Dès que je sens le colosse qui me tient s'étirer, je sors mon sifflet de ma poche et le porte à mes lèvres. Les membres de métal noir volent encore dans le ciel quand je m'envole pour Fan-Ming.

Alors que les fois précédentes j'étais déposé dans la cour du palais. Cette fois ma monture semble ne pas pouvoir passer au-dessus des murailles. Elle choisit de m'y déposer à ses pieds, proche des portes de la cité et d'un immense trou dans le mur. Sans doute l'œuvre de l'Humoran. Je sers les poings encore sous le coup d'une colère bouillante.

Une armée entière tentait de résoudre le problème et préparait le terrain pour accueillir le Général Trouduc' et ses troupes. En parlant de trouduc', Tsukiko était là et s'était avancé vers moi pour me demander des bonnes nouvelles.

Je l'observe un instant sans rien dire puis j'observe la faille béante dans la muraille et me tourne vers lui à nouveau.

" Je reviens d'Ouesseort. Vallel est là-bas avec son armée. Ils se mettent en marche pour Fan-Ming. Il vaut mieux vous préparer. J'imagine que vous savez ce que vous avez à faire pour protéger votre cité. Evacuez les civils, trouvez ceux qui peuvent se battre. Où sont les Esserothiens ? Leur magie sera indispensable ! Et les autres Yuiméniens, vous savez où ils sont ? "

Bien que la situation soit grave, je garde un ton posé, bien qu'imprégné d'une légère colère et du soulagement d'avoir réussi à échapper aux troupes ennemi pour prévenir la cité.

Le conseiller devient blanc comme un cul. Et cette couleur, je trouve, lui va étrangement bien. J'apprends alors que ses troupes sont à Andel'ys ce qui me décroche un sourire rassurant, qui s'élargit quand il me dit que les troupes préparent le terrain.

En revanche, quand il m'annonce qu'un bouclier anti magie protège Fan-Ming et qu'il n'utilisera pas de magie avant de me secouer pour me poser des questions, j'ai peine de me retenir à demander s'il a perdu l'esprit. Bien que la question doit se lire dans mon regard.

Je lève mes mains assez vivement je dois dire, plus que ce que je l'aurais cru pour les poser sur ses épaules.

" Du calme ! Calmes toi. "

Dis-je plus fort que je ne l'aurais pensé aussi. Je jette un regard vers les troupes aux alentours avant de continuer plus bas.

" Que vont penser tes gars si tu cèdes à la panique. Ecoutes moi attentivement mec. Je vais rester, je vais t'aider à protéger ta cité ok ? "

Je plonge mon regard dans le sien en souriant me voulant le plus rassurant possible avant de continuer.

"Mais pour ça j'ai besoin de ma magie. Sans elle, je suis inoffensif. Ton bouclier ne te protège pas, il donne l'avantage à Vallel. Je vais répondre à toutes tes questions et je vais trouver des idées pour protéger tes murailles comme je l'ai fait à Esseroth. Hé ! Ca a bien marché, Karz et moi on avait une muraille propre avant d'être débordé par ceux qui n'ont pas réussi à se défendre. Mais je veux et j'ai besoin de ma magie et des Esserothiens qui sont ici. Je les mènerais, je serais responsable d'eux si tu les crains. Mais en nous liant avec eux on va botter le cul du Géneral Trouduc' et de ses troupes. On a besoin d'eux tu comprends ? Dis-moi que tu comprends. Tu peux pas chier dans ton froc maintenant pour quelques tours de magie. "

Je lui donne une tape amicale dans l'épaule en gardant le sourire avant d'ajouter.

" Et tu as très bien fait d'envoyer tes troupes à Andel'ys, ça nous évite de nous taper deux armées ici en même temps. Je suis sûr que ça va bien se passer là-bas aussi et que les gens d'Andel'ys viendront nous aider après. "

Je le lâche et un prend un air plus grave avant de continuer.

"Je vais te dire ce que j'ai vu maintenant. "

Et alors je lui décris ce qui se trouvait à Ouesseort. Les troupes, bien trop nombreuses pour être comptés, par moi en tout cas. Les colosses noires, les orques, les gobelins. Je lui parle aussi des rats géants qui étaient présents à Esseroth. Je lui raconte comment nous les avons empêchés de grimper les murailles grâce au feu et à l'huile bouillante. Je lui raconte la stratégie de Vallel, balancer ses troupes illimitées contre les murs jusqu'à ce que les défenseurs soient débordés. Je lui parle de la façon dont je me suis débarrassé du colosse qui me maintenait prisonnier et de ma tentative pour engloutir cette armée, que ça allait fonctionner mais que quelqu'un m'en a empêcher. J'évite cependant de préciser qu'il s'agit d'Endar. Ainsi je lui donne des arguments pour le convaincre de désactiver ce foutu bouclier.

