L'Univers de Yuimen déménage !


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 Sujet du message: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Lun 26 Sep 2016 17:09 
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    En sortant du tunnel, les elfes purent enfin observer ce que l'on nommait "Terres Désolées", et comprendre toute la signification de ce terme. Il n'y avait pas un brin d'herbe, pas le moindre signe de vie, même les montagnes, en dehors de la seule survivante, face à eux, qui ressemblait plus à une grosse vallée qu'à un véritable mont, étaient absents du paysage. En fait, il n'y avait pas des paysages au pluriel, mais un seul, morne, unique. Un banc de terre si aride qu'il semblait que rien ne pourrait jamais y pousser, grise tant elle avait été vidée de toute vie, et craquelée par le manque d'eau. Quelques arbres morts depuis bien longtemps sortaient du sol, ci et là, témoins d'une époque bien révolue. Et rien d'autre à perte de vue. Une vue plus que limitée compte tenue de la pénombre qui avait recouvert le monde. La nuit était tombée, et seule la clarté d'une lune à l'apparence bien plus imposante que celle de Yuimen les éclairait.

    A peine eurent-ils esquissé quelques pas que Tanaëth put sentir ses paupières devenir lourdes. Il pourrait chasser l'impression de langueur qui parcourait son corps quelques fois, mais peu importe la résistance qu'il y mettrait, ses yeux finiraient par se refermer, et il dormirait bientôt à poings fermés, s'effondrant au sol par la même occasion.



??? (Tanaëth)


    Lorsqu'il rouvrit les yeux, Tanaëth n'était plus dans les Terres Désolées. Plus du tout, même. Autant lui que sa faera, complètement perdus, se trouvaient sur une gigantesque plaine d'herbe verte, bordée, au loin, de quelques arbres touffus. Le tout était baigné de la clarté de la lune. Mais une lune si lumineuse, si belle, qu'elle resplendissait presque comme le soleil. A quelques pas de là, debout, une sindel les observait avec curiosité. Vêtue d'un simple linge blanc, une gigantesque chevelure de la même couleur tombait en cascade sur ses épaules grises. Elle était envoûtante, tant par sa beauté que par son aura.

    « Ethërnem ? » demanda la femme, surprise.


[Tanaëth : 0,5 (introspection) ; 0,5 (informations) ; 0,5 (découverte des plaines désolées) ; 0,5 (qu'est-cequedoncquec'estquisepassedonc? #suspens) 2,5 (bonus longueur)
Irina : 0,5 (introspection) ; 0,5 (informations) ; 0,5 (découverte des plaines désolées) ; 0,5 (équipement) ; 1,5 (bonus longueur)
Arkalan : 0,5 (introspection) ; 0,5 (informations) ; 0,5 (découverte des plaines désolées) ; 0,5 (équipement) ; 1 (bonus longueur)
Kay : 0,5 (introspection) ; 0,5 (informations) ; 0,5 (découverte des plaines désolées) ; 0,5 (équipement) ; 1 (bonus longueur)

Attention attention, sortie de la zone d'introduction, allez donc lire le dernier encart du panneau d'affichage, le message présent vous est destiné.]

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Mar 27 Sep 2016 20:13 
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Inscription: Dim 25 Mar 2012 14:07
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Nous nous installons finalement dans ce qu'ils appellent le train. Je prends soin de me mettre derrière afin de n'avoir personne derrière moi.

La sœur souriante nous souhaite alors bonne chance avant que nous nous retrouvions enfermés sous une paroi transparente me mettant plus que mal à l'aise et durant le long trajet que nous parcourons ma main ne se dessert pas du manche de mon couteau et mes yeux ne quittent pas Irina malgré les lumières hypnotisantes qui défilent.

Après de longues heures, le transport s'arrête et accepte de nous laisser sortir. Je ne me précipite pas malgré l'inquiétude que le wagon se ferme à nouveau et parte en sens inverse. Je laisse les autres passer devant, monter les marches et ouvrir une porte qui nous mène à l'extérieur, dans les terres désolées.

Il fait nuit mais mes yeux et la clarté de la lune me permettent de voir le paysage fidèle aux descriptions des trois sœurs. Une terre aride, sèche, grise, morte.

Il n'y avait décidément rien de beau sur cette planète et j'ignore pourquoi je suis si surpris. Je repère assez rapidement la montagne qu'il faut atteindre et me prépare mentalement à une longue marche dans la fraicheur nocturne du désert. Mais contre toute attente, j'aperçois le Sindel qui s'effondre.

Très vite mon corps me crie danger. Mes poils se hérissent, mes muscles se crispent, mes sens se mettent en alerte pour détecter la moindre ombre, le moindre bruit, la moindre odeur.

Mais mon bon sens me pousse à la réflexion. Comment pourrait -on nous attaquer dans un tel lieu ? Il n'y a aucune cachette où se dissimuler, s'il y avait un agresseur, il aurait déjà été repéré.

Ce simple fait me rassure et je desserre ma prise sur mon arc.

En tendant l'oreille j'entends un souffle régulier, une respiration qui me fait penser à quelqu'un d'assoupi.

Je pointe mon regard vers la provenance du bruit. Tanaeth. Il dort.

Voilà pourquoi il s'est effondré, il s'est juste endormi. Je doute qu'on tombe ainsi de sommeil au milieu de nulle part, même fatigué, surtout qu'il n'avait pas l'air spécialement épuisé. Je jette un regard vers son acolyte semi-elfe, cherchant à voir chez elle si voir son compagnon tomber de fatigue n'importe où est quelque chose de fréquent. Mais sans attendre vraiment une réaction de sa part je me permet d'en douter.

Je pense du coup à un empoisonnement. Je réfléchis, cherchant dans ma mémoire à me rappeler s'il a mangé ou bu quelque chose à la maison des sœurs, mais je suis presque certain que non. Mes soupçons se tournent immédiatement vers Irina, de même que moi et mon arc bandé à la vitesse de l'éclair.

Quelle légèreté, quelle facilité, j'en suis presque surpris.

Les sourcils froncés, l'air déterminé, je la vise au niveau de la poitrine et la tient en joue.

"Ne fais pas un pas vers lui ou je t’abats."

Lui déclarais-je calmement malgré ma colère apparente.

"Tu es la seule à être restée assez proche de lui assez longtemps pour avoir pu lui inoculer un poison."

L'étreinte de leurs mains allant jusqu'au sang me revient en tête, affirmant mes accusations.

"Voilà ce qui arrive quand on décide de jouer avec une femelle Shaakt sans se méfier de sa fourberie."

Je suis à deux doigts de lâcher la corde, ne lui laissant aucun bénéfice du doute. Pourtant, des doutes il y en a. Pourquoi un poison qui le fait dormir mais qui ne le tue pas ? Est-ce que c'était au cas où cela agirait trop tôt ? Est-ce que le poison va finir par le tuer ? Est-ce qu'elle voulait simplement profiter de lui pendant son sommeil pour gagner le jeu sensuel qu'ils jouent depuis leurs rencontres ?

J'ai une grimace de dégout à cette hypothèse.

"J'aime autant te prévenir que s'il ne se réveille pas tu n'iras pas plus loin dans ce désert. "

De toute manière, on ne peut pas avancer sans l'abandonner là. Je doute que l'un de nous ait la force de porte un Sindel lourdement équipé.

" La meilleure chose à faire est de retourner à l'abri derrière la porte d'où nous venons pour se protéger du froid qui va s'abattre ici. En attendant de voir s’il se réveille. Ou non."

Je prononce ces derniers mots en fronçant d’avantage les sourcils. Toujours calme, la respiration régulière pour ne pas déranger ma stabilité.

Je n'ai aucune affinité avec ce Sindel mais il est hors de question que je laisse être une victime d'une Shaakt. De plus, il sera sûrement très utile pour notre mission et à ce titre, j'espère sincèrement qu'il va se réveiller. Bien que je me réjouirai si ma flèche transpercerait le cœur de cette garce à la peau noire.

Mais aussi pénible qu’il soit de l’admettre, je ne peux pas tenir Irina en joue toute la nuit malgré le système facilitant la traction de la corde.

Je n’aurais pas dû m’emporter mais ma rage contre les femelles Shaakt est trop forte. J’ai fait une erreur en la provoquant, maintenant je me retrouve coincé. Si je baisse mon arc, je prends le risque de subir une attaque. Si je le garde levé, je m’épuiserai et ça me rendra forcément plus vulnérable. Une solution serait de l’abattre, ici et maintenant. Une solution qui éviterait certainement d’autres problèmes.

Mais un pincement au fond de moi me dit que ce ne serait pas correct, pourtant je sens que mes doigts sont prêts à lâcher, qu’une fois le projectile parti je me sentirai soulagé qu’une personne comme elle meurt et pourrisse dans cet endroit.

Je ne peux pas lui faire confiance. Je ne peux pas baisser mon arc. Alors pour l’instant je me contente d’attendre, prêt à tirer au premier geste brusque ou à baisser mon arc à la première phrase qui pourra me convaincre qu’Irina n’est pas responsable de cette sieste si soudaine.

((1030 mots))

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Mer 28 Sep 2016 18:32 
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Lorsque nous sortons enfin du tunnel, c'est pour découvrir ces fameuses terres désolées dont nous avons entendu parler. Je sens mon coeur se serrer dans ma poitrine et, en mon âme, ma Faëra qui se blottit plus étroitement contre moi. Ce monde, ce lieu en tout cas, est mort, tragiquement mort. Nulle vie, nulle couleur, seules les silhouettes décharnées de quelques arbres trépassés depuis une éternité troublent la monotonie du paysage. Pas la moindre trace d'eau ou même d'humidité, le sol n'est que poussière craquelée, grisâtre. Les plantes les plus coriaces de nos déserts n'y trouveraient certainement pas de quoi germer. Les montagnes elles-mêmes, au loin, semblent rechigner à s'élever. On les dirait usées jusqu'à la trame, affalées comme si elles n'avaient plus le moindre espoir de voir un jour ce monde renaître. Une sourde mélancolie m'envahit, si profonde que je pressens que ses racines plongent plus loin que ma naissance, infiniment plus loin. Et parce que je suis ce que je suis, j'en connais la source, je ne la connais que trop bien: Eden...Eden...notre terre...le monde de nos origines, anéanti par la folie de mon peuple. Jamais plus qu'à cet instant je ne me suis senti seul, éternel exilé et fugitif, représentant d'un peuple déchu dont les racines amères se perdent dans un abîme d'inexistence.

Deux larmes roulent sur mes joues, je ne songe même pas à les essuyer, je les offre à cette terre. Qu'ont-ils fait? Qu'avons-nous fait? Ô, Sithi...qu'avons-nous fait...

