Avant que nous percutions la porte de plein fouet, la garzok fut arrêté par le grand homme à la hache. Il admit que l’ogre avait raison et Virina me lâcha finalement. Heureusement qu’il avait intervenu, sans quoi j’avais l’impression que j’allais finir en crêpe, bien plate contre la porte close. Je m’empressais de m’éloigner de la femme verte, bougeant ma main compressé pour qu’elle revienne à elle. Un homme qui n’avait jusqu’à maintenant rien dit ni fait se mit à insulter la race garzok, elle ne s’en occupa même pas, préférant suivre Ybeild qui s’engageait dans la porte qui, par enchantement s’était ouverte. Je jetais un coup d’œil à celle-ci, une idée m’était soudainement apparût.

« Et si s’était là l’entrée de la demeure de ce druide? »

Mais le paysan avait déjà passé la porte en compagnie de la dame verte. J’attendais l’avis des autres avant de m’y engager à mon tour. Je n’avais rien dit sur les comportements qui suscitaient de mauvaises réactions, préférant ne pas me mêler aux querelles.

Sans un mot de plus, tout le monde se retrouve de l'autre côté de la porte, et ce qu'il y a de l'autre côté n'a rien à voir avec la possible demeure d'un quelconque druide, du moins en apparence. Tout autour de vous, des ruines, d'étranges ruines, comme si vous aviez retrouvé votre taille normale et que vous aviez été transportés dans une étrange et antique cité. Sur la plupart des pans de mur encore debout, d'étranges runes sont gravées, indéchiffrables. Il vous est impossible de savoir si vous êtes toujours dans le monde des insectes, si vous êtes toujours minuscules, car, perdus au beau milieu de ces ruines, au milieu de murs encore intacts par endroit, il vous est impossible de voir très loin.

Quelques secondes plus tard, la voix de Pipapoum résonne dans votre tête:

"Désolé, je ne peux pas aller plus loin! Bonne chance et...Adieu!"

C'est alors que la petite aldryde sur la tête d'Isaac, qui était jusqu'alors restée silencieuse, ouvre la bouche, vous laissant à tous entendre sa petite voix fluette.

"Naaaaan mais c'est pas vrai! Quand est-ce qu'on va enfin trouver ce fichu druide! Commence à y en avoir marre hein!"

Elina en entendant ça, laisse échapper un petit éclat de rire.

Mais il est sans doute temps d'avancer et vous constaterez que quatre voies s'offrent à vous. Une sur votre gauche, une votre droite, la troisième droit devant vous...et derrière vous, la porte s'est refermée et à disparue, laissant place à la quatrième voie.

Exprimant une peur bien légitime, Miha énonça l’hypothèse qu’en traversant la porte, ils pénétraient peut-être dans l’antre du druide. Virina ne fit cas de ces paroles alarmantes, puisque voulant retrouver sa taille normale, et ce depuis le tout début de leurs aventures communes, elle ne demandait que ça de rencontrer le druide que ce soit dans sa demeure ou ailleurs.

De l’autre côté de la porte, un tout autre décor les attendait, alors qu’ils se trouvaient auparavant dans une forêt composée de brins d’herbe géants et dont la faune se réduisait essentiellement à des insectes démesurément grands, ils faisaient à présent face à des ruines, rien à voir avec une maison de mage tel que pouvait se l’imaginer Virina.

Tout d’abord perplexe, Virina s’approcha de ces pierres éparses, en souleva une, l’examina puis la remit là sans précaution. Elle en prit une seconde, l’observa également attentivement et la lâcha tout comme la première. Une idée prenait forme dans son esprit et un sourire commençait à prendre place sur ce rude visage. Lentement, elle tourna sur elle-même et tenta de voir ce qui se trouvait au-delà de ces vestiges d’habitations, mais les quelques murs encore intacts ici et là l’empêchait de voir très loin. Ses dents exposées, l’orque souriait, car elle avait compris que ces ruines en étaient des vrais et non des minuscules grains de sables qui lui paraissaient énormes vue sa taille réduite. Après l’examen minutieux des lieux, elle en avait conclu qu’elle avait retrouvé sa taille normale, c'est-à-dire aux environs d’un mètre quatre-vingt-cinq. Bien qu’elle était ravie de ce retour à la normale, elle ne pouvait s’expliquer que le dénommé Ximar Onap ait soudainement décidé d’annuler le sort qu’il leur avait jeté.

