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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Dim 19 Aoû 2018 14:20 
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La gorge devient incandescente, le noir se teinte d'un rouge magmatique. Ce n'est pas de simple flammes qui s'apprêtent à jaillir de la gueule du monstre. Ma magie s'active, je la sens autour de moi, virevoltant et s'élevant. Elle est tellement présente que je vois l'horizon vaciller et sent le sol trembler. Ou alors ça n'a rien à voir car soudainement une voix surgit de nulle part, exclamant qu'il est vivant. Qui est vivant ? Le visage de Simaya apparaît devant moi, brisant définitivement ma concentration. Qu'est ce que c'est ? Un sort de l'Esserothéenne qui nous observe ? Pourquoi agir contre moi alors ? Juste une hallucination provoquée par la magie dans cette région ? Ma propre magie qui a pris une forme si étonnante ? Je me sens perdu et cette distraction va m'être fatale. Même si j'ai senti ma magie agir, rien ne se passe avec le dragon. Il souffle, projetant un flux de chaleur qui me brûle le visage alors qu'il sort à peine de sa gorge. Instinctivement je tourne la tête, dresse mes avants bras comme si ça pouvait encore me sauver. Je ferme les yeux, attendant que le souffle brûlant me transforme en cendres instantanément. J'entends un choc violent. Un cri. Une vague de chaleur qui passe près de moi et qui me fait suer à grosses gouttes en chauffant mes vêtements jusqu'à m'en brûler. Je reste immobile, me demandant si c'était déjà fini. J'ose ouvrir un œil en percevant un bruit de lutte impressionnant mêlant battement d'ailes, gueules qui claquent et raclements de griffes contre l'écaille. Je pense être encore en vie. Le dragon d'or est revenu et est de nouveau au corps à corps contre son cousin. Il m'ordonne de fuir, soulignant le fait que je ne fais pas le poids. Je l'ai compris maintenant, aucun vent n'aurait pu empêcher ce jet de lave de m'atteindre. Le coup de griffe que subit le dragon de Fan-Ming termine de me sortir de ma stupeur. J’hésite encore. Je ne veux pas laisser ce dragon combattre seul alors qu'il venait de revenir pour me sauver. Je serre les dents, contenant ma rage et ma peur, mon impuissance face à de telles créatures. Je ne peux rien tenter, les dragons virevoltent tellement que me concentrer sur un d'entre eux est impossible. Je n'ai pas d'autre choix que de fuir. Je frappe du pied dans la cendre en jurant avant de chercher les autre aventuriers du regard. Je distingue Jorus en compagnie de deux autres personnes. D'où viennent t-elles ? Où est le type qu'il aidait juste avant ? Ils se dirigent vers des roches formant une caverne.

Je reprends la pleine possession de mes moyens. La volonté de survivre. Je m'élance vers eux et je pense reconnaître les deux personnes qui étaient présente à la bataille de Fan-Ming. En arrivant à l'abri des pics rocheux je laisse échapper un rire nerveux en m'exclamant.

"J'ai eu chaud."

Je m'assure d'un regard que personne n'est blessé et dresse l'oreille à l'écoute du combat dans les cieux.

((540 mots))

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Mar 21 Aoû 2018 09:34 
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derrière lui, le combat redouble d'intensité, mais il ne se retourna pas. Voir le magicien mourir ne lui plaisait pas, il le regrettait. Il déposa Sibelle, la jeune femme tenait sur ses jambes, la blessure semblait moins grave qu'impressionnante. Il en était rassuré. Les pics, offraient un abri, mais ne dévoilaient rien d'autres. Les ténèbres s'ouvraient devant eux, en une gueule béante ou rien ne sortait. Il ne savait pas si il s'agissait d'un simple renfoncement, d'un tunnel ou une grotte. Dans la plaine des bruits d'empoignade de saurien résonnaient dans la plaine lugubre.

C'est à cet instant que Xel débarqua, un air faussement débonnaire sur les lèvres, feignant qu'il avait eut de la chance. Pour sur, Zewen l'avait à la bonne. Sirat le regarda sévèrement mais ne répondit rien, à part un grognement réprobateur. Il était content de le voir en vie, mais il devait s'enfuir de ce carnage.

il retourna son attention vers l'antre noire. Il déposa sa main sur la pierre et s'avança lentement, ne voulant pas se blesser. Il pénétra dans la nuit.

Citation:
177 mots

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Mar 21 Aoû 2018 15:33 
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Rien, pas de réponse. La pierre ne semble pas émettre une quelconque voix d’espoir dans ce lieu sans vie. L’Humoran prend cependant la direction que je lui indique, preuve s’il en est que la pierre n’es pas complètement dénuée de pouvoir, ou alors ce dernier possède une ouïe sans pareil. Il trimbale avec lui la femme au regard d’acier. Celle-ci, semble s’être réveillée d’après le mouvement de son bras porté à sa tête. Pour ma part je continue mon chemin vers la grotte avec le p’tit bourgeois sous le bras toujours dans les vapes, à se demander ce qui lui est bien arrivé pour être aussi sonné. Aucune perte de sang ne peut m’indiquer s’il s’est cogné en tombant.

A la grotte où nous nous nous rendons, un être semble y provenir. Son apparence noire comme la nuit me glace le sang : un Shaakt. Une de ces saloperies de peau noire est présente en ce même lieu que le dragon. Coïncidence ? Je reste sur mes gardes et contre toute attente, il semble se diriger vers le lieu du combat, nous ignorant totalement. Cela ne me dit rien qui vaille, mais l’Humoran tient pourtant à se rendre à la grotte et dans ce lieu de mort, je préfère rester grouper avec ceux étant nommés comme des héros.

J’arrive à la suite de l’Humoran. L’absence de lumière nous pousse tous deux à rester à l’extrémité du lieu. Véritable gouffre sans fond, comme s’il avalait toute lumière qui s’y trouvait. Contrairement à mon comparse, sa charge semble s’être réveillée. Je dépose mon colis au sol et entreprends de l’inspecter. Les quelques hématomes sans grandes conséquences ne peuvent être la cause de son état et ce n’est pas le lieu pour une inspection générale du corps.

Derrière-moi le rugissement du dragon fait fureur Le terrain accidenté ne me permet pas de voir clairement ce qu’il se passe et je n’ai que le temps de voir le dragon d’or charger, qu’un étrange phénomène titille mon instinct de survie. A côté de moi, un disque magique s’est créé, absorbant le pauvre noble que je me suis évertué à porter jusqu’ici. Je me précipite à lui pour l’empêcher de tomber, mais j’arrive trop tard. Notre groupe ne comporte que deux êtres valides et une femme en rétablissement. Nous ne sommes même pas arrivés à destination que nous avons déjà perdu Xël et maintenant ce type dont je ne connais même pas le nom s’est fait avaler par un disque magique. En plus d’un dragon nous risquons de devoir faire face à un Shaakt, mais tant que notre ami d’or peut s’occuper de son comparse, je pense que l’Humoran et moi pouvons tenir cette peau noire à distance.

Sauf que dans la Lande Noire les évènements s’enchaînent les uns avec les autres, comme un groupe d’ivrogne dont le plus éméché ferait tomber tous ses comparses. Du disque magique s’extraient deux êtres. Un homme muni d’un équipement complet typique de Yuimen, ainsi qu’une femme derrière lui avec une aura peu engageante, vêtu sombrement d’une tenue sombre. Par réflexe je roule sur moi-même en arrière et dégaine mes deux dagues pour me protéger d’un éventuel assaut. On n’apparaît pas par un disque magique juste pour se tailler le bout de gras. Quoique cela risque éventuellement d’être le cas avec les lames que j’aperçois sur l’homme.

A ces deux êtres je hurle : "Qui êtes-vous et qu’avez-vous fait du p’tit bourge ?"

Sur le qui-vive un homme s’approche de nous et lance sur un rire nerveux : "J'ai eu chaud." En me retournant je vois Xël que je croyais déjà disparu dans les crocs ou les pattes du monstre noir.

Surveillant les deux derniers arrivants du coin de l’œil je m’adresse au mage. "Toi ! Vas falloir que tu me dises pourquoi, après m’avoir averti de l’utilisation de magie ici, tu te permets de lancer sort sur sort ? Tu veux nous tuer ma parole !"

((657 mots))

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Multi : Relonor et Nhaundar


Dernière édition par Jorus Kayne le Sam 25 Aoû 2018 08:34, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Mer 22 Aoû 2018 13:40 
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L’humoran ne répondit point à la question de la belle. Elle n’en su pas la raison, mais respecta son silence. Elle aurait fait de même pour lui, si les rôles avaient été inversés. La scène aurait eu alors un aspect plutôt singulier, celui d’une apparente frêle femme portant un colosse tel l’humoran. Mais la force de cette guerrière était telle que cela aurait pu être plausible,… sur une courte distance cependant.

Sirat conservait son mutisme et Sibelle encore légèrement sonnée se laissa porter sans plus faire de commentaires. L’humoran, adoptant un rythme de marche rapide et régulier s’approchait des pics rocheux. Par sa position sur l’épaule du colosse, en levant légèrement la tête, la guerrière put voir ce qui se passait sur les plaines. Ce mage Xël utilisait de nouveau sa magie, mais pour une cause que Sibelle jugea noble cette fois-ci, c’était à dire sauver le dragon d’Or des griffes de son congénère noir. Puis, surprise, elle vit Endar, ce traître d’elfe noir qui avait nui délibérément à leur recherche du Sans-Visage lors de leur enquête à Ouesseort. Par contre, il semblait tenter de venir en aide au mage plutôt que de le nuire. Heureusement pour Xël, malgré toute la condescendante qu’il démontrait face aux humains, aux elfes, et aux espèces apparentes, le dragon d’Or fit une plongée spectaculaire afin de porter secours au mage qui était en fort mauvaise posture.

Une fois rendue aux pics rocheux, Sirat déposa Sibelle au sol. Tout en s’appuyant sur l’un des rochers, elle fouilla dans son sac et sortit sa gourde et but une bonne ration de la potion de soin qu’elle contenait. Ses deux nouveaux compagnons s’y trouvaient, le jeune humain aux cheveux noirs et en armure de cuir, ainsi que son compagnon Eratos, un jeune humain aux traits fins et à la peau clair, s’était évanoui.

Ces roches sur lesquelles elle s’était appuyées s’avéraient être l’entrée d’une grotte. Impossible par contre de savoir si elle menait quelque part ou bien si elles menaient à un cul de sac. L’humoran semblant s’intéresser à cette question, ignora ses compagnons et s’enfonça dans la noirceur de l’antre.

La guerrière s’apprêtait à questionner Jorus lorsqu’un phénomène étrange se produisit. Devant leurs yeux, le jeune homme inconscient, apparemment trop frêle pour vivre une telle aventure disparut, comme absorbé par une faille, une fissure dans l’air créé là sans raison apparente. Estomaquée, Sibelle lâcha un hoquet de surprise alors que son jeune compagnon se rua vers Erastos tentant en vain de l’attraper. Alors qu’elle fixait toujours cette portion de grotte, l’air se fissura de nouveau et deux humains en sortirent, un homme de haute stature aux traits durs mais harmonieux accompagné d’une femme plus délicate aux longs cheveux noirs parsemés de reflets bleus rehaussant la couleur de ses yeux. Alors que Jorus sous le choc apostrophait les deux inconnus, Sibelle, plus calme, les observaient attentivement. Elle avait cette impression de les avoir déjà vus, l'homme en particulier. Un grondement dans le ciel lui fit levé la tête vers le dragon d’Or.

(Le dragon d’Or, … la tour d’Or… la place commémorative ! )

Ayant trouvé l’identité de ces deux nouveaux arrivés, elle en informa Jorus.

« Calme-toi Jorus. Ce sont des sauveteurs d’Aliaénon. J’ai vu leur statue à la place commémorative au bourg d’Or. Cet homme portait à bout de bras un drapeau doré. »

Puis s’adressant directement à eux.

« Je n’ai par contre pas retenu vos noms. Je me prénomme Sibelle. Votre présence est plus qu’apprécié, nous aurons besoins des ressources de chacun afin de survivre dans ce milieu hostile afin de se rendre à Elscar’Olth. »

Ce fut à ce moment que Xël arriva, déclarant qu’il avait eu chaud.. Sibelle ne fit aucun commentaire, se contentant de fronçer les sourcils devant l’attitude décontracté du mage.
Sibelle attendit la réponse des deux nouveaux venus, puis proposa d’explorer la caverne :

« Sirat est déjà à l’intérieur, il serait peut-être judicieux de regarder s’il y a possibilité de faire un bout de chemin dans le sous-sol plutôt que sur ces landes…. Quelqu’un possède une torche ? »


((( 679 mots
Sibelle a bu l’équivalent d’une potion de soin.)))

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Sibelle, Maître d'armes


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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Jeu 23 Aoû 2018 21:45 
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Lande Noire - Yurlungur


    Yurlungur avait passé plusieurs mois aux côtés de son nouveau mentor, Asork. Il avait été dur avec elle, intense et sérieux dans la rigueur de l’apprentissage. Ce qu’il avait à lui donner : énormément. Mais uniquement des choses qui prenaient du temps à être acquises. Ainsi, Yurlungur travailla d’arrache-pied en sa compagnie, dans la chaude cité d’Arothiir désormais dirigée par une seule harpie : Sable. Les meurtres des mines semblaient pour l’instant s’être calmés, et la piste refroidie n’aidait pas Asork à travailler dessus, aussi consacrait-il tout son temps à former Yurlungur à des techniques avancées d’assassinat, à des techniques qui feraient d’elle une Ombre d’Arothiir. Sa spécialisation magique n’aidait pas toujours, mais permettait à d’autres moments quelques facilitations. Notamment cette marque que la jeune assassine préservait à son poignet.

    Puis, un jour, il lui dit qu’elle était prête. Qu’il fallait qu’elle se découvre désormais. Que la magie de l’Ombre fasse effet sur elle. Et il l’envoya vers la Lande Noire, dans un voyage initiatique qui aurait pour but de finir sa formation. En plus, il lui apprit qu’une recherche avait été lancée par le Conseil d’Or concernant Naral Shaam, l’elfe-dragon mauve. Elle retrouverait là-bas d’autres aventuriers, peut-être… Il lui conseilla néanmoins de ne pas se laisser déconcentrer de son but : elle pouvait les accompagner, ils lui serviraient d’escorte dans cet endroit saturé de magie et de danger où son pouvoir était censé s’accomplir, mais elle devait rester focus sur ses futures aptitudes, et ne laisser tomber en rien l’ascétisme qu’il lui avait imposé pendant toute sa formation.

    Arrivée après un long voyage jusqu’à la Lande Noire, elle fut attirée par un tumulte lointain dont elle avait pu voir les ébauches, au loin : un combat entre deux dragons : un noir, sans doute local, et un doré : celui fidèle au Conseil d’Or qu’elle avait déjà croisé près de la Tour d’Or. Elle aperçut, en s’en approchant, plusieurs autres silhouettes pénétrant une sombre grotte, alors que les deux sauriens géants continuaient de s’entredéchirer dans un chaos sans nom. À elle, désormais, de décider ce qu’il adviendrait de son avenir.

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Ven 24 Aoû 2018 08:51 
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...

La jeune fille contemplait les landes désertes, noires et arides qui s'étendaient devant elle, la mine fermée, d'une expression presque triste. Cela faisait presque six semaines qu'elle était partie d'Arothiir - à pied, bien évidemment. Elle avait su résister à la tentation de siffler dans l'appeau à dragons ou de se débrouiller pour acquérir une monture en passant par une des cités de ce monde, son impitoyable mentor l'aurait su. Si bien qu'elle avait passé, comme il le lui avait prescrit, ces six semaines à l'écart de toute civilisation, absolument seule, avec la conviction dérangeante que, même s'il n'était pas là, il l'observait avec une parcelle de son esprit, via la marque.

