Dès mon arrivée sur le pont supérieur, je sentis une certaine agitation chez les passagers de l’Aynore. Le premier que je vis, et pas longtemps car il passa en coup de vent, fut Sirat, suivi de très près par la jolie et timide hôtesse. J’aurais voulu parler à cette dernière, lui expliquer ce qui s’était passé en bas, enfin ce dont j’avais été témoin. Mais ce n’était, semble-t-il pas le temps à la discussion, mais à l’action.
Alors que j’étais immobile devant tout ce branle-bas, me demandant si je n’étais pas mieux de retourner à la salle de repos où tout était si calme, arriva en trombe la gracieuse Lilotëa.

"Le pont est un endroit dangereux... Et je suppose que vous n'avez pas vu vers quoi nous allons..."

Ce disant, elle s’agenouilla vers moi et me tendit la main, je ne me fis pas prier pour y grimper. Aussitôt assise dans sa paume, doucement et sans mouvement brusque l’ascension débuta et se poursuivit jusqu’à son épaule. Rendue à cette hauteur, je fis le petit saut requis et m’assis avec précaution sur sa délicate épaule.

« Merci ».

Je pouvais enfin observer une scène qui aurait été préférable de ne jamais voir de sa vie. L’homme-tigre avait dit vrai, un énorme dragon s’était agrippé à notre Aynore et battait frénétiquement des ailes pour nous faire prendre de l’altitude. Je remarquai également le piteux état du pont et de la cabine de pilotage.

Je levai les yeux pour observer le tableau qui se dressait devant moi. Sur un fond colorié de diverses teintes orangées, était suspendue une île insolite. Sa particularité résidait au fait qu’elle n’était pas entourée d’eau et bien qu’elle semblait massive, elle flottait dans les airs. Des dragons semblables à celui qui nous entraînait vers une mort certaine, l’encerclait. En plissant les yeux je pus distinguer une cité tout au sommet. Cette scène aurait pu être magnifique, si seulement, elle avait été l’œuvre d’une artiste et accrochée à un mur.

Je ne sais pas comment décrire la sensation qui envahissait mon corps tout entier tellement ma peur était grande. Je n’étais pas la seule à craindre le pire, l’expression de l’élégante Lilotea était elle aussi teintée d’angoisse, malgré le sourire qu’elle affichait.

Les personnes présentent dans le lieu où je suis son complètement abasourdi par mes paroles. Je ne m’occupe plus d’elles, je m’agenouille à côté du nain blessé et j’appose mes mains sur sa plaie. Je recherche au fond de moi la chaleur qui m’indiquera que mon pouvoir, mon don soit actif.

La joie, la beauté des choses et le visage de Zephreina envahissent mon esprit. Je sais que la douceur de chacune de ces choses fait briller en mon cœur ma part d’humanité. La chaleur m’envahie et se dirige vers mes mains. Mon pouvoir entre en action, je peux voir la plaie du nain se refermer doucement même si ce genre de cicatrisation prend énormément de temps dans des cas classiques.

Après avoir fini, je m’assois par terre et regarde mes mains, elles sont pleines de sang. Il y a bien longtemps que je n’ai pas vu autant de fluide vital sur celle-ci. La dernière fois fut quand j’étais encore sur Manostrie et que j’étais un mercenaire sans pitié et avide de mort.

(Du donneur de mort, je suis passé à un donneur de vie. Gaïa a dut m’offrir une seconde chance pour que je puisse me racheter.)

J’observe le nain attendant qu’il se relève. Je suis complètement tétanisé, car un grand silence plane maintenant sur l’engin. Je suis pris de tremblements, mes mains ne veulent pas restés en places, mon cœur bat de plus en plus vite, mes idées deviennent floues et mes jambes sont maintenant faites de coton.

(Avant rien ne m’aurait fait peur, mais maintenant c’est différent.)

