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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 21 Déc 2015 11:31 
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L'argent fut promptement échangé. Après la demande de Cromax, la pauvre trésorière ne s'inquiétait plus guère de la somme demandée par l'hinion. Elle estima cependant qu'il n'y avait guère de perte qui ne soit largement compensée par la sauvegarde d'Elysian. Quant à la question de Faëlis, elle se déclara fort peu dérangée, surtout connaissant les jeux des Ekhii.

« Il est vrai que Malakbêl m'a invité à une chasse, se souvint l'elfe. Les élémentaires du feu semblent de fort joyeux compagnons ! J'aurais aimé en apprendre plus sur leurs jeux, je pense que je m'amuserais beaucoup chez eux ! »

De son côté, Leykhsa avait finalement arrêté de cracher sa haine. Entendant que Cromax était revenu des enfers, elle lui demanda ce qu'il en savait avec une curiosité toute malsaine. L'aventurier s’exécuta, racontant de manière très posée, quoiqu'avec le talent d'un conteur. Il raconta les monstruosités qu'il avait vues, les créatures ardentes et dévoreuses qu'il avait affrontées. Et même la rencontre avec Phaïtos en personne, qui leur avait permis de ressusciter un compagnon.

Faëlis se sentait bizarrement partagé. Tout cela rappelait les récits des ménestrels qu'il avait entendus, et en tant que tel, il avait du mal à y voir autre chose que des légendes. Mais là, c'était le principal écrivain de la légende qui racontait l'histoire, et avec des accents de vérités qui ne laissaient guère de doute.

Il assura qu'il n'y avait là que pures mémoires et aucune vantardise, ce à quoi l'elfe blanc répondit par un simple hochement de tête. D'une certaine manière, il comprenait ce qu'il avait entendu dire : que cet homme fuyait la renommée. S'il l'acceptait, il passerait sa vie dans les cours du monde.

Faëlis murmura :

« Mes récits à la cour de Kendra Kâr semblent bien pâles comparés aux vôtres... et je comprends pourquoi il y en a tant, là-bas, qui voudraient vous y voir. »

Et qui était-il, lui-même, pour chercher à y attirer cet homme qui ne voulait pas y aller ?

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 21 Déc 2015 19:51 
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Inscription: Mar 30 Juin 2015 09:36
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A mes questions, Cromax me sort une réponse à la hauteur de mes attentes. Longue, détaillée et avec un certain talent de conteur. Il me dit que les Enfers sont dangereuses et sinistres, inhospitalières. Je souris. Evidemment, ce n'est pas un camp de vacances, surtout la zone qu'ils ont dû visiter. Il me raconte comment ils sont arrivés dans une vaste plaine remplie de hordes et de hordes de mort-vivants désireux de les compter dans leurs rangs, comment ils ont croisé le chemin d'un immense visage formé de multiples essaims de mouches, comment ils ont évités des trous sans fond où des revenants cherchaient à les entraîner, comment ils ont été attaqués par des abominations sorties tout droit du ventre d'une démone.

Et puis... et puis une révélation qui transforme mon sourire naissant en une expression de stupeur. Mes yeux s'écarquillent sous le choc de ses paroles. « Lorsqu'enfin nous trouvâmes son antre, il daigna nous recevoir en personne ». Cet homme qui se tient devant moi... cet homme que je trouvais si désagréable de prime abord... cet homme au sourire de vieux charmeur imbu de sa personne... a rencontré le Seigneur. Mieux, il a conversé avec celui-ci. Et les surprises ne s'arrêtent pas là, il clame que Phaïtos leur aurait offert une vie, celle de l'un de leurs camarades. Après quoi il les aurait testé en leur faisant combattre l'une de ces créatures, et pour récompenser leur valeur leur aurait permis de quitter son domaine. Après avoir remis une rapière à Cromax.

Celui-ci, à ces mots, dégaine une arme qui pend à ses côtés et me la tend pour me permettre de l'observer quelques instants. L'ouvrage est magnifique, je dois m'obliger à refermer la bouche pour éviter que la mâchoire ne m'en tombe. Le pommeau est un crâne finement sculpté, la poignée est rouge et la lame est tout simplement... splendide.

Quand je lève finalement les yeux vers Cromax, je ne peux cacher une certaine émotion. Cet homme a survécu à un entretien avec mon Dieu. Il l'a côtoyé et lui a offert une épée. Et lorsque je l'ai rencontré, je n'ai vu rien d'autre qu'un charmeur insipide se prenant pour le centre du monde.

Sa conclusion, cependant, efface mon enchantement. Il ne veut pas me dévoiler l'emplacement exact des portes pour que je ne commette pas la folie d'y aller à mon tour. Mais il n'est pas mon père, que je sache.

« J'apprécie votre sollicitude, mais je n'ai pas besoin que vous me protégiez de moi-même. Donnez-moi donc un moyen plus simple de rencontrer le Seigneur Phaïtos et je le choisirais volontiers, mais si je n'en trouve pas d'autre, que vous me le dévoiliez ou non, je trouverais ce portail menant aux Enfers. »

Je me mord soudain l'intérieur de la joue, quelque peu inquiète. Je ne veux pas le froisser. Il a encore tant à me raconter. Et puis, un homme qui a acquis le respect du Seigneur des Morts mérite amplement le mien.

« En tout les cas, votre récit est fantastique, Cromax. J'aurais tant aimé être là. Comment était-il ? Le Seigneur Phaïtos... comment s'exprimait-il ? Quel était son caractère ? Je l'ai toujours imaginé... cinglant et sarcastique, suis-je loin du compte ? »

A mesure que je prononce ces mots, je sens les muscles de mes lèvres les tirer en arrière, presque animés d'une volonté propre, pour former un sourire franc, l'un de ceux qu'il m'arrive de ne pas accorder une fois au cours d'une année complète. J'ai même complètement oublié la présence de l'autre gêneur.

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 22 Déc 2015 06:04 
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Localisation: Derrière Cromax
Tandis que suivant l'indication de la Reine, Hrist engageait ses premiers pas sur le sentier glacé, elle eut immédiatement la nette impression que tout autour d'elle semblait la dépasser totalement. Il y régnait une puissance imperceptible, grandiose et manifeste. Ce petit chemin sur lequel elle s'aventurait la menait à son insu à une véritable débauche de souvenirs.

Autour de la femme il n'y eut bientôt plus qu'un paisible manteau blanc qui faisait ployer sous sa robe vierge et pure les branchages les plus solides. Dans cet habit hivernal où le froid et la glace se faisaient maîtres, Hrist sentit alors sa tenue s'épaissir par magie pour la protéger des assauts répétés du vent mais ne fut d'aucun secours contre la neige épaisse qui lui montait jusqu'aux genoux et ralentissait considérablement son avancée.

« Hey... J'ai lu un poème un jour à ce sujet. »

« Au sujet de ? La neige ? »
« Oui, la neige. Dans un petit village. »
« En même temps, c'est pas ça qui manque. Il y a toujours quelque part un péquenaud pour écrire un poème quand il voit de la neige, un coucher de soleil ou encore la pluie. Faut pas oublier que la poésie c'est quand même le dernier art visité par le type au plus profond de l'ennui. »


La tueuse continua son bout de chemin jusqu'à ce que le sentier ne débouche à l'orée d'une jolie clairière. Une fois l'orée franchie, le vent se faisait plus cinglant. Les mèches de cheveux lui collaient à la figure malgré ses gestes répétés pour se dégager la vue. A ses oreilles, il semblait y résonner un murmure, un son, une voix lointaine apportée par un écho indicible. Elle avait d'abord l'impression qu'il s'agissait d'une Sylphe mais l'idée quitta d'elle même son esprit lorsqu'elle vit que les alentours étaient vides. Il n'y avait rien d'autre que la neige lourde de diaphane.

Au carrefour de ce chemin tors,
Hrist était seule comme la mort.

Jusqu'à ce que. La clairière était dessinée autour d'un point d'eau gelée lui même couronné par un rocher devenu blanc et luisant de givre. La végétation elle aussi avait succombé au froid, il y avait quelques roseaux qui faisaient danser leur tige sous le vent, les pieds prisonniers dans l'eau glacée. Un murmure semblait l'appeler mais elle ne le comprit pas immédiatement. Pas tout de suite. Songeant d'abord à un coup de fatigue qui lui ferait monter à la tête des hallucinations, elle comprit cependant qu'il ne s'agissait plus d'un rêve. Non, il y avait bien quelqu'un ou quelque chose qui parlait mais elle ne vit la source de cette voix éthérée que lorsqu'une bourrasque plus puissante que ses semblables ne fit se lever alors le manteau de neige pour finalement la faire retomber comme une fine pluie étoilée. Elysian était magnifique, pure, sauvage, elle dévoilait à Hrist un monde riche de merveilles. Cependant, la femme n'était pas dupe, pour chaque merveille, elle savait qu'une horreur se terrait quelque part. Lorsque le dernier flocon de neige retomba sur son tapis blanc, une ombre se dressa au milieu de ce tableau fantastique.

Un frisson traversa son corps et vint secouer sa poitrine. Bien que le vent ne cessa un instant de la harceler en fouettant son visage de ses nombreuses rafales, Hrist avait vu quelque chose de familier. Cette ombre qui venait de se dresser, sortie du néant. Cette forme qui approchait, toute chassée des enfers auquel elle appartenait... Cette démarche gracile, langoureuse et délicate. Une Sindel.

Que ce monde cache quelque chose de terrible se voyait dans le ciel et à l'horizon, dissimulé sous mille dangers et autant de menaces, on le lisait dans ce paysage comme dans un livre. Cette Sindel était très belle, mais il y avait plus inquiétant. Elle avait un physique doux d'adolescente, un visage pâle que le froid semblait autoriser mais dans sa magnificence, il y avait quelque chose de chat. Quelque chose dans le nez peut-être, et dans les oreilles, et dans l'efflanqué mais dans le coup de patte et la démarche aussi. Mais avant tout, dans le regard.

Ce quelque chose, c'est la férocité.

Hrist recula d'un pas, posant doucement une arme sur sa lame, prête à s'armer au moindre danger mais cette femme en face d'elle ne semblait pas vindicative. Elle approchait d'un pas léger, traversant la clairière sous une petite brume qui flottait là, légère, depuis que le vent cessa ses tourments.

La Sindel aux yeux verts tendit la main vers Hrist. Une petite main aux doigts fins, la nouvelle venue était haute comme elle, pas plus large, le même âge que Hrist, brune comme un monolithe avec un regard pur de parfaite salope et un éternel printemps sur toute la peau et ces yeux... Ces yeux d'un vert qui rappelait celui du lierre.
A son tour, la Frémissante tendit la main et leurs doigts s'effleurèrent.

« C'est comme se regarder dans un miroir... » Elle baissa le regard, les yeux flanqués sur la neige, visiblement gênée, Hrist ajouta un petit mot à voix basse, presque murmuré de peur qu'il ne soit vraiment entendu. « Silmeria. »


Le monde sembla alors se déformer, comme lorsque Hrist fut aspirée par le fluide magique à Tulorim. Quelque chose vibra dans l'air, quelque chose de puissant puisque tout semblait être capturé dans un immense kaléidoscope qui modifia ses sens. Devant elle, se tenait deux ombres à forme humaine. Il était impossible d'en décerner le moindre visage ni même déterminer s'il s'aissait là d'homme ou de femme. Puis les ombres parlèrent.

« Silmeria ! »
« Allons. Debout. Lève toi. Dépêche-toi, le garde vient de se lever. Il te faut partir, vite ! »


Hrist comprit immédiatement. Ses débuts. Silmeria et elle, toutes deux dans le même corps à l'époque où elles vivaient encore en harmonie. S'en suivit un festival d'ombres et de mouvements si rapides qu'il devenait impossible de comprendre quoique ce soit et tout fut fini. Elles retournèrent dans ce paysage gelé un instant avant qu'une fois encore, tout recommença.

Le paysage se tordit et refléta alors une autre ombre, celle de Silmeria ou de son corps, car l'époque de ce souvenir ramenait Hrist à la prise du domaine de Keresztur, aux alentours de Bouhen. A cette époque, et elle s'en souvenait bien, elle avait reçu pour ordre de dresser une tour de garde à un endroit bien précis afin de prévenir les attaques de Garzoks menées à l'époque par les nombreuses troupes d'Oaxaca.