La chasse n'était pas toujours fructueuse, ni non plus la recherche de racines. Mais elle puisait alors sur sa propre résilience et se contentait de maigres portions de cette nourriture insipide qu'elle avait emportée d'Arothiir et qu'elle avait mangé pendant les quatre mois précédents auprès d'Arsok - cette fichue nourriture qui semblait ne jamais pourrir, ni gagner en goût. Était-ce seulement possible que cette bouillie brune et informe soit plus fade que de l'eau ? Arothiir l'avait fait.

C'était donc quelque part dans ces landes qu'elle devait “trouver”. Trouver quoi ? Il avait dit qu'elle était prête, mais elle ne sentait rien de différent en elle : son entraînement intensif l'avait certes rendue plus forte, plus agile, plus résistante, mais elle ne savait guère où elle allait. Et le pire, c'était cette solitude intolérable qu'elle avait dû endurer, ne vivant qu'avec Arsok, pour Arsok, sous Arsok. Quelquefois, lors des trop rares pauses, ils se lançaient des piques verbales, puis c'était à nouveau le silence. Ça n'avait pas changé en mieux depuis qu'il l'avait renvoyée d'Arothiir.

Un soupir, et ça repart. Elle se faufilait entre les hautes roches noires qui parsemaient ce désert noir, donnant une impression de négligé malgré sa progression rapide. Elle passait la majeure partie de la journée dans cet état d'esprit entièrement ailleurs, avançant machinalement vers le Sud : après les plaines d'Arothiir, elle était passée au Sud de la région d'Andel'Ys, évitant les troubles qui y continuaient, puis elle avait traversé les montagnes de Sansarth, longeant le Chaos d'Ethel'Ar et la Savane Tanathéenne. Elle ne croisait personne, aussi parce qu'elle évitait les groupes et ne laissait aucune trace derrière elle qu'on puisse suivre : et lorsqu'elle désirait dormir, deux ou trois fois par nuit, entrecoupées de progressions nocturnes, elle se trouvait une petite place abritée qu'on ne pouvait par apercevoir de loin et se redressait au moindre bruit un peu trop proche. Souvent, c'était un peu de gibier qu'elle s'empressait d'attraper, ou alors elle s'éclipsait discrètement.

Une vraie petite Ombre ? Elle aurait aimé se flatter ainsi, mais paradoxalement, c'était justement parce qu'Arsok lui avait confié qu'elle était “prête” qu'elle se sentait le plus perdue. D'ordinaire, n'était-ce pas à elle de montrer qu'elle pouvait le faire à ceux qui ne l'en croyaient pas capable ? Ainsi, c'était plus simple, et si elle échouait, on ne lui en voulait pas trop - on prétextait qu'elle n'était qu'une gosse, qu'elle s'était montrée trop présomptueuse... Là, c'était différent. Arsok la connaissait trop, savait exactement de quoi elle était capable : mais s'il disait qu'elle était “prête”, c'était qu'elle l'était tout juste, d'un cheveu, qu'elle devrait se battre de toutes ses forces et ne commettre aucun faux pas.

C'était plutôt terrifiant. Et ça expliquait pourquoi elle cherchait à ne penser à rien, à se vider complètement la tête et à seulement avancer, telle un automate.

Mais malgré cette posture mentale amorphe, elle s'en extirpa en un instant dès qu'elle perçut ce son puissant - deux énormes machins venaient de se rentrer dedans, loin sur sa gauche, dans un choc violent qui s'était répercuté aux alentours. Elle s'arrêta immédiatement, se plaça à couvert d'un rocher et plissa les yeux, distinguant rapidement deux massives silhouettes volant dans le ciel de la lande : deux dragons, lancés dans un ballet aérien aussi spectaculaire que dangereux. Ç'aurait été un affrontement qu'elle aurait consciencieusement évité en temps normal, si elle n'avait remarqué la couleur caractéristique de l'un des deux : c'était le dragon d'or du Conseil, celui qui avait déjà amené des yuiméniens à bon port, la dernière et seule fois qu'elle était passée à la Tour. De là à dire qu'elle avait retrouvé les yuiméniens qu'Arsok lui avait conseillé d'accompagner, il n'y avait qu'un cheveu. Ils avaient le mérite d'être fort discrets dans leurs déplacements, ceux-là.

« Hmm. »

Elle voulait dire : “j'arrive”.

D'un pas leste et agile, la fine silhouette se rapprocha du lieu de l'affrontement : alors, elle aperçut d'autres silhouettes, au sol, qui se mouvaient non sans confusion autour de l'affrontement, mais convergeant toutes vers un même point, une sorte de grotte qu'elles supposaient être un abri contre le saurien noir. Celui-ci les avaient probablement agressées en vol, souhaitant peut-être protéger son territoire contre l'autre, au vu de l'acharnement dont il faisait preuve dans leur majestueuse joute. Elle ne prit guère la peine de rester bien cachée aux yeux des dragons alors qu'elle se dirigeait elle aussi vers cette grotte - ils étaient bien trop occupés l'un par l'autre pour la remarquer, elle. Et puis, il montait en elle une forme d'excitation vague, implacable. Des yuiméniens ! Si elle les rejoignait, si elle leur parlait, Arsok ne pourrait cette fois lui en tenir rigueur. Et ça lui manquait, aussi, d'avoir à cacher ses intentions derrière ses mots. Après tout, la parole a été donnée à l'homme pour cacher sa pensée...

(Y aura-t-il Kiyo ?)

Elle s'emballait, sans doute, alors que ces idées lui venaient, mais c'était aussi la faute de ces longs mois de solitude et d'ascétisme. Alors que les dragons continuaient de se battre en hauteur, elle parvint à l'entrée de la grotte. Et là, elle eut un doute – enfin, dirait Arsok, et elle sentait déjà son regard réprobateur vis-à-vis de l'attitude bien trop indolente de la jeune fille. Oui, elle devait se montrer un peu plus prudente, reconnaître sa cible avant de l'approcher, s'assurer que c'étaient bien eux, au minimum. Restant à couvert, cachée aux yeux de ces individus qui ne devaient de toute façon pas s'attendre à ce que quiconque n'arrive au beau milieu de ce désert de roches noires, elle observa depuis un coin d'obscurité, se fondant à merveille à la couleur de ce paysage dévasté.

Elle reconnut Xël, Sibelle relevée bien que blessée, ainsi que cet elfe noir qui n'avait pas été là à Treeof - Endar, non ? Et il y avait ces autres types qui lui étaient inconnus : un gars presque aussi fin qu'elle avec deux yeux émeraude, un second autrement plus large et mieux bâti, et cette fille à côté de lui qui semblait surprise, sous le choc de se trouver là. Légère déception : point de Kiyo à l'horizon. Sans doute l'Ynorien n'était-il guère intéressé par le sauvetage du lézard mauve.

La seule qui pouvait éventuellement avoir une rancœur contre elle, c'était Sibelle, mais elle doutait que l'Hinïonne en vienne aux mains. Nastya n'était pas présente non plus, tiens. Et puis, si Sibelle était là, peut-être Sirat n'était-il pas loin, lui qui l'avait accompagnée un peu partout à Treeof, et avec qui elle avait eu une relation tumultueuse – ça n'avait guère échappé aux yeux de l'adolescente.

Elle prit une grande inspiration et sortit de l'ombre, se dévoilant à l'entrée de la caverne. Rosissant légèrement lorsque tous les regards se tournèrent vers elle, pour la reconnaître ou la dévisager, elle entama par un laconique :

« Euh... Bonjour. »

Sa langue était pâteuse de n'avoir pas parlé depuis des lustres. Sans doute devait-elle leur faire un curieux effet, elle qui apparaissait comme ça, encore une gosse, portant pourtant plusieurs pièces d'armure parfaitement à sa taille et d'une excellente facture. Même pour ceux qui la connaissaient, elle avait changé : elle était devenue plus ferme et, pour un œil observateur, un peu plus forte – les épaules un peu plus larges, les cuisses un peu plus robustes, les bras un peu plus puissants - ; de plus, ses yeux étaient désormais entourés de cernes naturelles, tandis que sa posture même n'était plus celle d'une petite fille et tenait plus du soldat expérimenté ou de l'assassin sur ses gardes.

Peut-être fallait-il aussi préciser un détail notable : ses cheveux étaient courts. Elle se les était coupés lorsqu'elle avait quitté Arothiir et ils avaient repoussé en bataille, n'importe comment, si bien que, avec sa faible poitrine, on aurait pu la prendre pour un garçon qui n'avait pas encore mué.

Pressentant un silence gênant et, pour ceux qui ne la (re)connaissaient pas, qu'on lui demande avec suspicion qui elle était, elle parcourut l'assemblée du regard en saluant rapidement chacun d'eux d'un seul hochement de tête :

« Xël... Endar. »

Arrivant aux trois inconnus :

« Yurlungur, enchantée. »

Il était peu probable qu'on puisse dire ce dernier mot avec moins de conviction : elle, en tout cas, n'en aurait pas été capable.

« Et Sibelle... »

Un mot lui vint à l'esprit, qu'elle tenta un instant de réprimer avant de lâcher :

« Le gros matou n'est pas là ? »

Et pour la première fois de cette rencontre, un léger sourire lui vint aux lèvres, qui s'évanouit bien vite. Elle se sentait grisée, intérieurement toute excitée de retrouver enfin une compagnie humaine, elle ne savait plus trop quoi dire, mais elle se sentait revivre. Les mots coulaient à nouveau.


(((1500 mots)))

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Dernière édition par Yurlungur le Jeu 30 Aoû 2018 21:01, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Sam 25 Aoû 2018 08:29 
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Vivre ou mourir tel était la question. La pierre lancée n’eut guère d’impact pour modifier la terrible situation dans laquelle se trouvait l’inconscient magicien. Les flammes allaient le rôtir, lui faire payer son arrogance face à un être doué de majesté, face à un tyran dont le domaine était les cieux. Alors que les flammes commençaient à s’échapper de la gorge du dragon noir, symbole à son sens du pouvoir résidant dans les Landes noires, le dragon d’or au nom imprononçable le sauva de justesse en orchestrant un piquet suivi d’une prise de sa mâchoire à la gorge du noir, détournant avec une chance insolente l’œil de la mort posé il y a quelques instants sur le mage. Pour une fois, Xël comprit qu’il n’était pas de taille face à ses monstres dont l’épiderme ressemblait à s’y méprendre à une armure et dont les crocs et griffes pouvaient lacérer, déchiqueter et écarteler n’importe quel être vivant. L’archer-mage observa alors un instant le magicien courant pour sa survie et se dirigeant en direction de la grotte ou du moins de la cavité qui allait ressembler plus à un campement qu’à un renflement dans la roche. Le rugissement des deux titans ailés fit trembler le sol et son propre corps sous l’effet de l’adrénaline. Pour un instant, Endar le noir méditait sur sa capacité à aider le dragon noir face au dragon d’or « soumis » à l’autorité du Conseil d’Or et surtout à Naral Shaam. Il ne faisait aucunement confiance en ces sauriens dont l’appétit pour la richesse et le pouvoir était bien connu de tous. Il craignait leurs ambitions et se demandait depuis déjà quelques mois quel était le plan proposé à Naral Shaam pour qu’ils acceptent ainsi de collaborer avec les Sauveurs d’Aliaénon et les mercenaires de Yuimen. Se découvrant un instant sans doute à la vue du dragon noir qui mettait en pièce son concurrent, il rebroussa chemin en direction de la cavité dans laquelle il s’était reposé pour quelques heures avant de voir la Lande se faire envahir par les autres commissionnés du Conseil d’Or. Il entendit plusieurs éclats de voix, mais quand il s’approcha celle du frêle humain portait le plus. Une folie, songea Endar qui connaissait les sombres dangers de la Lande. S’il continuait à s’exprimer fortement de la sorte, il allait finir par attirer d’autres bestioles bien plus sadiques qu’un dragon. Un shaakt savait et aimait se battre, toutefois il savait aussi quand se retirer pour tendre une embuscade par la suite. Dans le dos de Xël qui clamait haut et fort sa chance de cocue d’en être sorti vivant, il y vit plusieurs têtes connues dont Alistair, le fameux Sauveur refusant son titre. C’était le genre d’aventurier à avoir la phobie de l’échec, alors qu’Endar se désintéressait de l’échec ou de la réussite d’une mission, tout ce qu’il intéressait c’était de pouvoir influer et de tirer les ficelles dans l’ombre pour acquérir plus de pouvoirs en effet, mais aussi pour protéger les peuples d’Aliaénon des titans et du retour de l’Unique, cet être si mystérieux et pourtant si dangereux pour le futur d’Aliaénon. Il héla la compagnie de sa façon toujours la plus originale au possible.
- Tiens, tiens... Sont-ce des intrus, des aventuriers suicidaires ou de délicieuses proies tombant dans ma toile que je vois ici ?
Son sourire carnassier forma un rictus déformant son visage, ses yeux balayant l’assemblée, ses mains reposant contre le pommeau de ses épées sans les tenir toutefois. Sa gestuelle trahissait un total relâchement et apaisement. Il était loin de se sentir en danger en sorte, et ce malgré l’humain qui semblait sortir ses lames ou ses cure-dents à la moindre occasion. Il détailla ses invités, remarquant la femme dont le visage était familier. Il mit quelques temps à se rappeler l’avoir vu lors de l’ultime bataille pour la sauvegarde d’Aliaénon face à Vallel et à la soirée organisée en leur honneur. En revanche, il ne se rappelait plus son nom. Ce qu’il notait était l’apparent lien entre les deux du fait de leur proximité physique. Avant qu’il n’ait pu rajouter quelque chose, une petite voix se fit entendre derrière lui et il se tourna presque prestement pour voir son origine. Cette voix connaissait son nom notamment et lorsqu’elle se présenta, il en était étonné, elle avait drôlement changé. Elle s’enquit presque de suite de la présence de l’humoran. Pour un moment Endar espérait en faire abstraction, mais le destin en décidait autrement.
- Pour l’unique personne qui ne me connaît pas ici, je m’appelle Endar, l’un des Sauveurs d’Aliaénon. Vous devriez éviter de crier, ça excite les bestioles du coin...
Il posa un instant ses yeux sur Yurlungur qui avait adoptée sans doute mécaniquement une position presque militaire, ressemblant à s’y méprendre à celle d’un assassin qui se cachait au milieu de la foule avant de frapper.
- Sur Aliaénon la chenille est devenue papillon...
Il fit quelques pas dans la cavité pour se plonger de nouveau dans l’ombre, son élément de prédilection, remarquant au passage Sirat qui semblait aimer l’exploration.
- Pour une mission de sauvetage, le Conseil d’Or doit être aux abois pour envoyer des personnes qui ont tous ou quasiment tous une dent contre le Dragon mauve. Sans vouloir commander, nous devrions discuter d’un plan pour entrer à Escar’Olth. Sirat, Yurlungur et moi-même devrions y pénétrer sans trop de souci, mais pour vous autres, ça risque à mon avis d’être plus difficile.

(911 mots)

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MessagePosté: Sam 25 Aoû 2018 08:53 
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Localisation: Quête 30 - Aliaénon
La salle à la table circulaire dans laquelle arrivèrent Alistair et Loona, elle, n'était pas vide. A l'intérieur se trouvaient un sorcier que l'aventurier avait déjà croisé dans les derniers jours de la bataille pour Aliaénon, ainsi qu'une belle femme plantureuse et au port altier. Le Yuiménien fronça des sourcils alors qu'elle se tournait vers lui ; il la connaissait, même s'il avait du mal à voir en elle la demoiselle coincée qu'elle était alors.

« Dame Honoka ? » s'étonna-t-il à voix haute.

