Les cités shaakts
 
Elenwë avait une habitude de faire des démonstrations intégrales de ses connaissances. Elle ne savait pas trop si elles les utilisaient réellement ou si c'était juste de les répéter. Quoi qu'il en soit, des connaissances même vagues des shaakts, ce n'était guère une surprise pour une personne de sa qualité. Du moins, c'était ce que pensait la jeune magicienne. Elle se contenta de hocher simplement la tête. Quitte à choisir, elle préférait cent fois aller à Caix Imoros qu'à Gwadh qui était mortel au lieu de terriblement dangereux.
Farah n'allait pas aimer cela dit alors James, et la jeune noble dans ce cas ? Elle ne montra absolument rien à son professeur de ses craintes. Une telle démonstration d'une quelconque faiblesse était intolérable. Elle se devait d'être forte quel que soit le danger qu'elle avait en face d'elle.
 
Elenwë vit James devenir étrange au sujet de Caix Imoros. Elle ne s'était jamais demandée d'où il pouvait venir. À vrai dire pour être exacte, elle n'avait jamais posé aucune question à ce sujet. Elle se doutait que cela ne devait pas être un sujet de discussion agréable pour lui. Savoir ne pas mettre mal à l'aise les personnes-clés était également un gage de la haute société. Comme c'était juste pour le contraire.
Puis James insista sur le fait de ne prendre que deux rechanges. Elle leva un sourcil perplexe comme si c'était étrange de sa part de parler de ce genre de choses. Elle leva les yeux en marmonnant dans sa barbe pendant que James s'éloignait.
 
"Et bien on doit partir vraiment peu de temps alors pour que je prenne seulement deux rechanges.  "
 
La jeune noble soupira partant en direction de sa chambre. Elle n'avait que quinze minute, qu'était-ce ce nouveau jeu ? Comment pouvait-on préparer un départ en si peu de temps sans rien savoir du tout.
 
" Non mais c'est vrai quoi, je ne sais même pas qui on va rencontrer et dans quelle condition ! Comment puis-je savoir quel genre de vêtements, je dois prendre ? C'est ridicule, bon bon bon ... 
 
Concentrons-nous. Si je dois prendre mes protections c'est que je vais être en danger. En même temps avec des shaakts à tous les coins de rue, cela ne sera pas bien difficile d'imaginer pourquoi.  "
 
Elenwë ouvrit une petite valise très coquette. Elle prit la parure complète d'une tenue assez banale pour elle. C'était une petite jupette dans un tissue de luxe sans aucun accroc, avec les petites bottines en cuir d'animaux rares qui allaient parfaitement avec. Ensuite, elle plia tout aussi soigneusement une robe qui pourrait servir à un bal d'une princesse. C'était d'un très grand raffinement en dentelle et soie blanche. Elle avait de jolies ballerines qui remontaient avec des lacets fins très coquets.
La jeune rouquine bourra la valisette de produits divers de première nécessité, comme si elle allait se retrouver en plein désert hostile sans rien. Elle s'habilla ensuite bien rapidement avec ses protections, qui se trouvaient être bien légères si elle partait en guerre.
Lorsque James la rejoindrait, elle le ferait attendre par principe au moins quelques minutes. C'était le minimum de politesse pour une grande dame de la haute noblesse. Elle n'était certainement pas aux ordres de quelqu'un. Elle lui indiquerait l'endroit de son tatouage avec la crème au miel, dans le bas du dos entre ses reins.
 
"Dire que je vais devoir porter ma valise pendant des jours et des jours ... C'est vraiment n'importe quoi ... J'espère tout de même que l'on n'ira pas en ville. C'est du suicide !  "  
 
Elenwë glissa son doigt contre la chevalière de sa famille. Pour rien au monde, elle s'en séparerait une seule seconde.
 
Passage de crème

Préparation d'expédition

Elenwë entendit James frapper à la porte et s'annoncer, rien de plus normal selon elle. C'était le minimum de politesse à vrai dire.

