Je quitte le palais, m'engageant sur ce qui semble être l'artère principale de la cité. Comme à Kendra Kar, la grande rue s'entrelace de rues plus petites, elles aussi entrelacées de ruelles.

Prudent, je me contente de parcourir la voie principale en enfonçant mes mains dans mes poches jusqu'aux coudes et en me recroquevillant sur moi-même pour lutter contre le froid.

Au milieu des habitations, auberges et baraquements, je repère rapidement ce que je recherche. Des murs rouges, des lanternes aguichantes. C'est sans aucun doute devant une maison close que je me trouve.

Je me presse d'entrer à l'intérieur pour me débarrasser de ce froid mordant.

A l'intérieur, de ravissantes jeunes femmes rangeaient et nettoyaient. Un peu gêné d'arriver aussi tard, je souris et lève une main pour les saluer.

" Salut, je n'arrive pas trop tard ? "

Un moment de flottement, quelques secondes d'un froid mordant, une clarté aveuglante et un mouvement glissant. La main brulante de son amie quittait sa poigne ferme, se dérobant à elle comme le vent glissant sous les chaumes.

Dans un geste désespéré pour récupéré le contact il brassa le vide avec hargne. La peur, insidieuse et glaciale, étreignait son cœur en l'enveloppant dans sa chape de tristesse. Quel était ce curieux sentiment d'abandon ? De perdition en pleine tempête ? Depheline avait elle volontairement lâchée sa main ? Ou y'avait-il eu quelques dysfonctionnements ? Serpent eu l'impression que c'était là, le signe d'une séparation définitive d'avec sa comparse.

La lueur s'atténua dans un maelström de couleurs distordue. Le ménestrel sentit ses jambes fléchir lorsqu'il se matérialisa dans ce nouveau monde. Il accusa le coup en fléchissant légèrement les genoux, ses épaules s'affaissant brusquement.

Il mit quelques bonnes secondes pour prendre conscience du monde qui l'entourait et de l'effective disparition de Depheline. Sa réaction, dés lors qu'il fut en mesure de mouvoir son corps fut de chercher son allié des yeux, tournant la tête en tout sens comme un animal perdu dans un milieu qu'il ne connait pas.

"Depheline !" éclata-t-il dans une expression de panique bouleversante. "DEPHELINE ! NON !!"

Ses yeux, arrondis de frayeur, d'incompréhension et embués d'une humidité caractéristique, se mirent à capter la présence d'autre personnes dans la pièce. Par ailleurs, il perçut soudainement toute la grandeur exotique de l'endroit où il avait atterri. Un palais de marbre rosé, ou plutôt une forteresse aux vues des meurtrières qui perçaient les murs. Rien d'autre n'ornait l'endroit que le fluide flottant.

Une escouade d'une vingtaine de personnes en arme semblaient l'attendre, notamment une femme armée d'une drôle de lance à lame longue. Tous semblaient Ynoriens et Serpent conclue que le portail avait du fonctionner et le mener à bon port. L'accueil était glacial et le silence qui emplissait les yeux n'arrangeait en rient la nervosité du barde à présent livré à lui même.

Il tourna un instant la tête vers le fluide, comme s'il s'attendait à en voir sortir la mage de feu dans un éclat enflammé, mais rien ne vint réchauffer l'ambiance et avec raideur le ménestrel fit deux pas en avant pour se présenter, la voix étranglée par le chaos émotionnel qui régnait dans on cœur.

"je... Mes salutation colons du nouveau monde. Je suis serpent le m..." Il ne termina pas entièrement sa phrase. Une pensée traversa son esprit rapidement en analysant la situation et les hommes en arme présent. Il comprit que ses guerriers attendaient des combattants et des magiciens puissant pour agrémenter leurs atouts durant la bataille. Tout sauf un troubadours guilleret qui trainerais dans leurs pattes et ne serait rien de plus qu'une bouche de plus à nourrir. Ces soldat avaient besoin d 'espoir et le ménestrel savait jouer ce genre de partition.