Les ombres qui apparaissaient prirent un peu de couleur bien qu'elles ne furent qu'en ton sépia triste comme un soleil morne.

A cette époque, la nuit tombait. Et Hrist s'en souvenait bien, d'ailleurs, ça valait mieux tant le climat était épouvantable et le spectacle déplaisant. Des trombes d'eau s'abattaient sur les restes piteux et fumants d'un monumental chantier. De toute évidence, on avait voulu construire une tour et de toute évidence encore, on avait pas réussi. Des corps étaient coincés sous les étais que les tonnes de pierre taillée, en basculant à cause de la pluie et de la terre humide, avait brisé comme des fétus de paille. De la boue, du sang, des morceaux de cadavres et des pierres brisées roulaient et coulaient jusqu'au cours d'eau qui bouillonnait plus loin.

La pluie cousait dans le ciel bas à la terre détrempée en points serrés et assise là, l'ombre de Hrist, assise avait l'air furieuse.

Assise, détrempée, elle avait la tête enfoncée dans les épaules, les bras croisés, elle contemplait l'étendue du désastre. Elle grattait son petit nez droit entre ses sourcils froncés qui couronnait des yeux fatigués. Si sa mémoire était bonne, l'image que l'Esprit lui envoyait remontait à quelques années. Silmeria avait hérité légalement d'un château aux alentours de Bouhen et de quelques terres. Certes, ce présent n'était pas tombé du ciel, il avait bien fallu que quelqu'un y passe, mais la pauvre Silmeria n'y était pour rien. Hrist non plus, du moins, cette fois.

Selon Hrist, ce souvenir du passé marquait la cinquième année de sa Baronnie, un peu avant sa chute. La femme avait passé ces cinq ans à lutter contre des Garzoks, des voleurs, des pirates, des barbares et même contre des complots de guilde. Et en récompense ? Elle trouvait encore plus de Garzoks, de voleurs, de pirates et de mignons des guildes marchandes prêt à se dresser contre elle, l'insulte à la bouche, le fiel au ventre et les armes au poing. Et pourquoi ? Pour un pays de paysans dégénérés et consanguins qui pataugeaient dans la bouse de jour comme de nuit, un pays si humide qu'il était impossible de ne pas croiser une grenouille à chaque mètre, un pays où il fallait essorer ses habits avant de les enfiler, un pays liquéfié, un nid à rhumatisme et à emmerde.

Et Hrist en avait par dessus la tête de cette mare surpeuplée de paysans malsains qui radotaient qu'elle n'était qu'une salope d'usurpatrice. Encore une fois, ni elle ni Silmeria n'y était pour quelque chose, sachant que la dernière Baronne avait constaté à ses dépends que ses gardes du corps n'étaient pas fiables. La guilde des marchands avait offert une coquette somme au premier garde venu qui lui mettrait de la ferraille dans le dos. De toutes façons, faire confiance à sa garde était un luxe que Hrist s'était refusé.

La débauche de souvenirs s'arrêta un instant. Silmeria lui murmura doucement :
« Te souviens-tu de ta promesse ? »

Hrist se senti cuite et s'en mordit les lèvres.


Un autre scénario apparu. Il s'agissait là d'une scène de tous les jours, la femme était assise devant un feu en caressant la tête d'Hector, le molosse qu'elle avait pris d'affection à cette époque. C'était un des derniers soirs à Keresztur. L'armée de Kendra Kâr devait déjà être en marche. L'ombre éthérée pestait ce qu'elle avait de plus vulgaire à dire tout en jetant des bouts de viande fumée à son chien.
Hrist ne connaissait pas encore à cette époque le sens du « Botulisme » mais elle savait que les viandes mal fumées jouaient souvent le rôle de la Garde rapprochée dans les histoires douteuses de succession.
Enfoncée dans une grosse chaise aux coussins épais, le spectre de Hrist avait une mine confite devant un feu ronflant, d'un œil elle observait la garde à la porte tout en ruminant son fiel.

« J'ai quand même l'impression que le peuple à oublié que j'ai gagné ma place de façon légitime. Cette petite beuverie pour célébrer tout ça m'a coûté assez cher en viande et en vin pour que je n'oublie pas, moi. »
Silmeria lui répondait d'une voix douce :
« Le peuple gronde. »
« Foutaise ! Calomnie. Le peuple n'a pas à gronder. Le peuple à la protection, des gardes dans les villes pour les protéger. A quand remonte le dernier saccage orchestré par des voleurs ? A... Longtemps ! Non. Le peuple râle parce qu'il a faim. La pluie a noyé les récoltes. »

Il était vrai qu'à cette époque, lorsque Hrist entendait « Le peuple gronde » elle comprenait « Le crétin de fil de ce connard de marchand affilié à cette guilde de merde est en âge de dire des conneries. » Ou de répéter celles de son père mais c'était du pareil au même.

« Pourtant tu t'es vue gratifier d'un nouveau surnom... »
« Félonne... Félonne. Non mais écoutez moi ces traînes lattes. Tout ça parce que j'ai fait égorger douze de ces membres de la guilde des marchands. Bon... Certes... Ils étaient mes hôtes. Et endormis. Et avec leurs femmes et enfants. Un détail. Mais au moins c'était propre et rapide ! Et ce que le peuple ne dit pas, c'est combien de goûteurs sont restés sur le carreau pendant que les marchands me faisaient des courbettes. Six. Non, cinq, un a pu en réchapper. Aveugle, le pauvre. Que quelqu'un cherche à empoisonner sa maîtresse, pourquoi pas, c'est un genre. Mais le faire avec de l’élixir d'entrailles de furet engraissé à la ciguë... Un travail d'amateur, un poison minable qui te fait passer par tous les affres du monde avant de te rater. Au moins, moi, j'avais le sens du travail bien fait. » L'ombre, de rage jeta sa coupe dans les flammes, arrachant au chien un couinement de peur avant que le tableau, un fois encore, ne sombre dans le néant, laissant devant les yeux larmoyants de Hrist le reflet d'elle même. Silmeria.

Sa jumelle n'avait pas bougé, leurs doigts s'effleuraient toujours.

« En tout cas, moi, je m'en souviens, de cette promesse. »

La clairière ressembla de nouveau à Bouhen. A la porte d'un chalet de bois, Hrist et sa garde firent entrer des dizaines de malades, d'infirmes et de mendiants. Tous se précipitaient pour se protéger du froid. La Baronne avait fait courir le bruit qu'un grand festin attendrait à l'intérieur et que pour la grandeur de Bouhen, elle s'arrangerait que plus jamais, ils ne manquent de rien. Ce qu'elle fit. Lorsque le dernier mendiant fut entré, elle ordonna que les portes soient fermées et le chalet incendié. Hrist avait accompli là son dernier méfait, là où la cruauté de son acte se heurtait à sa philosophie, comme quoi ils ne manquaient maintenant plus de rien.

A sa manière, la Frémissante avait libéré les infirmes et les malades de leur triste condition. A sa manière, elle avait aussi brisé l'admiration de sa bien aimée Silmeria.

Hrist quitta les alentours du chalet en flammes, phénomène contagieux en terrain boisé qui ne tarda pas à se répandre aux granges, fermes et maisons que les paysans du coin s'acharnaient désespérément à sauver. Lorsqu'ils y parvinrent, très logiquement, la vie reprit son cour et les paysans se mirent en quête de quelqu'un sur qui passer leurs nerfs. La fin, tout le monde la connaissait par cœur : les villageois allaient s'en prendre au premier étranger du coin, le flanquer sur un bûcher, le faire cramer, picoler pour fêter ça et lorsque le bûcher aura à son tour fait flamber la moitié du paysage, la garde viendrait pour châtier sévèrement les coupables et il y aurait un village de plus à l'abandon.

C'est là que le lien qui unissait Hrist et Silmeria fut brisé. Cette promesse, c'était un beau soir, au port de Tulorim lorsque Silmeria, épuisée des murmures de Hrist, avait préféré se laisser noyer dans l'onde opaline de la mer. Hrist sauva la Sindel in-extremis et lui adressa la promesse solennelle de la protéger de ses démons, même les plus noirs pour faire d'elle une des femmes les plus puissantes en ce monde.

A sa façon, Hrist tint parole, à sa façon aussi, son échec fut lamentable.

Alors que la Frémissante rentrait au domaine, elle et sa garde croisèrent une rixe. Il s'agissait du bossu du coin. Un homme qui vivait en autarcie, loin des villages dans une petite clairière peu prospère où il se nourrissait essentiellement de champignon et d'eau de pluie. Passait encore qu'il soit bossu, borgne, chauve petit et boiteux, mais en plus il était roux.

Ca, ça faisait des lustres que le village des alentours avait décider de le lui faire payer sitôt que la bonne occasion se présenterait. Plus tôt encore, le bossu essayait de lutter contre les flammes qui ravageaient sa tente et sa paillasse en martelant les braises ardentes avec un bouquet de fougères. C'est à ce moment qu'une quinzaine de paysans furieux lui tombèrent dessus en braillant des propos inconvenant et le martelaient à son tour à gourdin raccourcis.

De peur, il parvint à en renverser deux et à mordre la main d'un troisième mais rapidement, écrasé sous le nombre et la fureur de ses assaillants, il tomba dans un bruit de sanglier mal tué. Il fut ficelé et traîné jusqu'au vieil arbre dont les branches protégeaient sa cahute en peau de la pluie. C'est là que les paysans commencèrent à frapper le briquet pour brûler le bossu. C'est là aussi que le regard borgne du pauvre homme croisa celui de Hrist qui assistait à la scène de plus loin. L'oeil unique s'illumina et il afficha un sourire ahuri propre à celui qui voyait une aide venue du ciel. Il n'en était rien. Hrist observa, simplement. Certes, il aurait été facile d'ordonner à quelques gardes de disperser les enragés en leur faisant tâter de l'épée et du fer de lance, d'offrir à ce triste garçon quelques pièces pour qu'il puisse s'offrir un bon repas chaud et un abri plus confortable. Mais elle n'en fit rien.

Bientôt, il n'y avait plus que des flammes et le roux cessa de crier pour crépiter. Les villageois jetèrent quelques affaires du cadavre dans les flammes pour finir de ricaner et s'en allèrent vérifier que la taverne et que leurs bicoques n'étaient pas parties en fumée. Nulle colère de la Baronne, juste de l'indifférence.

« C'est ce jour là que j'ai vu à quel point la vie t'importait peu. Si peu. Et c'est ce jour là que j'ai cessé de craindre le mal de l'extérieur lorsque je compris qu'il résidait en moi. Le mal intérieur. Le mal qui existe...

Le mal existe. Le mal existe.
Il m'a donné le goût des choses tristes.
Pour le sang, la mort, les endroits sinistres. »



Ces vers se répétaient alors aux oreilles de la Sindel. Sans s'en rendre compte, totalement absorbée qu'elle était par les vestiges du passé, Silmeria s'était approché d'elle. Les yeux dans les yeux, les femmes n'étaient qu'à quelques centimètres l'une de l'autre.

« Il y a quelque chose d'autre que je veux te faire voir. »

Son estomac se noua et son équilibre tenait de la banquise en plein cagnard. Hrist fut plongée dans un autre passé, un passé qu'elle s'était efforcée d'oublier. La dernière rencontre de la Frémissante et de la Douce, avec la fin qu'elle connaissait.

On y voyait Silmeria qui s'entraînait avec les Samouraïs et le murmure de l'Oracle d'Oranan qui mentionnait sans cesse un affrontement ultime. Silmeria se savait traquée à cette époque et cherchait un endroit où couler une vie tranquille, loin de toute menace. Mais elle avait ce triste héritage, une séparation brutale suite à sa mort où Hrist avait trouvé un autre hôte et avait décidé de ne pas lui pardonner cette trahison. Hrist, c'était elle, l'ombre qui alourdissait les couleurs sépias des reflets du passé.