Je me sens las, vidé de toute énergie. J'étouffe un bâillement et tente de me reprendre, ce n'est pas vraiment le moment de piquer un somme ou de sombrer dans la déprime! Je remarque vaguement qu'il fait nuit et qu'une lune bien plus imposante que celle de Yuimen répand sa lueur blafarde sur le monde, suffisante pourtant pour que j'y voie parfaitement. Mes paupières se ferment malgré moi, une fois, deux fois, puis...une fatigue écrasante s'abat sur moi, incompréhensible, incontrôlable. Je sens encore vaguement mes jambes se dérober sous moi puis...plus rien. Plus rien que les ténèbres.

***


Je m'éveille, lentement. Mes paupières s'ouvrent sur un paysage si totalement opposé à celui que je viens de quitter que ma première pensée est que, loin de m'éveiller, je rêve. Je suis allongé sur de l'herbe vigoureuse et pleine de vie, au sein d'une plaine qui s'étend à perte de vue. Au loin, des arbres touffus forment des taches plus sombres. Seul point commun: ici aussi il fait nuit. Dans les cieux, une lune fabuleuse trône, son éclat est tel qu'il rivalise avec celui d'un soleil. Jamais je n'ai vu l'astre nocturne paré d'une telle beauté, d'une telle perfection, jamais je n'ai même rêvé qu'elle puisse être si...féerique. Je me relève prudemment, mon regard parcourt les environs avec étonnement.

Mon coeur manque un battement, puis un deuxième. Dans ma poitrine mon souffle se fige, mon corps devient statue de pierre, plus lourd qu'une montagne. Le moindre geste m'est impossible, ma vie en dépendrait-elle. Mes pensées semblent prises dans une boue épaisse, collante, incapables de s'en dépêtrer et refusant obstinément d'assimiler ce que mes yeux viennent de découvrir. Je sais que c'est elle. Je le sais mais je ne parviens pas à l'admettre. Comment le pourrais-je? Plus rien n'a de sens, plus rien n'existe qu'elle. Et je ne peux croire ce que je vois.

Elle.

Vertige.

Des images. Des dizaines, des centaines, des milliers d'images m'assaillent subitement, sans pitié ni douceur. Décousues, sans ordre, sans la moindre espèce de cohérence. Je vacille et manque tituber, l'esprit au bord du gouffre, à un cheveu de la folie. Un nom s'échappe des lèvres de la femme Sindel devant laquelle je me trouve, prononcé d'une voix mélodieuse mais nuancée de surprise:

"Ethernëm?"

Vertige.

Des images. Une infinité d'images. Des vies, de nombreuses vies. La mienne. Les miennes. Un cycle sans fin de naissances, de vies, de morts, encore, encore et encore. A en avoir la nausée. A en perdre la raison.

Ethernëm Ithil. La Lune Éternelle. Mort dans les bras de Syriën quelques secondes après que le dernier Sindel, leur fils, ait franchi le fluide menant d'Eden à Yuimen. Edendhil Ithil, la Lune d'Eden, mort à l'âge de quarante-sept ans d'une chute de cheval. Lewënth Ithil, la Lune des Larmes, mort à l'âge de quatre cent dix-huit ans dans un combat contre des Shaakts. Et d'autres, tant d'autres, succession de vies, et de morts, jusqu'à...Tanaëth Ithil. La Lune de Feu Occulte. Mort à l'âge de cent vingt-cinq ans de la main d'une Shaakte dans les terres désolées d'Izurith. Mort à l'âge de deux cent soixante-six ans d'un coup de poignard dans le dos. Mort à l'âge de neuf cent trois ans, écrasé sous le projectile d'une catapulte. Mort à l'âge de mille trois cent quarante-deux ans d'un sort d'Obscurité. Mort à l'âge de deux mille deux cent cinquante-huit ans, le souffle d'un dragon cette fois. Mort à...

(TANAËTH! ARRÊTE!)

Une image, unique. Un répit, l'oeil du cyclone, un infinitésimal instant figé dans l'éternité. Ici, et maintenant. Le présent. La Lumière.

Elle.

Deux océans de mercure liquide, sans fond, hypnotiques, me dévisagent avec curiosité. Ils sont les indescriptibles joyaux d'un visage, de son visage, l'avatar ultime de la beauté Sindel. Celui que le plus génial ou le plus fou des artistes n'a jamais pu qu'esquisser grossièrement, vague ébauche maladroite d'un idéal à jamais inaccessible. Ce visage sublime est entouré d'une longue, très longue chevelure soyeuse d'un blanc pur qui lui crée un écrin somptueux, à la fois d'une infinie douceur et d'une absolue froideur. Au sein de cet écrin de givre, sous son visage, son corps, qui n'est dissimulé que par une simple toge blanche. Aucun mot ne peut le décrire, même approximativement. Les concepts de beauté, de grâce ou de charme, paraissent creux, insuffisants, vulgaires. Je ne parlerai jamais de l'apparence de Sithi, je ne la décrirai pas, jamais, à qui que ce soit. J'en serais incapable, j'en suis indigne, aucun mortel ne devrait avoir la prétention de le faire. Mes lèvres s'entrouvrent pour exhaler un murmure incrédule, subjugué, à jamais ensorcelé:

"Sithi..."

Je devrais tomber à genoux, me prosterner, m'incliner au moins! Mais mon corps ne m'obéit pas. Dans un état totalement second, je sens mes jambes me porter vers elle, n'arrêtant de se mouvoir que lorsque je suis assez proche pour pouvoir la toucher en tendant le bras. Bras que je sens se lever, indépendant de ma volonté, prolongé d'une main. Ma main, la droite, qui dessine lentement du bout des doigts les courbes de son visage sans pourtant le toucher. Je n'ai pas détaché mon regard du sien, je ne le peux pas, l'idée ne m'effleure même pas. Quelque chose au fond de moi, un vague, très vague reste de raison, me hurle que mon geste est déplacé, d'une audace inacceptable. Que je commets un blasphème qui devrait me valoir une mort immédiate. Mais la mort, ma mort, mes morts, je viens de les voir, de les...vivre. A cet instant plus rien ne les séparent de la vie, il n'y a plus de frontière pour la simple raison que j'ignore totalement si je suis encore vivant, mort depuis quelques minutes ou tombé il y a des millénaires. Ce que je sais avec la plus absolue certitude, c'est que je n'ai pas revu Sithi depuis la chute d'Eden, dans aucune de mes vies je ne suis parvenu à la retrouver. Et elle est là, maintenant, devant moi. Si proche que je pourrais la toucher, plus inaccessible pourtant que le rêve le plus insensé. Quelques perles salées glissent sur mes joues, issues cette fois d'une joie indescriptible qui jaillit en moi comme l'eau pure et limpide d'un puissant torrent né de la montagne. A nouveau mes lèvres s'ouvrent, laissant quelques mots s'échapper dans un souffle alors que mes doigts se portent à ma joue pour frôler le discret tatouage en forme de croissant de lune qui s'y trouve:

"ullume au oialë"

Pour toujours et à jamais. Notre pacte. Mon serment, celui que j'ai prononcé sur le plus haut sommet d'Eden il y a vingt-deux mille trois cents vingt et un ans, crépuscule pour crépuscule. Le sien, celui qu'elle a prononcé en m'offrant ce signe tatoué à même ma peau. Tant de souvenirs se sont perdus au cours des âges, la plupart en fait, je ne me souviens presque pas de mes existences passées. Il n'en reste que quelques images, fugaces comme un coucher de soleil, impalpables comme des rêves qui s'enfuient au réveil. Mais cet instant là, ce souvenir précis, le plus sacré d'entre tous, Syndalywë en a été la gardienne et m'en a fait don dans cette vie. Tout comme elle a partagé avec moi les derniers instants d'Eden, les ultimes images d'un monde à l'agonie, notre monde.

Je baisse les yeux, brutalement submergé d'une insondable tristesse, d'une honte écrasante:

"Eden...j'ai échoué..."

Les Ténèbres. Tout n'est que ténèbres, cendres et amertume depuis ce jour fatidique. Et pourtant...pourtant il reste en mon âme une lueur, infime, tremblante comme la flamme d'une bougie sur le point de s'éteindre. Paradoxalement je sais que, si moribonde qu'elle puisse sembler être, cette minuscule lumière ne peut être soufflée. Tout pourrait s'écrouler, cent mondes pourraient être anéantis, il me restera toujours cette petite flamme: ma foi en notre Créatrice. Une confiance sans faille que rien, absolument rien ne peut fissurer ou même simplement éroder. "ullume au oialë", pour toujours et à jamais. Que puis-je savoir des desseins de Sithi? Rien, rien du tout. Je n'entrevois qu'une fraction absurdement réduite de ce qu'elle voit, de ce qu'elle sait. A cette aune, l'échec, mon échec sur Eden était peut-être nécessaire, salutaire ou plus simplement inéluctable? Lentement mes pensées s'ordonnent, forment une trame que je connais depuis longtemps mais dont je réalise que je n'en ai jamais saisi les implications fondamentales. Sithi nous a offert la vie, certes, mais elle nous a aussi offert un autre présent inestimable: le libre arbitre. Elle ne s'est pas positionnée comme une Divinité qui ordonne et contraint, elle a endossé un rôle de guide, de protectrice, nous laissant libres de faire des erreurs mais nous en protégeant si besoin. Nous ne sommes pas ses prêtres ou ses adeptes, nous sommes ses enfants.

Les yeux toujours rivés au sol, je sens un léger sourire renaître sur mes lèvres. Tout peut s'écrouler, hormis une chose. Je relève lentement les yeux pour les plonger à nouveau dans ceux de Sithi. Le temps s'arrête, je me noie dans ce regard qui voit tout de moi, les battements de mon coeur et mon souffle accélèrent doucement. Je me noie mais je ne sombre pas, dans mes prunelles brille une détermination farouche, je suis son Fils et j'en suis immensément fier:

"Je n'ai pas oublié."

Je ne considère pas Sithi comme une Déesse au sens commun du terme, la relation que nous avons avec elle est d'une toute autre nature. Plus intime d'une certaine façon, je la vois comme une mère, une grande soeur, mais aussi comme une femme. J'éprouve un immense respect pour elle, un amour infini aussi, plus pur que n'importe quel autre. De l'admiration également, comment ne pas en éprouver? Il y a aussi une forme de désir qui naît alors qu'elle se tient si proche, plus puissant et plus profond que celui que pourrait insuffler n'importe quelle autre femme, mais je n'envisage pas une seconde de l'assouvir, je n'y songe simplement pas. Elle est totalement inatteignable, même si je sais qu'elle s'est unie autrefois avec un Sindel, qu'elle a enfanté Syriën qui fut mon épouse dans cette autre vie où je portais le nom d'Ethernëm. Mais c'est une porte rigoureusement close, plus encore: qui n'existe pas. Il n'y a qu'elle qui puisse la créer, l'ouvrir, il ne me viendrait pas à l'idée de seulement sous-entendre qu'elle pourrait exister, j'ai bien trop de respect pour elle.