" Entre, c'est ouvert. "

La jeune fille regarda le simple sac de voyage dont disposait James. Elle leva un sourcil perplexe, un peu étonnée, mais bon comment lui en vouloir ? Elle imaginait bien les pauvres tenir dans leurs mains leurs affaires tellement ils étaient démunies. Elle hocha la tête lentement à l'invitation de James à s'allonger sur le lit pour lui mettre la fameuse crème au miel sur son tatouage. Cela lui démangeait de plus en plus violemment, comme si c'était un nouveau cœur qui battait dans son dos. Elle enleva sa tunique lentement avec soin, il n'était pas question de lui laisser voir plus que nécessaire. Elle avait passé une bande de tissu à plusieurs reprises autour de sa toute jeune poitrine histoire qu'elle ne se balade pas en cas de mouvements. Elle pressa son haut contre son torse histoire de se cacher le mieux possible.
Puis elle s'allongea sur le lit ainsi. Ce n'était guère agréable au toucher de sentir le tissu renforcé de cuir sous elle, mais cela n'allait pas durer non plus toute la journée.

La jeune rouquine tourna son visage légèrement vers son shaakt afin de bien le voir et discerner si quelque chose n'allait pas. Elle indiqua avec un mouvement de tête le pot de crème bien fermé, afin qu'il se garde le plus longtemps. Elle descendit ensuite légèrement son pantalon pour deux raisons. La première, c'était qu'il ne le gêne pas pendant l'opération délicate. La seconde, c'était pour que James ne salisse pas son pantalon avec la crème. Il ne manquerait plus que cela. Ils allaient partir en transport. Avec sa chance, il y aurait nécessairement d'autres voyageurs, donc elle se devait d'être parfaite. Elle essaya tout de même de ne pas trop en montrer à James de son magnifique postérieur, elle n'était pas extravagante à ce point-là.

" vas-y doucement, ça me fait très mal ... "

En route pour l'aventure !

Passage de crème
 
Elenwë sourit légèrement à la réaction de James à l'ouverture du pot de crème. Elle était de qualité supérieure créée par les meilleurs herboristes elfiques de Cuilnen. Elle ne douta pas une seule seconde de son efficacité, alors que des produits humains ou autres auraient été nécessairement inutiles, voire dangereux. Elle ne douta pas non plus que son professeur le ferait de sa façon la plus douce qu'il en était capable. Quelque part, elle appréciait grandement que ce soit lui qu'il le fasse.
La jeune magicienne n'imagina pas une seule seconde que Farah ou encore Nathanael la touche pour cela. Plutôt se gratter pendant des heures à la place ! Sa confiance étant tout de même assez limitée, elle frissonnait par avance au toucher sur sa peau meurtrie. Elle plissa les yeux en laissant échapper un gémissement de bonheur en sentant enfin du froid se répandre sur son corps brûlant. Elle ne pouvait pas se retenir tellement c'était bon. Elle pouvait sentir les mains chaudes et douces parcourir son dos en fusion. Si un problème de conscience pour le shaakt pouvait être logique, chez la jeune adolescente, elle en était totalement inconsciente.
 
" Hmmmmm .... oui continu ..... comme ça ....  tu ne peux pas savoir comme c'est agréable ... Ah ! Heu ... pour l'encre Et bien figures toi que l'encre d'eau est la seule valable que j'ai pu trouver en amélioration magique. L'encre de feu n'est malheureusement que pour les barbares primaires adeptes du crâne brisé.
 
C'est gentil en tout cas, c'est un symbole magique des elfes d'eaux et ...  "
 
La jeune adolescente elfe allait démarrer une autre explication magistrale sur le pourquoi du comment avec tous les détails, lorsqu'elle entendit la dernière réflexion de James. Il lui avait dit qu'il la trouvait magnifique comme son tatouage. Elle rougit fortement en regardant droit vers le lit. Elle espérait se cacher de ses yeux de son état, malheureusement pour elle, il était au-dessus et avait une vision parfaite sur elle.
Elenwë pressa davantage son haut contre elle. Elle ne savait pas trop comment réagir à ce genre de propos. Personne n'avait fait ce genre de réflexions avec autant de convictions et avec une chaleur dans sa voix. Elle était plutôt habituée aux compliments obligatoires dans les réceptions mondaines de la haute noblesse, qui étaient toujours vides de sens. Ce n'était qu'un jeu de paroles et de biens séances. Mais là tout était vrai, ce qui troubla fortement la jeune fille.
Elle fit comme si elle n'avait rien entendu, attendant que l'orage passe. Son cœur battait la chamade très rapidement. Malgré la crème assez froide, elle avait de nouveau excessivement chaud dans tout son corps. Depuis qu'elle avait quitté sa ville natale, cela lui arrivait souvent.
 
