Suite aux cris de douleur de l'infortuné Serpent, Aztai s'étant rué sur lui usa de sa précieuse fiole de soin pour apaiser le mal qui ouvrait ses chairs devant les yeux de la jeune mage.
Le soin estompa effectivement le flux sanguin, mais Serpent demeurait toujours inconscient et ses palpitations cardiaques demeuraient très faibles. Comme toute personne en convalescence, il arrivera à voir par intermittence ce qui se trame autour de lui lorsque ses esprits lui reviendront.
Les trois hommes en noir n'avaient rien raté de la scène, d'autant plus par la flamme alimentée par Depheline qui créait un lueur attirant immanquablement les iris, peu accoutumés à une présence et un tel vacarme, la chute du voleur faisait déjà office de festival pour cesser leur ennuie.
L'homme venu à la rencontre de Selen, d'Amarante et de Trà Thù, harcelé de questions eut un léger rire moqueur. Il fit un signe de la main, pointant son doigt vers sa bouche en guise de silence, les deux autres derrière lui n'avaient pas bougé d'un cil. Il dit d'abord à Amarante :
« Femme, ne croyons vous point que ces étrangers à notre terre vinrent à s'installer bivouac bien après notre existence, et celle de nos pères, fondateurs de l'Aura ?»Puis, se tournant vers Selen, ajouta en chuchotant presque, exerçant alors une pression plus forte sur son bras pour l'accompagner, et dit en marchant :
« Quant à sa personne, il lui sera offert secret et récompense s'il arrive à plaire au maître. Bien sûr, nous ne répondrons pas à toutes vos demandes sans connaître si vous savez en valoir la peine. Ici, les âges ne sont que le reflet de notre existence, rien n'existe si le maître ne décide pas de le créer. Vivez notre épreuve avec succès, vous serez alors estimé vivant par le maître et pourrons répondre à vos questionnements. »Et il souffla un dernier mot, ajoutant à voix basse :
« Sinon, vous serez chassés et votre infortuné compagnon ouvert au sang périra dans un malaise de souffrance et de fièvre...»Au fil du couloir de pierres massives, en suivant les trois hommes, vous déboucherez sur un univers totalement différent de ce que vous pensiez trouver. Non pas là qu'il s'agissait d'un temple, mais bien d'une ville souterraine.
Disposée sur plusieurs étages dans la pierre elle même, elle n'est éclairée que grâce à la grande abondance de ces mousses phosphorescentes qui illuminent les pierres grises d'une lueur verdâtre donnant un caractère presque irréel à la découverte. Des portes ouvertes à même la pierre, des alcôves étroites offrant une vue sur le noir total, pas âme qui vive si ce n'était les trois êtres noirs devant vous, cependant, la cité perdue - à supposer qu'elle le soit vraiment - se pouvait abriter bien plus que trois autochtones. Les maisonnées s'étendaient à perte de vue, jusque noyées dans le noir ou perdue au delà des rocs bruts de la mine.
Le chemin était tout droit, vous arriverez au bout d'une centaine de pas après avoir franchis les portes, jusque devant un mur de pierre, large de six mètres et haut d'une quinzaine. La porte légèrement ouverte ne laisse voir que du noir, les mousses à sa surface, savamment travaillées représentaient un dessin antique, une entité étrange tentant dans ses mains un croissant de lune, suspendu à une barre ou une corde. Chose étrange... La lune était si loin.
« Rentrez, étranger. Il est temps de rencontrer le maître. Vivez, et serez récompensé. »