Reste que je ne sais pas pourquoi je suis là ni comment je suis arrivé ici, par quel merveilleux miracle je me trouve devant elle à cet instant. Peut-être simplement parce que cela devait advenir. Elle a semblé surprise de me voir pourtant, ce qui ne manque pas de me rendre perplexe. Mais, à la réflexion, il est fort possible que son regard ne puisse percer les trames de Yuimen, la scission du fluide de Vision pourrait l'en empêcher. Ce qui expliquerait son étonnement. Je me demande s'il y a des Sindeldi sur ce monde, si elle les côtoie comme elle nous côtoyait sur Eden. Étrangement, j'en viens à m'interroger aussi sur ce qu'elle a vécu depuis la dernière fois que nous nous sommes rencontrés. Mais était-ce bien moi, ou n'est-ce que des souvenirs provenant de Syndalywë, si intimement partagés que j'en viens à les considérer comme étant les miens? Je ne sais pas, cela n'a pas tellement d'importance. Je me demande quels sentiments elle a éprouvé depuis ce jour lointain, si elle a aimé ou haï, quels ont été, sont, ses espoirs et ses craintes. A-t'elle souffert, a-t'elle pleuré, s'est-elle sentie abandonnée alors que ses enfants se dispersaient sur divers mondes?

Vertige.

Il y a quelque chose de troublant à la voir ainsi, vêtue d'une simple toge blanche, seule au milieu d'une plaine infinie sur un monde inconnu. Malgré l'aura puissante et envoûtante qui l'entoure, il se dégage aussi d'elle une impression de fragilité, de pureté et de solitude poignante. Je n'ai pas vraiment l'impression de me trouver devant une divinité inaccessible mais plutôt devant une Sindel, une femme de mon peuple dont je serais très proche. Et je suis là, face à elle, avatar guerrier bardé de mithril et lourdement armé de puissantes reliques. C'est comme si les rôles s'inversaient subtilement, comme si par une étrange alchimie je passais de l'autre côté d'un miroir et que c'était maintenant à moi de la protéger, de veiller sur elle. Je devrais perdre pied, avoir honte de ces pensées, mais il n'en est rien. Syndalywë est silencieuse mais je sens sa présence en mon âme, plus fusionnelle que jamais, nos pensées se mêlent pour n'en former qu'une, je ne pourrais dire si cette perception surréaliste de Sithi est la mienne ou la sienne. Mais là encore cela n'a pas d'importance, nous sommes ensemble depuis la nuit des temps, "ullume au oialë", pour toujours et à jamais.

Vertige.

Des souvenirs, une infinité de souvenirs qui dansent une insensée sarabande en mon âme. Des sensations, des émotions de toute nature se succèdent à l'infini, prennent possession de moi, de mon âme, de mon corps. Je me perdrais sans espoir de retour dans cet ouragan infernal si ma Faëra ne veillait sur ma raison, mais elle est là et me guide sans faillir. Je sais au travers elle que cela ne dure que le temps d'un clignement de paupières, pourtant ces visions laissent en moi des traces profondes qu'il me faudra longtemps pour appréhender. Parmi ces traces, quelques sentiments plus intenses que les autres demeurent à l'orée de ma conscience, et c'est en les éprouvant comme s'ils étaient miens que je contemple maintenant Sithi. Mes pensées me ramènent finalement à quelques rares mots, les seuls en définitive qui vaillent la peine d'être prononcés:

"J'avais si peur de t'avoir perdue...je m'inquiétais pour toi...comment vas-tu, Bien-Aimée?"

J'ai instinctivement parlé en Sindel, plus précisément en Sindel d'Eden, une langue subtilement différente de celle que nous parlons aujourd'hui, plus archaïque d'une certaine manière, mais aussi plus pure. Ce terme de "Bien-Aimée" qui a jailli naturellement de ma bouche possède plusieurs significations selon la manière dont il est prononcé. Il peut s'adresser à une épouse, auquel cas son sens signifie quelque chose comme "Éternel Amour". Il peut aussi s'adresser à une enfant, auquel cas son sens s'approcherait de "Prunelle de mes yeux". Il peut encore s'adresser à une mère et se traduirait alors par quelque chose comme "Source de Vie". Mais la manière dont je viens de l'utiliser englobe tous ces concepts, c'est une profonde marque de respect, d'amour et de confiance. Il signifie que ma vie est indissolublement liée à la sienne, que ce lien qui nous unit est inaltérable, intemporel. Il ne manifeste aucune familiarité "vulgaire", pas plus que la vénération ou la dévotion que les croyants manifestent souvent à leurs Divinités.

Bien-Aimée...parfois il suffit d'un mot pour que la plus puissante des digues rompe.

D'un geste épuré à l'extrême, issu d'un Amour pur comme le cristal, je réduis à néant la distance qui me sépare de Sithi et l'enlace doucement pour la serrer contre mon coeur avec le plus profond respect, la plus immense tendresse. Elle est ma Mère, ma Soeur, ma Fille, ma Femme, depuis le premier crépuscule et pour l'éternité.

(env. 3000 mots)


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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Jeu 29 Sep 2016 12:22 
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 ???


    Lorsque Tanaëth enlaça Sithi, celle-ci sembla surprise quelques secondes, avant de poser une main réconfortante sur l'arrière de son crâne.

    « Voyons Tanaëth, tu as passé l'âge des câlins, » le réprimanda-t-elle gentiment en se défaisant de son étreinte avec douceur. « Oui, je sais qui tu es, » ajouta-t-elle, anticipant l'éventuelle surprise du Sindel. « Excuse-moi pour la confusion. C'est que tu as son regard. Pendant une seconde, j'ai cru m'être trompée. Mais c'est bien toi que j'ai convoqué ici, Tanaëth. Enfin, vous. »

    Elle leur tourna le dos avant de s'écarter de quelques pas. Là, elle leva les yeux au ciel, vers l'immense lune qui les baignait d'une douce lumière bleutée, et, sans se retourner, reprit la parole.

    « C'est pour sa lune que j'ai choisi ce monde. Il fait nuit une bonne partie de la journée ici. Mais malheureusement, ce qui est propice à ma survie ne l'est pas à la vôtre. »

    Elle avait prononcé ces paroles d'un air mélancolique. Mais lorsqu'elle se retourna, un sourire cachait sa tristesse.

    « Assez de ces larmes et de ces lamentations, voulez-vous ? Nous sommes ici pour célébrer un événement joyeux, après tout. L'avènement d'une nouvelle Lame du Crépuscule, après plus de vingt millénaires, je regrette de n'avoir pu convier plus de personnes. »

    Elle se tourna vers la faera, un sourire aux lèvres.

    « Car c'est bien ce que tu avais en tête, Sindalywë, celle qui a réussi là où j'ai échoué, non ? Donner naissance à une nouvelle Lame du Crépuscule. »


[Tanaëth : 0,5 (introspection) ; 0,5 (bonus : désolation d'Izurith) ; 1 (exploit : entretien avec un vampire une déesse) ; 3 (bonus longueur)]

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Jeu 29 Sep 2016 22:01 
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Sithi, passée une certaine surprise, pose une main sur l'arrière de ma tête en un geste réconfortant d'une tendresse indicible. Une part de moi-même comprend son étonnement, suis-je devenu insensé pour avoir osé tel geste, simple mortel que je suis? Une autre au contraire n'y voit rien que de très naturel, un retour aux sources, un retour aux temps de notre enfance en tant que peuple. Cette étreinte ne dure que quelques secondes, plus que suffisantes pourtant pour que les blessures de mon âme se referment comme par enchantement. Je ne peux exprimer, même en pensées, ce que je ressens durant le bref instant passé à tenir cette femme, cette Déesse, contre moi. Mes émotions et ressentis, mes sentiments, sont d'une intensité incommensurable, à la limite de l'insupportable. Je prends peu à peu conscience qu'il y aura un prix à payer pour ces secondes sacrées et enchantées. Non pas qu'elle l'exige, ce n'est pas dans sa nature, mais on n'enlace pas la grâce et la beauté incarnées sans qu'il y ait d'implacables conséquences.

Sithi se défait doucement de mon étreinte en me signalant que j'ai passé l'âge des câlins, m'appelant cette fois par mon prénom et ajoutant qu'elle sait qui je suis. Mon regard est identique à celui de mon ancêtre, ce qui l'a trompée, mais c'est bel et bien nous qui avons été convoqués ici par ses soins, pas un ancêtre mort depuis une éternité. Ces mots me permettent de dissocier ma propre existence de toutes celles dont Syndalywë m'a montré des bribes, je redeviens moi-même, Tanaëth. J'en éprouve un profond soulagement, une sensation de jeunesse aussi, agréable dans sa fraîcheur et dans sa relative innocence. Je ne suis pas personnellement responsable de la chute d'Eden, je ne suis pas mort un millier de fois, je suis une jeune âme en devenir et je trouve cette vision largement préférable. C'est sans doute cette sensation de jeunesse fougueuse et audacieuse qui me pousse à sortir de mon sac la relique que j'y dissimule depuis mon départ d'Hidirain, le diadème de Shaeya 'naer Elsayim, puis à m'en coiffer avant de répondre à Sithi d'un ton amusé et légèrement malicieux:

"C'est une belle histoire que celle de l'Elfe pour qui fut créé ce diadème. Plutôt que de penser que j'ai passé l'âge des câlins, je préfère croire que je suis encore...un peu jeune."

Plutôt que de répondre directement à mes questions la concernant, elle nous tourne le dos pour contempler l'astre nocturne somptueux qui trône dans la voûte céleste, s'éloignant de quelques pas. Elle nous explique que c'est pour sa lune qu'elle a choisi ce monde mais que, malheureusement, s'il est favorable à sa survie il ne le serait pas à la nôtre. Je discerne dans son ton une profonde mélancolie, poignante, qui ravive mes questionnements précédents. Ainsi, elle se sent bel et bien seule, loin de son peuple, loin de ses enfants. Il y a finalement une certaine vérité dans la version des Ithilausters, qui prétendent que Sithi s'est sacrifiée pour nous. L'apprendre me brise le coeur...mais je parviens à chasser l'abyssale tristesse que cette révélation fait naître en moi lorsque Sithi se retourne. Si elle trouve le courage de me sourire malgré ce que cela a dû lui coûter, je peux, je dois, trouver en moi la force d'en faire autant.

Elle nous demande de mettre un terme aux larmes et aux lamentations, ce que j'approuve d'un hochement de tête appuyé d'un sourire empli de toute mon assurance. Le temps des larmes est derrière nous, le temps est venu de lutter pour faire renaître la joie, pour permettre enfin que nous nous retrouvions. J'ai entamé cette Danse en demandant à l'Oracle des environs de Khonfas par quel moyen je pourrai permettre à Sithi de revenir parmi nous, sa réponse sibylline m'a dévoilé les premiers pas et rien ne me détournera de ce rêve, de ce but. Les paroles suivantes de notre Créatrice en revanche me plongent dans une certaine perplexité. L'avènement d'une nouvelle lame du crépuscule? Il n'y en aurait pas eu depuis plus de vingt millénaires, depuis la fin d'Eden donc, mais de quoi s'agit-il?! Une arme? Sithi ajoute regretter de n'avoir pu convier plus de personnes puis se tourne vers ma Faëra pour lui demander si tel était bien son but, précisant qu'en cela Syndalywë a réussi là où elle-même avait échoué: donner naissance à une nouvelle lame du crépuscule...cette formulation étrange ne correspond pas vraiment à la fabrication d'une arme...alors quoi?