L’île s’approchait de plus en plus, et le dragon n’avait pas l’air de souhaiter ralentir la cadence. Le choc allait être rude, c’était certain. Ou alors il ne vous lâcherait pas, et vous emmènerait directement à un point précis de l’île, dans son antre, ou celle de son maître hypothétique. Le vent fouettait le visage de ceux qui étaient restés ou grimpés sur le pont supérieur. Et le spectacle qui s’offrait à eux était magnifique, et terrible en même temps. Cette île tellement illusoire et fantasque, flottant dans les cieux, et qui se rapprochait à toute vitesse, comme une menace vive qu’ils allaient subir…

À un instant, le dragon renâcla, ou grogna. Vous étiez presque au dessus de l’île. Et soudain, le saurien lâcha prise, sans ralentir, sans même baisser un peu la cadence. Ce fut la chute libre. Certes, elle était ralentie par la voile indemne de l’aynore, et sa capacité de flottaison dans l’air, mais ça ne changeait rien : vous alliez vous écraser, alors que l’immense assaillant partait dans les cieux rejoindre les siens, sans plus un mot pour vous.

Le sol s’approchait à toute vitesse. Un piton rocheux en bordure d’île, plus exactement. Vous vous dirigiez droit dessus, et lorsque l’appareil vint se fracasser dessus, le choc fut terrible. Si terrible que la plupart des membres de l’expédition furent projetés littéralement.

Sirat, aux côté d’Eliss dans la salle principale, avait été le seul avec l’hôtesse à se prémunir d’un tel choc. Assis dans son siège, et malgré la violence du choc, il fut seulement projeté par terre, et la seule blessure qu’il eut à déplorer fut une écorchure sur le genou. (-2pv). L’hôtesse aussi semblait avoir suivi la même trajectoire que lui, et se retrouvait à califourchon sur le batardé, un peu secoouée, mais visiblement indemne.

Josh n’avait pas pu se protéger efficacement, mais il eut encore de la chance dans son malheur. Sur le pont, il se fit promptement éjecter de l’aynore pour atterrir à côté de l’éperon rocheux sur lequel ils s’étaient écrasé, dans un buisson épais qui amortit sa chute sans mal… Enfin, il n’y aurait pas eu de mal si le buisson en question n’avait pas été pourvu d’épines, qui parsemaient désormais la peau du guerrier rouquin. (-3pv)

Lilo aussi avait été projetée au-delà du vaisseau, sur la terre ferme de l’île, et s’était assez bien réceptionnée sur le sol. Hélas, au passage, elle avait cogné de sa hanche le bastingage de l’aynore, lui arrachant sans doute un nouveau bleu. (-2PV.) Sur son épaule, la légère Guasina avait eu moins de chance. Elle n’avait pas réussi à s’accrocher aux habits de l’elfe, et s’était tout bonnement envolée jusque dans le même buisson que Josh. Hélas pour elle, les épines lui étaient plus létales, et l’une d’entre elle, la seule qui l’avait touchée, contrairement au guerrier roux, avait traversé son épaule. (-9PV)

Aenaria, qui avait été aux côté de Josh, était plus légère que celui-ci, et n’avait pas suivi la même trajectoire suite au choc. Comme Lilo, elle s’était cognée au bastingage de l’appareil, mais contrairement à l’elfe aux cheveux bleus, elle s’était assez mal réceptionnée, et était tombée à la renverse, la tête la première. (-6PV)

Svalnir avait lui aussi été propulsé, mais pas suffisemment pour passer par-dessus bord. Il était resté sur l’Aynore, et s’était rudement cogné au bois peint du bastingage. (-5PV)Son loup, heureusement, n’avait rien, sans doute mû par son instinct de survie développé. Il avait glissé jusqu’à son compagnon sans dégât.

Hawk, dans la salle principale, avait eu moins de chance que Sirat, pas très loin. Comme il ne s’était pas assis, ni préparé au choc, il s’était retrouvé catapulté jusqu’au plafond, où il s’était rudement cogné la tête, déchirant une petite partie de son cuir chevelu en une plaie douloureuse. (-8PV) Le nain avait lui aussi été projeté, mais son poids lourd l’avait vite fait retomber sur le dos, toujours inconscient, malgré les soins du woran.