Il y avait Ayria, Silmeria et les gens d'Oranan qui n'avaient la forme que d'ombre, pas de visage, ils n'étaient que des ombres, des formes spectrales à peine soignées qui erraient sans but. Ce jour là, Hrist empoisonna les pommes qu'Ayria vendait au marché. Ayria était la jeune femme qui avait offert à Silmeria une seconde chance, une nouvelle vie loin de tout pêché. Lorsque les Samouraïs découvrirent que des enfants venaient de mourir après avoir croqué dans les pommes qu'Ayria cultivait, la jeune femme fut exécutée sur le champ devant les yeux ahuris de Silmeria.
Hrist ne se souvenait plus comment sa Jumelle avait pu échapper aux Samouraïs, mais elle l'avait trouvée blessée et affaiblie abritée sous un vieux chêne dans la forêt d'Ynorie. C'est là que la Frémissante avait traqué la Douce sans pitié.

« Regardez donc qui gît dans la boue... »

« Tu m'as manquée... Silmeria. »

Sa propre voix résonnait dans le néant. Sous ce déluge d'émotions appartenant au passé, Hrist commença à se sentir chancelante. Quelque chose agitait sa poitrine et sciait ses nerfs. Du bout de son bras, ses doigts se mirent à trembler.

Les ombres se chassèrent, se blessèrent et s'insultaient avec véhémence. Un combat acharné où Hrist avait sans pitié ni compassion profité de la faiblesse de Silmeria pour la torturer. Sous le ciel étoilé de la forêt, les deux femmes s'étaient vouée une haine sans égal. Un fiel épais et sombre, corrompu qui chassa l'amour qui liait les deux femmes pour le convertir en une aversion néfaste. Hrist ploya et un de ses genoux s'enfonça dans la neige. Silmeria n'avait pas lâché sa main. Aujourd'hui, face à ses souvenirs, la tueuse aux yeux de violette s'agenouillait devant la Douce Sindel. Son regard ne changeait pas, elle avait une expression indifférente encore plus violente que si elle avait affiché de la colère.

Hrist se mordit la lèvre et se dit : 
(« Je l'ai connue râleuse, geignarde, ulcérée mais jamais aussi insaisissable. »)

Les doigts de Silmeria se serrèrent un peu autour de ceux de Hrist et les souvenirs continuèrent d'affluer.

Le double éthéré de Silmeria prenait la fuite avant de tomber sur une patrouille de trois Garzoks. Trois solides soldats en armes qui s'amusèrent de voir une telle proie tomber sur eux. Hrist à des années du frisson de cette chasse se rendit compte à quel point Silmeria s'était sentie seule et impuissante. Comme le jour où elle avait voulu se laisser couler dans les flots, ce jour où elle voulait chasser le mal et où elle avait revécu, un peu comme une seconde naissance qui s'achevait cette nuit où elle était cette fois chassée par le mal qui fut un jour la sauva.

Le double de Hrist interpella les Garzoks en ordonnant qu'ils laissent la jeune femme partir, elle voulait sa proie pour elle seule et tandis qu'un des soldats hilares s'approchait de Hrist pour la découper, Silmeria prit de nouveau la fuite pour être suivie quelques secondes plus tard par Hrist qui laissa derrière elle trois cadavres ensanglantés et un sillage d'aura noir. Un aura d'un noir venu droit des enfers.


« Te souviens-tu enfin ? Quels ont été tes derniers mots ? »

Apparu à côté des deux femmes le double respectif de celle-ci. Hrist était à genoux devant Silmeria et leurs doubles éthérés représentait l'exacte envers du miroir. Silmeria à genoux devant Hrist. La Douce blessée, prête à abandonner le combat alors que la voix cinglante de la Frémissante lançait, moqueur :

« La mort n'est jamais un hôte très bien venu. »

S'en suivit le dernier coup, Silmeria perdit la vie et Hrist la sienne, dans un hoquet surpris, la prédatrice se fit crever le cœur par l'aiguille d'argent de Silmeria au même moment que sa lame entaillait la gorge de la Douce.

Toutes deux moururent cette jolie nuit d'hiver, sous une lune ronde et pleine qui reflétait son éclat morne sur la flaque de sang des deux sœurs Jumelles.

« Tu avais juré de me protéger. »

Hrist ravala un sanglot et sa morve en se relevant maladroitement, hésitant à croiser le regard de Silmeria.
« Je.. Je me sens coupable. Mais coupable... »
« La culpabilité n'est elle pas pour toi qu'une responsabilité qui a mal tourné ? »
« Quand même... » Murmura Hrist l'oeil humide et la bouche bilieuse.  « Je... Enfin ce n'est pas comme si ces... Vestiges du passé, cette reconstitution minutieuse de nos plus grands échecs... Ce n'est pas comme si ça pouvait te.. Faire revenir. » Lâcha-t-elle non sans mal.

« Je ne sais pas. » murmura Silmeria avec une voix inhabituellement douce.
« C'est comme si ma mort était une énigme que je cherchais sans fin à résoudre. »

Hrist fondit en larmes, la gorge gonflée de tristesse. Il faisait froid et humide dans cette clairière. Le soleil absent jetait sans enthousiasme ses rayons pâles qui traînaient à ras de terre. Les branches vernies par le gel portait un manteau luisant de neige fraiche et pure. C'était dans ce petit paradis, froid comme la solitude que Hrist faisait face à un douloureux souvenir. Elle en avait perdu ses mots, le plaisir de la traque s'était estompé, elle qui avait estimé que de s'opposer à Silmeria eut été là son plus grand combat, aujourd'hui n'en était plus si sûre.

(« Bon... Tu voulais savoir à quoi ressemblait l'esprit du vent ? Bin visiblement il a un sens de l'humour très approximatif.)
(« L'important... Ce n'est pas la façon dont on tient... Mais de tenir. ») Hrist avait une notion très poussée de l'expression qui disait que la fin justifiait les moyens. Elle avait eu ses moments de nostalgie dans une vie bien remplie et les rares fois où elle repensait à Silmeria, il y avait quelque chose, un souvenir de ces propos naïf, quelque chose dans son regard d'andouille parfaite ; Dans sa démarche, ses mimiques.

Ce quelque chose, c'est la tendresse.

(« J'ai parlé une fois de cette histoire... Un soir où j'avais bu un Shu-Shen particulièrement traître. On m'a dit plein de choses. Le genre de chose frappée de bon sens et qui sont horriblement irritantes. »)
(« Je m'en souviens. »)
(« Comme quoi... Par exemple, quand on perd quelqu'un, il ne faut pas pleurer de l'avoir perdu mais se réjouir de l'avoir connu. »)
(« Fantastique ! ») Grinça Cèles. (« J'imagine que les hululements de joie ne sont pas obligatoires ? »)
(« Moui... ») Concéda Hrist la gorge tremblante. (« J'imagine que ce lot de contradiction s'y retrouve bien quelque part, mais... J'ai trop de chagrin. »)
(« Tu sais... Ma vieille. La mort c'est pas le problème. C'est qu'elle continue à être morte. Dans cent ans on pourra demander « Et comment va Sissi ? Ah, bin, toujours morte. » Faut dire que la mort, c'est long ! »)

Selon Cèles, la condition mortelle ne semblait pas enviable mais elle trouvait que ses ressortissants s'y soumettaient d'ordinaire avec bonne grâce. Il n'y avait que les Faeras et les imbéciles pour ne pas s'en soucier. Hrist était rongée par la culpabilité.

Cette Clairière avait de plus en plus des allures de cimetière. Toutes les ombres qui appartenaient au passé avaient été retirée minutieusement de ses souvenirs éventrés et dispersés là, autour d'elle. Errante en mal d'horreur, Hrist avait accepté de tous les regardes naïvement là où autrefois, elle aurait détourné le regard. Retombant à genoux, elle ferma les poings et cogna la terre enneigée maudissant ce jour en mordant ses lèvres rougies par le froid. Ayant lâché la main de Silmeria, Hrist poussa son fardeau, Sisyphe du chagrin, sur la pente raide qui s'offrait à elle. « Ne pas lâcher... » murmura-t-elle pour se donner du courage.

Affronter son passé n'est pas chose facile, surtout lorsque l'image qu'il renvoi est celle de sa propre mort. Sans s'en rendre compte, Hrist était morte depuis que Silmeria n'était plus. Mais il ne s'agissait pas de Silmeria.

Le vent moqueur faisait danser ses cheveux et claquait ses vêtements et sa robe contre sa peau dure de froid.

« Tout à l'heure... Je parlais de poésie. » Dit-elle doucement tandis qu'elle se relevait. La mâchoire serrée, elle marmonnait un « Comment oses-tu... » venimeux mais le ravala bien vite. Rien ne servait de se mesurer à un esprit élémentaire surtout lorsqu'on vient pour quémander quelque chose. Hrist ravala sa fierté et toute sa hargne et en frôla l'indigestion. Elle recommença, d'une voix plus ferme, les yeux rivés dans ceux de Silmeria :

« J'ai lu un poème, sur la mort il y a longtemps mais je crois me souvenir de quelques uns de ses vers. »

Elle dit d'un ton un peu plus ferme :

« Notre belle amitié
A trouvé une fin,
Aujourd'hui enterrée
Dans ce somptueux jardin.
Les grandes funérailles,
Me laissent sans secours.
T'enfermant pour toujours,
Derrière ce grand portail. »


Elle s'approcha de Silmeria en se disant non sans un soupçon de honte.
(« Voilà que je me fais berner par un homoncule. »)

Elle manqua de s'étouffer dans sa morve alors qu'elle voulait se redonner un peu d'assurance et lança d'un ton un rien caustique :
« Ta curiosité est-elle satisfaite, Esprit ? Tu as trouvé là un douloureux passé. Est-ce que d'avoir éclairé les geôles de mon esprit t'as apporté satisfaction ? Car tu y as trouvé là des choses qui ne devaient pas être éclairées... »

Ses yeux ne décrochèrent pas de ceux de Silmeria, attendant de voir si de nouveau elle se déguiserait en courant d'air ou si l'Esprit joueur et malicieux garderait cette apparence troublante.

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4672 mots.

_________________
La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 22 Déc 2015 11:44 
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Un court instant de silence recueilli suit le récit de mon passage aux Enfers. Là où l’instant d’avant il se faisait moqueur et mordant, l’elfe blanc aux allures de noble prend la mesure de ses paroles, et avoua que l’histoire de ses propres hauts-faits narrée à la cour kendrane n’ont eu que peu d’effet comparé à ce que je viens de raconter. Il souligne même un intérêt particulier de certains notables pour y voir paraître prochainement, afin de narrer ma propre légende, ou que sais-je encore. Je lève un sourcil amusé, avant de me mettre à la mesure de ses propos.

« Au moins les vôtres peuvent-ils les avoir de vive voix. Chaque être a des limites à son courage. Affronter les questions d’une cour sans pouvoir sortir mes lames est la mienne, et en ça vous me surpassez largement. Cela dit, si c’est ce qu’ils veulent entendre, et si vous croyez que ça peut renforcer l’excitation de votre propre présence en leur sein, évoquez-leur ces hauts-faits qui sont miens. »

Je laisse échapper un petit rire clair. Tout ça me dépasse, en vérité, et je trouve mes propres propos ridicules, même si je les sais fondés. Ces emplumés du derche se complaisent à vivre leur vie via celle des autres, s’imaginant sur les chemins alors qu’ils ne font qu’user leurs culottes sur les velours des palais, s’engraissant en pensant vivre par l’imagination des aventures épiques mettant en scène des héros légendaires et de grandes batailles ou quêtes complexes, alors qu’ils ne bougent pas d’un pouce leur cul bouffi vissé sur un siège dans des habits d’apparat. Je ne me vois vraiment pas fricoter avec ce monde, avec ce type d’individus, dont Faëlis le maniéré doit incarner l’idéal, très certainement. Homme d’action, je m’ennuierais vite, au sein de la noblesse. Aussi, cette épreuve de les affronter, je ne la laisserais me traverser qu’en dernier recours, si le besoin d’une mission s’en fait sentir, comme ici sur Elysian, où je devrai être confronté aux cours humaines, aux intrigues politiques des divers peuples et cités. Je tourne le regard vers Faëlis, occasionnant un sourire fataliste.