Syndalywë se trouve sur mon épaule, visible, et lorsque je tourne légèrement la tête pour la regarder également je manque éclater de rire tant elle arbore une expression satisfaite, allant jusqu'à contempler ses ongles! C'est tout juste si elle ne souffle pas dessus pour les faire briller! Syndalywë...De sa petite voix mélodieuse elle répond à Sithi, sans la moindre hâte, soucieuse de faire durer le plaisir:

"Eh bien...cela n'a pas été facile, la séparation des fluides sur Yuimen et la bêtise de certains de mes maîtres m'ont posé quelques problèmes...mais j'ai fini par trouver celui-ci, qui s'est avéré être un peu moins sourd et...orgueilleux que les autres."

Elle tourne un visage sévère vers moi en agitant un doigt:

"Un peu moins, j'ai dit, hein, alors pas de pavane!"

Je hausse un sourcil en la dévisageant, retenant un éclat de rire et me forçant à adopter une moue déçue. Syndalywë me donne une petite taloche sur le crâne et reprend à l'attention de Sithi avec un petit sourire mystérieux au coin des lèvres:

"Enfin oui, c'était l'idée, je pense qu'il est prêt. Ah, autre chose: les Danseurs d'Opale sont en train de renaître sur Yuimen. Mais, bien entendu, ce ne sont là que des étapes de mon plan..."

Elle adopte son air le plus conspirateur pour ajouter:

"On a été voir un Oracle, il nous a indiqué le début d'une piste...pour qu'un jour tu puisses revenir parmi les tiens..."

J'approuve ces dernières paroles d'un léger sourire, demandant mentalement à ma Faëra:

(Dis donc, c'est quoi cette histoire de lame du crépuscule? Tu ne m'as jamais parlé de ça...)

(Non. Ce n'était pas à moi de le faire...je ne pouvais que tenter de t'y préparer, et faire en sorte que tu te trouves ici aujourd'hui. Alors ouvre grand tes oreilles et écoute, apprends, tu es devant la seule personne qui puisse te dévoiler ce chemin.)

Plus intrigué que jamais, je scrute Sithi de toute mon attention, prêt à graver en mon esprit et en mon âme ce qu'elle acceptera de me révéler.

(env.1100 mots)


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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Jeu 29 Sep 2016 22:58 
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La drôle de petite arme que Kay avait pris par curiosité était en fait un catalyseur de fluides. Quelque part déçue, la semi-elfe le reposa alors et laissa là, de même, ses deux épées et son armure aussi noire. Elle n'était rassurée qu'à moitié. Encore pire était le fait qu'elle ne se trimballerait qu'avec une seule arme (elle avait bien la lame de son père, mais ce n'était guère une arme de qualité et à cause de la manière dont elle l'avait cachée, elle ne pourrait jamais y accéder rapidement) et une amure pas des plus confortable à porter.

(On va éviter de se faire trop remarquer.)

Une bagarre incongrue ne finirait pas forcément à son avantage. Fronçant les sourcils sous le signe de sa contrariété à ce propos, Kay alla cependant prendre place dans le wagon. Après que Ai eut manipulé un boitier semblable à celui qui avait ouvert la porte de la grande salle, une sorte de coque en verre se referma sur leurs têtes. Avant que Kay pût s'interroger sur son utilité, leur moyen de transport avait atteint une vitesse hallucinante - sûrement plus que n'importe quoi sur Yuimen tant le paysage autour d'eux était indéchiffrable. La sensation, dans la cabine, était semblable à celle qu'avait eu Kay en prenant pour la première fois un aynore. Ainsi, rapidement, Kay se désintéressa du wagon et laissa ses pensées vagabonder librement, les yeux confusément posés sur l'extérieur, sans pour autant tenter d'y apercevoir quoique ce soit. La conversation avec les autres ne l'intéressa guère. Même ses pensées ne furent pas endiablées. Kay se sentait un peu lasse et faire le vide en elle était la meilleure façon d'y voir plus clair - et de se préparer à affronter la suite.

Le voyage dura trois heures, c'est à dire, la même chose que lors de son premier vol en aynore. Kay essaya d'en déduire approximativement la distance qu'ils avaient parcourus, mais, ignorant celle qu'ils avaient parcourus à bord de ce même aynore, elle échoua. Le wagon perdit très rapidement de la vitesse, mais son arrêt se fit en douceur. La vitre se retira et Kay prit pied à l'extérieur. Avec les autres, elle descendit les quelques marches et passa la porte pour se retrouver sur les Terres Désolées. La première chose qui lui vint en tête était que l'expression n'avait certes pas été choisie au hasard.

(Par Sithi ! C'est affreux !)

Ahurie par un tel spectacle, Kay fit quelques pas comme ivrogne, ses yeux cherchant en vain la plus petite trace de vie. La nuit avait beau être tombée, elle y voyait suffisamment clair. Du bout de son pied, elle gratta la terre craquelée sous le manque d'eau, puis s'agenouilla, passant la main sur la surface rêche et sèche. Au loin, on pouvait observer la montagne - ou plutôt l'espèce de vallée, qu'ils étaient censés atteindre. Kay se releva, prête à s'ouvrir aux autres quant à son manque d'envie de parcourir cette distance de nuit quand, brutalement, Tanaëth s'effondra sur le sol.

Aussitôt, Kay sentit son cœur s'emballer. En un bond, elle était auprès de son mentor, ayant posé un genou sur le sol et l'appelant doucement. Finalement, elle posa sa tête contre sa poitrine et le souffle régulier du Sindel l'informa de ce que Hekell avait déjà deviné.

"Il dort."

Néanmoins, quelque chose n'était pas normal. Il était vrai que cela ne faisait que depuis peu de temps que Kay suivait Tanaëth, mais elle estimait avoir assez bien compris comment il fonctionnait. Et s'effondrer ainsi, au beau milieu d'une plaine potentiellement dangereuse - ne serait-ce que par la présence d'Irina, n'était pas dans son genre. Le bruit d'un arc qu'on bande fit relever la tête à la guerrière et elle put voir Hekell ayant mis Irina en joue. Apparemment, il avait lui aussi pensé qu'une telle réaction n'était pas normale et ses soupçons s'étaient portés sur la Shaakte en tant que source de cela. Il parla d'un poison, ajoutant que, au fond, un tel accident n'était pas déplacé quand on avait voulu jouer avec une elfe noire. Il ajouta que si Tanaëth ne se réveillerait pas, Irina en payerait le prix par sa vie. Kay ne savait que faire. Irina était-elle capable d'une telle chose ? Oui, bien sûr. Mais l'avait-elle fait pour autant ? Tanaëth dormait du sommeil du juste - et à moins que le poison fut un somnifère éternel, il ne semblait pas en proie à un empoisonnement.

(Mais cela ne résout pas le problème de savoir ce qu'on fait maintenant.)

La demi-elfe remarqua alors les très légers tremblements qui agitaient les bras d'Hekell. Bien que l'arc à poulies eût été inventé pour faciliter le bandage, ce n'était toujours pas le type d'arme qu'on pouvait garder prête des heures durant. Hekell était déterminé - il en allait de sa crédibilité, mais il ne tiendrait pas. Il ne pouvait pas tenir éternellement. Kay sentit alors que c'était à elle d'agir. Elle se releva et s'approcha de l'elfe noir. Sans quitter Irina des yeux, elle posa sa main sur le bras d'Hekell. Son autre main vint se poser sur le pommeau de sa propre arme. Étrangement, elle ne croyait pas en la culpabilité d'Irina. Mais Tanaëth hors d'état de nuire, ne voudrait-elle pas en profiter pour se débarrasser d'eux ? Aucune prudence n'était de trop en ce qui la concernait.

"Laisse, je crois qu'elle a compris. Viens plutôt m'aider à porter Tanaëth à l'intérieur, s'il te plait. Nous n'avons qu'à dormir dans le tunnel cette nuit. De toute façon, je ne pense pas que voyager de nuit aurait été une bonne idée."

(Il faudrait peut-être aussi qu'Hekell et moi nous relayions pour monter la garde. Au cas où.)


(1016 mots)

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Ven 30 Sep 2016 15:40 
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Les yeux de Tanaeth étaient impassibles au jeu provocateur de la belle manipulatrice, comme ils l'avaient toujours fait. Seul un léger sourire dessiné sur ses lèvres trahissait son amusement face à la situation. Maintenant que son tour venait, le Sindel s'approcha au plus près de la Shaakte, laissant sa main s'aventurer audacieusement sur sa hanche, descendant petit à petit sur sa cuisse. Alors que les doigts baladeurs de l'elfe gris laissaient leur trace sur la peau ténébreuse de la Shaakte par de nombreux frissons de désir, leur aventure se termina trop tôt sur la dague de l'elfe noire. Il la dégaina avec lascivité et savoir faire avant de l'examiner de plus près. Apres une courte observation, la main experte du Sindel fit un mouvement souple, et la lame alla se planter avec vigueur dans le bois la table.

Ce mâle était décidément des plus provocateurs et imbus de sa personne, persuadé de mener le jeu contre la Shaakte. Même si la créature ténébreuse savait que le bout de metal n'aurait eu aucun effet sur la flamboyante armure rouge, Irina sentit que l'enseignement d'Edonia Islavan la quitter au moment où la dague quitta son fourreau. Cette lame, d'aussi mauvaise facture qu'elle soit, lui apportait qu'une infime protection, mais une assurance plus forte. Mais le jeu devait continuer, et Irina ne devait pas défaillir pour si peu. Ne laissant rien paraître, telle l'experte qu'elle était, la Shaakte sourit à Tanaeth avant de lui répondre de sa voix mielleuse.

" Nous savons tous les deux que cette lame n'est pas ma plus grande arme. "

Ai confirma les doutes d'Irina sur les tenues des matriarches, qui n'avaient rien à voir avec ses frusques informes. La Shaakte profiterait donc de la première occasion de se débarrasser de ces atrocités.

Tandis que l'elfe noire commençait à se vêtir non sans dégoût, Hekell délaissa ses vêtements également, laissant à l'assemblée la vision de chacune de ses cicatrices. Si Irina ignorait l'origine des blessures les plus récentes, la Shaakte ne connaîssait que trop bien la provenance des plus anciennes. Combien de ses frères, cousins et connaissances ont subi la puissance des matriarches, le pouvoir écrasant de leur domination ? Un de ses frères se vit même arracher un œil pour avoir désobéi à leur tante, qui garde l'organe pour rendre hommage à Valshabarath. Quelles étaient donc les fautes que lui, Hekell, avait commises, pour mériter la colère des matriarches noires ? Irina douta de la disposition du Shaakt à discuter de ce sujet.

