Je me sentis malmené. Comme la première fois, je perdis conscience de ce qui m’entourait, un instant même conscience de moi-même. Malmené, mais moins que la première fois. Je trébuchai, manquant de m’écrouler lorsque mon corps repris consistance sur Aliaénon, mais je tînt bon, étant doté d’un bon équilibre.
L’espace d’un instant, je m’arrêtai net. Peut-être était-ce l’air de ce monde, mais le voile brumeux qui traversait mes souvenirs et qui me perturbait tant s’était envolé. Je me rappelais de tout. Du moment où j’avais posé le pied sur Aliaénon à l’instant ou j’avais perdu la raison. Hébété, je ne bougeai pas d’un poil, c’était comme une renaissance. A cet instant, je me rappelais ce qui était arrivé. Pourquoi j’étais revenu d’Aliaénon mutilé entre autres. Le simple fait de me souvenir de la salle d’opération, m’assombrit la mine. C’étaient de loin les pires heures de mon existence.
C’est un grognement animal qui me sortit des images projetées mentalement par mes souvenirs. C’était Vasiliev le guerrier imposant des Duchés qui faisait montre de son caractère. Charmant…
Mais ce n’est pas lui qui capta mon attention. Quatre silhouettes nous attendaient, fermes sur leurs pattes. Nous étions attendus…
J’en connaissais deux : Tenshoor Val’Crooh cet être étrange au corps squelettique, dirigeant contesté d’Escarl’Olth lorsque je l’eu connu. Et à ses côtés Simaya son apprentie, toujours aussi sublime. Les deux m’avaient aidé à me soustraire des mains des main de geôliers de Fan-Ming en échange de mon aide pour combattre les forces d’Oaxaca. Il semblait que j’avais failli à ma mission. Tant pis, d’autres s’en étaient chargé à ma place.
Les deux autres personnes les accompagnant m’étaient totalement inconnues. Deux femmes, l’une blonde totalement nue dont les parties étaient à peine cachées par des cristaux de glaces. C’était un drôle d’accoutrement...Sa peau était si pâle que l’on aurait pu douter qu’un jour le soleil ait effleuré sa peau. Le plus impressionnant restait son visage. Une mine fermée, presque autoritaire supplanté par un regard qui ne laissait aucun doute face à son caractère déterminé.
L’autre femme aurait pu venir de mes contrées Ynorienne tant elle ressemblait aux gens de mon peuple. Les yeux en amande, les cheveux sombres savamment coiffés. Et une raffinerie agréable pour les être sensible au bon goût. Elle portait une robe noire fendue qu’elle portait tout aussi élégamment. Elle était de Fan-Ming à n’en point douter.
C’est elle qui nous accueillit en se présentant comme Honoka représentante de Fan-Ming, avant de nous présenter ses confrères. Tenshoor Val Crooh, Simaya Sombreroc et Faseilh, Reine des Monts glacés de Sansarth. À eux quatre, ils formaient le Conseil d’Or.
Elle nous rappela la raison de notre présence ici, le Sans-Visage. Néanmoins, il y avait quelque chose qui différait déjà avec Shaam. Elle voulait que l’on noue le dialogue avec lui, pour apaiser les tensions. Naral Shaam, lui, disait que nous devions le détruire, et il se permit d’ailleurs de réitérer ses propos en interrompant le discours de notre hôte sur ce monde.
Je jetai un regard interrogateur à Shaam. Je me rendais compte que j’avais pris pour la volonté de nos commanditaires n’était autre que celle du Dragon Mauve. Décidément, celui-là n’empruntait jamais les sentiers battus. Ça le rendait admirable, en quelques sortes.
Ce sang visage, leur filait constamment entre les doigts, du propre aveu de l’originaire de Fan-Ming, et ils avaient peu d’informations pour nous épauler dans cette quête.
Elle nous invita tous à la suivre, pour une collation remettant nos questions à un peu plus tard. Je suivis le mouvement, presque religieusement. J’avais retrouvé mes souvenirs et avait dores et déjà accompli l’unique objectif que je m’étais donné. L’histoire du Sans-Visage m’intéressait dès lors réellement et je pensais silencieusement à toute cette affaire. Mes pensées n’eurent pas le temps de courir bien loin, car nous arrivâmes dans une pièce ou trônait en son centre une immense table ronde entourée de sièges.
Elle était pleine de mets divers et variés. Il y en avait pour tous les goûts et tous les régimes. Je n’avais personnellement pas faim, mais je ne pouvais jamais dire non à un bon vin. Surtout après une si longe roûte.
Sans demander mon reste, je m’installai attrapant au passage une carafe de vin rouge pour m’en servir un verre. Expert, j’en humai les senteurs, avant de faire tournoyer le liquide dans son récipient. Après avoir une nouvelle fois humé, le liquide pour en déceler les nouvelles senteurs libérées par le mouvement, je laissai quelques gouttes s’insinuer à travers les portes de mes lèvres. Je n’en fus pas déçu. Mes papilles vibrèrent de joie. Le vin de ce monde était particulièrement délicieux. Mais il n'atteignait pas la finesse du vin Kendran.
