Soudain, une apparition depuis longtemps attendue commit un acte dont nul n’aurait pu se douter : la petite fée volante du début de cette aventure se précipita vers l’être gris pour lui trancher la gorge en lui enfonçant dans le cou une petite dague acérée. Stupeur de l’équipée, la petite créature ailée ne demanda pas son reste, et d’une phrase signifiant toute sa considération pour ce peuple déchu, elle se tailla vers la sortie à tire d’ailes, augurant un renon de récompense de la part de notre employeur initial.

Je serrai les poings devant cette détestable personnalité, mais n’en prononçai mot, contrairement à Serpent, Ziresh, Trà Thù ou Amarante. Il n’était rien besoin de dire : elle tentait de nous arnaquer, et nous n’allions pas nous laisser faire.

D’un pas décidé, et sans plus l’ombre d’une hésitation, nous nous dirigeâmes vers la sortie de ces mines terribles, de ces grottes oubliées, dernier tombeau des adorateurs du poulpe noir.

A peine avez-vous mis le pied dehors que vous êtes accueillis par votre commanditaire. Manifestement au courant de la réussite de votre mission autant que de vos gains déjà acquis. Zacharov faisait manifestement très bien son boulot, aucun doute là-dessus.

Un sourire froid, qui semblait déjà amical sur ce visage et rien de plus...

A vrai dire, il ne vous adressera la parole que si vous lui parlez... Et si vous venez à parler d'argent, il vous expliquera que cette mine est à lui et donc que tout l'or et les pierres qu'elle contient lui appartient. Vous êtes entrés sans pépite, vous sortez les poches pleines, vous avez donc été payé.

Et si vous tentez de lui revendre, il vous adressera à un ami à lui à qui il revend lui-même le produit de sa mine, à Lebher même...


Vous êtes désormais libres... Car soyez certains que ce n'est pas lui qui vous retiendra en ces lieux...



(((au passage, vous gagnez tous 5 points de réputation à Lebher pour avoir vidé la grotte d'une horreur meurtrière et 2 de plus pour avoir réussi à arnaquer Sir Sitröm en quittant sa mine avec une véritable fortune, lui qui paye rarement, très rarement les mercenaires qu'il embauche)))

Le chemin du retour se fait presque en silence. Cependant je suis heureux de retrouver Depheline en vie et je pose une main sur son épaule pour lui exprimer mon soulagement.
Au loin, la lumière du jour nous attire comme des papillons de nuit avant de nous engloutir. Nous voilà enfin dehors.

j'en avais pleins le #%&* de cette aventure dans les mines et à peine somme nous sortit de l'antre des cauchemars, que j'entame ce qui sera mon dernier salut à mes camarades.

"Bon... et bien nous somme sauf, bien plus riche et passablement amoché. j'aurais sans nul doute apprécié de prendre un repas dans une auberge, après un bon bain et des habits neuf... peut être même aurais je composé une chanson pour l'occasion".

je rêvasse à cette idée, les yeux dans le vague, puis je me reprends.

"Pour le moment je crains que ma bonne humeur soit un tantinet émoussée et que mes pieds se plaignent de milles et une douleurs. Je vais prendre congé de votre compagnie mais je n'oublierai point vos noms, à l'occasion et si vous êtes encore en vie, tendez l'oreille dans les temps à venir près des auberges. Si vous entendez un ménestrel jouer un air dont l'histoire vous rappelle vaguement un tas de crasse gélatineux et immonde, sachez alors que je serais ravie de vous voir entrez dans la dite taverne pour m'offrir un verre."

Je charge mon sac sur le dos, et m'incline légèrement

"d'ici là...par Rana... Que le vent vous porte"

Je prend la route pour la ville après un dernier salut.

