IV.3 Entretient avec la directrice 7.

Mon arrivée à ma première séance de pratique de la magie est loin d’être ce à quoi je m’imaginais. Premièrement, je ne me suis pas trompé de pièce. Fait notable dans un lieu tel que celui-ci où le nombre d’accès est aussi important que les tunnels d’une fourmilière. Deuxièmement, mon professeur. J’avais bien compris qu’un Shaakt était présent en ces lieux, maîtrisant la magie, mais je ne m’attendais pas à le voir de si tôt et encore moins à ses manières. Ce qui m’amène au troisième et dernier point, ses manières : souriant, chaleureux et un calme serein à tendance communicatif. Rien à voir avec ce qu’on peut attendre du premier Shaakt rencontré dans une ruelle sombre d’Omyre. Encore une fois on me tend la main pour la serrer, sans arrière pensée, ni couteau caché dans le dos ou de lame empoisonnée coincée entre les doigts comme j’ai déjà pu le voir par le passé.

Seuls les lieux semblent être comme je m’y attendais. Des bibliothèques bien fournies avec ce que je suppose être des recueils magiques, des coussins visuellement très confortable, propice à la lecture des ouvrages ou une petite sieste bien mérité, le tout baignant dans une douce lumière ni trop faible pour la lecture, ni trop forte pour nos yeux de Shaakt. J’en oublie presque le cercle magique au milieu de la pièce, là où quelques instants plus tôt le Shaakt, se prénommant James, a usé de sa sombre magie par le biais d’une gestuelle hypnotique et envoyant son fluide noir pile dans l’interstice entre deux bibliothèques avec une précision fascinante.

Il se présente à moi et tout de suite un détail pique ma curiosité, il sait parfaitement qui je suis.

"Je être Nhaundar oui. Mais comment vous savoir…"Je lui réponds par réflexe dans la langue commune, me rappelant qu’il est lui-même un Shaakt et que depuis deux mois je peux m’exprimer correctement. "Pardon, j’ai encore quelques difficultés à m’exprimer dans la langue commune. Comment avez-vous su qui je suis ? Je suis à peine arrivé et je ressors à l’instant du bureau de la directrice !"

IV.4 Rencontre avec le professeur 2.

IV.4 Rencontre avec le professeur 1.

J’écoute avec attention mon comparse Shaakt. J’ai quelques inquiétudes lorsqu’il évoque que les murs ont des oreilles et dans un lieu comme celui-ci, j’ai tendance à le prendre au pied de la lettre, mais finalement c’est juste l’admission d’un deuxième Shaakt au sein de la guilde, annonçant au premier qu’il n’est plus l’unique représentant de sa race en ces lieux.

Rapidement arrive le sujet de mes pouvoirs, ou pseudo pouvoir puisque je n’ai aucun contrôle dessus. Jusque là ils m’ont malgré tout sauvé la vie, mais je dois cela à la chance et lorsqu’elle tournera je risquerais gros et tout comme les personnes qui m’entourent.

J’hésite l’espace d’un instant, mais me décide à lui répondre en découvrant mes bras.
"Le pire de tous : le feu. Enfant je pratiquais en cachette et un jour un incendie s’est déclaré. Je passe les détails, mais depuis je vis dans la peur d’un simple feu."

J’attends la réponse de l’elfe noir quand je me rappelle que de Sylve ne parle pas notre langue.
"Je être désoler. Je pas parler ma langue et oublier toi pas parler la mienne. Je parler des problèmes avec magie."

La semi-elfe me regarde avec incompréhension au début, puis je me rends compte qu’il s’agit finalement d’impatience.
"Donc si je comprends bien tu es dans de bonnes mains. Je vais vous laisser tranquille, j’ai…une forte envie de manier les armes au nobélium et je ne pense pas être d’une grande utilité ici."

IV.4 Rencontre avec le professeur 3.

IV.4 Rencontre avec le professeur 2.

Un simple accord gestuel avec Sylve lui suffit pour remercier James de prendre soin de moi et partir en trottinant pour le Nobelium, me laissant seul avec mon professeur. Nous allons entrer dans le vif du sujet. James m’invite à entrer dans un cercle au centre de la pièce. Il m’avertit que je risque de revivre des moments de mon enfance, pour mieux comprendre la façon que j’ai d’interagir avec mon fluide, mais vu que je préfère éviter toute manipulation, il cherche certainement à savoir comment je vis avec cette bombe incendiaire que j’ai en moi. Mes débuts avec la magie, mes traumatismes avec ma sœur, l’incendie qui m’a laissé des séquelles tant psychologiques que physiques et plus récemment un séjour dans une grotte qui m’a fait passer d’un froid glacial à un enfer de flamme. Un programme pas vraiment jouasse, pourtant c’est ce que semble me proposer mon professeur pour mieux appréhender ma situation actuelle.

