(Bon, alors...euh, le garde à l'entrée de la ville a dit : droite quelque chose gauche quelque chose et après...)
(...)
(Je ne sais plus !)

Une fois ce fait humiliant reconnu, Gwelon rouvrit et releva la tête, seulement pour s'apercevoir que sa chemise gisait à ses pieds et sa veste à quelques pas de là.

(Oh non ! Pas encore !)

Rouge de honte, Gwelon se dépêcha de remettre ses vêtements sans tourner la tête à droite ou à gauche, pour ne pas voir les regards moqueurs posés sur lui. Enfin rhabillé, il s'éloigna rapidement. Après environ 20 pas, il osa relever la tête et ne put en croire ses yeux. Sur sa droite s'élevait l'académie de magie.

"Ah ben voilà !"

Ces quelques mots de soulagement, il les pensa si fort qu'il les prononça à haute voix.
Il s'empressa de toquer à la porte et attendit une réponse.

Après quelques dizaines de seconde, il testa la poignée. La porte s'ouvrit d'un coup et Gwelon, surpris, se prit le pied droit dans le pied gauche, et s'écroula par terre dans une posture qui manquait plutôt de dignité. Imaginez un petit homme à genoux, les bras étendus et le front posé bien à plat sur le sol bien dur du hall d'entrée de l'académie.

(Bon ben, au moins ça c'est fait.)

Gwelon releva la tête, puis toujours environné de silence, il se releva complètement, épousseta sa veste et tenta un timide :

"Euh...Il y a quelqu'un ?"

L'écho de sa voix résonna plaintivement à travers les innombrables couloirs qui, partant du grand hall d'entrée, s'enfonçaient dans les profondeurs du bâtiment.

Cet écho fut suivi d'un grondement inquiétant qui se réverbéra dans tout le hall, avant de faire vibrer les couloirs.
Gwelon porta la main à son ventre avec un air affamé.

(Pas étonnant qu'il n'y ait personne en vue ! J'ai perdu tellement de temps qu'il est déjà l'heure du déjeuner et j'ai loupé le petit-goûter de 10 heures. J'ai faim, j'ai faim, j'ai faim.

Gwelon commença à répondre à la question de son hôte :

"Eh bien, vous voyez, c'est à la fois très simple et très compliqué. Je suis un Sinari tout ce qu'il y a de plus b...Oooooooooh"

Son assiette venait d'arriver. Et elle était magnifiquement remplie !

Gwelon interrompit la conversation pour se plonger avec délectation dans son repas. Non seulement, il était affamé, mais après quelques bouchées, il s'aperçut que cela était particulièrement savoureux.

Après environ un quart d'heure, Gwelon se rappela que son hôte lui avait posé une question. Avec un petit air gêné, il releva la tête et se rendit compte que l'elfe dégustait son repas avec la finesse propre à sa race. Reconnaissant, Gwelon recommença son récit.

"Je suis un Hobbit tout ce qu'il y a de plus banal. Sauf en ce qui concerne mes goûts. Vous voyez, depuis mon plus jeune âge, j'aime la nature comme tous les Sinaris, mais mon cœur est plus porté vers les fleurs que vers les légumes. Mon père m'a dit que je tenais cela de ma mère, mais je n'en sais pas plus. Je n'ai jamais rencontré ma mère, et je ne sais même pas si elle est encore vivante. Mais passons, cela n'a pas de rapport avec ma venue ici."

Gwelon fit une pause. Il sentait confusément que ce qu'il venait de dire était inexact, mais il n'arrivait pas à saisir en quoi.

"Bref, je suis devenu jardinier spécialisé en fleurs et plantes médicinales. Et puis, un jour, après une série d'orages violents, j'ai failli perdre un de mes amis...enfin, une de mes plantes. C'était un rosier blanc qui commençait tout juste à donner, et j'avais pris l'habitude de lui parler de tout et de rien pendant que je jardinais. Des orages violents l'ont noyé. En essayant de le tailler pour le sauver, j'ai souhaité si fort qu'il revive, que c'est arrivé. Je me rappelle d'avoir fermé les yeux, d'avoir visualisé l'eau en trop qui ressortait du rosier, et quand j'ai ouvert les yeux, c'était arrivé. Après, je me suis évanoui."