Ezak, quant à lui, avait eu le malheur de n’avoir pas quitté le poste de pilotage. Suite au choc, il fut projeté par l’une des failles de celui-ci, s’écorchant au passage la cuisse sur un bout de métal déchiré, avant de retomber sur le pont incliné. (-10PV) Tihanna avait suivi sa chute, mais s’était rétablie souplement, et n’avait pas été écorchée par le métal.

Aelis, elle, avait en encore moins de chance. Elle n’était pas passée par une faille, elle. Elle avait buté contre la paroi de la salle de pilotage, et s’était foulé le poignet dessus. (-6PV, main gauche inutilisable avant d’avoir pris du repos.)

L’Aynore était sur le flanc, la coque brisée sur l’éperon rocheux sur lequel il venait de s’encastrer avec violence. Il avait subi de lourds dégâts, et était apparemment inutilisable. Avec sa coque défoncée, sa voile déchirée, son poste de pilotage en pièces, et les diverses autres avaries qu’il avait subies en atterrissant de la sorte, il ne serait pas en vol avant de nombreuses et longues réparations. Et nul ne savait si il y avait ici les personnes compétentes pour une telle réparation. Eliss s’était relevée, et contemplait maintenant le sinistre avec un air paniqué. Visiblement, elle n’avait pas dû étudier de discours pour rassurer les gens dans une telle situation, et les mots semblaient lui manquer.

Karz et Araksis étaient allongés, près de l’aynore. Ils étaient tous les deux inconscients, sans doute assommés par le choc. (-6 et -5 PV respectivement). L’hôtesse, en les voyant, accourut près d’eux pour voir s’ils étaient vivants.

« Il faut leur prodiguer des soins, et les veiller avant de reconstruire l’appareil ! »

Tihanna, s’approchant d’elle, annonce d’une voix tranchante :

« Ne soyez pas stupide, cette machine ne volera plus. Nous sommes bloqués ici. Il y a une auberge, un peu plus loin. Et je doute qu’elle ait suffisamment de chambre pour nous accueillir tous. »

En effet, un peu en contrebas de l’éperon rocheux se tient un bâtiment ressemblant à une auberge. Le nom, inscrit à la peinture sur une enseigne, vous est visible : « Fat-Foot ». Une langue inconnue, soulignée par sa traduction : « Le Pied-Gras ». Et la blonde kendranne se dirige vers le bâtiment tout proche afin d’y rentrer. L’auberge est reliée à une route qui semble mener vers une cité tout autour de la grande citadelle, au loin, dominant l’île.

[Si vous restez près/sur l'aynore, il s'agit d'une phase de discussion. Si vous décidez de partir vers l'auberge, il s'agit bien entendu d'une phase d'exploration. Les zones de la phase de discussion sont très réduites: pas besoin d'attendre que tout le monde ait posté pour pouvoir reposter: veillez juste à ce que les personnes PARTICIPANT à la même conversation que vous aient toutes postées (moi y compris, si un PNJ est juste à côté). Je donne tout de suite plus d'explications dans le sujet du panneau d'affichage pour l'exploration.]

C'est lentement je que je reprends conscience, les muscles endoloris et l'esprit confus j'ouvre les yeux progressivement. Tout d'abord je suis ébloui et je vois flou, puis une fois les idées remises en place, je distingue enfin le visage inquiet de Lily, qui, à la vue de mon réveil, se pare immédiatement d'une sourire timide.

"Ça va?"

Très bonne question, je suppose que oui, je n'ai rien de cassé et je suis toujours en vie donc je pense que l'on peut dire que je vais bien.

"Ne t'inquiètes pas pour moi Lily, dis moi plutôt comment vont les autres?"

"Il y a beaucoup de blessé plus ou moins grave."

Le ton de sa voix est vacillant, normal après un tel accident tout le monde serai choqué et je trouve qu'elle reste plutôt calme.