"... Le maitre stratège. Spécialiste en sort de soutient, en manipulation et en espionnage. Mes humbles capacités sont à votre services peuple de Fan Ming." Le brave gredin s'inclina avec élégance, fier malgré sa tristesse, de son petit mensonge positif.

Le spectacle aurait pu être parfaitement convaincant si le ménestrel n'avait pas été vêtu de frusques abimées et salie par son voyage tumultueux au travers des terres d'Ynorie. Heureusement le visage grave du bluffeur musicien, maquillé par la conviction d'avoir perdue son amie, jouait en sa faveur.

Typiquement Ynorienne, la peau pâle, les cheveux noirs, le regard doux. Quand elle m'adresse la parole, toutes les autres disparaissent.

Je m'approche, comme envoûté par cette beauté, cette élégance.

Je m'interdis pourtant de la toucher avec mes mains crasseuses. Je retire mon bonnet, laissant mes cheveux sales et emmêlés retomber sur mes épaules.

Je me sens gêné d'être si sale, si puant devant elle.

" Désolé, je sens la truite. Si nous allions prendre un bain tous les deux. "

Ma seule envie et d'être avec elle, de la serrer dans mes bras et d'enfin me sentir réconforter par la douceur de sa peau.

Le ménestrel suivit les indications de la jeune guerrière ynorienne après l'avoir remercié. Ne sachant trop si son discours avait porté quelques fruits, il rejoignit une autre pièce du palais, visiblement une salle à manger déserte. Excepté deux silhouettes, l'une assise à la grande table, solitaire, le barde dénota d'ailleurs rapidement la noblesse des habits et des traits de l'Ynorien qui semblait attendre là, ainsi qu'un soldat taciturne qui ne fit pas un mouvement en voyant Serpent entrer.

Le noble leva un sourcil inquisiteur à l'intrusion du filou, mais il repris constance avec un certain flegme et se redressant il interpella le rouquin:
« Vous devez être de Yuimen… Il ne me semble pas vous avoir déjà aperçu dans le coin. Conseiller Tsukiko. Vous pouvez prendre place. »

Visiblement l'Ynorien lui proposait de diner tout en échangeant tactique, la gardienne ne c'était donc pas moquée de lui. Il salua donc, avec une pointe de stress croissant dans l'abdomen, celui qui devait participer à l'élaboration des plans de guerre.

Le troubadour prit poliment place devant une assiette et nota, d'un regard assez intense, trahissant sa faim, l'assortiment de poissons et de céréales proposé. Avant de toucher à quoi que ce soit il entreprit de répondre aux échanges d'usage de son bienfaiteur.

"Oui, je suis bien yuimenien conseiller Tsuhiko. Arrivé tout juste ici via l'étrange porte... Veuillez excusez ma tenue, je n'ai ni manger, ni bue, ni même dormi depuis hier. Quelque complications ont ponctués mon voyage jusqu'ici devrais-je dire."

Elégamment, le barde prit un fruit avec mine d'indifférence. Comme il attendait un moment plus propice pour l'éplucher, il enchaina:

"Je suis donc venu en réponse à l'appel d'Oranan. Il parait que vos troupes luttent contre l'ombre grandissante d'Oaxaca ? J'ai une dent contre ses plans et suis à même de vous fournir toute l'aide que vous souhaiterez. Ceci dit... j'ai des facilités pour récolter des informations ou pour tromper l'ennemi... mes capacités martiales bien que correctes sont malheureusement limitées."

Il éplucha le fruit habilement, malgré une certaine impatience qu'il peinait à contenir au vu de sa faim croissante. Il semblait un instant pensif:

"Je... j'étais censé être accompagné d'une puissante mage de feu et d'une archère hinionne... Malheureusement il semblerait qu'elles aient toute deux un contretemps fâcheux. Nous avons, moi et la magicienne, franchit la porte ensemble mais elle n'a pas atterrit ici visiblement. Est ce un dysfonctionnement courant? Tout va bien pour elle ?"