« Je ne pourrai toujours y couper, j’en suis conscient. Des mécènes idéologiques sont parfois nécessaires, lorsqu’ils sont puissants politiquement parlant. Mais je n’y trouverais que peu d’amusement, et sur une trop courte période. Si un jour, je devais tomber dans cette harde de loups, sauriez-vous me servir de guide ? »

Non pas que ça me fasse peur, mais… Je me sais enclin à des maladresses, dans ce genre d’environnement. Je suis trop franc, trop direct. Un être étant habitué aux entourloupes de cour me serait alors de la plus grande utilité.

Leykhsa, elle, reste interdite un instant à la suite de mon propos. Admirative tant du récit que de la lame, je peux voir l’émotion briller dans ses yeux en amande. Cependant, ses premières paroles sont déçues et consternées de mon refus de lui indiquer l’emplacement de la porte des Enfers. Elle ne semble pas comprendre le danger. Fanatique, elle souhaite prendre tous les risques pour s’y rendre tout de même, dusse-t-elle le trouver d’elle-même. Secouant la tête d’un air grave, je soupire de fatalité.

« Je ne comprends pas que l’on veuille le rencontrer, en vérité, quand bien même on le vénèrerait. Les temples n’ont-ils pas, pour les fervents religieux, ce rôle de relais de la présence et de la parole divine ? Un moyen bien plus simple et sécurisant de le contacter, sans aucun doute, si tel est votre souhait le plus cher. Car d’autre moyen d’y parvenir, il n’y en a guère à ma connaissance, à part le plus évident ; la mort. »

Je laisse ce mot percuter dans son esprit. Elle ne peut être si fugitive de sa propre vie. Elle doit prendre conscience du danger. Je poursuis.

« Et si vous vous lancez dans une telle expédition, que vous sachiez ou non l’emplacement de ces portes, elle risque à tout instant de vous cueillir. Avant-même que vous ayez réussi à les atteindre. »

Je me frotte le menton, ne sachant comment me faire comprendre. Et je décide de lui expliquer.

« Voyez-vous, le rapport de notre exploration du continent sauvage de Verloa, où elles demeurent, s’est soldé par une conclusion tranchante : ces îles sont trop dangereuses pour y monter une quelconque colonie. Les êtres qui s’y présenteraient se feraient dévorer par les créatures sauvages dangereuses, ou se feraient piétiner par les plus anciens résidents des lieux, des dragons élémentaires à la force impressionnante, capable de faire exploser des volcans d’un simple battement d’aile. »

Rien que le souvenir de cette nuée ardente fonçant droit sur nous me fait frémir. La patte de ce dragon d’eau menaçant d’écraser ma tête comme un vulgaire grain de raisin… J’ai tellement eu d’occasions de mourir, lors de ce périple, alors que nous étions en groupe. Des puissants, même, y ont perdu la vie, absorbés dans de sombres marécages, à l’instar de ce valeureux Andélys dont nous avons fini par sauver l’âme.

« Et quand bien même y survivriez-vous, vous infiltrant entre les garzoks qu’Oaxaca avait à l’époque envoyé en nombre sous le commandement d’un monstre de haine et de cruauté nommé Crimson, comment parviendriez-vous, seule, à vous frayer un chemin jusqu’à lui, au sein des abysses infernales ? Toute magie y est inexistante, et les ennemis sont légions. Votre admiration vaut-elle vraiment votre sacrifice ? Croyez-vous que Phaïtos lui-même y trouve une quelconque fierté, ou soit compatissant de vos efforts ? C’est un Divin, demoiselle. Et il n’a cure que vous viviez ou que vous soyez morte. Qui que vous soyez, célèbres héroïne, figure de guerre notable, ou simple fidèle. »

Je ne vois pas quoi lui dire d’autre pour l’en dissuader. Une dernière chose, peut-être :

« Seule, c’est impossible. Et vous ne trouverez personne d’assez fou pour vous y accompagner sciemment. Mourir en notre monde est une chose, car les Enfers accueillent alors les âmes héroïques en son sein, leur proposant des épreuves pour une possible résurrection. Mais périr aux Enfers a de toutes autres conséquences. Vous y seriez prisonnière à jamais, rejoignant le nombre de ces créatures hantées de regret et de colère. »

La résurrection, la réincarnation. Des propos qui m’ont déjà été servis, mais auxquels j’ai toujours eu du mal à croire. Nous n’avons qu’une vie, et risquer de la perdre sous ces conditions est trop bête. Un gâchis profond. Heureusement, Pureté fait glisser le débat vers d’autres questions, concernant directement Phaïtos. Elle me demande comment il est, comment il s’exprime, quel est son caractère. Elle va même jusqu’à préciser l’imaginer cinglant et sarcastique… Je crains de la décevoir en lui répondant. Mes souvenirs de cet entretien sont assez flous, mais l’image que le divin m’a laissée n’est pas celle d’un sarcastique cassant.

« Phaïtos était plutôt… impérieux et froid. Le Seigneur incontesté de son domaine, à la fois noble et intransigeant. Il est de ceux devant qui ont s’agenouille tant par crainte que par respect. »

Pour ma part, j’étais resté debout, même si l’effet sur moi était alors identique. Divin ou non, jamais je ne m’agenouillerai devant quiconque par soumission.

« Il n’a laissé visible aucune faille de sa personnalité. Indéfectible, il s’est montré à la fois dur et juste. Et humble, pourtant, puisque du haut de son statut de divin, il a laissé des mortels discuter, négocier avec lui. »

Je décide quand même lui poser la question de ses propres motivations pour aller le voir.

« Mais quand bien même y arriveriez-vous. Que lui diriez-vous, après tant de dangers, quand vous seriez face à lui ? »

Une question qui mérite, selon moi, d’être posée. Il doit bien y avoir une raison profonde à une telle envie de rencontrer un dieu. Autre que de la pure bigoterie, de la ferveur religieuse aveugle de la part d’une égérie prête à tout pour rencontrer son idole.

[1321 mots]

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mar 22 Déc 2015 12:48 
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Pendant que Faêlis se perdait dans ses pensées, la semi-elfe admirait une épée venue du dieu des morts lui-même. Sa fascination semblait presque malsaine et Cromax ne cessait de tenter de la dissuader de chercher les enfers. Sans doute ce combat acharné finit-il par le pousser à se retrancher dans une discussion plus sobre car il revint bientôt à l'hinion, dont il vanta les talents de courtisant tout en affirmant son ignorance en la matière.

L'elfe suivait le cours de ses pensées avec un intérêt aussi surpris qu'amusé. Il semblait avoir parfaitement compris où il voulait en venir et hésitait, pesant le pour et le contre. Il est vrai qu'un homme d'action peut sembler déplacé au milieu de nobles obséquieux. Mais visiblement, il était partagé entre l'intérêt à se trouver un patron et la crainte de commettre quelques maladresses. Il poussa même à demander si l'hinion pourrait le guider ! Hé bien sa mission serait donc déjà réussie ? Pas sûr... mais au moins, s'il parvenait à maintenir cette amitié naissante, il aurait une véritable porte ouverte vers la gloire. L'ambassadeur avait décidément été bien malin...

Cela dit, il ne fallait pas oublier l’essentiel. Il fallait encore sauver ce monde. Et plus que jamais, il devrait se montrer utile afin de rentrer en bon terme sur Yuimen. L'affaire s'annonçait somme toute toujours aussi complexe, sinon plus. Mais au moins, il avait un objectif.

Faëlis sourit de la manière la plus rassurante possible :

« Je ne suis pas exempte d'erreurs moi-même. Et soyez sûr que les vôtres seront plus aisément pardonnées que les miennes. Cela dit, je serais fier de vous faire bénéficier de mon expérience là-bas. »

Il sentit alors quelque chose poindre dans le creux de son estomac. Une étrange amertume qui lui rappela qu'il se comportait fort peu loyalement. Ne jamais oublier : la perfection physique n'est rien sans la perfection de l'esprit. Il ajouta donc immédiatement :

« Mais soyons honnête : je pourrais vous guider... mais en réalité, c'est vous qui serez mon guide. Un guide vers la gloire. »

Car à bien y réfléchir, au vu de l'argent, de la célébrité et des compétences martiales de cet homme, s'il décidait de s'installer en seigneur, les royaumes se battraient probablement pour lui offrir des terres.

Pendant ce temps, Leykhsa continuait à poser des questions morbides, visiblement passionnée par le sujet du voyage en enfer et peu désireuse de parler d'autre chose. D'un certain sens, Faëlis pouvait comprendre cela, et comme Cromax tentait de lui expliquer les dangers et la mort certaine qui accompagnerait une telle entreprise, le jeune elfe eut une pensée pour des gens qu'il avait connus dans sa famille. De débauchés qui vivaient dans la violence autant que la luxure et qui y trouvaient plaisir. Il n'avait jamais compris son cousin et éternel rival, qui n'aimait rien tant que la caresse d'un fouet... et qui de son côté n'avait jamais compris que Faëlis puisse trouver un intérêt à passer la nuit avec d'autres jeunes hommes. Au fond, chacun avait sa logique, sa vie... tant que cela restait pour soi, pourquoi se le refuser ?

Il précisa sa pensée :

« Il y a une certaine noblesse à poursuivre une cause ou un idéal jusqu'au bout, Cromax. Vous aimez l'aventure et la liberté, il me semble. Leykhsa se voue à un dieu. Je ne peux comprendre moi non plus qu'on puisse adorer un dieu aussi sombre et sinistre, mais là n'est pas la question. Si elle souhaite vouer sa vie à la recherche de son dieu, au risque de la perdre, qui serions-nous pour lui retirer cette liberté ? Tant qu'elle n’entraîne pas dans la mort des innocents qui ne le souhaiteraient pas, je ne vois pas de problème. »

Puis, se tournant vers la jeune femme il ajouta :

« Cela dit, mourir en chemin n'a que peu d'utilité. Je ne peux que vous recommander la patiente, en attendant de trouver le moyen. »

Il réfléchit. Trouver les dieux... Il avait lui-même bien des questions à poser. Était-il vraiment le parangon des elfes ? Seule Yuia était à même de trancher. Et Gaïa dont il appréciait la lumière... Mais voilà qu'il se souvenait pourquoi de telles idées lui était venu : un livre qui parlait d'un lieu. Il lissa pensivement ses cheveux, tentant d'extraire des souvenirs lointains, mais le succès restait mitigé.

« Il y a peut-être un autre moyen. Je me souviens avoir lu de vieilles légendes... Vous savez sans doute qu'il est dit que Zewen, voyant les dieux élémentaires semer le chaos au début du monde, les rappela à sa demeure pour qu'ils ne se mêlent plus aux mortels. Il me semble avoir lu l'histoire de gens qui avaient rencontré les dieux. Il y avait notamment une sindel, qui avait elle aussi voyagé en enfer et qui s'était rendu en ce lieu... une île volante dont le nom m'échappe et où résideraient les dieux. Si cette histoire est vraie, il y a peut-être pour vous un moyen moins risquer de rencontrer Phaïtos. »

(((842)))

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 23 Déc 2015 16:52 
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Cromax répond d'abord à Faëlis, à propos d'une conversation qui m'échappe, car je n'avais même pas décelée son existence. Ils semblent parler de cours et de hauts faits, ce qui ne m'étonne guère de la part de l'Hinïon, qui me paraît être le candidat idéal pour s'amuser des insipides conversations de la noblesse humaine ou elfique concernant des choses qu'ils n'ont pas connues, qu'ils n'ont pas vues, dont ils n'ont pas le moindre moyen de prouver la véracité car ils préfèrent se plaindre de leurs douleurs fantômes bien assis dans une chaise en cuir et en velours que de les vivres par eux-mêmes. Un monde de lâches qui sentent leur petit cœur vibrer lorsqu'ils entendent les nouvelles épopées, parfois vraies, parfois fausses, de leur héros préféré. Je n'ai jamais mis les pieds dans de tels lieux, mais le portrait que m'en a dressé Equilibre me suffit à vouloir m'en tenir à l'écart pour le reste de mes journées.