" Voilà, je pense n'avoir rien oublié. Je crois que la seule façon d'arrêter l'assaut continue des troupes c'est de frapper un grand coup, assez fort pour effrayer les assaillants. Je suis sûr qu'avec la magie des Esserothien je peux trouver quelque chose qui ferait l'affaire. Mene moi à eux, s'il te plait. Il faut s'y mettre rapidement mon gars. "

Le conseille hésite encore à me laisser user de la magie, ayant peur que l'armée en face contienne des mages. Je le rassure :

"Aucun sort n'a été lancé contre les murailles d'Esseroth. "

Au fil de la promenade je comprends peu à peu où il a mis en sécurité les Esserothien et avant d'entrer dans les cachots il me précise que le bouclier restera actif jusqu'à ce que la bataille commence pour des raisons que je comprends. Il propose même de m'envoyer en dehors de la cité pour pouvoir utiliser ma magie. Je l'observe, souriant, comme s'il venait de plaisanter.

" Vous voulez vraiment m'envoyer seul dans les plaines combattre une armée ? "

Encore une fois, mon regard devait lui demander s'il avait perdu l'esprit.

Il me guida jusqu'à une cellule où était enfermé le type au chapeau, le type effrayant et Fin. Je souris à Arthès qui s'approche des barreaux tandis que Tsukiko repart donner ses nouveaux ordres.

" Salut les gars, c'est presque la Xénélasie… "

Je souris.

" Désolé pour ça, je vais vous sortir de là, j'ai besoin de vous. Vallel vient vers nous avec son armée. Ils seront tous là dans quelques jours. Je comprendrais qu'après vous avoir mis là-dedans, vous n'auriez pas spécialement envie de filer un coup de main… Mais c'est important, c'est indispensable. J'ai de l'idée pour repousser l'assaut ennemi mais j'ai besoin de l'aide des Esserothiens pour ça. Surtout de toi, Fin. "

Dans la cellule, à l'annonce des nouvelles, les réactions sont variées. Enervé, à l'écoute ou carrément ennuyé. Je répond une fois que le calme revient, d'abord à l'Esserothien effrayant :

" Je comprends votre colère mais il faut la diriger exclusivement vers l'armée ennemi. Fan-Ming a besoin de vous et vous avez besoin de Fan-Ming. Je vais vous faire sortir d'ici et j'ai dit à Tsukiki que je serais responsable de vous s'il le fallait. Histoire de le rassurer. "

Je continue en m'adressant à Arthès :

"J'ai entendu parler de la bataille d'Andel'Ys, il va falloir faire confiance à ceux qui y sont. Vallel n'est qu'a quelques jours de marche. C'est trop risqué de partir maintenant. Je compte sur les Esserothiens pour venir en aide à Fan-Ming dès maintenant. Les aider à préparer les défenses grâce à leurs magies, leur donner des informations sur la bataille d'Esseroth. Vous pourrez aussi les guider. Et Fin'… "

Je penche la tête de côté pour le voir et lui sourire.

" Tu as un pouvoir qui est la clé de cette bataille. Nous le savons, faire subir de lourdes pertes en face ne sert à rien, ses ressources sont illimités. Mais si nous arrivons à effrayer ou décourager son armée. Nous gagnerons. Ensemble nous pouvons tous le faire. "

Je parle assez fort pour que les cellules autour puissent nous entendre.

" Je n'ai pas oublié ma promesse Fin' ! Je ferai tout ce que je peux pour vous rendre votre cité. Mais j'ai besoin de vous et de votre confiance pour ça ! "

Je ris, confiant. Je suis certain qu'avec eux je peux sauver Fan-Ming.

"On va leur botter le cul. Je vais commencer par chercher les clés et vous faire sortir de là. Il ne faut plus perdre une seconde. "

Je regarde aux alentours, peut être que la clé est dans le coin. Sinon je serais forcé de sortir pour chercher le conseiller. Mais avant j'adresse encore quelques mots :

"J'étais avec Simaya, elle va bien et elle est relativement en sécurité pour l'instant au sein de l'armée de Vallel, nous étions prisonniers mais l'Humoran l'a fait passer pour un lieutenant de je sais plus quoi et ça avait l'air de plutôt fonctionner. Alors pas trop d'inquiétude. "

Je souris et adresse un clin d'œil à Fin', j'ai remarqué à quel point il appréciait la belle blonde avant de rechercher un trousseau de clé ou le conseiller si je ne trouve pas de quoi ouvrir les lourdes portes.

