J’attendis un instant les membres de mon groupe en tapant du pied le sol. J’ étais pressé de quitter cet endroit. L’inaction, ça ne me connaissait pas. La Kendranne belle à reveiller un mort nous avait rejoint également. Nous étions donc entre Kendrans. C’est en groupe que nous nous dirigeâmes vers un ascenseur aux mécaniques que mon esprit ne pouvait pas comprendre. Fermé par de grandes grilles d’or il avait ouvert sa gueule béante pour nous laisser entrer.
Déjà depuis notre cage d’or en descente, on pouvait apercevoir les alentours directs de l’endroit : En dessous de nous une cité. Humble de petite taille, plus proche de la bourgade qu’un monstre s’étendant à perte de vue. La plaine la cernant semblait fertile à en croire par les champs de blés, et herbes jaunies qui s’étendaient qu’importe ou le regard se posait. Une plaine d’or…
L’ascenseur ouvrit sa large gueule dorée pour nous vomir sur le sol de cette plaine. J’en profitai pour me retourner et lorgner un œil sur la Tour d’où nous étions sortis. Majestueuse, massive et d’Or elle se dressait fièrement, sur un pic rocheux. Cette Tour n’avait surement pas usurpée son nom. Elle était si belle vu d’en bas.
Je délivrai mon regard de ce chef d’œuvre d’ingénierie pour reprendre la marche. À mes côtés, le Chevalier argent et or, marchait. Sous cette épaisse masse de d’armure difficile d’imaginer à quoi il pouvait bien ressembler. Je ne m’étais pas présenté à lui, il était vrai que le cas Elysea D’Astenor, avait réussi à me faire perdre toute politesse. Et j’étais curieux de connaître l’avis de cet autochtone sur la question. Je décidai donc d’engager la conversation :
« Je suis Ezak d'Arkasse, venu pour vous aider à mettre fin à ce problème de Sans-Visage. »Je poursuivis :
« Une partie du conseil d'Or est élogieuse à votre propos. L'autre, bien moins. Mais ils s'accordent néanmoins sur une chose, vous connaissez votre sujet. »
Une pause.
« Quel intérêt avons-nous à parcourir les plaines Tanathéènnes ? Il y a t'il trace de la présence du Sans-Visage dans ces contrées ? Et qu'en est-il de ces nécromant qui y vivaient jadis, les Ol'Thoga ? »
Le chevalier me confirma bien vite les propos relatés.
"Nul doute, messire, que nous le connaissions. Nous fûmes formés pour cette unique mission."Il émit une pause avant de continuer :
"Quant aux plaines que nous allons parcourir, nombre sont ceux qui ont peur d'y mourir. Landes inexplorées des Chevaliers d'Or, maudites et fanées, pays de la Mort. Nulle trace n'y a été trouvée, puisque nul d'entre nous ne s'y est jamais pointé."Il haussa les épaules avant de reprendre :
"Les Ol'Toga ? Peuple maudit oublié depuis longtemps... Seriez-vous l'officiant de leur vieux testament ? Il n'en reste aucune trace, pour autant que je sache."J’ouvris grand les yeux de surprise, tordant mon visage d’incompréhension.
"Aucune trace ?! Je suis surpris qu’une information vielle de cinq ans ne vous soit jamais parvenues ! Je puis vous assurer qu'il y a cinq ans j'ai croiser leur route à Jesuir. »Je pus presque sentir le Chevalier tressaillir sous son armure à l’entente de mes mots.
"Vous êtes allé dans cette cité maudite ? Êtes-vous sûr, au moins, de ce que vous me dites ? Depuis l'éveil des titans, nul ne s'y rend, c'est évident. Aucune nouvelle n'a donc passé les frontières de cette lande maudite et de ce qui se cache derrière. »Ça se tenait, même si je trouvais tout cela quand même bien étrange. Ce jour-là, j’y avais croisé Azra en furie. Alors je n’étais pas le seul témoin de tout cela, j’en étais sûr.
"Je vous assure que j'ai vu près d'un millier de spectres m'entourant aux traits reconnaissables, comme s'ils faisaient partie d'un même peuple. Et je puis vous assurer qu'ils n'étaient pas qu'une simple invocation ! Je puis vous assurer également avoir aperçu des hûtes peu nombreuses, et sortant d'elles des membres encore vivant de leur clan. »J’émis une nouvelle pause pour laisser au chevalier le temps de tout digérer et en profitai pour en venir au point sensible qui m’intéressait.