Les yeux de Ziresh s'étaient tant habitués à l'obscurité que la lumière du jour semblait l'avoir agressé volontairement. Il ne réussit à ouvrir totalement les yeux qu'après des longues minutes à fixer le sol, les paupières à demi-closes. Après ce long moment seulement, il put regarder alors autour de lui. Rien n'avait changé. Les mineurs, tous les travailleurs de Sitröm étaient restés aux alentours. Pourtant, le jeune liykor aurait donné sa patte à couper qu'ils avaient passé plusieurs mois ici. Peut-être même une année! Le temps s'était écoulé différemment à ses yeux. Mais d'une certaine manière, ce n'était pas pour lui déplaire.
Et en plus du seigneur qui était là, un sourire satisfait aux lèvres, c'est une petite créature qui vint le saluer en commençant déjà à lui faire fête. Une masse ventrue s'étaient fourrée dans les poils de sa crinière pour le taquiner en lui mordant les oreilles. Ziresh ne put s'empêcher de s'exclamer:

"Ren! Ah! Cela faisait si longtemps!"

Faisant presque abstraction de la présence de son employeur ou de ses compagnons, il attrapa une vieille miche de pain était restée au fond de son sac et la jeta en l'air. Le petit Lutinora attrapa la nourriture au vol pour l'engloutir en feignant de flotter sur un matelas confortable mais invisible. Pour Serpent annonça son départ.



La manière dont il quittait le groupe rappelait à Ziresh comme cette aventure les avait liés. C'était sans aucun cela qui avait allongé le temps au sein de cette mine. Il ne pouvait s'empêcher de ressentir une pointe de tristesse en pensant au fait qu'ils allaient devoir se séparer et qu'ils ne pourraient se revoir que dans un très long moment, sans aucun doute. Il aurait pu rester pour discuter de son paiement avec Sir Sitröm, mais ce dernier l'intimidait. De plus, il l'imaginait très bien tenter de l'arnaquer en essayant de lui racheter ses pierres pour moins cher qu'elles ne valaient. La chose qui l'irritait le plus, c'était la manière dont il avait été manipulé. Mais il ne savait comment réagir face à un homme qui avait été capable de faire tuer tout un peuple.
Puis il se souvint qu'il venait de tuer un Dieu. Il avait été l'un de ceux qui avaient porté le coup fatal. Il n'avait aucune raison d'avoir peur.

"Vous n'avez pas à prendre cet air satisfait, Sitröm. Vous nous avez fait croire que nous allions sauver des vies dans cette mine, mais vous avez commandité un génocide. Tout l'or de cette mine, ou encore la présence de la créature qu'il y avait au fond ne saurait justifier cet acte immonde. Je vous souhaite le pire. A vous, comme à Zacharov."

Si Ziresh avait été moins honnête, il se serait laissé aller et aurait sans doute tenté de porter un coup. Mais il se contenta de serrer les poings pour ensuite se murer dans le silence et de s'écarter doucement. Il s'adressa ensuite à ses compagnons et se remit à signer les mots, comme il le faisait à son habitude.

"Je m'en vais prendre la Veuve des Mers pour Kendra Kâr, maintenant. Il me tarde de retrouver mon clan et d'embrasser ma dulcinée! Soyez bien sûrs que je ne vous oublierais pas. Par ailleurs, si jamais vous passez par la capitale, vous trouverez un clan de liykors en périphérie. Le clan de Liykkendra. Si jamais vous avez besoin de quelque chose, n'hésitez pas à passer nous voir! Je leur parlerais de vous!"

Bien entendu, l'invitation ne concernait pas vraiment Amarante. Mais il se retint de le préciser, même s'il le pensait fort. Et même si elle voulait, par pure méchanceté, décider d'attaquer son clan... Il était persuadé qu'elle ne serait pas assez forte pour tous les affronter. Ni même tuer l'un d'entre eux. Il leur tourna enfin le dos pour se diriger vers la ville, plus précisément vers les quais.

"J'espère que l'on se reverra tous. Dans d'autres circonstances en tout cas. Je garderais un souvenir indélébile de notre collaboration."

Enfin, il marcha, accompagné par sa petite créature ailée. Il n'avait que trop hâte de rentrer chez lui.