Bien que rassuré par les nouvelles sur Simaya, Fin' semble paniqué et doute de son pouvoir. Je lui souris pour le rassurer et le convaincre d'avoir confiance en lui. Arthès me montre son soutien et m'apprend que les portes sont déjà ouvertes grâce à autre aventurier. Du temps de gagné !

Je réponds à leurs questions:

"T'inquietes pas Fin' je vais te l'expliquer. D'abord je vais trouver le conseiller avec vous et demander de me mettre au courant sur ce qu'il a préparé ou ce qu'il compte préparer pour acceuillir le Général Trouduc ensuite je vous confierais à chacun une tâche en fonction du besoin. "

Je prend un instant de reflexion avant de reprendre.

"Je pense vraiment que nous ne pouvons pas aller combattre à Andel'ys en revanche nous pouvons y envoyer une personne pour savoir comment ca se passe là bas et les mettre au courant de ce qu'il se passe ici... Nos chevaux magiques comme tu dis, ne sont pas illimités. C'est un cadeau venant d'un type sans visage."

J'hausse brievement les épaules.

"Allez viendez ma bande on va voir Tsukiki !"

Et sur ces mots et un rire chaleureux je me dirige vers la sortie des cachots pour trouver le conseiller et lui demander comment avance la préparation des defenses de sa cité.

Nous sortons des cachots sans qu'aucun garde ne nous interpelle. Ils se contentaient de nous regarder passer avec un air stupéfait et j'avais du mal à me retenir de rire.

En arrivant dans la cour du palais, Tsukiyo attendait et il ouvrit de grands yeux ronds en me voyant suivis de mes amis mages.
Je dois me mordre la langue pour ne pas exploser de rire devant son visage ahuri. Je joue l’étonnement quand il me fustige du regard et vocifère contre moi.

"Comment ? C'est pas toi qui a ordonné à tes gars d'ouvrir leurs cellules pour gagner du temps ? Je trouvais ça plutôt malin. Toutes les cellules étaient ouvertes et comment tu veux que ça vienne de moi, j'ai même pas les clefs !"

Il valait mieux mentir plutôt que de dénoncer le Yuiménien qui leur a ouvert les portes.
Je lâche un rire un peu niais avant de continuer.

"Mais t'en fais pas je me nomme responsable d'eux. Si jamais il se passe un truc j'en assumerais les conséquences. "

Je prend une posture droite, militaire, l'air très sérieux bien que ce soit clairement pour me moquer de la rigueur dont il faisait preuve.

"Au final c'est très bien. Souviens toi qu'une armée s'amène et qu'on a peu de temps pour se préparer. Où on en est avec la défense de la cité ? Tu pourrais aussi m'indiquer d'où va venir l'ennemi ? Je peux peut être nous faire gagner encore un peu de temps..."

Je souris avant d'ajouter:

"Oh et je voudrais envoyer quelqu'un a Andel'ys pour prendre des nouvelles. Avec mon sifflet ou bien un portail. Mais il faudrait savoir comment ça se passe là-bas et qu'ils sachent ce qu'il se passe ici. Tu as quelqu'un de confiance qui ferait l'affaire ?"

J'attend sa réponse, toujours souriant. J’espère vraiment qu'il va se montrer coopératif sinon nous n'avons aucune chance d'y arriver.

Je l’exaspère, je le vois. De toute manière il ne cherche pas à le dissimuler. Je ne l’apprécie pas. Je me dois d’être honnête et aussi d’admettre qu’il a toutes les raisons d’être si paranoïaque. Sa cité va être assiégée par une armée immense. Il est obligé de faire confiance à des inconnus et à un clodo qui ressort d’un cachot avec des mages d’une autre cité. Je le comprends, vraiment. Il tient des paroles dures mais je ne m’en offusque pas. Je les respecte même, bien qu’elles me fassent sourire. Un sourire rassurant, compatissant.

Il me fait ensuite un cadeau, tout comme le sifflet, j’en comprends l’utilité et la façon de l’utiliser d’un simple contact. C’est une pierre de vision, me permettant de communiquer avec n’importe qui en possédant une.

Quand il termine son discours, plongeant la cour dans un silence tendu, je pourrais me contenter d’hocher la tête pour montrer que je suis d’accord avec lui puisque je le suis. Mais bon, je suis un petit con.

Je lève un index et me recule de quelques pas avant de chercher un promontoire sur lequel me dresser. Une charrette, un comptoir, une pierre, n’importe. Une fois trouvée, j’y prends place et mets mes mains autour de ma bouche en portevoix avant de crier à l’adresse de ceux qui peuvent m’entendre.

