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 Sujet du message: Les habitations
MessagePosté: Sam 1 Nov 2008 12:27 
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Les habitations


Bien que moins luxueuses que les demeures de la capitale, Cuilnen, les habitations de Lúinwë sont cependant loin d'être des taudis.
Nombreux sont les riches marchands à s'être installé dans la cité au plus près de leur affaire et de nombreuses rues sont ainsi faites de demeures luxeuses à faire pâlir d'envie certains comtes humains.
Cependant toutes les maisons ne sont pas ainsi, et vous pourrez en trouver aussi des plus modestes.
Enfin, près du port, vous trouverez un quartier particulier où les maisons sont colorées en bleu ou en turquoise, il s'agit du quartier des elfes bleus qui fait face au temple de Moura.

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Chibi-Gm, à votre service !


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 29 Déc 2008 12:39 
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Lorsque j'entrai dans le modeste salon, le feu était éteint, seules quelques braises ardentes continuaient d'illuminer le foyer souillé par la suie. La température avait fortement baissé dans la pièce, personne n'était là, personne pour profiter de la chaleur réconfortante, personne pour entretenir les flammes vacillantes... Cela était bien dommage, j'aimais tant regarder ce spectacle orangé et chaleureux, ce fut pour cela que je sortis dehors dans le but de trouver quelques tronçons de bois. Malheureusement, l'humidité avait fait rage et les bûches étaient gorgées d'eau, elles auraient bien du mal à prendre avec les maigres ressources qui restaient au foyer... Néanmoins, c'était sans compter sur mes capacités, j'avais les pouvoirs de ressusciter les flammes en quelques minutes ! J'envoyai les deux tronçons dans les braises encore rougeoyantes et me mis à souffler de toutes mes forces pour aviver le feu dormant... Toutefois, seule une purée de pois déconcertante sortit du bois mouillé, comme si l'eau intérieure était en train de s'évaporer face à mes assauts venteux...

(Bon ! Ben ça prendra tout seul, j'ai pas forcément le temps de me préoccuper de la cheminée pour le moment !)

Mais, à ce moment-là, une détonation retentit et l'écorce enflammée du morceau de pin me sauta à la figure, me brûlant faiblement au passage... J'aurais dû me douter que mettre du bois dans des braises aurait eu ce résultat, maintenant, j'allais devoir attendre que le feu prenne bien pour ne pas enflammer le reste de l'habitation... Je n'avais pas été très finaud sur ce coup là, mais, ce n'était pas grave, je ne me maudissais pas pour autant, j'allais rassembler mes affaires en un rien de temps et parallèlement, je surveillerai la cheminée... Je ne devais rien abîmer sous peine d'être terrassé par ma si tendre mère-dragonne... Bref, je n'avais pas de temps à perdre avec les flammes de Meno, ce n'était pas ce Dieu quelconque qui allait m'empêcher de fuir la cité ! Enfin, tout était relatif et «fuir» était un bien grand mot, tout ce que je voulais, c'était prendre le large mais, tout le monde le savait déjà, donc je ne m'échappais pas...

(Enfin ! Chacun y donne le nom qu'il veut, on ne va pas chipoter sur ça pendant des siècles non plus, je m'en vais un point c'est tout !)

Je me précipitai dans ma couche pour y rassembler le peu de choses que je possédais... Je pris tout d'abord ma flûte car, j'allais en avoir besoin pour impressionner Ysswa demain matin, tout au moins, pour lui montrer que je n'avais pas perdu tout mon talent... Ensuite, je me jetai sur quelques vêtements de rechange au cas où il se mettrait à pleuvoir, de cette manière je n'attraperais pas de rhume désagréable ! Pour terminer, je me mis en quête de mon maigre pécule bien caché au milieu de la paille dans le but de le rendre inaperçu aux yeux des éventuels voleurs ! D'ailleurs, j'avais bien fait de trouver une cachette étant donné que la ville grouillait de sales petits larrons comme cette fille au marché qui sans honte s'était permise d'arracher de l'argent au valeureux guerrier ! À vrai dire, ces gens-là étaient partout autour de nous et adoptaient des apparences familières pour ne pas que l'on se doute de leurs méfaits !

(Il va falloir que je me méfie de toutes les personnes que je vais un jour côtoyer, je ne veux pas finir dépouillé par une troupe de charlatans !)

De toute façon, je ne devais pas trop me soucier d'éventuels ennemis, le marchand serait là pour me protéger contre des attaques terribles. En effet, il avait dû voyager pendant des siècles peuplés de créatures assassines aux pouvoirs terrifiants, j'étais donc certain qu'il pourrait anéantir quiconque s'en prendrait à nous ! Au pire, Santias était là pour mordre et griffer les forces occultes qui s'abattraient sur nous... Le pauvre, lui qui ne savait tuer que des lapins de campagne et les rats des champs ; il me faisait parfois un peu de la peine, pourquoi les Dieux ne lui avaient pas donné une carrure plus imposante ou une parole féline ? Son espèce aurait peut-être devancé celles déjà existantes comme la mienne trop affaiblie par un passé douloureux... Mon regard se porta sur la masse poilue qui paressait comme à son habitude et à ce moment-là, je m'aperçus que même s'il possédait des capacités bien plus évoluées, il ne pourrait en aucun cas se retrouver au-dessus d'aucune autre race ; les chats étaient bien trop diminués mentalement...

(Ne sous-estimons pas l'eau qui dort...)

Je retournai dans le salon et déposai mon sac sur le sol qui s'écrasa dans un bruit sourd, j'espérais n'avoir rien brisé... En y réfléchissant bien, je n'avais aucun objet fragile au point de disparaître dans une pluie de minuscules cristaux, tout ce que je possédais était fait de métal, ce matériau fort résistant auquel les plus grands combattants accordés leur confiance. Pour le moment, il ne me restait plus qu'à attendre que l'après-midi passe, j'avais tellement hâte de pouvoir partir de la cité, j'étais certain que même si ma route serait semée de dangers, j'allais vivre des aventures hors du commun ! Dans quelques jours, je me retrouverai à Kendra Kâr et le marchand et moi vendrons les oignons à une autre personne tout aussi attirée par ces bulbes délicieux...

(Non mais je rêve ! Des oignons ! J'aurais pas pu tomber sur autre chose... Toute cette histoire commence à être vraiment déprimante !)

Je regardai le couteau que m'avait prêté mon nouveau compagnon de route, cette arme avait l'air d'être vraiment utile. Outre le fait de pouvoir tailler les végétaux qui se trouvaient sur son passage, il pouvait aussi servir au combat et cela était grandement profitable ! Peut-être pourrais-je l'emprunter au vieillard, après tout il devait en avoir d'autres tout aussi redoutables... Je préférais ne pas me faire d'illusions, s'il le désirait je lui rendrais, je n'étais pas un voleur, ça non ! Seules les petites filles étaient passionnées par ce dur métier d'après ce que je pus voir au marché ! Pitoyable... À moins qu'elle ne fît cela pour nourrir sa famille auquel cas, je ne pouvais lui en vouloir de commettre un tel péché...

(Bon, ben maintenant, j'ai plus grand chose à faire à part peut-être me lamenter sur mon sort...)

Je passai le reste de l'après-midi devant le feu pénétrant qui semblait lire dans mes pensées les plus secrètes. Sans gêne, les flammes tentaient de séduire le bois en dansant et en caressant l'écorce tendre... Ce spectacle à caractère pornographique pour des personnes mal renseignées ne m'empêcherait pas de dormir cette nuit, tout au moins, d'autres choses plus importantes me pousseraient à garder les yeux ouverts... Cependant, la porte d'entrée grinça, signe que mes parents étaient de retour, j'espérais pour eux que la journée fût plus réjouissante que la mienne, car à part ruminer sur mon sort, je n'avais pas été très productif...
«Bonsoir ! Alors, cette journée ?
- Éreintante... Et la tienne ?
- Je suis allé aux jardins pour prendre du bon temps et ensuite j'ai cherché mon nouvel ami le marchand... Tu aurais quand même pu me dire qu'il vendait des oignons, je ne me serais pas fait d'idées préconçues au moins...
- Ah ?
- Laisse tomber, ce n'est pas grave ! Au fait, comment s'appelle-t-il ?
- Oh ! J'ai complètement oublié de te le dire ! Que je suis idiot parfois... Excuse-moi ! Son nom est Vramir Franolin.
- Je tâcherai de m'en souvenir, je n'ai pas envie de marquer mal à ses yeux !
- Tu as fait le feu, c'est gentil de ta part, ça évitera à ta mère de passer une demi heure pour raviver les quelques cendres rougeoyantes qui restent... Enfin ! Ça y est ? Tu es prêt à partir ? Je vois ton sac... D'ailleurs ta mère et moi aimerions t'offrir quelque chose avant que tu t'en ailles.»

Mon père s'approcha de moi et sortit de son pardessus une petite bourse de cuir, soigneusement celée par un fil abîmé. Ils voulaient donc me donner de l'argent pour mon périple alors que je savais pertinemment qu'ils ne roulaient pas sur l'or... Je ne pouvais accepter un tel geste, ils en auraient bien plus besoin que moi, après tout je ne mourrai certainement pas de faim étant donné que je partais en compagnie de tout un stock d'oignons !
«Excuse-moi, mais je ne peux pas accepter... Je sais très bien que vous en avez besoin.
- Ne discute pas, nous économisons ta mère et moi depuis longtemps pour cette occasion ! Prends cet argent et fais-en bon usage.
- Merci.»

Mes parents avaient fait tout ce qui était en leur pouvoir pour m'éduquer convenablement et survenir à mes besoins et je voulais les remercier... Malheureusement, je n'avais rien à leur donner ou à leur offrir, mes quelques propriétés se trouvaient dans mon sac et ma foi, il était presque vide. Mais, un jour, lorsque j'aurai fait fortune, je reviendrai pour les valoriser avec d'innombrables présents. Cependant, pour l'instant, ma tendre mère finissait de préparer le repas, le dernier que je dégusterais en leur compagnie... Se dire que toutes nos habitudes durement acquises allaient être anéanties en un rien de temps me fendait le coeur. Pourtant, les dés avaient été jetés et je ne pouvais plus faire machine arrière, demain marquerait la fin de cette vie et le commencement d'une nouvelle !
«À table !!! J'ai terminé, je vous ai préparé de bons champignons farcis et cette fois-ci j'ai retiré tous les vers !»

Cette phrase peu intelligente de la part de ma douce génitrice signifiait que les dernières fois ce repas avait été réalisé avec beaucoup moins de minutie ce qui me déprimait. J'avais donc dû dévorer avidement des nués de créatures gélatineuses sans m'en rendre compte : cela était tout à fait dégoûtant ! Mais au moins cette fois-ci je pourrais me féliciter de me sustenter avec un repas propre et hygiénique... Cette ultime soirée était parfaite, aucune dispute, seules des conversations d'usage fusaient entre nous. De plus, nous ne nous ressassions pas les bons moments passés, chose horriblement déconcertante à laquelle je ne désirais pas penser ! Lorsque le repas fut terminé, nous discutâmes encore longuement de tout et de rien, riant aux éclats dans cette habitation où j'avais passé les plus beaux moments de ma vie. Toutefois, l'heure fatidique arriva et chacun de son côté alla se coucher et terminer cette belle nuit dans un monde magique...

* * * * * * *


Même si j'avais cru que je passerais une nuit agitée, il n'en fut rien, je dormis comme un bébé sans être dérangé par aucun démon tyrannique. Cela me faisait tout drôle, moi qui croyais que je n'allais pas fermer l'oeil de la nuit, anticipant les jours difficiles que j'allais devoir vivre, mais non ! Toutefois, je me trouvais dans un état de mélancolie mêlé à une certaine nostalgie, j'ignorais si j'étais suffisamment résistant pour délaisser l'univers qui m'entourait en quelques secondes... Je ne verrais sûrement plus mes pairs pendant un temps relativement long ; à moins que je ne découvre d'autres elfes dans d'autres parties du monde ? Je le saurais bien assez tôt, il était inutile que je cherche des réponses à des questions inexistantes et sans intérêt... L'heure était aux adieux, enfin, peut-être pas aux adieux mais plutôt aux «au revoir» larmoyants. Je ne pus retenir quelques larmes en voyant le visage de ma mère tordu par un chagrin incommensurable : la perte de son unique fils. Au moment même où je franchirai le seuil de la porte, je n'appartiendrai plus qu'à la nature profonde. Je pouvais comprendre qu'il était terrible pour une mère d'abandonner son enfant, mais il était temps, personne ne me retiendrait plus longtemps !

(Vite que cet instant douloureux se termine, je ne veux pas regarder leur souffrance en face...)

Je n'en pouvais plus, mes parents étaient là devant moi, ma mère frémissait dans les bras de mon père... Tiendrait-elle le choc ? Avait-elle la force de me voir partir ? Il le fallait, je ne voulais pas la voir dépérir par ma faute, elle avait encore tant de choses merveilleuses à vivre aux côtés de son époux... Il fallait en finir ! Je me décidai enfin à attraper mon sac et à serrer une dernière fois dans mes bras les deux personnes auxquelles je tenais le plus au monde ! J'appelai Santias qui arriva en courant près de moi, il était en pleine forme comme je l'espérais...
«À bientôt ! Ne vous inquiétez pas je reviendrai dès que je le pourrai !»

Ce fut avec un ultime signe de la main que je franchis l'enceinte de la propriété et me dirigeai vers les jardins de la cité où Ysswa devait déjà m'attendre !


(Suite)

_________________

Maître musicien pour vous servir...


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 4 Jan 2010 14:42 
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~ Deux Perles ~



Orangées, les gracieuses langues du feu de cuisson caressaient la petite marmite de fer blanc, l’aiguillonnaient avec tant de chaleur que le récipient paraissait se dandiner à chacun de ces assauts taquins. Son contenu bouillonnant, une sauce épaisse de la couleur du lait, emplissait toute la chaumière de senteurs de miel et d’épices. Dans la cuisine bien ordonnée, un gâteau tout juste sorti du four de pierre collectif refroidissait, une serviette le protégeant des quelques insectes affamés qui auraient la bonne idée de venir faire bombance.

Non loin de là –car ce n’était qu’une bien modeste demeure, construite d’un élégant bois de bouleau et reposant en équilibre sur de larges piliers- sur un lit de plume, sommeillait le propriétaire et cuistot, abîmé dans une sieste paresseuse en attendant que la sauce ait finie de mijoter. Une solide couverture en laine lui couvrait à moitié le torse, le protégeant bien peu des fraîches rafales que le vent amenait dans la chaumine par ses volets laissés ouverts. En y réfléchissant, la porte elle-aussi n’avait pas été verrouillée, et quand bien même fallait-il emprunter une large et grinçante échelle afin d’atteindre la petite terrasse où se situait le palier et donc l’entrée de la maisonnée, ce n’était vraiment pas très prudent.


Cependant, aucune effraction, vol et autre indélicatesse n’étant prévu pour aujourd’hui, voyons de quoi se peuplent les rêves de Julin.


Sur une large plage au sable de la couleur de la rouille, un jour où le ciel était hanté de noirs nuages, où une pluie torrentielle tombait, froide à vous en glacer les os. Le tonnerre rugissait avec ardeur. Près des vagues rageuses que l’océan envoyait se briser sur la berge, se tenaient deux personnes, assises à même le sable. Le temps avait mouillé et dérangé leurs longues chevelures noires, semblables désormais aux visqueux enchevêtrements des algues qui peuplent le fond des mers. Sous ces masses gluantes et obscures, c’était à peine si se distinguait l’éclat de leurs regards. Face à face, l’épais rideau de pluie empêchait pourtant tant à l’un, qu’à l’autre de clairement distinguer le visage de son vis-à-vis.

Et sous le déluge, alors que se déchaînaient les éléments, ils demeuraient là, figés, les yeux probablement plissés afin de s’observer, sans jamais oser battre d’un cil. La scène, d’un œil extérieur, aurait pu paraître comique, si ce n’était l’intensité et la crispation des traits des figurants, de l’immobile hantise qui se dégageait de ces deux spectres, incapables et trop effrayés pour seulement se lâcher du regard.

Pourtant, après ce qui parut être une étrange éternité, le Premier d’entre eux fit jaillir du néant deux perles de couleur, l’une blanche, et l’autre noire. Toutes deux désirables et brillantes, attirant l’œil et attisant le désir. Le regard des protagonistes trouva une nouvelle cible où se fixer de toute son intensité. Après les avoir fait rouler entre ses doigts, derrière l’algue de sa chevelure, un sourire éclot sur les lèvres gercées du Premier. D’une voix suave que Julin ne s’était jamais entendue, il persiffla.

« Veux-tu jouer ? Si tu me vaincs, je te laisserai l’une d’elle. » Ses doigts glacés caressèrent la douce surface de ces perles, ô combien désirables.

Et malgré les puissants échos de la tempête, la question était audible au Second. Les perles, séduisantes, captaient et aiguisaient tant son avidité qu’il ne détourna pas les yeux, mais sa bouche se tordant en une moue de dédain, il répliqua.

« Et si j’échoue ? »

« Alors tu me laisseras quelque chose de valeur équivalente. Veux-tu jouer ? » La voix de Julin, entre les lèvres du Premier, se faisait tentatrice, chaude et de la douceur du velours.

Le Second prit le temps de réfléchir. Derrière les algues, son front se plissa dans sa réflexion, ses envies se disputant à sa raison de longs instants, avant qu’il ne donne sa réponse.

« Pourquoi risquerais-je de perdre et d’avoir moins que ce que je possède déjà ? Ne suis-je pas bien ainsi ? J’ai déjà tout ce qu’il m’est bon d’avoir. Non, je ne veux pas jouer. »

Le bruit de l’orage laissa place au silence, qui lui-même se fit dur et pesant. La colère et la vexation se firent voir sur le visage du Premier, et de la voix boudeuse de Julin, il cracha.