Il finit ensuite son récit en développant un peu la partie où les autres Sinaris l'avait mis à l'écart avec méfiance et en passant rapidement sur son voyage jusqu'à Kendra Kâr où rien de notable ne s'était passé.

Il conclut par la question qui le taraudait :

"J'ai finalement entendu parler de ce lieu et je suis venu vous demander comment est-il possible qu'un Sinari comme moi, qui n'a aucune compatibilité avec la magie, ait pu réalisé un sort pareil. Et tant qu'à faire, j'aimerais savoir si cela risque de m'arriver encore."

IV.3 Entretient avec la directrice 4.

J’écoute la directrice nous parler plus en profondeur de l’équilibre de la guilde et me plonge dans mes réflexions. Contrairement à ce que je pensais, la nature de l’équilibre n’est pas prise en compte. Seul l’acte et sa contrepartie son réellement importante. Je comprends que la mort d’un esclavagiste n’est donc pas un équilibre en soit. Tuer quelqu’un qui fait tant de souffrance ne respecte donc pas l’équilibre, mais l’orienter sur une autre voix et le changer de ses mœurs fait pencher la balance de l’autre côté. Au final c’est une torture mentale qui m’assiège l’esprit, même si tous les éléments d’une situation doivent être pris en compte pour obtenir le meilleur résultat. Le fait que malgré le grand nombre de membres, peu arrivent à mener leur mission comme on leur a demandé. Preuve s’il en est que trouver l’équilibre est une quête ardue.

Elle termine en me contant le récit d’Aénaria, un des trois sages de la guilde et un être d’équilibre maniant aussi bien les armes que la magie. Cette dernière aurait libéré des esclaves et tué les gardes présents. Des morts pour des vies.

"Je avoir entendu rumeurs, mais maître à Omyre pas aimer histoire de liberté entre esclaves. Mauvais pour autorité. Je penser comprendre maintenant équilibre. Chercher équilibre être tâche difficile, mais pas impossible et meilleur moyen de comprendre être affecté à obstacle dans mission. Si vous accepter apprendre magie pour moi, moi servir vous. Etre équilibre. Moi devoir rappeler que Oranan libérer moi si moi servir Oranan. Etre équilibre, mais aussi devoir. Moi faire mieux possible pour servir Oranan et guilde."

IV.3 Entretient avec la directrice 6.

(Un bon équilibre entre maîtrise et laisser-aller...)

(...)

Gwelon réfléchit quelques minutes, car cette démarche ne lui était pas inconnue. Il passa en revue tous les mots que l'elfe avait prononcés. Pourquoi se sentait-il à cet instant tellement à sa place dans ce majestueux bâtiment, en face d'un elfe plein de bienveillance et de douceur ?
Quelle bizarrerie ! Alors que tout son sang Sinari aurait du lui crier de s'en aller le plus vite possible, ses viscères ne lui soufflaient rien d'autre qu'une digestion en train de commencer paisiblement.
Peut-être que cette sensation venait de sa différence, lui le "jardinier maudit". Mais oui !

(Mais bon sang, mais c'est bien sûr, la magie...c'est comme)

"un jardin !"

Le cri résonna dans la cantine maintenant à moitié vide. Mais Gwelon ne s'en rendit pas compte car son œil fut attiré par une touche de vert, sur le sol, à côté de sa chaise . Une veste de velours vert et une chemise gisaient là, comme abandonnés. Un courant d'air frais sur la peau de son torse lui fit (enfin) comprendre sa situation. Gwelon, maintenant conscient d'être torse-nu, rougit derechef.
Il tenta tant bien que mal de sauver la face.