(C'est le climat ... tout est normal ... ce n'est rien ...)
 
Puis toute à ses pensées, James retira ses mains de son dos. Quelque part, elle était déçue que cela s'arrête si vite. Elle se tourna légèrement sur le côté en se recroquevillant. Son professeur allait l'attendre à l'entrée de l'école, c'étaient ses derniers dires avant qu'il ne parte.
Elenwë soupira grandement lorsqu'elle était certaine qu'il était parti. Elle se relâcha complètement en serrant fortement son coussin contre elle. Il n'était pas question de se rhabiller immédiatement, elle devait attendre un peu que cela sèche. Sinon tout collerait sur ses vêtements en devenant spongieux. Elle mordit dans le coussin fortement sans trop savoir pourquoi. Cela lui faisait du bien, elle se devait de prendre un peu de temps pour se calmer. Elle se passa une main sur son visage en soupirant légèrement.
 
"Je deviens folle ... Bon allez Elenwë ! Il faut être sérieuse, on va aller dans un endroit hostile et dangereux. Je n'aurais presque que des ennemis là-bas ...  "
 
La jeune magicienne se leva d'un bond en remettant rapidement son haut. Elle avait de nouveau une folle énergie qui lui parcourait son corps. Elle sentait comme si elle se devait de se dépenser immédiatement. Elle avait comme des fourmis dans les jambes. Elle attrapa sans se poser de question sa valise et courut comme si elle avait le diable aux trousses dans les escaliers. Elle se retrouva légèrement essoufflée dans l'entrée là où James l'attendait sûrement.
 
"Allez Allez ! On y va et on ne traîne pas ! En avant pour l'aventure !  Au fait, on y va commencer à Caix ? "
 
L'épreuve de la barque

(((HRP : La suite ici.)))

Ils finirent par s’arrêter au pied d’un immense bâtiment de pierres. La façade sculptée donnait à Keynthara une impression de richesse et de raffinement qui lui inspirait fascination et perplexité à la fois. Qu’allait-elle donc bien pouvoir trouver à l’intérieur de ces murs. En se retournant vers son interlocutrice, elle vit que cette dernière s’était déjà remise en route et qu’elle lui adressait un dernier regard confiant et souriant.

Rapidement rejointe par Kraemer, la poupée magique gravit les marches qui menaient à la porte d’entrée du bâtiment, qui ressemblait d’une certaine façon à un temple. Puisque l’Eärion lui avait parlé de sa magie, il devait forcément y avoir un lien avec ses fluides de lumière, pourtant, l’endroit ne lui semblait pas être destiné à Gaïa.

« Curieux comme endroit, pas vrai ? Tu ne ressens pas de malaise, ça va ? »

Elle avait posé cette question pour vérifier son hypothèse, mais voyant que Kraemer avançait avec elle sans broncher, elle ne put que la confirmer.

Une fois la porte passée, les deux acolytes restèrent quelques instants sur place, une fois de plus stupéfait par l’architecture du lieu. Leurs pas résonnants étaient venus troubler le silence des lieux et ils hésitèrent à poursuivre leur avancée, regardant autour d’eux s’ils apercevaient quelqu’un. L’elfe noir était bien évidemment anxieux, car il n’était jamais à l’aise en public et encore moins dans un endroit inconnu.

(Avancez donc, bécassons !), dirent en cœur les deux faeras, qui semblaient très impatientes. Faera, plus impatiente que sa collègue, s'était extirpé de son pendentif au cou de la Petite, pour venir voleter tout autour d'elle afin d'être aux premières loges pour assister aux scènes futures. Keynthara savait qu’il lui faudrait tôt ou tard éclaircir le mystère de ces créatures étranges qui semblaient parfois totalement ignorer le danger qui était sur le point de survenir et qui, dans d’autres situations, donnaient l’impression de tout savoir sur ce qui les attendait.