"Lily peux-tu me rendre un service, nous sommes dans un lieu inconnu et apparemment peuplé de reptiles géant, alors s'il te plait, pourrais tu soigné les autres? Merci"

Un simple hochement de tête en guise de réponse et la voila parti pour venir en aide aux autres passagers. Quant à moi je reste assis un moment, constatant les dégâts. L'appareil ne pourra sans doute pas revoler de si tôt et bon nombre de voyageurs ne se remettront pas de leurs blessures facilement. Il faut que j'en sache un peu plus, que c'est-il passé? Que va-t-il nous arriver? Je ne peux et ne veux pas mourir...Mon dieu! Bon ressaisissons nous! L'hôtesse peut peut-être m'aider.

"Excusez moi! Comment vont les autres? Comment allez vous?"

Je suis bien conscient qu'elle aussi est probablement très effrayée, mais à peine les questions ont elles effleuré mon esprit qu'elles sortent pratiquement d'elles même de ma bouche.

"Où sommes nous? Que va-t-il nous arriver?"

Un bruit ignoble résonna sur le pont. Cela ne semblait pas être un cri, mais plutôt la manifestation d’un estomac incommodé par la faim. Svalnir se retourna vers le dragon, apeuré, en se préparant à luter pour sa vie. Mais le reptile ne se rua pas sur les passagers. Au contraire, il sembla d’un coup porter son attention ailleurs et lâcha prise… ?
Il le fit exactement comme un enfant laisse tomber un jouet qui ne lui plaît plus. Alors que les sons de battements d’ailes qui rythmaient le vol de L’Aynore depuis quelques minutes s’éloignaient, le navire volant chutait. Ce paradoxe amusant à raconter ne l’était pas du tout à vivre.

Qu’un seul des passagers de la Brise du Matin présent me dise qu’il n’eu pas peur à ce moment là, et je démentirais ses propos sans mal. Un engin de cette taille en chute libre était une chose tout bonnement effroyable. La pesanteur serrait l’estomac et détruisait tous les points de repères.
Svalnir ne cria pas, il serra les dents avec la résignation d’un homme qui sait que ce qui suit est dangereux mais inévitable.
Le choc fut violent mais tout de même moins que le rôdeur ne l’aurait pensé. Dans un bruit de fracas de bois et de métal l’Aynore se coucha sur le flanc. Les voiles se déchirèrent, épuisées par la chute qu’elles venaient d’amortir tant bien que mal.
Svalnir fut projeté sur du bois. Il ne savait pas où exactement mais il sentit au choc que c’était du bois. Son cerveau en prit un coup : incapable de dire comment il s’appelait pendant quelques secondes, il retrouva vite ses esprits et se mit à la recherche de son loup.

Il avait encore plus peur que quand l’Aynore tombait. Il cherchait sur ce qui restait du pont, soulevant les tôles froissées. Mais où était-il ? Il ne pouvait pas s’accrocher à quelque chose, avec ses pattes, il était peut être tombé dans le vide ?!
Soudain un éclair gris surgit de dessous une planche. Svalnir accouru, et prit son loup dans ses bras.

- J’ai eu peur pour toi tu sais…

C’est à ce moment là que Svalnir se rendit compte à quel point il tenait à son compagnon. Il ne l’avait jamais considéré comme un animal de compagnie, depuis son départ des montagnes. Pas un seul instant, quoi qu’il ai pu voir sur la façon de traiter les animaux, de la part des habitants de Tulorim par exemple. Mais il ne pensait pas non plus s’inquiéter pour lui à ce point.
Björn léchait sa tempe sanguinolente. Pour un loup, il n’y avait pas meilleur moyen de montrer qu’il était inquiet et qu’il faisait son possible pour aider. A sa façon, il prouvait à Svalnir qu’il tenait à lui. Il se mit soudain à hurler, comme pour appeler quelqu’un. Svalnir comprit de suite.

- Oui, tu as raison, les autres ! J’espère que tout le monde va bien…

Svalnir regarda autour de lui, heureux de voir la plupart de ses compagnons. Un jeune archer dont il ne connaissait pas le nom discutait avec l’hôtesse, et Lilo était agenouillée près du nain exhibitionniste.
Du sang obstruait de temps à autre la vue du Fenris, sa tempe saignait abondamment. Il y appliqua un bandage de fortune, en se promettant de faire mieux plus tard.