"Oui, en réalité, la magie, c'est comme un jardin"

L'air de rien, il sauta au bas de sa chaise, récupéra ses vêtements et se rhabilla en continuant son explication.

"Pour faire un jardin harmonieux, il faut maîtriser la poussée des plantes afin de pouvoir laisser la nature s'exprimer le plus joliment possible, et les différentes essences sont là pour se mettre en valeur les unes, les autres. En outre, on ne peut pas faire cohabiter toutes les plantes, car elles peuvent parfois se détruire les unes et les autres, mais là je vais peut-être trop loin dans la comparaison ?"

Gwelon sourit bêtement le temps de laisser à son cerveau incrédule le temps de comprendre ce qui venait d'être dit.

(...)

(ravi ???)

(va au bout des choses !?!!? ...perfectionner mes connaissances ??!!?)

(MOI ??)

Trop ! Beaucoup trop ! Trop d'informations et trop de bonnes ondes de la part de ce mage professeur je-ne-sais-quoi elfe. Les synapses de Gwelon surchauffèrent sous l'afflux massif de dopamine et quelques centaines de neurones durent se sacrifier de façon très altruiste pour permettre à son psychisme d'accueillir une telle onde de bonheur, d'où l'immonde charabia que le pauvre Sinari proféra de suite.

"Vous êtes fort aimable Monsieur...Docteur...euh Sire Elaen...Bref, je serais moi aussi très heureux de compter parmi vos rangs, surtout que j'aime bien compter, je veux dire, euh, enfin..."

Tremblant comme les branches des cheveux de Gaïa au cœur d'un typhon, Gwelon faillit s'évanouir tout net. Il tangua en avant, en arrière et se retint à ce qu'il pouvait, c'est-à-dire la nappe de la table à côté de laquelle il se trouvait.

IV.3 Entretient avec la directrice 5.

Ces derniers mots à la directrice semblent la satisfaire puisqu’elle saisit un livre pour y inscrit quelque chose que je ne peux voir, même si je me doute de la nature puisqu’elle me regarde droit dans les yeux pour m’annoncer officiellement comme élève de la faculté. L’espace d’un instant je me sens bizarre. Un flot d’émotion me prend lorsque je saisis le fait que je suis accepté. Accepté parmi un groupe connu et reconnu, mais aussi d’être accepté pour ce que je suis malgré les préjugés de ma race. Bien que la plupart du temps ces préjugés s’avèrent vrais.

Lorsque notre hôte se lève en nous tendant la main, Sylve et moi faisons de même. Un dernier accord pour sceller l’accord entre nous. Je n’ai pas l’habitude de ce genre de formalité et je suis un peu maladroit cette tâche bien que simple.

La directrice invite Sylve à entrer elle aussi dans la guilde et à visiter les lieux autant qu’elle le souhaite durant ma formation. Je vois un léger sourire se dessiner sur son visage.

"Je vous remercie de votre proposition et je vous promets d’y réfléchir sérieusement lorsque Nhaundar effectuera quelques missions pour vous en ma compagnie. Même si vous lui confiez des tâches, il est de mon devoir de veiller sur lui, mais une guilde qui tolère les Shaakts en son sein est digne d’intérêt. Si vous n’y voyez pas d’inconvénient, j’aimerais échanger les armes avec l’un de vos professeurs dont vous m’avez parlé."

L’ombre d’une inquiétude discrète se fait en moi lorsqu’elle évoque enfin l’apprentissage magique ainsi que le lieu où il se trouve. J’ai peur de ce pouvoir que je ne contrôle pas, mais je me sens différent ici. Je vais aussi rencontrer un vrai professeur, ça me changera de mes anciennes pratiques magiques dans un lieu peu propice à la pratique du feu.

"Je remercier vous et avoir hâte de commencer comme vous dire. Vous parler de formalités, mais quel genre au juste ?"

IV.3 Entretient avec la directrice 7.

IV.3 Entretient avec la directrice 6.