« Bienvenue à Fan-Ming. Et c’est Tsukiko. Pas Tsuhiko. Votre aide est la bienvenue ici, monsieur ? »

Serpent conserva sur l'instant un visage surpris, il avait manqué à toute civilité en écorchant le nom du dignitaire et en oubliant de préciser le sien. Il ferma la machoire un instant sur une moue gênée et répondit d'un ton qui se voulait humble:

"Sir Serpent, conseiller Tsukiko. Mes excuses pour votre nom, la culture Oranienne m'est quelques peu nouvelle..."

« Vous n’êtes visiblement pas au fait de la situation ici. C’est une bonne chose qu’ils tiennent ça secret, à Oranan. Pour votre compagne mage, je ne saurais vous aider. Les fluides ont leurs règles propres, mais ne sont pas inconstants. Si elle n’a pas respecté les mesures de sécurité de base, elle peut… être à peu près n’importe où, ou n’avoir simplement pas traversé. »


Le ménestrel sentit une pointe de réconfort naitre au fond de sa poitrine. Depheline n'avait donc pas périt durant le transfert. Sa localisation sur Yuimen devait être inquiétante, mais la gamine avait de la ressource et saurait retrouver sa route sans aucun doute. Il souffla et reprit un peu constance face au conseiller qui congédiait son garde du corps.

« Les choses ne vont… pas bien. Oaxaca est en ce monde, et a entreprit une conquête massive et sauvage de ces contrées. Une ville, Esseroth, pourtant résistante et aux murailles élevées, est tombée sous sa coupe en deux jours à peine. Il ne fait aucun doute que son but final est d’atteindre Fan-Ming, et d’envahir Oranan de l’intérieur, en se servant du fluide. Ses forces sont apparemment innombrables, et nous ne comptons que trop peu d’alliés, dans cette bataille. Nos forces armées sont nettement moins nombreuses. Plusieurs aventuriers ont déjà répondu à l’appel, et je les ai envoyés rassembler les peuples d’Aliaénon sous une seule bannière : la nôtre. Pour la défense de ce monde et du vôtre. Vous le comprenez, toute aide est la bienvenue. Le temps presse, et la menace est réelle. Vous dites avoir des facilités pour l’infiltration, l’espionnage et la ruse. Comment comptez-vous aider nos objectifs, en usant de ces capacités ? »


Bien, le dignitaire testait l'esprit tactique du troubadours et ce dernier ne souhaitait pas conserver la mauvaise image qu'il avait pu donner jusque là. Il finit son fruit et se servit un verre de vin, puis joignit ses mains en triangles devant son visage et ferma ses yeux pour s'imposer un temps de réflexion.

Il ne possédait encore aucune connaissance du terrain et aucun élément qui lui permettrait de mettre en place une stratégie adaptée au point près. Il se baserait donc sur un plan d'action général.

Il posa de nouveau ses mains sur la table et proposa sa pensée à Tsukiko:

"Toute armée se base sur plusieurs points : Le nombre d'hommes, le nombres de places fortes, les points stratégiques, la qualité des généraux & stratèges et les avantages magiques de type rituel et artefact."

Le ménestrel lisait beaucoup et les dessous de la guerre s'apparentait facilement aux batailles entre familles commerçantes rivales de Kendra Kar. Sa famille ne manquais pas de ressources dans le domaine et le ménestrel appliquait la recette héréditaire sur cette nouvelle situation.

" Cinq éléments sur les six que j'ai nommés ont un point commun qui me parait évident..."

Il dessina sur la table, à l'aide d'une goute de vin qu'il piocha dans son verre, un cercle et 5 trainées de liquide puis enchaîna:

"Ils dépendent surement d'une ligne de ravitaillement provenant d'un point de stockage central. Si l'on brise la chaine de ravitaillement..." Il sape du doigt quelques trainées "... on ralentit l'avancée des troupes. Par contre ! si l'on détruit le point de stockage, ont immobilise l'armée, ce qui permet d'agrandir notre champs d'action et de possibilités." Il écrase le cercle et l'efface.