Une fois les habits enfilés, la belle ténébreuse s'offrit à nouveau au Sindel afin qu'il puisse lui mettre le plastron. Toute la panoplie Anton séduction étant mise, Irina se dirigea vers le wagon. Passant devant la table jurant avec le décor moderne, ses yeux de rubis se posèrent un instant sur les armes mises à leur disposition. Tanaeth n'avait pas complètement tort, la Shaakte ne connaissait rien de ce monde qui les attendait. Il lui fallait s'intégrer à cet univers, ne serait-ce par l'image qu'elle dégageait, même si cette image devait être celle d'un corps majestueux censure par du tissu et une plaque de metal.
Ainsi, Irina s'empara d'un des couteaux mis à leur disposition. L'arme, assez légère, était en effet bien plus robuste et de meilleure qualité que le cadeau que lui avait donné son maitre. Son regard s'égara sur la drôle d'arme, qu'elle n'avait jamais vu auparavant. Kay semblait s'y intéresser avec vigueur mais Ai brisa son rêve de manipuler un tel objet, expliquant que ces catalyseurs permettaient de mieux utiliser la magie.
Déçue, la batarde posa l'arme sur le bois. Hésitant un instant entre cacher ses fluides d'ombres à ces compagnons et la possibilité de mieux maîtriser la magie, Irina se laissa plutôt porter par l'amusement d'augmenter la jalousie de Kay et prit la petite arme en main.
Sans même examiner l'objet de plus près, la Shaakte préféra s'installer dans le wagon, près de Tanaeth. Les trois heures de trajet seront amplement suffisantes pour examiner tout ce qui devait l'être.
Avant que le globe de verre ne se referme, Irina s'adressa à leur hôtesse avec amabilité.

" Je compte sur vous pour garder ma robe et ma dague. J'y suis attachée. "

*


La capsule était extrêmement rapide, impossible de distinguer quoi que ce soit à travers le globe de verre. La moindre distraction que pouvait avoir les quatre aventuriers se trouvait dans le cocon.
Irina commenca tout d'abord par inspecter sa nouvelle arme : petit objet tenant dans la main, léger et maniable, réalisé à partir d'une matière proche du metal,... Une fois dans la main, la Shaakte sentir un morceau de metal mobile, sur lequel son doigt pouvait appuyer, tres certainement pour faire sortir les fluides chargés dans l'arme. Il serait bien imprudent de tester cette arme ici, Irina préféra donc la reposer, déplaçant son attention de l'objet à ses compagnons.

Kay semblait perdu dans les méandres de ses pensées, tandis que ses yeux vagabondaient entre le décor et la paroi en verre du wagon. Hekell, quant à lui, avait son regard rivé sur Irina, main sur pommeau. N'était il jamais lassé de la surveiller ? La Shaakte ne se plaignait d'ordinaire jamais dattier l'attention, au contraire. Seulement, dans cette situation, la belle créature aurait préféré qu'il l'oublie, lui laissant un peu de répit.
Il était de plus en plus complexe de faire abstraction à son regard accusateur, comme si Irina devait payer pour toutes les Shaaktes qui lui avaient fait du mal, comme si elle devait payer pour chacune de ses cicatrices.
L'elfe noire trouva en Tanaeth son salut, posant toute son attention sur son partenaire de jeu. Pour que sa manipulation soit totale, il lui fallait des informations sur sa proie et sur son passé pour contrôler son avenir.
Les yeux pleins de désir, Irina s'adressa à Tanaeth avec intérêt.

" Le trajet va être bien long. Peut être auriez vous une histoire à me raconter pour passer le temps ? L'histoire d'un beau et fier Sindel solitaire par exemple ? "

*


Le trajet aboutit enfin, laissant le spectacle horrifiant des "Terres Désolées". Le terme désignant ces terres n'avait jamais été aussi adapté, Phaïtos avait pris possession des lieux. Le néant avait prit place sur un sol asséché, parsemé ça et là de résidus d'arbres à l'allure de charbon, plus qu'à celle d'un robuste chêne. Même l'horizon n'avait pas grand chose à offrir, seulement un reste de montagne, semblant davantage à une vallée qu'à un pic enneigé. Même le souvenir d'une terre riche et verdoyante peinait à survivre en ces lieux dévastés. Aucune ressource, aucune eau n'avait survécu au Canon destructeur.
La seule eau présente sur ces terres, à la plus grande surprise d'Irina, coulait le long des joues de Tanaeth, ce grand et fier guerrier au cœur de glace qui semblait avoir fondu en un instant. Les fines gouttes roulaient sans pudeur sur ses joues, éclairées par la pleine lune d'Izurith.

Soudainement, comme si ses larmes l'avaient affaibli, le Sindel s'écroula de tout son être sir la terre craquelée. Et en un instant, une seconde à peine, Kay se rua telle le bon petit chien qu'elle était sur le corps inanimé de son maitre. Hekell, traduisant toute l'animosité qu'il éprouvait depuis le début envers la Shaakte, pointait une flèche sur le buste noire d'Irina, d'un bras mal assuré et tremblant.
Il eut suffi que le Sindel s'écroule pour qu'Irina perde sa carte maîtresse assurant sa sécurité. Ni Ai, ni Yumiko n'étaient présentes pour le faire et Hekell avait bien choisi son moment pour signifier toute sa haine. Irina s'avoua à contre cœur que les événements jouaient en effet en sa défaveur, elle était la seule à avoir touché le Sindel. Il était plus qu'évident sur la Shaakte manquait de rapidité et de dextérité pour désarmer ou mettre hors d'état de nuire le mâle noir. Il lui faudrait donc user de diplomatie pour dissuader le Shaakt de débander son arc.
Alors que Kay vérifiait que son maitre était hors de danger, Irina regarda un moment le Sindel, s'assurant seulement que cette chute soudaine ne cachait rien de grave. Tanaeth semblait seulement endormi, inconscient. En était-il de même de son esprit ? Pouvait-il ressentir encore son environnement, les sensations de son corps ? Il serait intéressant de le vérifier si il n'y avait pas plus urgent à gérer.

Irina fit alors face à Hekell, tentant de dégager le plus de bienfaisance possible, malgré l'aversion plus qu'évidente du Shaakt envers les femelles de sa race.

" Vous devez avoir été sérieusement traumatisé par les Shaaktes, cela me semble évident. Et je comprends que tout peut porte à croire que je suis à l'origine de l'état de Tanaeth. Pourtant, sachez bien que si j'avais voulu qu'il s'écroule, il l'aurait été bien plus tôt et ne s'en relèverait pas. Il est une carte maîtresse dans l'accomplissement de cette mission, il serait plus qu'idiot de s'en défaire, surtout maintenant. "

Irina doutait que cela puisse suffire pour convaincre le Shaakt d'abaisser son arme mais il lui était un peu complexe de réfléchir avec une flèche pointée sur la poitrine.
Kay se redressa alors, mettant sa main sur l'arc d'Hekell, tentant de le calmer, malgré son bouleversement certain.
Irina se tourna à nouveau vers son frère racial.

" Écoutez la donc, mettons le à l'abri. Attendons de voir si il se réveille. Et une fois l'aube venue, quoi qu'il advienne, nous irons vers Aënalia. Nous avons peu de temps. "

( plus de 1500 mots )

( Je prends le plastron léger, une dague et la sorte de pistolet bizarre ^^)

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Ven 30 Sep 2016 16:42 
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[Kay, Irina, Arkalan, je vous laisse continuer vos interactions vu qu'il n'y a pour l'instant pas matière à màj quoique ce soit.]


???


    Sithi sourit aux paroles de la faera comme une mère sourirait aux espiègleries d'une enfant. Le numéro de fierté de Syndalywë semblait beaucoup l'amuser. Par ailleurs, l'annonce de la renaissance des Danseurs d'Opale ne parut pas l'étonner le moins du monde. Lorsque la faera eut terminé, cependant, son visage retrouva une expression plus neutre, et elle commença, enfin, ses explications.

    « Les Lames du Crépuscule, Tanaëth, sont pour ainsi dire mes champions. Ou du moins l'étaient. Car, maintenant que j'ai le plus besoin d'eux, loin de mon peuple, incapable de les guider, les Lames du Crépuscule ont disparu. Car, tout comme moi, ils sont indissociable de la Vision. Et tout comme moi, Yuimen serait leur tombeau. Mais ça, c'était avant Syndalywë. Les faeras sont des créatures de fluide, Tanaëth, et de par leur nature, elles sont les plus aptes à les manipuler. »

    Elle s'approcha de nouveau d'eux, s'arrêtant à quelques pas du duo, avant de reprendre.

    « Tu seras certainement à jamais incapable de contenir le fluide de Vision en toi, Tanaëth. Mais pas Syndalywë. Mais avant toute chose, êtes vous prêts ? Es-tu prêt, Tanaëth, à devenir mon Champion sur Yuimen, mon héraut qui empêchera à mes enfants de s'égarer plus encore ? Et es-tu prêt à faire de Syndalywë une extension de ton esprit ? Car c'est bien là ce que je te demande : pour manipuler le fluide de Vision, pour devenir mon champion, alors ton lien avec Syndalywë doit se renforcer davantage encore. »

    Elle se tourna ensuite vers la faera pour lui poser à son tour la question fatidique, du même ton solennel.

    « Et toi, Syndalywë, es-tu prête à abandonner ton unicité pour prêter ton esprit, ton être, à Tanaëth ? Es-tu réellement prête à franchir ce pas qui ne permettra aucun retour en arrière ? »


Tanaëth : 0,5 (introspection) ; 0,5 (informations) ; 1 (bonus longueur)]

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Ven 30 Sep 2016 18:36 
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C'est vrai. Ça n'avait aucun sens. Pourquoi ne pas utiliser un poison mortel plutôt que soporifique et il était certain que si je m'étais rendu compte de l'utilité du Sindel, Irina l'avait fait aussi, bien avant moi et d'une façon certainement plus précise.

Kay m'aide à me résoudre à baisser mon arc et débander lentement mon arc, soulageant mon bras encore douloureux après mon altercation dans la cale du navire.

Pour autant, je ne peux pas me permettre de baisser ma garde. Surtout pas après ça. Je remets mon arc à sa place et adresse quelques mots à l'attention de la femelle Shaakt. Des mots sincères sans pour autant être gêné.

" J'ai agi trop promptement. Il est vrai que l'empoisonnement n'a aucun sens. "

Hors de question également de m'excuser d'avoir été prudent. Je me tourne alors vers Kay.

" Tu comprendras que maintenant que je l'ai menacé ouvertement je ne peux pas me résoudre à déplacer un corps sans n'avoir aucune assurance qu'elle tentera de m'assassiner. Peux-tu la surveiller pendant que je le tire jusqu'à la grotte ? "

Et sans attendre vraiment de réponse je m'approche de Tanaeth pour le saisir sous les aisselles pour le trainer dans le sable en m'aidant de la force de mes cuisses tout en pestant intérieurement contre les armures lourdes.

