Les réactions de mes deux compagnons sont assez diverses. Sirat ne comprend pas de qui je parle puis alors que le woran courtois implore la bienveillance de Gaia et me transmet sa bénédiction divine, il nous prend pour des fous. J'aurais eu envie de lui dire qu'il n'était pas très judicieux de saquer les dieux ainsi, et surtout Gaïa, la voyageuse combattante au coeur pur. Mais là, je me sens ravivée, grisée, sublimée, envahie d'espoir et de confiance et je me sens même apte à bouter du dragon. Je sens aussi mes gestes plus précis, plus surs d'eux, nous allons le vaincre, j'en suis sure. Mais que dis-je ? Ce n'était pourtant pas mon plan à la base. Je voulais juste profiter de l'attaque du nain pour me faufiler dans...
"J'espère que tu as dit adieu à ta maman avant !" rajoutes-je juste après que Sirat demande au dragon de partir du pont car il raye le parquet...
Je ne sais pas trop ce qu'il m'a pris de rajouter ce commentaire futile. Si l'on en juge ses formes, sa musculature et son air vicieux, nous allons certainement tous y passer, et pas lui. J'essaye de reprendre mes esprits enjolivés et j'aperçois alors quelque chose sur le pont qui va grandement nous aider dans mon entreprise. Je fixe Sirat, déterminée, puis lui montre la chaise longue et une des grosses fissures dans les vitres de la salle de commande.
"Je cours, je mets en place la chaise et tu sautes dessus pour me catapulter, c'est encore mieux !"
Je ne sais pas, et je pense que je ne le saurai jamais, si à cet instant, c'était moi ou ce sort de bénédiction. Mais me voilà partie au pas de course alors que je vois l'elfe au cheveux blancs rosés s'envoler dans les airs pour rejoindre la queue du dragon. Je saute sur la chaise longue, plante mon sabre sur le pont, nous dévions tous deux de quelques degrés, je stoppe notre rotation avec mon pied, je retire mon sabre dans un geste noble, je le range dans son fourreau et je fais même un sourire au nain roux qui fait la danse du petit déjeuner draconique apparemment. Rapidement, je me mets au bord de la chaise, les jambes pliées, prête à bondir.
"Sirat ! Je suis prête !"
C'est là que je me demande si la chaise ne va pas casser et si je vais bien me faire catapulter au bon endroit. Des fois, je me trouve vraiment sotte, mais là, je n'ai pas le temps de réfléchir à un autre plan. Si j'ai raison sur ce que je crois, nous sommes sauvés, sinon... Oh ! Et je viens de me rappeler que je n'ai ni remercié le woran ni répondu à sa question. Mais que m'arrive-t-il ?