Cromax, lui, ne semble pas particulièrement emballé par la perspective de conter ses propres exploits devant ces troupeaux d'être inutiles et insipides. Pire, l'idée lui semble particulièrement désagréable... presque anxiogène. Cette nouvelle perspective me laisse quelque peu surprise, mais mon estime de l'homme n'en est que grandie. Ainsi sous ses airs de beau parleur se cache un être peut être plus complexe qu'il n'y paraît... un être plus censé, un être refusant les codes imposés par les grands de ce monde. Je n'avais jugé que sa coquille, le prenant pour l'un de ces illustres emmerdeurs de l'acabit de Faëlis, le prenant pour un être tout aussi fade et insupportable que les nobles Kendrans ou de l'Anorfain. Je juge toujours au premier abord. Quoique je pense maintenant d'Equilibre... peut-être que ce pèlerinage était réellement une bonne idée. Me mêler aux gens, leur parler, quand bien même je ne penserais pas partager quoique ce soit d'intéressant avec eux, apprendre à les connaître pour ce qu'ils sont au lieu d'immédiatement les jeter dans l'une de mes nombreuses cases toutes prêtes, là où je range toutes les catégories d'emmerdeurs.

Emporté par un certain élan de sociabilité, je ne peux retenir quelques mots qui, de ma part, signifient un respect que je n'ai que rarement offert.

« Cromax, je vous ai méjugé. Je m'en excuse. »

La conversation retourne vite à mes préoccupations premières : Phaïtos, et comment le rencontrer. Ou plutôt pourquoi, dans un premier temps. Selon lui, les temples sont là pour défaire cette nécessité, justement. Mais les temples sont ils à même de parler au nom de leur Seigneur ? Evidemment que non, et pour preuve, les préceptes diffèrent d'un endroit à l'autre, d'un fidèle à l'autre, même. Je doute qu'un esprit aussi complet et complexe que celui d'un Dieu puisse être résumé par quelques connards réunis en cercle devant une statue.

« Disons que je ne suis pas très en phase avec les temples et leurs représentants, » fais-je simplement.

Le Sindel n'est toujours pas très à l'aise avec l'idée de m'informer de cette porte menant aux Enfers. Il me met d'abord en garde contre l'île, dont il a lui-même à peine réchappé, contre ses dragons, contre Oaxaca, qui aurait envoyé une horde de garzoks sur le continent... Il me prévient que la mort risque de frapper à chaque instant de mon périple si d'aventures j'y mettais les pieds. Il me prévient également que la mort sera définitive si elle me frappe alors que je suis déjà aux Enfers, quand elle pourrait n'être que provisoire si elle survenait sur Yuimen. Et il me prévient que Phaïtos n'en aura cure si je viens à disparaître. En tant que Divin, que je sois héroïne ou paysanne, Grande Prêtresse ou simple fidèle, effectivement, il nous voit tous comme de simples mortels, des âmes qui viendront un jour peupler son domaine.

Il me parle ensuite de Phaïtos lui-même. Evidemment, il n'est pas cinglant et sarcastique, mais peu m'importe, ce n'était là qu'une supposition de petite fille, l'attente d'une enfant concernant son prince charmant... Mais Phaïtos n'est pas mon prince charmant, il est mon Seigneur et Maître. Cromax me dit qu'il est froid et noble, mais également juste et humble. Il ajoute qu'il est de ceux devant qui on s'incline, tant par respect que par crainte. A cette remarque, une question s'impose à moi : m'inclinerais-je, si un jour il m'est donné de croiser son illustre chemin ? Moi qui refuse de m'incliner devant la noblesse, devant la royauté... serait-ce une marque de respect de ma part que de m'aplatir devant lui, de lui réserver un traitement que je n'offre à nul autre, ou dois-je au contraire, devant lui plus que quiconque, respecter mes idéaux et mes principes en le regardant droit dans les yeux, sans baisser le regard ? C'est une question compliquée, presque philosophique, qui ne trouvera certainement jamais de réponse définitive et logique dans la théorie. C'est une question à laquelle je devrai répondre le jour où je serai devant lui, si devant lui j'arrive de mon vivant. Une question à laquelle je devrai répondre par mon instinct et mes tripes et non par une analyse ridicule.

Après son monologue, Cromax m'interroge. Il veut savoir ce que je compte lui dire. Pourquoi, en somme, est-ce que je veux le rencontrer, le voir en personne, pour lui dire quoi ? C'est une question compliquée à laquelle je ne suis pas certaine de pouvoir fournir une réponse convenable. Je commence prudemment, sans réellement savoir à quel point je compte lui en dire.

« Les raisons de mon désir sont multiples... j'aurais tant à lui dire, à lui demander. »

Mes raisons sont multiples, oui... Il y a la dévotion, tout d'abord, le fait de le rencontrer en chair et en os, de voir de mes yeux ce qui a été refusé à l'énorme majorité de tous ses fidèles... c'était là la principale raison il y a peu, je crois. Maintenant c'est plus compliqué.

« Mais pour faire simple, disons qu'il est le seul à pouvoir répondre à bon nombre des questions que je me pose. »

Je baisse les yeux, pensive, alors que mes lèvres murmurent mécaniquement le nom de ma sœur ; « Ilynia ». Je relève subitement la tête, confuse. M'a-t-on entendu ? Je me gifle mentalement, coupant court au léger stress m'ayant soudain assailli ; quand bien même m'aurait-on comprise, il en faudrait plus pour comprendre mes projets. Des projets fous, que je ne compte pas partager avec des inconnus. Que je ne compte pas partager avec quiconque, en fait. C'est bien assez idiot et surréaliste comme cela. Je reprends mes esprits et continue, répondant aux conseils de Cromax concernant ma sûreté.

« Je comprends bien que ce voyage sera extrêmement difficile et risqué, je ne compte pas m'y jeter sans plus de préparation. Je ne compte d'ailleurs pas m'y jeter du tout, si je peux l'éviter. Je ferais ce qui est en mon pouvoir pour trouver un moyen de rencontrer mon Seigneur d'une autre manière, mais si il s'avère qu'il m'est impossible de le rencontrer sans passer par Verloa, alors j'irais sans hésiter. Il y a des choses qui méritent que l'on risque sa vie. »

Derrière moi, l'elfe blanc se fait de nouveau entendre, mais pour prendre ma défense, étrangement. Enfin... à moitié. Il semble comprendre. Comprendre que certaines choses n'ont pas de prix, même celui de notre propre vie. Même s'il remet en cause le bien fondé de placer le Dieu de la Mort dans ces choses là. Il ne semble pas saisir pourquoi certaines personnes le vénèrent. Pourquoi moi je le vénère ? C'est encore une question compliquée... Par éducation, au début. Parce que c'est là ce qu'Equilibre attendait de moi. Parce qu'il ne m'était pas autorisé de ne pas le vénérer. Mais depuis bien longtemps par choix. Je n'ai pas encore décidé du sort de ma relation avec ma tutrice, mais si quelque chose survit à son éducation, ce sera sans conteste ma ferveur religieuse. Phaïtos représente la neutralité. Bien plus que cette pétasse de Brytha. Que l'on soit bon ou mauvais, que l'on prie Gaïa ou Thimoros, tôt ou tard il vient nous cueillir pour nous emmener en son Royaume... Même si on le prie lui, d'ailleurs. On peut faire tout ce que l'on veut pour tenter de lui plaire, il ne cède jamais à nos avances, il est un incorruptible et ne préfère personne, pas même ses Grands Prêtres les plus dévoués. Et de par son existence, il donne toute sa signification à la vie. S'il n'était pas, alors vivre serait vain, vide de sens... inutile, même. Il est le Dieu le plus important, à la fois régulateur de l'équilibre entre son monde et le nôtre, gardien des âmes damnées et plus fidèle allié de la vie. En fait non, ce n'était pas une question compliquée. Vénérer Phaïtos est une évidence.

Mais déjà le blondinet enchaîne sur autre chose, sur une île volante où vivraient les Dieux eux-mêmes. Ma curiosité est piqué au vif. Mon Seigneur aussi ? J'en doute, les Enfers sont son domaine, mais peut-être est-il tout de même possible de l'y voir, de l'y rencontrer.

« Une île volante sur laquelle je pourrais rencontrer Phaïtos ? Et comment s'y rend-on ? »

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 23 Déc 2015 18:21 
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À mes propos sur la noblesse, Faëlis arrache à son visage de marbre immaculé un sourire qui se voulait, sans doute, réconfortant. Il m’assure n’être pas lui-même exempt d’erreurs au sein des cours de ce monde. Nul ne l’est, en vérité. Il affirme que les miennes sauront être plus facilement pardonnées que les siennes, sans s’étendre sur cette affirmation que je trouve curieuse. Pourquoi seraient-ils plus souple avec un aventurier roturier qu’avec un éminent fils d’une famille sans doute fort connue ? Juste à cause de ma célébrité ? Je lui renvoie son sourire, alors qu’il accepte de me guider dans les faux-semblants des palais qu’il côtoie.

« Oh, vous savez, mes erreurs et mes bêtises seraient sans doute plus grosses que vous ne l’imaginez. Surtout parce que je n’aurais aucune réserve pour les commettre sans gêne. Déjà ces moments me seront désagréables, alors si en plus je dois faire attention à bien me tenir… »

Juste histoire de le prévenir, qu’il ne s’attende pas non plus à mener chez ses proches et connaissances de la haute avec un toutou bien éduqué. Sauvage et libre je suis, et tel je resterai. Nul ne me fera courber l’échine, même pour d’élégantes courbettes et révérences. Il conclut néanmoins par une nouvelle étrangeté, affirmant que je serai en réalité son guide vers la gloire. Une sorte de… faire-valoir. J’ai du mal à penser qu’on puisse me considérer comme tel, mais je réponds tout de même :

« Si tel est votre prix pour me conseiller, j’accepte volontiers le rôle. »

Même si j’espère le faire changer d’avis à cet égard. Nul être vivant ne devrait être jugé sur les actes d’un autre, qui l’accompagne. En bien ou en mal. S’il m’est associé, il restera irrémédiablement dans mon ombre, et ne sera que l’ « ami de Cromax », et non le valeureux, beau, talentueux Faëlis en personne. Je conçois que la gloire puisse attirer, moi qui suis moi-même connu et reconnu par-delà le monde. Mais à tout prix ? Je ne commente pas plus pour l’instant, laissant à plus tard la leçon de morale, et ce premier « conseil » de mon rôle de guide vers la gloriole, et laisse l’hinion s’adresser à moi concernant mes propos à la demoiselle à l’arc. Il prend, un peu inutilement, sa défense en précisant que la poursuite d’un idéal est une valeur à laquelle il adhère. Et en cela, je ne peux que m’accorder à ce qu’il dit. Mais à tout prix ? Je ne pense pas. Si Leykhsa meurt dans les Enfers, elle aura échoué, irrémédiablement, à rencontrer son dieu. Est-ce mieux d’échouer, ou de continuer à espérer trouver une occasion meilleure ? Sans nul doute le second choix, en ce qui me concerne. La témérité aveugle parce qu’on voit la carotte et pas le bâton avec lequel on peut se faire frapper, très peu pour moi. Il revient cependant dans la raison, et indique à Pureté que mourir en chemin serait plutôt malvenu, l’invitant à la patience.

La patience… Voilà une denrée rare de nos jours. Et loin de moi l’idée de juger. Comme les humains, j’ai cette tendance à vouloir tout tout de suite. À ne pas pouvoir attendre. Alors que ma nature elfique, de base, me pousse à la sapience d’une longue existence. De laquelle je ne me suis jamais approché. Et oui, je me sens fier de dire que j’ai vécu comme un humain… Mais bien plus longtemps que n’importe lequel d’entre eux. Une vie bien remplie. Trop peut-être, pour être tout à fait honnête. Mais c’est comme ça que je l’aime, cette vie. Trépidante, dans le feu de l’action. Je suis bien loin des idéaux contemplatifs de mon peuple ou de celui de Faëlis. Je réponds cependant à ce dernier sur un point qui me semble équivoque : il m’accuse vouloir priver Leykhsa de sa liberté à aller trouver son Dieu. Hors, ce n’est en rien le cas.