Mais le temps n'était pas aux tergiversations : lorsqu'il avait pénétré la salle, il avait entendu une voix provenir d'une pierre de vision, et celle-ci semblait annoncer de gros ennuis avec l'expédition déjà partie sur le terrain. La Princesse souhaita la bienvenue aux deux arrivants, alors que Thensoor, lui, semblait déjà désespérer. Il n'y avait plus de... dragon ? Et c'était apparemment leur seul moyen de transport. Alistair hésita à poser des questions concernant cette déclaration, mais l'heure semblait à l'urgence. D'autant plus que les événements suivants s’enchaînèrent bien trop rapidement pour laisser le temps au diplomate de s'enquérir des détails. En effet, un étrange portail s'ouvrit sur la table circulaire, déposant le corps inanimé d'un jeune nobliau en sale état. Selon le nécromancien, ce portail ne pouvait venir que de la Lande Noire, lieu où les deux devaient se rendre au plus vite. Immédiatement, Alistair s'avança vers la table, déjà prêt à l'escalader pour rejoindre l'expédition. Honoka semblait avoir eu la même idée, car immédiatement elle lui enjoignit de saisir l'opportunité pour les rejoindre au plus vite. Loona, elle, s'enquit de la provenance de ce passage, demandant si un certain Finarfin était avec eux, ce à quoi la Princesse ne put répondre. Elle leur confia une nouvelle pierre de vision et un message à transmettre à la délégation concernant la piètre qualité des communications jusqu'ici.

« Je ne comprends pas la moitié de ce qu'il se passe, mais je trouverai Naral Shaam, soyez en assurée, ma Dame, » affirma-t-il dans un hochement de tête solennel.

Il ne leur confia pas ce qu'il comptait faire du lézard une fois qu'il aurait mis la main dessus, n'étant pas encore sûr de la marche à suivre lui-même, et monta sur la table d'un pas leste avec Loona, traversant sans plus tarder le portail.

Et la situation devint... Chaotique. En une seule seconde, ils passèrent du calme de la Tour d'Or à un capharnaüm sans nom. Ils étaient dans d'étranges landes désolées et une bataille faisait rage juste devant eux. A la vue de l'énorme dragon qui semblait sur le point de carboniser un homme qu'Alistair reconnut comme étant un sauveur d'Aliaénon, il se plaça devant sa compagne d'un geste protecteur. Un réflexe qui lui attira presque un rictus d'agacement envers lui-même.

D'un rapide coup d'œil, l'aventurier jaugea les alentours, observant les quelques aventuriers se trouvant là. Il y avait derrière lui, devant une grotte, un jeune homme qui semblait ne rien avoir à faire dans un tel lieu tellement il semblait perdu, ainsi que Sirat, l'humoran qui avait brisé la muraille de Fan-Ming avant la bataille finale. Il était accompagné d'une elfe blanche et un elfe noir qu'A1istair avait déjà également aperçu dans ce monde était non loin de là. Mais la situation n'était plus vraiment à l'observation : Xël était sur le point de finir en rôti face au gigantesque saurien face à lui. C'était une créature gigantesque, plus encore que Naral lorsqu'il était transformé, aux écailles noires et possédant un genre de gemme jaune sur le front, entre deux cornes d'une taille impressionnante.

Mais personne n'eut le temps de réagir : la créature était sur le point de relâcher sa fournaise, tous étaient trop loin pour intervenir. Excepté un autre visiteur, dont l'assassin se demanda comment il avait pu rater la présence : un dragon doré qui piqua directement sur son comparse pour le dévier au moment fatidique. Ainsi le mage de Yuimen put se sauver alors qu'un combat démesuré débutait entre les deux sauriens.

Alors que celui-ci se rapprochait rapidement, le jeune homme se tourna vers les deux nouveaux venus, leur demandant des explications qu'ils ne possédaient pas pour des événements qu'ils ne comprenaient pas plus que lui. Alistair balaya ces questions d'un revers de main, peu désireux d'y répondre, alors que Xël lançait un jeu de mot, intentionnel ou non, qui lui arracha un sourire en coin. Au moins certains ici ne semblaient pas paniquer au moindre signe de danger. Un peu d'humour dans les moments les plus graves, c'était sans doute à cela que l'on reconnaissait ceux qui avaient l'habitude de vivre dans une succession d'ennuis.

Il n'eut cependant pas besoin de s'expliquer lui-même, ce qu'il ne comptait de toute façon pas faire, car l'elfe blanche vint prendre sa défense, disant reconnaître en lui un Héros d'Aliaénon dont la statue était sculptée près de la Tour d'Or. Elle se présenta comme s'appelant Sibelle et s'enquit des noms du couple. Fronçant les sourcils, Alistair sembla la reconnaître comme s'étant présentée au Château de Kendra Kâr quelques mois plus tôt, avant de repartir aussi vite qu'elle était apparue. Sirat, derrière, pénétrait déjà dans ce qui semblait être une antre d'obscurité.

C'est à ce moment là qu'arriva une... enfant ? Alistair haussa légèrement les sourcils, la détaillant de la tête aux pieds. Elle ne ressemblait en rien à une enfant, en dehors de la taille et de ses traits juvéniles. Son attitude, elle, criait tout autre chose : elle se positionnait et se mouvait comme une assassine à la formation presque militaire. Comme... Lui. Et il y avait son équipement, d'une sophistication impressionnante. Son plastron, sublime, lui donnait une allure autrement plus guerrière que n'importe quelle autre gamine qu'il ait pu rencontrer, magnifié par une cape à l'allure toute aussi intrigante. Quant à sa capuche... Il n'aurait su dire si c'était la précision des dessins qu'il avait pu en voir ou sa propre armure qui le lui affirmait par une quelconque connexion, mais il connaissait parfaitement l'origine de ce petit bout de chiffon à l'aspect presque quelconque. C'était une sœur de la relique qu'il portait actuellement sur lui : la capuche aux mille visages d'Alem. Une enfant intrigante, donc. Qui avait su attirer l'attention de l'aventurier en une fraction de seconde. L'assassin en lui voyait un possible danger, dont l'âge ne faisait que renforcer le potentiel chaotique et imprévisible. Le chef en lui, cependant, voyait une autre forme de potentiel. Il était clair qu'elle était rompue au combat et qu'elle n'était pas à sous-estimée, mais, emmitouflée dans sa cape, ses ennemis n'auraient d'autre choix que de la sous-estimer. Un enfant soldat, voilà qui était une denrée d'une grande qualité dans leur milieu. Aussi, pour elle, se présenta-t-il. Après avoir ignoré ses précédents compagnons d'infortune, c'était une certaine preuve de respect et d'intérêt.

« Alistair, connu comme Sauveur d'Aliaénon paraît-il, » fit-il simplement en esquissant une révérence.

Elle semblait sortir de nulle part, dans cette lande qui s'étendait à perte de vue, et n'apporta comme éclaircissement qu'une brève présentation : Yurlungur. Observant autour d'elle, elle reconnut Sibelle et s'étonna de l'absence d'un « gros matou » que l'assassin devina être Sirat : ainsi elle connaissait déjà certains des aventuriers des lieux.

S'approcha ensuite Endar, l'elfe noir, qui, fidèle à sa race, n'apporta que quelques railleries indignes d'intérêt qu'Alistair ignora sans plus de procès.

Mais le combat contre les sauriens continuait, il ne convenait pas de rester au milieu sans agir. Longuement, l'assassin hésita à intervenir, regardant tour à tour son équipement et les lézards géants, persuadé de pouvoir faire quelque chose. Mais il était trop dangereux de s'approcher d'eux pour porter un coup impactant au dragon noir. Pas pour lui. Non, pour cela il avait déjà une bonne idée de comment procéder pour se rapprocher d'eux sans se faire toucher. Mais à mesure que le plan se formait dans son esprit, la vision d'une Loona restant à découvert pour assurer ses arrières s'insinuait plus fermement, lui faisant serrer le poing autour de la garde d'une de ses dagues. Le chaos, la violence, les actions inconsidérées se soldant par de magnifiques catastrophes... Un entraînement pour tuer Naral sous sa forme draconique... Ces lieux lui avaient... Manqué ? Cependant, il était trop dangereux pour Loona de rester au milieu d'un tel combat, aussi désigna-t-il la grotte, enjoignant la jeune femme à suivre ce chemin.

« Vous avez entendu le Dragon, » fit-il aux aventuriers trop occupés à tergiverser au milieu d'un champ de bataille.

Des amateurs, décidément.

Agissez ou fuyez, ) s'agaça intérieurement l'assassin.

« Rentrez là-dedans, je fermerai la marche, » assura-t-il, s'approchant de l'entrée.

Son regard se posa de nouveau vers la gamine alors qu'il se positionnait, prêt à s'engouffrer après eux. Au moins certaines personnes ici étaient-elles intéressantes. Au moins... Deux d'entre eux, songea-t-il en observant le magicien du coin de l’œil. Il avait survécu à des épreuves au moins aussi éprouvantes qu'Alistair et gardait une volonté de combattre tout à fait impressionnante.


(((+1 500 mots)))

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Sam 25 Aoû 2018 11:58 
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Lande Noire – Grotte sombre.

    Alors que les bruits du combat continuaient, dehors, se répercutant sur les parois de l’entrée de cet abysse sombre en échos inquiétants, les aventuriers pénétrèrent la caverne obscure, sans rien y voir en dedans, tant il y faisait sombre.

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    Seul un rai de la lumière déjà peu vive de l’extérieur avait créé un fin chemin que Sirat, en première ligne, avait pu suivre un temps avant de rapidement se faire rejoindre par Endar et Yurlungur, qui y voyaient quant à eux bien mieux : la grotte qui les entourait descendait dans les profondeurs de la terre en une douce pente parsemée d’embuches et de rocs coupants. Indique que l’un et l’autre pouvaient ou non garder pour eux : les rocs ne barraient pas seuls la route : il y avait, de-ci de-là, des cadavres de créatures non-identifiées. Des charognes difformes dont on n’aurait plus pu reconstituer la forme originelle tant celle-ci avait été détruite par la mort elle-même. Les plus sensibles du nez percevraient cette odeur de mort, de chair pourrissant, dans l’atmosphère de l’antre. Étaient-ce d’anciens résidents de la grotte, terrassés par plus puissant ? Des proies ramenées là par un carnassier ? Les stigmates d’une guerre intestine d’un clan de créatures souterraines ?

    Que les deux maîtres des ombres communiquent ou non l’information aux autres, ils poursuivirent leur descente vers une salle plus vaste et un poil mieux éclairée par des puits de lumière provenant du plafond, et confirmant qu’il valait mieux regarder où l’on mettait ses pieds, dans la Lande Noire, si l’on ne voulait pas tomber dans un trou et se manger une chute de plus de 20 mètres avant de se faire empaler sur une stalagmite ou de s’écraser sur un sol rocheux.

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    Les plus sensibles à la magie, les possesseurs de fluides du groupe, purent sentir dans cette vaste salle une recrudescence encore plus forte de la magie. Leurs fluides frétillaient en eux comme s’ils étaient en ébullition. La magie vivait, ici. Elle pulsait comme un cœur, et ces pulsations semblaient provenir de plus loin, droit devant, vers un passage plus bas de plafond qui semblait éclairé par une sorte d’autel pris entre plusieurs colonnes rocheuses, pulsant des volutes éthérées lumineuses inquiétantes.


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    Deux autres boyaux partaient de la vaste salle. L’un dont l’entrée était encombrée de nouvelles carcasses pourrissantes, en tas difformes, visibles de tous, cette fois. Comme si elles avaient été arrêtées en pleine progression vers cette direction précise. L’obscurité toujours plus profonde semblait s’engager dans cette voie, où les non-voyants de l’obscurité n’y verraient goutte. Le dernier passage était une sorte de crevasse escarpée qui descendait en presque à-pic vers le centre de la terre. Si l’on se penchait au-dessus, l’on pourrait remarquer des lueurs incandescentes, plus en bas, pas clairement visibles à cause des nombreuses circonvolutions rocheuses barrant la vue.


    Un autel magique, un boyau d’ombre et de mort et une crevasse au fond flamboyant… Voilà quelles étaient leurs possibilités. Rien de bien rassurant, en soi. Loona vint se tenir près d'Alistair. Elle aussi y voyait dans le noir, et décrivit à demi-mot ce qu'elle avait vu tout du long à son amant... Et uniquement à lui.


[HJ : les apartés sont bien entendu autorisés entre vous. Pour ceux qui n'auraient pas eu l'info, Loona vous accompagne, et j'en prends la direction.

Et l'on cherchera cette semaine dans le prochain post de Yurlungur une citation de 18 mots ! (je rappelle que chaque mot compte, déterminant ou conjonction).]




[Xël : 0,5 (introspection) + 0,5 (bonus longueur).
Sirat : 0,5 (entrée dans la grotte).
Jorus : 0,5 (introspection) + 0,5 (bonus longueur).
Sibelle : 0,5 (introspection) + 0,5 (bonus longueur).
Yurlungur : 1 (introspection) + 1 (bonus longueur).
Endar : 0,5 (introspection) + 0,5 (évocation d’un plan) + 0,5 (bonus longueur).
Alistair : 1 (introspection) + 1 (bonus longueur).]

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Lun 27 Aoû 2018 13:23 
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Localisation: Aliaénon
A ma question, Xël me répond tout simplement ce qu’il aurait pu faire en tant que mage.
Je lui jette un regard froid et réplique : "Tu peux déjà essayer d'éviter de tous nous tuer pour commencer ! C'est pas comme si l'atterrissage nous avait laissé tous indemne."
Je détourne finalement le regard. J’ai d’autres préoccupations pour le moment. Les évènements s’enchaînent et se suivent dans danse chaotique où le chorégraphe n’aurait plus aucun contrôle sur ses danseurs. Face à moi l’homme scrute les alentours, daignant à peine me prendre pour une menace. C’est l’elfe que j’ai croisée à Oranan, se présentant sous le nom de Sibelle, qui calme mes ardeurs en clamant que ces derniers venus sont eux aussi des héros d’Aliaénon. Je n’ai de temps de ranger mes armes qu’une nouvelle arrivée, en la présence d’une jeune adolescente, fait son apparition. Elle salue l’assistance et semble reconnaître Xël et cet elfe noir, arrivant avec le mage, sous le nom d’Endar. Ce Shaakt serait donc un allié ? En tout cas je semble être le seul qui me méfie de lui. L’avenir me donnera raison ou tord. Je regarde la jeune femme reconnaissant Sibelle et à la recherche d’un gros matou.

(Elle parle du Worran en citant gros matou ?)

Quelque chose en elle, sans être capable de le définir, me pousse à la faire confiance. La jeune fille prénommé Yurlungur, certainement de Yuimen, est dans un monde qui n’est pas le nôtre et se balade librement dans les Landes Noires. Si cet, Endar, est à mon avis, à l’aise dans ces terres mortes, la présence d’une jeune adolescente devrait me déranger. Pourtant c’est un étrange sentiment de confiance qui émane d’elle. L’elfe noir se présente finalement de lui-même et directement à moi puisque je semble être le seul à ne pas le connaître. Il me conseille même de ne pas trop crier, cela pouvant attirer les créatures locales.

(Mais à quoi il s’attend à m’adresser de la sorte ? Il croit tout de même pas qu’on va faire copain-copain ?)

(Calme-toi. Il semble être déjà venu ici. Il a participé à la protection d’Aliaénon et personne d’autre que toi ne le considère comme une menace. Tous les êtres ne sont pas à l’image d’un seul membre de son espèce !)

Je jette un œil mauvais au Shaakt et me promet de bien l’observer à partir de maintenant. Le mal est dans leur nature. Je porte finalement le regard sur le sauveur sortie de portail. Si Sibelle compte suivre l’Humoran, cet homme qui se présente sous le nom d’Alistair, s’estime à même de fermer la marche. J’ignore si je peux me fier à eux, mais nous sommes vraisemblablement tous dans le même bateau suivant le même cap.