« Comme tu voudras. »

Puis, au premier battement de cil du second, il s’évanouit, ne laissant aucune trace sur le sable humide. Immédiatement, l’envie défit la raison et un grand désespoir trouva refuge dans le cœur du Second. Des larmes, froides comme de la glace jaillirent de ses yeux alors qu’il se jetait et se roulait à terre en hurlant de dépit.


La fraîcheur de ces larmes contre sa joue réveilla Julin, qui, se redressant en secouant distraitement la tête, passa le revers de sa main contre ses pommettes afin de chasser des pleurs qui n’avaient existé que dans ses rêves. Légèrement troublé, mais le contenu de ses songes s’affadissant à mesure qu’il reprenait ses esprits, l’elfe blanc se leva afin de fermer les volets. A présent, il avait froid.

Baillant et s’étirant nonchalamment, ravigoté et se sentant frais et dispo après sa petite sieste, Julin alla remuer la sauce puis la goûta. Se passant la langue sur les lèvres, il descella un pot contenant de la cannelle en poudre et ajouta deux pincées à sa mixture avant de la tester à nouveau.

Satisfait à présent, il retira le pot du feu et s’attela à généreusement napper son gâteau. C’est le moment que choisit la douce voix maternelle pour retentir depuis la terrasse.

« Julin, tu es là ? »

Surpris par cette visite impromptue, l’elfe blanc déposa vivement la cuiller en bois pleine de sauce dans la marmite, et se hâta à la fenêtre où il baissa les yeux vers sa tendre génitrice.


Un sourire un peu las trouva refuge sur les lèvres de Julin. Il n’y avait, en vérité, que peu de raisons de s’étonner de sa présence. Ne passait-elle pas le voir chaque jour que Yuimen leur offrait depuis qu’il avait quitté le nid familial ?

« Oui, mère. » Dit-il doucement en s’accoudant au chambranle, laissant son regard dériver sur Viviane Lluliel Alundra, elfe au visage intemporel d’où lui venait cette ample et abondante chevelure noire et brillante. Vieille d’un bon millier d’année, on aurait pu s’attendre à ce que lesdites sagesse et sérénité elfique lui pénètrent le crâne, mais il n’en était rien. L’âge lui donnait cependant un petit air sec, presque squelettique, bien qu’elle fût pleine d’entrain et d’énergie. Son regard émeraude, aussi acéré et clairvoyant que pouvait l’être celui d’un aigle, le foudroya alors qu’elle s’exclamait.

« Bien. Atalie est venue te rendre visite. Traite-la bien ! J’ai à faire… » Sitôt dit, dans un tourbillon de soieries vertes, elle s’en retourna, arpentant les ruelles de son pas conquérant. Elle avait probablement une course à faire et ses futurs interlocuteurs pouvaient déjà faire leur prière. Soit, mais où était ladite Atalie ?

Se penchant plus à sa fenêtre qu’il n’était raisonnable de le faire, Julin aperçut la silencieuse jeune femme. Le regard baissé sur ses mains nues dans une attitude mêlant patience et docilité, attendant sans nul doute d’être invitée à monter. Ce qu’il fit expressément. Sa mère lui tomberait dessus comme une masse si elle apprenait qu’il manquait de galanterie envers la promise que la famille avait daigné lui choisir.

Le bruit de pas légers retentissant sur le bois grinçant de l’échelle, l’elfe blanc retourna à sa cuisine en attendant que sa chère et tendre eut fini d’escalader.

« Bonjour Julin. » Entendit-il derrière-lui bien plus tôt que prévu. Elle n’avait manifestement pas perdu de temps.

« Bienvenue Atalie, je vous en prie, asseyez vous… quelque part. »

Témoin de la gêne de la jeune femme, il lui désigna le lit défait d’un index résigné. Il n’y avait effectivement guère d’autre meuble où poser le fessier. Julin coupa deux généreuses parts de son gâteau, qu’il servit sans plus attendre avant de s’installer à son tour.

« Est-il à votre goût ? » Demanda-t-il après en avoir pris une cuillerée. La jeune elfe répondit aussitôt, avec un naturel plaisant à l’œil.

« Il est délicieux, merci. »

Julin sourit. N’était-ce pas un bien gentil mensonge ? Le gâteau était trop cuit et la sauce avait un arrière goût de brûlé. Tandis que la demoiselle se forçait vraisemblablement de finir sa portion, le cuistot se perdit dans la rêveuse contemplation de la personne que sa famille lui avait choisie.

Atalie Folflarion Lisë n’était pas à proprement parler une beauté. La constatation pouvait paraître cruelle, mais c’était néanmoins la vérité. On pouvait la trouver mignonne avec sa peau encline à roussir au soleil et ses grands yeux noirs, bien qu’elle n’eut d’atouts particuliers qui vaillent d’être mentionnés. Ses cheveux, mi-long et châtain clairs, encadraient l’ovale de son visage, sur lequel se lisait toujours ce que Julin pensait être, une inauthentique timidité. Il ne comprenait que peu à quoi pouvait bien rimer de dénier ainsi sa réelle nature en se forçant à tenir sa langue et à baisser le regard, mais là n’était pas son affaire. Il aimait bien Atalie, mais pas beaucoup plus.

« Julin… » Prononça d’une voix faible la demoiselle, le ramenant à dessein à la réalité. Ayant passé deux années à se côtoyer, elle commençait à bien le connaître, ainsi qu’à repérer la mauvaise habitude qu’il avait de laisser flâner son esprit, à se détacher si bien de lui-même, tout à ses pensées. En apparence, il vous couvait du regard, mais une seule question suffisait à comprendre qu’il avait la tête dans les nuages.

Ayant capté son attention, elle poursuivit, toujours doucement, comme s’attelant à ne pas le brusquer. Encore une fois, un sourire éclaira le visage de Julin. Les trésors de précaution dont elle faisait preuve l’amusaient à moitié, il avait toujours l’impression qu’elle pensait s’adresser à un demeuré…

« …ne devriez-vous pas au être au travail ? »

Le cuistot secoua la tête, se demandant pourquoi les femmes semblaient toujours le materner.

« Lorsque j’ai annoncé à maître Ralen’tuê que j’allais rendre mon tablier, il m’a ordonné de prendre une semaine de repos afin de mieux y réfléchir. »

« Vous allez encore quitter votre emploi… »

Lassé par la conversation, Julin opina et ramena les assiettes à la cuisine. Là-dessus, paraissant manifestement avoir oublié la présence de sa compagne, il fit la vaisselle. Bien que le détail fût anodin, l’elfe blanc aimait le contact de l’eau froide et savonneuse sur la paume de ses mains. Ses doigts agiles glissaient sur la céramique des plats et il commençait à murmurer les paroles indolentes d’une vieille chanson Hiniön lorsque sa promise reprit la parole.

« Seriez-vous libre aujourd’hui… ? Si tel est le cas, peut-être pourrions-nous… »

Sans se retourner, Julin imaginait sans effort la peine que se donnait sa compagne pour feindre de rougir. Poussant un léger soupir, il arrêta de chantonner et la fixa de son regard émeraude.
Ses yeux s’immobilisèrent sur le poing presqu’agité de spasmes dont elle comprimait le tissu de ses jupes. A contrario, le visage de la demoiselle feignait la candeur pudibonde qu’affectionnait tant sa génitrice.

« Je suis navré Atalie. J’ai promis à maître N’talim de lui donner un coup de main pour sa cueillette. » Ce n’était pas un mensonge. Il devait réellement de l’aide à l’herboriste, tout comme il s’attristait de devoir la rembarrer. C’était toujours pour des raisons de ce genre que leur relation n’avait guère progressée depuis leur rencontre, il y avait deux ans. Néanmoins, Julin n’était que peu pressé. La vie était longue, il y aurait toujours le temps… un point de vue que sa promise et sa mère ne semblaient pas partager.

« Je comprends… devez-vous y aller… immédiatement ? » Sa figure était encore empourprée. Julin se questionna brièvement sur ce qu’elle devait ressentir, avant d’abandonner et de répondre.

« Je ne vais pas tarder, oui. »

Atalie se leva aussitôt. Le visage indéchiffrable et le regard bas. L’elfe lissa les plis de sa robe, puis murmura.

« Je vais vous laisser alors… »


Il la raccompagna jusqu’à l’échelle, étudiant une nouvelle fois son invitée alors qu’ils se disaient au-revoir. L’éclat du soleil faisait ressortir ses taches de rousseur sur la peau blanche de son visage. Sa lumière et sa réverbération, si vives, sur le teint laiteux de sa compagne, le prirent par surprise.

Sans réfléchir, il porta la paume de sa main contre la joue de la demoiselle, qu’il releva légèrement lors d’une furtive et tendre caresse. Etonné de son propre geste –quoique moins que sa promise- il recula un peu précipitamment en agitant négligemment la main fautive. Les bruits des pieds nus d’Atalie résonnant sur le bois de l’échelle, Julin fit quelques pas dans sa chaumine, contemplant ses doigts avec surprise.

Qu’est-ce qui avait bien pu lui prendre… ? Ce n’était certes pas dans ses habitudes. L’espace d’un instant, il avait senti comme un tel… désir. La lumière du soleil éclatant sur sa peau si blanche, si lisse et douce, il avait immédiatement songé à une perle. Quelle étrange idée… d’où cela pouvait-il bien lui venir ?

Torpeur suivante.

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Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 11 Jan 2010 01:45 
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Torpeur précédente.

~ Ricochet. ~



Sur la plage au sable d’airain, lourde et humide alors des pleurs candides d’un ciel pourtant torturé, se tenaient face à face les deux avatars, leurs chevelures d’ordinaire noires et brillantes, semblables désormais à des algues tirées de leur refuge sous-marin que l’on avait laissé se flétrir au soleil. Seulement, dans ce théâtre insolite, les acteurs ne semblaient n’en faire qu’à leur tête, et cette scène qui ne commençait pas par le début eut de quoi surprendre l’unique spectateur, arrivant un peu en retard, qu’était Julin Lluliel Fëforava.

Comme mettant entre lui et son vis-à-vis une épaule insolente, le Premier se tenait de trois-quarts, tournant même la tête afin de ne pas regarder son interlocuteur. Sur ce que l’on voyait du masque pâle de son visage, dissimulé sous sa chevelure enchevêtrée et desséchée, un sourire chafouin s’épanouissait, parfois réprimé sans grand succès, témoin d’une hilarité mauvaise bien trop forte pour être déguisée.
Et que provoquait donc cette vive alacrité ? S’interrogeait le spectateur, portant son regard sur le deuxième personnage de cette pièce de théâtre que ses songes interprétaient à son attention.

Le Second parlait haut-perché et agitait ses grands bras fins avec malaise, sinon affolement. Sur sa figure, à moitié révélée par l’envol constant que son agitation imposait à sa chevelure, se lisait un désespoir cupide. Ses lèvres gercées se tordaient sans cesse, alternant cajoleries de velours et exhortations éperdues à faire preuve d’un peu de pitié.

« Je veux jouer… je veux jouer ! » Entendit Julin hurler, d’une voix grinçante et presqu’aphone qui lui rappelait le crissement du fer rouillé.

Ces quelques paroles, répétées inlassablement et parfois mêlées d’excuses veloutées, ramenèrent au spectateur le souvenir poussiéreux d’un rêve qu’il jugea ancien. Où Premier et Second joutèrent ensemble sur la nécessité et le désir, avant que le plus roublard d’entres-eux n’ajoute la notion de jeu et de gains que leurs frêles esprits n’avaient encore éprouvé.

Deux perles étaient caressées par la main du Premier, lentement et tendrement, qui bien que feignant de ne pas prêter attention à son comparse, lui montrait habilement son geste.
Avec subtilité et ne lui prêtant qu’une oreille distraite, il cherchait à attiser la convoitise du Second, à le faire mariner jusqu’à ce qu’il soit bien mûr et prêt à être dégusté. Julin, choqué par cette pensée et par la vile intelligence qu’il lisait sur le visage du tourmenteur, voulut intervenir, crier à sa victime de ne pas se laisser avoir, de ne pas entrer dans son jeu ! Mais si lointain et si étranger à la scène… le spectateur ne pouvait pas interférer, et sa voix ne dépassa jamais ses lèvres.

« Pardon… pardon… Je ne savais pas, alors. J’ignorais tout… J’étais sot… Alors pardonne-moi, laisse-moi jouer… » Murmurait piteusement le Second, posant ses mains tremblantes sur l’épaule du Premier pour lui chuchoter encore ses faibles et essoufflées excuses.

Comme si c’était lui-même qui faisait montre d’un comportement si pitoyable, ou pire, comme si c’était lui-même qui abusait de la faiblesse du Second, Julin fulmina, ses poings serrés dans une noire colère alors qu’il regardait la scène, brûlant et impuissant.

D’une secousse négligente, le Premier se détacha de la frêle étreinte de son comparse. Donnant l’illusion de se consacrer à la contemplation des perles qui roulaient entre ses doigts grêles, il se décida finalement à répondre d’un ton qu’il feignit boudeur.

« C’est toi qui a refusé. Puisque tu ne veux ni perdre ni gagner et demeurer aussi complet et satisfait que tu l’es à présent, laisse-moi donc en paix ! »

Ses paroles musicales, séduisantes malgré le rejet qu’elles énonçaient, paraissaient pleines d’un charme un peu morose en planant sur la plage triste et apaisée, et Julin glapit alors de surprise et d’horreur en reconnaissant son propre timbre de voix dans la bouche insidieuse du fourbe Premier.

« Allons… je t’en prie… Je ne savais pas, j’ignorais, j’étais sot et stupide ! Pardonne-moi ! Laisse-moi jouer ! »
La Détresse elle-même semblait s’être imprimée sur le visage du Second. La cupidité n’était cependant pas bien loin, se mêlant à ses traits pour composer et transformer son expression, fomentant une émotion grinçante et torturée d’une laideur telle qu’elle transfigurait le personnage du Second.

« Tu ne te trouve donc plus complet ? Tu veux plus… ? Dis-le. » Susurra le Premier avec suavité et malice, et Julin eut l’immédiate intuition, dans la situation donnée, avec de tels personnages si étreints par l’étrangeté, que c’était la seule chose que le Second ne devait jamais prononcer.

« Je veux plus… Plus et plus encore… Je veux être bien d’avantage… » Grinça-t-il tout de même, la figure convulsée, ouvrant probablement la porte qui gardait la large voie menant à son anéantissement.

« Alors… ? » Lâcha doucement le Premier, paraissant pleinement savourer chacune des paroles impies du Second avant de le regarder avec gourmandise.

« Je veux plus et je veux jouer. »

Sur le visage du Tourmenteur, Julin vit éclore un sourire mauvais, vil et perfide. Il pensa à celui de l’araignée qui prend l’insecte négligent dans sa toile, avant de se dire la comparaison était encore insuffisante. Non, ce n’était pas l’expression d’un animal qui ne connaissait que le besoin du nécessaire, c’était celle, avide, d’un être insatiable et inassouvi.
La colère de l’elfe laissa place au dégoût.

« Alors, nous allons commencer. »

Siffla le Premier, et sa victime hocha follement la tête, sa salive lui échappant tout comme son contrôle sur son être à l’idée de voir sa requête enfin satisfaite. Il ne pouvait pas exister de créature plus misérable que cela…

En colère, mais d’une colère dure et froide comme le fer forgé, Julin se leva, ne remarquant qu’à peine le banc de spectateur sur lequel, peut-être s’était-il trouvé.

« Il suffit. » Dit-il glacial, le ciel comme ponctuant soudainement son arrivée d’un brusque coup de tonnerre. Ses pas s’imprimèrent lourdement sur la plage alors qu’il se rapprochait de la scène et des acteurs. Une bruine se fit de nouveau sentir, humidifiant ses épaules et sa longue chevelure lisse.

« Misérable, accepte donc un adversaire à ta taille. » Cracha Julin, tout de fureur et de résolution, bien trop las et empli par le dégoût pour accepter plus longuement de seulement regarder.

Par malheur, sa bouche, comme plus tôt, refusait d’émettre le moindre phonème. Le Second, toujours tremblant et béat, frappa lourdement ses mains les unes contre les autres, dans une probable parodie de la gaieté. Cependant, sans qu’aucune surprise ne marquât la hideur de son visage, le Premier tourna vers lui son regard cupide.

« Bientôt, bientôt peut-être… » Murmurèrent ses lèvres avides au sourire figé.

Et la scène, ses acteurs et même Julin s’effacèrent.



* * *



Vint alors le temps pour l’elfe de s’éveiller. Longuement plongés dans les ténèbres, ses yeux se blessèrent et laissèrent jaillir quelques larmes lorsqu’ils s’ouvrirent à nouveau sur le monde extérieur. La vision brouillée, Julin passa le revers d’une main qu’il trouva terriblement lourde contre son visage.
Pesant et accablé, c’était ainsi qu’il se sentait. Il avait comme un poids, tant sur le corps que sur le cœur, ainsi que la désagréable impression d’être souillé, d’avoir sur le bout de la langue le goût des ténèbres elles-mêmes.

« Julin… Julin… ! » Cria-t-on alors qu’il remettait encore de l’ordre dans ses pensées, d’une voix d’ailleurs trop vive et pétillante pour ses longues oreilles engourdies.

Péniblement, ses yeux émeraude s’ouvrirent alors, révélant un décor qu’il trouva brièvement familier, mais qu’il négligea en apercevant le proche visage d’Atalie. Le voyant enfin réveillé, sa promise se jeta sans délicatesse à son cou, l’entraînant dans une étreinte qu’il ressentit comme presque violente, lui arrachant un petit cri de surprise mêlée de douleur.