Virina en était encore à se questionner lorsque la petite voix du petit pipapoum envahit sa tête. Ce dernier leur annonçait qu’il ne pouvait franchir la porte et qu’il les laissait terminer leur périple sans lui, à la grande déception de notre orque gourmande qui s’était bien promis un petit casse-croûte pipapoum avant la fin de leur aventure. Par réflexe, notre vieille guerrière renifla un bon coup, comme si elle avait voulu garder un souvenir de ce doux effluve qui lui avait mis l’eau à la bouche. Évidemment Pipapoum avait emporté avec lui son odeur. Or, les narines aiguisées de Virina avaient détecté une petite fragrance de fruit qui lui plaisait tout autant.

Mais notre insatiable guerrière n’eut pas longtemps à chercher, car une petite voix perçante exprima agressivement son impatience à retrouver le druide Omap. Levant les yeux, elle vit, juchée sur la tête du grand capitaine, une toute petite créature ailée à qui appartenait cette délicieuse odeur fruitée. Pour l’instant, la petite chose était inaccessible, mais Virina savait qu’un moment ou l’autre, elle serait à sa portée.

Pendant son bref examen des lieux, Virina avait remarqué que la porte avait disparu pour faire place à quatre voies, devant, derrière, à sa droite puis à sa gauche. Mais elle n’avait pas l’intention de n’emprunter aucune d’elles pour l’instant. Elle voulait tout d’abord examiner ces étranges gravures qui parcouraient les runes. C’est ainsi que Virina s’éloigna des autres pour passer ses doigts sur les marques laissées sur une pierre à ses pieds.

Cependant, elle savait désormais qu'elle avait besoin des autres, et qu'il lui faudrait faire un effort pour faire semblant de s'intéresser à eux. C'est pour cette unique raison qu’après avoir poussé un soupir de résignation, qu’elles leur firent part de son idée.

« L’examen de ces gravures pourrait nous être utile. »

Nous traversons la porte et le décor qui s’offre à nous est totalement différents. De la jungle gigantesque, traversé de tiges géantes et d’insectes colossaux nous nous engouffrons dans un décor de ruines antiques. J’ai l’étrange sensation d’avoir retrouvé ma taille normale, un doute subsiste pourtant dans mon esprit. Je balaye le paysage, passant devant ses murs effriter et ses colonnes consumer par le temps. Des murets nous accueillent, graver de rune antique de part et d’autres. La porte à disparu et cela exaspère la petite aldryde. Cette impression de tourner en rond l’énerve, mais moi je m’y habitue, j’ai l’impression d’un jeu ou nous serions des marionnettes, je n’ai pas l’habitude de perdre, je ne lâcherai rien. Je soupire en observant les runes, la réflexion de la garzok ne manque pas d’intérêt certes, mais je ne suis pas érudit et encore moins lettré. Je me contente de hausser les épaules naïvement.

C’est curieux mais c’est autre chose qui attire mon intérêt. Un rire perdu dans ses débris de civilisation, qui résonne dans mon esprit. Suite au départ du lutin et de la réflexion de l’aldryde, une jeune femme a rie, cela ne m’avait pas choqué au départ, mais plus je la jauge plus je la trouve louche.
Elle est plutôt menue, habillé de façon plus que légère, des cheveux châtain blond attaché et retombant sur ses épaules graciles. Je n’avais pas prêté beaucoup d’attention aux autres, Isaac les effaçant de son aura dans ma représentation. Mais depuis que ce dernier s’est révélé un couard je me rends compte que nous sommes accompagnés depuis le départ de cette malheureuse aventure.