Malgré mes peurs et mes angoissent qui ressurgissent assez rapidement, je me déplace jusqu’au centre de la pièce aussi lentement que possible. Mon regard fait des va-et-vient, des grandes armoires pleines de livre aux différents décors qui composent la pièce. Rien ne peut m’être utile, mais au moins cela me permet de ne pas penser à ce qui est sur le point de m’arriver, enfin jusqu’à ce que je m’aperçoive être finalement au centre du cercle.

"Je ne me sens pas vraiment bien là, on pourrait faire ça une autre fois, non ? Dis-je à mon mentor dans une vaine tentative d’échapper à mon sort."

IV.4 Rencontre avec le professeur 4.

Gwelon s'attabla devant sa part de tarte aux pommes et décida de mettre les choses au clair avec l'elfe avant de lui faire un sort (à la tarte pas à l'elfe).

"Mon cher monsieur Elaen, si j'ai bien compris, vous voulez m'offrir le gîte et le couvert ainsi qu'un travail honnête. Et pour rentrer dans mes bonnes grâces, vous essayez de m'acheter avec une part de tarte aux pommes...

Gwelon fronça soudainement les sourcils

"Eh bien laissez-moi vous dire que je renierais tout ce qui fait de moi un Sinari si j'avais besoin de réfléchir à votre offre. Alors, je vous dis : où est-ce qu'on signe ?"

Sur ces mots, Gwelon se rassit et entama sa part de tarte aux pommes. Après quelques bouchées, il finit par se rappeler de la dernière question de l'elfe. Il allait répondre quand une bouchée particulièrement succulente lui fit penser à autre chose.

"Ah oui, tant que l'on parle de choses importantes, est-ce que l'on cuisine souvent les champignons ?... Parce que moi, j'adôre les champignons"

Gwelon reprit ensuite une bouchée de tarte aux pommes avec un air profondément satisfait. Il en mangea encore un peu.

(Hum...Il me semble que j'ai oublié quelque chose...Ah oui , il ne faut pas que j'oublie de finir mon assiette...Non, ce n'est pas ça. Pourtant, cette tarte a un goût magique...Oh bon sang!)

"Euh, monsieur Elaen, en ce qui concerne ma magie...eh bien, je n'ai aucune idée de ce que je peux faire, ni de comment ça marche"

Sur ces mots, Gwelon enfourna le dernier morceau de tarte aux pommes dans sa bouche avec un air de profonde sérénité.

IV.4 Rencontre avec le professeur 3.

Arrivé au centre de la pièce James mon maître, mentor, professeur, frère de couleur, me jauge. Ma peur et mon angoisse semblent tatoués à même la peau tant c’est visible. Encore une fois James, cherche à me rassurer. Selon ses propos, il n’était que colère et ressentiment jusqu’à ce que Faria le prenne sous son aile. Parler permettrais de faire ressortir ce qui me bloque et d’y faire face.

L’autre source d’inquiétude qui me freine est la manifestation de mon pouvoir. Aussi aléatoire que dangereux. Là encore mon professeur me désigne le cercle magique où nous nous trouvons. Il est ici pour fortement réduire la puissance des sorts. Pour preuve la marque absente sur le mur, à l’emplacement où le sort a été jeté. Une idée surgie dans mon esprit où je me ferais tatouer le cercle magique sur le corps. Malheureusement cela ne résoudra en rien mes problèmes et il me faut les affronter pour avancer.

Dans une dernière tentative de me rassurer, James m’explique qu’en termes de noirceur il me surpasse allègrement. C’est bien d’une tentative dont il est question, car cela ne me rassure en rien de savoir qu’il est capable de choses horribles.

*Ce n’est pas utile de s’inquiéter pour cela. Faria n’est pas une personne à tolérer ce genre de comportement ici. James ne fait que parler de son passé et ne me fera rien. Il ne me fera rien hein ?*

Je me concentre sur ma respiration et regarde mon mentor droit dans les yeux.

"D’accord, donc…comment on procède ? Je suppose que parler seulement de mes craintes ne suffira pas."

IV.5 Introspection 1.

IV.4 Rencontre avec le professeur 4.