De l’avis de Julin, sa chère et tendre faisait peut-être preuve d’un peu trop d’enthousiasme et risquait de lui fissurer les côtes, mais il accueillit tout de même avec un réel soulagement l’embrassade. L’Hiniön se laissa faire et se réfugia même machinalement au creux des bras de la demoiselle, il ressentait comme un réel besoin de tendresse, de douceur afin de chasser l’étrange vide qu’il percevait s’être ouvert en lui, il s’abandonna donc à la sécurité et à la bonté qu’Atalie daignait lui offrir dans l’espoir de faire lâcher prise au reliquat de terreur qui s’agrippait encore à son âme.

Bien qu’encore confus et enlacé, l’Hiniön détailla par-dessus l’épaule de sa compagne le paysage alentours, et en fin limier, en déduisit qu’il se trouvait alors dans son modeste logis. Cependant, il n’avait pas souvenir que le grand elfe aux courts cheveux blonds qui l’observait depuis sa cuisine était présent la dernière fois qu’il avait fermé la porte. Pourtant, il avait bien regardé. Un sourire un peu grimaçant apparaissant sur son visage, il tapota doucement le dos de sa compagne, elle commençait à lui faire vraiment mal…

« Atalie, je vous en prie, remettez-vous… »

Bien que prenant son temps pour le faire, la délicate jeune femme desserra son étreinte de bûcheron et se replaça là où il l’avait trouvée, à un pied de distance, à genoux et lui tenant la main près de son lit. Sa courte chevelure châtain voleta doucement lorsqu’elle retourna vivement la tête, appelant l’intrus d’un ton guilleret et empreint de soulagement.

« Volvan, il s’est réveillé ! »

Effectivement, pensa en souriant Julin, et s’il n’était pas aveugle, il s’en était aussi rendu compte. La pauvre Atalie, manifestement, se remettait tout juste de ses émotions, et d’ailleurs… elle lui coupait la circulation en lui serrant aussi fortement le poignet.

« J’ai vu, oui. » Répondit l’invité d’un ton tout à fait paternaliste qui dissimulait habilement son amusement.

« Toutefois, laissez-le un peu respirer ma chère. Il se remet à peine et la dureté de ses songes semble l’avoir épuisé. » Julin remercia intérieurement le personnage lorsqu’il sentit de nouveau le sang affluer dans sa main droite. Le grand elfe, mince et élancé comme l’était une baguette d’if, s’approcha du couple, se saisissant précédemment d’un grand bol fumant qu’il avait manifestement préparé en cuisine.

« Buvez cette potion. » Dit-il en lui tendant le breuvage verdâtre et odorant. Et là… le cerveau de Julin parut se remettre en marche. En silence, l’Hiniön étudia de pied en cap le personnage, notant le gilet de cuir tout à fait banal qu’il arborait et les chausses tâchées de boue et d’herbes jusqu’aux genoux qui indiquaient sa fréquente activité extérieure. Posé à quelques distances de là, se trouvait un petit sac compartimenté, comme celui qu’utilisait son mentor afin de ranger ses décoctions… tout un portrait qui portait à croire que ledit Volvan était un herboriste dans la force de l’âge… Cependant, avec une attitude que l’on pouvait qualifier d’insolente et d’incongrue, Julin le laissa tendre le bras, sans jamais toucher à la chope qui lui était proposée.

« Atalie, puis-je vous demander de sortir quelques instants ? J’aimerai brièvement m’entretenir en privée avec… » Commença-t-il avec affabilité, se rendant toutefois compte à mi chemin qu’il n’avait guère enregistré le nom de son invité, sa tirade s’acheva presqu’aussitôt par un silence un peu embarrassé.

« Volvan Tel’filiss. » Acheva l’intéressé, une note de curiosité dans le regard.

Sa promise, bien que semblant un peu interloquée et déçue, acquiesça lentement. Se levant, elle lissa de ses jolies mains blanches la robe bleu perle chargée de broderies d’argent qu’elle portait alors, puis s’éloigna docilement.

« Je serai dehors, dit-elle à mi-voix, si vous avez besoin de moi… » Et à son ton un peu triste et résigné, on comprenait qu’elle doutait que ce puisse être le cas…

Julin leva lentement la tête vers son invité. Se confrontant à son regard avec détachement, sinon un léger sourire, il demanda aimablement, d’une voix respectueuse et curieuse.

« Quels sont les effets de cette potion, messire ? » Les effluves qu’elle charriait piquaient délicatement ses narines, l’inondant d’aromes apaisants et familiers.

Volvan se baissa vers lui pour répondre, posant une main amicale derrière sa tête afin de l’aider à boire et approcha doucement la coupe de son visage. Il avait un sourire agréable, l’air affable et protecteur quand il lui répondit.

« Ce breuvage va calmer les élancements de votre corps, atténuer les lourdeurs que vous ressentez peut-être. »

Les yeux gris de Volvan lui sourirent, eux-aussi. Il arrivait parfois qu’un malade, un tant soit peu soupçonneux, refusait d’avaler n’importe quoi sans être dûment informé. En tant que praticien, il en avait l’habitude. Néanmoins, l’elfe présent semblait avoir d’autres choses à demander.

« Que m’est-il arrivé ? » Articula prudemment l’Hiniön, cherchant manifestement à savoir la raison pour laquelle il s’était réveillé alité et nécessitait désormais des soins. Il l’avait remarqué immédiatement, mais la main de Volvan était chaude contre sa nuque, sa paume, lisse, s’imprimait avec force contre sa peau, comme s’il craignait que son cou ne se dérobe et s’affaisse soudainement.

« Vous êtes probablement entré en contact avec une substance toxique quelconque, vous étiez en forêt à ce que l’on m’a dit… c’est rare, mais la malchance aidant, cela arrive parfois… » Volvan approcha la coupe de ses lèvres, qu’il refusa alors d’un doigt ferme.

« Vous n’êtes pas herboriste. »

Le ton était catégorique. Volvan écarquilla imperceptiblement les yeux, son visage prenant une nuance songeuse mais inquiète, comme s’il réalisait soudainement que l’état de son patient était plus grave qu’il ne l’avait d’abord pensé.
« Allons… » Commença-t-il d’une voix douce et paisible, comme pour le ramener à la raison et le rassurer.

« Vous êtes en train de me tendre une infusion de menthe et de camomille, mixée à un épaississant quelconque, et votre main, contre ma nuque… picote. Pensiez-vous que je ne le remarquerai pas ? » Finit-il, incrédule.

Volvan retira vivement sa main, se mordillant légèrement les lèvres, comme pris en faute, une réaction qui eut le notable effet de détendre brusquement son patient. Le prétendu herboriste, quel qu’il soit, ne pensait peut-être pas à mal, malgré une conduite que Julin jugeait peu orthodoxe.

« Où est votre bure, prêtre de Gaïa ? Vous essayez-vous souvent à soigner incognito ? » Une nuance de reproche s’était glissée dans le ton de sa voix, mélangée du soulagement qu’il ressentait, ses doutes sur l’identité du guérisseur s’étant apaisés. Tout le long, il s’était efforcé de faire taire l’inopinée frayeur qu’il avait ressentie, son imagination s’était emportée et pour une raison qu’il n’arrivait guère à imaginer vu le confus imbroglio dans lequel ses souvenirs s’étaient emmêlés, il avait réellement pensé que ce nouveau personnage cherchait à lui nuire.

« On ne m’avait pas prévenu… Se lamenta à moitié l’individu, geignant si piteusement que Julin fut assuré qu’il ne risquait réellement que peu de chose en sa présence. On ne m’avait pas dit que vous étiez initié à l’herboristerie, ni que vous seriez aussi réceptif. Ô malheur… que vont-ils dire, que dois-je faire… ? »

L’air coupable et pris en faute, Volvan déposa la coupe, la gêne rosissant doucement ses hautes pommettes. Il parut hésiter, se mordre la langue, balbutia à une, puis à deux reprises, puis eut l’air de réfléchir à nouveau au dilemme qui semblait l’étreindre. Il fit tant de chichi pour se décider à s’expliquer que même le patient et serein Julin eut l’envie de lui hurler de commencer son récit immédiatement, lorsqu’après un soupir de regret, il prit la parole.

« Vous l’avez deviné, oui, évidemment, je ne suis pas réellement herboriste, et comme vous vous en doutiez peut-être : non, vous n’étiez pas censé ressentir que j’invoquais doucement le souffle de Gaïa en vous pour y chasser vos maux. »
La révélation semblait réellement lui coûter, mais il y avait un petit rien comique dans la contrition qu’il affichait. On aurait dit un apprenti penaud, qui ayant gaffé, sait pertinemment que son maître va lui tirer les oreilles mais cherche malgré tout de différer la punition, de quelque manière que ce soit.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 11 Jan 2010 01:46 
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« Pourquoi faire tant de secrets ? » S’étonna à juste titre Julin. Quel mal pouvait-il y avoir à ce qu’un prêtre se déplace pour guérir un souffrant ? L’idée même d’une telle dissimulation lui paraissait ridicule !

« C’est à cause de… Le prêtre hésita de nouveau, puis se ravisa et interrogea. De quoi vous souvenez-vous réellement ? »

C’était donc ça l’important ? Possédait-il un souvenir qu’il n’aurait pas fait bon partager ? A dire vrai… il n’avait pas vraiment fait l’effort de se remémorer ce qu’il s’était passé depuis qu’il avait ouvert les yeux. Il y avait Atalie, ainsi que cet inconnu, non, il s’était juste laissé porter par les évènements, comme à son habitude…
Alors… il accompagnait maître N’talim dans sa cueillette lorsque… tout d’un coup…
Rien ne lui venait. Le noir, le plus total, et là peut-être y avait-il un indice. L’impression d’obscurité même était aussi vive qu’aurait pu l’être un frais souvenir. Il y avait eu la présence d’une ombre, massive, qui encore à présent, appesantissait son corps. Cependant, quoiqu’il eut vécu de sensible, il l’avait malheureusement oublié.

« Je m’en rappelle suffisamment. Grinça-t-il avec mécontentement. Et si vous ne faites pas l’effort de vous expliquer, je m’empresserai aussitôt levé d’aller faire le commérage de vos pratiques dans toute la ville. Les gens raffolent des scandales, vous savez, poursuivit-il tranquillement, parant ses lèvres claires de son plus doux sourire, l’histoire du prêtre barbare qui gargarise ses patients à la camomille en les ensorcelant clandestinement aura tôt fait de danser sur toutes les bouches ! »

Et pour seulement enquiquiner la prêtrise, Julin se sentait capable de passer à l’acte immédiatement. Certaines amies de sa mère et de sa promise feraient des merveilles en répandant la rumeur, l’amplifiant au passage des sempiternelles astuces narratives propres à faire enfler le scandale jusqu’à ce qu’on vienne s’amasser devant les portes du temple ! Peu de chance que cela se passe autrement, du fait de son port nonchalamment altier et de son attitude pleine de tendresse, on écoutait volontiers le raisonnable –quoique lunatique- Julin Lluviel Fëvorava lorsqu’il vous racontait ses malheurs avec son mignon petit air boudeur.

Comme le prêtre ne réagissait toujours pas, l’Hiniön fit mine de se lever. Si le bougre ne le croyait pas, il allait commencer aussitôt avec sa chère et tendre promise.

« Attendez… Attendez s’il vous plait. N’en faisons, je vous prie, pas toute une histoire… C’est assez important, aussi, si vous me promettez de ne pas divulguer ce que je peux vous apprendre, je vous dirai tout ce que je sais… »

« Soit. » Prononça sentencieusement l’elfe, ne montrant rien de la satisfaction qu’il éprouvait à voir craquer cet elfe d’âge mûr peu sûr de sa personne et d’enfin pouvoir lui tirer les vers du nez. Le prêtre chuchotait d’un ton balbutiant, butant sur les mots avec effort, comme si la révélation lui coûtait réellement beaucoup… et peut-être était-ce le cas, ce qui rendit Julin un peu moins fier de ses actes, mais non moins désireux de connaître le fin mot de cette histoire !

« Il survient quelquefois qu’un cas comme le vôtre nous soit rapporté au temple… Trouvé inconscient à Quel Ny’Ashi, l’elfe que l’on ramène en ville ne s’éveille pas avant plusieurs jours et les guérisseurs traditionnels s’avouent malheureusement impuissants. Lorsque cela arrive, des questions embarrassantes sont posées et l’on est forcé de mander les prêtres pour lever le mal, avant de commander une enquête dans la forêt afin d’y dénicher ce qu’il y aurait de dangereux… »

« Ramené inconscient… Murmura doucement l’elfe avant de revenir à Volvan. Continuez. »

« On m’a donné l’ordre de me vêtir ainsi et de vous rejoindre lorsque maître N’talim a avoué qu’à son grand regret, ses compétences ne pouvaient rien pour vous. Vous… »

« J’ai été victime d’un sortilège. » En déduisit Julin, un frisson se tortillant alors contre son échine soudain glacée.

« Exact… on ne me l’a pas réellement dit, mais j’ai cru comprendre qu’une… communauté… pratiquant les arts obscurs est installée à Quel Ny’Ashi. Ils se contentent cependant de… veiller à ce qu’on les oublis, désireux de vivre en paix malgré la nature de leur magie. Alors, l’ordre de Gaïa, ferme… officieusement les yeux, et l’on m’envoie grimé en herboriste compétent afin de vous soulager des résidus de leurs incantations. »

Volvan soupira, le regard bas. Il semblait navré et honteux. Par son regard, c’était comme si quémandait un peu de compréhension pour sa situation et celle de son culte.
Julin… acceptait l’explication. Dans une certaine mesure, il pouvait accepter les raisons de la prêtrise de ne pas donner l’alerte malgré le fait que les magies noires soient prohibées à Lúinwë, bien que dans le cas présent, que ces sorciers aient tâché de protéger leur secret et de vivre en paix ou non, le fait de savoir qu’un sortilège obscur lui avait été jeté lui donnait la furieuse envie de mouiller ses chausses, bien qu’il parvint à se retenir in extremis.

« Puis-je maintenant finir de vous guérir ? » Demanda Volvan avec un léger sourire, comme cherchant à s’excuser de toute cette histoire et de cette petite tromperie qui n’était pas réellement de son fait.

« S’il vous plait… » Murmura précipitamment Julin, pour qui les impressions de frayeur et d’obscurité qui demeuraient ancrées en lui s’expliquaient. Comme si cela pouvait avoir un effet quelconque, l’Hiniön récupéra même la tasse de tisane épaisse, désormais froide, qu’il se força à boire d’une traite. Il n’avait guère plus qu’une envie, sentir rapidement disparaitre les résidus enténébrés que la magie avait laissé en lui.

Le prêtre reposa doucement sa main contre la nuque de son patient, et la sensation subtile de picotement et de chaleur se fit de nouveau ressentir. Plus que cela, Julin pensait même pouvoir imaginer la douce vague de lumière qui se répandait dans son être, affaiblissant puis finalement anéantissant les débris obscurs qui alourdissaient ses membres.

« Sentez-vous quelque chose ? » Questionna l’ecclésiastique avec curiosité.

Il n’était donc réellement pas supposé percevoir les changements qui opéraient lentement en lui ? Au vu des démangeaisons soudaines et de la tiédeur qui parcouraient son corps, il doutait sérieusement que ce fut le cas !
« Des fourmillements dans le cou et dans les orteils, une légère onde de chaleur… »

Volvan planta son regard dans le sien, les sourcils hauts et l’air fortement étonné. Sa voix devenait toujours un peu lente et pantelante quand il était surpris, c’en était légèrement amusant.
« C’est la première fois… Dans aucune autre situation similaire, l’on a senti ce que je faisais… après l’entraînement que j’ai reçu pour réduire le flux de ma magie, j’espérais être indécelable… »

Après un temps où il tâcha peut-être de se faire encore plus discret, quoique Julin ne sentit pas de réelles différences, il reprit.

« Vous devez avoir le don. Ou du moins des prédispositions, je ne saurai pas me l’expliquer autrement. »

Julin ouvrit grand les yeux. Ca, c’était nouveau… et assez divertissant. Le prêtre pensait-il vraiment s’adresser à l’un de ses futurs semblables ?

« Pardon… ? Pour la magie, vous voulez dire ? Allons, dit-il en souriant de cette idée, on a testé mes aptitudes au temple de Yuimen dans mon adolescence afin de savoir s’il m’était possible de porter la bure. La réponse a été claire, et je vous assure qu’elle était négative ! »

Le prêtre avait de quoi répartir. Il avait même l’air assez enjoué…
« Je n’ai jamais entendu parler d’un cas similaire, mais vous pourriez ne vous être éveillé que récemment, voire même au moment où… où ils forçaient votre esprit à oublier l’incident. Ou dans le cas contraire, vous êtes simplement très réceptif… »

La lourdeur de ses membres s’était désormais tout à fait estompée. Le malaise qu’il avait ressenti à son réveil, lui, était devenu presque imperceptible. C’est avec soulagement que Julin s’étira langoureusement, heureux de ne plus réellement ressentir de gênes dans ses mouvements et d’être complètement débarrassé du sortilège qui l’avait souillé.

« J’ai fini. Annonça le prêtre. Peut-être que vous vous sentirez encore lourd et pâteux pendant encore quelques heures, mais quoiqu’il en soit, d’ici demain, toute sensation désagréable aura disparue. »

Alors Volvan récupéra les quelques affaires qu’il avait laissé en cuisine et les remit dans son sac. Il se prépara rapidement à partir sous le regard du jeune Julin, vers qui il se retourna une dernière fois avant de franchir la porte.

« S’il vous plait surtout, rappelez-vous de garder le secret au propos de notre… de notre petite affaire. » Dit-il, une prière dans la voix.

Lorsque Julin eut acquiescé, le brave Volvan Tel’filiss quitta sa demeure, et après que le bruit de ses pas contre l’escalier se fut dissipé, l’elfe songea qu’il ne le reverrait probablement plus jamais.