« Il y a quelqu'un ? », ne put s'empêcher de demander l'Aniathy, alors que sa voix se répercuta dans les airs pour lui revenir en pleine face tel un boomerang, la faisant sursauter en s'effrayant.

L’homme qui s’avança vers les deux acolytes impressionna fortement la poupée magique. Elle se croyait souvent légitime d’agir comme bon lui semblait, mais sans qu’elle ne soit en mesure de se l’expliquer, certaines personnes parvenaient à avoir sur elle une certaine assendance.

Voyant que la Petite, pour une fois, ne monopolisait pas l’attention et qu’elle hésitait presque à se réfugier dans les pattes de Kraemer, ce dernier fit quelques pas en avant et se présenta.

« Messire, nous sommes venus ici, guidé par une charmante personne qui nous a dit qu’en ces lieux, nous trouverions matière à nous… »

Il hésita sur le terme en se grattant ses cheveux sombres, car il avait bien entendu que cet endroit était une école magique. Cela aurait du réjouir ostensiblement la Petite, mais depuis son évènement au temple de Gaïa, elle ne semblait plus être la même. La sagesse de la déesse était-elle en train de la gagner peu à peu ? Un discret sourire se peint sur les traits du visage du Shaakt.

« …matière à trouver de quoi nous rendre utile et nous procurer une activité utile, au sein de cette ville. »

Le mot ‘occupation’ fut bien sûr ce qui vint instinctivement à son esprit, mais, à l’inverse de l’Aniathy, il était tout à fait capable de se rendre compte du caractère déplacé de certains mots et s'abstint donc de l'employer. Sa diplomatie lui venait probablement de l’angoisse qu’il ressentait à l’idée de se faire rejeter et persécuter par autrui, cherchant à éviter cette situation tragique par tous les moyens.

Pour la première fois, Keynthara put se rendre compte des capacités de son ami, qui, lorsqu’il ne fuyait pas directement le contact, pouvait se révéler un orateur plutôt doué. Se félicitant de cette constatation, elle s’écarta peu à peu de son ami, l'influence de l'elfe charismatique s'étant peu à peu estompée. L’idée d’une école lui plaisait au plus haut point et elle ne savait pas si elle devait intervenir ou non dans la conversation. Sentant son hésitation, Faera se fit un devoir de conseiller sa protégée. La faera était presque plus excitée que sa maîtresse.

(Tu devrais apprendre à dire ce que tu as sur le cœur, plutôt que de faire l'enfant !), lui conseilla le papillon magique qui voletait autour d'elle avec frénésie.

« Quant à moi...», commença-t-elle en s'éclaircissant la voix avant de poursuivre : « ...je veux surtout me racheter auprès de la déesse Gaïa parce que j’ai fait des bêtises, alors si je peux mettre ma magie de lumière à contribution d’une école de magie, j’en serai la plus honorée et la déesse aussi ! »

Ses mots dépassèrent sans doute sa pensée, car il était même possible d’imaginer qu’elle se proposait comme professeur de magie. Derrière ses paroles, se cachaient, en réalité, la simple envie d’exercer sa magie pour d’autre, par recherche d’altruisme, plus uniquement dans un but égoïste et centré sur sa petite personne. Cette envie était contre sa nature désinvolte, mais elle tendait à remplacer peu à peu l’Aniathy qu’elle avait été jusqu’alors, avant l’électrochoc.

Elfe noir et Aniathy se regardèrent en se dévisageant, comme s’ils prenaient conscience pour la toute première fois de leur nature opposée, alors qu’ils étaient si complices. Les paroles de l’elfe qu’ils avaient en face d’eux avaient fait mouches en révélant une vérité intéressante, mais qui souleva une certaine inquiétude tout de même.

(La déesse Gaïa ne va pas se fâcher de me voir ainsi toujours fréquenter un elfe noir aux fluides d’obscurité ?), questionna la poupée magique à l’attention de Faera. Elle la pria immédiatement de ne pas faire suivre le cours de cette discussion à la faera de Kraemer, qui aurait eu tôt fait d’en informer le Shaak. Keynthara ne se souciait habituellement rarement de faire du mal aux gens, mais pour ses proches, c’était maintenant une toute autre histoire. Décidemment, la déesse de lumière opérait bien des changements sur la nature égoïste de la Petite. Pour autant, Keynthara n'obtint pas de réponse et écouta la suite des explications de l'individu.