A la demande de la guerrière je lui réponds en rangeant mes lames. "Moi c'est Jorus et j’ai de quoi nous éclairer. Laissez-moi juste un instant."

Je détache de mon sac ma torche et sors de quoi l’allumer. La nervosité m’oblige à répéter le geste avant que le feu ne prenne correctement.


Armé de ma torche et d’un semblant de courage, je rejoins finalement la tête du convoi aux côtés de l’Humoran, Yurlungur et le Shaakt. Nous pénétrons dans les profondeurs de la terre dont le relief souterrain ressemble que trop à la surface avec ses embûches et ses rocs coupants. Informations que je ne tarde pas à donner. Quitte à réveiller les créatures du coin, je préfère éviter que ceux qui naviguent dans le noir ne ressortent pas lacérés de toutes parts et vidés de leur sang. La vue ne s’arrête pas à cela. Des cadavres de créatures ici et là que je ne suis pas capable d’identifier. Elles semblent aussi rognées par le temps que par les charognards.

(Un vrai lieu de plaisance ma parole.)

Nous pénétrons finalement dans une salle plus vaste et un peu mieux éclairée par les quelques puits de lumières issus du plafond. Fort heureusement pour moi, ma torche me permet d’éviter les crevasses trop profondes pour réchapper à une chute, dans la mesure où l’on parvenait à éviter de se faire embrocher par les stalagmites. Une nouvelle fois je transmets l’information. Je compte bien éviter les malheureux accidents et sortir de ce souterrain au plus vite.

(Jorus ? Je ressens quelque chose. La magie semble en ébullition ici. Elle bat comme un cœur magique que ses pulsations résonneraient partout. Je crois que…je crois que ça semble provenir de là-bas !)

Grâce au lien magique qui nous unit, ma faéra me guide suivant un chemin loin devant. Un chemin dont les plafonds seraient bien plus bas que précédemment et éclairé par un étrange autel au milieu des colonnes rocheuses, pulsant des émanations visuelles relativement inquiétantes.

(Je crois que je commence à le percevoir moi aussi.)

Détachant brièvement mes yeux de cette scène stupéfiante, je perçois deux autres chemins. Les carcasses pourrissantes bouchent l’entrée de l’un d’eux. Ce qui m’effraie le plus est cette impression que ces choses ont été arrêtées en se rendant sur ce chemin. Comme si…

(Comme si quoi ?)

(Eh bien, comme si une chose avait envahi ce lieu et que ceux qui étaient présents avaient fui par ce chemin et avaient tout fait pour couvrir leur fuite, ou empêcher leurs poursuivants d’aller plus loin. Tu pourrais t’y rendre ?)

(Non.)

(Non ? Comment ça non et pourquoi ?)

(Ce… cette Aliaénon…et en particulier ce lieu. Je préfère ne pas m’aventurer en dehors de ton médaillon. La magie ici est…bien différente. Je le ressens, mais je ne suis pas capable de l’expliquer ni de le comprendre. Comme je suis faite de fluide, je ne suis même pas sûr de ce qui peut m’arriver si je sortais.)

(Dans ce cas je ne te forcerai pas c’est promis, on fera sans.)

Ce que je prenais pour un autre chemin est plus proche de la crevasse. Cependant elle possède une lumière au fond. Peut-être pourrais-je essayer de m’y rendre avec ma corde, mais nous nous sommes bien enfoncés dans les profondeurs et je n’aime pas à devoir trouver une sortie en continuant cette lente descente.

Finalement je me rapproche de l’autel cherchant une indication quant à sa nature. Aliaénon possède une importante perturbation magique. Cette chose en est-elle la source ? Je suis de plus en plus perdu et en compagnie de personne dont j’ignore si je peux avoir confiance. Xël et là lui aussi à observer les émanations magiques.

(Tu devrais aller lui parler.)

(Et pourquoi au juste Ysolde ? Il aurait très bien pu tous nous tuer !)

(Il a surtout risqué seul sa vie. Mage ou pas, il a fait preuve de bravoure !)

(Tu m’énerves quand tu as raison.)

Je m’approche de Xël lentement et lui lance : "Pour un mage complètement fêlé, t'as des couilles pour t'être frotté à un dragon j'te l'accorde !" Je lui frappe amicalement son épaule, histoire de briser la glace.

Apparemment concentré sur l'autel, il sursaute à nouveau quand tu lui adresses la parole. Il me répond d'un ton las qu’il pensait qu’en aidant à se débarrasser du dragon nous pourrions reprendre le cours de notre voyage, mais n’imaginait pas ce dragon si puissant.

Je fixe l'autel mais ne semble pas le regarder. "Nous n'aurions pu de toute manière nous approcher trop de la cité. De ce que j'en ai compris elle peut nous être hostile, donc la présence d'un dragon aurait titillé ses sentinelles. Au moins ça nous a permis de tous nous retrouver, même si j'ai tendance à me méfier. Et ce portail magique qui sort de nulle part."

"Un portail magique ?" M’interroge-t-il.

Je lui répond simplement :"Oui un portail est apparu là, comme j'te parle. Il a englouti le nobliau et c'est ce type-là, cet Alistair et sa copine qui sont ressortis."

Il lance simplement trouver cela étrange. J’avoue ne pas comprendre pourquoi. Je détaille Xël et lui rétorque : "En quoi c'est plus bizarre que les interférences magiques dont tu m'as parlé ?" Selon lui, il existe deux mages capables de créer des portails. Et si l’une a disparu, l’autre est mort.

(Mais il m’a affirmé que la magie est instable ici non ? Cette personne disparue serait-elle proche de nous ?)

Je lui demande : "Tu penses que la mage disparue rôde dans les parages pour avoir utilisé sa magie ?" Il me répond que d’après Thensoor, cette personne disparue serait dans la Lande Noire. Cependant il ignore pourquoi elle aurait agi ainsi.

"Dans la Lande Noire ?" Je réfléchie un instant. "Simaya c'est cela ? Qui est-elle, elle n'est pas de notre côté ?" Xël me répond qu’elle a toujours été une grande alliée. Qu’à sa connaissance il s’agit de la plus puissante mage qu’il ait jamais rencontré et la seule à être parvenue à communiquer avec les Titans. C’est un membre du conseil d’or, mais elle a disparu en apprenant la mort d’un proche.

"Je vois." Dis-je simplement et reporte mon attention sur l'autel. "Toi qui es mage t'en penses quoi de cet autel ?" Il se gratte la joue en soupirant. Il a la sensation que c’est d’ici que provient toute la magie de la Lande. Ses fluides sont très agités et il a l’impression que sa magie peut jaillir en perdant tout contrôle.

(Il ressent la même chose que moi !)

Je tourne la tête lentement jusqu'à lui. "Dans ce cas je suis m'excuse d'avance, mais si je te vois utiliser ta magie je t’assomme direct !" Je reporte mon attention sur le tas de cadavres qui bouche le chemin le plus évident et le pointe du doigt. "Moi c'est ces choses qui m'inquiètent le plus. C'est comme si une horde avait surgi et que les personnes présentes avaient tout fait pour couvrir leur fuite." Il sourit à ma menace et s’en amuse même avant de reprendre son sérieux en observant de tas de cadavres. Lui a l’impression qu’ils sont morts en essayant de passer par le chemin. Il n’y a aucune bonne sortie et préfère s’éloigner de l’autel.

Je lui désigne le trou qu'il y a plus loin. "Par là-bas il y a éventuellement une sortie, mais je n'ai qu'une corde de dix mètres. J'espère seulement que cela va suffire !" Sa réponse ne tarde pas. Il me fait la remarque que je peux accepter d’entrer dans un trou et me balancer au bout d’une corde sans savoir si la longueur sera bonne, mais pas que lui utilise sa magie.

J'ai un visage un peu fermé lui répondant : "J'ai eu une mauvaise rencontre avec un mage et depuis, j'ai une réticence avec ce qui tourne autour. Etrangement tout ce que tu m'as dit sur son utilisation ici n'arrange pas les choses. Donc oui, je préfère et de loin me balancer au bout d'une corde comme tu dis. Moi au moins je risque pas de mettre le feu pas mégarde !" Dis-je en lui souriant. "Allons voir les autres, ils ont peut-être que d'autres idées."

Il soupire quelque peu avant de rétorquer qu’il existe des choses ou des situations où il sera forcé d’utiliser sa magie. Il comprend ma peur et me conseil qu’au lieu d’essayer de l’arrêter, il serait préférable que je mette de la distance entre lui et sa cible. D’un commun accord nous nous éloignons de l’autel et allons voir les autres.

Parlant assez bas de peur que des créatures endormies ne se réveillent, mais de sorte que tout le monde présent m'entende je leur demande : "Alors, l'un de vous sait dans quel merdier on est ?"

(1917 mots)
[Utilisation d'une torche avec le silex et amadou.]

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Multi : Relonor et Nhaundar


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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Mer 29 Aoû 2018 15:00 
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Les cris des sauriens ne semblent pas se calmer. Je suis encore à deux doigts de sortir de cet amas de rocs pour aider le dragon d'or. Je tape du pied, me ronge les ongles. S’il ne s'en sort pas je ne me le pardonnerais pas. Nous sommes rapidement tous à l'abri et même rejoint par des têtes connues. Je retrouve enfin les noms de l'humain et de sa copine apparus de nulle part. D'ailleurs, oui, comment sont-ils arrivés ici ? Je plisse les yeux. Il s'agit d'Alistair, Yuiménien, présent à la bataille de Fan-Ming et une Esserothéenne, je me souviens qu'elle était à Nagorin. Loona je crois. L'étrange apparition de ces deux connaissances me préoccupe plus que le combat à l'extérieur malgré les bruits qui en agitent la caverne. Jorus m'interpelle alors qu'il semble à cran, il me demande de lui expliquer pourquoi je lance sort sur sort alors que je suis conscient des risques. Je hausse brièvement les épaules en lui adressant un sourire.

"Je suis un mage. Qu'est-ce que je pourrais faire d'autre ?"

Il rétorque avec un regard glacé que je peux déjà commencer par éviter de tous nous tuer. Je hausse les épaules. Je ne vois pas en quoi je suis responsable de l’état des blessés. Au contraire, j’ai couvert leurs fuites. Je ne m’embête pas à lui expliquer, c’est sans doute les récents événements qui le mettent dans un tel état.

J'écoute les autres discussions d'une oreille alors que je m'approche du fond de la caverne. La guerrière propose de suivre Sirat et de progresser sous terre plutôt qu'à l'extérieur, exposé aux éléments et aux créatures volantes qui crachent du feu. Je dodeline de la tête, peu rassuré de retourner dehors ni de m'enfoncer sous terre sans aucune lumière car aucun de nous semble avoir pensé à apporter une torche ou en tout cas n'en parle pas. Sirat semble de toute façon avoir décidé pour nous car il s'est déjà engagé dans la caverne obscure. Je me retourne quand j'entends un bonjour venant de l'entrée de la caverne.

Un visage connu, bien que diffèrent. Celui de la jeune enfant, Yurlungur. La jeune tueuse. Posté dans l'entrée, je reconnais également le Shaakt, Endar. Je n'écoute pas son monologue, occupé à regarder vers le fond de la grotte, prêt à m'écarter au cas où Sirat en sortirait d'un bond pour l'attaquer. Les présentations se font avant que l'on se décide à finalement pénétrer dans le gouffre obscur. La jeune fille s’est aussi écartée des conversations pour venir m’adresser directement la parole après un signe de la main. J’ai du mal à cerner cette fille et surtout du mal à savoir ce qu’elle cherche vraiment à obtenir. Elle suppose que je ne sais pas me guider seul dans le noir. Je l’observe d’un air suspicieux, est-ce qu’il s’agit vraiment de la même personne ? Elle avait pris du muscle, je pouvais le discerner malgré sa tenue. Des cernes, des cheveux courts. Elle n’avait plus la posture ou le physique de la petite jeune fille qui s’était blottit dans mes bras en traversant le portail la dernière fois. Elle avait l’air d’un soldat. D’un air détaché je lui réponds.

"Je sais me déplacer dans une maison qui ne m'appartient pas la nuit mais une caverne sombre dans une région dangereuse..."

Je fais une étrange moue pour conclure ma phrase. En effet, sans torches, j’allais avoir du mal à me déplacer sans me cogner les pieds. Elle se contente d’hocher la tête et m’invite à poser ma main sur son épaule pour me laisser guider. Je plisse un œil, méfiant. Je me souviens des propos de Nastya. L’attaque sur la fille des Ombles. Je me rappelle aussi de son abandon lors de la folie de Thrag. Qu’est-ce qui se passerait si elle m’abandonnait dans les ténèbres pour je ne sais quel raison.

"Il parait que tu donnes des coups de dagues dans le dos."

Elle fronce un sourcil et hausse les épaules. Peu touché par mon accusation de lâcheté elle se contente de dire qu’elle sera devant moi avant de rétorquer d’un air détaché que si ça ne m’intéresse pas je n’ai qu’à me débrouiller. Je ris. Elle a de la répartie.

"Ca ira. Je ne suis pas Talia d'Omble. J'ai de la ressource."

J’exprime exprès le nom de sa victime. Qu’elle sache que je sais et également que je n’hésiterais pas à me défendre en cas de coup bas. Elle me prévient d’ailleurs en me pointant de sa dague que je devais éviter, moi, de faire des coups bas. Par ça, elle voulait dire pas de magie. Elle ajoute que sinon je risque de faire apparaître des geysers. Elle aussi, avait entendue parler de moi. Je n’avais clairement pas la sensation de discuter avec une gamine. Je prends un air faussement outré, une pose théâtrale.

"C'était dans mon droit ! J'ai éteint un incendie !"

J’ajoute après un court silence.

"Incendie que je n'ai pas provoqué. Je précise."

Elle répond que la dernière fois elle était hors de portée de ma magie. Elle me menace, assurant que si je tente quelque chose du genre ici je ne verrais pas venir le coup de dague. Elle penche la tête sur le côté avant de préciser que Talia, elle, ne s’y était pas attendue. Ce n’est pas étonnant, qui s’attendrait à se faire attaquer par derrière par une fillette. Je reprends un air sérieux avant de la prévenir moi aussi.

"Je n'utilise ma magie qu'en dernier recours pour me défendre. Quand je suis accompagné. J'ai compris qu'elle est dangereuse ici. Si je compte m'en servir. Je te préviendrais. Pas de coups bas. Marclé chonchu ?"

Elle accepte et me serre fort la main avant de me laisser le temps de poser ma main sur son épaule. J’ignore si elle a voulu me faire mal mais elle n’a visiblement jamais serré la main d’un portefaix de Kendra Kar. Nous entrons dans la grotte et passons devant Sirat. Le bruit du combat aérien se répercute encore sur les parois sombres alors que nous nous enfonçons dans la caverne. Sinueuse et obscure, si un fin rai de lumière me permettait d’y voir quelque chose il se raréfie rapidement pour me plonger dans le noir total, je n’ai alors plus d’autre choix que de me reposer sur les épaules de Yurlungur. Je sens que nous descendons sur une pente douce. Grâce aux indications de la jeune fille je ne me cogne pas les pieds mais je sens tout de même des rochers pointus sous mes semelles.

"Comment ça se fait que tu puisse voir dans le noir ?"

Elle inspire pour finalement rétorquer que ça ne me regarde pas. J’hausse vaguement les épaules. Je renifle, dérangé par une odeur nauséabonde. La petite s’arrête soudainement et me demande si je m’y connais en nécromancie. Étrange question, à sa place je l’aurais posé à Azra quand elle en avait l’occasion. Lui devait en connaître quelques rudiments.