Je me rapproche de la jeune fille, son sourire toujours présent sur son visage. Pourquoi est-elle heureuse, pourquoi n’est-elle pas désappointée comme le reste de la troupe. Plus je me rapproche d’elle plus des questions m’assaillent. Je me rappelle d’une amie au village Missihuit elle m’avait conté l’histoire d’un voleur qui détroussait les gens en voyageant avec eux, s’accaparant leur confiance et les trompant, les marchand se rendaient compte de la supercherie bien trop tard et le roublard était à chaque fois déjà loin. Je la dévisage, plongeant mon regard dans le sien. J’ai toujours cette impression d’être manipulé et les yeux de cette fille ne font que potentialiser cette intuition. C’est une superbe créature, bien roulée, si je me trompe… Que Yuimen me guide…
J’empoigne alors vivement mon marteau et aussi rapidement que possible l’abat sur mon ennemi, cette femme, cette Elina que je soupçonne d’être soit ce druide soit de mèche avec lui.

Pourquoi ris tu druide !! cela te plait il de nous voir tourner en rond ?!

Un sourire malin était apparu sur les lèvres closes de l’Ogre lorsque le vaillant guerrier à la large hache se mit à soutenir ses plans et solutions. Et il prit d’autant plus de plaisir que ce soi-disant chef de groupe admit qu’il souffrait d’accorder sa confiance à Gurth. Il ne releva même pas les inutiles propos haineux de l’ynorien de la bande, bien qu’il apprécia leur nature raciste prompte à semer la zizanie et le chaos au sein de leur groupe déjà pourtant tendu. Gurth ne put s’empêcher de penser que cet humain aux katanas aiguisés était plus apte à arborer les qualificatifs dont il venait d’abreuver généreusement l’orque, mais il n’en dit rien, car la porte venait de s’ouvrir, dans un déclic augurant son déverrouillage. Il avait résolu l’énigme, et son sourire se renforça de plus belle. Un sourire qui n’avait rien d’aimable ou de rassurant. Après avoir ordonné à tout le groupe la voie à suivre, il s’imposait en stratège de choix. Il prenait définitivement les rênes de cette expédition, surpassant par ses actes le pouvoir abscons d’Isaac le héros fantoche.

Nul ne commenta la réussite de l’Ogre. Il n’attendait pas de compliments, ou de remerciements. Il savait juste que ses compagnons étaient certainement impressionnés par ses performances. Un silence béat lui suffisait amplement. Car c’est la crainte qu’il tentait d’inspirer, et non l’admiration. Et moins en son nom qu’en celui des dieux sombres.

À la suite de la garzok, du paysan et de la voleuse, lui-même suivi par Shaar, il entreprit de passer le pas de la porte. Et ce qui les attendait de l’autre côté était plutôt rassurant : des ruines. Des ruines de leur taille. C’était la preuve qu’ils avaient retrouvé leur taille initiale, ou qu’ils étaient entrés dans un monde correspondant à leur taille miniaturisée. Ou qu’en tout cas, les êtres ayant habité là étaient des mêmes proportions qu’eux, et que l’endroit, s’il ne l’était plus, avait un jour été viable pour de si petites gens. Ils ne feraient donc peut-être plus face à de géants adversaires. Du moins l’espérait-il.