Avec une certaine inquiétude, j’obtempère aux instructions de mon professeur. Je m’assoie en tailleur au centre du cercle et entreprend de faire le vide en moi. Chasser les émotions actuelles pour ne concentrer que sur le blocage de ma magie, enfin ce qui me force à la bloquer moi-même. Par habitude je me mets en méditation, seul moyen que je connaisse pour me calmer ces derniers temps. Lentement, je fais revivre le plus douloureux souvenir que je connaisse et celui que je vois régulièrement en cauchemar. Bien entendu, James ne voit pas ce que je vis et ne sais pas ce que je ressens. Si je veux suivre à la lettre ses directives, il me faut donc lui décrire dans les moindres détails, tout ce qui m’arrive et les émotions qui s’imprègnent en moi.

"Je suis dans un des lieux de stockage de ma famille. Personne ne vient ici, même les esclaves ne sont là que rarement. C’est ici que je m’entraîne seul au maniement de la magie. Depuis quelques mois mes pouvoirs se sont révélés. Ma mère m’a vu pour la première fois avec un grand intérêt, de récentes pertes des manipulateurs de magie dans les clans font que je suis vite devenu une marchandise d’intérêt. Mais ma sœur n’aime pas cette attention autour de moi. D’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours été son jouet de torture, son terrain de jeu privé pour les sévices physiques et psychiques qu’elle a perfectionné au fil du temps. Depuis l’apparition de mes pouvoirs cela a commencé à empirer au point où ma mère observait cela d’un mauvais œil, elle qui voit dans sa fille un talent incroyable pour devenir une grande matriarche.

Voilà pourquoi je me cache. J’aspire à un avenir bien meilleur, grâce à ces pouvoirs. Ce jour-là est différent des autres. Alors que je cherchais un moyen pour m’exercer sans entamer mes réserves de magies, la porte s’est ouverte. Une silhouette sombre se dresse devant l’unique passage de sortie : ma sœur, le regard plein de fureur. Elle a finalement trouvé où je me cachais et s’apprête à me faire payer les efforts qu’elle a déployées pour le faire. A ce moment-là je sais que je vais souffrir plus que d’habitude et une peur panique me prend.

Après cela, ma sœur s’en est prise à moi. J’ai tenté de me défendre avec ma magie, mais je n’ai pu que mettre le feu dans le dépôt. Elle a profité de l’occasion pour m’enfermer à l’intérieur et ce n’est que grâce à une trappe dont elle ne connaissait pas l’existence que j’ai pu réchapper à l’immolation qui m’attendait. J’en ai tiré de nombreuses brûlures sur le corps et une peur panique à chaque fois que je voyais une flamme. Ma mère a réussi avec une certaine fourberie à me vendre, vantant ma pratique de la magie, mais cela n’a fait qu’empirer mon sort une fois la supercherie révélée."

Peut-être ai-je été trop rapide dans mon récit, mon mentor voulait probablement intervenir à certains passages. Cependant, parler de ce qui est arrivé fait remonter tout un tas de souffrance et je préfère en finir rapidement.

IV.5 Introspection 2.

IV.5 Introspection 1.

James m’écoutes sans m’interrompre un seul instant, chose que j’apprécie. Cela me permet de ne pas traîner sur des sujets qui me pèsent, même si je redoute sa demande de revenir sur le moment où j’ai brûlé. C’est tout de même le point qui a changé le reste de ma vie en bloquant mes dons magiques.

Attendant de me calmer un peu, ma nervosité étant montée quelque peu durant mon discours, mon mentor me demande les raisons qui m’ont poussé à me cacher pour pratiquer la magie. C’est finalement le chien qui se mord la queue. Si je ne parle pas de ma sœur me laissant brûler vif, je vais devoir parler de ma relation avec elle, car elle est encore la raison de cela. Je prends le temps d’une inspiration et répond à mon interlocuteur.

"La raison est encore ma sœur. D’aussi loin que je me rappelle, son destin a toujours été guidé pour l’amener à devenir l’une de nos plus éminente prêtresse. Elle possédait les aptitudes requises dès son plus jeune âge. Choyée par les femmes de notre clan, elle était une reine parmi nous et son plaisir malsain était de rabaisser les hommes et plus particulièrement moi. Cela restait supportable jusqu’à ce que mes pouvoirs apparaissent. A cette époque, les manipulateurs de magie étaient convoités, me transformant une marchandise de valeur aux yeux de mes paires. Mais ma sœur l’a vu d’un très mauvais œil cet intérêt pour moi. De plus en plus, elle s’est évertuée à me maltraiter et les sévices habituels sont devenus des tortures aussi physiques que mentales. Elle en passait tellement de temps à cela que son futur devenait de moins en moins certains. Les mères supérieures l’ont rappelée à l’ordre, accentuant encore sa rancœur contre moi, mais cela ne l’a pas empêché de continuer. Seul les coins isolés et totalement absurdes me permettait du répit pour évoluer."

IV.5 Introspection 3.