Plus l'équipe remontait vers la surface, moins l'air était nauséeux. Il y avait une odeur de renouveau, de renaissance malgré le peu de temps passé sous terre. Les premiers rayons du jour les frappèrent dès la sortie, insufflant du courage au fauve. Il retira son casque, emplissant ses poumons d'un air nouveau et bienfaiteur.
Devant eux, Sithröm et quelques mineurs les attendaient. La fée virevolta autour de son maître, indifférente au groupe.

Le woran neige jeta un regard derrière lui une dernière fois, narguant le trou béant qui avait failli lui dévorer la vie. Alors que Serpent exprimait ses adieux au groupe, Aztai se mit un peu en retrait afin d'adresser une prière à Méno. Lorsqu'il se concentra, une désagréable vibration lui vrilla les tympan, il tituba. Dans sa tête, le visage hideux du faux dieu qu'ils avaient vaincu apparu. La malédiction avait altéré sa prière... soucieux, il tenta de ne pas y penser. Il consacrerait du temps à Méno plus tard, le remerciant déjà d'être en vie.

Avec patience, le fauve attendit les bras croisés. Il salua les uns et ignora les autres, attendant de pouvoir s'entretenir seul avec Sithröm. Fermant les yeux il profita du vent sur sa fourrure. Lorsqu'enfin le propriétaire de la mine se retrouva seul, le félin enfila son casque et s'approcha d'un air imposant vers l'homme, désireux de l'intimider. Des tas d'image lui traversaient l'esprit, il se revoyait quittant Ambervalle, la cité woranne en feu, après l'apparition du Monarque. Il avait dû fuir, l'Ancien lui avait sommé de trouver Lictaria et Sithröm pouvait l'aider...

Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à l’air totalement libre du dehors, là où l’attendait l’individu mal honnête qui les avait envoyé à la mort. Puisqu’il n’y avait rien à attendre de ce dernier, Depheline passa à côté sans même le regarder, préfèrent l’ignorance à la perte d’énergie qu’aurait occasionné le fait de se mettre en colère. Elle devait économiser ses ressources, tant elle était fatiguée.

Toujours blottie sous le bras de son ami sans un mot, elle écouta attentivement les au revoirs et les adieux de tout un chacun, y allant à son tour de son petit message, qui ne s'adressait bien évidemment pas à Tra Thù, Amarante ni Selen :

« Moi non plus, je ne vous oublierai pas, pas plus que cette aventure, hélas… Que les Dieux prennent soin de nous tous et nous guident vers un chemin meilleur. »

Elle n’aimait pas repenser au fait qu’ils avaient bien peu de chance de se retrouver un jour, tant Depheline était consciente de l’étendue de la planète gigantesque qu’ils habitaient. Au moins, une chose était certaine, elle ne repartirait pas seule, Serpent était là, et en plus, ils étaient riches à ne plus savoir qu'en faire.

Ensembles, ils se dirigèrent vers les rues de Lebher, dans l’espoir de trouver un marchand qui leur rachèterait tout leur trésor, avant de rentrer sur Nirtim. Hors de question pour elle de faire le voyage de retour chargée comme un mulet. Elle ne connaissait rien à cette nouvelle ville qu'ils étaient sur le point de découvrir, mais qu'à cela ne tienne, ce ne pouvait qu'être mieux que le vice de Dahràm.

Cette aventure était donc terminée. Amarante n’arrivait toujours pas à le croire et pourtant, c’en était fini. Elle poursuivit son chemin, sortant enfin de cette grotte puante et humide qui avait failli se transformer en tombeau. Bien ! Il était temps pour la Beauté de s’en aller. Un homme vint accueillir les aventuriers, mais la Belle ne prit même pas la peine de lui jeter le moindre regard. Ce n’était qu’un faible, incapable de prendre son destin en main pour chasser le mal de cet Antre. Il n’avait aucun intérêt pour Amarante, elle si forte qui ne se posait pas de questions quant à sa puissance innée.

La Sulfureuse tourna sa tête, faisant valser sa chevelure cuivrée dans les airs, un véritable rayon de lumière dans ces contrées si ténébreuses. Il était temps qu’elle s’en aille avec son argent amplement mérité.