"Je sais ce que c'est. Mais je n'y connais rien. Pas plus qu'en magie basique. C'est quoi cette odeur ? T'as pété ?"

Elle répond que non. L’odeur provient de cadavres. Elle me demande de baisser la voix. Je soupire. Evidemment, des créatures vivent dans ces grottes et je doute qu’elles soient amicales. Je me raidis, me tient prêt à agir. Elle me demande d’attendre un instant et je la sens se dérober de ma prise et l’entends s’éloigner un peu. Peu rassuré, je retiens ma respiration et me fige comme une statue. Heureusement ça ne dure pas longtemps. Sans un mot elle reprend ma main et la replace avant de continuer.

"Alors ?" Dis-je curieusement.

A voix basse, tendue, elle me répond qu’elle n’est pas certaine, que sa vue n’égale pas celle d’un Shaakt. Elle finit par décrire un amas de corps déchiquetés.

"Tu sembles inquiète mais je crois que notre groupe est largement en mesure de se défendre."

Elle rétorque que peu de personnes de ce groupe sont capables de se repérer efficacement dans le noir. Elle secoue la tête avant de dire qu’il faut être prudent, silencieux et patient ainsi que d’autres qualités essentielles que beaucoup parmi nous n’ont pas assez développées. J’ignore de quoi elle parle mais l’entendre parler ainsi m’amuse étrangement. Je pousse un souffle nasal amusé avant de répondre à mon tour.

"C'est marrant. J'ai l'impression que tu es devenue une adulte trop tôt et que moi je suis resté un enfant trop longtemps. Tu as bien changé depuis le jour où tu m'es tombé dessus en traversant le portail."

Surprise, elle assure être encore une enfant. Elle semble l’avoir mal pris et me répond que tant que les ombres la considéreront ainsi et qu’elle sera une enfant tant qu’elle sera fuyante devant la mort.

"Tu parles comme une vieille."

Je prends une voix de vieillarde en répétant ses dernières paroles. Comme si il s’agissait des derniers mots d’un crâne trop ancien et trop fatigué.

"Tu n'as plus l'insouciance d'une enfant. C'est ça que je voulais dire." Dis-je finalement.

Elle pousse un soupir agacée, typiquement vieux en disant que j’ai eu plus de chance qu’elle et que ce n’est pas de sa faute. Je dois lui accorder ça. Son enfance est sans doute moins amusante que celle que j’ai connue.

"Sans doute oui. "

J’aperçois finalement un peu de lumière. Nous arrivons dans une vaste caverne légèrement éclairée par des puits de lumières venant du plafond. Yurlungur se dérobe à nouveau et me parle de cadavres mais je n’écoute qu’à moitié sans même observer ce qu’elle me montre. Je me sens bizarre. Agité. Ça vient de moi. C’est comme si mes fluides étaient en train de bouillir. La même sensation que lorsque j’en ingère trop d’un coup. Il y a trop de magie ici. Inquiet, je préfère prévenir mon entourage.

"Je me sens bizarre. C'est comme si ma magie était en train de bouillir."

La petite réagit vivement en s’écartant avec un regard inquiet.

"C'est cette salle. Il y a quelque chose d'étrange."

Elle désigne un autel, plus loin dans une cavité plus basse de plafond, pris entre des colonnes rocheuses et ressemblant à un cœur pulsant des volutes lumineuses. De la magie. J’en étais certain.

"J'ai un mauvais pressentiment."

Elle me conseille de rester en retrait et me demande si elle peut aller le voir sans risque de déclencher une catastrophe. Prétextant, qu’elle, ne sait pas faire de magie.

"Je ne suis pas convaincu. "

Elle rétorque après un instant que dans tous les cas on est coincés. Je prends enfin connaissance du boyau sombre devant lequel se trouvait un tas de cadavres. Elle me désigne ensuite un autre passage inaccessible sans cordes. Je soupire.

"On finira bien par trouver une solution. Merci pour ton aide en tout cas."

J’essaie de rester optimiste tandis qu’elle s’éloigne pour discuter avec Endar. Je sens mon regard être happé à nouveau par ce cœur lumineux au fond de la grotte. Impossible d’y résister malgré la sensation et le parfum de danger qui en émane. Je m’en approche mais garde tout de même une assez grande distance pour être à portée de voix du reste du groupe. Je ne peux plus détacher mon regard de l’autel. Une idée folle s’empare de moi. Est-ce que c’est de là que proviendrait la magie de ce monde ? Est-ce que ça pourrait être le cœur qui fait pulser la magie dans toutes les régions. Une seule personne pourrait me répondre. Le Sans-Visage. Ca expliquerait pourquoi cette région est si instable et si gorgée de magie. Cette caverne en est tellement saturée. J’ai l’impression de m’y noyer. L’envie de toucher est forte mais la terreur de ce qui pourrait se produire m’en empêche. Je sursaute. Jorus venait encore de me surprendre en pleine rêverie. Il s’était visiblement détendu et venait de m’accorder le fait qu’il en fallait du courage pour se frotter à un dragon. Il me donne une tape amicale. D’un ton las je lui réponds :

"Je pensais qu'en l'aidant nous pourrions reprendre le voyage normalement. Je ne pensais pas que ce dragon était si puissant."

Son regard se tourne vers l’autel alors que j’utilise toute ma volonté pour ne pas reposer mes yeux dessus. Il précise que de toute manière un dragon aurait manqué de discrétion pour nous emmener trop proche de la cité. Il parle ensuite d’un portail magique sorti de nulle part.

"Un portail magique ?"

Il m’explique qu’un portail est apparu, a englouti le noble qui nous accompagnait. Ce qui explique sa disparition. Ensuite ce sont Alistair et sa copine qui en sont sortis.

"Alors ça oui c'est très bizarre."

Aucun doute. Ça ressemblait à un portail de Fin’. L’image de Simaya me revient en tête. Il est vivant a-t-elle crié. Non, non. Impossible. Je l’ai vu mourir. Jorus me regarde avant de me demander en quoi c’est plus bizarre qu’autre chose.

"Je connais deux mages capables d'utiliser un tel pouvoir. L'une est disparue. L'autre est mort."

Oui mort. C’est certain. Il me demande si la disparue aurait pu utiliser sa magie.

"D'après Thensoor elle est dans la Lande Noire mais je ne vois pas pourquoi elle aurait fait ça..."

Ça ne lui ressemblait pas. Pourquoi ouvrir un portail pour nous aider à évacuer un blessé ? Pourquoi ne pas venir à notre rencontre ? Pourquoi apparaître devant moi au moment le plus mal choisi. Ça n’a pas de sens. Jorus me demande si je parle de Simaya, il me demande qui elle est et si elle est de notre côté. Sans un doute, je lui réponds.

"Elle a toujours été une grande alliée. C'est la mage la plus puissante que je connaisse et la seule qui a réussi à communiquer avec les Titans. Elle fait partie du Conseil d'Or. C'est juste qu'elle a disparue en apprenant la mort d'un proche."

Il répond simplement qu’il voit avant de me demander mon avis sur l’autel. Je me gratte la joue, m’efforçant encore d’en écarter le regard. Je soupire avant de lui dire ce que je pense :

"J'ai la sensation que c'est de là que provient toute la magie de la Lande. Mes fluides sont extrêmement agités. J'ai l'impression que ma magie va jaillir sans que je puisse en garder le contrôle."

Il se tourne lentement vers moi pour menacer de m’assommer s’il me voit me servir de ma magie. C’est la journée décidément. Étrangement, toutes ces menaces m’amusent. Après avoir failli terminer en rôti j’imagine que la menace d’une dague ou d’un coup sur la tête peuvent paraître dérisoire. Il pointe ensuite du doigt le tas de cadavres devant la sortie qui s’enfonce dans les ténèbres. Il m’explique qu’il a l’impression qu’une horde a surgit et que les personnes présentent ont tout fait pour couvrir leur fuite. J’observe avec sérieux le boyau sombre, ravi de pouvoir me concentrer sur autre chose que ce cœur magique.

"Moi j'ai l'impression qu'ils sont morts en essayant d'entrer là-dedans."

Une barrière magique, un piège peut être…

"Mais il n'y a aucune bonne sortie de toute manière. Je pense qu'on devrait s'éloigner de cet autel."


Passer par là me semblait vraiment être la pire idée. Il me désigne la dernière sortie possible mais qu’il craint de ne pas posséder une corde assez longue.

"Donc tu veux bien entrer dans un trou et te balancer au bout d'une corde sans savoir si ça va être suffisant mais pas que j'utilise un peu de magie ? "

Son visage se ferme tandis qu’il me raconte avoir eu une mauvaise rencontre avec un mage. Il confirme donc préférer se balancer au bout d’une corde trop courte. Il m’invite ensuite à aller voir les autres. Avant qu’il ne s’éloigne, je lui rétorque après un soupire.


"Je peux comprendre que tu aies peur mais il existe ici des choses ou plutôt des situations où je serais forcé de me servir de ma magie. Quand ça arrivera, plutôt que d'essayer de m'en empêcher essaie de mettre de la distance entre toi et ce que je vise. Tu as raison, allons voir les autres. Rester près de ce truc n'est pas une bonne idée."

Je m’éloigne de l’autel sans me retourner pour rejoindre le groupe. Je croise par hasard Sibelle qui porte un bandage autour de la tête. Légèrement inquiet, je lui demande comment elle va. Elle répond qu’elle se sent mieux depuis qu’elle a pris une potion de soin mais qu’elle ne sait pas à quoi ressemble la plaie sous son bandage. Amusé, je lui réponds que même si j’y jetais un œil, le manque de lumière ne me permettrait pas d’y voir grand-chose.

"Au moins personne n'est gravement blessé. J'espère que ça va aller pour le dragon d'or."

Sibelle ne semble pas s’inquiéter pour le dragon contrairement à moi.

"Il a tenté de fuir. Il est revenu pour me sauver et finalement c'est moi qui ait pris la fuite..."

Elle semble surprise d’apprendre que le dragon d’or soit revenu pour m’aider. Elle dit mieux comprendre la raison pour laquelle j’ai agi mais qu’il valait mieux que je me retire du combat et que maintenant le dragon de Fan-Ming peut faire de même. Je soupire. Est-ce qu’il y parviendrait ?

"Je ne me le pardonnerais pas autrement... " Concluais-je à voix haute avant de lui faire part d’autre chose.

"Il y a quelque chose de bizarre. J'ai lancé un sort face au dragon. J'ai senti ma magie agir. Mais je n'ai pas vu comment. Il n'y a pas eu un souffle ni même quoi que ce soit de magique."


La guerrière me regarde, perplexe avant de me décrire l’apparition du portail.

"Jorus m'en a parlé oui. Ça ressemble aux portails de Finarfin. Mais Il est mort. Simaya est peut-être dans la région mais pourquoi aurait-elle fait ça. Ça n'a pas de sens."

Elle avoue ne pas savoir et que je devrais comprendre mieux qu’elle la magie étant donné que moi je la manipule. Je lui adresse un sourire en rétorquant.

"Ce n'est pas parce que je la manipule que je la comprend."

Je dirige un regard inquiet vers l’autel. Je le regrette à nouveau. Je suis comme attiré. Je dois à nouveau fournir un effort pour regarder ailleurs. Elle acquiesce avant d’avouer avoir envie de jeter un œil du côté de l’autel.

"Sois prudente. L'air est saturé de magie par là-bas. Moi je vais regarder du côté du tas de cadavres."

Elle répond que comme elle ne possède pas de fluides magiques elle pense être moins perturbée avant de se diriger vers l’autel. J’hoche la tête sans rien dire. Je me dirige ensuite vers la sortie qui s’enfonce dans le noir. Je m’en approche prudemment comme si un geste brusque pourrait en faire surgir je ne sais quel monstre. Après un long regard qui se perd dans l’obscurité je m’accroupis pour inspecter les corps. De quoi peuvent-ils avoir succombé ? Au cours d’une lutte acharnée comme le pense Jorus ou d’autre chose ? Difficile de le savoir, les corps sont en piteux état. Je fais une grimace devant les membres arrachés ou détruits et les blessures sont nombreuses et ont sans aucun doute une origine violente. Je me redresse. Soupire. A priori aucune issue ne semble prudente. Je me tourne à nouveau vers l’autel, je me sens appelé par ce cœur magique. Si je passais à côté de quelque chose ? La frustration m’envahit. Pourquoi est-ce que je veux tant mettre les doigts dans ces volutes magiques alors que mon esprit me crie le danger que je cour en m’approchant. Mais mon corps n’écoute même plus. Sans même m’en rendre compte, j’ai déjà rejoint Sibelle à proximité de l’autel. Je dois savoir. Je dois absolument savoir ce que c’est et à quoi ça sert. Ça pourrait être la source de la magie du monde mais aussi ce qui déstabilise cette source. Je gémis d’effort pour tourner le dos à cet appât qui m’attire comme si j’étais une stupide truite.

" Je pense savoir qui peut me donner des réponses sur ce truc… " Dis-je à voix haute.

Les yeux fermés à présent pour éviter de poser à nouveau le regard sur les volutes éthérées. De toutes mes forces je pense au Sans Visage. Lui peut apparaître ici, nous venir en aide, m’apporter des réponses, si il accepte de se montrer aux autres ou juste à moi.

(Sans Visage. Nous avons découvert quelque chose d’étrange ici. Pouvez-vous apparaître pour me donner des réponses. Je suis également certain que beaucoup ici aimeraient vous voir.)

J’espère qu’il va y répondre. J’ai besoin de lui plus que nous avons besoin de Naral Shaam.

((3400 mots. Demande au Sans Visage de répondre à une prière.))

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Jeu 30 Aoû 2018 05:31 
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Sibelle venait à peine de demander quels aventuriers possédaient une torche que Yurlungur surgit de nulle part. Elle se présenta aux sauveurs d’Aliaénon puis les salua d’un ton nonchalant. Et comme s’il ne s’était rien passé, comme si Sibelle n’avait pas été témoin de son acte de traitrise envers la fille d’Omble, elle s’enquit de la présence de l’humoran, le surnommant le gros matou. La guerrière ne répondit point à la fillette et ne lui rendit pas sa salutation. Les poings fermés, les jointures blanches, elle se retint pour ne pas réagir. Alors qu’elle détourna la tête, elle vit Endar arriver. Un autre envers qui Sibelle entretenait une rancune non dissimulée. Il se présenta à son tour, puis comme à son habitude, les sermonna à sa façon, les priant de ne pas crier. Puis, il proposa d’établir un plan avant de pénétrer la ville d’Escar’Olth. L’idée était censée et Sibelle aurait probablement acquiescé en d’autres circonstances ou si la proposition serait venue d’un autre. Mais elle se souvenait trop bien de quelle façon, il avait agi à Ouesseort et ne faisait désormais plus confiance à l’elfe noir.

Jorus, le jeune nouveau relativement nerveux répondit à la requête de Sibelle et sans perdre un instant, il alluma sa torche. Sibelle le suivit et en peu de temps ils rejoignirent Sirat qui n’avait fait que quelques pas. La guerrière souhaitant retrouver un allié parmi ces aventuriers déposa sa main sur l’épaule de l’humoran lui faisant une proposition décente :

« Si on formait de nouveau une équipe, comme dans l'auberge ? Toi, tu vois dans le noir, et moi, j'ai une ouïe fine. »

Avare de commentaires, il se contenta d’un bref : pas de souci.

Au tout début de leur descente, Sibelle entendait les bruits de l’affrontement entre les deux sauriens. Mais peu à peu, le son s’estompa en même temps que la lumière devint presque absente. L’humoran semblait se diriger tant bien que mal et la torche de Jorus leur permettait tout au plus de ne pas tomber dans une aspérité. En peu de temps, la fillette assassine, Xël et le traitre elfe noir les dépassèrent avec une rapidité étonnante. L’obscurité ne semblait gêner nullement leur avancée.