Une fois à l'abri de la fraicheur extérieure, je m'entreprends de couvrir en cherchant ma cape dans mon sac. Il n'est pas impossible non plus qu'il ait attrapé une maladie que nous ne connaissons pas. Je ne dois pas oublier que nous sommes sur un autre monde et que tout peut être différent.

Je trouve ensuite une place dans la caverne, dos à la paroi et me permettant d'en voir l'entrée tout en gardant le Sindel endormi dans mon champs de vision. Je m'installe alors, prenant mon arc et une flèche sur mes genoux, prêt à réagir en cas d'utilité.

" Je vais rester éveillé cette nuit. Profitez-en pour vous reposer. Je vous demande simplement de ne pas dormir aussi profondément que lui. "

J'ai l'ombre d'un sourire qui ne dure qu'un instant. Il semblerait que malgré tout j'arrive encore à me faire rire.

Rester éveillé ne devrait pas me poser de problèmes. Au fil des années j'ai appris à gérer mon sommeil. On peut même dire que je n'ai pas eu le choix quand on pense aux insomnies auxquels je suis victime. Ma dernière nuit paisible remonte à…

Un frisson de terreur me parcourt des pieds à la tête. Quel idiot de chercher à s'en rappeler. La dernière remonte à la cabane dans les bois près de Darhàm. Ceux où les Orcs nous ont attaqués. Ceux où j'ai cru que Hellykin était revenu des morts pour me broyer les os. Là encore, mes muscles se crispent comme si mon corps ressentait ce souvenir comme un danger. En pensant encore à ces bois, je reviens à penser à ma deuxième ravisseuse. Linwen. Je repense à ce moment où ma lame à traverser son cœur, son air soudain si inoffensif, la larme à l'œil et le filet de sang coulant de ses lèvres.

La peur fait place à la tristesse qui s'empare de ma poitrine et de mon ventre. Je devais m'y résoudre, jamais je n'oublierais ce visage.

L'idée de m'assoupir pour refaire un cauchemar où je pourrais voir ces deux femelles suffit à me donner un regain d'énergie pour ne pas m'endormir. J'inspire et expire, reprenant mon calme et hoche simplement la tête, signifiant que tout va bien.

" Je monte la garde. "

((639 mots))

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Ven 30 Sep 2016 20:50 
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Je m'abstiens de répondre à la pique de Kay concernant mon rapprochement avec Irina, étonné tout de même de cette réplique qui ressemble fort à de la jalousie. Je lui ai proposé de m'accompagner si elle le désirait, soit, mais je n'ai pas le moindre compte à lui rendre quant à mes fréquentations sensuelles, je suis libre et n'accepterai jamais une ingérence extérieure en la matière. Ceci s'ajoutant à son blasphème envers Sithi, je commence à songer qu'il va sérieusement être temps de lui mettre les points sur les i, mais pas devant de tierces personnes, j'attendrai donc le moment opportun.

Elle n'a pas fini de se comporter idiotement toutefois, elle dépose les puissantes lames et l'armure somptueuse que je lui ai offertes quelques jours plus tôt pour se munir d'une unique épée de qualité largement inférieure et d'un plastron qui ne vaut certainement pas la protection de celle qu'elle abandonne. Outre l'absurdité de ces choix, elle aurait difficilement pu m'insulter plus gravement qu'en reniant les épées que je lui ai remises. Une décision qu'elle risque fort de regretter avant longtemps, l'avenir se chargera de lui apprendre la valeur du respect et de lames fiables et éprouvées. Une bonne leçon lui fera le plus grand bien, elle subira les conséquences de ses actes et paroles, comme il en va toujours.

Sans plus me soucier d'elle je me contente de répondre d'un sourire entendu à Irina lorsque elle réagit à l'épisode de la dague que je lui ai subtilisée, de fait ce n'est pas vraiment sa lame qui pourrait m'atteindre. Sa sensualité torride, en revanche...Enfin, après qu'elle se soit habillée je boucle en douceur son plastron tout en lui montrant comment se harnacher seule, je ne serai pas forcément toujours là pour habiller madame. Ceci fait, j'écoute avec attention les réponses d'Ai à mes questions puis je me dirige vers le wagon et y prends place de façon à pouvoir conserver Heckiel dans mon champ de vision. L'heure de la confiance n'est pas encore venue, loin s'en faut. Kay s'installe à son tour sans dire un mot à qui que ce soit, puis Irina vient prendre place près de moi, une compagnie que j'accueille au final avec plaisir tant les deux autres sont muets et distants. Le wagon ne tarde pas à se mettre en branle, atteignant rapidement une vitesse vertigineuse. Kay se mure de plus en plus profondément dans son mutisme, à tel point que j'en viens sérieusement à me demander pour quelle foutue raison elle a décidé de m'accompagner...Quant à Heckiël il garde les yeux rivés sur Irina, se rend-il compte que son attention est pesante? Sans doute, j'imagine que c'est pour lui une forme de vengeance, mais cela ne me plaît pas pour autant. Nous avons une mission cruciale à accomplir, elle sera bien assez difficile sans que nous ne nous mettions les bâtons dans les roues entre nous. Je pose alors mon regard sur lui, chargé de tout le poids de ma volonté, lui faisant remarquer à mi-voix:

"Un brin de courtoisie n'a jamais tué personne, sieur, ainsi que nous l'a judicieusement fait remarquer notre hôtesse."

Je me désintéresse ensuite de lui, tournant mon attention vers la seule personne dont, paradoxalement, la compagnie m'est agréable pour le moment: Irina. Elle me fait remarquer que le voyage sera sans doute long et me demande de lui raconter une histoire. Ses paroles suivantes me font hausser un sourcil légèrement dubitatif, l'histoire d'un beau et fier Sindel solitaire? Une définition qui ne me correspond guère, bien que je sache pertinemment que c'est de moi qu'elle parle. Je ne me suis jamais considéré comme beau, à dire vrai je ne me suis jamais vraiment intéressé à cette question mais qu'importe, ce n'est là que flatterie destinée à me faire parler. Quant à être solitaire, je lui ai précisé lors de nos premiers échanges que seul, je ne l'étais pas. Toutefois, plutôt que de me répéter, qu'elle me considère comme un solitaire si cela lui plaît, je lui réponds en haussant les épaules:

"J'ai bien peur que le récit de ma vie vous plonge dans le plus terrible ennui. Je suis né et j'ai grandi au Naora, une enfance dorée, entouré de ma famille. A l'âge requis j'ai suivi la formation traditionnelle d'Hirdam, de guerrier si vous préférez. Une fois cet apprentissage terminé, je suis...parti en voyage. J'ai erré de ci de là pendant une trentaine d'années, sur Nirtim et en Imfitil principalement."

Je ne mentionne pas les raisons qui m'ont contraint à quitter le Naora, elle pourrait trouver moyen d'utiliser ce savoir contre moi auprès des Elfes d'Izurith. Je poursuis dans la même veine:

"Un jour, après que ma compagne de l'époque ait été assassinée, je suis arrivé en un lieu qui m'a plu, du côté d'Eniod. Je m'y suis installé, et comme vos semblables n'avaient rien trouvé de plus constructif à faire que de nuire à mes proches en tentant de conquérir davantage de terres, je me suis impliqué dans cette guerre. Le temps a passé, les batailles m'ont peu à peu forgé et de petit guerrier sans nom je suis devenu un maître d'armes doté d'une certaine réputation. A partir de ce moment, on m'a confié des missions plus...délicates. Contrer l'avance d'armées, éliminer certaines de vos matriarches, des prêtresses de Valshebarath, des commandos, ce genre de choses."

Je souris tranquillement à la jeune Elfe Noire, ajoutant encore:

"Que vous dire de plus? Oh, peut-être que je fais partie d'un ordre de combattants voués à Sithi, les Danseurs d'Opale. Enfin, comme vous pouvez le constater, rien de bien exceptionnel dans tout cela. Parlez-moi plutôt un peu de vous, un sujet bien plus intéressant et palpitant à mon goût."

Je n'évoquerai pas Hidirain en sa présence, il est des secrets qui ne doivent pas être dévoilés, trop de vies en dépendent. Quant aux détails, qu'il s'agisse de mes armes ou des divers points que je n'ai fait qu'esquisser, libre à elle de me poser davantage de questions, je déciderai de la réponse à apporter le cas échéant.

(env. 1000 mots)


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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Sam 1 Oct 2016 00:13 
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???

Les facéties de Syndalywë semblent amuser Sithi autant qu'elles me divertissent, cette dernière l'observe comme une mère contemplerait sa jeune enfant, avec une profonde tendresse mêlée d'une forte envie de rire. Son expression change toutefois lorsque ma Faëra achève de pontifier, son visage adopte une expression neutre qui me fait supposer que le temps des explications est venu et que c'est un sujet sérieux qu'elle s'apprête à aborder. De fait, notre Créatrice entreprend de m'éclairer sur ce que sont ces fameuses lames du crépuscule, si bien que je bois littéralement ses paroles, de plus en plus incrédule au fur et à mesure de son discours.

Ces lames du crépuscule étaient ses champions et, en ces âges sombres où elle-même est contrainte de vivre loin des siens, leur présence aurait plus que jamais été nécessaire pour guider les Sindeldi. Mais, étant intrinsèquement liés au fluide de vision, ils ne pouvaient seulement exister. Jusqu'à ce que Syndalywë, créature de fluide et donc plus apte que quiconque à les maîtriser, ne se mette en tête de réussir là où Sithi elle-même avait échoué et, contre toute attente, y parvienne.

Si je comprends bien, mon opiniâtre petite compagne de fluide a oeuvré durant des millénaires pour faire advenir ce possible, pour permettre à l'un de ces champions d'exister sur un monde qui leur serait forcément fatal. Je la contemple un instant, d'un regard nouveau. Je savais qu'elle était têtue et qu'elle se considérait comme étant investie d'une mission par Sithi, mais ce que j'apprends là force davantage encore mon respect à son égard. Alors que nous nous regardons l'un l'autre, je réalise soudain un détail qui m'avait échappé jusque là: ce nouveau champion qu'elles veulent voir reprendre place sur Yuimen...c'est apparemment moi qui suis censé le devenir! Bon sang...elles doivent avoir perdu la raison...je suis devenu un combattant acceptable, soit, mais de là à me sentir capable d'endosser telle place...telle responsabilité...il y a un monde. Voire plusieurs.

(Tsssk! Tu as choisi de prendre la tête des Danseurs d'Opale, c'est le moment ou jamais d'assumer! Il y a deux minutes tu avais la tête pleine de l'inébranlable confiance que tu voues à Sithi, et maintenant tu mettrais son jugement en doute? Tu me fais de la peine Tanaëth, je croyais aussi que tu avais confiance en moi..."

(Non mais tu réalises ce que ça implique Syndalywë? J'ai été banni par les miens, tu te souviens?)