"Si vous voulez mon avis, il vaut mieux ne pas s'en faire des ennemis. » Dis-je en jetant un regard en coin à la Kendranne, Elysea, non loin de nous.[/i][/color]
L’homme acquiesça mes propos silencieusement. Il était d’accord.
"Ce n'est pas pour rien, ma foi, que nul n'y va. Le lieu aura sans doute changé, depuis votre dernière venue. Depuis, une brume de mort rode dans la lande, empêchant tout vivant de s'y rendre. »Je souris à l’entente de ses derniers mots, tant la situation était ironique.
"Cela doit être en partie faux. J'ai du mal à vous imaginer foncer tête baissée dans une mission suicidaire. »Le chevalier acquiesça de nouveau.
"Depuis trop longtemps les miens craignent de s'y rendre. Je ne fais que saisir une occasion, qui était à laisser ou à prendre. Et dû aux vertus chevaleresques qui m'incombent, je ne pouvais laisser seule une femme aller vers la tombe. »Tant de chevalerie… Ca en devenait ridicule. Je comptais rétablir la vérité froide.
"Une fanatique...Et si ses actes suivent ses paroles, effectivement, elle n'ira pas seule vers la tombe. Elle nous y emmènera avec elle."Je jetai à nouveau un regard en coin à la Kendranne.
"Si nous croisions la route des Ol'Thoga, et qu'elle se décidait à avoir une attitude belliqueuse envers eux, j'ose espérer que le bon sens fera partie de vos vertus.""Il ne m'appartient point de la juger. Et dans un affrontement, nous ne devons avoir aucun parti-pris, si ce n'est celui que nous dicte notre âme. »Je fronçai les sourcils. Ce chevalier et son esprit aussi souple que la pierre commençait à me déplaire. Ses idées chevaleresques commençaient à se heurter à ma froide raison. Je me devais d’être clair avec lui.
"Ce n'est pas mon combat, alors soyons clair sur nos intentions : Ne vous attendez pas à recevoir la moindre aide de me part si ce n'est pour le Sans-Visage. » avertis-je la mine fermée.
Le chevalier hocha la tête à nouveau, sans un dire un mot de plus. Il ne protesta pas, rien. Je respectai au moins cette franchise qu’il y avait entre nous. Chacun était maintenant au courant des intentions de chacun.
J’inclinai la tête silencieusement, signifiant que nous n’avions plus rien à nous dire et j’accelera le pas pour m’éloigner de lui. J’étais assez frustré et franchement inquiet à l’idée d’avoir ces deux là avec moi. Ils étaient dangereux pour eux même, alors qu’allais-je bien faire à rester avec eux ? Je ne voulais pas mourir pour leur insignifiants idéaux.
Nous arrivâmes sur une grande place cernée par des statues, celles des héros de ce monde. Certains nous accompagnaient : Xel, Karz, Kiyoheïki, Sirat, Endar, Charis, la plupart en fait. Tous, immortalisés dans des poses héroïques. Je ne pus m’empêcher d’avoir une grimace signe d’une certaine pointe de jalousie. Tant de respect, tant d’amour, tant de postérités. Ils allaient rejoindre les livres d’histoire et on parlerait d’eux bien longtemps encore après leur mort. Bien sûr que oui, je les enviais.
Sur cette place, Naral Shaam avait pris sa forme draconnique et un autre dragon l’accompagnait. Beaucoup plus imposant sous ses écailles dorés. Calmes, ils lorgnaient leur regard reptilien sur la foule qui semblait faire peu cas de leur présence.
Car il y avait bien du monde sur cette place, des villageois par dizaines autour d’étales garnies de vivres et de matériel. Un villageois à l’allure robuste s’approcha de moi pour me donner paquet remplie de vivre. Je le remerciai d’un signe et m’empressai de me diriger vers les étales après avoir rangé les vivres dans mon sac.
Ainsi, je me dotai, d’une tente et d’une couverture,d’une corde, de quelques torches et de matériel pour faire du feu pour le côté survie. Je n'oubliai pas de rajouter un foulard, je me rappelais que trop biens les charnier nauséabond à ciel ouvert que l'on pouvait rencontré à ciel ouvert dans la Lande Noire.