Prenant la place du guérisseur, c’est Atalie qui entra alors, un air boudeur maladroitement dissimulé sur son visage parsemé de fines tâches de rousseur. Elle vint s’asseoir auprès de Julin, toute son attitude respirant la plainte légère qu’elle n’osait pas complètement formuler.
La devançant, l’Hiniön lui prit doucement les mains.

« Je m’excuse de vous avoir exclue de la conversation, Atalie. Frottant lentement ses doigts fins contre les siens, il murmura. Me pardonnerez-vous ? »

Le ton cajoleur qu’il avait pris afin de l’amadouer avait de quoi paraître empreint de charme, bien que lui faire la cour n’était pas spécialement son intention à l’instant présent.

« Oui. » Dit-elle du bout des lèvres, déçue par son manque de confiance peut-être ? De ne pas pouvoir partager tous ses secrets ? Julin pouvait la comprendre, n’étaient-ils pas soi-disant destinés à s’appartenir, à vivre ensemble pour le meilleur et pour le pire, jusqu’à ce que la mort ou l’absence d’affection les sépare ?

Après un court silence, elle demanda doucement.

« Ne pouvez-vous pas me révéler ce que vous aviez de si important à vous dire, Julin… ? »

Comme pour s’excuser, l’elfe dégagea du front de sa compagne sa chevelure châtain, où l’attirant près de lui, il déposa un léger baiser.

« En vérité, je le pourrai… mais l’herboriste m’a fait promettre de n’en rien faire. » Dit-il d’un ton badin.

Atalie parut embarrassée à l’idée de lui faire manquer à sa parole, mais après quelques secondes où ses yeux se plissèrent, tic témoignant de sa réflexion, elle se pencha vers lui en murmurant, une note de malice sur ses lèvres légèrement rosées.

« Ne vous parlez-vous pas à vous-même quelquefois… ? Cela m’aiderait grandement. »

Amusé, Julin haussa les sourcils. Commençant à lui répondre, il comprit qu’il ne pourrait pas s’empêcher d’accéder à une demande aussi candide. Que devait-il au prêtre après tout ? Des soins, certes, mais n’était-ce pas de la faute de l’ordre de Gaïa si cette périlleuse situation demeurait ? S’ils gardaient le silence sur l’affaire, les elfes et promeneurs non-avertis risquaient fort de faire les frais de la magie du cercle de Quel Ny’Ashi ! Bien que peu de nature à flâner en forêt, ne valait-il pas mieux prévenir sa compagne des dangers que recelaient les sorciers de l’arbre creux ? Ne souhaitant guère qu’il lui arrive malheur, il répartit avec affection.

« C’est possible, mais comprenez-vous bien qu’il ne faut le répéter à personne ? Et le mot personne, ma douce Atalie, n’exclue ni ma propre mère, ni la vôtre, ni même la bienfaisante Gaïa à qui vous dédiez vos prières. »

« Me pensez-vous incapable de tenir un secret, Julin… ? » Il y avait une mince réprobation dans sa voix, tout comme un soupçon de tristesse. Hé bien… il aurait pu lui répondre que cette inaptitude à pouvoir tenir ses lèvres closes était exactement ce qu’elle attendait de lui à cet instant, et qu’il était donc légitime qu’il s’interroge à son sujet… mais il ne le fit pas.

« En vérité… il me semble que ma chère et tendre mère en sache toujours long sur l’étendue de notre estimée relation. »
Il y avait un léger sourire dans sa voix, mais celui d’Atalie s’effaça aussitôt, alors qu’elle vint au plus près de lui pour poser sa tête contre sa poitrine.

« Votre mère est… Il est difficile de faire bonne impression à votre mère et d’en même temps garder le secret sur ce qu’elle tient vraiment à savoir, notamment en ce qui concerne son fils… Croyez-moi Julin, si je ne pensais pas que c’était pour le mieux, je serais aussi muette qu’une pierre. Cela ne me plait pas plus qu’à vous de… »

Peut-être aurait-elle pu poursuivre longuement de cette petite voix cassée qui lui brisait le cœur, mais l’elfe préférait que cela s’arrête, et immédiatement. Son index, dont il s’était servi pour mettre fin à ces mornes paroles, lui tapota doucement les lèvres.

« Que cela reste entre nous. » Chuchota-t-il alors que se penchant vers elle, il lui murmurait longuement à l’oreille tout ce que le prêtre lui avait révélé. Quand il la sentit faiblement trembler pour lui au cours du récit, il l’étreignit tendrement et poursuivit.

De longues minutes défilèrent et lorsqu’il eut fini de narrer, ses paupières cherchaient à se reposer contre son gré. A moitié bercé par la lente respiration de son amie, qu’il tenait encore contre son cœur, il bascula avec une extrême lenteur, entraînant sa promise dans sa chute, et s’endormit sans n’aucunement prévenir.


* * *



Ses mains frêles, comme les serres d’un rapace, s’emparèrent de l’épaisse toge pourpre et du fin sceptre de sorcellerie qu’il avait dissimulé dans un large buisson feuillu. Se rhabillant, le mage pensait à tout ce temps qu’il venait de perdre en futiles explications et mensonges puérils. S’il n’avait été certain que cela ameuterait les gardes de la reine de Lúinwë, il aurait immédiatement égorgé lui-même ce jeune sot qui s’était amusé à violer le territoire du cercle.
Toutefois, quelle surprise ! Cet immature imbécile avait les sens d’une telle finesse ! Penser qu’un pauvre profane puisse le sentir incanter, voilà qui relevait du domaine de l’extraordinaire !

Fort heureusement, même cette perception aiguisée des fluides de magie n’avait pu déceler chez lui l’ombre qui se tapissait… Mais n’était-ce pas après tout normal ?
Le sorcier passa une main contre sa poitrine, et incisant à l'aide de ses ongles, extirpa le robuste disque d'or qu'il portait autour du cou. L'opération fut ponctuée d'un large soupir souffreteux, l'artefact ne se détachant de la chair cautérisée qu'en entrainant derrière-lui de frêles lambeaux d'une peau ensanglantée.

Le mage laissa pendre par-dessus sa toge cramoisie l'objet précieux, qui encore brûlant, dégoulinait de ses fluides vitaux. Comme toujours, en échange de lui accorder la grâce de la lumière, le tribut que prélevait le large médaillon était onéreux, mais parce qu’il était le seul à disposer des ressources physiques et mentales nécessaires à son utilisation, il était une recrue de choix pour le cercle de Quel Ny’Ashi : un sorcier de l’ombre capable de frayer avec la lumière, capable d’offrir ses services au temple de Gaïa, capable de se rendre en tant qu’herboriste dans les demeures afin de guérir discrètement, et ainsi, de ne jamais laisser entendre parler de leur existence à l’ordre de lumière.

Dans la pénombre, Volvan Tel’filiss eut un sourire mauvais. Il pratiquait depuis si longtemps l’art doucereux du mensonge, que celui-ci coulait désormais naturellement sur sa langue. Encore une fois, sa victime n’y avait vu que du feu…

Mais tout de même, ce jeune elfe, quel était son nom déjà… ?
Julin Lluliel Fëforava… Oui, voilà. Il ne l’oublierait plus… et il lui tarderait de le voir grandir.

Les barrières de ronciers s’écartèrent d’elles-mêmes devant lui lorsqu’il regagna le refuge de ses pairs.

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Julin Lluliel Fëforava : Hiniön : Rôdeur


Dernière édition par Julin le Mer 20 Jan 2010 06:12, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 14 Jan 2010 02:31 
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~ De l'art de la matinale contemplation ; des décisions, de la déraison. ~


La tiédeur douillette d’un lit, la caresse des draps de lin frais contre sa peau, la douceur chaleureuse d’un corps près du sien, respirant harmonieusement ; des sensations que Julin étudiait d’un œil et d’un esprit assez peu éveillés en ce petit matin frisquet. L’elfe éprouvait un certain bonheur, indubitablement, corporellement, physiquement parlant, il se sentait l’âme du chat se prélassant près de l’âtre, miaulant et soupirant d’aise puis s’étirant avec volupté. D’un aspect plus cérébral toutefois, plus intellectuel et conceptuel, Julin considérait avec un incontestable malaise la présence de la douce Atalie sous ses couvertures.

Oh, il n’y avait là rien de malsain, rien de malséant ! Ou, en tout cas, le pensait-il. Mais malgré tout… il y avait comme une pointe de gêne, une entaille embarrassée qui le marquait honteusement dans sa chair à l’idée qu’il avait laissé, et même invité la jeune elfe à partager sa couche.

Julin se le répétait : rien qui ne soit moralement malheureux ne s’était produit cette nuit, et il n’avait rien fait de plus que de s’assoupir en tenant dans ses bras sa chère et tendre promise, sa future épouse même ! Tout ceci était donc en tout bien, en tout honorable !
Malgré tout… l’Hiniön se rappelait parfaitement de ses sentiments de la veille. Encore lourd et éprouvé par la mauvaise magie, il aurait alors choisi de bénéficier de n’importe quelle présence, du moindre réconfort, de la moindre tendresse que l’on pouvait lui apporter. Et… Atalie était là, parfaitement disponible et amplement volontaire à combler le vide que la sorcellerie avait ouvert en son cœur.

L’elfe frissonna en réalisant à quel point il s’était révélé vulnérable. Sa compagne aurait-elle été plus entreprenante, ils auraient alors consommé le fruit de leur hypothétique mariage, sans nul doute. Son état d’esprit avait été tel, si faible, si avide de lumière, de chaleur, d’affection, qu’il aurait accepté la moindre proposition, le moindre baume de douceur visant à refermer la plaie obscure qui s’était ouverte en lui.


Julin se dégagea de l’étreinte ensommeillée de sa promise, sans brusquerie toutefois, il lui recouvrit même les épaules des couvertures encore tièdes alors qu’il s’éclipsait vers la cuisine. Tout cela, c’était bien fini, se disait-il résolument. De faiblesse ou d’ombre, il ne subsistait plus la moindre trace dans le canevas de son être, il reprenait donc en main son existence après ce petit écart.
Et en quoi cela consistait-il ? Se demanda l’elfe, à juste titre.

Eh bien… il ferait, immédiatement, ce qu’il faisait toujours ! C'est-à-dire… hé bien, dormir jusqu’à ce que la matinée soit bien avancée puisqu’il avait laissé tomber son poste de maître-queux à la taverne des Limbes ? Pour sa défense, il fallait dire qu’il était épuisant, sinon éreintant d’être le grand gourou de la marmite, toujours à droite ou à gauche, à manier les gens comme des instruments pour qu’ils fassent tout le travail et nourrissent la clientèle, sans ne jamais mettre soi-même la main à la pâte. C’était un véritable travail de chef d’orchestre, l’on menait à la baguette mais ne produisait, en définitive, aucun son qui ne soit le sien. Le contact du couteau, des épices, de la nourriture que l’on apprêtait, des ingrédients que l’on mariait ensemble pour faire parler les saveurs, tout cela lui manquait ; la création en fait, était ce à quoi il ne voulait pas renoncer.

C’était là à Julin une raison plus que suffisante de quitter son emploi, mais de ce fait, comment occupait-il ses journées actuellement ? Il aidait, vivotait, donnait un coup de main à ses vieux maîtres avant de retourner végéter, et puis il inventait des recettes de gâteaux bizarres. Le dernier était aux endives et à la bergamote, tu parles d’une idée ! Une fois qu’Atalie l’eut goûté et que la demoiselle se fut éclipsée, il s’était empressé de disposer de la chose.
Endives et bergamotes… il devait soutenir une rancune particulièrement vivace contre le monde le jour où lui était venue une telle innovation culinaire.

C’est en réfléchissant à ce qu’il faisait d’ordinaire qu’il constata sans grande stupeur qu’il avait la nette habitude de se laisser vivre, balloter sans heurts par les gens qui l’aimaient, par leurs nécessités du moment –mais jamais les siennes- ainsi que par ce que ses proches jugeaient « bon pour lui ».
Julin ne s’appartenait pas vraiment, pas autant qu’il l’aurait peut-être aimé. Ce n’était pas la première fois qu’il parvenait à cette conclusion, qu’il suivait le fil un peu usé de cette réflexion.

Méditatif, il s’interrogea, comme il le fit souvent dans le passé. Pouvait-il faire quelque chose pour changer cet état de fait ? Oui, bien sûr, mais le voulait-il ? Il était agréable d’être « lui », d’être le fils de Viviane Lluliel Alundra, d’être le promis d’Atalie Folflarion Lisë, d’être l’apprenti de maître N’talim, d’être tout plein de choses qui n’étaient pas vraiment Julin Lluliel Fëforava, qui n’étaient qu’extensions d’autres individualités.

Ordinairement, à ce stade de ses pensées, l’Hiniön retournait se coucher et oubliait pour quelques années ses sots désirs d’indépendance. Mais aujourd’hui, son lit était déjà occupé.
Voulait-il vraiment expérimenter ? Essayer d’être seul, unique, de se posséder tout entier ? Etre libre, autonome, affranchi de toutes attaches, il savait bien que ce n’était pas aisé. Sans être philosophe, Julin pensait à la liberté en l’associant à une certaine souffrance, au fait qu’il devait être difficile de ne se reposer que sur soi, de n’avoir personne sur qui se dégager de ses responsabilités.

L’elfe jeta un nouveau coup d’œil à son lit.

Il avait déjà pensé à… à voyager. Seul bien sûr, et même pas forcément loin. Mais à voyager tout de même, pour avoir un aperçu, un petit goût de liberté, un peu de sel sur son existence affadie. Il y a quelques années, lorsque la possibilité lui était venue à l’esprit, il était alors trop jeune, trop inexpérimenté, ce qui n’était pas fondamentalement différent aujourd’hui mais… officiellement, il était adulte, non ?
En effet, il pouvait voyager, bourlinguer et pérégriner tout son saoul. Il en avait le droit… sinon le besoin. Mais la route n’était-elle pas censée être pleine de périls ? De brigands et monstres sanguinaires, comme dans les contes et les livres d’histoire ? De romance, de passion, de violence, et d’autres commodités aventureuses ?

Si, bien sûr, mais ne venait-il pas de braver la veille le terrifiant cercle des mages noirs de Quel Ny’Ashi ? Quand bien même ne s’en souvenait-il guère, c’était fait, archivé et établi ! Il avait croisé cette bande d’odieux sorciers et avait survécu, en plus d’être -comme l’avait répété avec émerveillement cette vieille fripouille de prêtre de Volvan Tel’filiss- terriblement réceptif ! Sinon doué de capacités latentes pour la magie !


Un peu hésitant tout de même, Julin rejoignit à pas lents la vieille armoire près de la fenêtre. D’un ébène prononcé et massif, ses portes s’ouvrirent dans un grincement strident et crachotèrent même quelques éclats de bois rongés par les âges. A l’intérieur, se trouvait des liasses par dizaines de feuilles de parchemin jaunies, de vieux sacs et d’antiques sacoches d’aventuriers, des grimoires écornés, des pots à feu et des esquilles de silex, un vase étrange en forme d’aubergine, des pipes et du tabac qui sentait la rose, et même une masse d’arme blanche et luisante, ainsi que des restes de lassos, de bandeaux, d’équipement en cuir, le tout recouvert d’une fine pellicule de poussière grise, portant le parfum si suave et si particulier des objets oubliés par le temps.
Tout ceci appartenait à sa tendre mère, une pimbêche en son jeune temps paraissait-il. La légende familiale raconte qu’elle parcourait alors les routes et pourfendait quotidiennement le larron, résolvant les problèmes de médiocres villageois pour quelques piécettes et vivant au jour le jour, chassant le gibier pour se nourrir, qu’elle mangeait cru. Difficile d’imaginer comment un tel énergumène avait épousé l’Hiniön de pure souche et parfaitement guindé qu’était son père. Aujourd’hui encore, le mystère demeurait entier, mais Julin subodorait qu’il y avait du chantage et de la malversation là-dessous.


L’elfe blanc s’empara respectueusement de la petite sacoche rebondie qui avait mollement dégringolée au pied de l’étagère, puis referma les portes. La besace tombait toujours lorsqu’on ouvrait l’armoire, et bien sûr, on s’assurait constamment de mal la caser en la rangeant, juste histoire de maintenir vive la tradition. Pourquoi une telle bizarrerie ? Peut-être simplement car il n’y avait plus réellement de place dans l’armoire, et sûrement aussi parce que c’était habituellement le contenu du petit bagage de cuir noir que l’on recherchait lorsque l’on s’attaquait au mastodonte de bois poussiéreux.

Julin vint poser le carnier sur la table centrale, en très beau bois d’églantier où étaient peints de magnifiques pétales de fleurs blanches, mais ne l’ouvrit pas. Pourquoi ? Car derrière-lui, le son caressant de la couverture de lin que l’on repousse se faisait entendre, et que dans un élan d’égoïsme individualiste, l’Hiniön n’avait pas envie de partager ses projets à quiconque. Il avait toujours eu le goût du secret, mais depuis combien de temps n’en avait-il plus eu à savourer… ? Cette seule pensée le décida à jalouser celui-ci, de son probable départ, nul n’entendrait le moindre mot.


Il ne se retournait pas. Feignant à moitié d’être absorbé, plongé dans ses pensées, tout en se demandant réellement ce que pouvait bien faire Atalie. Pour quelle raison ne lui signalait-elle pas sa présence, ou plutôt, son éveil ? Comprenait-elle déjà que quelque chose se tramait ?
Non… il pensait trop. Elle devait simplement s’étirer, bailler aux corneilles et tituber dans la salle à la manière d’un sombre lémure, saluant probablement le porte-manteau tant elle manquait encore de lucidité.