L’ouïe fine de la guerrière ne lui fut d’aucune utilité. Située derrière l’humoran et tout juste devant Jorus, elle bénéficiait du soutien du premier, et d’un tout petit peu de lumière du second. Mais des autres sens, il y avait l’odorat, et celui-là l’informait de la puanteur difficilement tolérable d’êtres en décomposition. Même si par réflexe, elle se plissait les yeux, il était impossible à Sibelle de discerner quoi que soit. Quelques choses en grande quantité était décédé et en état de composition, mais elle ne pouvait aucunement les identifier.

Puis après une descente nauséabonde, ils débouchèrent à une vaste salle, faiblement éclairée par quelques puits de lumière. Ce fut à ce moment que Sibelle s’aperçut de l’inégalité du sol parsemé de trou tel un gruyère, ainsi que les nombreuses stalagmites géantes menaçant de leur tomber dessus à tout moment. Elle retira sa main de l’épaule de Sirat, ce dernier prenant une direction différente de celle de la guerrière.

Dans un coin de la salle, un passage où le plafond s’avérait plus bas était davantage éclairé. Entre plusieurs colonnes rocheuses, il était possible de percevoir des volutes éthérées lumineuses.

Sibelle aperçut deux autres tunnels qui quittaient la salle. Le premier était obstrué en partie par des cadavres pourrissants. Le second ressemblait à une crevasse qui descendait avec une forte pente plus profondément.

Xël s’approcha d’elle entamant la conversation s’informant de sa blessure à la tête. Sibelle répondit tout en jetant un coup d’œil à Sirat qui discutait avec Yurlungur.

« Je me sens mieux depuis que j'ai pris une potion de soin... Mais je ne sais pas à quoi ressemble cette plaie sous son bandage. »

Trop orgueilleuse, la guerrière ne demandera pas â Xel de regarder sous les pansements. Ce dernier, plutôt amusé, répondit qu’il aurait bien jeté un petit coup d’œil s’il avait pu y voir quelque chose. Puis, reprenant un petit peu plus de sérieux, il avoua s’inquiéter pour le dragon d’Or.

Sibelle qui ne partageait pas cette inquiétude tenta de le rassurer : «Le dragon d'or est un être puissant, je ne m'inquiète pas pour lui. »

Le mage expliqua davantage l’objet de son inquiétude. Après être reparti, le dragon d’Or était revenu afin de le sauver, lui permettant de prendre la fuite.

Sibelle écouta attentivement les paroles de Xel et sembla surprise de la réaction du dragon.

« Je les savais puissants, mais je n'aurais pas pensé qu'ils daignent sauver une vie comme la tienne, ou la mienne, je les croyais plutôt au-dessus de nous. »

Elle s'arrêta un moment avant de reprendre.

« Je comprends mieux pourquoi, tu as voulu l'aider....mais il fallait que tu te retires du combat, il pourra faire de même à présent que nous ne sommes plus à la merci du dragon noir. »

Toujours aussi volubile, Xël en profita pour raconter un phénomène bizarre qui s’était passé alors qu’il tentait de venir en aide au dragon d’Or. Il avait lancé un sort au dragon noir et avait senti sa magie agir, mais il ne vit aucun effet de son sort.
Sibelle le regarda perplexe:

«Ici aussi un phénomène étrange s'est produit. C'est comme si l'air s'était fissuré, une brèche s'est ouverte, Erastos en a été absorbé... et deux sauveurs d'Aliéanon en sont ressortis, puis l'air a repris sa place.»

Xël confirma que Jorus lui avait déjà fait part de ce fait. Il en avait déduit que cela ressemblait aux portails de Finarfin, sauf que ce dernier était mort. Cela n’avait pas de sens pour lui. Sibelle incompétente dans le domaine de la magie se contenta de répliquer.

« Je ne sais pas... tu devrais le savoir plus que moi... je ne manipule pas la magie, toi oui »

Fidèle à lui-même tout en lui adressant un sourire, il rétorqua que ce n’était point parce qu’il manipulait sa magie, qu’il la comprenait. Et tout en parlant, il lançait des regards inquiets vers l’autel lumineux. L’ayant remarqué, Sibelle lui fit part de son intention de s’y rendre

« J'ai envie de jeter un coup d'œil par-là »

Xël lui recommanda la prudence, lui précisant que l’air était saturé de magie à ce moment-là. Il songeait pour sa part à s’approcher des cadavres pour les examiner.
Elle lui répondit:

« J'y ai réfléchi... et je me suis dit que puisque je ne possède pas de fluides magiques, je serai peut-être moins perturbée que d'autres. »


Elle avait remarqué dans l’auberge qu’elle n’avait pas été atteinte par le sort de l’elfe noire, contrairement à l’humoran, sans savoir pourquoi. Elle espérait être aussi immunisée cette fois.

Xël la laissa partir dans cette direction. Sibelle chercha du regard l’humoran ayant l’intention de lui demander de l’accompagner. Mais lorsqu’elle le vit, il était penché au-dessus de la fillette lui déposant un baiser sur le front. La guerrière fit aussitôt volteface et se dirigea droit vers l’autel lumineux bien décidée à examiner ce lieu.

Xël la rejoint peu de temps après, une idée en tête.

((( 1216 mots – Sibelle choisit de se rendre dans la salle de l’autel pulsant de magie et de s’y approcher. )))

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Dernière édition par Sibelle le Jeu 6 Sep 2018 01:43, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Jeu 30 Aoû 2018 09:24 
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il s'engouffra dans cette mélasse noirâtre, qui semblait descendre. Le combat et son écho infernale raisonnaient sur les parois. Sirat soupira, un soupire fatigué, l'endroit sentait l'humidité elle se collait à son visage. il faisait froid, il prenait soins de ne pas tomber ou glisser. Une main se posa sur son épaule. S'était Sibelle, elle semblait presque heureuse, faire équipe comme au bon vieux temps, disait-elle.
Pas de soucis, lui glissa-t-il soucieux et perdu dans ses pensées.

Il savait que cette alliance était friable, la belle entrerait bientôt dans une crise d'hystérie quand elle apprendrait que son coéquipier n'avait pas les mêmes intentions que la tour d'or et de son conseil. Le reste de la troupe semblait avoir suivit, il ne les discernait pas, mais sentait leur présence, leur parole, d'autres s'étaient d'ailleurs joins au groupe.
Magie, portail, peut être, plus rien ne l'étonnait sur ce monde. Il garda son esprit sur la route et continua de descendre.

Il suivait se fin et soyeux filet de lumière qui se répercutait sur les murs ou sur le sol. Très vite il sentit qu'on le dépassa et un sentiment d'horreur s'empara de lui. Il reconnu cette silhouette, cette odeur, qui malgré l'humidité s'extirpa pour l'énervé. Endar, était là...

Ses yeux étaient obnubilés, il accéléra le pas, mais très vite sentit qu'il ne pouvait pas aller aussi vite que l'elfe. des embuches le gênait et surtout des cadavres, des ossements parsemaient la galerie.

A la vue de ce charnier et de ses restes de repas, il dégaina son marteau et redoubla de prudence, oubliant un instant son Némésis. L'odeur de la chair en putréfaction, amalgamé avec la moiteur de l'endroit rendait l'atmosphère irrespirable. Même les charnier d'Esseroth en pleine air étaient plus agréable.

Il débouchèrent dans une grande salle ou des puits de lumière éclairaient l'espace. La magie irradiait cette pièce formé de stalactite bleuté et de stalagmite cendré. Des crevasses, gouffres sans fond perforaient le sol. Sirat avait le crâne qui pulsait non pas de sa haine, mais de l'essence même de cet endroit qui dégueulait de magie et qui pénétrait chacun de ses pores, affolant ses fluides. Il reprit son calme, observant les cadavres qui parsemaient, en petit tas de bouillie carmin, l'horizons. deux boyaux s'extirpaient de ce funeste endroit, un sombre ou la densité de cadavre semblait a son paroxysme et un autre qui descendait frénétiquement vers les tréfonds. là bas si on observait bien on y voyait une sorte d'autel magique baigné de lueur, de flamme éthérée qu'on distinguait à peine a cause des roches autours.
Il reconnut alors la petite non loin de lui et à la suite d'Endar. Il était heureux de la voir, mais surpris.

Toi, ici ?

Puis il se ravisa, comprenant son impolitesse. La petite brune portait toujours son regard juvénile, sa moue enfantine, difficile de croire qu'elle pouvait donner la mort avec tant d'aisance.

content de te voir

il la gratifia d'un sourire familier et paternaliste. Il était satisfait de la voir en bonne santé, il avait une certaine empathie pour elle.

Le sentiment semblait être partagé, puis sérieusement elle désigna le tunnel où gisait le monticule de décharnés. Elle contait s'y rendre avec Endar. Ses poings se serrèrent quand il entendit le nom de l'elfe, et un regard acerbe se posa sur son nonchalant ennemi. Elle était sur qu'une bête s'y trouvait, il ne servait à rien d'essayer de l'en dissuader. Il n'y pensait même pas à vrai dire, il savait la petite avait des capacités de survie qui dépassaient la moyenne. Elle voulait qu'il empêche les autres de les suivre et de se tenir prêt . Il se baisa à son niveau, se rapprochant d'elle pour qu'elle seule puisse l'entendre.

Sois prudente, j'ai besoin de toi, tu es mon allié dans ce merdier. méfie toi de l'elfe, plus que de cette bête.

Elle pouvait lire sur son visage la haine qu'il portait à cet être. Il lui déposa un baiser sur le front, en signe d'assentiment. Il savait que Zewen veillait sur elle. C'est alors qu'avec suffisance Endar s'approcha. Son œil brillait, son visage mesquin scrutait l'humoran. Il se mit à le mettre en garde, Sirat fulminait. Son corps entier se raidissait à chaque syllabe de l'elfe. Endar se souvenait de ses actes aux portes de Nagorin, il expliqua qu'il n'avait nul confiance en Naral mais qu'il ne le voulait pas mort. Il avait vue juste Sirat était pas là pour sauver ce dragon. Puis comme si il désirait faire changer d'avis Sirat il s'en alla dans un discours sur l'ancien Aliaénon et le nouveau. Tout cela en argumentant pour le nouveau, mais il se mentait Sirat savait qu'il ne voyait que son profit. L'elfe voulait devenir comme ceux de Nagorin, il en bavait tellement il le désirait, ce pouvoir qui pour l'instant lui échappait. Il dégouttait l'humoran. Quand l'importun eut le malheur de prononcer le nom de Faseilh que Sirat n'entendit plus rien. Son cœur s'emballa, sa main se referma sur son marteau, une chaleur l'embrasa, étouffant son être. Il allait le tuer. Enivrer par la folie ses mains tremblaient. Dans un ultime geste de raison il attrapa fermement le col de l'elfe le tirant jusqu’à lui.

Tu ne sais rien sur Faseilh, si tu te mets en travers de mon chemin je te briserais.

Les menaces n'étaient pas en l'air, il l'aurait déjà fait si il ne se souciait pas des autres. Il le relâcha violemment et se retourna cherchant Sibelle.

Elle était déjà partit, vers la lumière de l'autre boyau avec Xel, il soupira, expulsant de ses narines toute sa rage. Cela ne l'aiderait pas à trouver un semblant de paix intérieur. Il tourna un peu en rond, déboussolé,Il tourna un peu en rond, peinant à retrouver son calme, puis se raisonnant, il se calma.

il s'approcha du centre de la salle et mit un genou à terre. Il déposa sa main sur le sol glacé. Une flaque de sang séché recouvrait en partie la pierre. elle avait noircie, et des coroles marrons se dispersaient dans les ébréchures de la roche. Il souffla, l'air dans ses poumons, un nuage de brume se créa devant lui et disparut aussi tôt dans l'air.

Raconte moi ce qui s'est passé ici,

il ferma les yeux et se concentra.


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utilisation : capa rp :
"vision du temps" : en se liant aux fluides élémentaires de terre autour de lui, le zélote peut voir le passé du lieu. Plus son élément domine aux alentours

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Jeu 30 Aoû 2018 21:00 
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...

L'arrivée de la jeune fille, grâce à son attitude tout autant que ses paroles, qui dénotaient une certaine connaissance de qui était qui, causa moins d'étonnement qu'elle aurait pu, dans d'autres circonstances. La présence d'un dragon enragé et l'urgence de la situation jouaient sans doute également. Cela dit, les différents regards qui se posaient sur elle étaient soit méfiants, pour ceux qui avaient eu vent de ses actes lors de la prise de Treeof par la Trinité, soit porteurs d'un intérêt qui semblait un brin malsain, pour Endar et Alistair. Deux Sauveurs d'Aliaénon, donc deux menaces potentielles tant qu'elle n'en saurait pas plus sur eux...

L'elfe noir fit remarquer qu'ils auraient besoin d'un plan s'ils souhaitaient entrer dans Escar'Olth, leur destination, avant de préciser que lui, Sirat ou elle-même n'auraient probablement aucun mal à y pénétrer. Elle haussa un sourcil. Cette cité, elle ne la connaissait guère et ignorait à vrai dire pourquoi elle pourrait y être plus facilement acceptée qu'un autre, mais si c'était vrai, elle n'allait pas hésiter à en profiter. Après tout, ça signifiait surtout que ce n'était pas à elle de monter une stratégie pour passer à l'intérieur d'Escar'Olth.

Ce fut ensuite l'autre, Alistair, qui prit la parole, les enjoignant d'entrer dans la grotte pour se protéger du dragon noir, assurant qu'il fermerait la marche tout en posant un regard un brin pervers, crut-elle. Pourquoi l'observait-il ainsi ? Elle s'écarta prestement, s'approchant de l'entrée où avait déjà disparu Endar. Si l'elfe, tout comme elle, sauraient s'y déplacer sans encombre, elle doutait que ce soit le cas des autres aventuriers, pour autant, elle n'avait guère envie de jouer aux âmes charitables en les guidant par la main. Elle n'était pas leur maman...

Les conseils d'Arsok lui revinrent en mémoire. Oui, mieux valait profiter de leur compagnie comme d'une protection contre les dangers qui viendraient se placer sur sa route... Elle aperçut Xël qui hésitait à avancer plus avant, s'approcha de lui et désigna d'un geste du menton le chemin qui disparaissait dans l'obscurité.

« Je suppose que vous ne savez pas vous guider tout seul dans le noir, si ? »

Cela sonnait déjà plus gentil que ce qu'elle aurait voulu dire. Mais il n'en parut pas touché, plutôt suspicieux vu son regard assez éloquent. Il tâcha de prendre un air détaché pour avancer qu'il aurait su si c'était une maison, de nuit, mais que c'était une autre affaire dans une grotte sombre et, qui plus est, dans une région dangereuse. Sans poursuivre sa pensée, il eut une moue, comme pour accepter à demi-mot son offre.

Il n'osait donc pas demander explicitement ? Elle en fut un peu amusée, mais ne laissa rien paraître sur son visage. À toujours s'exprimer à mots voilés, on finit rarement par obtenir ce que l'on désire sien...