"En effet ce qui nous empêche d'être efficace, c'est la pression exercée par l'avancée inexorable de l'armée. Grâce à ce fâcheux contretemps nous pouvons gagner de précieuses semaines et peut être même porter un coup grave au flanc ennemies."

Il prend une poire et brise la tête du fruit dans un geste sec.


"C'est là que j'interviens conseiller Tsukiko. Mes capacités sont lié à la manipulation de l'esprit, la comédie et à la vitesse. Je pense pouvoir entrer dans la peaux d'un trouffion d'Oaxaca puis infiltrer une place forte. De ce point je peux récolter diverses informations dont l'une menant au centre de partage du ravitaillement et suivant la décision de ceux qui dirigent ici, tenter un sabotage. Tout est une question de confiance et de préparation."

Le barde croque la poire à pleine dents, mâche, avale puis termine:

" Je vous en conjure, conseiller Tsukiko, confiez-moi des vêtements adapté au voyage, je veux des vêtements léger et adapté à l'environnement de la cape jusqu'au caleçon, quelques rations de voyage, et si vous pouvez me trouver quelqu'un pour fixer ses gemmes sur mon équipement." Il extrait les dites gemmes de son sac et les présentes. "Indiquez moi ma cible et je vous garanti des résultats."

Elle se lève, défait sa ceinture et laisse retomber sa robe sur le sol. Se dévoilant complètement, montrant son corps nu sans en rougir. Elle me prend la main. Je me laisse faire, me laissant guider à travers la pièce dans une salle voisine.

Une salle d'eau, chaude et humide. Elle me lâche la main pour rentrer dans l'étuve et s'y immerger jusqu'aux épaules.

Je laisse tomber mon bonnet sur le sol et lentement je retire mes vêtements avant de la rejoindre. Je me mets à sa hauteur, laissant dépasser mes épaules et ma tête. Je plonge mon nez dans son cou, humant son odeur à plein poumon. Je la sers dans mes bras, sentant la douceur de sa peau contre la mienne.

Je me laisse aller, enfin. Laissant mes larmes de peur et de tristesse accumulées rouler sur mes joues et tomber sur son épaule. Ce n'était pas pour étancher une soif de sexe que je voulais me retrouver ici. C'était pour sentir quelqu'un contre moi, pouvoir pleurer et chasser mes angoisses contre une poitrine douce et sentir une caresse apaisante dans mes cheveux.

" Ne me juge pas. Je suis terrifié à l'idée de retourner à Nagorin. Tu es peut-être la dernière femme nue que je sers contre moi. "

Relevant ma tête en souriant, j'essuie mes larmes et plonge mon regard dans le sien.

Fan-Ming – Salle à manger.

Le Conseiller Tsukiko écouta le ménestrel avec attention, se caressant le menton d’un air pensif. Lorsqu’il eut terminé, il lui répondit :

« Nous n’avons hélas encore que trop peu d’informations sur l’ennemi, ses positions et même sa nature réelle. Selon nos informations actuelles, les armées proviendraient d’Elscar’Olth, la capitale de la Lande Noire, tout au Sud du continent. Lande Noire qui est certainement sous le pouvoir d’Oaxaca, désormais. Ainsi qu’Esseroth, cité libre tombée hier sous ses mains avides. Nous ignorons si elle a des alliés en ce monde… Ni quelles autres cités elle pourrait déjà contrôler. Nombre d’aventuriers ont déjà été envoyés, mais nous n’avons eu que peu de retour pour le moment. Bien trop peu… »

Il lorgna les taches sur la table, et pointa l’une d’elle.