« J’apprécie la liberté plus que tout, effectivement. Et loin de moi de vouloir priver Leykhsa de son rêve. Je la mets juste en garde sur les dangers d’un tel projet. Libre à elle d’agir, ensuite, comme elle l’entend. Je ne l’empêcherai pas à corps défendant. Ce n’est pas mon rôle, et je ne le prendrai pas. »

Je ne la connais que peu : je ne vois aucun intérêt à aller à l’encontre de ses choix, surtout si elle se comporte comme une petite écervelée. Par chance, elle ne semble pas l’être, et commence à répondre à mes propos par des excuses qui sortent un peu de nulle part. Elle dit m’avoir méjugé. C’est honorable de le révéler, mais curieux de s’en pardonner. Je lève une main qui indique la non-nécessité de telles paroles, et explique plus avant mon geste :

« Ne vous excusez pas. C’est une erreur que l’on commet tous. Le principal, je crois, est de savoir que l’on peut être en tort, et que la première impression n’est pas toujours significative. »

Je n’oserais moi-même lui avouer ce que j’ai pensé d’elle. Et à plusieurs égards, ce que je pense toujours de l’attitude, notamment, qu’elle a eue avec Aaria, quémandant un arc de prime abord, sans raison de l’instant ni préambule digne de ce nom. Ou de ses railleries et regards mauvais, que je n’explique toujours pas. Mais elle me semble déjà moins sur la défensive, et plus sympathique et ouverte, aussi suis-je prêt à poursuivre mon effort d’aller vers elle. Et pour commencer dans cette voie, je l’écoute.

Elle annonce qu’elle n’est pas fort liée aux dévots des temples. En ça, elle me ressemble. Si un jour j’ai nié l’existence des dieux, j’ai bien dû me faire à l’idée que j’étais dans l’erreur. En revanche, je ne porte toujours aucune religion en mon cœur, et je crois sincèrement que cette mascarade de robes de prêtrise et de hiérarchie du culte est une imbécilité qui n’émeut en aucun cas les dieux. Ses suivants, soit on en est proche, soit on n’en a pas. Des mecs dont on ne connait ni le nom, ni le visage, ils doivent s’en carotter comme de notre première panade. C’est peut-être pour ça qu’elle souhaite rencontrer Phaïtos. Pour qu’il la connaisse, la reconnaisse. Je ne crois pas qu’elle ait choisi la facilité, avec ce divin-là. Plus que les autres, il ne la mettra sur aucun piédestal. Je n’ai pas menti en disant qu’il était juste et impérieux. Froid, il la laissera à ses avances sans y céder, ni même y prêter attention. Peut-être sera-t-elle satisfaite, alors, que ça n’aura rien changé pour lui. Peut-être. Les raisons exactes, en tout cas, elle semble vouloir les dissimuler derrière des banalités évidentes. Pour de nombreuses choses. Oui… Comme on va faire ses courses. Pour acheter tout un tas de truc. Mais au final, on sait qu’une seule chose compte vraiment. Que l’on souhaite tout particulièrement. Elle ne doit pas échapper à la règle, même si je doute que sa dévotion soit la raison majeure de cette entrevue.

Aussi, comme un indice laissé là par son inconscient, elle murmure un mot que je ne comprends pas, si je l’ai pourtant entendu. Ilynia. Le nom d’une personne, très certainement. Elle semble confuse, perdue dans ses pensées. Souhaite-t-elle demander à Phaïtos de sauver cette personne de la mort ? Un cadeau que le divin noir n’accordera pas si aisément, si c’est ce qu’elle espère. Mais le moment est sans doute mal choisi pour qu’elle l’évoque plus avant. Je me promets, comme pour Faëlis, d’aborder cependant plus tard le sujet avec elle.

Et c’est à cet instant que l’elfe blanc évoque une île volante où les dieux habiteraient. De fugaces souvenirs remontent à moi lorsqu’il évoque la visite d’une sindel sur ce havre divin. Lothindil, messagère de Yuimen, servante fanatique du divin de terre. Ainsi elle serait parvenue à rencontrer son dieu ? Je ne peux m’empêcher de la rallier subitement à Pureté, dans cette volonté de tout donner pour son divin. Et du fond de ma mémoire, un nom me revient.

« Nyr. Nyr’ tel Ermansi. L’île volante des elfes dorés. »

Je n’en sais que peu sur la question, en vérité, ne m’étant que peu intéressé aux questions religieuses ou divines.

« J’ignore comment s’y rendre, mais l’elfe donc vous parlez, Lothindil, saurait vous le dire. Je la connais. En te rendant dans un des Temples de Yuimen, tu pourrais la localiser aisément. Et si je t’accompagne, elle pourrait te révéler le secret pour t’y rendre. Cela te tenterait-il ? »

Sans y penser, je suis passé au tutoiement en regardant Leykhsa. Une familiarité dont, j’espère, elle ne me tiendra pas rigueur. Je préfère me sentir proche des gens avec qui je voyage. Le vouvoiement met trop de distance pour la ressentir réellement. Espérons qu’elle ne soit pas si rigide que ça sur l’étiquette.

« Quant à savoir s’il s’y trouve… je sais que de tous les divins qui y vivent, il est sûrement celui qui est le plus absent. Le seul, en vérité, qui ait un royaume à gérer, et un vrai boulot harassant, que de régner sur les Enfers. Mais sans doute doit-il s’y trouver, de temps à autre. »

Je me surprends à parler de lui comme d’un être tout à fait normal, qui retournerait dormir chez lui après une rude journée de boulot. N’est-ce pas ce qu’ils sont, au final ? Des êtres normaux simplement très puissants ? Peut-être. Il me plait de le penser, en tout cas.

[1585 mots]

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Mer 23 Déc 2015 19:01 
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Cromax, répondant à son affirmation sur les risques de commettre des erreurs, précisa sa pensée : il en commettrait presque volontairement, ne supportant pas les manières des nobles. L'hinion sourit à cela, car s'il aimait les bonnes manières, il devait bien admettre qu'elles frisaient parfois le ridicule :

« Oh, il existe des solutions : par exemple de considérer qu'adopter ces bonnes manières n'est qu'une singerie du comportement de cour. Mais nous aurons bien le temps d'y réfléchir, si vous voulez. Nous avons plus urgent à faire pour l'instant. »

Entre-temps, la jeune femme, retrouvant subitement la mémoire de sa présence, s'enquit aussitôt du moyen de se rendre sur cette île mystérieuse qu'il avait mentionnée. Mais ne comprenait-elle pas que s'il était resté si évasif, c'est parce qu'il ne se souvenait pas ?

Heureusement, Cromax vint à son secours, mentionnant le nom de l'aventurière.

« Lothindil ! C'est ça ! Elle était allé sur cette île merveilleuse ou vivraient les dieux aux côtés des ermansi, les elfes d'or qui auraient jadis apporté la civilisation. Je n'en sais pas plus. La trouver, ou trouver le récit de ses légendes, reste la meilleure solution. »

De l'avis de Cromax, cependant, Phaïtos ne devait pas souvent y être, devant aussi régner sur les enfers. À cela, Faëlis ne pouvait qu'acquiescer, même s'il grimaçait intérieurement. Autant pour lui et ses tentatives pour écarter cette obsédée de la mort d'une île mortellement dangereuse. Il tenta tout de même d'insister :

« Mieux vaut attendre un peu et rencontrer son dieu que partir sur un voyage menant immanquablement à la mort. »

Puis, regardant autour de lui, il remarqua Aamu qui attendait poliment. Ils étaient toujours dans ses appartements. La pauvre avait sans doute bien d'autres choses à faire qu'écouter des aventuriers déblatérer sur le dieu de la mort !

« Peut-être devrions-nous sortir et laisser notre hôte à son travail. Il y aura bien quelques lieux de détente dans cette ville, pour passer le temps en attendant que Hriste nous rejoigne. »

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Jeu 24 Déc 2015 18:30 
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A mes excuses, le Sindel répond d'un geste rassurant. Il ne devait même pas savoir que je le jugeais durement, et ne m'en veut donc pas. Tant que l'on sait reconnaître ses erreurs, dit-il, il n'y a pas de mal. Reconnaître ses erreurs... Surement l'une des seules qualité de vie en société dont je peux honnêtement me vanter d'avoir.

C'est Cromax qui répond aux questions que j'avais pour Faëlis. Apparemment il connaît cet île volante, ainsi que l'elfe qui y est monté pour rencontrer son Dieu. Lothindil. Encore un nom qui m'est inconnu, malgré la renommée que l'Hinïon semble lui prêter. Etait-ce une erreur de me couper ainsi de toute la culture populaire qu'apprécie tant la populace ? Il semblerait que toutes ces choses que je méprisais, dont je reniais l'utilité, peuvent en fait se révéler une source d'information parfaitement viable.

Donc cette Lothindil connaîtrait le secret pour se rendre sur l'île volante, que le Sindel nomme Nyr' tel Ermansi, et pourrait me le révéler si Cromax se trouve avec moi. Il m'offre son aide, donc, j'en suis presque... surprise. Pas presque, en fait. Pourquoi ? Par simple bonté d'âme ? J'ai rarement rencontré quelqu'un capable d'offrir son aide sans attendre autre chose en retour. Quelque chose de plus important, souvent. Mais je préfère lui laisser le bénéfice du doute : que pourrait vouloir de moi quelqu'un de si influent et puissant qu'il semble l'être ?

Seul problème, une information nouvelle m'éclaire sur l'allégeance de cette Lothindil. Si elle est montée sur l'île des elfes dorés, c'était pour y rencontrer, semble-t-il, Yuimen. Quand j'entends ce nom, mes dents grincent. Yuimen. Le "Dieu de la Vie"... paraît-il. Je prends la peine d'afficher de nouveau une mine neutre avant de répondre. Après tout, j'ai décidé de réviser mon jugement sur bon nombre de choses récemment, peut-être devrais-je m'abstenir d'avoir un avis si tranché sur un être que je n'ai jamais rencontré. Mais il est difficile de renier quarante ans d'éducation d'un simple coup de baguette magique.

"Eh bien, c'est très généreux à toi d'offrir de m'accompagner. J'accepte volontiers. Dès que nous aurons sauvé ce monde, à moins que tu aies des affaires plus urgentes à régler après cela."

Je laisse peu de doute quant au succès de notre mission, et je lance un regard entendu à Aamu alors que je lance ces paroles, comme pour lui faire comprendre que ce n'est pas dans mon intention d'échouer.

Mais Cromax semble douter de la présence permanente de Phaïtos sur cette île, ce à quoi je ne peux qu'acquiescer. Il a les Enfers à gérer, il n'a pas trop l'occasion de rester oisif sur une île volante. Mais ça vaut le coup d'essayer.

Faëlis intervient pour nous enjoindre à quitter la pièce. Il semble inquiet que l'on dérange Aamu, ce à quoi je réponds par un hochement de tête. Il est vrai que nous débattons dans son bureau, la pauvre...

"Oui, nous pouvons continuer cette conversation ailleurs."

Et, tout en prenant la direction de la porte, je m'adresse à mes deux futurs compagnons de voyage.

"Peut-être pourrions-nous chercher le terrain d'entraînement, où se trouve le général Jillian ? Ainsi nous pourrions continuer cette conversation sur le chemin, et je pourrais voir avec lui concernant un nouvel arc."

Je me sens légèrement bête d'avoir demandé un nouvel équipement alors que nous nous sommes vus confier une certaine somme d'argent, mais Aaria'Weïla ne semblait pas contre, et après tout Faëlis a eu une nouvelle épée, je suppose que je ne devrais pas être si timide. Et puis, ils pourront toujours le déduire de la récompense finale, ça ne me dérange pas.

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Merci à Dame Itsvara pour la signature


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Dim 27 Déc 2015 11:51 
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Faëlis, soucieux de bien faire malgré une apparente et ostensible indiscipline de son élève courtois, se fend d’un conseil visant à faire passer la pilule d’une présence à la cour, l’évoquant plus comme un jeu que comme un axe de vie plein de rigueur et de sérieux. Un jeu d’acteur, en l’occurrence, qui se veut sciemment culturellement mordant, parodiant les excès des cours pour s’en faire accepter. Il presse alors la conversation, l’amenant à sa fin en précisant qu’il y a plus urgent pour le moment. Il n’a pas tort. Je lui réponds néanmoins rapidement, sourire malicieux collé aux lèvres :

« Oh, tu sais, ce n’est généralement pas pour plaire aux cours, que je joue, d’habitude. »

Le tutoiement est passé aussi, tant pis si ça le choque. Je me vois mal tutoyer la demoiselle et pas ce petit elfe qui, en plus de m’être plus familier qu’elle, me semble plutôt sympathique. Elle ne semble d’ailleurs pas m’en tenir rigueur, et alors que le blanc se rappelle de plusieurs détails sur l’elfe grise dont je lui ai révélé le nom, et sa venue sur l’île des elfes dorés, Pureté accepte avec grâce, et en me renvoyant mon tutoiement sur un ton égal, que je l’accompagne pour retrouver Lothindil une fois que ceci sera terminé. Séducteur, malgré qu’elle ait montré plusieurs rebuffades sur le sujet, je me permets néanmoins une réponse édulcorée.