Au lieu de tout cela, des bras fins et une silhouette chaude l’entourèrent, soutenant son torse et se pressant contre son dos. Julin retint un vif sursaut d’effroi. L’étreinte s’intensifiait, se faisant profonde et prononcée, sinon… langoureuse. Collée à sa personne avec ce que l’on pourrait qualifier d’érotisme nonchalant et de sensualité débridée, sa compagne murmura un « Bonjour… » d’une voix rauque et sardanapalesque, qui fit frémir des oreilles le brave elfe blanc.
Rapidement, spontanément et même avec plus de vivacité encore, son esprit revisita la nuit précédente, à la recherche manifeste d’un évènement qui lui eut échappé, d’un acte qui expliquerait cette posture toute charnelle dans laquelle il se trouvait soudain, mais rien ne lui revint. Doux Yuimen, peut-être sa pensée devenait-elle follement pragmatique, mais le fait qu’il ne ressentait le moindre élancement au niveau des hanches, ni même un simple tiraillement, une impression d’imbécile maturité supplémentaire ou quoi que ce soit du même acabit, signifiait forcément que rien ne s’était passé !

Et si tel était le cas, il n’y avait pas de quoi perdre sa tranquille pondération. C’était –pour elle- dans la simple continuité des câlineries échangées la veille, tout allait bien. Tout allait bien, se répéta encore Julin avec le franc espoir de clore le chapitre. La timidité, l’art de bafouiller, la pudibonderie n’étaient pas spécialement sa marque de fabrique après tout, aussi, posant doucement ses mains sur celles de sa promise, il répondit d’un guilleret ton de circonstance.

« Bonjour Atalie. Avez-vous bien dormi ? »

« Merveilleusement bien… » Susurra-t-elle, sans équivoque.

Wow… Il avait toujours su que sa douce et estimée compagne avait été fort heureuse de leurs fiançailles, ce que Julin voulait bien comprendre, sans orgueil déplacé : il y avait réellement pire au niveau esthétique. Mais bien qu’il n’ignorait pas que la demoiselle lui cachait son jeu, s’inventant une personnalité chaste et prude de conséquence, la voir soudainement tomber les masques pour se révéler aussi… débridée et prompte à faire montre de son attachement et de sa passion, n’était ni prévu, ni espéré !

« Vous m’en voyez parfaitement ravi. » Julin s’extasia de sa maîtrise de soi, conserver un tel naturel alors que de si jolis doigts vous chatouillaient la poitrine et tournicotaient tendrement vos vêtements, c’était du grand art !

Peut-être était-ce dans le ton de sa voix, ou bien dans la légère rigidité de ses épaules, mais sa promise parut comprendre sa gêne. Ils commençaient à bien se connaître après tout, et déjà, ses caresses devinrent moins insistantes, honteuses, même, devinait l’elfe blanc. Aie, était-elle vraiment si perspicace ? Ou bien sa réticence à se faire cajoler était-elle grosse comme le nez au milieu du visage ? Quoiqu’il en fût, elle était blessée, et cherchait à ne pas le montrer. Atalie s’était légèrement détachée de lui, elle ne pouvait pas faire plus sans marquer un réel changement dans son attitude, mais s’appliquait patiemment à s’éloigner comme si de rien n’était…
Il demeurait une faible énergie dans la main gauche de sa promise, crispée sur sa chemise en laine, témoignage fort parlant de sa répugnance à se distancer de lui, tout comme de son attachement.

Un soupir vint mourir sur les lèvres de Julin. Cette peine silencieuse, muette, qui emplissait sa compagne résignée et qu’il subissait comme par empathie lui était un véritable crève-cœur. Aussi, parfaitement spontané, l’Hiniön se retourna vers elle d’un pas dansant. Les émeraudes de son regard étincelaient d’un éclat de tendresse lorsqu’il la gratifia d’une étreinte aussi brève qu’aérienne, effleurant sa bouche de ses lèvres claires dans un baiser éthéré, si léger qu’il serait plus juste de parler de bise, voire même d’une simple et exotique caresse.
Cette impression de douceur éphémère qui subsistait entre leurs deux souffles, c’était là le maximum qu’il pouvait lui donner… Il aimait bien Atalie, mais pas beaucoup plus.

Leurs yeux dialoguèrent de brefs instants avant que la demoiselle ne reprenne la parole, la voix sereine et apaisée, bien que peut-être un peu factice.

« Il va me falloir y aller. »

En effet, le jour avait commencé à poindre par le verre mince de la fenêtre, et en équilibre sur le tranchant de l’horizon, un globe rose-rougeoyant bavait désormais sur le ciel gris de ses couleurs sanguines et délavées. Quand bien même, n’était-il pas bien tôt pour commencer à œuvrer ?

« Aux premières lueurs de l’aube ? » Commenta l’elfe en sourcillant de sa surprise.

Voilà qui était peu ordinaire. Sa chère et tendre promise avait pourtant encore quelques heures de marge avant que le crissant clairon de la responsabilité ne fasse grincer à ses jolies oreilles l’appel du devoir. Atalie travaillait dans un comptoir de commerce du port de Lúinwë, en tant qu’assistante en quelque sorte, chargée d’annoter et de condenser dans un solide rapport tout un tas d’informations usuelles, telles que les marchandises amenées à quai par tel navire, son capitaine, la taille de son équipage, le nombre de jours qu’il demeurerait en ville. Suivant les ordres du charmant intendant Tëzil Melunios, elle s’occupait en très grande partie de la paperasse, mais c’était un emploi à responsabilité bien rémunéré, qui ouvrait la porte à de larges et nombreuses possibilités de carrières. Julin pensait d’ailleurs que c’était un peu, sinon beaucoup, pour cette raison que la douce marâtre qui lui servait d’estimée mère et d’entremetteuse avait négocié sa main.
L’affaire n’avait pas été facile, paraissait-il, car la jeune Atalie était plus que populaire, malgré fallait-il bien l’avouer, une apparence plutôt quelconque. A l’époque, deux ans plus tôt, le bruit avait couru que son « patron » avait lui-aussi offert de passer une bague à son doigt, une proposition refusée en faveur du doux Julin Lluliel Fëforava.
L’elfe blanc n’y voyait guère de raison. Tëzil était un battant, avec une situation confortable, c’était quelqu’un d’ambitieux, de respecté et de puissant, en plus d’être fatalement charmeur et charismatique. Le profil de ce blondinet lumineux sûr de lui à l’extrême détonnait invariablement avec son propre portrait. Mais soit, c’était lui que la belle avait choisi, probablement du fait de son caractère, allez savoir !
Après tout, bien qu’elle n’en montrait rien, Atalie était aussi féroce que l’était son ancien prétendant, et si elle se refusait à se dévoiler, c’était –de l’avis de Julin- purement par esthétisme. L’Hiniön avait déjà cru comprendre que sa compagne avait un faible pour la tendresse et la candeur, des vertus dont elle essayait manifestement de se pénétrer si l’on prenait en compte sa constante affectation.

Soit, là n’étaient pas tout à fait ses affaires de toute façon. L’effort qu’elle semblait produire afin de lui ressembler ne regardait qu’elle.

« Ne disposez-vous pas d’un peu plus de temps avant de devoir vous rendre au port ? »

Avec un regret à peine perceptible, sa promise s’éloigna de lui de quelques pas, lui offrant un sourire si radieux que le soleil parut pâlir de cette soudaine concurrence. Elle réajusta sa toilette bleu perle, qui froissée par la nuit, découvrait légèrement et avec impudeur ses épaules, puis secoua la tête avec un rien de malice.

« J’ai pris un nouvel emploi. » Expliqua-t-elle, une touche d’espiègle fierté dans son regard vert sombre.

Les yeux de l’Hiniön se plissèrent et Julin contempla la demoiselle comme s’il n’avait pas vraiment compris ce qu’elle venait de dire. La stable et lucide Atalie qui se découvrait une nouvelle profession ? Voilà qui était… inédit. Curieux, il voulut demander plus de détails, car tout de même, ce n’était en rien anodin ! Ce genre de bêtises et de flagorneries, il se les réservait en règle générale !
Julin ouvrit donc la bouche, mais la demoiselle écarta toute interrogation d’une injonction ferme et résolue.

« Je n’ai pas le temps de parler, Julin, nous verrons peut-être plus tard. »

L’elfe blanc peina légèrement à croire qu’elle venait de lui parler ainsi, mais bien loin de s’en offusquer, il eut un doux sourire avant de se diriger en cuisine. Durant le court laps de temps où sa promise enfilait son manteau, il sortit de ses réserves une miche de pain à la banane –une recette Sinari- recouverte de sucre caramélisé, et alors qu’elle se tournait une dernière fois vers lui pour lui dire au-revoir, Julin lui mit dans le bec la petite brioche.

« Filez-donc, Atalie. » Lui dit-il avec bonne humeur en dégageant de son front les quelques mèches éparses de sa chevelure châtain.

Le pain dans la bouche, elle acquiesça sans grande grâce, quoique de façon amusante, et s’en alla, le regard rieur. Lorsque le bruit de ses pas se fut estompé contre l’échelle, Julin revint à la table où l’attendait toujours la presque oubliée sacoche de cuir.
L’elfe dégrafa les attaches d’argent qui scellaient le carnier, puis, farfouillant à l’intérieur, en extirpa le cylindre en fer blanc où était roulée depuis toujours la vieille carte que sa mère utilisait lors de ses lointaines aventures. Précautionneusement, Julin la déplia sur la table, observant avec un certain émerveillement le tracé antique et parfois effacé qui reconstituait Nirtim. D’antiques dessins, de monstres, de bourses de cuir garnies de pièces ou de pierreries, et d’épées majestueuses étaient imprimés sur la surface du planisphère, révélant de façon imagée les endroits sensibles où il ne faisait pas bon de traînasser.
La carte sous les yeux, ses villes indiquées par de petites couronnes d’or, ses bourgs et villages par des cercles noirs et discrets, ses montagnes coiffées de nuages fantaisistes et d’hippogriffes, ses forêts de serpents et de dragons, ses plaines de chevaux sauvages lancés depuis le début des âges dans un galop figé et éternel, Julin eut une bouffée d’excitation, de bien-être et de fascination.

« Calme-toi, herbe folle… » Se dit-il tout bas, son sourire si complet et si joyeux sur son visage qu’il paraissait avoir rajeuni d’une cinquantaine d’années.

« C’est doucement qu’il faut commencer. » Ne pas viser les pittoresques Oranan et Dàhram, ne pas se mettre en tête de visiter la majestueuse Kendra Kâr, ne pas s’enflammer avec déraison : il lui fallait une destination simple, faire un voyage qui lui servirait de mètre-étalon à l’avenir.

Comme lancé au hasard, son doigt fin tomba sur Cuilnen. Quoi de mieux ? Guère trop dépaysant, ni réellement dangereux. Il demeurerait chez ses semblables et aurait malgré tout cet aperçu du voyage que son être désirait.
Cuilnen, la capitale de l’Anorfain, le siège de la reine Thelhenwen… Julin eut un sourire florissant. C’était parfait.
Il partait, il partirait, il devait partir, au plus vite, sinon maintenant !

Mais, était-ce bien raisonnable… ?
Que savait-il, lui, pauvre hère, des précautions que se devait de prendre tout voyageur ? Pouvait-il réellement commencer son périple, immédiatement, sa seule sacoche sous le bras et comptant sur la chance pour subvenir à ses besoins ?

Probablement pas, pensa l’elfe blanc. Il avait besoin de provisions, de remèdes, et de l’usuel utilitaire de l’aventurier. Il ne devrait pas être trop ardu, l’antique armoire aidant, de dénicher des cartes, de quoi faire du feu, de la corde, et de ces autres machins que son voyage nécessitait peut-être.

Et pour le reste ?
Eh bien… il lui suffisait de demander. Les quelques marchands qu’il fréquentait à Lúinwë sauraient probablement le renseigner. Récupérant son escarcelle, Julin partit joyeusement faire des emplettes.


* * *



Julin rentrait chez lui, pensif, et deux lourds paquets dans les bras. Pains en tranches, légumes secs et venaisons, farine et céréales composaient le premier d’entre eux, s’étant rempli au fur et à mesure qu’il demandait conseil aux commerçants alentours sur ce que leur commandaient ordinairement les voyageurs de passage. Le second, bien moins pansu, contenait des baumes et pommades pour traiter les plaies ouvertes et les élancements musculaires, ainsi que quelques remèdes nécessaires pour combattre la fièvre ou les maux de ventre, entre autres.

L’elfe blanc dénicha un sac de voyage adapté à sa stature, au cuir noir et brillant, dans l’imposante armoire, et commença aussitôt à le remplir. Suivant les conseils des négociants, il préparerait du gruau qu’il noierait de miel en guise de petit-déjeuner, chaque matin, et se nourrirait de manière plus substantielle de pain, légumes et viandes en continuant à marcher durant la journée. A la nuit tombée, il ferait un dernier repas léger et installerait son bivouac.
Etant cuisinier de profession, trouver les casseroles, poêles, outres et autres ustensiles nécessaires à faire la popote ne fut pas trop difficile. Il prit quelques vêtements de rechange, parmi ceux dont le tissu était le plus épais et le plus résistant, et farfouilla dans l’armoire à la recherche d’objets utiles, sinon, intéressants.

Son bagage fait, l’Hiniön recula d’un pas pour contempler son œuvre et acquiesça distraitement. Satisfait, il fit un dernier tour de la maisonnée afin de garnir ses poches des quelques possessions qu’il désirait emporter, puis sortit, le pas solennel et le visage nonchalant.


Julin Lluliel Fëforava quitta Lúinwë sous le soleil de midi, laissant derrière lui une foule de commerçants ébahis par sa lubie soudaine et précipitée, ainsi qu’une famille et des amis parfaitement inconscients de son départ.
Le garde de la porte nord, répondit avec un amusement mêlé d’une aimable indulgence au jeune Hiniön qui l’interrogeait sur les dangers inhérents au voyage, et le mit en garde contre les étrangers qu’il pourrait croiser, elfe ou non. Il lui conseilla de suivre la route et de faire halte aux quelques relais y étant semés jusqu’à parvenir à la forêt bordant le royaume de l’Anorfain. Là, il lui faudrait chercher Cuilnen par ses propres moyens… mais son sang saurait le guider.

C’est avec une pointe d’appréhension que Duunial Vo’s Marthim, soldat de la reine d’expérience, observait l’horizon où rapetissait la silhouette du jeune voyageur indolent.


Torpeur suivante.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 13 Aoû 2010 12:10 
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À l’instant même où je me présentais la fillette se mit à sourire d’avantage. Cela me fit plaisir et me rassura. Avant même que j’ai pu la complimenter sur son joli sourire, elle me prit la main et me dis :

"Oui oui, suivez moi il est par là."

Elle m’entraîna à l’intérieur de la maison, plus précisément dans le salon. Je ne manquais pas de remarquer que malgré une décoration simple, cette maison respirait la joie d’une vie de famille qui se passait pour le mieux. Le salon était très simple, un tapis recouvrait le sol, une cheminé abritait un feu. Je remarquais qu’une rose était gravé sur la cheminé. Il y avait une petite table avec un verre rempli posé dessus. Beaucoup de tableau ornait les murs et je remarquais représentant la famille. Je réalisais qu'il n'y avait pas de tableau de ce genre chez moi. Un tableau capta plus sérieusement mon attention. Il représentait l'hôte des lieux avec mon père. Bouleversée, je me tournais alors vers l’homme présent dans la pièce.

Il avait un visage marqué par les années de travail. De longs cheveux noirs encadraient son visage serein. Il regardait le feu danser dans le cheminé. Une sorte de couronne en argent était entourait sa tête ce qui lui donnait un air majestueux, à mon sens. Il était vêtu d’un magnifique habit rouge et ocre, ce qui sublimait cet air d’homme de puissance.

Lorsque sa fille arriva il se tourna vers et lui sourit avant de se tourner vers moi. Dès qu’il me vit quelque chose passa sur son visage. Un voile sombre, un voile de secrets et de regrets. Je sentais que cet homme savait que je viendrais mais il redoutait cette venue. Il parla à sa fille.

"Laisse-nous, tu veux ?"

La petite fille embrassa son père et repartie gaiement. En la voyant, je souhaitait qu’elle garde le plus longtemps possible cette innocence. La vie était si noire…mais elle n’en avait pas conscience et il fallait que ça reste ainsi au maximum en attendant le moment où elle sera malheureusement obligée de se confronter à la réalité. Cette pensé me fit de la peine. Mon attention se reporta de nouveau sur l’elfe qui se trouvait avec moi.

"Qui êtes-vous ? Et que me voulez-vous ?

À votre regard je pense que vous le savez mais comme ma mère m’a élevé avec des valeurs, je vais me présenter. Je m’appelle Salymïa, je suis la fille d’Higbaèm et de Milythàm. Vous avez donné à ma mère une paire de boucle d’oreilles que mon père vous avez remise à son intention. Je veux seulement savoir dans quelles circonstances mon père a-t-il été amené à vous les remettre ainsi que ce qu’il vous a dit à ce moment. Et vous, quel est votre nom?... Écoutez, ceci est très important pour moi et je vous serai reconnaissante de bien vouloir m’en parler."

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 17 Aoû 2010 10:42 
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L’elfe soupire en te regardant. Il est visiblement las.

« J’imagine que ça ne pouvait qu’arriver un jour. Me rattraper. Ça fait longtemps que j’ai laissé tout ça de côté, que je me suis consacré à ma vie de famille, que je me suis rangé. Depuis la mort d’Higbaèm, d’ailleurs. Enfin bon… Quand il faut, il faut. »

Finissant son petit laïus plaintif à son intention uniquement, il t’invite d’une main à venir t’asseoir en face de lui.

« J’ai bien connu tes parents, à l’époque. Une époque de troubles, s’il en était. Je suis Helegièn, et j’ai connu ton père depuis son enfance. »

Comme s’il évoquait un très lointain passé, ses yeux se voilent d’un manteau nostalgique.