« Posez votre main sur mon épaule, proposa-t-elle en hochant de la tête. Je vais vous guider. »

Cette fois-ci, il lui adressa un plissement d'œil clairement méfiant, expliquant qu'elle donnerait des coups de couteau dans le dos. Elle fronça les sourcils. Nastya, Kiyo, ou Talia elle-même ? La première sans doute, avait dû répandre ce bruit un peu partout. C'était vrai, bien sûr, mais certains faits gagnaient à n'être pas trop répandus. Affaire de réputation. Enfin, autant le prendre à la légère : elle haussa des épaules et rétorqua :

« Oui. Mais là, je serai devant vous. »

Un détail notable, si elle le guidait. C'était plus difficile de donner des coups de dague dans le dos quand on était devant, non ? Continuant avec un air détaché, elle proposa :

« Si ça ne vous intéresse pas, je vous laisse là... pas de souci. »

Il rit, un brin surpris, puis posa sa main sur l'épaule de l'assassine, expliquant que ça irait, ajoutant sur le ton de la rigolade qu'il avait plus de ressource que Talia. Sur le ton de la rigolade, mais en espérant bien qu'elle l'entendrait... S'il savait. Tant qu'elle n'avait aucun intérêt à le tuer, il n'y avait aucune chance pour qu'elle risque sa vie afin d'ôter la sienne. Pour Talia, ç'avait été bien différent. Mais puisqu'il souhaitait jouer à ça, elle fronça à nouveau les sourcils et le pointa de sa dague – celle à trois lames, offerte par la Trinité, dont elle avait découvert les intéressants pouvoirs sur le gibier qu'elle avait eu l'occasion d'abattre en route.

« En revanche, pas de coups pas, et par coups bas, j'entends magie. Compris ? »

S'il y avait bien quelque chose qu'elle ne savait pas maîtriser et qu'elle préférait éviter au possible, c'était la magie. Oh, elle avait appris à la tolérer avec Arsok, mais... ce n'était pas encore ça. Histoire de le remettre à sa place, elle ajouta :

« Il paraît que vous faites jaillir des geysers, sinon... »

Il n'était pas le seul à avoir entendu des rumeurs. Surjouant l'indignation, il répondit que c'était dans son droit, dans l'objectif louable d'éteindre un incendie... non provoqué par lui, précisa-t-il rapidement. Elle aurait pu sourire, mais elle s'en retint. Ce type n'était pas son ami et elle ne souhaitait pas que quiconque ici le devinsse.

« Oui, mais la dernière fois, j'étais loin et hors de portée de votre magie. Si vous tentez ça ici, vous ne le verrez pas venir, le coup de dague. »

Elle pencha la tête sur le côté pour préciser à son tour :

« Comme Talia. »

Sous ses airs de comique et des paroles faussement amicales de sa part, elle n'ignorait pas qu'était en train de se créer un rapport de forces. Et elle ne voulait pas se laisser dominer. Cela semblait marcher car il devint plus sérieux pour expliquer qu'il n'utiliserait sa magie qu'en dernier recours et qu'il la préviendrait. Il tendit la main pour sceller ce petit pacte.

« Marché conclu, répondit-elle en lui serrant assez violemment la main. »

Puis, après lui avoir laissé le temps de la reposer sur son épaule, elle entama la marche dans la grotte. Il n'avait rien montré concernant sa main, préférant prendre sur lui : au moins, il avait un peu de classe et de dignité. Alors qu'ils avaient fini par se retrouver dans une obscurité complète, le mage décida de briser le silence à nouveau, demandant importunément comment ça se faisait qu'elle parvienne ainsi à voir dans les ténèbres normalement.

Elle inspira, s'apprêtant à répondre, mais s'arrêta aussitôt. Répondre quoi ? Qu'elle était née et avait vécu à Dahràm, ville de voleurs et de pirates aussi brutaux qu'impulsifs et où il fallait se débrouiller soi-même pour trouver à manger ? Une ville où, si on ne voyait pas clair dans les ombres, on se faisait violer à chaque coin de rue une fois la nuit tombée ? Elle avait laissé toute cette existence derrière elle, même si l'atmosphère de la ville, malgré toute la violence qu'elle y avait subie, gardait pour elle un certain attrait nostalgique. Et puis, tout compte fait, elle n'avait pas envie de parler de ça.

« Ça ne te regarde pas. C'est comme ça. »

Difficile aussi, d'expliquer que, un peu plus que par simple survie, cette faculté lui était venue à force de travailler pour le Gros Néral, un vendeur de faux tableaux et parrain de la pègre de la coquette cité portuaire. Il haussa vaguement des épaules, sans doute sans se rendre compte qu'elle percevait fort bien ce mouvement désinvolte puisqu'il avait sa main posée sur son épaule. Au fond, il était quand même un peu idiot, mais pas bien méchant.

Au fur et à mesure qu'ils avançaient, aux stalagmites se substituaient un décor autrement plus macabre : des cadavres difformes, étendus au sol, les accueillaient avec une odeur pestilentielle. Elle s'arrêta un moment pour observer l'ensemble d'une façon plus attentive et posée. La chose ne l'étonnait guère, mais lui faisait seulement prendre conscience qu'il serait effectivement nécessaire de se méfier : d'autant plus que tous ces corps étaient proprement impossible à identifier, déchiquetés par un virtuose du massacre. Mais puisqu'elle avait un sorcier à portée :

« Vous qui êtes mage... vous vous y connaissez en nécromo... nécromancie ? »

Satané mot. Il répondit qu'il savait de quoi il s'agissait mais guère plus, avant de s'enquérir de l'odeur, prétexte pour une nouvelle question à but humoristique qui fit grincer des dents à la jeune fille. Comme s'ils avaient le temps pour ce genre de gamineries, avec le danger qui pesait sur eux...

« Non. Y'a des cadavres par terre... Je te prierais de chuchoter, à présent. »

Si la formulation était polie, le ton était ferme et autoritaire. Elle ne souffrirait aucune objection : heureusement, il n'en eut aucune, la réponse de Yurlungur l'ayant raidi, sans qu'elle ne parvienne à déceler de trace de véritable peur chez lui – plutôt qu'il était à présent sur ses gardes, et il avait bien raison. Mais ces cadavres l'intriguaient et elle lui souffla :

« Attends un instant... »

Sans difficulté, elle se déroba à sa prise et s'écarta un peu, allant examiner les corps de plus près. Mais la première vision qu'elle en avait eue était correcte : ces choses étaient... difformes. Toutes les charognes semblaient provenir d'animaux et elle aperçut sur la plupart des poils, une sorte de fourrure... enfin, pas tous au même endroit. Même s'ils étaient nombreux, il était difficile, dans l'état actuel des choses, de déterminer à quoi ils ressemblaient avant d'avoir été affreusement mutilés : une entité puissante, mue par une volonté de pure destruction, avait simplement tenté de les priver de forme. Bref, c'était assez peu rassurant. Mais même ses yeux avaient leur limite et ils commençaient à fatiguer – de toute façon, elle ne distinguerait rien de plus. Retournant auprès de Xël, elle saisit sa main et la replaça avec une certaine douceur, occupée à élaborer des hypothèses sur ce qu'il avait pu se passer ici, tout en repartant de l'avant, sans un mot.

Mais le mage demanda naturellement des explications. Que dire ? Elle n'avait pas vu grand-chose et aurait bien du mal à lui expliquer... d'autant qu'avec l'obscurité, elle ne pouvait guère embrasser les formes dans leur ensemble et celles-ci, lorsqu'elle forçait trop, devenaient un brin mouvantes, surtout dans les lieux privés de toute lumière comme ici. Si seulement il y avait eu la luminosité des étoiles, ou le faible éclat de pierres luminescentes... Et puis, elle ne voulait pas l'affoler pour rien.

« Je ne suis pas sûre... Et puis, je n'ai pas les yeux d'un elfe noir non plus. »

Sans doute Endar avait-il pu en observer davantage : et encore, elle doutait qu'il ait pu acquérir plus d'informations qu'elle sur ce mystère qui se développait devant eux.

« Même si les ombres s'écartent sous mon regard, les formes restent floues et l'imagination est perverse... J'aurais peur de dire une bêtise. Lorsque ta vue veut pénétrer trop loin dans les ténèbres, il advient qu'en imaginant tu t'égares. Endar saurait mieux te répondre que moi, mais c'est pas très beau à voir. Un amas de corps déchiquetés, nous le groupe d'aventuriers, bref, tous les ingrédients pour un sacré combat. Bientôt ? »

Elle s'était tendue au fur et à mesure de la description qu'elle donnait. Ils n'avaient rien à faire là, mais dehors, avec le dragon, c'était peut-être pire... Xël répliqua qu'ils n'avaient probablement aucune raison d'être aussi inquiets, estimant que leur groupe était apte à affronter toute menace qui surgirait. Elle tombait des nues. Était-ce à nouveau... une blague ? Ici, à elle seule, profitant de l'obscurité, elle aurait pu tuer la moitié de ce groupe avant d'avoir à faire face à Endar et peut-être un ou deux autres un peu plus débrouillards dans le noir. Et elle n'était qu'une gosse.

« Qui sait se repérer efficacement dans le noir ici, à part moi et Endar ? Et peut-être l'un des deux tourtereaux, derrière, rajouta-t-elle en se rappelant qu'ils avaient demandé à fermer la marche. »

Elle secoua la tête.

« Ce n'est pas suffisant. À l'air libre, passe encore, mais là... Prudence, silence, patience, et d'autres qualités essentielles que nombre d'entre vous n'avez pas assez développées. »

Voilà qui devrait lui rabattre son caquet et lui faire comprendre cette notion essentielle apparemment inconnue d'humilité. Il n'en avait pas eu assez avec le dragon qu'elle l'avait vu affronter de loin, en s'approchant ? Sans le retour du saurien doré, il y serait resté. Et il se croyait encore invulnérable...

Cette réprimande lui arraché un soupir qu'elle crut percevoir agacé. Tout en reconnaissant être encore un peu un enfant lui-même, il semblait lui reprocher d'être devenue une adulte trop tôt, remarquant qu'elle avait bien changé depuis sa traversée du portail – et rappelant qu'elle lui était alors tombée dessus. (Ce ne serait pas arrivé si tu t'étais poussé au lieu d'encombrer le passage...) grogna-t-elle intérieurement, sans oser le dire... elle ne se souvenait que trop vaguement de cet épisode pour se souvenir de ce qu'il s'était réellement passé. Et puis, il y avait autre chose qui la gênait, une affirmation qu'il donnait alors qu'il n'avait discuté avec elle que cinq pauvres minutes.

« Une adulte trop tôt ? Je suis encore une enfant. »

Qu'est-ce qu'il en savait, lui ? Il n'était pas à sa place, elle qui s'était demandée pendant six longs mois si son refus d'offrir sa vie à Elisha'a avait été la bonne solution ou un simple enfantillage, puis pendant six longues semaines si Arsok l'avait envoyée là-bas pour se débarrasser d'elle ou s'il croyait vraiment en ses capacités. L'Ombre l'estimait, mais il l'estimait comme on s'amuse d'un enfant un peu en avance. Ce n'étaient pas réellement ses propres compétences qui impressionnaient l'Ombre, c'était plutôt le fait qu'elle n'était encore qu'une gosse ayant malgré tout réussi à les maîtriser... Si elle avait vécu pendant des siècles auparavant, comme Liniel, cela aurait beaucoup plus banal. Minée par ces réflexions intérieures qui se déroulaient à nouveau devant elle en un instant, elle répliqua, piquée, grommelant à moitié :

« Tant que les ombres me considéreront ainsi... Tant que je serai frêle parmi les ombres et fuyante devant la mort, je serai encore une enfant. »

Ça, c'était aussi pour Arsok, comme elle savait qu'il pouvait l'écouter s'il le souhaitait. Ces paroles étaient chargés d'une rancune aussi profonde qu'ambiguë car elle ne savait pas réellement contre qui la diriger. Contre Arsok, contre Dahràm, contre Xël qui avait posé cette question ; contre elle-même ou contre l'univers entier ? Elle n'avait plus envie de parler mais il continuait, précisant sa pensée : pour lui, elle parlait “comme une vieille”.

Cela produit comme un déchirement encore plus violent en elle. C'était tout ? Elle avait cru, à l'instant, qu'il disait cela afin de la complimenter, de la reconnaître plus forte et plus capable, pour le peu qu'il en savait, mais non. C'était une simple question de vocabulaire. Une simple question d'apparence, de cette façon qu'elle avait acquise de parler et qui n'était en rien représentative de la force réelle de la personne qui parlait. Comme pour l'agacer encore davantage, il répéta ses dernières paroles avec ironie, avant de conclure en avançant qu'elle n'avait plus l'innocence d'un enfant. Pas assez forte pour être une adulte, ni assez innocente pour rester une enfant, elle était dans cet entre-deux fatal qu'on appelle l'adolescence.

Elle soupira en signe de consentement. Non, elle n'avait aucune envie de parler.

« T'as eu plus de chance que moi, alors... D'abord, c'est pas ma faute, continua-t-elle avec un ton agacé. »

La colère et l'agacement chassaient aisément un chagrin naissant. Il ne poussa pas plus loin et ils continuèrent de marcher dans un silence réconfortant, tandis que Yurlungur oubliait ses soucis pour se concentrer sur quelque chose de plus urgent : éviter de tomber sur un monstre qui souhaiterait les tailler en morceaux. Puis, leur chemin s'éclaira alors qu'ils pénétraient dans une sorte de cavité naturelle, dont le plafond diffusait une lumière douce. Se dérobant à nouveau de la prise de Xël, elle observa les alentours avec attention sans trop s'écarter du mage. Plus loin en avant, il y avait une autre source de lumière, pulsante, autour d'une sorte d'autel creusé dans la grotte. Ça ne sentait pas bon par là.

Elle aperçut d'ailleurs Sirat, qui semblait concentré sur autre chose : comme elle s'y attendait, il était bel et bien là, accompagnant Sibelle. Derrière eux arrivait aussi Jorus avec... une torche. Elle fronça les sourcils. Il aurait pas pu prévenir plus tôt, celui-là ? Tant pis : elle en revint à sa phase d'observation.

Plus à gauche, le sol s'affaissait dans une sorte de précipice ou certains casse-cous essaieraient peut-être de descendre – pas elle. L'unique sortie potentielle qui finit par attirer son attention, c'était un boyau sombre, empli d'une obscurité tentatrice, et autour duquel étaient à nouveau amassés des corps tout aussi dénaturés que plus tôt. Le désignant à Xël, elle expliqua :

« Un peu comme ça, les cadavres... Pas beau, quoi. »

Mais le mage était agité et ignora son explication, cherchant visiblement autre chose, avant de révéler qu'il se sentait étrange et qu'en lui, sa magie devenait plus forte, brûlante. Avec un regard inquiet, la jeune assassine s'écarta vivement de lui d'un bon pas.

« Génial... »

Pour le mage, il y avait quelque chose dans cette salle qui devait déclencher ce phénomène. Sans doute incapable de se concentrer correctement avec cette sensation nouvelle, Yurlungur proposa :

« L'autel, peut-être ? »

C'est vrai qu'un autel comme ça, ça avait souvent à voir avec de la magie pas nette. Remarque, un mage, aussi. Puisqu'en général la magie ce n'était pas bien net. Et effectivement, Xël semblait d'avis que l'autel n'était pas bien net... Si même lui le disait.

« Peut-être vaudrait-il mieux que les mages restent en retrait... Si je vais voir, je ne risque pas de déclencher quoi que ce soit si je ne fais pas de magie, si ? »

À vrai dire, elle espérait qu'il l'en dissuade. Et heureusement, cette théorie ne le convainquait pas. Mais il ne rajoutait rien, ne proposait aucune alternative : si bien qu'après quelques instants, elle rétorqua :

« Dans tous les cas, on est coincés. S'engager dans le boyau sombre là-bas est suicidaire, sauf éventuellement pour moi ou Endar, et je ne crois pas que quiconque ait pris de corde pour descendre dans la crevasse là-bas. »

Il soupira, espérant qu'ils finiraient par trouver une solution, la remerciant pour son aide. Il semblait un peu... mou. Elle n'allait pas tomber du ciel, cette fameuse “solution”. Un peu agacée par autant de nonchalance, elle indiqua :

« Je vais aviser avec Endar pour le boyau. »

Puis, sans davantage d'explications, elle partit d'un pas décidé en direction de l'elfe noir : ce fut le moment que choisit l'humoran pour l'intercepter, la dévisageant avec un air surpris, avant de s'estimer heureux qu'elle soit là, lui offrant un sourire réellement amical. Elle hocha de la tête, souriant un peu – elle n'avait plus trop l'habitude, depuis six mois.