Une jeune femme passa devant lui et s’éloigna du vaisseau. Elle déclara à la cantonade qu’elle avait besoin d’un remontant et se dirigeait vers une auberge que Svalnir n’avait même pas remarqué avant. Le jeune rôdeur ne comprenait pas ce comportement égoïste. Il ne s’en sentait pas personnellement offensé, mais pour l’ensemble du groupe, c’était irrespectueux selon lui. Tout le monde tentait de s’entre-aider et elle, elle allait se « remettre de ses émotions » - pour employer ses termes – dans l’auberge du coin ?[/i]

- Excusez-moi mademoiselle !
Svalnir avait parlé suffisamment fort pour être entendu à bonne distance.
- Besoin d’un remontant ? Quel genre de sens des priorités avez-vous ? Je vois bien que vous êtes blessée à la tête, mais c’est aussi mon cas et celui de tout l’équipage. Vous ne pourriez pas vous rendre utile et voir si quelqu’un n’a pas besoin d’aide ? Il manque encore des personnes à l’appel ! L’heure n’est pas à la beuverie il me semble.

Mais elle était déjà trop loin. Elle ne l'entendait manifestement pas. Ne le pouvait-elle pas ou ne le voulait-elle pas ? En tout cas, elle fini par s'engouffrer dans l'auberge.
Svalnir s'appretait à aller discuter avec l'hôtesse quand Björn fila vers des buissons. Il les renifla longuement puis aboya. Svalnir rebroussa chemin, intrigué. Le buisson en question était épineux et Svalnir prit garde de ne pas se piquer. Il écarta doucement une branche et vit quelque chose... Guasina ! C'était la lutine que Björn avait essayé d'attraper. Il avait sans doute reconnu son odeur. Elle avait donc atterit ici, sans doute plus loin que les autres car elle était plus légère. Svalnir, mal à l'aise, ne savait pas bien quoi faire.

- Euh... Vous allez bien ? Je peux... Peut-être vous aider ?

À côté de l’aynore (Eliss, Karz, Lily)

Aux paroles de l’archer, l’hôtesse désemparée fit une mine étonnée.

« Les autres sont éparpillés partout, il faut leur venir en aide. Je surveille ces deux là, qui ont l’air mal en point. Quant à moi j’ai eu de la chance, je crois. Par contre je n’ai pas la moindre idée d’où nous sommes, mais ne vous en faites pas, tout va s’arranger. Il suffit de réparer les dégâts de l’aynore, et nous pourrons reprendre le cours de la croisière. »

Elle n’était visiblement pas bien consciente de l’étendue des dégâts… Le fluide étrange qui était dans la cabine de pilotage s’écoulait maintenant par les failles du métal, glissant sur le pont de bois.

Sirat descendit les escaliers en trombe, toujours la main serrée sur celle d'Eliss. Enfin, assis sur son siège il observa les alentours, personne ne les avait suivis.

"Par Gaïa ils m'ont pas entendu ! "

Il attacha sa ceinture, juste avant de sentir la pression de l'apesanteur l'aplatir au fond de son fauteuil. Le choc qui s'ensuivit les projeta, brisant leurs ceintures, contre le sol de la salle. La pièce et l'Aynore tout entier était plongé dans un calme monastique. Au loin, Sirat entendait, tel de fugace écho de l'accident, les craquements du bois et du métal, crépitant encore sous l'impulsion de la collision. Un son devint plus clair, plus audible, un battement se détachait dans la pénombre, celui d'un coeur qui n'était pas le sien. Sirat se laissa bercer, les yeux fermer par ce léger métronome. Dans l'obscurité il pouvait l'appréhender, caresser cette douce chaleur, tiède, la délimiter du bout de ses doigts. Passe le long du tissu pour revenir sur la moiteur, potelée et bien galbée.

(Tissu ?!)