« Esseroth est actuellement le siège d’une armée de la Reine Noire. Mais on peut suspecter qu’elle en ait plusieurs. Et nous ignorons l’emplacement des autres, si c’est le cas. Il est cependant clair que son approvisionnement le plus strict, hors troupes déjà présentes en ce monde, se situe à Elscar’Olth. Mais c’est… loin. Très loin. »

Il reprit une mine songeuse, et récupéra sa main.

« Vous aurez de quoi voyager. Habits et vivres. Monture même, si ça vous chante. Ici à Fan-Ming, il y a quelques artisans qui pourront vous graver des runes magiques sur vos équipements, mais dans ce domaine, vous n’obtiendrez pas de meilleurs résultats que chez le Peuple du Désert, à Messaliah, loin à l’est. On raconte qu’ils sont maître artisans en matière de magie et de pierres. De grands savants. »

Il plongea dans le regard du masque, et termina son laïus :

« Vous déciderez vous-même de votre marge de manœuvre, aventurier. C’est aussi pour cela que nous ne faisons pas appel à des soldats. Je n’en sais guère plus que vous, désormais. Prenez du repos, avant de prendre une décision. Restaurez-vous, prenez vos aisances dans un appartement que nous pouvons mettre à votre disposition. Je vous présenterai plus tard un autre aventurier. Le seul qui soit revenu de la Bataille d’Esseroth. Ses connaissances sur l’ennemi dépassent celle de n’importe qui, ici. »

Fan-Ming – Maison close.

Loin de juger le jeune mage, ou en tout cas loin de le laisser paraître, elle enserra son corps tremblotant avec tant de douceur, de ses bras frêles et à la peau de pêche, qu’il ne put que ressentir plénitude et sérénité. Regards mêlés, elle s’empara d’une éponge, et commença à en frotter la peau noircie de crasse de Xël, pour le débarrasser de toute impureté. Son torse, son visage, ses bras… Lascive, elle se leva et contourna le mage pour s’assoir derrière lui, le plaçant entre ses cuisses ouvertes pour entreprendre de laver son dos, ses cuisses, se plaquant doucement contre lui.

« Je ne juge pas. Ne sois pas craintif, étranger. Tu y as été, et tu en es revenu. Après ton départ, je t’attendrai avec la certitude de te revoir. »

[Xël : XP : 0,5 (post). Mot : 1XP. - cravache.
Serpent : XP : 0,5 (post) + 0,5 (propos stratégiques). Mot : 1XP. sucre.]

Elle presse son corps contre le mien avant de prendre une éponge pour commencer à me décrasser. Nettoyant mon visage, mon cou, mon torse, mes bras. Elle se lève ensuite, lentement, me laissant la contempler de près puis passe derrière moi pour se rasseoir contre moi, frottant mon dos, mes cuisses. A nouveau de sa voix frêle elle me répond, m'assure que nous nous reverrons, qu'elle m'attendra.

" Je m'appelle Xël. "

Me faire appeler étranger ne m'a pas vexé, mais je préfère me présenter pour que la conversation soit encore plus intime. Je me sens mieux. Elle sait ce qu'elle a à faire pour me détendre, me rassurer. Alors je me livre sur moi, sur la cité, sur le conseiller.

" Je viens d'un autre monde, de Yuimen. Peut-être que tu en as entendu parler. Je ne sais pas si vous êtes nés à Fan-Ming ou si vous venez d'Oranan. Moi et d'autres nous sommes venus vous aider. Je ne sais pas si tu sais ce qui se passe sur ton monde. "

Je lâche un léger rire.

" Je ne sais même pas si j'ai le droit de t'en parler. "

Je passe une main sur mon visage.

" Au départ j'étais venu à Oranan pour trouver un éventail, ou plutôt des informations sur un éventail. Enfin c'est pas un banal éventail, c'est un objet magique. Un vieux mage à Kendra Kar m'a demandé de l'aider, en échange il m'apprendra à me servir de la magie. "

A nouveau je ris, plus naturellement.

" Faut dire que la magie ici ça n'a rien à voir. J'ai juste eu à tendre la main et pfiout. Un souffle comme je n'en avais jamais vu. Méli aurait été impressionné. "

Un sentiment de nostalgie m'envahit.