L’ogre se tourna vers son compagnon mort-vivant, et lui tendit la vieille rapière tordue qui pendait mollement et inutilement à son côté. Il n’avait que faire d’utiliser cette arme qu’il ne savait pas manier. Il avait bien mieux, pour tuer ses adversaires… Et Shaar était plutôt dépourvu de tout objet utile. Armé d’une lame, peut-être servirait-il encore plus les desseins de Gurth Von Lasch, son maître. Les autres semblaient avoir remarqué d’étranges gravures runiques sur les murs détruits de la ville en ruine qui les entourait. Gurth ne s’y connaissait guère, en graphie magique. Les seuls écrits qu’il avait étudié de sa vie parlaient des dieux noirs, unilatéralement. Le noir parlé d’Omyre, les prières à Phaïtos, Thimoros, la langue maudite des Enfers, tout ça il le connaissait… Mais rien de bien précis sur les pouvoirs arcaniques extérieurs aux ténébreux jumeaux.

Pipapoum, qui n’était pas passé le pas de la porte, affirma qu’il ne pouvait les suivre, désormais. Ils se débrouilleraient sans lui. Ce n’était pas plus mal, en vérité. Ce nabot feuillu n’avait jusqu’ici pas brillé par sa débrouillardise, sa puissance ou ses initiatives. Son seul point fort était son invulnérabilité, et ça desservait le groupe plus qu’autre chose, puisqu’il ne pouvait être remis à sa place d’aucune manière. Pas comme cette agaçante créature sur la tête d’Isaac, cette faiblarde ailée à la voix désagréable. Elle venait de se plaindre de la lenteur de leurs recherches. Gurth fronça les sourcils, alors que la demoiselle taiseuse du groupe se mit à glousser. Virina, elle, ne s’en préoccupa visiblement pas. Elle tentait de décrypter le contenu des runes. Comme si une garzok guerrière pouvait comprendre quelque chose à la magie. L’Ogre ne put s’empêcher de répliquer aux plaintes de Louanah.

« Si tu t’bougeais un peu plus, au lieu de te plaindre, on avancerait plus vite ! »

Mais la palme de l’action la plus hargneuse ne lui revint pas, cette fois. Car sitôt eut-il fini sa courte tirade que le paysan arma son marteau pour tenter de l’abattre sur Elina... l’accusant apparemment de torts nouveaux. Quelle mouche le piquait ?

Personne ne sembla trouver judicieux de répondre ou même de commenter ma réflexion, à croire que ce que je disais était stupide. Quoi qu’il en fût je passais la porte de bois gravée comme les autres. A voix du petit pipapoum résonna dans nos têtes, nous disant qu’il n’irait pas plus loin, nous laissant nous débrouiller seul. Seul devant ce champ de désolation qui s’offrait à nous. Les vestiges d’une civilisation ancienne ornaient le sol, si cela avait été l’habitation du druide que nous cherchions, il ne devait plus vivre ici depuis longtemps. Je contemplais ce décor sans rien dire, alors que la femme verte s’amusait à soulever des pierres et les remettre par terre.

Je fis quelque pas en avant, explorant une minime zone de ces ruines, j’aurais eus envie d’aller plus loin si un petit rire agaçant suivit de menaces n’avait pas brisé mes pensées. Lorsque je me retournais le marteau d’Ybeild était prêt à aplatir la pauvre femme qui avait eu le malheur de rire de l’embêtement de la petite créature aillée. Je pensais comme cette petite chose posée sur la tête d’Isaac, j’avais l’impression de tourner en rond. Peut-être que ce nouvel endroit allait faire débloquer notre quête, et qui sait peut-être sans égratignure! Mais avec celui-là qui menaçait Elina, je doutais à présent de cette possibilité.

« Mais vous avez complètement perdu la tête! A moins que ce ne soit ce druide qui vous obsède et vous fait agir! Ça ne nous avance à rien d’attaquer ceux qui sont dans notre groupe! »

Et voilà que je me fâchais.

Attaque Ybeild : Echec
Jet compréhension gravures Virina : Echec.