« La directrice ?! », s’étonna l’Aniathy, qui repensait dans un coin de sa tête à l’elfe blanche qu’elle avait pu rencontrer dans un autre temple de Kendra Kâr, le temple des plaisirs. Cet endroit lui faisait clairement penser à Pulinn, bien qu’une toute autre atmosphère semblait régner en ces lieux. Une aura de quiétude et de noblesse semblait émaner des murs qui les entouraient, ce qui semblait correspondre à la paix intérieur que Keynthara avait peu à peu commencé à rechercher. A bien y réfléchir, la poupée magique ne se sentait plus le cœur de revenir vers cet endroit qui reflétait la créature égotique qu’elle avait été avant sa grande mission sur Warsaarhin. Honteuse de tout ce qui avait pu être associé à ses bêtises, elle finit par chasser toutes ces pensées de culpabilité pour se concentrer sur la rencontre à venir.

L’elfe qui était venu à leur rencontre les avait guidés à travers l’école le long d’un sinueux escalier, pour les faire patienter devant une porte fastueuse. La voix féminine qui s’en était échappée avait d’ores et déjà conquis le cœur de la Petite, même si Kraemer, lui, restait dubitatif, attendant de voir ce qui allait résulter de l’entretien qui était sur le point d’arriver.

« On peut entrer ? », hésita Kenthara, qui fit quelques pas sur la pointe des pieds, se rendant compte de tout l’honneur qui leur était fait. Lissant les plis de sa robe froissée et peu présentable, elle se fustigea mentalement, comme à son habitude, de ne pas être présentable.

(Ne t’en fait donc pas comme ça, tu vas voir, je suis sûre qu’elle n’en a absolument rien à faire !)

(Tu connais notre interlocutrice ?), demanda la Petite d’un air soupçonneux. Décidemment, Faera savait un peu trop de chose en ce monde et cela avait parfois même le don de l’agacer. Pour seule réponse, elle optint un :

(En quelque sorte, allez, ne vous faites pas attendre, avancez !), qui fut suivi par les battements d’ailes de Faera, sous sa forme de papillon, qui était entrée la première pour tournoyer dans le bureau de la directrice de l’école.

(Du calme !), ordonna Keynthara dans sa tête, intransigeante. L’expression contrariée sur son visage put néanmoins être mal interprété par la directrice. D’instinct, elle se radoucit donc, en même temps que le papillon revenait vers elle pour se poser sur ses cheveux clairs.

« Bonjour Madame la Directrice. », dit simplement la poupée, d’une voix fluette et mal assurée. Kraemer, lui, fit un signe de tête et ne regarda que ses pieds, impressionné et silencieux comme à son habitude.

Ils vinrent s’asseoir après y avoir été invité et portèrent toute leur attention sur la Directrice, après avoir décrit succintement du regard l'ensemble du bureau, fort accueillant. Kraemer nota toutes les informations qu’il venait de recueillir dans son esprit et ne manqua pas de s’étonner du terme « Equilibrium ». L'Aniathy avait surtout observé le chat de la Directrice.

« La quête d’Equilibrium ? Est-ce là le nom de votre école ? Cela semble parler… d’ordre, je suppose, non ? Une quête de l'ordre, peut-être de l'harmonie dans le monde ? Si c'est ça, il y a matière à faire...», s’employa-t-il à dire. Il avait finalement quitté son mutisme quelques instants, probablement pour une courte durée, cela dit, car il était parti se plonger dans les réflexions que ses propos lui avaient inspirées.

Keynthara aussi était quant à elle curieuse d’en savoir plus, mais seulement au moment où elle entendit parler de recrue. Elle était venue ici pour se trouver des occupations constructives et voilà que maintenant, on parlait d’eux comme de personnes cherchant une activité rémunératrice.

« Des recrues ? C’est comme un travail dans une école de magie, c’est ça ? », compléta donc l’Aniathy, un sourire envieux sur le visage. Si d’une certaine façon, elle avait un peu peur des engagements que cela allait peut-être représenter et surtout, de la précipitation dans laquelle se déroulait le recrutement, elle en ressentait néanmoins une vive excitation.