosté: Sam 23 Jan 2010 03:46 
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Dirigé de Julin :

Malgré ta boutade, trois des miliciens restent d’un professionnel stoïcisme, seul celui au couteau se fendant d’un « Humph. » grognon sans aller plus loin, rongeant son frein avec une impatience manifeste, la placidité n’étant manifestement pas son fort au contraire de sa voisine qui reste posée et diligente, mettant la main à ses fontes pour en sortir un parchemin qu’elle tend à celui que l’on pourrait grosso modo identifier comme étant son supérieur. Celui-ci, sans directement répondre à ta question, se penche pour te le tendre, mentionnant au passage :

« Voici un portrait de lui d’après la victime. Attention au fusain, il part facilement. »

En ouvrant ce document, tu pourras découvrir le visage d’un elfe aux traits étirés et au visage émacié assez long, dont les yeux en amande se révèlent perçants et éveillés, même sur un simple dessin. Le front haut, le nez long, les pommettes saillantes, les lèvres un chouïa charnues, l’homme à l’âge indéfinissable n’est pas sans dégager quelque chose de sage et d’interrogateur, mais d’un autre côté, on ne peut s’empêcher de distinguer à la commissure de ses lèvres comme un petit sourire. Encadrant tout cela s’écoulent de longs cheveux légèrement ondulés dont le bout dépasse le cadre de l’illustration, lesquels sont tressés en une petite natte devant l’oreille gauche.
Image

Et tandis que tu détailles cette image, le meneur du quartet te fait un résumé du cas du personnage en question :

« Il s’est fait passer pour un prêtre de Yuimen et s’est fait embaucher comme tuteur auprès de la famille Ajuenôl pour gagner leur confiance. Hier même, il a quitté la ville en emportant avec lui nombre des biens familiaux. Nous avons de bonnes raisons de croire qu’il voudrait rejoindre Lùinwë, raison pour laquelle nous arpentons cette route. »

Posant ainsi implicitement sa question passée une fois encore, il attend de voir ce que tu pourrais bien avoir à lui dire à ce sujet.


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