Sirat ouvrit les yeux, les cheveux de la jeune femme lui balayaient le visage. Son corps sur le sien, à califourchon avait été éjecté dans la même direction. Il pouvait toujours percevoir le coeur d'Eliss, mais ses mains étaient loin de l'esquisser. La belle, étourdie par le choc ouvrit les yeux, les seins collés contre le torse du batardé, qui avait la main sur ses fesses. Ils se fixèrent un instant, perdu entre gène et stupeur. Les voix de réveille des premiers passager coupa net toute réaction. Sirat retira sa main.

"Heu... désoler "

Eliss se releva et s'en alla, d'un pas pressé vers le pont. Il contempla le derrière qui s'éloignait de lui.

(mine de rien, elle se paye un joli petit cul)

Sirat récupéra ses esprits, il sentit une douleur au genou. Après une breve auscultation il conclua à un coupure supeficielle. Il emboîta le pas d'Eliss, inquiet pour les autres occupants. L'Aynore venait de s'écraser et ils avaient été les seuls à se prémunir du choc.

Quand Sirat arriva dehors, la scène qu'il découvrit le glaça d'effroi. Le vaisseau avait subi d'énorme dégât et ne pourrait surement plus voler. Lilo était au chevet du Torkin, tandis qu'une petite fille soignait les blesser, son frère ou son tuteur parlait avec Eliss. Le ton angoissé et abasourdi par la situation.

"Où sommes-nous? Que va-t-il nous arriver?"

« Les autres sont éparpillés partout, il faut leur venir en aide. Je surveille ces deux-là, qui ont l'air mal en point. Quant à moi j'ai eu de la chance, je crois. Par contre, je n'ai pas la moindre idée d'où nous sommes, mais ne vous en faites pas, tout va s'arranger. Il suffit de réparer les dégâts de l'Aynore et nous pourrons reprendre le cours de la croisière. »

"Il ne revolera plus votre rafiot, faites tomber le masque jeune fille, va falloir trouver un autre moyen de se tirer de là. Mais la véritable question bonhomme c'est pourquoi on nous à attirer ici et je sais pas si j'ai vraiment envie de connaitre la réponse. "

Le ton était légèrement acerbe, Sirat jaugeai l'endroit, certaines des participantes s'était déjà en allé vers un bâtiment qui ressemblait fortement à une auberge. On pouvait voir la phalange s'égosiller après elle, en vain.

(Les phalanges sont d'excellent soldat, Lilo est agile et bien armé, y a le jeune avec son katana, le woran, le torkin...)

Le destin était une chose bizarre, mais maintenant il en était sur. Rien n'était dû au hasard. Sirat, tout en gardant les yeux sur l'horizon, détruit et torturé de cette ile cauchemardesque, s'adressa au jeune garçon.

"Si j'peux te rassurer gamin, y a une chose que je sais, on a été choisi, aucun de nous sur ce vol ne ressemblait au bourgeois du coin habitué à ce genre de croisière. Le seul moyen de savoir de quoi il en retourne c'est d'aller chercher la réponse. Soigner les blesser une fois fait on verra si on peut les déposer dans cette baraque, afin qu'il soit en sécurité. "

Sirat s'étonna de sa façon de parler, peut être des gènes de son père, ce maudit atavisme. Cette idée le répugna, tout en la chassant, il s'avança vers Lilo qui soignait le Torkin. Il s'agenouilla près d'eux.

"Sur que celui là il va se payer la pire gueule de bois de sa courte vie. "

Sirat eu une ébauche de sourire pour son calembour qui s'effaça contre une voix soucieuse. Il n'était pas contre le fait de rire dans ce genre de situation, mais il ne voyait pas la lutine.

"Et Guasina ?! "

Assise bien confortablement sur l’épaule de ma nouvelle amie, le vent me fouettant le visage, je regardais anxieusement la mystérieuse île flottante s’approcher de nous. Naïvement, je pensais que le dragon nous déposerait tout doucement au sol, une fois arrivée à destination. Ce qui m’inquiétait, c’était ce qu’il allait faire de nous ensuite. En fait, je redoutais de finir dans son estomac.

J’avais tout faux. On entendit soudainement un étrange grognement, puis ce fut la chute. Sans prévenir davantage, le dragon nous avait relâchés, il nous avait abandonnés comme de vulgaires débris.