« Rien de plus urgent, ou le cas échéant, de plus agréable, que de venir à l’aide d’une aussi jolie jeune femme. Il faudra peut-être juste me le rappeler. Je crois déjà savoir comment la retrouver… »

Une femme aussi liée à Yuimen, tous les prêtres bigots du dieu terrestre doivent être au courant du moindre de ses déplacements. Il sera dès lors aisé de la retrouver. Du moins, si elle ne s’est pas perdue sur un nouveau continent dangereux à souhait, ou sur un monde en grand péril comme celui-ci. La connaissant un peu, ça ne m’étonnerait pas outre mesure.

Le dernier commentaire de Faëlis sonne le glas de la discussion, alors qu’il précise d’une voix de sage qu’il vaut parfois mieux attendre une occasion que de prendre imbécilement tous les risques pour obtenir un but. C’est la logique la plus élémentaire, évidemment, mais je sais mieux que quiconque que la passion nous pousse parfois à en manquer. Souvent, même. Puis, sur un ultime élan de lucidité il indique que peut-être, nous indisposons la souriante Aamu avec nos discussions malavisées en plein milieu de son bureau. Je hausse les épaules en lui jetant une œillade sympathique. Vu son esprit enthousiaste, je doute qu’elle ait déprécié écouter quelque histoire sur les héros venus de loin prêts à tout pour sauver sa nation, son peuple, son monde.

Ainsi, l’elfe blanc souhaite rejoindre des lieux de détente pour poursuivre la discussion en attendant Hrist. Leykhsa acquiesce, et précise son souhait de trouver le terrain d’entraînement pour rejoindre Jillian, afin de recevoir son nouvel arc tant attendu. Il n’est pas vraiment dans mes projets de retourner là-bas voir le général s’entraîner. J’ai un long voyage à préparer, et des au-revoir à effectuer. Aussi, je l’indique à mes compagnons.

« Je ne vous y accompagnerai pas, dans un premier temps. Je dois finaliser quelques affaires, ici, avant notre départ. Je vous rejoindrai là-bas lorsque j’aurai terminé. Et si je ne vous y trouve pas, je vous attendrai à la sortie de la cité. Je partirai, avec ou sans vous, lorsque les cieux se pareront des couleurs du crépuscule. Même si je préfèrerais votre présence à mes côtés. »

Un petit clin d’œil à mes deux nouvelles connaissances. Un peu surjoué, peut-être, pour Pureté, qui y verra une sympathique marque de rappel de nos débuts de conversation… ou une nouvelle outrance envers elle. Avant de partir de mon côté, je leur indique tout de même le chemin de la salle d’entraînement.

« Si vous ne vous y êtes jamais rendus, trouver la salle d’entraînement est assez simple. Vous pouvez passer par l’extérieur, par les jardins : un vaste terrain découvert borde celle-ci, et en facilite l’accès. »

Je me tourne vers Aamu pour signifier mon départ.

« Je vous souhaite la bonne journée, demoiselle trésorière. Merci pour tout. »

Je la salue d’un signe de tête, et quitte le bureau pour me perdre dans les couloirs. Mon objectif : trouver Ixtli. Et pour cela, je compte d’abord vérifier sa tour secrète et personnelle, m’y rendant sans plus tarder. SI elle ne s’y trouve pas, je lui laisserai un message griffonné sur sa table basse pour signifier que je suis « au bain » dans la chambre qui m’a été octroyée, et m’y rendrai sur le champs, faisant couler un bon bain pour préparer les affres du voyage dans une détente à la fois chaleureuse et paisible.

[803 mots]

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Dim 27 Déc 2015 13:13 
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La semi-elfe semblait plus calme maintenant, elle cherchait apparemment une nouvelle arme. Cromax, de son côté, après quelques commentaires égrillards, affirma préférer aller s'occuper de dernières affaires et, tandis qu'ils sortaient de chez Aamu, il leur indiqua l'emplacement du terrain d’entraînement. Le rendez-vous était pris au crépuscule. Faëlis, quelque peu amusé par ce départ précipité - était-il si anxieux d'avoir pu déranger leur hôte ? C'était peu probable – lui fit une gracieuse révérence en lançant :

« Ne nous laissez point nous languir trop longtemps de vous, doux compagnon ! »

Cependant, entendant parler des terrains d’entraînement, il dut admettre qu'il y serait bien aller, histoire de travailler un peu son maniement de l’arbalète encore imparfait. Il était regrettable de devoir se refuser un peu de détente, mais mieux valait être sûr de lui dans les jours à venir...

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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Dim 27 Déc 2015 19:31 
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Ilmatar - Clairière de Terhenetar

    Les bourrasques de vent qui agitaient la clairière s’accentuèrent et se firent plus virulentes encore, tournoyant autour d’un point situé en périphérie de la vision de Hrist. Ces vents semblèrent se concentrer jusqu’à laisser apparaître une forme, une créature de la taille d’un petit cheval, un loup à la fourrure blanche évanescente parcourue de tâches turquoises. Il possédait une marque sur le front, brillante dans la clairière assombrie. Le loup, assis sur son postérieur, observait la Sindel d’un oeil rieur, légèrement narquois.

    « Certains murmures sont portés par le vent et ta simple venue a satisfait ma curiosité, quoi que cette expérience fut des plus amusantes » entendit-elle porté par le vent sans que le loup n’agite le museau. « Bienvenue dans mon Antre, Hrist, et à toi également, Célès. Silmeria, merci d’avoir accepté mon invitation. Je suis Terhenetar, l’Esprit du Vent. »

    Il se leva et s’approcha de quelques pas des deux femmes avant de se rasseoir.

    « Certains souvenirs du passé méritent parfois d’être ravivés ou exhumés, même lorsqu’il s’agit de choses appartenant à présent à une autre réalité, » ajouta-t-il en lançant une oeillade au corps de Silmeria, avant de reporter son regard sur Hrist.

    « Quel sombre passé et obscures motivations emportes-tu avec toi sur Elysian, Femme aux Deux Vies. Aaria’Weïla est joueuse et stratège d’avoir ainsi permit à des êtres tels que toi de pénétrer sur ce monde, vous pourriez représenter aussi bien notre perte que notre salut. »

    Son ton était celui de la discussion, mais le sérieux de son regard démentait la badinerie qui s’immisçait dans ses mots.


Ilmatar - Salle d’entraînement

    Aamu salua d’un signe de tête les aventuriers, les laissant discuter de leurs affaires, quoi qu’une lueur dans son regard ainsi qu’un petit sourire indiquaient qu’elle écoutait tout des histoires de Cromax.

    Les pas de Leykhsa et de Faëlis les menèrent tous deux jusqu’à la salle d’entraînement, suivant, comme Cromax l’avait indiqué, le chemin par l’extérieur du palais, dans les jardins. Ils virent tout d’abord un terrain d’entraînement extérieur, donnant sur le bois et les plantes foisonnantes du jardin. Quelques Sylphes s’entraînaient, et, lorsqu’ils entrèrent dans la salle d’entraînement intérieur. C’était une salle fort grande, pourvue de différents terrains d’entraînement et de plusieurs râteliers d’armes où pendaient des armes aussi diverses que variées. De grandes baies-vitrées se trouvaient sur l’un des murs, menant manifestement vers les jardins où semblait se poursuivre un terrain vague permettant de jouter en plein air. Quelques Sylphes et Sylphides combattaient dans un ballet étrange et brumeux à un ou plusieurs, ou pratiquaient des mouvements face à des mannequins de paille tandis que d’autres se contentaient de les observer. Certains levèrent les yeux sur l’arrivée des deux aventuriers et les saluèrent de la tête.

    Jillian se trouvait devisait avec quelques sylphes, et, lorsqu’il les vit approcher, mit fin d’un sourire à la conversation avant d’aller à leur rencontre.

    - Bonjour, et bon retour à Ilmatar ! J’espère que votre trajet pour Niyx fut bon et que la ville vous a intéressée, elle n’a pas son semblable. Que puis-je pour vous ?


Ilmatar - Chambres


    Cromax ne trouva pas Ixtli dans sa tour, aussi trouva-t-il de quoi laisser son message et fila dans ses appartements prendre son bain. En réalité, il ne tarda pas à entendre la porte de sa chambre s’ouvrir - qu’il l’ait ou non fermée à clef - et quelques pas s’approcher de la salle d’eau. La porte s’entrebâilla et la tête d’Ixtli passa au travers. Elle avisa de la présence de Cromax et un petit sourire mutin orna ses lèvres et ses yeux se tintèrent de malice.

    - Tu as raison de prendre ce bain, j’ai pu te suivre rien qu’à l’odeur, dit-elle avec un grand sourire.

    Elle était de nouveau vêtue dans ses atours extérieurs, quoi que ceux-ci étaient propres. Elle entra dans la pièce en refermant la porte derrière elle. Elle resta près de la porte.

    - Mes excuses de cette intrusion dans tes appartements, si ça avait été quelqu’un d’autre, je ne me serais pas permise, mais ton message semblait être une invitation.


[Cromax – xp : 8 (posts), 2 (miaou) ;
Leykhsa - xp : 4,5 (post), 2 (miaou) ;
Faëlis - xp : 2,5 (posts), 2 (miaou) ;
Hrist - xp : 7,5 (post), 2 (miaou)]


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 28 Déc 2015 01:44 
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Les yeux de violette se reflétaient dans le vert lierre de l'homuncule. Hrist ne quittait pas la femme des yeux, prêtant alors une attention dérisoire au vent qui s'agitait et répétait ses assauts à mesure que sa bise gagnait de l'ampleur. Tout autour de ce triste duo surgit du passé, la valse éthérée prenait forme. Ou plutôt, une sorte de constance. Le vent pourtant insaisissable comme le serait de la fumée ou la lumière semblait prendre teneur et à mesure qu'il s'engouffrait, mugissant comme un Diable, la matière gagnait son onde glacée et du coin de l'oeil, Hrist le vit avant de détourner le regard. Silmeria se recula d'un pas, Hrist fit exactement de même avant que les deux femme ne puisse dire quoique ce soit, il était là, apparu de nul part. Vomit de l'intouchable, de l'indicible, extirpé de l'éther insondable où il se terrait : l'Esprit du vent.

Hrist ne se l'était pas imaginé de la sorte, elle voyait plutôt en cette chose un oiseau. Peut-être une oiseau de proie au plumage blanc et aux serres noires comme le spinelle avec un bec puissant, la Sindel était loin du compte et restait presque muette face à ce loup haut sur patte, presque deux mètres au garrot, un homme en armure aurait pu le monter sans problème si la bête avait été domptable.

Le vent parla pour la bête, son museau ne bougeait pas. Il s'exprimait d'un ton puissant, ferme, presque solennel. La puissante et majestueuse créature ne lui imposait aucune peur mais elle sentit en lieu une puissance qui dépassait de loin tout ce qu'elle avait rencontré, même celle de son Maître, Xenair.

Hrist hésita un instant à poser un genoux à terre puis se ravisa, sa loyauté n'incluait pas l'Esprit mais seulement Xenair et Oaxaca avec une mention particulière pour Aaria qui était son commanditaire.
Cèles piailla en clamant « Tu vois, il a de l'humour. Trop même. » Lorsque le Grand Loup reconnu avoir trouvé le spectacle distrayant. Hrist n'appréciait pas être prise comme un amusement, de colère, elle serra les poings au bout des bras que, de froid, elle avait croisé pour se dissimuler sa cape.

Respectivement, il salua Hrist, Cèles et Silmeria qui, à la surprise de la Frémissante et de sa Faera, semblait avoir accepté la proposition de l'Esprit. Il ne s'agissait donc pas d'un tour de passe-passe, Silmeria avait-elle survécu à ce coup de lame que Hrist avait exécuté ? Pourtant, Hrist occupait maintenant son corps, elle avait pu en éjecter l'âme pour prendre possession de ses pouvoirs.

