...Yurlungur et Endar eurent à peine le temps de commencer à s'approcher du boyau sombre, passant discrètement autour des cadavres, évitant scrupuleusement de briser des os sous leur poids, il sembla à la jeune fille qu'un bref éclat venait de fendre les ténèbres devant elle. Aussitôt aux aguets, elle s'arrêta et chercha à observer devant, incapable de comprendre comment ils avaient pu être repérés si tôt, alors qu'ils n'avaient même pas pu pénétrer à l'intérieur du boyau à proprement parler : mais elle n'eut guère le temps à penser à tout cela qu'une silhouette instantanément reconnue apparut devant eux.
Simaya Sombreroc, qui les avait accueillis, elle et les autres aventuriers, il y a bien six mois, alors que le Conseil souhaitait les envoyer chercher à travers Aliaénon des indices pour l'élimination définitive du Sans-Visage et de son culte. La jeune fille n'avait pas oublié son nom, ni son apparence : une Essérothéenne vêtue d'habits fastes et dotée d'une poitrine bien moins cachée que son cou sous ces fourrures d'apparat.
Et elle n'avait pas non plus oublié ce que ce Chevalier d'or, qui les avait accompagnés sur le chemin pour Arothiir avant qu'elle et Dorika ne s'esquivent lorsque Thraag fut pris de la folie du thiir... Si tous les Esserothéens avaient un pouvoir unique, propre, elle était sans nul doute la plus puissante d'eux tous car capable d'employer celui de n'importe quel Essérothéen à portée, le copiant, ou encore de rendre la magie dans une zone bien plus puissante ou complètement impuissante dans une zone centrée sur elle... C'était du moins ce qu'il lui avait dit, mais il n'y avait aucune raison pour que ce preux chevalier Esserothéen ait menti.
Pourtant, la présence de cette Conseillère ici n'avait rien de rassurant. Sa présence ici n'était guère prévue, comme le démontra Xël qui lui cria de l'autre bout de la salle, tout autant perdu devant les événements qui se déroulaient devant eux. La Conseillère ne prit même pas la peine de regarder qui était présent - les avait-elle seulement reconnus, eux, les yuiméniens ? - : sans tarder, l'air hagard et absorbée par autre chose, son regard blanchit, d'une façon clairement magique et pas nette du tout.
Yurlungur aurait dû sentir le piège. Elle aurait dû se douter que, vu l'air de la Conseillère, réputée pour ses dons en magie, elle allait s'en prendre plein la figure. Elle aurait dû tourner les talons et s'enfuir sans tarder, remonter à la surface, où elle aurait su se cacher aux yeux du dragon noir... Après tout, elle avait bien survécu toute seule pendant plusieurs semaines.
Malheureusement, ces réflexions vinrent un instant trop tard, alors qu'un amoncellement de charognes se dressait déjà devant elle. Élevé par une magie cette fois-ci clairement nécromantique, l'ensemble avait pris la forme d'une bête affamée et au regard pointé sur eux deux, Endar et Yurlungur, les plus proches.
Et ce monstre était tout simplement terrifiant. Non seulement sa forme n'était que générale, ne ressemblant à rien dans le détail : sa peau était un amas de chairs mortes où l'on avait bien du mal à déceler une faiblesse, un point où frapper efficacement ; de plus, la créature de Simaya était, par sa taille, titanesque. Plus allongée que haute, elle faisait néanmoins bien le double de la taille de la jeune fille, la tête de cette dernière arrivant juste au niveau de la gueule baignée d'ombres de la bête.
Pourtant, l'idée de fuir même sembla dérisoire aux yeux de la jeune fille. Elle aurait sans doute agi ainsi six mois plus tôt, mais là, elle s'était déjà placée en position de combat, le dos légèrement courbé, les genoux lestement pliés, comme si elle était prête à bondir, que ce fût pour attaquer elle-même ou éviter une agression. Son regard était plongé dans celui de son adversaire désigné, tandis qu'elle percevait bien Xël tentant de s'adresser à Simaya.
Elle laissait aux autres le soin de s'occuper de la conseillère ayant perdu l'esprit. S'il n'en tenait qu'à elle, elle n'aurait eu aucun remords à la tuer, mais cela n'aurait fait que la rendre encore plus détestable aux yeux de la plupart d'entre eux et du Conseil d'or : de plus, la priorité était pour elle la bête qui avait explicitement pris pour cible Endar et elle-même.
L'essentiel, à présent, était d'établir une stratégie : un mort-vivant, dans l'ensemble, ce n'était pas très sensible aux coups, mais les chairs mortes, ça brûlait bien. Enfin, c'était ce qu'elle pensait et ce qu'elle avait retiré de son expérience avec un certain Armand...
« Endar ! »
Sa parole s'accéléra alors qu'elle donnait des ordres, sans quitter le monstre des yeux.
« Du feu, surtout pas magique. Vite ! Je l'occupe. »
Elle fit un pas de plus vers la créature, cherchant à attirer son attention en la fixant du regard. Si elle n'était guère résistante, elle ne doutait néanmoins pas de son aptitude à “occuper” la bête, effectivement, en esquivant ses coups et contre-attaquant pour la maintenir obnubilée par elle, le temps que l'elfe ou l'un des autres parvienne à créer du feu d'une façon aussi peu magique que possible... Et à ce moment-là, tout deviendrait plus simple.
Elle écarta légèrement les bras face au monstre, continuant à maintenir sa position. Surtout ne pas flancher et ne pas reculer : elle servirait de rempart pour l'elfe qui, de toute façon, n'était pas fait pour le corps-à-corps - en témoignait son arc.
« Viens là, bête galeuse, chien de mes chiennes, saleté pourrissante, rat corrompu ! »
Les insultes avaient été proférées avec force : il était certain qu'à présent, avec son attitude clairement agressive, la jeune fille allait attirer la prochaine attaque de la chose. Toujours concentrée sur cette dernière, le plan était simple dans sa tête, une tactique qui avait déjà fait ses preuves fondée sur une technique connue et encore travaillée aux côtés d'Arsok.
Elle attendait donc l'attaque adverse, prête à l'esquiver au dernier moment afin de planter son couteau vers le cou, ou n'importe où à vrai dire, du moment que ça gêne et fasse mal, avant de reculer à nouveau. En espérant que ce ne soit pas tout à fait inutile face à une créature réanimée par magie...
(((Utilisation de la CC Contre-attaque fatale : L'ennemi se retrouve sans défense après que l'utilisateur de la CC
a tenté de parer son coup. Ainsi, l'utilisateur en profite pour plonger dans la garde ennemi avec sa ou ses armes SA de façon très rapide pour toucher des points relativement vitaux de l'adversaire. La CC survient alors toujours après l'action de l'ennemi quoi qu'il arrive. (For+2/lvl, Esquives AA et SA+1/lvl sur le coup AA ou SA adverse pour le tour en cours. S'il n'attaque pas : for+1/lvl seulement)
1000 mots)))
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