A sa question, Sibelle ne reçut aucune réponse. Trop occupée à sauver sa vie, Il est fort à parier que la petite poupée n’aie même pas aperçu la guerrière. Sibelle la vit plonger la main dans son sac et en sortir un parchemin qui dégagea une lumière éblouissante. Mais la bête grise recouverte d’écailles et munie de deux longues incisives, nullement intimidée par ce rayonnement, balança sa longue queue et atteint la petite de plein fouet pour l’envoyer choir un peu plus loin dans la salle.
Ne voulant demeurer spectatrice plus longtemps, Sibelle tenta de s’approcher de la poupée inconsciente lorsque que l’immense monstre rouge lui barra le chemin. La guerrière esquissa un sourire, elle allait pouvoir enfin libérer toute cette rage et ces frustrations qu’elle avait accumulées depuis son entrée dans ce sombre manoir maudit par les esprits.
Armées de ses deux épées courtes, elle s’apprêtait à faire un pas vers l’avant lorsque le jeune homme blond s’adressa à elle.
D’une voix polie et transpirant les bonnes manières, il lui conseilla de trancher la langue de son adversaire, diminuant ainsi sa force d’attaque. Il rajouta qu’il s’occuperait pour sa part du reptile. Interloquée Sibelle ne comprit s’il parlait de la bête grise ou de la rouge. Mais, ce n’était pas le bon moment pour questionner son nouveau compagnon d'infortune. La rouquine se contenta de lui faire un signe de remerciement de la tête. Elle ne parla davantage, elle voulait attaquer ces féroces bêtes au plus vite et les tuer avant de se faire massacrer.

Et celle qui lui faisait face n’avait évidemment pas attendue que l’elfe blanche soit prête pour attaquer. Profitant du petit instant où Sibelle s’était détourné vers le blondinet, l’affreux monstre carmin avait ouvert sa grande gueule et tel un fouet avait propulsé sa longue langue vers la jambe gauche de son adversaire. Ce n’est que de justesse que Sibelle évita cette attaque. Il lui fallut pour cela plonger sur le côté et effectuer une agile roulade. Consciente qu’elle était plus vulnérable au sol, la guerrière se releva rapidement sur ses pieds et se tourna immédiatement vers la bête. Cette dernière ne tarda pas à montrer de nouveau son appendice rose. Mais cette fois la guerrière était prête. Ses deux armes bien en main et ses pieds bien campés au sol, elle guettait la trajectoire de la langue et lorsqu’elle fut assez proche, elle trancha plutôt deux fois qu’une l’arme principale de son adversaire. Deux bouts de muscles saignants tombèrent au sol. La bête affaiblie recula d’un pas alors que Sibelle avança de trois. Située tout près de sa victime, d’un coup franc et violent, la guerrière enfonça son épée dans l’abdomen de la bête qui s’effondra quelques instants après.
Se retournant vers le jeune homme, Sibelle le héla :
« Merci pour le conseil. Et on fait comment pour celui-ci ? » Dit-elle en désignant la bête grise qui avait envoyé valser la poupée.