Chevauchant comme une folle à travers la prairie, je cherche à rejoindre au plus vite le campement des elfes gris que nous avons croisé. Laissant Harniän faire ce pourquoi il est fait, je tente de réfléchir à ce que je vais bien pouvoir raconter au prêtre de Lune. Plus je réfléchis, plus je m'aperçois que je suis dans la mouise. Comment pourrais-je convaincre un chef militaire aussi puissant qu'un prêtre de Lune de me suivre pour attaquer des orques alors que je n'ai rien à faire sur cette planète, que je n'ai aucune accréditation et en réalité pas plus de crédits vis-à-vis de lui qu'un adolescent de 90 ans. Cependant, Yuimen a été clair, c'est mon travail de convaincre les elfes gris de partir au combat, il doit savoir ce qu'il fait.
Le crépuscule est tombé quand j'arrive là où on s'est attardé avec mon père, le temps de faire boire les chevaux. Je ne prends pas le chemin qui descend à la rivière, mais le second, celui qui mène au campement orque. Je sers les poings sur mes rennes et ramène mon animal au trot, puis au pas. Je replace ma cape sur mes épaules, cachant mon épée, mais non mon bâton de magicien, ni mon arc en bois rouge d'ailleurs.
"Halte-là !"Je stoppe mon cheval calmement. Je m'attendais à trouver une sentinelle, je ne me suis pas trompée. Deux jeunes recrues, manifestement encore en formation, moins de 100 ans donc, m’interpellent avec leurs lances rouge-doré dans le crépuscule. Elles portent les armures argentées, les capes bleues brodées d'arabesques argentées. Je soupire devant cette garde si ridicule, je pourrais les tuer d'un sort ou d'un coup d'épée, mais je ne suis pas là pour blesser quiconque.
"Donnez-nous vos armes et descendez de cheval !"Je soupire, même pas un bouclier magique en protection avant de s'approcher d'un inconnu armé et à cheval, ces jeunes sont des inconscients et ont de la chance que je ne cherche pas querelle aujourd'hui.
Doucement, je détache mon arc, mon bâton et mon épée et leur tends ainsi mon équipement, sans mouvement brusque avant de mettre pied à terre.
Nous avons à peine fait une vingtaine de pas en direction du campement qu'un cri retentit :
"C'est elle ! C'est un des deux cavaliers qui se sont enfuis y a 2 semaines !"Cette voix-là est sans doute celle d'un des jeunes qui ont cherché à nous arrêter, mon père et moi alors que nous nous rendions vers les dryades.
(Ils en ont mis du temps pour me reconnaître.)(Ca fait quinze jours, quand même et t'as changé de coiffure.)(Oui, mais mon cheval, ma cape, mes équipements sont les mêmes !)"Mettez-la aux arrêts !"C'était moins prévu, mais pour le moins prévisible malgré tout. Une voix issue de nulle part, se décide à m'arrêter, c'est sans doute un gradé vu le ton autoritaire. Les deux jeunes me regardent sans trop savoir quoi faire, encombrés de mon matériel.
(Tu comptes faire quoi ?)(Si je m'enfuis ou que j'attaque, je perds toutes les chances de les convaincre. Je vais donc les aider.)Connaissant les coutumes des Sindels, je détache ma cape que je laisse choir au sol. J'ôte mon sac trop lourd de mon épaule et ôte mes bracelets de protection ainsi que mes jambières et mon diadème. Debout, les mains tendues, j'attends, un sourire au coin des lèvres, les cordes qui arrivent.
"Bon, vous obéissez, où il faut que je vous attaque pour que vous réagissiez."Manifestement, ils ne sont pas habitués à avoir une personne qui vient gentiment se livrer et craignent un piège. Je soupire en hochant la tête, si j'avais voulu leur faire du mal ça ferait déjà longtemps que je l'aurais fait et qu'ils n'auraient rien pu faire. Un supérieur à la cape vert émeraude arrive enfin et regarde la situation l'air de n'y rien comprendre. C'est un bel elfe mâle, à peu près du même âge que moi, les yeux bleus, le nez fin, les oreilles un peu longues à mon goût cependant. Contrairement aux recrues, leur chef, après les avoir houspillés, se décide à m'attacher les mains avec une vulgaire corde.
(Heureusement que je ne suis pas dangereuse, je pourrais briser cette cordelette sans difficulté, en fait, je pourrais les attaquer les mains attachés sans plus de difficulté.)(Oui, mais tu n'en feras rien.)"Venez avec moi, on va vous placer dans une cellule en attendant votre audition.""Si vous y tenez.... Je verrais le prêtre de Lune quand ?""Vous connaissez les prêtres de Lune ? Nous n'en avons jamais parlé aux dryades !""Parce que j'ai l'air d'être une dryade peut-être ?""Vous avez l'air d'une vulgaire métisse. C'est étrange d'ailleurs. J'ai jamais entendu parler d'elfe gris ayant des rapports avec les dryades. C'était votre père ou votre mère qui nous a trahi ?""Mais de quoi parlez-vous, apprentis de Lune, mes deux parents sont de notre peuple, mon père était voyageur, ma mère est maîtresse artisane.""Oh, ne vous fâchez pas... Mais les apparences sont trompeuses."Nous entrons alors dans le campement des elfes gris, passant une herse de bois. J'ai donc été repéré de loin manifestement. Ca me rassure un peu sur la capacité militaire des elfes gris, je dois l'avouer, car je commençais à avoir peur.
(((>>> Les campements)))