La descente fut trop rapide pour que je n’aie le temps de tenter quoi que ce soi. En peu de temps, l’aynore s’écrasa comme une noix sur un petit caillou. Le choc fut brutal. Lilo fut projeté vers l’extérieur. Étant sur sa délicate épaule, j’effectuai sensiblement la même trajectoire qu’elle. Malheureusement, son vêtement soyeux ne me permit pas de prendre une prise et je glissai le long de son bras. En héroïne, Lilo m’agrippa avant que je ne tombe et me maintint dans sa main libre. Rassurée d’être dans sa main fine, je me tenais fermement à son index.

Pour rajouter davantage à nos malheurs, la brave elfe bleue se frappa la hanche sur le bastingage lors de son expulsion hors de l’aynore. Elle poussa un cri et dans sa douleur, ouvrit sa main. Ce fut à mon tour d’être propulsée. Voyant arriver le buisson, je tentai de me rouler en boule afin d’amortir le choc. Mais ce fut en vain, les branches épineuses m’accueillit à bras ouvert et une des épines poussa l’audace jusqu’à me transpercer l’épaule droite.

« Ouillle ! »

Les larmes coulaient sur mes joues. Je n’étais pourtant pas une petite nature, j’étais d’ordinaire résistante au mal, mais là, la douleur était trop atroce, je ressentais une brûlure là où l’épine pénétrait ma chair et je voyais mon sang s’échapper de mon corps. Je n’osais regarder ma blessure de peur de m’évanouir.

"Mademoiselle Roquin ? Guasina ?"

(C’est Lilo, elle me cherche ! )

De ma main valide, je m’essuyai le visage, pris une grande respiration, puis plein d’espoir je criai de toutes mes forces :

« Je suis ici, dans un gros buisson pleins d’épines ! »

Comme si le destin était contre moi, je vis, à travers les branches, le loup s’approcher de moi en reniflant. Je tentai d’être le plus immobile possible afin de passer inaperçu, mais il m'avait flairée et se mit à aboyer. Quelques instants après, les branches s’écartèrent. Je craignais le pire et c'est avec un immense soulagement que j’aperçus le maître de ce vilain canidé.

- Euh... Vous allez bien ? Je peux... Peut-être vous aider ?

Je m’empressai de lui répondre, de peur sans doute qu’un autre malheur ne s’abatte sur moi.

« Je suis blessée, mais ça devrait aller. »

J’avais afreusement mal à l’épaule, mais je ne voulais qu'on me prenne pour une petite poupée plaintive.

« Aidez-moi à sortir d’ici, je vous prie….. j’ai une épine dans l’épaule, il faudra me la retirer sans trop tarder. Mais surtout ne la jetez pas, je veux la garder. »

L’idée pouvait sembler saugrenue à quiconque ignorait mes intentions. En fait, cette épine était très solide, je pourrais m’en servir comme arme de défense. C’était le moyen que j’avais trouvé pour me venger de cet arbuste : m’emparer de l’épine qui m’avait blessée pour en faire une arme.

Soudain un choc d’une violence inconcevable arrive. Je suis littéralement propulsé dans les airs, jusqu’à aller écraser mon crâne contre le plafond de la pièce. A ce moment, je ressens une vive douleur au sommet de mon crâne. Je n’ai pas connu de telle douleur physique depuis un bon moment. Je retombe sur le sol lourdement, ma carrure n’aidant en rien, je m’explose les fesses sur le plancher de la pièce. Je passe ma main sur la tête aussitôt, un réflexe que tout le monde a. C’est alors que je sens quelque chose de visqueux. Je retire ma main et regarde, elle est couverte de sang et de poils. J’ai réussi à m’ouvrir le crâne en faisant ça, c’est incroyable, le choc a dut être d’une violence plus importante que ce que je croyais.

(C’est inimaginable de voir ça, je n’ai rien demandé et il y a que des merdes qui m’arrive.)