" C'est fou ce qu'elle me manque. C'est la première fois que je la quitte aussi longtemps. J'espère qu'elle va bien et que les gosses ne lui mènent pas la vie dure. "


Je ris à nouveau.

" Enfin ce sont des enfants, c'est ce qu'ils font de mieux. Gérer une dizaine d'orphelin dans une petite baraque ça n'a rien de facile. A l'époque, j'ai pas dû être facile à vivre, encore maintenant d'ailleurs. C'est elle qui m'a présenté le mage, elle sait que je veux apprendre la magie. Un mage plutôt vieux, mais il a une certaine classe. Tu devrais voir sa maison, des tableaux et des figurines qui causent. Des portes au plafond, des fenêtres au sol. Et un perroquet assez malpoli il faut dire. "

Puis, je continue ainsi, lui parlant du voyage jusqu'à Oranan, d'Ayae et de sa famille de comment je me suis retrouvé ici. Le portail, le palais. Je lui précise que je n'apprécie pas particulièrement le conseiller mais que je comprends sa façon d'agir, il veut protéger Fan-Ming comme je souhaite protéger ceux qui vivent sur Yuimen. Je lui demande ensuite de me parler d'elle et des choses qu'elle aime, qu'elle veut faire et qu'elle voudrait faire.

Tsuyu me parle un peu d'elle. Elle me dit que les soldats ont peur, qu'ils ont besoin d'hommes comme moi. Elle dit que je suis quelqu'un de bien tandis qu'elle revient se placer face à moi. Je passe une main derrière sa nuque, approchant mon visage du sien.

" Que devrais-je t'offrir en échange de ta présence Tsuyu ? "

Je m'adresse sur un ton rieur, m'attendant presque à me faire renvoyer à la sortie. Mais mon coeur se serre à l'idée d'être arraché aux bras de celle qui me tient compagnie.

Les joues de Tsuyu deviennent roses et un sourire se dessine sur son visage. Je crois qu'elle m'a mal compris, elle pense que je voulais l'emmener avec moi. Mais ce n'est pas du tout ce que je veux, ce serait bien trop dangereux. Je m'apprête à lui préciser que je parlais du moment présent mais je suis interrompu par une apparition des plus étranges. Une créature auréolée, sans visage, flottant au-dessus de l'eau. La présence ne semble pas hostile. Néanmoins, je n'ai pas pu m'empêcher de me dresser sur mes jambes pour me dresser entre elle et celle qui partage mon bain.

Une voix résonne dans mon esprit, douce mais ferme. Probablement celle de cette créature. Elle m'explique qu'elle m'offre un cadeau qui me sera énormément utile. Sans plus attendre, il disparait en laissant dans ma main un sifflet en argent dont je connais curieusement l'utilité comme si un mode d'emploi avait directement été insufflé dans mon esprit. Un sifflet capable de m'emmener n'importe où en un éclair.

Je sais maintenant comment prévenir les peuples d'Aliaénon. Un grand sourire m'illumine alors que je me retourne vers Tsuyu pour m'agenouiller devant elle.

" Je parlais de maintenant pas de t'emmener là où il y a trop de risques. Je ne voudrais pas qu'il arrive quelque chose à quelqu'un comme toi. Mais ta réaction me dit que tu serais ravie de sortir d'ici. Si tu veux changer de vie, dis le moi et je reviendrais te chercher quand il n'y aura plus de danger dehors. "

Je dépose alors mes lèvres sur les siennes lui volant un baiser avec passion.

" Je dois partir maintenant mais, je te promet que je ne me conduirais pas comme une truie. Je ne t'oublierai pas. "

Je dépose un baiser sur son front avant de me relever pour sortir du bain et m'habiller avant de prendre la direction de la sortie de la maison close pour retourner au palais, serrant fort le sifflet dans ma main pour être certain de ne pas le perdre.