Pendant que Virina étudie les gravures, sans y comprendre quoi que ce soit, Elina se prépare à éviter l'assaut du paysan au marteau, mais elle n'en a pas le temps. En effet, c'est un phénomène extérieur qui fait en sorte qu'Ybeild rate son attaque. La terre se met soudainement à trembler, de manière vraiment violente et le paysan est déséquilibré. Une seconde plus tard, une autre secousse se fait sentir, puis une autre, chacune plus violente que les précédentes. Soudainement, une ombre s'abat sur les ruines. En regardant derrière vous, vous remarquerez que l'ombre est produite par...rien de moi qu'une personne de taille normale.

Les secousses sont produites par les pas du géant qui se tient non loin de vous, fort heureusement, il ne se dirigé pas vers votre position, tout du moins...pour le moment.

Avant que le marteau du paysan ne s’écrase sur la jeune femme le sol se mit à trembler, si bien qu’Ybeild manqua son coup et la jeune femme ne fut pas aplatie. J’en fus soulagé, cette femme n’avait pas à payer les soupesons fondée sur quelque chose qui n’était pas prouvé. Ce problème s’arrêta là dans mon esprit, car un autre s’y opposait, la terre tremblait fortement, assez pour me faire tanguer. La secousse s’arrêta, pour laisser place à une seconde, encore plus violente que la précédente. Fléchissant les genoux pour gagner en stabilité, je cherchais à connaitre la source que ce tremblement soudain.

Le soleil se mit à disparaitre, laissant place à une ombre terrifiante qui planait sur nous. C’était lors de moment comme celui-ci qu’on voyait à quel point nous étions petits dans l’univers. Je réalisais ma taille toujours réduite lorsque j’aperçus au loin ce monstre gigantesque. Plus loin, il m’était difficile d’estimer la distance avec la taille démesurer du géant, se tenait une personne, une personne qui selon moi devait avoir la taille que nous désirions récupérer. Je regardais ce géant bouche bée, seul l’un de ses cheveux pouvait servir de corde tellement il était énorme. Moi qui pensais qu’ici seul le seigneur Von Lasch avait une taille démesurée. Un petit rire m’échappa, autant pour ma remarque que par nervosité.

Si ce géant venait vers nous, les chances qu’il nous écrabouille sans même nous apercevoir étaient grandes… Je n’avais pas envie de finir écrabouillé… Je me demandais si cette personne accepterait de nous aider, si nous arrivions à lui parler. Je m’adressais ensuite à tout le groupe, sans pour autant quitté des yeux la créature qui continuait de faire trembler le sol avec violence.

« Si nous attirions son attention, vous croyez qu’il serait hostile? »

J’entends Miha me crier dessus alors que mon coup va s’abattre sur la jeune comique. La terre se désiste sous mes pieds et mon fléau termine dans le sol. Je jauge le regard de la jeune voleuse, ses yeux bleus plein de rage et d’incompréhension face à mon geste. Sa chevelure blonde retombant sur ses épaules graciles, son air mécontent et céleste me pointant du doigt. J’aimerais m’excuser, m’expliquer, mais le sol s’échappe une nouvelle fois et je manque de tomber. Faire de cette Elina une ennemie semblait être une bonne idée, me serais-je trompé, possible à en croire le ressentiment que je crée chez la seule personne qui semble humaine dans ce groupe. L’écorce terrestre se plaint encore, je ne peux plus l’ignorer et regarde vers cet horizon qui s’échappe. Le soleil s’efface, recouvert par une ombre opaque, immense colosse qui avance sur nous, imperturbable. J’ai du mal à déglutir, j’observe mes compagnons un instant.

Miha garde toujours cette vision positive des choses et propose d’attendre. Je suis circonspect, je jauge toujours du coin de l’œil cette Elina, mes questions sont toujours sans réponses et mon hypothèse ne me semblait pas si folle. Je me garde de faire quoique ce soit, le marteau prêt à ce repaitre des futurs combats, j’attends.
Je regarde Miha, elle me tourne le dos, j’aimerais lui expliquer, mais j’en serais incapable. Pour ce genre de chose je suis bien comme mon paternel, un éternel introverti. J’enrage intérieurement et souffle sur la pensée de mon amertume, restons concentré je ferais mieux la prochaine fois.