Je suppose que nous nous sommes écrasés, le dragon n’a pas eu de pitié pour nous. Je sors de la pièce et là un spectacle défiant toute réalité imaginable. En même temps qu’est ce que la réalité, je suis passé d’homme à woran alors pourquoi pas une île avec des dragons. Je vois que nous nous sommes écrasés contre une avancée rocheuse, heureusement pour nous, le choc n’a pas fait exploser l’engin. Mais comment allons-nous partir d’ici maintenant ? Au loin j’aperçois une petite auberge.

(Qu’est ce que peut foutre une ville ici, non mais franchement.)


Il s’agit d’une simple auberge en pierre avec un toit en bois, son nom est Fat-Foot. C’est un bien étrange nom, puis il y a une traduction juste en dessous, Le pied-gras. Tu parles d’un nom pour une auberge. Cela ressemble plus à une insulte qu’à autre chose. C’est alors que j’aperçois des fleurs surprenantes juste devant moi. Elles possèdent des feuilles larges et épaisses à la base, une longue tige duveteuse avec en son sommet un chapelet de fleurs violettes. Je m’approche pour la cueillir quand je remarque quelque chose qui m’étonne. Il n’y a aucune autre plante qui pousse juste à côté.

(Elle semble tuer tout ce qui veut l’approcher.)

Je prends ma manche pour en saisir une des plantes et je la glisse dans ma bourse. Je verrais ce que je pourrais en faire après. Je préfère entrer dans l’auberge, car je pourrais apprendre des choses.

Josh se relevait péniblement, sentant à chaque geste les épines lui rentrer dans la peau. Il se rappela la scène, le dragon qui les lâches, l'aynore qui tombe et s'écrase violemment sur un rocher, et sa chute libre dans ce buisson. A cette idée une rage énorme vint couler en lui, l'immobilisant quelques secondes, avant de pouvoir enfin sortir de là. Ses traits étaient déformer par la haine et la jubilation du moment. Un mélange entre la colère et l'hilarité. Une fois extirpé des broussailles, il contempla le décor qui s'offrait à lui. Plusieurs personnes apportant assistance à d'autres, le vaisseau écrasé sur l’éperon rocheux, et deux jolies jeunes filles en train de partir en direction d'une auberge.

"Mouhahahaha ! Quel atterrissage dite donc ! Laissez crever les autres, ont en a pas besoin ! "

Au fond de lui, il ne voulait pas dire cela. Il était comme, "manipulé", et ne pouvait rien faire de son corps. Il se souvint maintenant de ce qui lui était arrivé lors de la mort de Térésa. C'était le même phénomène. Mais là, il en était conscient. Il titubait maladroitement à cause de ses blessures et dû s'agenouiller au sol tellement la douleur le torturait.
Il patienta quelques secondes avant de se relevé, cette fois-ci en pleine possession de ses moyens. Voyant que tous étaient très occupé, il décida d'accompagner les jeunes dames partit à la taverne, tout en s'enlevant une à une les épines parcourant son corps.

- Excusez-moi mademoiselle !
Besoin d’un remontant ? Quel genre de sens des priorités avez-vous ? Je vois bien que vous êtes blessée à la tête, mais c’est aussi mon cas et celui de tout l’équipage. Vous ne pourriez pas vous rendre utile et voir si quelqu’un n’a pas besoin d’aide ? Il manque encore des personnes à l’appel ! L’heure n’est pas à la beuverie il me semble.

Le jeune homme qui avait prononcé ces paroles n'était qu'à quelques mètres de Josh. Ce dernier remarqua à qui elles étaient destinés, et décida de prendre sa défense, avec certes, plus d'entrain qu'il ne l'aurait voulu. Surement encore le même phénomène que quelques secondes auparavant.

"Et jeune phalange, rien ne l'oblige à porter assistance à tous ces types. Ils sont assez grand pour ça, et ont ne leurs doit rien ! Alors occupe t'en si tu veux, mais viens pas la faire chié pour ça ! "

Sur ces mots il partit à le suite de l'elfe, décidé à boire une bonne bière en sa compagnie.



=> L'auberge "Fat-Foot - Le Pied Gras"