(C'est à moi que tu demandes si je réalise ce que ça implique?!?! Et ton bannissement...j'ose espérer que tu es prêt à lutter, parce que même si tu ne voulais pas retourner au Naora régler cette dette là, les Ithilausters ne t'oublieront pas, l'existence des Danseurs d'Opale a été dévoilée, est-ce que tu te souviens?)

(Je sais...excuse-moi...mais...j'ai peur, Syndalywë, peur d'échouer...de ne pas être digne de votre confiance...tout ça est si soudain...il n'y a pas si longtemps j'ai failli me faire trucider par trois malandrins dans les rues de Tulorim et là...)

(Il n'y a pas si longtemps tu as tué un Arctosa et deux puissantes prêtresses de Valsebarath, il y a moins longtemps encore tu as vaincu une matriarche Shaakte au milieu de son armée...et il y a quelques secondes tu as enlacé Sithi, alors arrête ton cinéma!)

(Mon quoi?!)

(Pfff, un truc du futur, laisse tomber. Arrête, c'est tout!)

Les paroles sévères de ma Faëra résonnent encore en mon esprit lorsque Sithi se rapproche de nous, précisant que je ne pourrais probablement jamais posséder le fluide de vision, mais qu'en revanche Syndalywë, elle, le peut. Elle nous demande si nous sommes prêts, si je suis prêt à devenir son champion, son héraut sur Yuimen, celui qui empêchera les Sindeldi de s'égarer plus qu'ils ne le sont déjà. J'ai douloureusement conscience que cela passera inéluctablement par une confrontation directe avec toute la puissance des Ithilausters, que je ne pourrais pas, à l'instar de mon ancêtre, m'appuyer sur la royauté car de royauté il n'y en a plus. Il reste bien le prince Naémin mais, s'il se marie à cette humaine de Kendra-Kâr, c'en sera fait de lui en tant que prétendant au trône. Jamais les Sindeldi n'accepteront une Reine humaine. Ces considérations sont cependant chassées sans douceur de mon esprit lorsque Sithi me révèle le moyen qui me permettra de devenir ce champion. Elle ne le dit pas ainsi, mais le sens de ses paroles est clair à mes yeux: c'est d'une fusion avec ma Faëra qu'elle parle. Pour avoir déjà brièvement vécu cela...je ne peux m'empêcher de frémir. Folie, celui qui va plonger en ton sein te salue...

D'un ton tout aussi solennel Sithi demande également à ma Faëra si elle est prête à abandonner son unicité, a lier à moi son esprit et son être, sans espoir de retour. Instinctivement, Syndalywë et moi nous regardons gravement, longuement, sans prononcer un mot. Nous savons tous deux que le choix que nous allons faire est crucial, nous en connaissons tous deux les implications, les raisons, nous savons ce qui a engendré cet instant. Ce qui diffère c'est que ma petite compagne fluidique a tout fait pour que cet instant advienne, elle s'y est préparée contrairement à moi qui tombe des nues en découvrant cette histoire de champions. D'un autre côté elle m'y a préparé, elle m'a guidé tout au long du chemin et a partagé avec moi les souvenirs clés qui peuvent me permettre de prendre une décision en connaissance de cause. Peu à peu la nature de mes pensées change, s'épure, s'équilibre. Nous nous sourions doucement, complices plus intimes que nuls autres, et nous tournons d'un même geste pour faire face à Sithi et lui répondre d'une unique voix:

"ullume au oialë. Nous n'avons pas de plus cher désir, Bien-Aimée."

(env. 1000 mots)


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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Dim 2 Oct 2016 20:38 
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L'ambiance pesante de la navette fut miraculeusement brisée par Tanaeth lorsqu'il répondit à la Shaakte.
Son histoire était simple, presque trop pour un Sindel qui résuma parfaitement plusieurs dizaines d'années. Mais de son discours, Irina porta bien plus d'attentions à ces mots qu'à la courte histoire qu'il racontait. Étrangement, Tanaeth s'entretint avec son adversaire avec sincérité et douceur, comme si il discutait avec une connaissance ou un proche quelconque, et non avec un partenaire de jeu. Du jeu il avait réalisé une parenthèse dans laquelle les deux protagonistes pouvaient se livrer avec sincérité sans que les points soient toujours comptés. Irina sentit malgré l'ambiance amicale qu'avait instaurée le Sindel, l'elfe gris camouflait des passages de sa vie, des rencontres et des altercations cruciales. Qu'importait à ce moment là, Irina savait que ces connaissances seraient plus tôt que tard siennes.
Mais selon les dires de l'elfe gris, il n'était pas si solitaire qu'il ne le paraissait. Sa compagne dépique aurait été assassinée par des Shaakts, expliquant à la fois son aversion pour les elfes des énervés et son renferment sur lui même. Mais de cette information, la manipulatrice retint seulement que son adversaire pouvait aimer, fait surprenant mais à retenir. Peut-être que la Shaakte aurait très prochainement l'occasion d'exploiter son tout nouveau savoir.
Il évoqua également un ordre auquel il adhérait, celui des "Danseurs d'opale". Jamais Irina n'avait entendu parler de ces combattants de Sithi, étant pourtant curieuse des nouvelles de Yuimen pour mieux accaparer ses proies. La Shaakte avait besoin de plus d'informations à propos de cet ordre particulier.

Alors qu'elle allait l'interroger à ce sujet, le Sindel demanda à son tour que la Shaakte parle d'elle, sujet qu'il jugeait plus attrayant à son goût.
Réponse évidente à une conversation amicale, le Sindel relançait seulement leur dialogue mais Irina doutait un instant comment adapter son discours à Tanaeth. Il lui fallait transmettre à travers une vérité camouflée qu'il pouvait lui faire confiance et que la belle créature ténébreuse n'était une simple réplique des matriarches noires qu'il a pu rencontrer jusqu'à aujourd'hui.

" Je crains que mon histoire ne soit pas non plus des plus palpitantes. J'ai été élevée comme n'importe quelle Shaakte de bonne famille. Seulement, les enseignements que l'on me donnait me lassèrent très rapidement et les nouvelles rencontres étaient rares. Le mode de vie qu'on m'imposait ne me convenait aucunement. Je me suis alors rendue à Kendra Kar, au Temple des Plaisirs, où j'ai pu me soigner de toutes mes frustrations de ma vie antérieure. De belles et douces années. Puis l'on m'a parlé d'un rassemblement de grands aventuriers invités à aider un peuple dans le besoin. Je ne pouvais pas passer à côté d'aussi belles rencontres, comme la votre cher Tanaeth."

Irina accompagna cette dernière phrase d'un sourire plein de charme mais étonnamment empli de sincérité. La Shaakte espérait toutefois que ce court récit suffirait à taire la curiosité du Sindel. Irina ne pouvait décemment pas parler de sa naissance et de son enfance à Caix Imoros, de son apprentissage auprès d'Edonia Is'lavan, la prêtresse noire, et de sa passion pour la manipulation d'êtres en tout genre. Elle parcourra un instant le corps, arrêtant son regard sur les fameuses lames aux hanches du Sindel, trouvant un prétexte pour transférer l'attention du Sindel.

" J'ai peu eu l'occasion de voir d'aussi belles armes. Ont elles également une histoire à raconter ses jolies demoiselles ? "

Espérant que cette petite question fasse diversion, Irina songea d'ores et déjà aux questions que pourrait lui poser le Sindel en retour, ne voulant pas laisser filtrer une information malencontreuse.

*


Suite au mouvement calme de Kay, Hekell se résolut enfin à abaisser son arme. ( Sage décision... )
Il répondit ensuite à la belle ténébreuse que son jugement fut faussé, comme si il camouflait des excuses. Irina ne s'attendait pas réellement à des excuses à genoux, la manipulatrice se conterait de cela pour le moment, espérant que son comportement à son égard puisse changer à l'avenir.
Tandis que le Shaakt demanda à la batarde de garder un œil sur Irina, le jeune archer transporta non sans mal le Sindel lourdement armé à l'intérieur de la grotte.
Le Shaakt s'installa dans la caverne de sorte que rien n'échappe à son regard, comme il l'avait toujours fait depuis le début, l'elfe noire commençait à en avoir l'habitude. Il se porta volontaire pour monter la garde, avec une légère pointe d'humour dont Irina ne le soupçonnait pas capable.
Étant donné que la semi-elfe s'était ruée sur son maitre en un éclat de temps, la Shaakte n'avait pu examiné son adversaire de jeu. Elle s'avoua être triste si jamais il lui était possible d'être privée de son jouet. Mais avant de s'avancer vers le Sindel, la Shaakte préféra s'assurer de ne pas se retrouver au sol avec une flèche entre les deux omoplates.

La noire se tourna tout d'abord vers Hekell, de façon à ce que son discours soit clair comme du cristal.

" Avant que je le retrouve avec une flèche dans le dos, je préfère vous prévenir que je vais me diriger vers Tanaeth et l'examiner, voir si nous pouvons le réveiller, ce qui nous arrangerait tous. Vous savez déjà que je n'atteins pas à sa vie, donc je vous prierais de faire de même pour moi. "

Et sans même attendre de réponse, Irina se dirigea de suite vers le corps inconscient du Sindel.
L'elfe noire s'accroupit tant bien que mal avec l'accoutrement plus qu'encombrant face à l'elfe endormi.
Examinant le corps respirant simplement, Irina vérifia qu'aucune trace étrange arbore la pâleur de k peau du Sindel, qu'aucune odeur de poison alerte ses narines noires, que les mains jadis tendrement expertes n'avaient subi aucun dommage.
Puis, Irina se vit en proie d'un sentiment fugace empli d'espièglerie. Levant au plus sa main, Irina mit le plus de force dans sa main avant qu'elle n'atterrisse sur la joue grise du Sindel, provocant un bruit de claquement raisonnant dans toute la caverne. Ne dit on pas qu'une claque réveille les plus endormis ? Irina espéra que sa gifle est un quelconque effet sur le Sindel, dont la joue commençait déjà à rosir furieusement.

(Environ 1000 mots)

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Dim 2 Oct 2016 22:50 
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Irina écoute avec attention mon sommaire récit, puis répond tout aussi évasivement à la demande que je lui fais de me conter à son tour sa vie. Une enfance qui s'est déroulée selon les traditions, mais qui ne l'a apparemment pas pleinement satisfaite. Elle évoque ensuite un temple des plaisirs, au sein duquel elle put enfin soigner les frustrations de sa vie parmi son peuple, dépourvue de nouvelles rencontres. Je n'ai jamais entendu parler de ce temple, mais son nom évocateur m'invite à songer que son séjour là-bas n'est pas sans rapport avec son assurance quant à son expertise dans les ébats sensuels. Elle a ensuite entendu parler de cette quête dans laquelle nous nous sommes lancés, avide de belles rencontres. Elle ne manque pas de rajouter une petite couche de flatterie, soulignant que notre rencontre lui est agréable et accompagnant cette déclaration d'un sourire charmeur mais plus sincère que les précédents. Son regard parcourt ensuite mon corps, dont je suppose qu'elle préférerait le contempler sans protection aucune au vu de ses sous-entendus antérieurs, et s'arrête finalement sur mes armes. Elle me demande alors si ces demoiselles ont une histoire, consciente que ce sont là des lames peu communes. Je lui souris légèrement avant de désigner d'un petit tapotement de la main celle qui occupe ma hanche droite:

"Celle-ci fut forgée sur Eden, le monde d'origine de mon peuple, voilà quelques vingt-deux millénaires. Elle appartenait à l'un de mes ancêtres, celui qui fonda l'ordre dont je vous ai parlé. Elle m'a été remise lorsque j'en ai pris le commandement."