Je m’attendais à ce que Sylve s’exerce aux armes dans la faculté de magie, dans une pièce un peu à part ou non loin. Malheureusement la directrice lui apprend qu’il lui faudra quitter Kendra Kâr pour se rendre à un lieu un peu plus loin appartenant à la guilde. Je n’ai pas envie de me séparer d’elle pour avoir une présence familière dans les épreuves qui vont arriver, mais je ne veux pas l’empêcher de faire ce dont elle souhaite et s’échapper l’espace de quelques temps à son rôle de protectrice envers moi. Le seul danger en ce lieu c’est moi-même et je m’apprête à affronter ce mur jusque là infranchissable.

"Je vous remercie madame. Je vais accepter la proposition et me rendre à cette tour dès que Nhaundar trouvera son professeur. Si vos membres sont aussi doués à la pratique des armes que d’autres peuvent l’être à la magie, j’ai hâte de voir le chemin qui nous sépare. Ne vous en fait pas pour les gardes, je comprends parfaitement et c’est tout à leur honneur."

Je regarde l’enthousiasme de Sylve avec stupeur. Je devrais être dans le même état sans cette crainte qui me prend au ventre. Je me mets mentalement une claque. Je suis un membre d’une guilde et on va me former à devenir un vrai mage. Je me dois de montrer une assurance envers celle qui porte sa confiance en moi. En particulier lorsqu’elle m’annonce que j’aurais un anneau à l’effigie du symbole de la guilde comme chacun des membres.

"Je pas avoir autre question madame et vais réfléchir à couleur comme vous dire. Nous aller laisser vous, nous avoir prendre beaucoup de votre temps. Je avoir hâte de commencer." Je dis ces mots en serrant les mains en signe de détermination et pour me pousser à penser ce que je dis.

Je me dirige vers la porte et me retourne une dernière fois vers la femme.

"Je remercier vous. Je faire de mon mieux pour être à la hauteur de votre confiance."

Je quitte finalement la pièce avec Sylve en me remémorant le trajet. Escalier, gauche, escalier. Ca reste à ma portée même dans un bâtiment comme celui-ci. Je fais le chemin inverse à mon arrivée et emprunte l’escalier qui se trouve sur la gauche. A oui, je dois le descendre et non le monter. J’arrive dans un couloir en sous-sol avec une décoration sobre, mais bien éclairé. Un trou de mémoire me vient lorsqu’il faut trouver la pièce où je dois me rendre. Je me rappelle qu’elle se trouve à droite, mais où ?

La deuxième pièce à droite est ouverte et éclairée. Il doit certainement y avoir quelqu’un qui pourra me renseigner. Un bref échange de regard avec Sylve pour nous entendre et nous rendre en quête de quelqu’un.

"Bon-bonjour. Etre quelqu’un ici ?"

IV.3 Entretient avec la directrice 8.

"Bof"



En réalité, Gwelon comprenait instinctivement que chaque action a un impact et que l'effet a long terme d'un acte ne peut se mesurer à l'aune de son ampleur. Après tout, il était jardinier.

En revanche, la phrase sur l'équilibre n'avait fait que lui rappeler qu'il avait failli faire choir les restes du repas et c'était tout.

(J'espère que je ne vais pas lui faire changer d'avis. Je commence à me plaire ici)

Aussi étrange que cela puisse paraître, Gwelon ressentait un vrai déchirement à la pensée que sa pauvre réponse pouvait lui fermer les portes de ce lieu. Il essaya de se raisonner :

(Bon, objectivement, je ne connais qu'une personne, quelques couloirs et le savoureux repas de la cantine. Ah oui, et je connais intimement le sol du hall d'entrée, c'est vrai. Mais alors pourquoi ce sentiment ?)

Après quelques secondes d'introspection supplémentaire, il se rendit compte de l'existence d'un manque tout au fond de son esprit, une soif qui grandissait d'instant en instant.

"Mais j'ai soif d'apprendre !"

Gwelon releva la tête et regarda Elaen avec une détermination qu'il n'avait jamais su avoir.

"J'apprendrais et je comprendrais"