Bien que sachant suffisamment lire pour déchiffrer un message ou une recette, Virina ne connaissant rien en ce qui concernait les gravures runiques, ne put rien tirer de ces pierres gravées. Cette ignorance de la compréhension de ces codes magiques semblait faire l’unanimité, puisqu’aucun de ces compagnons ne se manifesta vraiment, à part le paysan, qui d’un haussement d’épaules signifia clairement son impuissance face à la situation. Virina s’éloigna donc de la pierre, continuant son inspection des lieux afin de trouver un indice, lui permettant de savoir où ils avaient échoué après avoir traversé cette porte de bois.

Alors que la voix fluette, mais surtout l’odeur fruitée, de la petite aldryde avait aiguisé l’appétit de notre vieille gourmande, elle avait eu un tout autre effet sur le corpulent moine. Celui-ci, irrité, somma la petite Louanah, de collaborer plutôt que de geindre. Pour ce qui est de ce rire cristallin, émanant de cette jolie blondinette à peine recouverte de quelques bouts de tissu, qui avait laissé notre orque indifférente, il sembla éveiller des pulsions meurtrières sur Ybeild. Ce dernier s’approchant de la dénommée Elina, levant bien haut son marteau avec l’intention bien évidente de fracasser le crâne de la jeune demoiselle.

Les réactions de Gurth et Ybeild firent plaisir à notre combattante. Si une bagarre générale éclatait, elle se mettrait de la partie, en attaquant sans hésiter le jeune prétentieux à la trop longue chevelure noire, se servant comme prétexte les méchancetés qu’il avait proférées à propos des garzoks. Or Miha, ne partageant apparemment pas la même vision que la garzok, se mit en colère et sermonna les deux hommes. Virina fronça les sourcils en entendant les remontrances que la jeune humaine blondinette faisait au paysan et à l’ogre. Notre vieille créature verte ne partageait pas l’opinion de cette petite qui à son avis ne comprenait rien à la rage guerrière, aux combats incessants qu’était la vie.

Voulant expliquer à Miha, les biens fondés de l’acte d’ Ybeild, elle prit la parole :

« Le paysan a raison, il nous faut trouver le druide et celui-ci s’est peut-être infiltré parmi nous . »

Ce disant, Virina pointait tour à tour Elina et Amako.

Mais la remarque de Virina arrivait trop tard, car le paysan avait déjà abaissé son arme, et la jeune victime avait été miraculeusement épargnée, grâce à un curieux tremblement de terre qui les déstabilisa tous sans exception.

La première secousse fut accompagnée d’une seconde, puis d’une troisième et d’une quatrième, toutes exécutées au même rythme, mais de plus en plus violentes comme si ces séismes s’approchaient de plus en plus d’eux.

Pendant tout ce temps, Virina, bien campée sur ses pieds, s’était adossée à l’un des pans de ruine encore debout, scrutant au loin, cherchant l’origine de ces vibrations incessantes. Une ombre surgie de nulle part lui fournit la réponse à ses interrogations. Il s’agissait tout simplement d’un énorme géant qui de son imposante stature assombrissait les lieux.

La jeune Miha proposa alors d’attirer l’attention de ce nouvel arrivant. Bien que très courageuse, voire même tête brûlée, Virina savait pertinemment qu’ils n’avaient aucune chance de vaincre contre un tel opposant. Ne voulant pas que la jeune demoiselle ne commette un impair en attirant vers eux,cet énorme monstre, elle se dépêcha de la dissuader.

« Restons silencieux et laissons-le passer son chemin. Il n’y a pas de risques à prendre.»