" Votre attention s’il vous plait ! Moi, Xël de Kendra-Kar ! Je jure que si ça tourne mal alors je me laisserais décapiter par votre Conseiller. Ainsi vous ne pouvez plus douter de ma loyauté ni de ma volonté. Merci de m’avoir entendu les gars ! "

Je redescend alors de mon comptoir, Tsukiki ne va pas apprécier mon culot franchouillard mais peut être que cela rassurera ses hommes et ceux d’Esseroth. Je m’approche de lui et lui donne une tape sur l’épaule.

" Vous voyez, je suis de votre côté, pas la peine d’être aussi barbon. "

Je lui souris d’une façon amicale avant de me retourner vers les Esserothiens.

" Vous avez entendu comme moi comment les défenses se préparent. Cherchez à apporter votre aide d’une quelconque façon. Aidez les hommes de Fan-Ming à mettre en place des pièges, apportez leurs à boire et à manger. Proposez des idées pour augmenter nos chances, expliquez leurs ce que vous savez. Je compte sur vous. Arthès, Fin, j’aimerais que vous restiez avec moi et le conseiller. Je vais vous expliquer mon plan. "

J’attends un peu que les Esserothiens de dissipent pour apporter leurs soutiens avant de m’assoir à terre et de ramasser une pierre pour tracer un plan de fortune de la cité sur le sol.

" Si vous êtes certains qu’on ne peut être attaqué que d’un côté voilà un peu comment les choses devraient se passer. A Esseroth, c’est d’abord les rats géants qui ont atteints les murailles, soutenus par des tirs de catapultes. C’est la première chose à endiguer. Fin’ ça va être très important que tu sois attentif à tout ça, tu te tiendras avec moi sur les murailles. Quand les catapultes tireront, je veux que tu ouvres plusieurs portails ou un portail assez grand pour que les projectiles s’y engouffrent et qu’ils soient renvoyés contre eux. Un portail qui donne directement sur les machines de guerre. Tu peux faire ça j’en suis sûr. "

Je souris avant de continuer, ne laissant personne me couper la parole.

" Pareil quand les rats arriveront à portée de nos murailles. Tu les fais s’engouffrer dans des portails pour les renvoyer dans l’armée ennemie. Je pense qu’elles ne se rendront pas compte avant un moment qu’elles dévorent leurs propres alliés. Si tu peux les envoyer directement sur ces colosses noirs dégueulasses, ça nous ferait un autre problème en moins. Si tu t’inquiètes de la dose d’énergie que ça va te prendre, ne t’en fais pas, je vais te donner quelque chose qui va rendre ta magie illimitée. Je choisis d’utiliser ta magie plutôt que la mienne car elle est bien plus stable, tu sais mieux que moi te servir de la magie. J’ai confiance en toi, avec des ressources illimitées tu es capable de nous faire gagner. Je continue. Ca, ce sera le premier assaut, ensuite ce seront les orcs qui voudront s’engouffrer, j’imagine, dans la faille qui se trouve dans la muraille. Là encore Fin, au moment où ils s’y engouffreront pour tout découper, tu ouvriras un portail qui les emmènera directement sur leur propre front. Ils se barreront la route avec eux même. Tout comme les rats, j’imagine qu’ils ne s’en rendront pas compte immédiatement. Mais le temps qu’ils le fassent, les archers de Fan-Ming auront le temps de les massacrer. "

Je marque une pause, je me rends compte que je parle d’être vivants qui vont mourir par milliers. Bien que ce soit des créatures hideuses, je ressens un picotement dans ma poitrine. Un soupçon de conscience vite étouffé par le fait que si ce ne sont pas eux qui meurent ce sera nous et tous ceux dans la cité.

" Si nous réduisons à néant la première vague, nous pourrons sûrement contenir les autres. "

Je jette un œil vers le conseiller pour chercher une confirmation.

" Si ce n’est pas le cas nous pourrons toujours improviser. Mon plan consiste ensuite à ouvrir différents portails au-dessus de l’immense marée d’orcs, pour y balancer directement flèches, huile bouillante, pierres, poix et feu. En étant frappé n’importe où et n’importe quand, j’espère les faire céder à la panique et abandonner le champ de bataille. "

J’hausse les épaules.

" Biensûr, ça peut échouer mais c’est le meilleur plan que j’ai en tête. C’est aussi pour ça que j’aimerais que nos défenses soient plus qu’efficaces pour qu’on puisse compter sur les deux aspects de nos avantages. La magie et la connaissance militaire de Fan-Ming. "

Je me relève.

" Des questions ? Avant que j’aille dehors envoyer un message à Andel’ys ? "