J’étais satisfait de mes armes, mais j’attrapai tout de même une pique après avoir bien soupesée pour vérifier son bon équilibre. Chargé comme une mule, je m’apprêtai à prendre la direction du dragon mauve lorsque mes yeux aperçurent Karz, en compagnie de son groupe. Un sourire vissé sur les lèvres, je levai la main pour attirer son attention.
L’archer me vit, et s’approcha d’un pas tranquille en répondant à mon signe. Arrivant à mon encontre, il me fit un commentaire, sur nos routes qui ne cessaient de se croiser. Il était vrai que j’avais maintes et maintes fois fait couler le sang à ses côtés. C’était devenu un frère d’arme à force.
"C'est que je ne voudrais pas avoir à te manquer, Karz Enhgrim." Répondis-je avec sourire complice.
Je parcourus les derniers mètres me séparant de lui et l'attrape amicalement par les épaules. La sensation de ses bras de fer, me perturba et je pris un temps pour l’observer de plus près. M’arrêtant sur ce visage qui m’était étranger. Il était étrange de se dire que c’était bien ce bougre de Karz que j’avais face-moi.
" Quel plaisir de te voir mon ami ! Même si j'ai grand mal à croire que c'est bien toi... J'imagine que c'est une histoire complètement folle."Il ria de bon coeur, faisant part de la réciprocité du plaisir qu’occasionnait ces retrouvailles. Il fit la promesse de me raconter son histoire folle, mais une autre fois. Nous n’avions que peu de temps pour ça. Et il m’interrogea sur détermination à faire saigner du Sans-Visage.
J’acquiesçai silencieusement à ses propos et me baissa pour retrousser le haut de ma botte, dévoilant la naissance de ma jambe bionique.
"Tu m'en diras plus, mais je devine déjà une partie de cette histoire."L’archer observa ma jambe silencieusement, mais ne commenta pas plus. Je me relevai.
"Quant à ce Sans-Visage, il devrait trembler de m'avoir à ses trousses." Dis-je dans un sourire carnassier.
"Quelle sera ta destination en ce monde l'ami ? »Il m’indiqua qu’il avait pour intention de rejoindre les cités du désert, avec ses compagnons, mais il changea bien vite de sujet. Souriant et fier, il me demanda si j'avais aperçu sa statue.
"Comment la rater ? " Répondis-je sincèrement.
Je me retournai vers sa statue en croisant les bras, dans une pose d'observation. Nous mettant dans une position côte à côte. Elle lui faisait vraiment honneur, dans sa posture, bras mécaniques dirigés vers le sol. Tel cet héros qu’il était, ils l’avaient immortalisé. Elle imposait le respect. Ce n’était pas un seulement un héros d’Aliénons, mais un héros d’Ynorie également et pour ça, il avait tout mon respect. Cependant, c’était mal me connaître de croire que j’allais flatter aussi facilement son ego.
"Magnifique œuvre d'art n'est-ce pas ? Du travail d'orfèvre ! Ils ont reproduit ta nouvelle sale tronche à la perfection." Dis-je avec un sourire en coin.
Karz, sourit à ma pique, en arguant que je faisais juste preuve de jalousie. Je me contentai de sourire silencieusement devant cette affirmation. C’était un peu le cas, pour le coup.
Il posa une main sur mon épaule pour me signifier qu’il devait rejoindre les siens, non sans me proposer au passage un défi. Le premier qui infligerait une correction au Sans-Visage. Il proposait même de se mettre un handicap pour que ce soit équitable.
Je laissai échapper un rire. Il avait peut-être changé de corps, mais c’était bien mon vieil ami, sans aucun doute.
"Prépare-toi à subir une cuisante défaite, l'archer."Dis-je en lui tendant une main. Il l’a pris fermement en souhaitant que le meilleur d'entre nous gagne et s’éloigna. Je m’en retournai vers Shaam et entrepris de monter sur ce dragon fière et majestueux.
« Dire que la première fois que je vous ai monté, vous n’étiez qu’un tout petit dragonnet si mignon. Ça pousse on dirait… » Commentai-je taquin.
Citation:
1681 mots sans les paroles du Chevalier