La demoiselle discrète qui avait osé rire de la situation, avant de se retrouver la cible de l’ire du paysan, fut sauvée du coup puissant de celui-ci par une curieuse et inattendue manifestation du sol. Un tremblement aussi subit qu’inexpliqué. Un séisme à répétition qui déséquilibra les aventuriers. Gurth, sourcils froncés, se campa sur ses larges pattes pour résister à la chute. Ses pieds immenses lui accordaient par bonheur un équilibre plutôt bon, malgré son surpoids évident.

Et aux les tremblements chroniques vint bien vite s’ajouter la menace d’une ombre immense, gigantesque, qui s’abattit sur les ruines sans plus d’explication. Et pourtant, celle-ci leur fut révélée bien vite, et avec elle vint toute la désillusion d’une taille retrouvée. Car le responsable de ces tremblements et de cette ombre n’était autre qu’un vulgaire badaud qui marchait, du haut de sa taille gigantesque et néanmoins tout à fait banale, s’ils n’avaient pas eux-mêmes été réduits à de vulgaires moucherons. L’être, par chance, ne se dirigeait pas vers eux, et ne risquait donc pas de les aplatir sur le sol sans la moindre considération.

Miha se questionna sur les bienfaits d’attirer son attention. Il était clair que s’il venait, hostile ou non, il réduirait à néant la troupe qu’ils formaient. Et l’Ogre ne saurait accepter être écrabouillé sans avoir semé préalablement la haine et la destruction de lui-même, pour honorer ses dieux sombres. L’orque sembla du même avis que lui… Il précisa tout de même :

« Qu’importe que nous fassions du bruit. De sa taille, il n’entendrait rien de nos paroles, sinon qu’un futile chuintement. Et seulement s’il tendait vers nous l’oreille. »

Il leur fallait trouver à quoi ces ruines faisaient référence. Virina ne sembla pas avoir percé le secret des glyphes creusés dans celles-ci, alors Gurth s’en approcha finalement, accompagné de Shaar, pour les inspecter lui-même, à son tour.

[HJ : GM15, pourrais-tu faire passer la rapière tordue du sac de Gurth à la main principale de Shaar, sur leur fiche respective ? C'est une action de mon post précédent. Merci !]

Jet de compréhension des gravures Gurth : Réussite

Comme prévu, le "géant" passe son chemin et s'éloigne de votre position, emportant avec lui les dérangeantes secousses. Vous ne courrez plus aucun danger visible pour le moment. Mais alors que les secousses ne sont pas tout à fait estompées, la jeune Elina prend la parole, sans qu'aucune once de colère vienne teinter sa voix.

"Hum, je comprends ce que vous ressentez monsieur. Il est en effet possible que le druide, ou tout du moins, un de ses sbires se cache parmi nous. Mais attaquer sans preuve réelle, ne fera que vous priver, en cas de succès, d'un puissant allié potentiel. Pensez-y la prochaine fois!"

Sur ces derniers mots, elle fait un grand sourire au paysan.

De son coté, Gurth arrive à reconnaitre quelques symboles, les ayant déjà vu dans des écrits anciens sur les dieux sombres. Il ne comprend pas tout, mais il arrive à déchiffre quelques mots: "Druide fou" - "Pièges" - " Trésor" - "Créatures" - "Labyrinthe"

Alors que l’Ogre s’avançait vers les runes mystérieuses, l’humain non-rapetissé s’éloignait des ruines pour vaquer à ses occupations banales et quotidiennes. Il n’avait sans doute que faire de croiser une bande de modèles réduits aussi petits que des fourmis. Cela laissa donc tout le loisir à Gurth d’inspecter plus avant ces gravures antiques et certainement arcaniques, pendant qu’Elina réglait ses comptes avec le paysan colérique. Celle-ci, Gurth l’entendit d’une oreille discrète, entrait dans la paranoïa d’Ybeild en affirmant qu’il y avait peut-être un sbire du druide maudit parmi eux. Voilà une belle stratégie pour ramener la sûreté et la confiance dans le groupe. La zizanie était un risque délicieux qui pouvait éclater à tout moment, avec les tensions interpersonnelles de ces personnalités si différentes.