« On faisait les quatre-cent coups, à l’époque. Et puis, il s’est marié, et on est resté longtemps en contact. Jusqu’à ce qu’il… parte pour Kendra Kâr. Là, il est devenu mystérieux, taiseux sur ses activités. J’pense pas que ta mère ait su quoi que ce soit de ce qui se passait là-bas. Tout ce que je sais, moi, c’est qu’il était en lien avec un temple au nom étrange… Le Temple des Plaisirs, ou quelque chose de ce genre. Ça sonne bizarre, et je n’ai jamais osé lui demander ce qu’il y faisait. Il ne me l’aurait pas dit, de toute façon. »

Courte pause, massage d’une tempe et poursuite du récit.

« Et un soir, il est arrivé chez moi. Il semblait avoir peur, être effrayé comme jamais il ne l’avait été. Dans la précipitation, il m’a donné ces bijoux, et m’a fait promettre de les donner à Mily. Ensuite il est parti… Et le lendemain, on le retrouvait mort. J’ai respecté ses dernières volontés, en remettant ça à ta mère. Et puis j’ai décidé de mener une enquête sur sa mort étrange… Et le monde dans lequel je suis tombé m’a effrayé. Je n’ai pas pu continuer. Un monde plein de secrets, de faux-semblants, de trahison. J’ai abandonné mes recherches quand j’ai compris que je ne pourrais pas faire partie de ce monde. Je voulais autre chose pour ma vie. Et jusqu’à aujourd’hui, je ne regrette rien. »

Nouvelle pause, et un regard plus intense, fixé sur toi, nettement plus dans le présent.

« Il est une personne qui peut t’aider. Une elfe blance à Kendra Kâr, qui connait ton père et le meurtrier, qui sait pourquoi il a été assassiné, au nom de quoi. Pulinn, la Gardienne de ce Temple des Plaisirs… »

Puis, comme s’il venait de commettre une boulette.

« Oh… Tu… tu savais qu’il avait été assassiné, n’est-ce pas ? »

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 17 Aoû 2010 13:18 
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L’homme poussa un long soupir. Le genre de soupir que l’on pousse lorsqu’un événement que l’on redoutait arrive finalement. Ma venue et les questions que je venais de lui poser semblaient être pour lui quelque chose qu’il voulait éviter, du moins il voulait y échapper. Mais ma présence le mettait face au mur. Il murmura quelques paroles que j’entendais à peine. Il semblait se parler à lui même.

"J’imagine que ça ne pouvait qu’arriver un jour. Me rattraper. Ça fait longtemps que j’ai laissé tout ça de côté, que je me suis consacré à ma vie de famille, que je me suis rangé. Depuis la mort d’Higbaèm, d’ailleurs. Enfin bon… Quand il faut, il faut."

Après avoir finit son petit discours, dans lequel j’avais pu percevoir des passages comme "me rattraper", ou encore le prénom de mon père Higbaèm, il m’invita à m’assoir sur une chaise qui se trouvait en face de lui. C’était une simple chaise en bois avec un cousin pour le confort. Le coussin était tout rose avec des petites fleurs blanches sur le dessus. Vu la taille de la chaise, elle devait régulièrement servir à la petite qui m’avait ouvert lorsqu’elle voulait se prendre pour une grande. Je pris place comme me l’indiquait le maître des lieux. Il reprit alors la parole.

"J’ai bien connu tes parents, à l’époque. Une époque de troubles, s’il en était. Je suis Helegièn, et j’ai connu ton père depuis son enfance."

Helegièn marqua une pause. L’homme semblait soudain avoir pris un coup de vieux. Son visage se voilait de plus en plus comme si parler de son passé le lui rappelait en force et qu’il se sentait mal.

"Vous vous sentez bien ?"

Il me fit un signe rapide de la main avant de reprendre son récit.

"On faisait les quatre cent coups, à l’époque. Et puis, il s’est marié, et on est resté longtemps en contact. Jusqu’à ce qu’il… parte pour Kendra Kâr. Là, il est devenu mystérieux, taiseux sur ses activités. J’pense pas que ta mère ait su quoi que ce soit de ce qui se passait là-bas. Tout ce que je sais, moi, c’est qu’il était en lien avec un temple au nom étrange… Le Temple des Plaisirs, ou quelque chose de ce genre. Ça sonne bizarre, et je n’ai jamais osé lui demander ce qu’il y faisait. Il ne me l’aurait pas dit, de toute façon."

Au début il sourit en se remémorant les quatre cent coups qu’il avait pu faire avec mon père. Mais il remit aussitôt un masque lorsqu’il évoqua le passage de mon père à Kendra Kâr. Cela m’interpella direct. Mon père était allé à Kendra Kâr ? Ma mère m’avait toujours dit que mon père n’avait jamais quitté le village. Même son apprentissage s’était déroulé à Lùinwë. Qu’est ce que cela pouvait-il signifier? Tout suite je me demandais ce que mon père était allé faire à Kendra Kâr. Une seule chose coïncidais entre ce que disais Helegièn et mes souvenirs : le mystère que mon père entretenait vis à vis de sa vie et des nombreux voyages qu’il entreprenait. Tout un tas de questions se formaient dans mon esprit et mon cœur battait à tout rompre dans ma poitrine. Selon les dires de mon interlocuteur mon père avait des liens avec Le Temple des Plaisirs. Il me semblait en avoir entendu parlé par des citoyens lors de mes balades dans les rues de Kendra Kâr. Le Temple devait se trouver dans cette ville, ce qui pouvait expliquer pourquoi mon père s’était rendu là bas. Cependant le voile qui enveloppait ce Temple restait bien opaque et Helegièn ne semblait pas en savoir plus que moi. Avant de continuer il se massa de chaque côté du crâne car en parler le replongeait dans l’enfer dans lequel il s’était trouvé des années au paravent. Je me sentais coupable de lui infliger une telle épreuve mais j’avais besoin de réponses. Il me raconta alors les circonstances dans lesquelles mon père lui avait remis les boucles d’oreilles.

"Et un soir, il est arrivé chez moi. Il semblait avoir peur, être effrayé comme jamais il ne l’avait été. Dans la précipitation, il m’a donné ces bijoux, et m’a fait promettre de les donner à Mily. Ensuite il est parti… Et le lendemain, on le retrouvait mort. J’ai respecté ses dernières volontés, en remettant ça à ta mère. Et puis j’ai décidé de mener une enquête sur sa mort étrange… Et le monde dans lequel je suis tombé m’a effrayé. Je n’ai pas pu continuer. Un monde plein de secrets, de faux-semblants, de trahison. J’ai abandonné mes recherches quand j’ai compris que je ne pourrais pas faire partie de ce monde. Je voulais autre chose pour ma vie. Et jusqu’à aujourd’hui, je ne regrette rien."

Je ne savais plus où j’étais. Plus l’histoire avancée, plus tout me semblait confus. Mon enfance était en train d’être complètement remise en question. Mon cœur tambourinait de plus en plus fort et je me sentais au bord de l’évanouissement. De quoi mon père pouvait-il avoir peur. Je l’avais toujours vu come un homme fort qui n’avait peur de rien. Il était un modèle pour moi et durant toutes les années qui avaient suivis sa mort je me sentais mal à l’idée de ne pas être aussi forte que cette force de la nature qu’il était à mes yeux. Mais il semblait qu’il avait exactement les mêmes faiblesses que moi.

Helegièn me dit qu’il avait alors mené une enquête suite à la mort de mon père, mort qui lui paraissait suspecte. Je commençais à pâlir. Pourquoi trouver suspect qu’un guerrier soit mort à la guerre ? Il continua en disant qu’il avait découvert un monde effrayant et qu’il n’avait pas pu, pas voulu s’immerger dans ce monde de secrets, de trahisons selon ces mots. Il m’indiqua une personne qui pourrait m’aider mais sa phrase suivante m’acheva.

"Il est une personne qui peut t’aider. Une elfe blanche à Kendra Kâr, qui connait ton père et le meurtrier, qui sait pourquoi il a été assassiné, au nom de quoi. Pulinn, la Gardienne de ce Temple des Plaisirs…"

Je virais du teint grisâtre ou blanc en même pas une demi-seconde. Mon père avait été assassiné ? Non…c’était impossible…mon père, cet homme si droit, si juste, irréprochable avait été tué volontairement ? Mes mains se crispèrent sur les bords de la chaise. J’étais tellement blanche que jamais je n’avais dû mieux porter le nom de ma race. Helegièn me regarda avec stupéfaction et l’air mal à l’aise.

"Oh… Tu… tu savais qu’il avait été assassiné, n’est-ce pas ?

Vous pensez que si je le savais, je serais dans cet état!"

Je tentais en vain de calmer les pulsations de mon cœur. On m’avait arraché mon père. Une colère soudaine monta en moi. Je devais rentrer, prendre deux trois affaires et me rendre immédiatement à Kendra Kâr et à ce Temple des Plaisirs particulièrement.

Je me relevais avec l’aide d’Helegièn et je plantais mon regard dans le sien. Il semblait particulièrement inquiet.

"Ça va aller. Je m’excuse pour ma réaction, seulement je ne m’attendais pas à découvrir un tel mensonge qui remet en question beaucoup de choses pour moi. Vous venez de m’apprendre que mon père m’a été arraché mais non pas par la volonté de la déesse mais par celle de quelqu’un de bien réel…"

J’étais toujours sous le choc mais j’avais besoin d’être seule.

"Je vous remercie pour m’avoir apporté des réponses mais j’ai besoin de me retrouver seule et de réfléchir à tout ça et à tout ce que ça implique"

Il me fit un signe de tête comme quoi il approuvait. Sur ce je pris congé et je regagnais les rues.


=>Les rues de Lùinwë

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 17 Aoû 2010 23:22 
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Je poussais la porte de ma maison. Un silence presque religieux enveloppé ce lieu qui m’étais si chère.

Lorsque l’on entrait dans cet endroit on arrivait directement dans le salon. Ma mère n’avait pas voulut d’une entrée car elle jugeait que cela faisait trop formel. Le salon était joliment meublé. Une magnifique table que mon père avait sculptée avec du bois de Lenora trônait au milieu de la grande pièce. Un vase avec des fleurs fraichement cueillies décorait le tout qui se trouvait devant une grande cheminée creusée à même la pierre où un petit feu finissait de s’y consumer. Pour encadrer le tout deux gros fauteuils encadraient la table et se tournaient légèrement l’un vers l’autre. Chacun portait le nom de son propriétaire, à savoir ma mère et mon père. Suite à son décès, enfin à son assassinat, j’avais pris l’habitude d’y passer de heures en espérant sentir la présence de mon père. À côté de la cheminée une porte menait à la cuisine modestement décorée. Un grande table en son centre et de chaque côté divers placards où toute notre vaisselle était rangée et l’éternel chaudron où ma mère préparait ces plats. Elle était restée très classique. De la cuisine partait un escalier qui menait à l’étage avec les deux chambres.

Je remarquais qu’un plat était en train de mijoter. Ma mère avait déjà tout prévu pour le repas du soir. Je retournais au salon et me posais dans le fauteuil qui m’avait tant manqué et je laissais mes idées partir au loin. Ma mère n’était pas là, elle était certainement allée au marché acheté d’autres vivres. Cette pensée me brisa de nouveau le cœur. Elle était restée seule si longtemps, comment pouvais je lui faire ça ? Comment mon esprit tordu arrivait il à envisager cette option. C’était incompréhensible, même pour moi. Alors comment lui expliquer si moi même je ne comprenais pas les raisons qui me poussaient ?

Tout se mélangeait dans ma tête et je ne tardais pas à avoir mal au crâne. Je me levais et aller à la cuisine préparer une boisson apaisante que ma mère m’avait faite maintes et maintes fois pour que je trouve le sommeil. Tellement de fois que j’avais retenu la recette. Une fois la boisson prête je retournais dans le salon. Mes yeux se posèrent sur un portrait de mon père posé symboliquement sur la cheminée. Je m’en saisit avant de me rassoir. Je contemplais ce visage calme et serein qui regardait avec amour la femme qui se trouvait à ses côtés. Mes parents avaient toujours formé un merveilleux couple, aimé de toute la ville.

L’assassinat n’avait donc pour moi aucun sens. Qui pouvait bien en vouloir à mon père au point de l’éliminer ? Et qu’est ce qui se cachait dans ce Temple des Plaisirs pour que ça change radicalement le comportement de mon père? Je n’arrivais plus à penser. Je reposais le tout sur la table et décidais de monter voir si ma chambre avait changé.

Sans surprise ma chambre était restée telle que je l’avais laissée. Un petit lit se trouvait à droite de la pièce en entrant. Il était placé sous la fenêtre depuis laquelle on pouvait se poser sur un petit balcon. Je me souvenais que lorsque je n’arrivais pas à trouver le sommeil, l’enfant que j’étais arrivée à se glisser par la fenêtre et passait de longues heures à regarder la voûte étoilée. Cela m’apaisait et souvent je m’endormais sur le balcon et l’un de mes parents venait me chercher et me mettait au lit. À l’opposer une petite bibliothèque avec énormément d’ouvrages sur la magie et surtout sur ces pouvoirs guérisseurs.

Je pénétrais dans ma chambre et me dirigeais vers le coffre qui se trouvait au pied de mon lit. Mes habits d’enfant se trouvaient là, enfin je devrais dire mes robes d’enfant, je ne portais que ça. Toutes les couleurs étaient présentes mais ma préférée était une petite robe jaune que ma mère m’avait faite. Je l’avais portée tellement de fois uniquement pour que mon père m’appelle « le soleil ». Le jaune de la robe était pour lui comme le soleil, j’étais son petit soleil. Alors que je respirais son odeur je vis au fond entre les vêtements, sur le côté un coin d’une lettre qui dépassait. En y regardant de plus près une cache avait était faite pour la placer. Cette tache blanche que j’avais prie pour un défaut durant toute mon enfance était en réalité une lettre. Je la tirais lentement pour ne pas l’abimer. En reconnaissant l’écriture j’eu un hoquet de stupeur, c’était une lettre de mon père datée de la veille de son départ pour la guerre où il s’est fait assassiné. Toute tremblante je me mis à la lire.

"À mon Soleil,
Un jour viendra où tu trouveras cette lettre. J’ai pris soin de la placer dans un endroit sur car toi seul range ce coffre et j’ai fait promettre à ta mère de ne jamais y toucher. Vertueuse comme elle est, j’ai confiance en sa parole.
Quand tu liras cette lettre, cela voudra dire que je ne suis plus de ce monde. Je ne peux, mon Soleil, te révélé l’ampleur de la situation dans laquelle je me trouve. Cependant je veux te transmettre ma place. J’ai tracé pour toi une piste, suis là et, quand tu auras connaissance de tout, rends toi à Kendra Kâr et cherches le bâtiment qui te paraît le plus insolite et entres y. Ne me fait pas défaut mon Soleil.
Higbaèm, ton père qui t’aime. "


Les larmes coulèrent toutes seules. Il avait tout prévu avant sa mort. Il savait qu’il allait mourir et il avait tout mit en œuvre pour que je puisse un jour suivre ses traces.

"Ma chérie, tu es là haut ?"

J’entendais ma mère qui montait l’escalier. Je repliais vite fait la lettre et la glissait dans la doublure de ma robe.

"Oui je suis dans ma chambre.

Ah te voilà. Tu es partie longtemps. Oh tes vieux vêtements, que tu étais belle comme un ange dans tes tenues.

C’est à toi que je les dois maman.

Tu vois, ton lit est prêt pour ton séjour.

Maman… Il faut que je te parle. On descend ?"

Nous descendîmes de concert. Elle nous prépara deux verres d’hydromel et on alla se poser dans le salon.

"Alors de quoi veux tu qu’on parle?

Je…Je ne sais pas comment te dire ça mais…je…je dois repartir dès maintenant.

QUOI ?!"

Elle se leva d’un bond et elle était furieuse. Je ne pouvais guère l’en blâmer.

"Tu viens juste d’arriver ! Cela fait dix ans qu’on ne sait pas vu. Sais tu ce que représente dix ans de solitude totale. Ton père n’est plus là, tu es partie et je suis restée seule. Je ne me suis pas plainte parce que tel était ton chemin, mais là je ne te comprends plus !

J’ai découvert une piste pour me permettre de retrouver la personne qui m’a fait parvenir ces boucles d’oreilles, maman je…je dois la suivre.

Pourquoi ? Pourquoi tu ne peux pas rester un mois ou deux avec moi ?

Parce que je ne peux pas !!!!"

Je m’étais levée à mon tour et le sang battait mes tempes. J’étais énervée mais pas par la réaction violent de ma mère, par mon attitude égoïste et par la peine que je lui causais. Avec une voix étouffée par des sanglots je repris.

"Ça me ronge de l’intérieur et si je ne fais pas vite, je vais me perdre et être détruite. De plus…

De plus, quoi ?

L’elfe qui m’a remis les bijoux…je…je l’aime et je dois poursuivre ma quête si je veux le revoir."

Ma mère ne disait plus rien et toute colère s’évapora de son visage. Elle qui avait craint que je ne trouve jamais personne à cause de la carapace dont je m’étais enveloppée, elle était sous le choc.

"Tu…tu es amoureuse dis tu ?

Oui maman et du plus profond de mon être. Tout m’attire à lui. Je me sens mal loin de lui. J’ai besoin de le voir, de sentir sa présence à mes côtés…je…quoi ?"

J’avais remarqué qu’elle souriait.

"Oh mon enfant, pourquoi ne m’as tu rien dit ?

Je pensais que tu ne comprendrais pas…

Oh! Si c’est pour cette raison que tu ne peux pas rester, alors je comprends tout à fait."

Nous pleurions et elle me serait si fort que j’avais l’impression que j’allais manqué d'air dans peu de temps.

