Alors que le navire repart, je fais face à la forêt, que je peux presque toucher de mon bras. En fait non, je me retrouve à regarder... un être, une créature flottant devant moi, elle ne ressemble à rien que je connaisse de près ou de loin, et explique sans doute pourquoi les marins n'étaient pas aussi rassurés. Ce machin sans visage me demande mon accord pour me filer un objet, je n'ai pas le temps de réaliser, qu'Astinor lui répond, simplement à son habitude : "Ouais, d'accord. Tu m'files ton truc ?"
Et nous nous retrouvons avec un sifflet d'argent, permettant de voyager à travers tout Aliaénon, rapidement, et plus d'une fois.
(Je me demandais justement comment tu comptais rentrer, maintenant que le navire est parti.)
Je remercie l'apparition et continue mon chemin. Ne comprenant malgré tout pas d'où vient ce cadeau inattendu mais l'appréciant malgré tout à sa juste valeur. Nous pénétrons, Astinor, Anouar et moi, dans la forêt dense où le corbeau nous incite à entrer. Il s'agit d'une forêt d'un type assez proche de celle de Sor-Tini, des forêts naturelles et anciennes, atteintes d'un gigantisme assez effrayant pour l'humain traditionnel. Pour la grande majorité des personnes, ces lieux représentent une réelle menace inquiétante, oppressante où le bipède n'a pas sa place. Mais je suis la gardienne de Yuimen et ma vision en est très certainement totalement déformée. Ce lieu est emprunt d'une majesté et d'un pouvoir nettement plus omniprésent que toutes les forêts de Yuimen. Je respire une grande bouffée, me gorgeant de cette végétation vivante qui me vivifie la moindre de mes lianes et qui fait danses mes fluides sous la peau. J'ai l'impression d'être chez moi ici, et si d'autres y vivent, on devrait pouvoir s'entendre sans trop de difficulté.
(Je dois te rappeler ce qu'il t'est arrivé sur Sor-Tini ?) (Et moi qui m'a forcé à passer cette épreuve ?) (S'est passé quoi ?) (Je suis morte, j'ai perdu une bataille critique, j'ai découvert ce collier, pas dans cet ordre et au service de Yuimen. C'est là que j'ai gagné cette coiffure d'ailleurs.) (Ce collier sur Sor-Tini ? Qui l'y a emmené ?) (Je l'ignore, il était dans un temple abandonné.) (Tu connais quoi de cet objet ?) (Rien, à part qu'il est puissant.) (Il appartenait à mon compagnon. C'est Irzut qui l'a fait pour lui.) (Ton compagnon ?) (Grunfit, le guerrier. Mon frère d'arme, mon compagnon de lit, mon époux qu'vous dites.) (Taisez-vous, faut rester concentrer.)
J'avance lentement à travers la brume, regrettant un peu de ne pas pouvoir voir plus en avant, malgré cette végétation pour le moins intéressante. Chaque arbre, arbuste, liane ou buisson épineux est d'une espèce dont j'ignore tout, j'aime les mondes étrangers ne serait-ce que pour ça. Je prends le temps, autant que possible, d'observer la moindre plante, son type de tige, de fruits, de fleurs, de graines, de feuilles, dans l'espoir de pouvoir la reproduire plus tard. On ne sait jamais, que, si Oaxaca vienne à détruire cette merveille de biologie, je puisse la faire repousser au plus proche possible. Je souris d'ailleurs en imaginant les merveilles que mon sort ultime pourrait produire ici, vu ce que ma simple transformation a été capable de faire.
Doucement, je prélève, à même le sol, les graines et feuilles mortes que je trouve, de différentes espèces, toujours dans l'objectif de pouvoir étudier cette végétation et pouvoir, au besoin la reproduire. J'en viens à me demander s'il existe, sur ce monde où à Oranan une bibliothèque avec des livres d'herbier, comme dans celle de Cyniar. En fait, j'ignore même si les humains font ce genre de travaux de recherche ou si c'est juste une considération elfique. A ma connaissance, il y a à Cuilnen une mine de connaissance similaire pour la forêt de l'Anorfain, mais cela existe-t-il sur Aliaénon, et à Oranan ou à Kendra Kâr ?
Cette forêt s'organise sur trois étages majeurs : En haut, les oiseaux, particulièrement bavards, les hauts arbres à lianes qui pompent la majorité de la lumière. Plus bas, il y a la forêt moyenne, celle à hauteur d'elfidé, où on entend des craquements, des petits animaux sans doute proches des écureuils, possiblement des prédateurs tels des panthères ou des margays. La végétation à ce niveau est composée de petits arbres, se nourrissant de l'eau qui coulent de la canopée, et de la brume qui semble omniprésente. Enfin, la jungle basse, à ras de terre, est le domaine des insectes, des invertébrés et des serpents, sans le moindre doute. Ici, on voit fleurir des plantes basses tels des fougères, des champignons ou des véritables fleurs. Je ne serais pas surprises d'y croiser l'un ou l'autre piège à mouches ou à moustique.
Parmi toute cette merveille, il manque un bruit. C'est le seul point qui entâche mon enthousiasme sans borne, c'est qu'il manque quelque chose. Pour être précis, il me manque quelque chose pour que mes trois voix intérieurs parviennent à se sentir parfaitement calme. Même si Anouar se promène en sautillant sous sa forme de chat multicolore, et que je me faufile entre les lianes et les racines, en suivant le corbeau, mon coeur ressent une pression qui me force à rester sur mes gardes malgré tout.
(Il l'a fermé.) (Hein, quoi ?) (Le corbeau, il ne croasse plus.)
En plus de l'absence de bruits clairs de prédateurs, il y manque en effet le cri du volatile noir, ayant pourtant généralement une langue bien pendue. En même temps, le silence reste d'expérience la meilleure protection dans un environnement végétal, avec la magie druidique bien sûr. Je décide de continuer d'avancer, suivant l'oiseau tâchant de faire aussi peu de bruit que lui.
J'exerce d'ailleurs mes talents, me déplaçant avec le plus de souplesse, de silence et de discrétion possible, laissant derrière moi le moins de traces possibles malgré la densité végétale. Ainsi, j'espère pouvoir semer d'éventuels adversaires qui viendraient à vouloir me traquer comme on le fait d'un simple mangeur d'herbes.
(((J'avance en utilisant mon aptitude rp de masquage de trace)))
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Je suis aussi GM14, Hailindra, Gwylin, Naya et Syletha
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