Après un "voyage" rapide et différent de toutes les téléportations que j'ai connu, je me retrouve dans la ville de l'homme au chapeau. Le portail se referme derrière moi et je constate que Xël n'a effectivement pas pu me suivre. J'en suis à la fois triste et heureux. Triste, parce que je commençais à l'apprécier et heureux pour la même raison, puisque ici, le danger va régner et je ne voulais pas qu'il risque sa vie bêtement. Encore un peu dérouté par mon voyage express, je remarque assez tardivement ce qui m'entoure. La ville est...massive, gigantesque, impressionnante. Il n'y a rien de comparable sur Yuimen. Mais bien rapidement j'arrête d'admirer la cité pour rejoindre l'homme au chapeau et le spectacle qui s'offre à moi est...terrifiant. Même si ce que je vois est indescriptible, il y a un mot qui s'en rapproche : Le chaos. Des soldats innombrables, des armes de siège qui, bien que ridicules par rapport aux murailles de la cité, s'acharnent à accomplir leur funeste besogne. Des cris, des flammes, des morts probablement, en grand nombre...
Je ne peux détacher mes yeux de l'horrible scène qui se joue ici bas, et je ne peux m'empêcher de faire le lien avec mon passé. Même si la bataille n'avait pas la même envergure, elle était en tout point identique. Les flammes, les odeurs, les cris, tout provoque en moi un mélange de peur, de colère et de tristesse. Mon village, détruit en moins d'une nuit malgré la bravoure de mon père et des autres, le début de ma fuite, la disparition de ma sœur. Tout avait commencé exactement de la même façon et je ne supporte pas de voir le schéma se répéter. Je ne peux empêcher mes mains de se crisper, mes yeux de s'humidifier...Et dire que je suis un sergent de cette armée. Comment ai-je pu accepter une telle offre ?! J'étais en colère certes, mais je n'ai fait que me cacher la vérité. Ce n'est pas la soif de pouvoir qui m'a forcé à accepter, mais la peur. Cette peur que j'avais juré de combattre après avoir parlé avec Ezak et Sirat. Sur Yuimen comme sur Aliaénon, Oaxaca n'est que destruction et je me rends compte que c'est probablement elle qui, directement ou indirectement, est à l'origine de la destruction de mon village. C'est elle qui perverti l'esprit des gens, qui m'a trompé par le biais de Cwedim. Je ne peux plus le supporter.
Dans un élan de colère, ma main vient se poser sur le symbole d'Oaxaca qui trône sur ma poitrine. Je le sers jusqu'à m'en écorcher les doigts avant de l'arracher d'un coup sec et de le lancer dans le vide. Je ne veux plus faire partie de l'armée du mal incarné, je ne peux plus. Il est temps que les choses changent, que quelqu'un se décide à se dresser contre cette catin pour lui botter le cul. Et Aliaénon ne sera que la première étape. Je ne prétends pas y arriver seul, loin de là, mais je vais faire tout mon possible pour que des drames comme ceux de mon village et de Esseroth ne reproduisent plus. Je me rapproche alors du chapeauté et pose ma main sur son épaule. Certes la situation semble désespérée, mais il faut agir, réfléchir rapidement et agir tout aussi prestement. Mais pour l'instant il n'y a qu'un mot qui me vient pour répondre aux craintes de notre guide.
"Survivre."
Survivre. Voilà ce que je fait depuis plus de dix ans maintenant. Mais quand on voit l'ampleur de ce qui se passe ici, ce ne sera pas suffisant. Je poursuis donc.
"Il faut survivre. Cette bataille est sans aucun doute perdue, mais la guerre ne fait que commencer. Je ne sais pas quelle importance vous accordez à cette cité, mais ce ne sont finalement que des pierres. Il faut battre en retraite, sauver le plus de vie possible et préparer une contre attaque. Mais il faut agir tout de suite. On ne peut pas rester ici à regarder votre peuple se faire massacrer inutilement."
Je lui sers l’épaule un peu plus fort et le secoue légèrement.
"Mais il faut vous ressaisir! Je veux bien faire mon possible, mais sans votre aide, je suis inutile. Renseignez-moi. Dîtes-moi tout sur votre cité. Les possibilités de retraites, les aptitudes de votre armée. Le moindre détail est important."
Je me retourne alors vers l'archère sauvageonne qui nous a suivi.
"On va avoir besoin de toi. Toutes les paires de bras sont bonnes à prendre."
La guerre vient de commencer...et je suis prêt à entrer en scène.
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Car celui qui aujourd'hui répand son sang avec le mien,sera mon frère. - William Shakespeare
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