La tueuse observa un instant la pupille plate du Loup et comprit sans mal qu'elle n'en tirerait rien, il ne servait à rien d'essayer de comprendre quoique ce soit, si une personne ici avait toutes les informations, les questions et les réponses, c'était l'Esprit. Elle n'était ici que spectatrice, bête et silencieuse.

Silmeria quant à elle, ne semblait pas intriguée, elle adressa un bref signe de tête au Loup, pas plus étonnée que ça de l'étrange tournure des choses. Encore une fois, Hrist se sentait à l'écart et détestait ça.
Le Loup avança vers les deux femmes, enfonçant ses pattes blanches dans la neige. Il y avait quelque chose de majestueux, de Divin. C'était comme rencontrer un Dieu, l'entité créatrice, tutrice et porteuse du vent. Un pouvoir si puissant qu'en une matinée, il pouvait décimer des moissons entière, faire dépérir des paysages, pousser de lourds nuages chargés de pluie pour faire monter les fleuves en crue, s'échouer des navires, renverser des tours ou paralyser des Aynores. Hrist se sentait ridicule mais faute de pouvoir faire quelque chose pour rivaliser avec cet Esprit, elle se contenta de se tenir droite, c'était déjà un début de prestance, elle qui avait les cheveux en bataille, les joues rougies et les lèvres tremblantes. Malgré sa protection magique, le froid persistait à la mordre et bientôt, elle tremblait de tout son être.

Il continua à commenter, exprimant son désaccord avec Hrist, prétextant qu'elle avait là des souvenirs qui méritaient plutôt d'être éclairés et exhumés. Terminant sa remarque en mentionnant qu'il le fallait, même si lesdits souvenirs apprenaient à une autre réalité avant de reporter son regard sur la Frémissante.

Hrist tourna brusquement la tête vers Silmeria. Appartenait-elle à un autre passé ? Alors elle était donc morte, Hrist avait pu la défaire en combat mais sans pour autant la tuer ?
« Je... Suis encore plus perdue qu'au départ. »

De nouveaux, ses yeux furent attirés par la pupille du Loup, étrangement, elle ne parvenait pas à s'en défaire. A côté, Silmeria venait de tourner les talons, faisant dos à ce nouveau duo que formait l'Esprit et Hrist.

« En tout cas ! Il connait mon nom. Dis moi, Esprit. J'ai une amie Faera qui s'est vue attribuer le doux sobriquet de Fleur de Printemps. Qu'est-ce que tu penses de ce petit nom ? Tu donnerais quoi comme non à une Faera si tu pouvais en posséder une. Bise ? Tumulte ? Tornadounette ? »

Hrist fit une moue amusée aux demandes de sa Faera dont le sérieux était à des kilomètres du nécessaire mais au moins, sa remarque moqueuse était là pour désacraliser le ton puissant et pieu de l'animal, permettant à Hrist de se ressaisir suffisamment pour rendre de l'assurance..

Lorsque l'Esprit en eut assez des modalités d'accueil, il attaqua sans crier gare, posant une question précise qui ne laissait pas de place à l'erreur. Qu'est-ce qui pouvait bien conduire cette femme en ce monde, et quelles étaient les motivations qui accompagnaient ses pas. L'Esprit comprenait bien que les motivations des vivants orchestraient leurs actions et ces actions étaient parfois l'architecte d'une destruction supérieure à ce que son ouvrier imaginait.

Hrist se sentait un rien étonnée, à dire vrai, elle était surtout ici parce qu'on le lui avait demandé. Ou plutôt, ordonné. Et de fil en aiguille, elle avait vite reconnu l'intérêt que pouvait comporter ce monde, des denrées et des minerais nouveaux et inconnus, un nouveau monde, de nouvelles terres, du commerce, de l'argent et des alliés.

Hrist fit un pas, tremblante et rouge de froid, elle avala doucement sa salive en prenant garde à ne pas s'étouffer avec afin de ne pas tenir le peu de prestige qu'elle devait avoir à l'heure actuelle et dit en faisant de son mieux pour ne pas claquer des dents :

« Si le mal qui ronge ce monde finit par causer sa perte, il se pourrait bien qu'il vienne ensuite s'en prendre à d'autres mondes. Et si le vent peu souffler partout et n'a pas besoin d'une maison ou d'un abri, et bien nous autres n'avons pas cette chance. Je suis là parce que ma loyauté envers mes pairs exige de rétablir cet équilibre. J'ai accordé ma loyauté à Aaria, je suis prête à servir obscurément, dans la tâche quotidienne de la protection d'Elysian. De donner peut-être mon sang, ma vie. » Elle souffla un écran de buée.

« Vous avez lu mon passé. Y avez-vous trouvé une seule mission restée sur un échec ? »





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1180 mots

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La petite ombre de la Mort à Elysian.

Alors, j'ai établi ma couche dans les charniers,
Au milieu des cercueils,
Où la Mort Noire tient le registre des trophées qu'elle a conquis.


Némésis d'Heartless


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 28 Déc 2015 11:03 
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Évidemment, cela impliquait qu'il allait devoir supporter une fois de plus la semi-elfe d'ombre. Enfin, il fallait savoir souffrir pour sauver un monde ! Leur chemin les mena à travers les jardins, où quelques guerriers de l'air s’entraînaient. Du peu de connaissances qu'il avait du sujet, Faëlis pouvait estimer qu'ils avaient l'air assez bons, mais sans pouvoir en dire plus. Une large porte reliait le terrain d’entraînement à une salle servant de semblables desseins. Là, attendait Jillian, occupé à discuter avec quelques sylphes. Des signes de tête accueillirent les aventuriers et l'elfe répondit courtoisement.

Sentant alors son épée battre au côté, Faëlis se rappela que le général lui avait confié cette arme. Mais lui-même n'était guère adroit à l'épée. Aussi, il alla le trouver pour demander gracieusement :

« Quel plaisir de vous revoir, cher Jillian ! Je n'ai guère eu l'occasion de vous remercier pour ce somptueux cadeau. »

Il tira l'épée, faisant miroiter les reflets du métal.

« Je me disais que vous pourriez peut-être m'apprendre quelques techniques ? Car j'ai encore beaucoup à apprendre de ces armes... Je suis aussi curieux des connaissances martiales du peuple de l'air ! Peut-être auriez-vous quelques bottes secrètes à m'apprendre ? »

(((201)))

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L'homme de toutes les femmes, la femme de tous les hommes
Lampadaire officiel de la quête 32

Le thème de Faëlis


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 Sujet du message: Re: Ilmatar - Cité des Sylphes
MessagePosté: Lun 28 Déc 2015 12:24 
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Aamu nous congédie d’un sourire charmeur et enjoué. Le positivisme ostensible de cette jeune sylphe fait vraiment plaisir à voir. Trop rares sont les gens à n’être que positifs, malgré la situation, et trop précieux, par extension. Et elle est de ceux-là. Et Ixtli le semble aussi, même si ces derniers jours ont pu être rudes pour elle. Sons sourire, c’est ce dont j’ai besoin pour partir à Illyria le cœur léger. Sa tendresse, sa candeur, sa malice. Hélas, je ne la trouve guère dans sa haute tour, et je lui laisse, d’une écriture déliée sur un petit bout de parchemin qui traînait sur sa table basse, l’essence de ma prochaine destination : le bain !

Fait inéluctable, après plusieurs combats même si j’ai été immergé pendant l’un d’eux, une nuit de folle romance, et un entraînement, j’ai beau être un elfe : je sue. Et d’aucun dirait qu’il serait malséant d’arriver ainsi puant dans une cour où l’on doit bien se faire voir. Enfin. Où l’on doit se faire bien voir. La formulation est moins équivoque, même si elle est sans doute moins exacte sémantiquement parlant. Quoiqu’il en soit, inutile de tergiverser : mon bain m’attend. Fissa, je rejoins ma chambrée et de dévêt totalement pendant que dans l’immense cuve d’émail blanc s’écoule par un miracle qui m’échappe encore une eau à la chaleur confortable et revigorante. Une fois le bassin suffisamment rempli, je m’immerge totalement, me laissant glisser jusqu’à ce que ma tête entière soit sous l’eau, et que mes cheveux malmenés par mes aventures crachent leur crasse dans les flots sans toutefois altérer leur clarté. Bon sang que ça détend !

Je me laisse aller à un soupir d’aise, alors que mes yeux se ferment pendant que je profite de cet instant de plénitude. Alors, et seulement alors, je m’empare d’un morceau de savon solide, et m’en frictionne vigoureusement le corps. Chaque parcelle de ma peau est passée au peigne fin, alors que la mousse recouvre de propreté mon épiderme argenté aux muscles fins, mais saillants toutefois. Une silhouette de bretteur, à la fois combattant et agile. En passant de l’eau dessus pour me rincer, je m’attarde un peu à observer la nouvelle marque sur ma peau, celle laissée par l’esprit du vent. Celle qui me permet de maîtriser mon muutos. Elle est plutôt agréable à regarder, à la fois fine, discrète et raffinée. Et c’est en pleine admiration de mes attributs qu’Ixtli me surprend, ouvrant la porte de cette salle de bain sans crier gare. Passant son adorable tête dans l’entrebâillement de la porte, elle lance une boutade sur mon odeur. Je pouffe subtilement à son propos, n’y trouvant rien à répondre, et l’observe entrer plus avant dans la salle d’eau.

Elle a revêtu ses habits de la veille, ou leurs jumeaux, vu que ceux-ci sont propres et en un seul morceau. Des habits qui siéent mieux aux voyages et aventures qu’aux périodes de douces errances dans un palais. Plus pratique, et moins confortables. Je lève un sourcil curieux, mais elle poursuit en s’excusant de son intrusion, indiquant qu’elle a pris mon message pour une invitation. Tant mieux, les apparences n’ont pas été trompeuses, cette fois, c’en était bien une. Elle se fait bien prude, cependant, restant sagement près de la porte. Je lui réponds, tout en tendant la main dans sa direction, invitation tacite à s’approcher, à me rejoindre.

« C’en était une. Je ne me voyais pas partir sans te voir avant. »

Je la regarde de haut en bas, revenant sur sa tenue.

« Mais je vois que toi aussi tu es apprêtée pour le voyage. De nouveaux projets d’aventure ? Rien de trop risqué, au moins ? »

Cette fois, je ne serai pas là pour voler à son secours si elle en a besoin. Nul esprit ne pourra plus me souffler sa détresse, même si l’envie de la secourir une fois encore n’est pas pour me déplaire. En vérité, je pourrais même m’imaginer passer ma vie à ça… si seulement. Puis, pour ne pas rendre l’instant plus solennel qu’il ne doit l’être, je lâche une plaisanterie :

« Dis donc, tu en as toute une collection, de ces tuniques, ou les blanchisseuses et couturiers de la cité sont de vrais génies de rapidité ? »

Puis, plus mutin encore, non sans une pointe de provocation grivoise dans la voix, je me redresse dans mon bain, sur mon séant, laissant l’eau dégouliner sur ma chevelure mouillée :

« Ne serait-il pas préférable de les ôter ? Il serait dommage de les mouiller. »

Mon regard est fixé sur le sien, et en pensées me reviennent les évènements de la nuit, lorsque dans mes bras, elle se languissait de moi. Lorsqu’entre les siens, je fondais de désir et de plaisir. Peau contre peau, à caresses échangées. Il serait dommage de ne pas profiter de cet instant latent où les derniers arrivés se préparent ardemment, l’une rencontrant l’esprit, les autres vaquant à un probable entraînement par le maître en ce domaine, dans l’attente de notre départ du jour vers Illyria la torturée, Illyria la grande, Illyria la mystérieuse, cité d’intrigues et de pouvoir. Il n’est pas nécessaire de nous en soucier à l’avance, car dans cette cité, je serai séparé d’Ixtli. Les élémentaires y sont mal vus, et je sais pertinemment qu’il serait vain de lui demander de m’accompagner. Trop dangereux pour elle, même si elle le souhaitait. Alors oui, le temps est au profit. Au profit de sa présence.

[916 mots]

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