Gurth ricana dans son coin tout en inspectant les runes. Nombre d’entre elles lui étaient inconnues, mais certaines formes lui rappelaient vaguement quelque chose. Ainsi, à voix haute pour que les autres entendent sans qu’il ait à leur répéter, il traduisit certaines d’entre elles qui se rappelaient à son souvenir.

« Druide fou… Pièges. Trésor, Créatures et Labyrinthe… »

Il soupira en se frottant le crâne de sa main énorme, et grommela :

« Foutu charabia… On est sur la bonne piste au moins, mais elle n’a pas l’air aisée ! »

Un labyrinthe peuplé de créatures et parsemé de pièges les mènerait au druide fou. Et même s’il y avait des trésors planqués, ça ne sonnait pas de manière très positive à l’oreille de l’Ogre. Instinctivement, il passa un doigt distrait sur la rune « trésor », la seule qu’il lui plaisait de lire.

L’ogre avait raison, peu importe le bruit qu’ils feraient, aucun humain ne ferait attention aux petites fourmis qu’ils étaient devenus. Lorsque l’homme qui était somme toute de grandeur normale passa son chemin, la guerrière dut admettre qu’elle s’était trompée et qu’elle n’avait pas récupéré un seul centimètre de son mètre quatre-vingt-cinq.

Un peu dépitée de son erreur, elle retourna vers les pierres pour finalement comprendre que ces ruines avaient subi le même sort qu’elle. Gurth s’étant lui aussi approché des runes se mit à tenter de les lire. Sûrement plus instruit qu’une orque, il parvient à déchiffrer quelques mots.

D’une voix rauque et peu amène, il prononça quelques mots épars : Druide fou… pièges, trésor, créatures et labyrinthe. Ces mots semblaient représenter le menu de ce qui les attendait et au désespoir de Virina le mot combat n’y figurait pas. La vieille créature verte répéta mentalement les quelques mots découverts par le moine avant de pivoter un tour complet sur elle-même puis déclarer.

« Nous sommes déjà à l'intérieur du labyrinthe. Quatre chemins s’offrent à nous. » Dit-elle en désignant les quatre directions.

« Peu importe la voie choisie, nous devons tous emprunter la même. Le druide fou cherchera à nous séparer. »

Après avoir fourni un gigantesque effort de persuasion, l’orque se tut, examinant à tour de rôle la route du nord, celle de l’ouest, puis celle du sud et enfin celle de l’est. Elle n’avait aucune idée de la direction à prendre et comptait sur ces compagnons de route pour la sortir de là.

Personne ne semblait être de mon avis, tant pis, le géant passait sa route sans nous voir, ni nous écrabouiller. Je le regardais s’éloigner, pendant que la femme qui avait manqué de se prendre un coup de marteau sur la tête sermonnait le paysan. Je n’avais rien à ajouter à ce qu’elle disait, je pensais que mon désaccord avait bien été compris.

Un peu plus loin l’ogre examinait les pierres déjà bougé par Virina avant que le géant ne fasse trembler la terre. Je me demandais ce qu’il y avait d’intéressant dessus, ne comprenant pas grand-chose aux symboles gravés. Gurth par contre savait déchiffrer cette écriture étrangère, il en fit ressortir quelques mots. Tous ces mots semblait former un résumer de notre aventure et laissait présager la suite. La femme verte donna son avis sur le sujet, elle n’avait pas tort, selon moi. Rester en groupe était la meilleure solution pour le moment, ensemble nous étions plus forts, surtout contre une armée de fourmis géantes.

Il nous fallait choisir un chemin, mais comment choisir le bon? Je me plantais au croisement de ceux-ci et regardait tour à tour chacun d’eux.

« Et les pierres… elles ne disent pas le chemin à suivre par hasard? Parce que tout ça s’est bien, mais on le savait déjà… mis à part pour le labyrinthe. »