"Où vas tu te rendre et comment ?

Je dois aller à Kendra Kâr, il m’attend là bas et je pensais y aller par la voie des airs. Je ne l’ai jamais fait et ça pique ma curiosité.

Et c’est aussi plus rapide. Et quand pars tu ?

L’idéal serait maintenant.

D’accord je vais t’accompagner jusqu’à la zone d’embarcation…à moins que tu ne préfères y aller seule ?

Je préfère oui, mais je te le promets dès que tout sera en ordre, je reviendrais et je resterais.

J’y compte bien ma fille. Avant que tu ne t’en ailles, j’ai un cadeau pour toi. Je le réservais pour ton retour."

Elle se leva et disparut un instant dans la cuisine. Quand elle revint, elle tenait un flacon dans ses mains.

"Qu’est ce que c’est ?

Un fluide de lumière. Il te suffit de l’absorber pour augmenter ta magie.

Maman, je… je ne sais pas quoi dire. Merci

Bah ce n’est rien. Allez, absorbe le."

Je lui obéis et absorbais le fluide. Je ressentis comme un vague de pouvoir déferler en moi. C'était spectaculaire et déstabilisant.

"L'effet est...surprenant.

Oui je sais. Et maintenant sauves toi avant que je ne décide de t’enfermer."

Elle eu un rire bref et avec peu de joie mais un petit rire quand même.

"Je te le redis, je reviens le plus vite possible. Je t’aime de tout mon cœur maman."

Je l’embrassais, ramassais le peu d’affaires que j’avais et sortis pour me diriger vers la zone d’embarcation.


=> Zone d'embarcation à Lùinwë

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Ven 3 Déc 2010 17:38 
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Le père de ma patiente, un humain d'une quarantaine d'années, était sorti dans la rue pour me chercher.
Il me fit rentrer dans un petit salon, avant de me conduire vers une chambre au fond de la maison. C'est à cet endroit qu'était allongée la malade, dans cette petite pièce, tapissée de rouge avec des fleurs bleues et un parquet.
(Une chambre de femme)
Plus précisément de jeune fille. De très jeune fille même puisque la patiente n'avait que treize ans environ. Elle avait le teint blafard et une toux tellement rauque qu'elle ne semblait pas naturelle. J'étudiais la jeune personne pour savoir ce qu'elle avait, lui posant les questions d'usage sur depuis quand elle se sentait ainsi, ce qu'elle avait mangé, son exposition au froid et à la chaleur, et bien d'autres, et j'en vint à la conclusion d'une grippe exotique, sans doute ramenée par bateau depuis le port tout proche.
Je préparai une mixture à base que quelques plante que j'avais toujours avec moi : de l'écorce de bouleau et un peu de ''cheveux de Gaïa''.
Je donnais l'ordonnance orale au le père :

« Donnez lui ceci matins et soirs, en y ajoutant de préférence quelques goutes de miel. Faites le jusqu'à mon retour dans quelques jours. Je n'ai hélas pas tout ce qu'il me faut ici pour traiter le maladie correctement, mais ceci va la ralentir pour l'instant. Je reviendrais le plus vite possible. »

En effet, pour soigner la maladie il allait me falloir plus que quelques feuilles de ''cheveux de Gaïa'', il m'en fallait beaucoup, et que j'aille demander conseil à une de mes amies habitant à Tulorim. Il me fallait partir vite si je voulais revenir à temps ici pour administrer le remède final.
Le père me raccompagna sans rien dire jusqu'à la porte de la maison que je quittai en direction du port.

La suite ici

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Jeu 6 Jan 2011 19:16 
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La jeune fille suivait le vieil elfe sans vraiment faire attention aux rues qu'ils empruntaient. Son état comateux était revenu à la charge. Elle luttait contre le sommeil pour marcher droit et voir la silhouette de l'elfe devant elle. Elle se demandait toujours où il l'emmenait mais elle était moins enthousiaste.
Autour d'eux les maisons de toutes les couleurs se succédaient sans qu'elle en ait vraiment conscience, passant du bleu pâle au jaune le plus féroce. Les jardins où la végétation était constamment changée se succédaient. Telkion continuait d'avancer d'un pas lent et tranquille, ce qui ne redonnait pas vraiment de vitalité à la jeune elfe.
Au bout d'un quart d'heure, bien qu'il en parut plus que ça à Niniel, ils s'arrêtèrent. Elle observa son environnement: toutes les maisons étaient de couleurs blanches dans cette rue. Blanches mais avec des sortes de tâches grises que l'adolescente assigna à de la poussière, une dégradation.

"-...arrivés. Niniel ?

-Mmh ?"

La jeune fille ouvrit grands les yeux. Si grand qu'elle les cligna plusieurs fois, éblouie par le soleil. Elle reporta son attention sur le vieil elfe. Il la regardait avec exaspération et il ne cacha pas son soupir. Pourquoi donc ?

(Les anciens ne font pas ça d'habitude...)

Bien sur, pour elle les anciens étaient ses maîtres de magie. Elle avait eu des professeurs plutôt âgés et ils étaient toujours très patients. Telkion lui faisait penser à l'un d'eux mais en plus impatient.

"-Vous me parliez ?

-Arf...Tu n'écoutes donc jamais ? Ca fait tout le long du chemin que je te parle.

-Oh heu...Ah..Ah bon ?"

Le rouge lui monta aux joues. Elle n'avait absolument rien entendu ! Elle s'empressa de ratrapper son erreur. Mais elle était si fatiguée ! Elle savait qu'elle aurait pu être épuisée, mais à ce point ?

"-Et heu...Vous disiez quoi ?

-Les jeunes...Je te demandais si tes parents ne s'inquièteraient pas de te savoir loin et seule.

-Oh...Non non."

Elle préférait mentir, elle ne connaissait pas vraiment le vieil homme. Elle suivit Telkion qui se dirigeait vers une maison. C'est là qu'elle s'était trompée. Ce n'était pas de la poussière qu'il y avait sur les murs blancs des maisons mais de la peinture grise ! Cela donnait un effet moucheté aux murs, elle remarqua aussi le bord bleu des toits. La porte était bleu acier pour s'accorder avec les tâches grises. Niniel, tellement fascinée, ne fit pas attention et au lieu de retenir la porte elle se la prit en pleine figure. Surprise, désorientée et déséquilibrée, elle tomba par terre.
L'elfe qui avait ouvert la porte et qui s'attendait à voir l'adolescente derrière lui, rouvrit la porte et la fixa, exaspéré de nouveau.

"-Pour une soit-disant guérisseuse, ce n'est pas vraiment super.

-Mais...les tâches...

-Ben quoi ? Tu n'avais pas remarqué ?"

Elle opina négativement la tête. A Cuilnen, il n'y avait pas cette association de couleur. Elle entra dans la maison. C'était beaucoup plus petit qu'elle ne l'imaginait. Tout rappellait son environnement familial. Petit, serré, chaleureux et boisé. Telkion la conduisit au salon et l'invita à s'asseoir sur le canapé. Celui-ci était vert et des brodures jaunes formaient des feuilles et des arbres. Elle s'assit, gênée. Elle ignorait aussi pourquoi elle était ici. Le vieil elfe lui proposa de la boisson mais elle refusa. Cependant, la nourriture non car elle voulait se remettre de cette fatigue.
Il s'absenta un moment ce qui laissa le temps à Niniel d'observer un peu mieux les lieux. Le salon était petit, il y avait deux fauteuils en plus du canapé et encore quelques poufs. Ils avaient tous le même motif que ceux du canapé. La tapisserie rappellait les troncs des arbres avec des fils jaunes, vertes et rouges sombre. Il y avait une table basse et la jeune elfe remarqua que c'était du chêne. Elle n'était pas particulièrement travaillée. Dans cette petite pièce elle se sentait étouffée, l'atmosphère semblait saturée et renfermée. Cet elfe habitait vraiment ici ?
Une fois que Telkion revint et qu'elle se servit des gâteaux en ne faisant pas attention à ce que ça pouvait être, elle fixa toute son attention sur le vieil elfe.

"-Tu dis que tu es une apprentie alors.

-Oui. Apprentie guérisseuse.

-Pourquoi tu veux devenir guérisseuse ?

-Parce qu'il y a beaucoup de gens qui ont besoin d'aide. Et moi je veux les aider. J'étais contente de pouvoir prêter main forte à cette petite fille.

-C'est pour cela que tu es fatiguée ?

-Oui, ça faisait longtemps.

-J'ai quelque chose pour toi. J'ai connu un guérisseur moi aussi. Et il m'a donné quelques petites choses.

-Mais pourquoi me les donner ? C'est peut-être important pour vous !

-Non non. Je voudrais t'aider. Tu apprends seule ?

-Oui pour l'instant. Mais si vous pouviez m'aider..."

Il semblait s'y connaître. Ou peut-être pourrait-il lui dire qui est ce guérisseur ? Excitée, elle attendait la suite. Finalement, ce n'était pas une mauvaise idée d'avoir accepter de le suivre !
Mais Telkion ne lui répondit pas. La jeune fille attendait sa réponse, avait-il eu la même idée qu'elle ? N'y tenant plus, elle le lui demanda.

"-Non, ce guérisseur n'est plus ici de toute manière et il ne prend pas d'élève.

-Mais pas qu'il devienne mon maître, juste quelques petits conseils à me donner, c'est tout ce que je demande !

-Non. Et comme je te l'ai dit, je ne sais pas où il est.

-Mais si vous me donnez quelque chose lui appartenant, je ne saurais pas l'utiliser !

-Il faut que tu apprennes par toi-même.

-Monsi...

-C'est ainsi, je ne dirai rien de plus."

Cependant il ne la cong&dia pas. Alors elle resta assise, un gâteau à la main à attendre patiemment ce qu'il voulait lui montrer. Telkion ne disait rien, ne montrait aucun signe d'impatience ou d'une quelconque frustration. Il l'observait attentivement. Niniel serra son bâton d'apprenti pour résister à lui dire les paroles cinglantes qui vrillaient dans son esprit.

(Mais il attend quoi ? Il ne veut plus rien me montrer ?)

Au bout d'un long moment qui sembla une éternité pour l'adolescente, le vieil elfe se leva doucement, toujours sans la quitter des yeux puis sortit de la pièce. Etait-ce pour lui montrer enfin ces choses magiques ? Impatiente, elle avait les yeux grands ouverts et essayait vainement de cacher le large sourire qui naissait sur ses lèvres. Quelques minutes seulement s'écoulèrent avant que Telkion ne revienne avec une boîte. Il la posa avec délicatesse sur la petite table entre lui et Niniel. Elle était en ferraille mais pas usée, au contraire on aurait dit qu'elle était très bien entretenue. Elle était dorée avec des dessins bleu nuit dessus représentant des astres. Avec douceur il souleva le couvercle de métal qui ne fit pas un grincement pour dévoiler....Toute une série de biscuit. La jeune adolescente, stupéfaite et déçue de ce qu'elle venait de voir, regarda le vieil elfe sans pouvoir effacer la colère qui naissait dans ses yeux.

"-Mais...

-Ce sont les meilleurs gâteaux de la maison, je t'en prie, sers-toi."

Ce dernier ne se fit pas prier pour en prendre un et le manger avec délice tandis que le jeune elfe le regardait, de plus en plus furieuse.

"-Vous aviez dit que vous aviez des choses à me montrer !!

-Oh ça...Prend des forces avant."

Ne sachant quoi faire, elle le regarda manger et attendit. Allait-il vraiment lui laisser voir ces objets magiques ? Aurait-il des sorts à lui donner, à lui apprendre ? Après cette blague, Niniel était dubitative et préféra attendre, bien qu'elle était au comble de l'impatience.

=>Les habitations de Luinwe

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Dernière édition par Niniel le Mar 1 Fév 2011 15:48, édité 3 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Lun 24 Jan 2011 15:18 
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Telkion mangeait ses gâteaux en silence tandis que Niniel sentait que ses forces revenaient. Pourtant elle était tout de même fatiguée. Le vieil elfe la fixa, s'arrêtant dans sa dégustation. La jeune fille était tellement profondément dans ses pensées qu'elle en avait le regard vague. Telkion aurait pu sortir une souris de sa poche pour l'agiter sous son nez qu'elle n'aurait pas bouger d'un millimètre. Il se leva, fit le tour de la table pour arriver devant son invitée: aucune réaction de celle-ci. Elle semblait méditer.
En fait elle était en train de réfléchir et sérieusement (ce qui était rare). Les conseils des anciens de Cuilnen était clairement présent dans son esprit sauf un et c'est celui-ci qu'elle tentait vainement de retrouver. Le vieil elfe la secoua doucement, tirant Niniel de sa réflexion. Elle ouvrit grands les yeux et les cligna plusieurs fois. C'était comme si elle avait été plongé dans l'obscurité et que tout à coup on ouvrait les volets, ses yeux ne pouvant s'habituer tout de suite à la lumière du jour. Elle parla avec une voix un peu enraillée.

"-Quoi ?? Qu'est-ce qui se passe ?

-Ça va ? Tu semblais méditer.

-Ah non...Je tentais de me souvenir de quelque chose."

Elle fronça les sourcils en jurant intérieurement. Elle ne parvenait pas à se souvenir de ce conseil et pourtant elle savait qu'il était important.
Sans lui dire quoique ce soit, Telkion s'évertua à ramener l'attention de la jeune fille sur lui pour lui indiquer de le suivre. Intriguée, elle laissa sa recherche à plus tard. Ils montèrent à l'étage au rythme du vieil elfe, ce qui lui laissa le temps de jeter un œil autour d'elle. Tout ressemblait au salon: le style de meuble, la tapisserie verte, la dominance aussi des couleurs boisées et l'atmosphère était confinée, étouffante. Il n'y avait aucun son à part leur pas sur les lattes de bois qui grinçaient et l'elfe ne lui parlait pas, ne lui donnait aucune indication. Il semblait concentré et déterminé.
Elle ne regarda pas les différentes pièces et ils allèrent dans une qui était beaucoup plus spacieuse. Cependant il faisait noir, ça sentait le renfermé et la poussière picota le nez et les yeux de l'adolescente. Elle ne put se retenir d'éternuer.

(Il devrait faire le ménage plus souvent...) pensa-t-elle en essayant de s’accommoder à l'odeur.

Telkion ouvrit un peu les volets et un mince rayon de lumière doré vint éclairer la pièce. Mais il ne laisse pas la fenêtre ouverte, ne permettant pas à l'air de devenir plus pur. Niniel attendit, contenant son impatience du mieux qu'elle pouvait. La pièce était rendue grise par la poussière mais elle devait être blanche à l'initial, il y avait énormément de meubles, d'objets qu'elle n'arrivait pas à tous les identifier et surtout un grand nombre de statuts de Gaia. Certaines plus petites que d'autres, dans des métaux différents, des matières différentes. Une statuette attira particulièrement l'attention de la jeune elfe. Elle ignorait totalement le nom de la pierre -surement précieuse d'après elle- dans laquelle l'objet avait été façonné mais il était bleu et pourtant elle aurait juré voir du vert avec.
De l'autre côté de la pièce, le vieil elfe l'observait. Si son visage au départ était un masque lisse, dénué de tout sentiment, maintenant il était piqué de curiosité. Elle semblait s'intéresser à ses statuettes. Il s'approcha d'elle à pas de loup, se pencha aussi sur la statuette et parla doucement à Niniel.

"-Belle œuvre n'est-ce pas ?"

La jeune adolescente sursauta et évitant un cri de surprise. Elle le foudroya d'abord du regard, elle avait bien envie de lui dire ce qu'elle pensait mais se retint. Et elle reporta son attention sur le dieu qu'elle avait plus tendance à vénérer.

"-Toutes ces statues sont à vous ?

-Oui, elles sont à moi. On me les a...offerte en quelque sorte.

-Vous devez être quelqu'un d'important alors !

-Oh tu sais, ce sont surtout des cadeaux comme ça. Je suis beaucoup religieux, alors les gens m'offraient des statues de Gaia parce qu'ils savaient que ça me plairait. Et toi, tu aimes bien Gaia ?

-Oui ! Je trouve qu'il se rapproche plus de l'art des guérisseurs plutôt que Yuimen.

-En voilà une belle raison. Approche Niniel."

La jeune elfe n'avait pas compris les sous-entendus, se détachant de la statuette, elle vint à côté de Telkion et regarda de plus près la malle ouverte devant eux, une espèce de robe mise en évidence. L'adolescente attendit qu'on lui dit quoi faire bien qu'elle avait envie de retourner le vêtement pour l'examiner sous toutes les coutures.

"-C'est une robe que portait le guérisseur dont je t'ai parlé.

-Elle est belle en tout cas ! A-t-elle des propriétés spéciales ?>>

L'intérêt de la jeune fille le fit sourire. Il ne doutait plus à présent qu'elle voulait être une guérisseuse accomplie. Niniel se pencha sur le vêtement mais sans le toucher.

<<-Essaie-la.

-Pardon ?

-Tu as bien entendue, essaie-la ! Tu verras ce qu'elle a comme <<propriétés>>"

Toujours surprise et avec un grand respect, elle prit l'étoffe entre ses doigts de petites filles. Elle était légère, de couleur bleu pâle. Elle ne savait pas vraiment ce que c'était comme matière et n'en fit plus cas quand elle la mit sur ses épaules. Elle était assez longue, ça pourrait la tenir au chaud lors des voyages qu'elle comptait faire. Puis elle sentit sa magie en elle. Pas beaucoup mais pourtant elle la sentait. Elle ignorait pourquoi car elle ne désirait pas soigner quelqu'un ou faire un exercice magique. Puis la brève sensation disparut. Elle secoua sa tête en se demandant si elle n'avait pas rêvé.
Puis elle entendit Telkion rire. Elle se tourna vers lui et lui demanda ce qui n'allait pas -si il y avait quelque chose-. Il calma ses hoquets mais ne put lui parler sans un grand sourire et de la malice au fond des yeux.