« Le plaisir est réciproque. »

Il l'était vraiment. L'humoran, même si elle ne le connaissait que peu, dégageait une certaine aura de force et elle savait qu'elle pourrait informellement compter sur lui depuis leur alliance simultanée à la Trinité. Mais ils n'avaient pas le temps de bavasser : son visage redevint sérieux et elle désigna le boyau :

« Je compte m'y rendre. Seul Endar est en mesure de m'accompagner, grâce à ses yeux... »

Elle faisait peu de cas du reste des aventuriers. L'humoran serra les poings en entendant le nom de l'elfe noir mais, bien qu'un peu surprise par cette réaction, elle poursuivit :

« Pour les autres, ce ne serait pas très malin. Il y a là-bas une bête qui vit dans les ténèbres, un monstre vorace qui les engloutira. Mais l'elfe et moi pouvons nous débrouiller dans son milieu. »

À vrai dire, elle était un peu excitée par la perspective d'entrer là-dedans. Elle riva son regard dans le sien :

« J'aurais une faveur à vous demander... Empêchez les autres de pénétrer à notre suite, ça ne ferait que nous gêner. »

Et puis, haussant les épaules :

« De toute façon, je ne pense pas qu'on aura à chercher bien loin avant de trouver un ennemi à abattre. Tenez-vous prêts, si jamais nous avions à battre en retraite : bref, restez loin du boyau et attendez-vous à tout. »

La chose était posée : elle attendait seulement un assentiment de sa part avant d'aller rejoindre Endar. Et son regard semblait clairement signifier qu'elle n'avait pas l'intention de revenir sur sa décision d'explorer le boyau. L'humoran se pencha vers elle pour lui glisser quelques mots sans que personne d'autre ne puisse les saisir. Il comptait sur elle et lui recommandait de se méfier d'Endar plus que de qu'ils trouveraient dans le boyau...

Et, sans prévenir, il lui déposa un baiser sur le front. Elle eut alors un bref mouvement de recul, étonnée. Étrange... Mais elle ne voulait pas avoir l'air d'être prise au dépourvu et elle se contenta d'hausser les épaules, un brin mécaniquement, comme si cela ne l'affectait pas, et se tourna vers le boyau, tout en repensant à ce qui venait d'être dit. Se méfier d'Endar... Évidemment, c'était un elfe noir. Elle aurait fait attention quoiqu'il arrive... Mais plus que de la bête ? C'était un peu fort, quand même. L'humoran était sans doute aveuglé par une rancune passée...

Mais alors qu'elle pensait à tout cela, l'elfe lui était passé à côté. Lui et Sirat étaient en pleine altercation et si Endar semblait parfaitement maître de lui-même, l'humoran l'était bien moins. Elle attendit patiemment qu'ils finissent leur petite joute verbale avant d'intercepter à son tour l'elfe.

« Le seul endroit où je peux me rendre utile, c'est là, chuchota-t-elle en désignant le boyau sombre. Nous ne sommes pas équipés pour descendre par l'autre chemin et je préfère laisser l'autel là-bas aux mages. »

Relevant son regard vers lui, elle proposa :

« Je peux me repérer dans l'obscurité mais les yeux d'un elfe noir seront toujours plus efficaces que les miens. Vous m'accompagnez ? »

Il réfléchit pendant un court instant avant de reconnaître l'utilité d'employer leurs capacités de cette façon qu'il jugeait pertinente. Bien. Il précisa qu'il souhaitait quoiqu'il en soit explorer le boyau lui aussi, et accepta implicitement sa compagnie. Enfin, tapotant son arc, il préconisa de rester groupés et d'avancer le plus silencieusement possible. Selon lui, ils tomberaient sur au mieux une, au pire plusieurs créatures dotées d'intelligence, sur un monstre qui n'existait pas il y a cinq ans ou encore sur une création de Vallel. Elle opina du chef, toujours aussi sérieuse.

« Très bien. En avant. »


(((3500 mots, en avant pour le boyau sombre avec Endar)))

...

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Dernière édition par Yurlungur le Dim 2 Sep 2018 12:21, édité 1 fois.

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 Sujet du message: Re: Episode 2 : Du Mauve et du Noir
MessagePosté: Sam 1 Sep 2018 08:36 
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Sa petite phrase n’eut pas l’effet escompté, nulle crainte ni agacement qui se lisait sur leurs visages. Certains avaient indéniablement changé depuis la dernière fois, Xël semblait plus sombre que jamais, Yurlungur semblait gagner en maturité même si le shaakt n’imaginait pas une seule seconde qu’elle faisait tout cela pour Aliaénon. D’autres n’avaient nullement changé comme Sibelle et Sirat. Quant à Alistair, l’archer-mage ne le connaissait pas suffisamment pour juger de sa valeur ni des intentions qui l’animaient. Seul l’humain dénommé Jorus ne cachait nullement sa méfiance envers sa personne. A la suite de l’humoran, guidé par un rais de lumière dans l’obscurité, il s’immergea dans les ténèbres, seul lieu de réconfort pour un elfe noir. Aidé de sa vision nocturne, il n’eut guère de difficulté lorsque les ombres les enveloppèrent tel un lourd manteau. Il entendait le rugissement des dragons, féroce et bestiale se répercuter aux quatre coins de la grotte, des échos devenant de plus en plus lointain alors qu’ils descendaient dans les profondeurs de la terre. L’humidité était présente en ces lieux, les parois des roches noires, volcaniques s’il existait un volcan dans les Landes Noires, suintaient. Endar évita sans mal les quelques stalactites qui encombraient le passage, rattrapant prestement l’humoran qui ralentissait de plus en plus devant lui. L’archer lui passa devant sans lui prêter attention, ce qui attisa sa colère, il la sentait et la savourait avec une extrême délectation.

Si le silence s’était installé dans la cavité, quelques murmures entre certains aventuriers lui parvenaient sans qu’il n’en comprenne le sens ou plutôt ne désirait-il pas les écouter. Le drow était légèrement plus intéressé par le nombre de cadavres qui s’étendaient devant eux. Ils semblaient être au cœur d’un immense charnier qui était impossible à éviter. Ses bottes de plate glacées brisèrent certains os décrépis des victimes d’une ou plusieurs créatures sanguinaires. En dépit de sa vision, il ne pouvait nullement décerner la race de ces corps en décomposition depuis plusieurs semaines voire plusieurs mois sans doute pour certains. Le shaakt avait connu la guerre et le lot inévitable de prise d’esclaves ainsi que la puanteur des cadavres en putréfaction, toutefois il dut reconnaître que cela était sans égal par rapport à ses expériences passées.

Le chemin qu’ils empruntaient était constellé de trous aux tailles diverses auprès desquelles parfois il lança un rapide coup d’œil pour remarquer les stalagmites aux pointes acérées. Le groupe n’eut droit à nulle indication de sa part, ils savaient dans quoi ils s’étaient engagés, il n’allait certainement pas jouer le guide touristique. Il crut bon parfois de regarder derrière lui pour vérifier que la cohorte suivait sans trop de problème. Endar devait avouer qu’il prenait un certain plaisir à en voir certains perdus dans l’obscurité, peu à l’aise dans un tel environnement. Il éprouva toutefois un certain étonnement en apercevant la jeune Yurlungur se déplacer avec aisance dans les ombres, aidant tant bien que mal le magicien. Il allait devoir garder un œil sur la fille, elle semblait destinée à de grandes choses et avait sans nul doute de multiples talents. Endar était certain qu’elle avait parcouru seule la Lande Noire, un lieu fort dangereux même pour Naral Shaam, la preuve il jouait à présent le rôle de la demoiselle en détresse.

Reprenant sa pérégrination silencieuse, il ne ralentit pas sa marche, aucunement gêné par l’amoncellement de cadavres et par l’odeur qu’ils diffusaient. Le craquement de leurs os et de leurs membres desséchés ne l’effaroucha pas non plus. C’est en continuant d’avancer qu’un souvenir lui revint un mémoire. Il se rappelait ses jeux dans le noir tout au fond des tunnels de Khonfas. Un jour, alors que ses demi-sœurs quittaient enfin le domicile conjugal avec mère, il avait échappé à la vigilance du paternel. Longeant les bas-quartiers de la cité souterraine de Khonfas, il avait fini par explorer une cavité un peu comme celle-ci et avait réchappé de justesse à quelques voraces araignées de Valshebarath. Il ne s’agissait que d’un jeu et l’enfant tête brûlée qu’il était n’écoutait guère son père, peu intéressé par le calcul, le commerce et les langues. Aujourd’hui, il avait grandement changé et mûri.

Le nouvel Aliaénon lui plaisait mieux que l’ancien monde, les entités avaient agrandi ce monde, l’avaient modifié pour qu’il devienne autre chose qu’un cocon où tous les peuples s’ignoraient. Certains comme Sirat ne comprenaient pas qu’un nouvel ordre des choses pouvait être créé pour trouver un nouvel équilibre. Ces derniers étaient aveuglés en la foi d’un Naral Shaam ou pire encore en la foi de l’Unique, entité mystérieuse, lâche et opportuniste. Endar se voyait en conseiller, en facilitateur auprès des peuples qui ne demandaient qu’à s’épanouir dans ce nouveau monde créé par l’égoïsme et la cupidité d’un dragon mauve. Il était bien décidé à se lier avec d’autres peuplades sur Aliaénon pour écouter leurs doléances et leurs espérances. Qui parmi eux s’était véritablement intéressé aux coutumes étrangères ? Kiyo, Xël, Charis, la défunte Lothindil et lui-même avaient noué des liens avec la population d’Aliaénon.

Perdu dans ses pensées, les pulsations de sa magie le ramenèrent sur terre alors qu’ils sortaient de cet étroit couloir habité par la mort. Il sentit sa propre magie se déchaîner à l’intérieur de son corps, elle semblait rentrer en résonnance avec quelque chose qui se trouvait au fond de cette vaste salle. Ses fluides pulsaient dans ses veines, ne demandant qu’à être déchaînés. En raison de sa diversité fluidique, cela ne le rassurait que moyennement, se remémorant le pénible sort lancé contre cette étrange créature dans les plaines de Nagorin. Le fond de sa gorge le grattait encore et ce d’autant plus en raison des soirées alcoolisées organisées par le chef du village des géants de Glace des monts de Colomir’Thù. Alors que leur équipe se divisa, certains restant comme Xël pour analyser les cadavres ou bavardant comme Sirat et Yurlungur, d’autres comme Sibelle préféra se diriger en direction du fond de la grande salle. Il n’y avait que trois voies disponibles : aller au-devant de la salle d’où émanait de la magie, le chemin qui descendait à-pic ou le sombre boyau où la concentration de cadavres semble la plus forte. Un nouveau souvenir le frappa à ce moment et le visage de la prêtresse Amaya lui apparut.

- Qui serait assez fou pour aller au-devant de tels dangers dans les profondeurs, marmonna-t-il à lui-même.

Endar allait peut-être finalement découvrir le véritable danger qui les attendait dans les ténèbres de la Lande Noire. Celui-là même hypothétiquement à l’origine de la capture de Naral Shaam. Cette fois-ci Endar pourra dire à l’ouessienne qu’il était à l’origine d’une victoire contre le mal qui sévit les catacombes de la Lande. L’archer s’approcha du tas de cadavres et s’accroupit près de l’un d’eux pour repérer de potentielles marques au niveau des membres ou des os. Pour l’instant, le shaakt hésitait entre des meurtres rituels et une créature des plus sauvages et affamées. Avisant le zélote de Zewen discuter avec la jeune fille, il attendit patiemment son tour jusqu’à ce qu’ils se laissent finalement. Passant devant Yurlungur qui semblait vouloir l’arrêter pour lui parler, il se mit à hauteur de l’humoran pour lui glisser quelques mots :

- Ne crois pas que j'ai oublié ton esclandre aux portes de Nagorin, sois certain que je les protégerai contre toute menace extérieure, y compris de ta folle idée de libérer l'Unique.

Il le regarde plus pensif cependant, plus posé à présent qu'il était dans l'obscurité, son milieu naturel avantd'ajouter :

- Je ne fais nullement confiance à Naral Shaam sois en convaincu, néanmoins il m'est utile… pour l'instant. Tu as foi en l'Unique, mais tu n'as jamais été capable de nous expliquer le bienfondé de sa présence. Tu supputes qu'il rendra Aliaénon de nouveau grandiose mais souviens toi de son état il y a cinq ans. Ouesseort n'était qu'un tas de ruine, les vestiges d'une race avancée et délicate, aujourd'hui elle resplendit de nouveau loin de la lumière de l'Unique. Le peuple que j'ai aidé il y a cinq ans n'a pas connu cette guerre, il en a été protégé comme je leur avais promis et le réveil des Titans a permis d'agrandir leur territoire, de les libérer de leur tâche de gardien de Faseilh.

Il le regarda s’énerver, agripper fermement le manque de son marteau prêt à frapper, pourtant tout ce qu’il montrait était sa faiblesse en cet instant.

- Certains monstres ont peut-être muté sous l'effet de la magie des Titans, le mode de vie de certains civilisations a changé pour certaines, mais les crises préexistaient à cet état de fait. Esseroth est tombée parce qu'elle avait banni Vallel, ce n'est nullement la faute des yuimeniens. A Nagorin, l'Unique est parti suite au massacre des ouessiens, alors je te pose sincèrement la question: penses-tu vraiment que la présence de l'Unique permet le développement des civilisations sur Aliaénon ?

Il essayait tant bien que mal de le faire changer d’avis, mais sa réaction le surprit au plus au point, même si cela ne fissurait pas son masque d’indifférence. Le nom de Faseilh semblait avoir déclenché en Sirat un maëlstrom émotionnel imprévu. Sirat l’attrapa par le col de son armure pour lui rétorquer qu’il le briserait s’il continuait à se mettre sur son chemin. Il le relâcha par la suite et s’en alla. Dans son dos, Endar se permit un sourire en coin, satisfait d’avoir trouvé des failles à exploiter chez son némésis. Aujourd’hui, Sirat n’était plus l’être prétendument sage et maître de lui-même d’il y a cinq ans, il était devenu une créature apeurée par le changement et les sentiments.

Finalement Endar revint près du sombre boyau, avant d’être interrompu dans le cours de ses pensées par Yurlungur. Elle lui confia son envie d’explorer cette partie des souterrains et insista sur la capacité de l’elfe à se guider dans le noir.

Après un court instant de réflexion, il lui répondit :

- En effet, cela me paraît plus sage, nous devrions employer nos capacités de la façon la plus adéquate possible.

Il ajouta par la suite à sa proposition :

- Je comptais de toute manière explorer ce boyau, seul ou accompagné peu m'importe. L'obscurité est la demeure des shaakts et cela l'est d'autant plus pour un serviteur de Thimoros, je te guiderai sans souci.

En tapotant son arc, il termina et la prévint :

- Restons groupés et prudents, avançons le plus silencieusement possible. Je m'attends à une ou plusieurs créatures humanoïdes aussi meurtrières qu'intelligentes. Il est possible de tomber sur une monstruosité qui n'existait pas encore il y a cinq ans ou une abomination créée de toute pièce par Vallel, soyons alerte donc.

Endar s’avança finalement près des cadavres, en dégageant certains pour se frayer un chemin à travers le boyau, Yurlungur sur ses talons. Il avait dégainé son arc de facture ouessienne, encocha préventivement une flèche et changea de posture, se déplaçant avec plus d’aisance et avec plus de discrétion qu’il n’en avait faire preuve jusqu’ici.

(Analyse des cadavres, va avec Yurlungur dans le sombre boyau et utilise sa capa rp "marche silencieuse en armure")

(1826 mots)

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