Honoka reprit la parole une fois, nous fûmes tous installés et elle nous présenta la carte d’Aliaénon, qui, selon ces dires avait changé de géographie sous l’influence des titans. Pas assez familiarisé avec la typographie du lieu, j’eus du mal à m’en rendre compte, même si effectivement cette carte était bien différente de celle vue un an auparavant, cinq dans ce monde. Peut-être m’aurait-il fallut parcourir les terres que j’eusse jadis explorés pour m’en rendre compte. Je me dis que ces titans devaient être extrêmement puissants pour avoir changé les contours d’un monde aussi vaste. J’enviais les « Sauveurs » d’avoir pu voir ces entités à l’œuvre.
Shaam nous parla d’un ordre de chevaliers obéissant à un code d'honner : Les chevaliers d’Or, crée sous autorité du conseil. D’après lui, nous pouvions compter sur leur aide dans l’accomplissement de notre tâche.
Information, une nouvelle fois contre-dis, cette fois par Simaya Sombreroc. Ces chevaliers répondraient au nom de Chevaliers sans Patrie désormais, ayant choisi de proclamer leur indépendance. Au-delà de leurs apparentes actions contre le Sans-Visage, elle les accusait de violer les règles mis en place par les populations auxquelles ils s’imposaient.
C ‘était intéressant, mais Naral décida de couper court à la conversation, jugeant que nous n’avions pas besoin d’autant d’informations les jugeant comme des « détails sans importance. » Je ne le pensais pas. J’aimais savoir dans quoi je m’engageais et pourquoi je me battais. Je refusais de me laisser envoyer au casse-pipe tête baissée, sans informations, comme un vulgaire mercenaire. Il n’y avait rien de noble à ça.
Je levai tout de même un sourcil devant tant de tension apparente entre le Shaam et la Sombreroc. Je ne me privai pas du spectacle, observant avec délectation le cirque qui se jouait devant moi. Naral et le Conseil d’Or ne semblait pas être d’accord sur tout. Il aurait été importun de savoir jusqu’où ?
Ce que confirma la conclusion de Naral où il précisa qu’ils n’avaient pas de voies à nous imposer. Que nous devions seuls explorer le monde pour trouver un moyen de détruire ou de calmer la colère du Sans-Visage. Il nous invitait à poser nos questions aux conseils pour tenter de nous construire notre propre cap. J'aimais bien ça.
La première question vint de la cadette du groupe. Elle semblait mal à l’aise, mais elle parvint tout de même à se faire entendre de sa petite voix, demandant quels seraient nos moyens de locomotion dans ce vaste monde.
Le dragon mauve prétendait être ami avec les dragons d’Aliaénon, et nous permettait grâce à un sifflet, de les appeler. Tiens, ce n'était pas sans me rappeler quelque chose.
Je souris de derrière mon verre à la dernière remarque de l’elfe gris, même si, ma foi, il n’y avait rien de bien glorieux à essayer d’effrayer une gamine de cet âge.
Honoka elle, nous proposa également l’utilisation de chevaux entraînés, hébergés dans cette enceinte même.
Le Dragon d’Or d’Ynorie, puisque là était son titre, posa une question à son tour. Je compris à travers celle-ci que le conseil n’était pas au complet comme je l’eus pensé. Il s’inquiétait de la non-présence de quelques-unes de ses connaissances. Il interrogea également sur l’utilité d’une étrange pierre bleue qu’il portait accroché autour de son cou.
Puis vint Sibelle, l’amie de Sirat qui s’interrogeait sur la perception de notre présence par les autochtones.
J’en profitai pour m’engouffrer, désirant en revenir à ce qui avait été dit précédemment à propos des Chevaliers sans Patrie avant que cela ne se perde. J’attrapai une nouvelle gorgée de vin avant de me lancer.
« Je suis curieux à propos de ces Chevalier sans-Patrie » dis-je en posant chacun de mes mots distinctement.
La demoiselle Sombreroc faisait part tout à l’heure de non-respect des populations et d’outre-passement de leurs prérogatives. De quel ordre exactement ?
Non, que je remette en cause le droit des populations, d’obtenir le respect qui leur ai dû quant à leurs coutumes, mais de mon propre avis peut-être que dans les rares cas où la poursuite d’une juste cause nécessite un acte de piraterie, la piraterie elle-même devient une juste cause. Mais avant de pouvoir juger de cela concernant ces chevaliers, je pense que nous aurions besoin de plus de détails les concernant :
Si cet ordre est aujourd’hui indépendant, qui les guident ? En quoi consiste leur code d'honneur ? Et j’aimerais connaître vôtre avis sur cette question : En omettant leurs attitudes « irrespectueuses », peut-on se fier à eux en ce qui concerne la stricte réussite du plan que vous fomentez ?»
Ma question était posé à personne en particulier. J'avais tour à tour plongé mon regard dans celui-de nos hôtes.
Citation:
-1554 mots. Citation : Pirates des caraïbes.