"-Ce n'est pas cape mais une robe ! M'as-tu écouté quand je te l'ai dit ?"

Un peu honteuse, Niniel rougit. Forcément, elle avait eu l'air beaucoup plus ridicule qu'autre chose. Elle l'enfila alors par-dessus ses vêtements. Elle était serrée mais c'était normal. Le curieux phénomène se reproduisit avec un peu plus d'intensité puis disparut comme la première fois. Telkion ne riait plus cette fois-ci. Il attendait patiemment qu'elle dise quelque chose. Elle regarda la robe de plus belle et remarqua qu'il y avait de légers motifs qui brillaient en fonction de la lumière. Ils étaient jaune et représentaient des bâtons, des chapeaux, des elfes, des fioles,...

"Alors ?

-Elle est vraiment superbe, mais je ne vois pas et ne sens pas quoi que ce soit...A part peut-être ma magie qui réagit...

-C'est normal, cette robe augmente légèrement ta magie, c'est pour cela qu'elle a réagit.

-Ahhh d'accord !"

Ne l'enlevant pas, elle continua de fureter autour d'elle. Telkion la rappela et elle s'approcha de nouveau de lui mais en râlant cette fois-ci.

"-Qu'est-ce qu'il y a ?

-Tiens, prends ça aussi.

-Qu'est-ce que c'est ?

-Ça s'appelle un fluide élémentaire. Celui-ci est de lumière. C'est une petite dose c'est sur mais ça pourrait t'aider dans ton chemin pour être guérisseuse.

-Merci beaucoup !"

Avec un grand sourire, elle regardait la petite fiole. Ce fut là aussi où elle découvrit des poches dans sa robe. Elle enleva la robe car avec ses vêtements en dessous cela la serrait de trop puis continua de fouiner un peu partout. Cependant elle arrêta vite pour voir que le vieil elfe était descendu. Avec regret, elle partit de la pièce non sans avoir prier un peu pour Gaia devant la statuette bleue-verte.
Telkion était dans le salon, pensif. Niniel reprit sa place en face de lui et le fixa. Puis elle parle enfin.

"Pourquoi vous me donnez tout ça ?

-Parce que tu es une bonne petite. Tu veux vraiment être guérisseuse et tu essais de le devenir par toi-même. Mais il fat bien des petits coup de pouce, non ? Ce guérisseur ne reviendra pas et comme tu l'as vu, j'ai énormément d'antiquités dans cette pièce. Laisse-moi faire plaisir aux jeunes d'aujourd'hui qui essaient de faire de leur rêve une réalité.

-Mais nous ne nous connaissons pas...

-Je n'ai pas besoin de suffisamment de te connaître pour savoir que ce que tu dis est vrai tout comme ta foi pour notre déesse commune.

-Maman et les Anciens m'ont dit de me méfier des objets magiques...

-Et pourtant ces objets ne t'ont rien fait. La robe ne t'a pas étouffé que je sache, si ?"

L'air faussement scandalisé de Telkion fit rire la jeune fille. Elle savait qu'il avait raison mais elle ne pouvait pas s'empêcher d'être un peu inquiète. Or l'elfe lui avait dit que ce n'était pas un objet personnel donc elle ne faisait rien de mal en acceptant ces cadeaux.

(Si il pense ça alors c'est que ça doit l'être. Il est vraiment gentil en tout cas...)

Elle opina et accepta les présents. Voyant que le soleil n'étaient plus trop visible, il offrit un toit et un repas pour Niniel, lui disant que ça faisait longtemps qu'il n'avait plus eu d'inviter. La jeune elfe se demandait pourquoi mais elle se laissa de nouveau distraire par ses cadeaux qu'elle recommença à examiner.

=>Les habitations de Luinwe

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Dernière édition par Niniel le Mar 1 Fév 2011 15:46, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 1 Fév 2011 13:54 
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Niniel s'éveilla sur le canapé, une chaude couverture sur elle et elle avait la fiole dans sa champ de vision quoique un peu de travers. Elle se mit assise, se frotta les yeux mais elle n'enleva pas les mèches de ses cheveux désordonnés. Elle était comateuse, les volets laissaient passer une faible lumière: parfait pour se réveiller en douceur. Telkion arriva et ne la ménagea pas.

"-C'est à cette heure-ci qu'on se lève ?

-Oh ça va hein..."

On ne pouvait pas dire qu'elle était matinale. Ne faisant pas attention le vieil elfe lui indiqua l'heure. La jeune fille grimaça: c'est vrai que la matinée était déjà bien avancée. Elle alla dans la cuisine sous les impulsions de son hôte pour prendre un rapide et silencieux petit déjeuner. Telkion, qui avait déjà mangé et qui s'était assis en face d'elle, s'étonnait de ne pas l'entendre dire un mot. Cette pensée dut se refléter sur son visage car l'adolescente le regarda suspicieusement.

"-Qu'est-ce que j'ai ?

-Rien du tout.

-Ben alors pourquoi vous me fixez comme ça ?

-Je me disais que tu n'étais pas aussi bavarde qu'hier soir.

-Ah bon ? "

Cela ne servait à rien de lui cacher la vérité mais il fut surpris qu'elle ne râle pas, certainement parce qu'elle mettait du temps à sortir du monde des rêves.
En fait si Niniel ne disait rien c'était parce qu'elle était ennuyée. Qu'allait-elle faire ? Comment allait-elle progresser ? Puis elle se souvint qu'elle voulait aller aux temples. Mais elle ignorait leur emplacement. Aussi bien que ces saints édifices qu'elle-même. N'ayant pas fait attention la veille, elle ne savait pas du tout dans quel coin de Luinwë elle avait atterri. Un peu pensive et -sans le vouloir- prenant l'air d'une enfant de six ans, elle posa sa petite cuillère à côté de sa tasse avec douceur et parla d'une petite voix.

"Dites...Vous ne savez pas où se trouve un temple ici ?"

Au départ le vieil elfe crut qu'elle allait lui faire un mauvais tour. Il ne l'avait jamais vu prendre ses airs fragiles de gamine qu'elle était. La veille c'était une petite fille fière et curieuse comme impulsive qu'il avait invité chez lui. Voyant qu'elle semblait se raccrocher à cette idée et sachant maintenant qu'elle ferait ce qu'elle dirait, il lui offrit un doux sourire. Dans les yeux verts de la jeune elfe se reflétaient l'angoisse et un peu de doute. Elle semblait ne pas savoir quoi faire.

"-Bien sur, il y en a deux. Un sur une île, c'est le temple de Moura. Puis un autre, à l'extérieur de la ville, celui de Yuimen. Mais pour celui de Moura il faut payer."

Cela embêta la jeune fille. Elle ignorait si elle allait devoir acheter des choses qui seraient nécessaires pour son voyage. Pourtant elle ne voulait pas rester la journée chez Telkion à ne rien faire...Ou même rester tout court. C'était gentil à lui de l'avoir héberger pour une nuit mais ce n'est pas comme ça qu'elle apprendrait encore des sorts.

(Comment je vais faire ?...Je vais d'abord faire les magasins de la ville et...)

Puis, comme un éclair, le conseil qu'elle cherchait si ardemment la veille lui revint en mémoire. Forcément, quand elle avait repensé à la ville elle s'était rappelée la petite fille,son intervention magique..."Mon enfant, si tu veux être un jour guérisseuse il faut s'entrainer encore et toujours ! Les plus grands se sont entraînés des années et toi aussi si tu veux poursuivre leur art.". S'entraîner...Vu l'heure, elle pouvait aisément s'y mettre et parcourir -une fois de plus- Luinwë dans l'après-midi. Le vieil elfe la ramena brutalement à la réalité.

"-Niniel ? Pourquoi ? Tu veux y aller ?

- Pas maintenant mais plus tard, oui ! D'abord, il faut que je m'entraîne. Heu....Il n'y aurait pas une pièce lumineuse ?

-Si tu parles d'une salle aménagée, non il n'y en a pas dans ma petite maison. Ouvre bien grand les volets dans le salon et ça fera l'affaire non ?"

Elle dut se contenter de cela. Elle ne voulait pas que quelqu'un la regarde faire mais elle n'avait pas le choix. Cependant elle le précisa à l'elfe. Il lui assura qu'il ne viendrait pas la déranger avec un grand sourire sur ses lèvres. Elle savait qu'il se moquait d'elle . Elle ferma la porte et alla s'asseoir rageusement en tailleur sur les coussins qu'elle avait éparpillé au sol, les mains crispées sur ses genoux. Elle respira bruyamment pour chasser toute frustration avant de s'exercer.
Elle se détendit, laissa ses bras ses jambes et fouilla à l'intérieur d'elle-même. Elle essaya de trouver la lumière le plus vite possible et de l'amener au bout de son bâton qu'elle avait à côté d'elle et qu'elle prit. Faisait-elle cela consciemment ? Non, sinon elle se réveillerait et sortirait de sa transe, elle le savait. Elle avait du mal. Niniel voyait des traits de lumière mais n'arrivait pas à les suivre. Ils allaient trop vite. Alors elle essaya d'en attraper un mais ils fuyaient. Cela commença à l'énerver, respirant bruyamment, elle redoubla d'effort. C'est au bout d'une dizaine de minutes qu'elle arriva à en attraper un. Puis, comme apprivoisé d'un coup, les autres traits de lumière eurent l'air de ralentir. Elle pouvait les suivre tout en tenant mentalement celui qu'elle avait attrapé. Elle arriva au plus profond d'elle-même où tous les traits se rejoignaient, s'emmêlaient, se mélangeaient. Elle lâcha celui qu'elle avait réussi à capturer puis se concentra sur la masse lumineuse, lui ordonnant de venir à elle. Doucement certes, mais surement, la lumière lui obéit. Elle la dirigea vers son bras gauche, puis sa main et enfin elle fit briller son bâton dans son entier. Niniel ouvrit les yeux. Elle voyait la lumière qu'elle produisait mais elle était floue. Elle remarqua qu'elle était trempée. Elle avait tellement fait d'effort qu'elle avait transpiré. Elle essuya son front avec la manche de son habit et continua de fixer son bâton.

(Bien, la première étape est faite !) se dit-elle, satisfaite.

Puis l'adolescente chercha quelque chose en elle. Elle essaya de concentrer la lumière juste en haut de celui-ci. Cette étape n'était plus aussi dure, aussi, arriva-t-elle assez vite. Elle cessa d'émettre de la lumière, son intensité baissant progressivement. La jeune elfe comprit pourquoi elle avait été si fatiguée en faisant de la magie la veille. Elle ne s'était pas entraîner et n'avait pas vraiment pris le temps d'exécuter chaque étape et cela l'avait épuisée. Se rendant compte qu'elle avait du mal à atteindre la lumière au fond d'elle, Niniel se concentra à nouveau et réitéra la première étape de l'exercice afin de mieux la maîtriser.
Cela l'occupa durant l'autre partie de la matinée. Une fois qu'elle jugea s'être assez entraînée, elle remit tout en place puis alla se passer un coup d'eau fraîche sur le visage. Mais la sueur avait un effet de colle et ses vêtements étaient plaqués contre elle. L'adolescente dut se résigner à prendre une douche. Après tout, elle n'était pas certaine qu'elle pourrait prendre des douche quand elle voulait, autant le faire maintenant. Quand elle se sécha, elle ne revêtit pas ses autres vêtements de rechange propre mais la robe que Telkion lui avait offerte la veille. Elle ne la serrait pas, était à la bonne taille et surtout, elle était légère ! Pourtant Niniel n'avait pas froid en la portant. Contente d'elle, la jeune elfe rejoignit son hôte dans la cuisine.
Elle n'était pas aussi petite qu'elle ne l'avait imaginé mais elle s'attendait à voir les meubles en chêne. Ils étaient assez travaillés et bien qu'une cuisine devait avant tout avoir un côté pratique, celle-ci mettait en valeur les petites sculptures. Sur les portes des buissons étaient gravés, sur les meubles du haut elle pouvait voir des noix, des noisettes, des baies, toute cette nourriture que produit la forêt. Il y avait des angles travaillés qui représentaient des branches des arbres qui sortaient du mur pour soutenir les meubles. Sur un côté du mur elle put voir la tapisserie jaune pâle qui éclairait la pièce sans faire mal aux yeux. Le côté un peu passé de ce jaune adoucissait la pièce et il était agréable d'y venir. Puis elle observa la table, simple, de bois brut, le même que les meubles et deux chaises tout aussi simple recouvertes de fins coussins jaunes pâles. Apparemment le vieil elfe ne pouvait plus supporter le bois brut des chaises. La jeune fille pouffa de rire à cette pensée, ce que ne manqua pas de relever Telkion.

"-Qu'est-ce qui te fait rire ?

-Oh rien, rien..."

Elle prit place sur une des deux chaises et regardait l'elfe servir leur repas.

"-Tu es fatiguée ?

-Oui mais ça ira mieux en mangeant.

-Que comptes-vu faire alors ? Aller aux temples tout de suite ?

-Non...Je vais aller en ville d'abord pour m'acheter quelques petites choses dont je pourrais avoir besoin. Et après j'irai aux temples...

-Je vois. Mais tu sais, il faut payer pour aller au temple de Moura et tu...

-Je sais, ne vous en faites pas, j'ai ce qu'il faut !"

Telkion ne put qu'approuver et ils commencèrent à manger. C'est là où Niniel lui fit part de son ignorance géographique et l'elfe la renseignait avec force détails. Après cela elle finit rapidement son repas, prit ses maigres affaires, remercia encore Telkion de son hospitalité et de ses cadeaux en de fortes émotions. Le vieil elfe semblait un peu triste de la voir partir parce qu'elle avait apporté un peu plus de vie dans sa petite maison. Mais elle devait continuer son apprentissage et il ne pouvait que comprendre ce que cela signifiait pour elle. C'est en lui faisant signe de la main et en la voyant s'éloigner qu'il se séparèrent.

Joyeuse d'avoir une idée de ce qu'elle voulait faire, elle se mit à chantonner en balançant sa tête et en s'enfonçant dans les rues de la ville.

=>Les rues de la ville

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 Sujet du message: Re: Les habitations
MessagePosté: Mar 20 Sep 2011 13:14 
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Localisation: Luinwë
Ce matin-là, Kalissandre s’était levée de son petit lit moelleux pour s’habiller en hâte. Ses vêtements avaient été confectionnés par sa tendre mère couturière et la jeune demi-elfe les revêtait avec toujours beaucoup de respect. Le froid de la pièce ne l’encourageait pas à traîner et une fois prête, elle descendit au rez-de-chaussée, l’esprit encore embrumé par les rêveries de la nuit. En réalité, elle tenait plus de son père que de sa mère, de ce côté-là, et avait véritablement besoin de dormir de longues heures pour être en forme durant la journée. Parfois même, elle enviait les courtes méditations qui caractérisaient les elfes.

« Prête pour le grand jour ? »

C’était la voix familière de sa mère qui s’était déjà mise à l’ouvrage, probablement depuis de que les premiers rayons du soleil s'étaient mis à éclairer la région, aux alentours de six heure du matin. Derrière son atelier de couture, elle fixait sa fille et s’était interrompue dans sa tâche.

« Dans quelques minutes sans doute… », marmora Kalissandre qui sentait maintenant la pression lui monter tandis que l’évocation de ce fameux jour venait d’être faite. Elle avait décidé de se rendre à la milice de Luinwë afin de trouver un travail qui lui donnerait tout ce dont elle avait toujours rêvé : l’aventure, la pratique des armes et le service au peuple qui avait fini par l’accepter comme faisant partie du leur : celui des Hinïons et des Earions de pure souche.

« J’ai mal au ventre, comme la première fois que je suis allée à l’école militaire, tu te rappelles ? Je suis nerveuse. »

Mais l’école militaire n’avait pas été à la hauteur de ses attentes et Kalissandre s’était sentie obligée de l’arrêter, il y a quelques semaines de cela à peine. Il fallait ainsi espérer que l’emploi qu’elle convoitait saurait lui apporter mieux, mais la demi-Hinione refusait de toute façon l’idée que ce pût ne pas être le cas.

« Tiens, mange quelque chose, je t’ai préparé du pain chaud et une bonne tisane ne te fera pas de mal. De la camomille et de la valériane fraîche. Je savais bien que j’allais te retrouver dans cet état aujourd'hui ma Kali ! »

Un soupire vint ponctuer cette déclaration affectueuse. L’amour maternel se sentait dans chacun de ses mots et la brunette aimait tout particulièrement ces petites attentions qui lui rappelaient qu’elle n’était pas encore tout à fait une adulte. La vie semblait passer bien trop rapidement pour elle, en comparaison de ces elfes qu’elle côtoyait au dehors dans son quotidien. C’est donc tout naturellement que Kalissandre se complaisait à jouer ce rôle d’enfant attendrissante et dépendante.

« Merci », s’était-elle contentée de dire avec un sourire pincé. Elle n’était pas forcément bien disposée à sourire, mais le repas frugal qu’elle venait d’attaquer se chargea de la remettre d’aplomb et de lui donner meilleure confiance en elle.

« Bon… Je crois que quand faut y aller, faut y aller… », avait murmuré la demi-elfe qui tournait en rond pour achever ses préparations matinales. Ses cheveux furent brossés puis attachés en vitesse, son visage lavé à l’eau froide et son arc vérifié au centimètre près. Ce devait être l’objet de son recrutement et il était hors de question que son arme lui fasse faux bond au moment où elle avait le plus besoin de lui.

D’un pas mal assuré, Kalissandre prit ensuite la direction de la sortie de sa maison après avoir embrassé sa mère. Elle était tremblante et un nœud lui serrait les entrailles. Jouer son avenir et sa passion lors d’un ultime entretien n’était pas ce qu’il y avait de plus plaisant comme situation…

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