Je désigne ensuite celle qui pare ma hanche gauche:

"Celle-ci fut forgée au Naora, elle finit par atterrir dans les mains d'un Thorkin qui fut entraîné par un Sylphe, un élémentaire d'air, dans les profondeurs abyssales de la terre. Il en mourut et cette lame fut perdue durant de nombreux siècles. J'en avais entendu parler, son histoire est mêlée à celle de cet arc que je porte, et j'ai décidé d'aller la chercher. J'ai fini par la retrouver dans un temple oublié des profondeurs au terme d'un long et dangereux périple souterrain. Elle était gardée par un Arctosa et j'ai bien failli y laisser ma peau, une chance pour moi que ces créatures craignent le feu."

Je dégage légèrement la lame du fourreau, juste assez pour qu'une brève flambée s'en dégage, puis je reprends:

"Quand à cet arc, il appartenait à une princesse Hinïonne protégée par Rana, elle fut vaincue et tuée par le Thorkin qui portait cette lame ardente. C'est pour venger cette mort que l'élémentaire projeta le Thorkin dans les abysses. L'arc avait été placé dans le tombeau de cette Hinïonne, un lieu secret et oublié de tous. L'élémentaire en question veillait sur ce lieu sacré, il m'a éprouvé en me faisant aller jusqu'au pied du cercueil de glace de l'Elfe, dans lequel se trouvait l'arc. Je n'ai pu me résoudre à profaner son dernier repos, ce qui a convaincu l'élémentaire que j'étais digne de porter cette relique. Il me l'a alors remise, la vraie car celle qui était dans le cercueil était fausse..."

Pour finir je désigne la lame lactée qui se trouve dans mon dos:

"Celle-ci fut forgée au coeur des ténèbres, elle a un lien avec Caix Imoros mais je n'en sais pas plus à son sujet. Je l'ai prise à une maître d'armes Shaakt salement coriace, après l'avoir traquée durant de longues semaines. Elle avait été engagée par mon père pour me tendre un piège et mettre fin à mes jours. Pour le détail sordide, j'ai planté une flèche dans le coeur de mon cher paternel juste avant d'achever la propriétaire de cette lame. A croire que cette arme possède sa propre soif de sang et de ténèbres..."

Je fixe quelques instants la belle Elfe Noire d'un regard perçant, questionnant mentalement ma Faëra:

(Dis-moi Syndalywë, perçois-tu des fluides sombres chez Irina?)

(Oui, elle possède un peu de fluide d'Obscurité, mais rien de bien conséquent.)

Un sourire indéfinissable retrousse légèrement mes lèvres alors que je me penche à l'oreille d'Irina pour lui murmurer de façon à ce qu'elle seule m'entende:

"En parlant de ténèbres, j'espère que vous me parlerez de ce fluide qui court en vos veines...lorsque nous serons...entre nous."

Puis je poursuis à mi-voix, repoussant d'une caresse mutine une mèche rebelle de la chevelure de l'ensorceleuse:

"Vous évoquiez un temple des plaisirs, voilà qui attise ma curiosité. Il faudra m'en dire plus ou, mieux, partager avec moi certains secrets que vous avez appris là-bas."

Je lui adresse une petite moue d'une rare innocence, démentie par un éclat aussi fugace qu'inhabituel dans le regard:

"Juste histoire de vérifier si le guerrier solitaire que je suis résistera plus de deux minutes..."

A voix haute cette fois, je remarque encore:

"En parlant de minutes, notre charmante hôtesse nous a donné une semaine pour remplir notre mission. C'est court, très court. Nous ferions bien d'élaborer dès que possible une stratégie efficace, et de préférence tous ensemble, si nous voulons avoir une petite chance de réussir l'impossible."

(env. 900 mots)


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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Lun 3 Oct 2016 07:51 
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La tension était plus que réelle, palpable. Irina affirma que l'endormissement soudain de Tanaëth n'était pas de son dû, soutenant que cela, en fait, tournait en sa défaveur. Kay se remémora le voyage, comment les deux avaient passés du temps côte à côte. Peut-être Irina avait-elle raison. Sans le maître d'arme, Hekell et elle étaient bien titillés par l'envie de l'envoyer rejoindre ses horribles ancêtres.

(Mais il en est de même avec elle qu'avec Tanaëth, en fin de compte. On a besoin d'elle pour cette mission.)

Qui sait ? Et si le petit jeu de séduction du Sindel n'avait pour but que de réussir à toucher le cœur insensible de cette elfe noire ? Ou du moins, en autre. Cette dernière d'ailleurs, reprit les paroles de la demi-elfe, proposant d'atteindre le matin, mais de, malgré tout, se préparer à rejoindre Aënalia. Kay n'était pas décidée pour cela. Une part d'elle restait angoissée quant à l'état de son mentor. Une autre part se disait que Tanaëth n'avait pas besoin d'elle et que, si elle était là, autant accomplir cette mission.

(J'ai envie de faire mes preuves.)

À cet instant, Hekell présenta ce qui pouvait passer des excuses, avant de se tourner vers elle. Lui était sûrement le plus à même de déplacer l'elfe gris endormi pour l'emporter dans la grotte où avait fini le wagon. Cependant, il lui demander de surveiller Irina qui, plus que jamais, avait une bonne raison d'attenter à sa vie. Kay hocha sobrement la tête. Tandis que l'elfe noir prenait Tanaëth par les aisselles et le portait derrière la porte à l'instant traversée en sens inverse, Kay ne quitta pas Irina des yeux sans pour autant lui laisser entendre une quelconque animosité de sa part. Quand ceci fut fait, Kay réintégra le tunnel, trouvant Hekell face à la porte, prêt à veiller sur leur sommeil, pour peu qu'il ne fût pas aussi profond que celui du maître d'arme, ajouta-t-il d'un sourire furtif.

"Oh, je ne pense pas que ce sera mon cas. Je dors très mal la première nuit sur une autre planète."

Mais Hekell sembla soudain pris de troubles, et la peur et la tristesse passèrent successivement sur son visage. Kay fronça les sourcils. La jeune guerrière avait maintenant accepté l'elfe noir dans le cercle restreint des gens en qui elle plaçait sa confiance et, pour tout dire, il était même, en cet instant, son seul soutient. Pourvu que ce qu'avait Tanaëth ne fût pas contagieux ! Kay vint s'installer aux côtés de l'archer - elle n'arriverait vraiment pas à dormir si c'était à côté de quelqu'un en qui elle n'avait pas confiance.

"Si jamais tu te sens fatigué, n'hésite pas à me réveiller. J'ai bien dormi ces derniers temps ; une nuit blanche ne devrait pas trop m'atteindre."

En même temps, Irina prenait pied à son tour dans l'espèce de grotte et les informa qu'elle allait examiner le corps du Sindel, mais que cela n'allait pas avec une option suicidaire. Kay se contenta de hausser les épaules. De toute façon, elle n'avait pas attendu leur assentiment pour se diriger vers l'elfe gris. D'une main experte, elle l'examina - on pouvait au moins lui accorder ce savoir, mais quand cette même main se leva bien haut, les narines de Kay frémirent et en moins d'une seconde, la semi-elfe était quasiment debout, la main sur la poignée de son épée. Puis le bruit d'une gigantesque claque résonna de partout. Kay leva les yeux aux ciels.

(On a vu plus expert comme technique de réveil.)

Cependant, cette fois-ci convaincue définitivement qu'Irina ne voulait aucun mal à son mentor, elle se rassit et enleva son épée de son flanc, tout en la gardant en main. Kay prévoyait de s'endormir dos contre le mur et non étendue sur le sol - elle se sentait beaucoup plus vulnérable dans cette position ce qui la dérangeait à un haut point.

"Irina, si tu n'as pas d'autres techniques plus savantes que cela, peut-être pourra-t-on accepter le fait qu'il est juste endormi et que nous devrions faire de même ? À moins que ce ne soit la mode chez les matriarches shaaktes, les énormes cernes ?"

(env. 700 mots)

_________________
Kay de Kallah, Maître d'Armes et demie-Sindel

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 Sujet du message: Re: Terres Désolées (Izurith)
MessagePosté: Lun 3 Oct 2016 11:09 
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Je m'attendais à ce que la semi elfe reste aux côtés du Sindel mais il n'en fut rien. Au lieu de ça, elle s'installe près de moi après quelques mots à mon égard, sur le fait que ses premières nuit sur une autre planète sont toujours difficiles. Je la regarde l'air curieux, plaisantait-elle ? Je n'en suis pas totalement sûr.

Elle s'assoit et me prévient que je pouvais la réveiller plus tard si je voulais me reposer.

"Inutile, je ne pourrais pas dormir."


Dis-je en ne quittant pas Irina du regard.

Celle-ci d'ailleurs fait quelques pas vers le dormeur avant de se tourner vers moi, me demandant de la laisser examiner Tanaeth sans que j'attente à sa vie.

Je me contente d'hocher la tête. Après réflexions il est clair qu'elle n'en voulait pas à sa vie. Du moins pas tout de suite. Même quand elle lève sa main je ne réagis pas, contrairement à Kay qui se lève en un éclair.

Une gifle retentit dans la caverne et visiblement le geste rassure Kay qui après quelques mots moqueurs à l'adresse d'Irina s'allonge sur le sol.

Moi, ça ne me rassure pas. D'où pouvait venir ce soudain sommeil ?

Un sommeil qui pouvait résister à une telle gifle ne pouvait pas être naturel. Ce n'était probablement pas du poison. Du venin peut être ? Un insecte qui l'aurait mordu, piqué ?

L'hypothèse ne me plait pas et je scrute maintenant le sol à la recherche du moindre insecte qui aurait pu causer ceci. L'idée que cela puisse être une araignée me donne des sueurs froides et des frissons difficilement contrôlables.

Ou alors ce serait magique ?

Irina qui l'avait examiné de bien plus prêt que moi pouvait peut être le ressentir.

Je m'adresse alors à elle. Pas de façon courtoise, ni de façon agressive d'ailleurs. Ma curiosité me donnait un ton neutre. Je voulais simplement des réponses.

"Est-ce que tu ressens que son sommeil pourrait avoir des causes magiques ? Ou alors tu n'as pas vu de morsures ou de piqures ?"

((364 mots))

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